Ta blessure à la jambe ne veut toujours pas s’apaiser. Tu en es venue à tenter une concoction trouvée dans le grimoire familial alors que tu t’étais promis de ne pas encore t’y mettre car t’es qu’une novice. Tu n’as pas envie de t’infliger des conséquences potentielles qui pourraient être pires que cette foutue jambe de bois. Voilà le résultat quand on veut aider et jouer les héroïnes. Et tout ça pourquoi en plus ? Pour qu’Adèle demande à son frère de la transformer en une de ces créatures de la nuit. Vraiment, ça valait vachement la peine de s’être donné autant de mal. Mais tu n’allais pas laisser la cousine de ton défunt meilleur ami périr sous les crocs de la bête qui c’était tapé l’incruste à l’hôpital. Tu n’aurais pas aimé avoir ça sur la conscience. Sans compter cette nuit sans fin qui te terrorise autant qu’elle t’irrite, toi qui a toujours eu peur de voir un monstre sous ton lit.

T’es le nez dans ton livre de potions pour chercher les ingrédients d’une mixture qui pourrait adoucir la texture de ta jambe mal au point quand la petite cloche de la boutique que tu partages avec Lila sonne. “Bonjour bonjour, j’arrive!” Tu dis (cris) à la hâte. Ta sœur n’est pas là alors c’est en grommelant dans ta barbe que tu abandonnes ton livre pour aller à la rencontre de l’arrivant. Qui a l’air un peu trop près d’une petite rangée de cristaux qui attire bien des regards. “Je vous déconseille fortement de toucher ça si vous n’avez pas de gant.” Formules-tu en souriant légèrement en s’approchant de la personne dos à toi, une main sur ta canne et l’autre ramenant ton châle correctement sur tes épaules. “En quoi puis je vous aider ?” Que tu demandes poliment avec toute la prestance la plus agréable que tu peux avoir alors que t’aurais juste envie de t’asseoir car ta jambe te fait un mal de chien.

@ezra beauregard

@Birdie Cadburry

Cela faisait plusieurs jours désormais qu’Ezra avait eu vent des pillages qui avaient eu lieu sur les transports de marchandises, et pour cause: cela concernait certaines de ses commandes en attente. Avant l’éclipse, ce n’était pas le genre d’agissements que les personnes - et sûrement les voyous pour le coup - se permettaient, mais désormais cela devenait de plus en plus monnaie courante de n’en faire qu’à sa tête.

Il n’avait cependant pas l’intention de laisser les choses dans un coin de la sorte; autant parce-que cela ne lui plaisait pas que parce-qu’il se retrouvait à attendre après des produits dont il avait besoin - certains plus que d’autres pour certaines bonnes causes qui pointaient le bout de leur nez ces dernières semaine d’éclipse. Il avait récolté quelques informations ici et là, et avait fini par mettre la main sur le nom d’une voyante qui pourrait surement lui venir en aide pour comprendre ce qu’il se passait avec ses livraisons - puisque la police ne semblait pas préoccupée par cette affaire avec toute le reste à côté.

« Bonjour bonjour, j’arrive! » Une voix se fit entendre du bout de la boutique dans laquelle Ezra venait d’entrer, retirant son couvre-chef une fois chose faite pour ne pas paraitre impoli alors qu’il venait demander un service. En attendant que la voix ne se matérialise devant lui, il jeta un coup d’oeil aux objets autour, mise en exposition. Ces cristaux étaient particulières sympathiques à regarder. « e vous déconseille fortement de toucher ça si vous n’avez pas de gant. » La main de Beauregard s’arrêta dans son élan, alors qu’il la ramenait dans sa poche, tournant son visage vers la jeune femme qui avançait vers lui. Drôle de personnage, d’ailleurs. « Je m’y risquerai pas. » Il ajouta un sourire poli. « En quoi puis je vous aider ? » Faisant encore un pas ou deux, Ezra tendit une main pour saluer la blonde face à lui. « Ezra Beauregard, de la pharmacie Beauregard. Je viens vous solliciter car je me retrouve face à un problème auquel je ne trouve pas de réponse. » Il fit une petite moue. « Auriez-vous un endroit où on peut s’installer pour discuter ? »

« Je m’y risquerai pas. » Il ne faudrait pas. Tu arrêtes pas de te dire qu’il faudrait les mettre sous verre mais vous n’y avez tout simplement pas pensé. Un jour, un accident va arriver et ça vous apprendra de la manière forte. Un détail dont pour l’instant ni ta sœur ni toi n’avez en tête. Vous êtes dans votre monde, ce n’est pas nouveau. Les gens qui connaissent votre famille savent que vous n’avez pas forcément les lumières allumées partout. « Ezra Beauregard, de la pharmacie Beauregard. Je viens vous solliciter car je me retrouve face à un problème auquel je ne trouve pas de réponse. » Est-ce que c’est là que tu es allée suite à ta blessure ? Tu ne te rappelles pas. Tu as une mémoire limitée sur les détails de la sorte. Et puis, visiblement, la blessure infligée résiste aux remèdes humains. Basiques. Ce n’est vraiment pas beau à voir.

« Auriez-vous un endroit où on peut s’installer pour discuter ? » Par contre, les paroles de M. Beauregard t’intriguent énormément. “Bien sûr, suivez-moi.” Tu te demandes s’il est à la recherche d’une âme perdue. Ou de son chat égaré, ça arrive. Bizarrement, tu as pour l’instant plus de facilité à retrouver des animaux que des humains ou des esprits. Non, c’est ironique ; tu es encore en apprentissage. Et même si tu t’améliores, tu es loin d’être encore une experte. Alors tu arrondis parfois les angles en espérant que ça passe et que ce qui sort de ta bouche est pris pour argent comptant. Pour de vrai.

Tu le diriges vers une petite salle tapissée de toiles, de bibelos, d’étoffes ; vraiment le cliché de Madame Irma. La boule de cristal en moins car ça ne te sert absolument à rien. “Que puis je pour vous ?” Demande-tu en t’installant sur un des deux pouffes roses qui sont de part et d’autre de la petite table ronde.

Il ne savait trop si ses recherches allaient mener à quelque-chose ici, mais tant qu’il n’essayait pas il ne pourrait pas savoir. De plus, les méthodes classiques ne fonctionnaient apparemment pas, n’avançaient à rien, et il commençait à perdre un peu patience dans son coin. « Bien sûr, suivez-moi » Ezra fut bien content qu’elle réponde par la positive, hochant son visage quand à l’idée de la suivre, et s’attela à la tâche par la suite.

La blonde l’emmena dans une pièce des plus étranges, composée de bien d’éléments qui semblaient autant aller ensemble qu’être dépareillés. Il en dégageait en revanche une bonne odeur d’encens et l’atmosphère y était accueillant. Imitant son interlocutrice, Ezra s’assit de l’autre côté de la table où il se serait attendu à voir une boule de cristal en son centre - cette pensée le fit sourire un instant dans son coin. « Que puis je pour vous ? » Croisant ses mains pour les apposer sur ses genoux, Ezra hésita un dernier instant avant de pencher la tête quelque-peu sur le côté. « Je ne sais pas exactement comment vous pouvez m’aider, mais y’a plein de choses que je connais pas, et peut-être que ça pourra m’aider. Je sais pas encore. Mais si je donne pas de chance, ça fonctionnera pas c’est sur. » Il eut un petit rire un peu gêné, secouant un instant son visage de gauche à droite avant de se recentrer sur le sujet. « Notre boutique se fait piller. Enfin, pas la boutique mais les livraisons de marchandises. » Ce n’était pas de fierté qu’il annonçait le contexte, mais cela était nécessaire pour que la blonde face à lui puisse comprendre son soucis. « Et la police s’en fiche, veut pas nous donner un coup de main pour trouver ceux qui font ça. Pourquoi ils le font je pense que c’est pour la marchandise qui devient de plus en plus rare; mais j’arrive pas à trouver qui sont les responsables. » Son regard s’ancra dans celui de la jeune femme alors qu’il haussait un sourcil. « Vous avez ce genre de problème vous ici ? Ou alors est-ce que vous avez déjà donné un coup de main pour ça ? »

« Je ne sais pas exactement comment vous pouvez m’aider, mais y’a plein de choses que je connais pas, et peut-être que ça pourra m’aider. Je sais pas encore. Mais si je donne pas de chance, ça fonctionnera pas c’est sur. » Ton interlocuteur a un rire nerveux et son débit de paroles te fait penser un peu à ton frère. Qui réfléchit souvent tout haut, qui divague rapidement avant de reprendre la trajectoire de ses idées. Certains disent que tu es un peu pareil ; tu n’as pas l’impression mais tu n’es pas ta meilleure juge. Mais en tout cas, ça te rend de plus en plus curieuse ; ce n’est pas une histoire de chat errant si tu dois en croire le début de ce récit. « Notre boutique se fait piller. Enfin, pas la boutique mais les livraisons de marchandises. » Tu fronces les sourcils. Tu allais répliquer que tu n’es pas les patrouilleurs ni les forces de l’ordre mais - « Et la police s’en fiche, veut pas nous donner un coup de main pour trouver ceux qui font ça. Pourquoi ils le font je pense que c’est pour la marchandise qui devient de plus en plus rare; mais j’arrive pas à trouver qui sont les responsables. » Ta bouche se referme aussitôt. Le fait que la police n’en a rien à faire est plutôt intrigant. Il y a beaucoup de choses que tu trouves intrigantes, Birdie. Et vu qu’ils n’hésitent pas à maquiller des meurtres causées par les créatures afin d’éviter au maximum une panique générale, tu ne serai pas surprise qu’ils camouflent aussi des pillages qui doivent peut-être les arranger. « Vous avez ce genre de problème vous ici ? Ou alors est-ce que vous avez déjà donné un coup de main pour ça ? » Tu secoues la tête. “On vient plus souvent me voir pour retrouver quelqu’un pour des raisons sentimentales, un proche ou un animal de compagnie. Venir me voir pour tenter de résoudre un vol, c’est la première fois.” Tu l’avoues sans sourciller car il n’y aurait aucune raison de mentir. “Vous n’avez pas idée si quelqu’un vous en veut ? Un rival peut-être ? Est-ce qu’il y a que vous qui subissez ces vols ?” Tu trouverai ça curieux en tout cas. “Avec les temps qui courent, je ne serai pas surprise si les forces de l’ordre sont impliquées là-dedans. La population perd la tête avec cette éclipse. Je ne peux pas les blâmer.” Tu détestes cette nuit qui a l’air de ne jamais finir. Tu n’as jamais l’obscurité, c’est comme si tu vivais dans ton cauchemar en permanence. Tu essaies de faire de ton mieux tous les jours pour garder l’espoir en toi - même si on te réplique souvent que l’espérence tue. “C’est arrivé plusieurs fois ? ”

Il se doutait bien que de venir consulter une voyante plutôt que d’insister auprès de la police n’était pas chose courante et méthode ordinaire, mais Ezra ne pouvant compter sur la première se dit qu’il n’y avait aucun mal à solliciter la seconde tant que son problème en venait à être résolu à un moment donné. « On vient plus souvent me voir pour retrouver quelqu’un pour des raisons sentimentales, un proche ou un animal de compagnie. Venir me voir pour tenter de résoudre un vol, c’est la première fois. » Il hocha quelque peu la tête. « Je vois. » Les autres personnes ne venaient pas ici pour ce type de motif parce-qu’elles étaient bien plus sensées que lui.

Il était déjà près à dire à la jeune femme qu’il était désolé du dérangement quand elle reprit la parole. « Vous n’avez pas idée si quelqu’un vous en veut ? Un rival peut-être ? Est-ce qu’il y a que vous qui subissez ces vols ? » Un nouvel espoir se lisait dans son regard. « Pas que je sache. Jusque maintenant, on s’est toujours bien entendus avec les autres vendeurs. » Il n’y avait pas de détail qui lui venait en tête en cet instant. « Avec les temps qui courent, je ne serai pas surprise si les forces de l’ordre sont impliquées là-dedans. La population perd la tête avec cette éclipse. Je ne peux pas les blâmer. » Un soupire lui échappa. « Je crois que je peux pas leur en vouloir non plus. » Les conditions étaient inhabituelles et chacun devait retrouver leurs repères. « C’est arrivé plusieurs fois ? » Il plissa le bout du nez dans une grimace. « Deux fois déjà. La première fois c’était une grosse livraison, et la deuxième fois j’ai eu l’impression qu’ils s’attendaient à autre chose. » Il haussa les épaules. « C’était juste des nouveaux bocaux et plein de choses comme ça, tout a été fouillé et y’a eu des trucs de cassés mais y’avait pas d’autres produits dans la livraison. »

« Je me demande si ça va pas arriver encore la prochaine fois, surtout. Parce-que j’attends d’être réapprovisionné pour plein de choses et s’ils sont déjà venus deux fois pour regarder ce que j’allais recevoir, ça peut arriver encore là. » Sauf qu’il avait absolument besoin de recevoir le matériel qui s’apprêtait à recevoir, car dans ces lots se trouvait du matériel pour Arthur et pour ses activités annexes.

« Je vois. » Mais tu prends toutes les demandes comme elles viennent, loin de toi l’idée de refouler quelqu’un parce que leur demande te paraît sordide. Tu n’es pas sans savoir de ce que ça fait de ne pas être écoutée ni entendue alors tu veux aider à ton niveau comme tu peux ceux qui franchissent le seuil de ce magasin. C’est une des raisons pour laquelle Lila l’a fait en premier lieu.

« Pas que je sache. Jusque maintenant, on s’est toujours bien entendus avec les autres vendeurs. » Tu pinces les lippes en réfléchissant ; les gens savent jouer à des doubles jeux bien plus qu’on ne le pense. Tu trouves ça étrange que seul sa pharmacie soit pillée avant même que la marchandise arrive à destination. « Je crois que je peux pas leur en vouloir non plus. » Personne ne le peut. “Mais ce n’est pas une raison pour piller. Ou pire, ne pas chercher la raison.” La police déroge totalement à leurs devoirs et ce n’est pas acceptable ; encore moins quand on a besoin de protection plus que jamais. Même si tu doutes qu’ils soient aptes à protéger qui que ce soit outre leurs propres derrière. Oui, tu as toujours été méfiante des forces de l’ordre. Encore plus depuis que tes dons se sont déclarés. « Deux fois déjà. La première fois c’était une grosse livraison, et la deuxième fois j’ai eu l’impression qu’ils s’attendaient à autre chose. » Qu’ils s’attendaient à autre chose ? « C’était juste des nouveaux bocaux et plein de choses comme ça, tout a été fouillé et y’a eu des trucs de cassés mais y’avait pas d’autres produits dans la livraison. » “Vous pensez qu’ils s’attendaient à quoi ? Vous êtes une pharmacie ; il n’y a rien de plus que les choses habituelles, non ?” Si les voleurs ont un objectif bien précis, ça peut déjà aider. De toute façon, tu finiras bien par le constater toi-même.

« Je me demande si ça va pas arriver encore la prochaine fois, surtout. Parce-que j’attends d’être réapprovisionné pour plein de choses et s’ils sont déjà venus deux fois pour regarder ce que j’allais recevoir, ça peut arriver encore là. » Tu hoches la tête. “Surtout s’ils sont repartis insatisfaits la dernière fois, c’est certain qu’ils recommenceront.” Tu places tes bras croisés sur la table. “A mon niveau, je peux soit tenter de voir les évènements passés, soit ceux qui se passeront. Je ne peux pas contrôler ce que je vais voir, je garde l’esprit ouvert afin de pouvoir explorer toutes les pistes.” C’est toujours délicat d’être convaincante tout en émettant une part hypothétique de doute et d’incertitude. Le risque 0 n’existe pas mais tu évites de le mettre trop en avant. Tu te lèves pour aller chercher deux cristaux et une amulette. “Est-ce que vous souhaitez rester ou attendre à l’extérieur ?” Tu n’as pas besoin de la présence d’autrui avec ton amulette qui te dirige là où tu as besoin. Le temps que tu puisses le faire sans.

« Mais ce n’est pas une raison pour piller. Ou pire, ne pas chercher la raison. » Il fit une petite grimace. « C’est la l’avis de la police malheureusement. » Puisque cette dernière ne désirait pas lever le petit doigt pour l’aider dans son problème. « Vous pensez qu’ils s’attendaient à quoi ? Vous êtes une pharmacie ; il n’y a rien de plus que les choses habituelles, non ? » C’était là que le bas blessait quelque-peu - mais il ne pouvait se permettre de dévoiler les quelques choses un peu moins habituelles et légales qui se tramaient chez lui. Parce-qu’il se devait de protéger son ami, et que les rumeurs allaient vite à se répandre en ville surtout depuis que ces dernières comportaient des informations sur les créatures surnaturelles. « Je pense surtout que c’est le fait qu’on soit privés de certains trucs qui fonctionnent plus depuis qu’il fait nuit. » C’était bancal, mais la jeune femme pourrait trouver un semblant de réponse dans ses mots.

« Surtout s’ils sont repartis insatisfaits la dernière fois, c’est certain qu’ils recommenceront. » C’était ce qui lui faisait peur justement. « A mon niveau, je peux soit tenter de voir les évènements passés, soit ceux qui se passeront. Je ne peux pas contrôler ce que je vais voir, je garde l’esprit ouvert afin de pouvoir explorer toutes les pistes. » Bien sur que cela restait flou et c’était normal: elle n’avait pas le don de réellement voyager dans le temps mais d’avoir quelques aperçus de ce dernier. « Ce sera déjà ça, vous savez. » Il esquissa un petit sourire. « Vous pouvez choisir entre le passé ou le futur, ou ça vient tout seul ? Parce-que peut-être voir le passé du coup ? » Il tentait, tâtonnait: il n’y connaissait rien après tout. « Est-ce que vous souhaitez rester ou attendre à l’extérieur ? » Elle avait récupéré dans la pièce des objets qui le rendait curieux. « Ca vous dérange pas si je reste ? J’ai jamais vu de séance comme ça, j’aimerais bien voir ce que ça donne. » Si elle lui proposait, c’était qu’il y avait de fortes chances qu’il puisse rester.

« C’est la l’avis de la police malheureusement. » Tu avais compris que tu étais sa solution B, à Monsieur Beauregard. Ce qui est souvent le cas, d’ailleurs ; t’en viens à te demander ce que peut bien faire la police du coup si ce n’est pas pour aider la population quand elle en a besoin. “Ils resteront toujours des incapables véreux.” Que tu souffles en secouant la tête, dépitée de s’en rendre compte à chaque fois. « Je pense surtout que c’est le fait qu’on soit privés de certains trucs qui fonctionnent plus depuis qu’il fait nuit. » Tu penches la tête sur le côté en plissant un peu les yeux. “Des paroles fort énigmatiques, M. Beauregard.” Les gens ont tous leur petit secret ; sachant ce que tu t’apprêtes à faire, soit ce cher monsieur le dit lui même, soit tu le découvriras. Dans le meilleur des cas, tu ne verras rien d'autre que des produits médicamenteux et autres bocaux avec des substances aussi étranges qu’efficaces. Mais en tout cas, tu comprends aisément qu’il n’y a pas que des médicaments dans ces livraisons. Sûrement que les pilleurs le savent et cherchent à mettre la main dessus.

Et qu’ils retenteront forcément. « Ce sera déjà ça, vous savez. » Un petit sourire en guise de réponse alors que tu reviens à la table. Tu positionnes les pierres en face de l’une et l’autre avant de passer ton amulette autour de ton cou. « Vous pouvez choisir entre le passé ou le futur, ou ça vient tout seul ? Parce-que peut-être voir le passé du coup ? » Tu replaces tes cheveux comme il faut. “Ca vient tout seul. Je n’ai aucun contrôle sur cela.” Par pour l’instant, en tout cas, tu penses mais sans le dire car tu veux qu’on te prenne au sérieux quand même. Tes compétences sont réelles et il y a assez de personnes suspicieux pour que tu leur laisses le choix d’avoir le bénéfice du doute. « Ça vous dérange pas si je reste ? J’ai jamais vu de séance comme ça, j’aimerais bien voir ce que ça donne. » Tu hoches lentement la tête. “Bien sûr. Par contre, je préfère vous avertir. Je ne prétends pas pouvoir répondre à toutes vos questions mais j’en ai quand même bien l’intention et je ferai tout ce que je pourrai pour. Ce genre de séances peut provoquer… Disons des réactions assez fortes. Ne paniquez pas ou ne tentez pas de me faire couper le contact car il pourrait y avoir de graves conséquences. J’en ai jamais eu et j’aimerai que ça reste comme ça.” Tu as entendu des histoires assez affreuses, tu n’as pas envie d’en subir. Que ta jambe soit dans un sale état est une chose ; que ton esprit subisse, s’en est une autre. “Si jamais vous vous sentez mal à l’aise, vous pouvez sortir. Je n’ai pas envie qu’il vous arrive quelque chose.” Tu es prévoyante à ce point, on ne sait jamais. “Est-ce que c’est bon pour vous ? Vous avez d’autres questions ?”

« Ils resteront toujours des incapables véreux. » C’était effectivement malheureusement le cas, il ne pourrait la contredire que ce point. « Des paroles fort énigmatiques, M. Beauregard. » Il plissa quelque peu le bout du nez, gardant tout de même un sourire autant amusé que poli sur les lèvres. « Certaines choses du métier doivent rester connues que par nous. » Son but n’était pas de lui mentir, ni de la mener par le bout du nez pour l’entourlouper, alors autant que possible il restait proche de la vérité dans les limites qui lui étaient disponibles. Ce qu’elle n’avait pas besoin de savoir n’avait pas à être exposé.

« Ca vient tout seul. Je n’ai aucun contrôle sur cela. » Ezra tira une petite moue: c’était bien dommage qu’elle ne puisse pas contrôler, il aurait véritablement préféré qu’elle se concentre sur les événements déjà passés. Tant pis: il prendrait tout ce qu’elle aurait à lui communiquer.

« Bien sûr. Par contre, je préfère vous avertir. Je ne prétends pas pouvoir répondre à toutes vos questions mais j’en ai quand même bien l’intention et je ferai tout ce que je pourrai pour. Ce genre de séances peut provoquer… Disons des réactions assez fortes. Ne paniquez pas ou ne tentez pas de me faire couper le contact car il pourrait y avoir de graves conséquences. J’en ai jamais eu et j’aimerai que ça reste comme ça. » Au fil des mots qu’elle prononçait, Ezra fronçait de plus en plus les sourcils. Presque, il en venait à être quelque-peu terrifié de ce qu’il allait se passer. « Vous êtes sure c’est sans danger pour vous mademoiselle ? » Parce-qu’avec la façon dont elle décrivent les choses, il n’en était pas si sûr. « Ça fait… un peu peur, comment vous présentez ça. » Il voulait des réponses mais pas mettre quiconque en danger.

« Si jamais vous vous sentez mal à l’aise, vous pouvez sortir. Je n’ai pas envie qu’il vous arrive quelque chose. » Il hocha vivement la tête. « Je reste prudent alors. » Même s’il n’avait aucune idée de ce qui allait se passer. « Est-ce que c’est bon pour vous ? Vous avez d’autres questions ? » - « Pas de question pour le moment non. J’espère juste que vous aurez des réponses à me donner. » Il ne mettait aucune pression, mais il aimerait voir des résultats avec ces expériences car il était réellement embêté et il n’avait pas d’autre idée pour se sortir de son impasse.

« Certaines choses du métier doivent rester connues que par nous. » Birdie a un petit sourire en secouant brièvement la tête de façon entendue et polie. “Rien ne sortira de cette pièce. Je suis juste là pour tenter de vous apporter des réponses. Le reste ne me regarde pas.” Quoiqu’elle verra. Tant que sa conscience lui permet de garder ces informations pour elle et elle n'est pas peccante. Jamais il ne lui est arrivé d’avoir des scrupules ou des états d’âme ; elle doit se gérer elle et sa famille, chacun gère son existence comme il le souhaite. Contrairement à Adèle, elle ne se prône pas la protectrice de la population ; chacun agit en son âme et conscience. Si M. Beauregard n'a pas de défaut moral à agir de la sorte, tant mieux pour lui. Birdie n’a pas la capacité et n’a pas non plus l’envie de juger qui que ce soit. Tant que cela reste dans la limite de ses principes. Si elle avait été envie d’être une fouille merde, elle aurait été dans les forces de l’ordre. Ou détective.

« Vous êtes sûre que c’est sans danger pour vous mademoiselle ? » Birdie a bien remarqué que le visage de son interlocuteur devenait peu à peu soucieux au fur et à mesure de ses mises en garde. « Ça fait… un peu peur, comment vous présentez ça. » Elle secoue la tête en jouant brièvement avec son amulette. “C’est juste une mise en garde au cas où. Je n’ai jamais eu de choses dangereuses qui sont arrivées mais on n’est jamais assez prudent.” Elle préfère qu’Ezra soit sur ses gardes que pas assez. Les réactions spontanées ne vont pas de paire avec une telle opération. Il ne faut pas qu’il perde son sang froid quoiqu’il arrive. « Je reste prudent alors. » Voilà qui est très bien. « Pas de question pour le moment non. J’espère juste que vous aurez des réponses à me donner. » “J’espère aussi.”

La voilà donc en train de marmonner des incantations dans sa barbe, les mains sur les pierres, avant d’agripper son amulette et de fermer les yeux. Ses paupières ne mettent pas longtemps avant de frétiller alors que sa main se serre instinctivement encore plus sur son amulette. Son corps s’agite légèrement sur son pouf avant qu’un frisson la parcourt et enfin, voilà que ses paupières se rouvrent pour laisser apparaitre un blanc total à la place de ses iris. “Ils sont trois.” commence-t-elle à prononcer d’une voix un peu plus rauque que celle qui est la sienne. “Ils sembleraient être à la recherche de quelque chose. Ils sont armés. Ils fouillent. Ils cassent. Ils- Ils parlent d’alarme.” Les images défilent, le son n’est pas clair mais elle les entend rouspéter. “Ou d’armes. Il y a un grand brun barbu.” Elle en dit le plus possible afin de pouvoir aiguiller son client vers une direction quelle qu’elle soit. “Ils ont prévu de revenir. Mais- Je n’arrive pas à savoir quand.” Ca serait une autre séquence dont elle n’a pas accès.

« Rien ne sortira de cette pièce. Je suis juste là pour tenter de vous apporter des réponses. Le reste ne me regarde pas. » Les mots de la jeune femme tirèrent un petit sourire à Ezra. Quelques temps plus tôt, il en aura surement ri et lui aurait confié ce à quoi il pensait sans hésiter. Désormais, il savait que les apparences pouvaient être grandement trompeuses alors il ne se laissait plus avoir - et il ne vendrait pas la mèche aussi facilement. Il se contenterait de sourire, lui intimant de continuer. « C’est juste une mise en garde au cas où. Je n’ai jamais eu de choses dangereuses qui sont arrivées mais on n’est jamais assez prudent. » Inspirant longuement, il finit par hocher son visage. Mieux valait prévenir que guérir, effectivement. « J’espère aussi. » Ils n’avaient plus qu’à s’y mettre.

La blonde se mit alors à parler dans une langue qui paraissait incompréhensible aux yeux du pharmacien, mais il se dit que c’était surement bon signe - sinon c’était là une chose qu’il aurait pu faire tout seul dans son coin. Elle s’agitait quelque peu sur place, et ce fut que lorsqu’elle rouvrit les paupières pour laisser apparaitre du blanc total derrière ces dernières qu’Ezra prit tout ça très au sérieux et qu’il eut un frisson lui parcourant la colonne vertébrale. « Ils sont trois. Ils sembleraient être à la recherche de quelque chose. Ils sont armés. Ils fouillent. Ils cassent. Ils- Ils parlent d’alarme. » Il écoutait attentivement tous les mots qu’elle prononçait - d’alarme ? « Ou d’armes. Il y a un grand brun barbu. » Les neurones d’Ezra tentaient de s’agiter en même temps, de comprendre de qui elle parlait. Il fronça les sourcils - elle ne pouvait le voir, mais certaines connexions essayaient tant bien que mal de se faire. « Est-ce que le grand brun à une de ses mains pleines de cicatrices ? » Il espérait que la réponse était non. « Ils ont prévu de revenir. Mais- Je n’arrive pas à savoir quand. » - « Est-ce que vous pouvez au moins me dire où vous les voyez ? Dans quel endroit ? » Il avait sa petite idée désormais mais sans un coup de main pour plus de détails de la part de la jeune femme il n’irait pas loin.

Birdie est complètement en transe, témoin d’actions qu’elle tente de formuler à son interlocuteur tout en essayant de trouver un sens à tout ça. Enfin, c’est surtout Ezra qui pourra donner une certaine compréhension de ce qu’elle voit, elle n’est là que pour guider sur une voie sans pour autant qu’elle soit la véritable et l’unique. Cependant, vu les images, cela semble aussi clair que limpide que ces messieurs les pilleurs n’en ont pas grand chose à faire des médicaments. Elle n’est pas en état de faire de commentaire ni de juger, encore une fois, ce n’est ni son rôle ni sa place. Elle est une simple messagère qui tente de combler les inquiétudes et les questions des autres. « Est-ce que le grand brun à une de ses mains pleines de cicatrices ? » Le front se plisse sous l’interrogation, elle essaie de visualiser les mains. “Il- Il y a des coupures. Elles bougent vite. Mais j’ai l’impression que oui.” Si M. Beauregard lui demande ça, c’est qu’il a sûrement une piste, une idée. Ce qu’elle dit aide et pourra le mettre sur une piste. C’est exactement pour cette raison qu’elle fait tout ça. « Est-ce que vous pouvez au moins me dire où vous les voyez ? Dans quel endroit ? » “Il y a de l’eau. Vers le port.” Logique, l’accès à la mer est si simple à Brisbane. Birdie a la main qui se sert autour de son amulette alors qu’elle est prise de spasmes. “Il y a aussi un roux et un chauve. Le chauve a un tatouage sur le crâne.” Son corps se secoue de plus en plus fort avant que sa tête ne vrille en arrière et que ses yeux se referment. Elle donne l’impression de dormir mais voilà qu’elle reprend une inspiration tout en rouvrant les paupières, ses iris ayant retrouvé leur couleur bleutée, qu’elle plonge sur M. Beauregard. “Je n’ai pas pu avoir plus d’infos. Est-ce que ça vous parle au moins ?”

Heureusement qu’elle l’avait prévenu avant de commencer sa séance, car il était vrai que c’était quelque peu impressionnant de la voir se retrouver dans un tel état pour parvenir à glaner des informations. Cela semblait fonctionner au moins, car elle réussit à lui décrire quelques informations qui sonnaient presque comme douce mélodie aux oreilles d’Ezra - si tant était que potentiellement reconnaître les personnes responsables de ses problèmes pouvait être considéré comme une aubaine. « Il- Il y a des coupures. Elles bougent vite. Mais j’ai l’impression que oui. » C’était la réponse qu’il s’attendait à avoir, malheureusement. « Il y a de l’eau. Vers le port. » Cette information là était autant utile qu’elle pouvait ne pas servir, puisque la plupart des échanges et livraisons de marchandises se faisaient au niveau du port. « Il y a aussi un roux et un chauve. Le chauve a un tatouage sur le crâne. »

Après des mouvements impressionnants et ayant eu le don de faire manquer une ou deux inspirations à Ezra tant il avait une partie de lui inquiète face à cette pratique, la jeune femme reprit totalement ses esprits pour s’adresser à lui par la suite. « Je n’ai pas pu avoir plus d’infos. Est-ce que ça vous parle au moins ? » Il pinça ses lèvres. « Oui, malheureusement. » Il soupira de paire avec ses pensées. « Le gars avec la main accidentée, il est connu. Pour pratiquer du vol justement - il a failli se faire attraper une fois, c’est ça la main avec des coupures. » L'histoire était en réalité assez connue dans les parages, puisqu’elle était parue dans le journal comme quoi une bande de malfrats s’était mise à semer la terreur sur le port et que l’un d’eux avait failli finir en prison. « Et les tatouages sur le crâne, c’est un signe d’une famille connue aussi. » Cette dernière n’était pas très fréquentable - d’autant plus qu’il s’agissait là d’une famille de loups. Ezra avait eu cette information parce-qu’Arthur lui en avait parlé une fois.

« J’aurais préféré que ce soit pas ça, parce-que c’est la réponse qui m’arrange moins, mais maintenant je sais de qui il s’agit. » Il étira un petit sourire reconnaissant envers la jeune femme, se leva péniblement du siège sur lequel il était assis. « Je pense que je vous ai assez embêté comme ça. » Il mit sa main à sa poche. « Combien je vous dois pour la séance ? »

« Oui, malheureusement. » Birdie attrape une petite fiole qui se trouve sous la table afin de boire quelques gorgées d’eau - la voix rauque ne lui réussit jamais la gorge. « Le gars avec la main accidentée, il est connu. Pour pratiquer du vol justement - il a failli se faire attraper une fois, c’est ça la main avec des coupures. » Un habitué du processus donc. M. Beauregard est bien embêté d’avoir attiré l’attention de personnes comme ce type à la main aux cicatrices, ce qui est fort compréhensible. « Et les tatouages sur le crâne, c’est un signe d’une famille connue aussi. » “J’imagine une famille guère recommandable.” Birdie a déjà entendu parler de ces personnes qui se faisaient tatoués dans le but de montrer leur appartenance à une famille influente ou importante. Qu’elle soit de sang ou non. Il n’y a rien de bon dans ce qu’il conte en tout cas.

« J’aurais préféré que ce soit pas ça, parce-que c’est la réponse qui m’arrange moins, mais maintenant je sais de qui il s’agit. » “Je suis désolée.” Pourquoi ? Parce qu’un commerçant ne mérite pas ça. Même si elle a bien vu et compris qu’il n’était pas un simple pharmacien, M. Beauregard. Il y a une affaire sous-jacente et c’est clairement cette partie-ci qui intéresse les malfrats. C’est le risque à prendre quand on fait des affaires sous cape. « Je pense que je vous ai assez embêté comme ça. » “Vous ne m’avez pas embêté, je suis là pour aider.” Qu’elle murmure en souriant gentiment. « Combien je vous dois pour la séance ? » “Dix pièces d’or, s’il vous plait.” Elle reprend ses pierres et son amulette pour aller les ranger à leur endroit habituel. “N’hésitez pas à revenir si jamais vous avez besoin.” C’est toujours une expérience en plus non négligeable après tout. “Mais j’espère que vous pourrez résoudre ce problème… Rapidement.” A se demander si elle ne l’incite pas à utiliser les grands moyens mais elle ne dit rien pour autant à voix haute. Ce n’est pas de son ressort, après tout.