running with the fears
ft @Ruben Hartfield

Diego avait passé une journée comme les autres à cette différence près qu’il ne vivait plus de la même manière les échecs qui semblaient s'accumuler, comme un énième coup du sort. L’anniversaire de la mort de Maria était venu lui rappeler la difficulté du secret qu’il avait choisi et il cachait bien plus difficilement son agacement quant à l’injustice de certains cas. C’était la même chose ce soir-là, Ethan était guéri depuis quelques mois et il était venu faire une simple visite de contrôle et Diego était assis dans la pénombre, éclairé par la faible lampe de son bureau où il relisait encore et encore les résultats. Ils étaient les mêmes peu importe les longues minutes que l’oncologue passait à les fixer, et il pourrait demander un second avis de son supérieur, rien ne changerait. Le cancer avait repris le dessus et sa soirée se terminait comme beaucoup d’autres : avec un énorme poids pesant sur ses épaules. Se pinçant l’arête du nez, il s’était enfin décidé à lever les yeux de son rapport pour marcher dans les couloirs et souffler un peu, il y reviendrait pour tenter de traduire le jargon médical en quelque chose de compréhensible pour les parents même si ceux-ci n’accepteraient jamais le constat.« Tu m’as fait peur Gutiérrez, tu pourrais frapper avant d’entrer. » Ses pas l’avaient mené exactement là où se trouvait Ruben et l’ironie du sort avait eu le mérite de le faire sourire. « Tu vas me dire que l’hôpital t’appartient maintenant ? » avait-il demandé en s’appuyant un temps sur l’encadrement de la porte. « Ça va je plaisante. » Devait-il évoquer les remontrances de sa fiancée qui lui avait demandé de ne plus se mêler de leur couple ? Ou Ruben comprendrait-il de lui-même les efforts du mexicain en le voyant esquisser un sourire en coin pour souligner sa touche d'humour plutôt que de continuer à l’attaquer ? Le fait était que même si faire le moindre effort avec lui était au-dessus de ses forces, Diego se pliait aux demandes de Nina dont l’amitié était bien plus importante que ses aprioris sur lui.

« J’en ai pas pour longtemps encore, si tu veux récupérer l’ordinateur après. » A y regarder de plus près, le neurochirurgien semblait extrêmement soucieux, montrant un visage similaire à celui qu’il avait lui-même avant en regardant le dossier d’Ethan. « Je crois pas que l’ordinateur va me trouver une bonne façon d’annoncer la rechute de leur cadet à la famille Taylor demain matin. » avait-il dit sur un ton étrangement calme, la mort était une constante avec laquelle ils avaient tous appris à cohabiter et les deux médecins pouvaient l’évoquer sans plier. L’annonce aux proches, en revanche, était une épreuve toujours difficilement surmontable et qui justifiait que Diego soit encore là, à chercher encore et encore où le traitement initial avait pu faillir, et à trouver une façon claire et précise de l’expliquer à la famille. Avançant dans la pièce, il s’était approché de Ruben assez pour voir le dossier qu’il avait entre ses mains, non pas par curiosité mais simplement parce qu’il cherchait à chasser le visage du petit Ethan de son esprit. « Et toi alors, pourquoi t’es encore là ? » Il lui semblait avoir vu l’intégralité de l’équipe d’Hartfield prendre le chemin du bar où ils avaient leur habitude mais il ne ferait aucun commentaire déplacé. Il ne commenterait pas non plus le nom du patient qui était écrit noir sur blanc sur le dossier et qui n’était aucunement un patient d’Hartfield, d’après ce qu’il savait. Peut-être se trompait-il, peut-être pas, dans tous les cas, il ne lancerait pas la discussion le premier. Devant le sourcil arqué de Ruben il avait même ajouté. « T’es pas obligé de me répondre mais j’ai des sushis qui vont m’être livrés là, bien assez pour deux même, et j’ai pas prévu de rentrer de suite, alors… » Diego avait osé dire à Sergio qu’il levait le pied, et voici qu’il était là, à commander à manger pour pouvoir profiter de l’agitation de l’hôpital pour ne pas se retrouver seul avec ses pensées. Et pour trouver la meilleure façon d’annoncer une maladie potentiellement fatale à une famille qui risquait, comme la sienne, de se retrouver brisée. Etrangement, même sans cette discussion avec Nina, il n’était pas convaincu qu’il aurait eu le cœur de s’attaquer à Ruben comme il l’avait fait la dernière fois, il se sentait même presque sur la même longueur d’onde que lui.

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ft @Ruben Hartfield

Il y avait quelque chose de morose à arpenter les couloirs de l’hôpital la nuit. Le personnel était toujours présent, l’endroit n’était jamais complètement désert, pourtant, l’effervescence de la journée se dissipait pour laisser place à la réalité. La solitude, les gémissements et les cris provenant de certaines chambres, le désarroi et la panique des infirmières lorsque les bip assourdissants des machines devenaient trop linéaires. Lorsqu’il s’y était présenté la première fois, recevant la fameuse blouse blanche, Diego s’y était senti bien mais la continuité de sa profession liée à ses propres expériences personnelles rendait le tout bien plus sordide. Alors il s’éloignait des bruits qui le ramenaient quelques années en arrière, sans pourtant se résigner à quitter l’endroit et rentrer chez lui. Là, il serait seul avec ses pensées, et le scénario serait bien pire que tout le reste.  « Tu m’as fait peur c’est tout. » La voix de Ruben était calme et posée, son regard bien moins accusateur qu’il n’aurait dû l'être. Diego n’avait pas imaginé que cette soirée passée à se questionner sur la meilleure méthode pour annoncer la nouvelle à la famille de Taylor l’aurait mené à se retrouver face à lui, mais encore une fois, c’était préférable à se retrouver face à ses pensées. « Je comprends, j’aurais dû frapper, désolé. » avait-il avoué, s’étonnant lui-même de la douceur dans sa voix, signe de son exhaustion et de son envie de s’adapter au calme ambiant. Ruben était sur le départ, lui proposant l’ordinateur, comme si c’était cela qu’il était venu chercher et non pas quelque chose qui l’aiderait à apaiser un temps son esprit. « Tu peux pas passer le relais ? » Il avait ouvert la bouche et aucun son n’était finalement sorti de sa bouche, simplement un souffle qui démontrait toute la complexité de la situation et de la solution proposée par Ruben. « Je pourrais, mais je dois le faire. » Il laisserait Ruben juger de s’il le ferait pour lui et sa carrière qui lui demanderait bientôt d’assumer seul cette responsabilité, par respect pour la famille de son patient ou même pour Taylor lui-même. « Ce que je veux dire, c’est que t’es pas obligé de le faire seul, tu sais. »  Il avait finalement haussé les épaules, appuyé sur l’un des meubles bas de la pièce. « Je sais pas pourquoi je te dis ça de toute façon. » Il n’avait jamais pris le temps de le considérer autrement que comme le fiancé de son amie, alors même qu’il savait les qualités de ce médecin-là. Il l’aurait remercié pour les conseils, mais il était encore trop tôt pour oser les éloges à un Ruben qu’il savait déjà extrêmement sûr de lui.

Il se doutait de ce dont cela avait l’air, il s’était exprimé et avait expliqué les raisons de sa présence ici sans que cela ne lui soit demandé simplement pour pouvoir retourner la question à Ruben. Ce n’était pas le cas, il avait simplement enfin réussi à parler au fiancé de Nina comme à n’importe quel autre collègue, profitant de cette sorte de proximité extrêmement relative qu’avait créé cette animosité entre eux. Le soupir de Ruben s’était à peine fait entendre et pourtant, le mexicain s’était empressé de continuer son propos pour chasser cette idée de l’esprit du neurochirurgien. « Nina t’a remonté les bretelles aussi de ton côté ? » Sans surprise, il avait balayé la première question de son collègue. « C’est Nina. Evidemment qu’elle l’a fait. » Ils avaient partagé un rire et l’étonnement devait les gagner tous les deux alors qu’ils réussissaient à s’accorder sans qu’il n’y ait eu aucune transition. C’était une manière subtile de prouver à Ruben que son attitude de la fois passée ne le représentait pas, il avait perdu le fil, s’était perdu au point de devenir irritable et de s’attaquer à lui. Bien sûr, il avait ses doutes, bien sûr, il continuerait de le garder à l'œil juste au cas où, mais il était normalement assez intelligent pour ne pas se disputer sur son lieu de travail avec le fiancé de sa meilleure amie. « J’aurais pas pensé que ça arriverait jusqu’à ses oreilles cependant. » avait-il ajouté, pour ne pas laisser le médecin penser que les reproches et les piques seraient définitivement rayées de son vocabulaire. Pourtant, il avait haussé les épaules avant d’incliner la tête. « Mais t’as dit aussi… ça veut dire qu’il y’a un point partout. » Son sourcil s’était arqué, il avait déjà fait plusieurs pas en avant et n’avait pas osé aller jusqu’à demander clairement pourquoi lui aussi, s’était attiré les foudres de la belle. Il n’y avait aucune rivalité pour le coeur de Nina, il espérait qu’il l’avait compris, et que sa touche d’humour ne serait pas interprétée autrement que comme une façon d’insinuer qu’un match dont le seul gain était la supériorité sur l’autre s’était installé entre eux. « J’ai pas diné non plus, j’avoue je dis pas non à des sushis. » Ruben remontait le fil des mots prononcés par Diego et soudain le silence s’était installé laissant Diego désireux que le livreur des fameux sushis fassent sonner son téléphone pour les tirer de là.

« Amnésie rétrograde suite à un choc important. » Il avait réalisé à quel point le silence avait duré quand ces mots-là l’avaient amené à relever la tête et à porter son regard sur le profil d’Hartfield éclairé par les lumières bleues de l’écran. « C’est ce sur quoi j’étais concentré quand t’es entré dans la pièce. » Diego avait levé le menton, les bras croisés sur la poitrine, tentant de comprendre pourquoi il lui avait fallu autant de temps pour répondre. Etait-ce parce qu’il avait hésité avant de poursuivre la discussion avec lui ? Ou parce que la réponse était trop difficile à prononcer ? La seconde option semblait la plus juste à en juger par le front plissé de Ruben et son air préoccupé. Il n’était pas le meilleur pour lire les gens, surtout pas une personne qui était son opposé, mais il avait l’impression que le médecin avait perdu toute son assurance en une fraction de seconde. « Mais c’est pas mon patient en l'occurrence moi, donc j’ai pas le soucis d’annonce ou quoi que ce soit comme toi. » Diego s’était raclé la gorge pour s’empêcher de lui cracher au visage l’évident problème de déontologie que son affirmation posait. « Il s’agit du dossier de mon ancien petit-ami. » C’était son front à lui qui s’était plissé à l’évocation du conflit d’intérêts qui se profilait mais c’était surtout l’emploi du genre masculin qui l’avait laissé avec une mine désemparée sur le visage. « Que je suis pas spécialement censé lire d’ailleurs. » Diego était resté silencieux, partagé entre tout un tas de pensées qui envahissaient son esprit sans laisser le temps à l’une de faire sens avant d’être remplacée. « Ton ex petit-ami ? » Il aurait eu des réactions bien différentes si Ruben n’affichait pas une facette de lui qu’il n’avait jamais vu avant chez lui, ni même chez personne d’autre. Il semblait face à un réel problème qui dépassait son simple devoir médical et pour cause, selon les quelques bribes d’informations données par le neurochirurgien, il semblait que quelqu’un de cher à ses yeux était suivi ici pour un problème extrêmement grave. Alors il avait mis de côté la spontanéité qui lui aurait fait crier à Ruben de se ressaisir et de lâcher ce dossier sous peine qu’il ne le dénonce. Au placard également les questions déplacées et bien plus poussées que la première qui n’auraient servi que son propre intérêt. Il s’était efforcé de se convaincre que c’était du passé, sa relation avec Nina pour preuve, se complaisant dans son propre déni. « Ça restera entre nous. » avait-il commencé par dire, comme si cela était une évidence. Ruben s’était confié à son pire ennemi, la personne en qui il aurait accordé le moins de confiance au St Vincent’s et Diego faisait une promesse à un garçon qu’il craignait de voir briser l’ensemble des siennes. « Il est au courant que tu bosses ici ? » avait-il demandé, cherchant les mots justes à utiliser. « Tu te fais du mal Hartfield, tu devrais te contenter de prendre de ses nouvelles par le biais de tes collègues. » Il avait haussé les épaules et s’était frotté le visage. « Nan c’est idiot, ils réaliseraient qu’un truc cloche, je me trompe ? » Le mexicain était à court de choses à dire et la sonnerie de son téléphone l’avait fait sursauter parce qu’il avait fixé son regard sur Ruben en oubliant le reste. « Je reviens. Les sushis. » Il s’était absenté, imaginant un instant que l’ordinateur serait éteint et Hartfield disparu mais non, il se tenait toujours au même endroit lorsque Diego avait posé les sacs pleins sur le bureau qu’il occupait. « Je sais ce que c’est, quand le professionnel empiète sur le personnel. Sors-toi l’esprit de ça, sinon ça va te bouffer. » Et sans réellement s’en rendre compte et anticiper son geste, il avait posé sa main sur l’épaule de Ruben et devant la gêne ambiante, l’avait rapidement enlevé pour frapper dans ses mains et ouvrir les sacs avec les sushis.

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ft @Ruben Hartfield

Il n’y avait aucune logique dans toute cette scène mais il était inutile de rester sur des aprioris, surtout lorsqu’il s’agissait du fiancé d’une amie proche. « Tu t’es engagé auprès de la famille ou tu te sens investi personnellement dans cette histoire ? » « La seconde option. J’ai pas envie de juste m’occuper de la partie facile, de donner des ordres aux infirmières sur les traitements et de leur laisser le sale boulot. J’aime pas l’image que ça donnerait de moi aux patients et la culpabilité que ça me ferait ressentir. » Ce n’était pas une façon de montrer une image extrêmement lisse à un Ruben qui n’aurait probablement rien laissé passer le concernant, mais un constat extrêmement sincère sur la profession qu’il avait choisie. Il en était lassé, il ne supportait plus cette pression sur ses épaules, mais il ne changerait rien à sa façon d’appréhender le métier. « Parce-que t’as besoin d’en parler. Je me suis juste trouvé là par hasard, ça aurait pu être n’importe qui. » La réponse de Ruben à sa question qui n’était finalement que purement rhétorique l’avait surpris, parce qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il rajoute à la discussion et également parce qu’il avait probablement raison. « Peut-être aussi parce-que tu as besoin d’être guidé dans ta démarche et que malgré tout, je reste un de tes supérieurs, de tes enseignants, entre ces murs ? » Il avait grimacé, de manière assez évidente pour que Ruben ne manque rien du spectacle. L’idée qu’il fasse effectivement partie des figures sur lesquelles il pouvait se reposer avait quelque chose de dérangeant, parce qu’il n’avait aucune envie de voir Ruben lui être supérieur, dans n’importe quel cas de figure. Bien sûr qu’il connaissait les qualités du neurochirurgien et qu’en médecine, il le surpassait de loin, mais l’admettre aussi facilement aurait eu le goût d’une défaite bien trop amère. « Te donne pas si grande importance Hartfield, tu sais bien que t’auras pas eu un si grand impact dans ma carrière. » Évidemment qu’il continuait à être sur la défensive, pourtant, ces mots-là étaient prononcés avec un sourire en coin venant souligner qu’ils n’étaient en rien comparable à ceux de leurs précédentes discussions. Ruben avait été présent ici et là, à différents niveaux, mais Diego avait davantage évolué auprès d’autres médecins et c’était probablement pour le mieux. Il n’avait simplement pas envie de confier ses doutes à Ruben, même s’il entendait ses conseils. Ils n’étaient pas idiots, ils savaient tous les deux très biens que cette courtoisie ne dissimulait en rien les conflits passés. « C’est vrai que le contraire m’aurait étonné. » Ils avaient échangé un rire à l’évocation du caractère parfois volcanique de Nina et Diego avait souligné combien il aurait été judicieux que leurs altercations restent entre eux. « Que t’as agi comme un idiot ? Voyons. » « J’ai simplement souligné la dangerosité de ton petit jeu. » Loin de lui l’idée de rejeter de l’huile sur le feu, mais il se devait de corriger. « Te réjouis pas trop vite, dans le aussi, t’es compris dedans hein. » Il avait levé les sourcils, il était conscient de ses torts malgré la façon dont il continuait sur le chemin de l’arrogance. « Apparemment, j’aurais du mieux réagir et surtout pas le faire comme un enfant en entrant dans ton jeu, bla-bla-bla. » « J’arrive pas à croire que tu me pensais jaloux. Protecteur comme un grand frère, au mieux, mais vraiment pas jaloux, si ça peut te rassurer. » Diego était à la tête d’une fratrie bien trop importante pour ne pas avoir des automatismes concernant ses proches. Nina comptait pour lui, malgré la véhémence avec laquelle elle rejettait parfois ses tentatives de lui faire entendre raison, et il était incapable de faire autrement que de la protéger. Elle avait été claire, elle n’avait pas besoin de tout cela, et si elle croyait si fermement en son couple alors il tâcherait de mettre un peu d’eau dans son vin.

Diego ne l’avait pas vu venir, cet aveu qui n’en était pas réellement un tant cela semblait naturel pour Ruben. Finalement, c’était à ce moment précis que Diego ressentait une pointe d’admiration pour lui, son aisance à évoquer son orientation était quelque chose qu’il n’envisagerait jamais. « J’ai dit que j’étais pas censé le lire. » Il avait penché son visage comme pour souligner qu’il avait compris, ce n’était pas le fait qu’il ait un lien avec le patient dont il lisait le dossier qui le faisait tiquer. « De quoi, exactement ? Que je lis des dossiers auquel je suis pas censé avoir accès ? J’espère bien. » Il avait eu un léger rire, la confiance qu’il lui accordait était étonnante. « Ou que j’aime aussi les hommes ? Parce-que ça y’a que pour toi que c’est une surprise, Gutiérrez. » « Je parlais du dossier. La seconde partie, je sais pas à qui je ferai du tort en allant le crier sur tous les toits, j’imagine. » Il ne pouvait s’empêcher encore une fois de penser à Nina, il ne poserait pas la question, mais il imaginait qu’elle était au courant. « C’était pas une menace déguisée ou quoi que ce soit, tu sais. J’imagine ce que tu peux penser de moi c’était pour ça que je me permettais de te rassurer sur ce que tu viens de me dire. » Il avait déjà utilisé des choses qu’il avait vu contre lui mais seulement parce que cela pouvait causer du tort à Nina, cette fois, la vulnérabilité de Ruben l’avait presque touché et il resterait silencieux. Pour le grand public, parce que ces débuts de confidences avaient bien trop piqué sa curiosité pour qu’il ne poursuive pas la discussion. Après tout, ils semblaient tous les deux disposés à discuter et, qui sait, à enterrer définitivement la hâche de guerre. « Forcément que t’allais pas limiter ton champ des possibles, suis-je bête. » avait-il répondu en haussant les yeux au ciel comme si l’évidence dont il parlait pouvait réellement en être une pour lui. « Tu vois que je fourre pas autant mon nez dans tes affaires que tu le pensais. » avait-il ajouté en venant souligner combien il était resté aveugle à cette information. Il ne savait pas ce que cela avait déclenché chez lui, mais il était maintenant sûr que son regard sur Ruben avait changé, il n’avait plus envie de l’attaquer. Au contraire, il mourrait d’envie de comprendre combien il pouvait être si détendu et décomplexé, comment il pouvait assumer avec une telle simplicité de ne pas aimer que le sexe opposé. Il était resté silencieux, le regard fixant le mur éclairé par la faible lumière de l’écran d’ordinateur, son esprit s’étant automatiquement replongé dans cette soirée là qu’il aurait tout donné pour oublier. Pour briser le cycle de ses pensées auquel il refusait d’accorder autant d’importance, il avait posé une question, qui si elle avait été un peu mieux réfléchie aurait probablement sonné moins stupide. « C’est surtout qu’il sait pas que je bosse ici, non. Parce-qu’il se souvient pas de moi. Du tout. » « Je peux demander pourquoi son dossier t’intéresse encore ou c’est déplacé ? » C’était qu’il avait décidé de prendre des pincettes avec Ruben, alors qu’il se décidait enfin à être direct et poser les questions comme elles lui venaient. Il lui était effectivement difficile de comprendre pourquoi cet homme avait encore une place aussi importante pour lui qui était sur le point d’épouser son amie. « Et ça te regarde pas vraiment si je me fais du mal ou pas, tu sais. » Il aurait pu tenter d’argumenter et de justifier ce soudain intérêt pour ce que pouvait bien ressentir le neurochirurgien mais l’appel du livreur l’en avait empêché. « Ouais. »

En revenant, Diego avait eu le temps de l’aller retour pour songer à comment aborder les choses à son retour, si Ruben était encore là. Et il l’était, alors il avait finalement choisi un peu plus de spontanéité, tentant à son tour un conseil. Il avait lié l’histoire de Ruben à la sienne et, après avoir appris qu’il avait un point commun - qu’il renierait à jamais - avec lui et une capacité à se soucier réellement d’autrui, Diego avait eu un élan. Un geste qu’il avait immédiatement regretté. « Je mords pas, tu sais. » Il s’apprêtait à râler en retour, alors qu’il se donnait une constance en ouvrant les sachets de nourriture. « C’est inapproprié parce-qu’on est pas copains et que je suis ton supérieur, mais je vais pas te mordre. » Il avait pris Diego de court en se levant pour venir modifier le ton de sa voix alors qu’il était maintenant bien trop proche de lui, allant jusqu’à frôler sa main. Il était sûr qu’il l’avait fait exprès et vu ce qu’il venait d’apprendre, Diego avait ravalé sa salive en sentant un malaise prendre possession de tout son corps. « Tu vois ? Je mords pas dès qu’on m’approche. » Ils étaient restés face à face, Diego bien incapable de bouger alors qu’il chassait de son esprit toutes les pensées qui le traversaient et qui étaient très loin d’être appropriées. Et au moment où il pensait avoir repris ses esprits, Ruben avait attaqué encore plus fort. « A une époque, je t’aurais bien mordu. Promis aujourd’hui j’en ferai rien. » Cette fois-ci, il avait fait quelques pas pour se défaire de cette étrange emprise qu’il avait sur lui - c’était donc ainsi qu’il réussissait à faire glousser à peu près n’importe qui ? En allant s’asseoir pour commencer à dîner, Diego avait pris le temps d’expirer longuement pour évacuer toute la pression que venait de générer la scène. « C’est pour chasser l’ex de ton esprit que tu testes tes charmes sur moi ou juste pour te prouver un truc ? » Il faisait de son mieux pour garder son sang froid, reprenant son souffle dès qu’il en avait l’occasion sans que cela ne soit trop évident aux yeux d’un Ruben qui jouait un jeu dangereux. « Je mange pas de ce pain là, Hartfield. » Il en avait mangé une fois, rien qu’une fois, et n’avait jamais souhaité que l’occasion se présente à nouveau par peur de confirmer une vérité qui le dérangeait au plus profond de son être. Ils s’étaient installés pour manger dans un silence qui était devenu trop pesant pour ne pas être brisé. « J’essayais d’être sympa, c’est tout. Si c’était déplacé et que tu voulais plus parler de ce sujet là, suffisait de me le dire. » Tout dans sa voix trahissait son manque évident d’assurance depuis l’incident, et il pouvait déjà imaginer la seconde gifle de Nina impacter sa joue si elle l’apprenait.

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ft @Ruben Hartfield
Il ne croyait pas au destin, Diego, et pourtant, c’était à se demander si ses pas ne l’avaient pas mené dans ce bureau illuminé pour une raison précise. Parler de sa carrière, demander des conseils, tenter d’enterrer la hache de guerre, les raisons qui l’auraient poussé à discuter avec Ruben étaient nombreuses, mais aucune ne semblait assez importante aux yeux de Diego pour se diriger sciemment vers lui. Et pourtant, ils étaient bien là tous les deux, à discuter comme si le combat de coq des jours précédents n’avait jamais eu lieu. « Parce-que je m’en donne pas les moyens. » Il avait incliné la tête, il acceptait la sentence avec une certaine pointe de déception dont il ne laisserait rien paraître. A la place, ils avaient préféré évoquer les remontrances qu’ils avaient tous les deux subis de la part de Nina - et il y avait fort à parier que les siennes avaient été légèrement plus intenses. « Qui n’en est pas un, je te rappelle. » Personne ne pouvait être aussi doué pour semer le doute et flirter avec le personnel de cette façon sans que ça ne soit un jeu, mais le relever n’aurait été qu’un prétexte pour ajouter de l’huile sur le feu alors il s’était contenté de pincer les lèvres. « Je le pense toujours hein, c’est pas parce-que Nina me soutient le contraire que j’y crois. » Sur ce point, en revanche, Diego mettait un point d’honneur à clarifier les choses. De la même façon qu’il l’avait fait avec Nina, qui avait jugé nécéssaire de l’accuser elle aussi. Ses mots résonnaient encore dans son esprit, la blonde ayant réussi à dire qu’il rêvait peut-être de voler la place de Ruben. Il avait ri, sans même prendre le temps d’expliquer la raison de ce rictus à Ruben. « Du coup j’imagine que la seule option pour que je sois lavé de tout soupçon ce serait de couper les ponts avec elle ou un truc du genre ? Nan parce que je préfère te prévenir de suite, c’est pas envisageable ça. » Il avait beau tourner le problème dans tous les sens, il n’arrivait pas à comprendre comment quelqu’un comme lui pouvait être jaloux quant, à l’inverse, Nina aurait toutes les raisons du monde de l’être.

Il y avait de toute façon plus croustillant à décortiquer, actuellement, à commencer par cet autre aveu qu’un Ruben décidément d’humeur bavarde lui avait fait. « A absolument personne. La première, en revanche… » Diego serait bientôt en poste, et il était rassurant de savoir qu’il maîtrisait déjà sur le bout des doigts les règles qui étaient celles du corps médical. Ruben enfreignait plusieurs règles, simplement assis là face à l’écran, ils en étaient tous les deux conscients alors il avait pris soin de lui assurer qu’il garderait cela pour lui. « Je sais. Ou disons que y’a plutôt pas intérêt à ce que ce soit le cas. » Il n’était pas un grand fan du fiancé, mais il avait un certain respect pour le neurochirurgien. Il souhaitait comprendre la réelle implication de Ruben dans cette histoire de mariage, mais il n’avait aucune envie de briser sa carrière. Non, il n’aurait aucun intérêt à faire perdre à des patients leur unique chance de guérison - la réputation du médecin n’était plus à faire. Comme son orientation, qui visiblement était connue de tous.  « Et je suis sincèrement étonné que ce soit effectivement le cas, Gutiérrez. » Aurait-il volontairement ignoré l’évidence ? Il avait simplement haussé les épaules. « Mais non, je me limite pas, faut savoir être curieux et gourmand dans la vie pour obtenir ce qui nous fait envie. » La façon étrange dont cela ressemblait à des aveux avait fait tiquer Diego, et il fallait reconnaître à quel point Ruben pouvait être malin. Il lui avait servi ces mots sur un plateau d’argent durant l’unique échange courtois qu’ils avaient réussi à avoir, il ne l’aurait jamais fait lors d’un tout autre moment ou le mexicain se serait empressé de les utiliser contre lui. Et sans le réaliser, peut-être qu’il tombait lui-même dans ce piège de manipulation que dressait le médecin et qu’il essayait plus que tout de dévoiler aux grands jours - ou plutôt aux yeux de Nina. Ruben ne cessait de le surprendre, et sa curiosité était maintenant bien trop attisée pour que le mexicain ne tourne les talons sans en demander plus. « C’est déplacé. » Il avait haussé les épaules, ils pourraient discuter de toute autre chose en dînant. « J'avais pas eu de nouvelles de lui depuis six ans, parce-que apparemment tu fourres quand même ton nez dans mes affaires. » Il n’était pas certain de comprendre, le temps devait justement avoir fait son oeuvre, assez pour l’empêcher de s’impliquer autant. Mais son quota de questions autorisées semblait définitivement épuisé alors il avait simplement conclu avant d’aller chercher le repas. « Tu sèmes des infos ici et là, tu peux pas m’en vouloir d’alimenter la discussion. » Il ne l’obligerait jamais à répondre, il n’en avait pas la capacité, mais il pouvait l’encourager à dire ce qu’il avait sur le coeur à ce moment précis où il semblait déterminé à se confier.

Diego savait que tout cela n’avait aucune once de logique et que se retrouver là à discuter à la lueur de l’écran d’ordinateur avec son pire ennemi était dangereux. Pourtant, il n’aurait jamais présagé que les aveux faits précédemment aient été l’occasion pour Ruben de le provoquer. « Plus pour te prouver quelque-chose à toi finalement je pense, moi j’ai aucun doute de mon côté. » Il aurait pu rire de la situation, tellement absurde qu’elle ne pouvait être autre chose qu’une façon de se détendre après une dure journée de travail. Mais il avait senti une colère qu’il n’avait connue qu’une fois - lors de cette fameuse soirée - naître en lui, au point de se justifier. « Je te taquine, Gutiérrez, redescends d’un cran. » Il avait soupiré, perdant son regard dans les plateaux de sushis qu’il aurait finalement préféré savourer seul. « Mais si tu… mangeais de ce pain là comme tu dis, c’est pas moi qui vais te pointer du doigt et te blâmer, sache le. »  « T’es encore plus bizarre que ce que je pensais. » avait-il lancé, visiblement gêné, en secouant son visage en prétendant rire de la situation. « Sache que tu serais pas le premier à me dire que je suis pas son genre pour me prouver par la suite que finalement j’avais bien raison. » « J’ai toujours cru que c’était pour plaisanter, cette confiance en toi, mais tu te crois vraiment irrésistible, hin ? » Au point de n’éprouver aucun remord à se rapprocher de son collègue, et à jouer avec le feu sans l’ombre d’une gêne. « Et je te montre ma bonne foi: je te laisse une porte ouverte si tu veux en parler. Je sais c’est difficile de se dire que je suis en train de te proposer ça, mais c’est vrai. » Malgré lui, Diego regardait les gestes du chirurgien, hésitant presque un instant à se laisser amadouer par cette main tendue qui aurait vite fait de le mettre dans une situation compliquée. « Nina est une très bonne oreille et de bon conseils pour ça tu sais, si jamais. Elle a son expérience et la mienne à partager. » Diego avait soupiré avant de manger un sushi, ce qui lui avait laissé le temps de réfléchir à sa prochaine répartie. Il pouvait sentir l’énervement prendre possession de lui, mais il ne pouvait pas la laisser exploser au risque de dévoiler son plus grand secret à la pire personne pouvant le recevoir. « Finalement je préférais quand tu pensais que je voulais me taper ta fiancée. » Oh bien sûr qu’il changeait volontairement son vocabulaire, comme si le fait d’aimer les hommes pouvait être dissimulé derrière un machisme qui ne lui ressemblait absolument pas. Il était ridicule, il le savait, mais ce baiser ne voulait rien dire et s’il le gardait secret pour tout le monde sauf Emery - évidemment - et Cecilia, ce n’était certainement pas avec Ruben qu’il se permettrait de l’évoquer. « T’es prêt à tout pour pas parler de ce mec, hin ? Elle est au courant de tout ça, Nina ? » Mieux valait ressortir de vieilles rancœurs plutôt que de prendre le risque de laisser planer le doute quant à sa sexualité - il était de toute façon clair dans son esprit que jamais, au grand jamais, il ne retenterait l’expérience avec un homme. Et ce malgré cette sensation désagréable qu’il ressentait depuis cet échange avec Ruben.

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ft @Ruben Hartfield
Nina méritait amplement de devenir le centre de toutes les discussions, mais le fait que celles-ci soient menées par un fiancé dont les défauts surpassaient amplement ses qualités et un ami un peu trop dévoué créait forcément des étincelles. Ou des gifles, dans le cas de la Craine. « Oh non, tu fais bien ce que tu veux. » Et ils étaient au moins d’accord sur cette affirmation. « J’ai pas mon nez à mettre dans les relations qu’entretient Nina. » Il avait adressé un sourire faux à Ruben après cette affirmation qui ressemblait davantage à une pique extrêmement bien placée à son encontre. « Et même si tu coupais les ponts comme tu dis, je continuerais de penser que t’es jaloux, alors t’embêtes pas. » Il avait roulé les yeux, laissant volontiers à ce mâle alpha le dernier mot, lui n’avait pas besoin de ça. Il avait d’ailleurs pris le soin de rappeler à Ruben qu’il ne pouvait être que curieux dans un contexte ou l’un de ses pires ennemis en venait à se confier à lui. « J’ai dit que tes questions étaient déplacées, pas que tu pouvais pas les poser. Je suis conscient d’être celui tendant les perches. » Il crevait d’envie de demander pourquoi c’était le cas ce soir, mais il était fatigué de débattre avec le garçon.

Pourtant, il avait très vite regretté de ne pas avoir enchaîné à ce moment-là, ou d’avoir fui avec ses sushis plutôt que de revenir auprès du neurochirurgien. Bien malgré lui, Ruben avait touché une corde sensible, une corde qui s’était tendue depuis près de trois années et qui s’apprêtait à exploser à tout moment. Alors il serrait les dents et les points pour que cela n’arrive pas sous le nez du fiancé de Nina, pour tout un tas de raisons évidentes - ou pas. « Je vais le prendre comme un compliment. » C’était sûrement son problème, cette impression que tout le monde lui vouait une adoration sans faille, et Diego saurait le prendre comme exemple à quiconque lui parlerait de son soucis d’égo. « J’ai pas pour prétention de prétendre, justement, tu sais. » Le mexicain avait détourné le regard avant de le reporter sur celui de Ruben pour lui éviter la satisfaction qu’il voit en son attitude une quelconque approbation à ce qu’il venait de dire. « Et j’ai l’expérience pour moi. » « Je suis supposé te féliciter ? » Il n’en avait rien à faire de son passé de Don Juan, la seule chose qui lui importait était qu’il ait terminé sa collection avec la plus belle pièce : Nina.

« Oublie pas que c’est toujours d’actualité. Tu veux carrément te la taper maintenant ? »
« Non, je traduisais seulement tes pensées bancales. Joder je sais pas comment elle fait pour te supporter. »

« Compréhensible. Impossible à faire mais compréhensible. » Et ironiquement, c’était au milieu de ce discours insensé que Diego avait su déceler ce petit quelque chose dans les yeux du brun qui traduisait ce qu’il ressentait pour elle. Comme pour s’en assurer, il avait tenté de recueillir des informations que Ruben ne serait probablement plus jamais enclin à lui donner. « Je t’ai dit: ta curiosité est déplacée, Gutiérrez. » Une nouvelle fois, il avait haussé les épaules. « Elle est toujours au courant de tout. » Oh son rire lui avait échappé bien malgré lui. « J’ai pas de raison de lui cacher les histoires de mon passé. Et puis: elle était déjà dans mon entourage à cette époque là, je te rappelle. Ou je t’apprends: je sais pas à quel point tu connais l’historique existant entre elle et moi. » Sa moue indiquait qu’il n’en savait peut-être pas tant que ça et cela revenait à ce qu’il avait précisé avant, malgré leur volonté à tous les deux de le faire passer pour celui qui se mêlait de tout ce qui ne le regardait pas, il était finalement bien peu informé. Un point qui participait à ne jamais faire taire ses doutes quant à ce couple qui ne ressemblait à aucun autre. « Et elle est au courant aussi que c’est un homme et que ça a pas été le seul avant elle. Si ça peut satisfaire une partie de ta curiosité. » Oui et non, parce qu’il se demandait maintenant comment Ruben avait su jongler de cette façon entre les deux sexes. Et si cette discussion avait levé le voile sur quelques-uns de ses doutes sur le couple, elle en avait apporté bien des nouvelles sur sa propre situation. Sa réaction face à la main de Ruben qui avait frôlé la sienne, son intérêt tout particulier pour sa bisexualité. Tout cela réveillait de vieux démons et le mexicain avait été soulagé qu’il reprenne la parole à sa place - lui n’était plus capable de dire quoique ce soit.  « Tu veux continuer à parler de mes histoires ou tu préfères qu’on change complètement de sujet pour pas que je reparte à l’attaque avec mes suppositions, en bossant sur ton cas d’enfant mourant par exemple ? »  « Tu sais quoi Ruben ? Je vais y aller. » Il avait cru un instant pouvoir réussir à trouver des qualités à celui dont on ne tarissait pas d'éloge. La discussion était plutôt bien partie, laissant ce sentiment de confiance planer chez un Diego qui aurait peut-être dû rester un peu plus sur ses gardes. Mais en une phrase, avec seulement quelques mots, il lui avait prouvé qu’il était bien plus lucide qu’il ne l’avait jamais imaginé. Ruben Hartfield était un connard sans cœur. « Et si tu t’étouffes avec tes sushis, promis je sécherai ses larmes. » Un clin d’oeil appuyé, un échange de sourires entendus quant à cette plaisanterie qui ne voulait aucunement raviver l’animosité  et il avait disparu.