dimension gothique.

Si l'éclipse ne sévissait pas sur Brisbane, le petit matin se serait levé à l'heure actuelle. Néanmoins, l'aube était étouffée par ce phénomène surnaturel et menaçant, qui rendait les mortels chimériques, quand bien même certains pouvoirs et infortunes demeuraient inchangés tels que la clairvoyance, la sorcellerie, le vampirisme et la lycanthropie.

J'avais pensé échapper à ma métamorphose lupine de ce cycle lunaire. J'avais prié pour que cette éclipse me fasse grâce de cette transformation douloureuse pendant laquelle chacun de mes os se brisaient pour emprunter le squelette de l'animal, ma peau se déformaient à l'extrême et se recouvraient d'un manteau de poils drus, mes traits s'étiraient pour éradiquer mon masque humain, mes muscles et tendons s'amplifiaient pour remporter en puissance vitale, mes gencives se perçaient de crocs pour étriper mes futures proies. En d'autres mots, je prenais forme d'un loup-garou, cette bête odieuse et cauchemardesque que j'abhorrais, cette partie de moi-même qui me damnait et que je n'assumais pas, que je cachais au grand public.

J'avais tellement espéré échapper à cet appel vorace de la lune que je m'étais mis en danger. Précipitamment, je m'étais rendu dans la forêt de Mangrove pour hurler à la lune mais j'avais aussi longuement résisté ma forme lycanthropique, ce qui m'avait causé de nombreuses blessures. En effet, lutter contre la nature animale conduisait toujours à faire retourner cette dernière contre ma forme humaine. La bête n'hésitait alors pas à me mutiler et en témoignaient les nombreuses cicatrices sur mon torse, prête à tout pour prendre le contrôle sur mon corps et s'exposer toute une satanée nuit.

Affaibli, blessé, je reposais dans la forêt, incapable sans aide de me relever. J'entendais néanmoins quelques pas discrets et désespéré, j'appelais : "S'il-vous-plaît ? A l'aide..."

@Cami Hasting

La nuit était tombée sur Brisbane, enfin, la nuit était présente sur la ville depuis des semaines maintenant. Cami se baladait dans les rues de la ville tel un chat noir. Discrète et légère, habille comme le félin noir, elle traversait les rues, sans que personne ne la remarque. Tel le compagnon de la sorcière Sabrina, Hasting était souple dans ses gestes, son esprit protecteur était au rendez-vous, elle était rapide, et étendu. Tel le félin, elle ne craignait rien, elle se baladait, ne se souciant des ennemis présents. Elle était partout et nulle part à la fois, elle avait l’impression d’être au plus près du sol. Ses jambes étaient comme des pattes de chat, elle était sournoise, se sentait comme si elle pouvait régnait sur le monde, comme ce que pense les chats de nos jours. Dans la forêt, la lueur de ses yeux reflétait dans la nuit. Elle courait pour échapper à l’ennemi mais elle était plus rapide, plus féroce, plus déterminée. Après avoir enjambée, un obstacle, elle retombait sur ses pattes, elle était vraiment féline ce soir. Cami était différente, elle était sur-d’elle, déterminée à retrouver son chemin, mais comme les créatures à quatre pattes, elle avait un sens inouï de l’orientation. Son ouïe était aussi plus élevée, elle entendait tout au loin, elle pouvait tout comprendre et se protégeait de tout, elle était Salem. S’avançant un peu plus dans la forêt, elle apercevait grâce à ses yeux perçants, un homme allongé sur le sol. Elle fronçait les sourcils, l’entendait le supplier, devait-elle prendre le risque de lui faire confiance ? Son instant félin lui disait que non, pourtant notre féline s’approchait. « Allez-vous bien ? » Il avait l’air affaibli, comme le un chat qui venait de courir pour sauver sa vie. Cami le regardait, suspicieuse mais elle savait que s’il lui arrivait quelque chose de malencontreux, elle avait encore huit vie à vivre.

Mes supplications avaient rameuté une jeune femme à l'apparence gracile et aux gestes habiles. Je frissonnais de manière incontrôlée, cloué sur le sol, meurtri par mes nombreuses blessures. La peur me terrassait que cette femme soit une ennemie, qu'elle reconnaisse en moi le loup-garou récemment transformé et me tue sur place. Néanmoins, plutôt, elle me demandait : « Allez-vous bien ? » Je souriais doucement, commentant : « Je suis gelé... » Je confiais en me recroquevillant davantage sur moi-même. Mes habits étaient troués, déchirés, tout pour attirer l'attention à mon retour en ville si je m'y rendais ainsi. J'ignorais complètement comment j'allais me sortir de ce mauvais pas et j'espérais sincèrement que le karma, l'univers, ou que savais-je, se montrerait clément envers moi et m'aiderait. Etait-ce le cas avec la présence de cette femme aux attitudes félines qui avait l'air bienveillante et bien intentionnée ?

« Qui êtes-vous ? » Je demandais, intrigué, la mâchoire frénétique, mes dents se heurtant les unes contre les autres à chaque tremblement. « Voulez-vous bien m'aider ? » Je questionnais de but en blanc en tendant une main ensanglantée vers elle. Je pouvais probablement faire peur par ma sinistre allure. Je donnais réellement l'impression d'avoir été témoin, ou plutôt victime, d'une lutte acharnée. « J'ai été attaqué cette nuit, » j'expliquais. Un mensonge blanc. Je m'étais auto-mutilé en réalité, la part loup en moi ayant attaqué mon humanité qui essayait si désespérément de lui résister. Mais vu comment je rejetais cette autre facette de ma personne, je pouvais considérer qu'on m'avait attaqué, n'est-ce pas ? « Pensez-vous pouvoir panser mes blessures avec ces feuilles ? Je peux vous guider. » Je priais en désignant les larges feuilles médicinales à quelques mètres de ma chute.

Hélas, Cami était désormais dans une situation plutôt délicate, elle venait de s’arrêter pour aider un homme qu’elle ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam et qui plus est, avait l’air plutôt mal en point. Ultérieurement, Cami aurait probablement fait demi-tour, ayant trop peur de ce qui pouvait lui arriver mais, depuis que le soleil ne se levait plus sur Brisbane, elle avait eu la chance d’être secouru par différentes personnes, elle se devait de rendre la pareille. Seulement, cette fois-ci c’était différent, l’homme été visiblement beaucoup plus fort qu’elle, bien qu’il soit affaibli, mais lorsqu’elle aperçut ses mains pleines de sang, elle fronçait les sourcils un instant. Kean lui dirait surement : cours, sauve toi le plus loin possible, ne reste pas planter là devant un homme avec des mains ensanglanté. Yeux étincelants, c’est ce que Cami se dit lorsqu’elle croisa le regard du jeune homme, ses yeux étaient si brillants, c’était presque irréel. « Sans doute oui, je peux vous aider, oui. » Intrépide, Cami, de plus en plus, elle finirait surement par le regretter un jour mais pouvait-elle vraiment refusé de l’aide à quelqu’un ? Bien qu’elle n’avait pas répondu à sa question, Cami se demandait également qui était cette personne, il s’était fait attaqué et elle ne le laisserait pas se vider de son sang dans un endroit comme celui-ci. « Evidement, mais il faut que vous m’expliquez ce que vous voulez que je fasse. » Rien du tout, Cami n’y connaissait rien du tout en matière de blessure, de guérison ou de bandage. Ingénieuse, Cami prenait les feuilles dans ses mains et commençait à les placer sur ses blessures, d’un geste assez doux, elle ne voulait pas lui donner plus de douleur que nécessaire. Ecoutant attentivement l’homme, elle fit les soins comme si elle avait fait cela toute sa vie, c’était assez étrange et satisfaisant, elle espérait qu’il appréciait son aide et qui lui rendrait un jour où l’autre. « Ne m’en voulez pas, mais pouvez-vous m’expliquer exactement ce qui s’est passé ? »

Malgré mes blessures effarantes, l'étrangère restait à mes côtés. Lorsqu'elle accepta de me venir en aide, un profond soupir de soulagement franchit la barrière de mes lippes. Dans cette situation où j'étais hautement vulnérable, je me sentais enfin moins seul, moins impuissant. « Sans doute oui, je peux vous aider, oui. » « Merci. Mille mercis, » je formulais avec gratitude en posant, épuisé, ma tête sur mon avant-bras. Le sang se mêlait à la boue et à la terre sur mon corps, me procurant une allure réellement pitoyable. J'expliquais à la jeune femme, qui devait avoir à peine une trentaine d'années, avoir été attaqué puis je la guidais sur les manières de me soigner en indiquant les feuilles médicinales poussant à quelques pas d'elle.

Avec son aide, je me redressais laborieusement en position assise. Un rocher derrière moi m'aidait à demeurer en position et non sans grimacer, je laissais la femme poser les feuilles sur mes plaies. L'effet se faisait sentir, désinfectant et anesthésiant quelques peu les zones extrêmement douloureuses. « Ne m’en voulez pas, mais pouvez-vous m’expliquer exactement ce qui s’est passé ? » J'acquiesçais doucement et attendais que mon interlocutrice ralentisse quelque peu ses gestes pour reprendre mon souffle et lui relater : « Une bête féroce s'est acharnée sur moi. Elle voulait ma peau. » Je ne pensais pas toutefois que j'y serais resté. Cependant, j'avais tant voulu lutter contre cette partie animale de ma personne, quand bien même c'était peine perdue. « Lorsqu'elle eut fini son ouvrage, elle s'est échappée et m'a laissé pour mort, dans cette clairière de la forêt. » Je marquais une pause, réprimant difficilement un frisson. « Comment cela se fait-il que je ne vous ai jamais vue ? Êtes-vous nouvelle en ville ? » Quelle drôle de coïncidence cela serait-il considérant l'éclipse actuelle. « Je m'appelle Kai, » je me présentais.

Cami essayait de rester calme et de ne pas laisser paraitre qu’elle était en réalité totalement terrifiée. Elle était dans un endroit sombre, dans une sorte de forêt, en compagnie d’un homme inconnu, aux mains ensanglantés et à la poitrine recouverte de sang. Elle savait très bien que s’il l’attaquait, elle n’aurait aucune porte de sortie, elle ne trouverait aucun endroit ou se cacher ou s’enfuir et au vu de la carrure de l’homme, elle perdrait. Elle finissait de prendre soin de lui, les bandages étaient terminés mais Cami restait accroupi en face de lui, elle espérait que cela le soulagerait un peu. Lorsqu’il lui racontait ce qui s’était passé, comment il s’était retrouvé dans cet état, Cami ne pouvait s’empêcher de regardait autour d’elle. Ses yeux passaient de droite à gauche, de haut en bas, elle avait peur, peur que la bête arrive, parce que la personne en face d’elle, au vu de son état ne pourrait pas la défendre. Elle reportait son intention sur l’homme présent lorsqu’il lui demandait si elle était nouvelle en ville, Cami souriait, d’un sourire dont elle avait le secret, le genre de sourire lumineux qui pouvait vous égayer une journée – ce qui n’était pas trop demandé dans des temps comme ceux-ci -. « Oh, je ne sais pas, peut-être vivons-nous dans des endroits éloignés et ne fréquentons pas le même genre d’endroits. Elle gardait ce sourire sur son visage. En réalité, ça fait quinze ans, que j’habite Brisbane. Je viens de Nashville. » Elle ne savait pourquoi elle se confier à cet inconnu, mais elle n’avait pas l’impression qu’il était méchant, ou surnaturel, peut-être se trompait-elle et elle en paiera le prix. « C’est un plaisir de vous rencontrer Kai. Je suis Cami. » Elle le regardait, il semblait avoir froid, il était si peu vêtu et la clairière n’était pas l’endroit le plus élevé en température. Bien qu’elle n’avait pas extrêmement chaud, Cami enlevait sa veste et la plaçait sur le torse du jeune homme. Il était bien plus mal en point qu’elle, il en avait plus besoin. Elle s’asseyait finalement, ses genoux commençaient à ne plus supporter le poids de son corps. « Puis-je faire autre chose pour vous soulagez ? Vous aidez ? »

Le moustique que j'étais était profondément ravi de la tournure des événements. Cette éclipse infernale invoquait moultes combats et le sang coulait à flot : de quoi me rassasier, me multiplier, me revigorer. J'avais goûté à plus de sangs que mes ancêtres pouvaient se vanter : du O, du A, du AB, du B. Les rhésus n'avaient plus de secret pour moi. Aussi, je me délectais du sang des humains comme des lycanthrophes, avec une préférence pour le goût fort de ces derniers. Ces bêtes mi-homme mi-loup possédait un sang riche, au goût plus protéinés que celui des autres, sans doute par la quantité de viande qu'ils ingéraient. Dès que j'en suçais, je m'en sentais pousser une nouvelle paire d'ailes.

C'était mon jour de chance. En voletant dans la forêt de Mangrove, je remarquais un homme en pleine convalescence. Le sang perlait de plusieurs plaies et à son odeur, je devinais derechef qu'il s'agissait d'un loup-garou. Les lendemains de pleine lune étaient vraiment des jours jubilatoires pour satisfaire ma nécessité de sang. J'agitais mes fines ailes et la masse noire et velue de mon corps fusa sur le duo. Je n'étais pas intéressé par le sang de la femme, mais bien celui de l'homme qu'elle aidait.

« Oh, je ne sais pas, peut-être vivons-nous dans des endroits éloignés et ne fréquentons pas le même genre d’endroits. En réalité, ça fait quinze ans, que j’habite Brisbane. Je viens de Nashville. » Je profitais de cette diversion pour me poser dans le dos de l'homme. Je suçais déjà le sang à travers une de ses plaies encore ouverte. « Ha oui ? Pourquoi avez vous quitté Brisbane ? » L'homme changea de position et je m'envolais, de peur de finir écrabouillé. J'entendais les deux personnes se présenter, banalités d'usage des Hommes. « Puis-je faire autre chose pour vous soulager ? Vous aidez ? » La femme m'exaspérait à recouvrir les plaies de ces feuilles, mon festin ainsi privé. J'en battais férocement des ailes et optais pour essayer de m'enfoncer directement dans l'épiderme du garçon. Du sang frais, je valais bien ça. « Merci infiniment pour votre aide, Cami. Vous voyez cet arbre blanc à quelques mètres de nous, avec un creux ? J'y ai caché une besace, pouvez-vous me la récupérer ? Il y a de quoi boire, manger et s'habiller. »

« Mes parents ont voulu quitté la belle Amérique pour s’installer ici et à quinze ans, on n’a pas vraiment le choix de les suivre. » Il était vrai que sa raison de son installation à Brisbane, il y a quinze années de cela était très simple, si elle avait été majeur ou émancipé à l’époque, elle serait restée avec ses amis, dans la ville de son cœur Nashville. Cependant, quinze ans après et bien que Nashville lui manque chaque jour, elle est plutôt satisfaite de sa vie ici, de ses amis, son travail. Reportant son intention sur le jeune homme qu’elle venait d’aider, Cami hochait la tête positivement à sa demande, bien sûre elle pouvait aller lui chercher son sac. « Sans aucun soucis, je reviens, ne bouger pas. » Cami se redressait doucement et se dirigeait vers l’arbre, non sans quelques sursaut, à chaque bruit de branche, coup de vent, elle sursautait de peur que la créature qui avait attaqué Kai l’attaque à son tour.

Kai avait parlé de nourriture et de vêtement. Le ventre de Cami criait famine. Le dernier festin qu’elle avait fait date d’il y a d’avant-hier. Pour cause, elle n’avait pas eu le temps de faire des courses depuis, l’éclipse ne lui donnait tout simplement pas envie d’aller se pavaner dans les rues, juste pour acheter quelques produits. Alors avant-hier soir, dans la nuit, elle s’était levé et était resté planté devant son réfrigérateur pendant plusieurs minutes, elle avait regardé ce qu’elle pouvait manger et avait opté pour une chose assez spéciale. Elle avait pris tous les restes de ses placards, dans une poêle elle avait mélangé le reste d’un paquet de pâtes, de la crème, de la sauce tomate, de la viande épicée façon fajitas, quelques légumes – pour la conscience -, du fromage à n’en plus finir, des épices qu’elle avait trouvés au fin fond du placard – sans être sûr que celle-ci n’était pas périmée -. Elle avait revenu le tout et l’avait ensuite servi dans une assiette mais cela ne suffisait pas non. Elle avait pris un paquet de gâteau, l’avait écrasé dans un bol, rajouté du colis de chocolat, de caramel, de la crème chantilly, des pépites de chocolats, des morceaux de fraises, des guimauves et du miel. Cami qui ne mange pas beaucoup habituellement et encore moins du sucré, elle avait tout dévoré en quelques secondes. Mais elle avait tout vomi quelques secondes plus tard, ce n’était pas la meilleure idée au monde. Sortant de ses pensées, elle entendait la respiration de l’homme et attrapait le sac dans le creux de l’arbre – non sans tremblée à la peur qu’une petite bête à huit pattes puisse la trouver-. Elle se dirigeait de nouveau vers Kai et lui tendait le sac. « Vous avez besoin d’aide pour passer vos vêtements ? Cami fronçait d’un coup les sourcils, quel genre de personne cache un sac de vêtements en pleine forêt sans aucune raison ? Dites-moi Kai. Pourquoi avez-vous un sac de vêtements et de nourriture cachez en pleine forêt ? » C’était étrange et tout d’un coup, Cami essayait de faire un rapprochement qui lui faisait peur. Et si tout cela était un piège et si Kai était la bête féroce ?

Le réveil dans cette clairière de la forêt de Mangrove, après ma métamorphose lycanthropique catastrophique, était considérablement améliorée par le caractère altruiste de Cami. J'avais beau cherché dans ma mémoire, le visage de la jeune femme me restait étranger, quand bien même nous habitions la même ville depuis des années. Probablement ne fréquentions-nous pas les mêmes espaces, surtout que j'étais un orphelin qui avait vécu parmi les nonnes du couvent une bonne partie de ma vie, avant d'y être installé à l'âge adulte, mes talents de peintre me permettant d'y demeurer grâce l'argent de mes ventes artistiques que je leur dédiais.

La trentenaire acceptait d'aller récupérer mon sac et je soupirais de soulagement, mes muscles se décontractant peu à peu, bien qu'endoloris. Les pansements de fortune réalisés par Cami apaisaient les zones meurtries de la veille. « Nashville vous manque-t-elle ? » J'interrogeais la jeune femme à son retour. « Vous parlez sans accent, vous vous mêlez bien aux australiens, » je reconnaissais avec un sourire amical, récupérant la besace qu'elle me tendait. « Vous avez besoin d’aide pour passer vos vêtements ? Dites-moi Kai. Pourquoi avez-vous un sac de vêtements et de nourriture caché en pleine forêt ? » Je levais le regard vers l'américaine et me stoppais dans mes gestes. « Je suis botaniste. Je me rends souvent ici pour récupérer diverses plantes et racines. Néanmoins, la forêt regorge de créatures malveillantes. Il n'est jamais de trop d'avoir des vivres et de quoi se réchauffer dans les parages. » Je justifiais maladroitement, espérant que mon mensonge passe auprès de Cami. Sans oser lui demander son aide, je tirais sur un pull que j'ambitionnais de passer à travers mes bras douloureux, non sans grimacer par mon manque de mobilité et par la sensibilité causée par mes blessures. « Préférez-vous qu'on se rende en ville ? Je pourrais vous faire une infusion pour vous remercier de m'avoir aidé. » J'offrais. « Je vous montrerai mon travail et mon jardin. »