Le temps filait à vive allure à Brisbane, du moins, pour Siham. Elle aimerait que tout aille encore bien plus vite, mais elle s’estimait heureuse d’avoir des quêtes pour remplir son quotidien et ne plus à avoir à passer des heures par jours dans les caves de l’hôpital. Elle n’avait prévenu personne de sa désertification, ni sa chef et encore moins son collègue, qu’elle n’avait jamais réussi à aimer. Elle le détestait à un point qu’aujourd’hui, elle serait capable de le torturer en manipulant les des sorts de son grimoire. Si Siham n’avait jamais pratiqué la magie à des fins sadiques et purement malveillante, elle en aurait été capable pour lui. Gavin était vicieux, il agissait toujours dans l’ombre, comme le boa qui s’approche dangereusement de sa victime, s’enroule autour d’elle et finir par l’étouffer sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, sans qu’elle ne soit plus en état de se débattre. L’homme n’avait pas du sang dans ses veines, il avait du venin. Et passer ses journées dans le sous-sol d’un hôpital, le faisait fuir la lumière, tapis dans l’ombre, aimant la fraicheur et l’humidité. Il n’aurait pas été étonnant que sa peau se transforme en écaille et que chaque saison, il mue. Gavin était sournois, manipulateur et trompeur. Loin d’être le serpent à sonnette qui n’a aucune finesse, lui fait tout en silence pour atteindre ses objectifs : écraser les autres. Elle n’aurait aucun remort, aucun chagrin de savoir qu’il n’avait pas survécu à cette éclipse.
Revenant de l’asile et ayant déposer l’absinthe au jardin botanique, Siham se promenait au pied de l’observatoire. Elle y faisait des rondes et encore des rondes, se demandant comment elle pouvait trouver le mâle alpha, où se cachait-il réellement ? Où, elle et Marley devaient -elle se rendre à présent qu’elles avaient tous les ingrédients pour s’introduire dans leur meute et passer inaperçue ? Elle n’avait pas les réponses et Jina étaient trop occupée à prendre soin de Greta pour la guider dans cette nouvelle quête. La jeune sorcière était butée, elle avançait tête baissée et trébucha dans une racine. A terre, alors qu’elle se relevait et qu’elle frottait son pantalon pour le dépoussiérer, elle vit cette jeune femme approcher. La fixant, pour s’assurer qu’elle ne soit pas une ennemie, Siham cru reconnaitre la femme aux oiseaux. « vous êtes encore saine et sauve, je l’aurais pas parié. » son arrogance pourrait l’emmener dans un autre monde.  

@Itziar Cortés de Aguilar

Cela faisait une dizaine de fois qu’elle comptait ses pas et finissait toujours par tourner en rond. Pourtant, dans ses souvenirs, c’était bien ici qu’elle était censée se rendre. Devant l’arbre. Exactement treize pas en direction du nord, puis cinq en direction de l’est et enfin, encore trois en direction du nord. Là, elle était censée trouver un quelconque indice du passage de la bête. Ah, si seulement, elle avait pu savoir de quelle bête il s’agissait, peut-être que l’indice serait plus simple à trouver. Il n’y avait ni trace de pas, ni touffe de poils ou morceau d’os. Rien, pas le moindre reste qui pourrait lui indiquer qu’elle était dans la bonne direction. Peut-être qu’elle avait mal retenu. Peut-être qu’elle avait omis un détail. Si ça se trouve, elle devait bifurquer une quatrième fois, mais elle n’avait pas ce souvenir-là. Là était donc peut-être toute la différence. Elle s’apprêtait d’ailleurs à recommencer, à repartir au pied de l’arbre et reprendre son petit manège quand elle aperçut une silhouette familière dans l’obscurité. ‘Sorcière !’ aurait-elle pu crier pour l’interpeller, mais elle se ravisa. Réalisant qu’il y avait bien d’autres manières d’attirer l’attention sur soi, d’autant plus qu’elles n’étaient peut-être pas seules ici ce soir. Il ne servait à rien d'attiser la curiosité d'âmes malfamées. Alors, elle préfère s’approcher, doucement, laissant à la jeune femme tout le loisir de repérer sa présence. “Vous sous-estimez ma rage de vivre, je crois.” Répond-elle en souriant. Car oui, il n’y avait sans doute pas bien plus qui lui avait sauvé la vie jusqu’à présent. “Vous savez, je crois que je suis encore en vie pour une raison. J’ai fait un rêve, il y a trois nuits de ça et avant de me prendre pour une folle, écoutez jusqu’au bout. Dans ce rêve, je me suis vue. Habillée de blanc, une simple chemise de nuit. Les pieds nus. Je marchais ici, devant le moulin à vent, ou plutôt je me déplaçais, mes pieds étaient à quelques centimètres du sol. Devant l'arbre, là-bas, j’ai entendu une voix. Elle m’indiquait une route à suivre. Vers le nord, vers l’est, puis de nouveau vers le nord. Là, je pouvais trouver des traces d’une créature. Rien à voir avec ses buveurs de sang et ses loups-garous qui rôdent. En suivant les traces de cette créature, j’arrivais devant un puits, un gouffre profond, mais qui concentrait toute la lumière qui avait été enlevée à la ville. Dans mon rêve, cette même voix me disait qu’en sautant dans ce puits, je pourrais lever la malédiction pesant sur Brisbane. Elle m’a même montré ce qui se passerait. Si je sautais, alors toutes ces créatures des ténèbres se trouveraient foudroyées sur place, tombant comme un seul homme. C’est le soleil qui réapparaîtrait ensuite, sortant du puits pour aller pousser la lune. Dans mon rêve, je ressortais du puits aussi, poussée par une force sous mes pieds et toute la ville m’accueillait comme si j’étais le messie.” Explique-t-elle. “Et je vous vois venir, non, je n’ai pas particulièrement envie qu’on m'idolâtre, mais je sais qu’il y a des gens ici qui supportent de moins en moins la situation actuelle. Moi, je me suis bien amusée, mais je pense qu’il est tant que tout cela cesse et que la vie reprenne son cours.” Elle pensait notamment à cette jeune femme qui avait voulu en finir et qu’elle avait arrêté in extremis.

Le jardin botanique regorgeait de plantes aux vertus multiples, une véritable source d’énergie pour les sorcières et les sorciers qui savaient manipuler avec grâce et agilités ces dons de la nature. Il ne suffisait pas couper quelques feuilles, arracher des racines ou de faire sécher des pistils pour que tout cela fonctionne. La médecine connaissait bien le pouvoir de la flore, mais sans leur puissance interne, l’energie des covens, ils rencontraient de tristes limites. Les sorciers, avec leurs grimoires et tous leurs secrets pouvaient en abuser encore et encore. Siham avait croisé sous l'ombre d'un amélanchier, un thaumaturge qui tentait de guérir la vésanie d’un dipsomane, mais face à son météorisme incessant, sa tâche avait l’air complexe. La jeune femme, n’avait pas eu le temps de s’attarder davantage. Elle poursuivait son tour du jardin pour trouver son amie, toujours en vain.
“Vous sous-estimez ma rage de vivre, je crois.” Siham avait un sourire aux lèvres, finalement ravie de revoir sur sa route cette jeune femme. Elle serait sans doute très surprise de voir qu’en si peu de temps, la jeune sorcière avait dompté ses nouveaux dons et en avait puisé le meilleur. Elle pourrait sans doute à nouveau faire démonstration de ses talents, et cette fois, ils étaient bien plus impressionnant qu’une simple immobilisation d’un corbeau en vol.
Presque piquée à vif, la jeune femme semblait vouloir justifier le fait qu’elle soit toujours présente devant Siham, bien debout, contre vent et marré, contre loups et vampire. Elle était toujours en vie et son rêve était une source inspirante pour Siham. Si elle avait bien compris une chose, depuis le début de cette apocalypse, c’est que rien n’arrivait au hasard. Le moindre signe ne pouvait être au chose qu’un signe du destin. La jeune femme aux cheveux de blé était elle la clé ?
“Et je vous vois venir, non, je n’ai pas particulièrement envie qu’on m'idolâtre, mais je sais qu’il y a des gens ici qui supportent de moins en moins la situation actuelle. Moi, je me suis bien amusée, mais je pense qu’il est tant que tout cela cesse et que la vie reprenne son cours.”
Elle n’avait pas l’air d’en mesurer toute l’importance. « Où était-il, ce puit ? » Siham craignait la réponse à cette question. Elle était persuadé, que la bas, au milieu du labyrinthe, se trouvaient toutes les réponses. « Qui vous dit que vous n’êtes pas la clé de tout ça ? Qui vous dit que ce rêve n’est pas une vision ? Une prémonition ? »

Elle est surprise Itziar. Elle s’attend à ce que la jeune femme la prenne pour une folle. Au mieux, qu’elle se moque d’elle. Elle avait du mal avec ce genre de choses. Sa famille ne venait pas d’un milieu contadin, ils venaient de la haute, avaient le pouvoir, l’argent. Rien n’avait jamais été impossible pour elle et elle s’était très rarement heurtée à des gens qui osaient lui dire quoi que ce soit. Elle n’était pas familière avec les critiques et bien qu’elle soit parfois un peu originale, son statut l’avait pendant longtemps protégée de toute moquerie. Ça avait changé ces derniers temps et s’y habituer n’était pas chose facile. Cependant, contre toute attente, la jeune sorcière ne rigole pas. Elle ne se moque pas d’elle. N’a aucune pique à lancer à son encontre. Au contraire, elle la questionne par rapport à son rêve. La questionne par rapport à ce qu’elle vient de raconter. “Vous me croyez ?” Demande-t-elle à la jeune femme, arquant un sourcil interrogateur. Elle en oublierait presque de répondre à la question. Bien trop surprise par la réaction qu’elle venait de provoquer. “Je ne sais pas où il était. Je n’ai pas réussi à reconnaître le lieu... Ou alors, j’ai oublié en me réveillant.” Répond-elle sincèrement. Une réponse sans doute un peu décevante, mais malheureusement, elle n’avait pas le contrôle sur ce que son inconscient décidait de retenir. Elle avait retenu quelques détails cependant, peut-être que son interlocutrice serait capable de reconnaître le lieu à l’aide de ces derniers. “Je me souviens juste que c’était un énorme puits. Je n’en n’avais jamais vu de si grand. Il semblait entouré de haie, comme s’il était au milieu de quelque chose, un jardin peut-être. Il n’y avait qu’un chemin pour y aller et je ne me souviens plus non plus comment j’y suis arrivée.” Explique-t-elle en haussant les épaules. Elle se rappelait avoir marché dans son rêve. Être partie de l’endroit où elles se trouvaient actuellement, puis après, c’est comme s’il y avait eu une ellipse. Elle se voit devant le puits. La petite voix dans sa tête l’invitant à sauter. Puis elle se voit se jeter dedans sans réfléchir. “Ça vous parle un énorme puits ici ?” Demande-t-elle à la jeune femme. “Rien ne me dit que ce n’est qu’un rêve. C’est pour ça que je suis là ce soir. Parce que ça reste dans ma tête depuis ce matin, alors, il fallait que je vérifie. Mais ça doit faire une heure que je suis là et je ne trouve rien, aucun indice, rien qui me prouve que mon rêve n’était pas que ça.” Elle n’était personne après tout. N’était pas dotée de quelconque pouvoirs ou aptitudes. Aucune raison qu’elle soit la clé de tout. C’était idiot d’y avoir pensé, ne serait-ce qu’une seule seconde.

“Vous me croyez ?” Siham avait bien toutes les raisons de la croire. Après tout ce qu’elle avait vécu, ce qu’elle avait traversé jusqu’à présent, après toutes les épreuves, elle avait vu des choses sont elle n’aurait jamais imaginé l’existence, des choses dont sa propre imagination n’aurait jamais été capable de créer. Alors lorsqu’une femme parle d’un rêve qui semble être plus vrai que nature, oui, elle y croyait. Toutes les pistes étaient bonnes à prendre et une fois de plus, Siham se doutait que si cette femme était à nouveau sur sa route, c’est qu’il y avait une bonne raison. Elle n’avait jamais croisé personne par hasard et sans qu’il y ait un réel intérêt dans cette rencontre. A présent, elle en était d’autant plus persuadée. “Je ne sais pas où il était. Je n’ai pas réussi à reconnaître le lieu... Ou alors, j’ai oublié en me réveillant.” Les épaules de Siham en tombèrent, elle les avait relaché alors qu’elle aurait pensé être sur une bonne piste, mais sans souvenir précis du lieux où se trouvait le puit, il était difficile de s’y rendre. Elle réfléchissait cependant à tous les puits qu’elle connaissait et ils lui semblaient être bien trop nombreux pour avoir le temps de s’y rendre à tous. Les contadins ne laisseraient d’ailleurs surement pas les deux jeunes femmes y accéder, ils étaient bien souvent sur des propriétés privées. « Partir à la recherche d’un puit prendrait une éternité… » et cette lune ne cesserait d’occuper leur ciel. “Je me souviens juste que c’était un énorme puits. Je n’en n’avais jamais vu de si grand. Il semblait entouré de haie, comme s’il était au milieu de quelque chose, un jardin peut-être. Il n’y avait qu’un chemin pour y aller et je ne me souviens plus non plus comment j’y suis arrivée.” Un jardin, des haies… Siham redoutait le pire, mais ce serait finalement bien logique, par rapport à toutes ses intuitions et des prémonitions. “Ça vous parle un énorme puits ici ?” « je n’en ai aucune certitude... » parce qu’après tout, elle ne l’avait jamais vu de ses propres yeux et qu’elle ne s’était pas aventurée dans le labyrinthe depuis l’éclipse, il semblerait que celui-ci n’en fasse qu’à sa tête et qu’il se joue de quiconque ose s’y aventurer. Il est fort probable qu’un puit s’y trouve et qu’il soit au cœur de toutes les terreurs de Siham. Elle était pétrifiée à l’idée d’y entrer. “Rien ne me dit que ce n’est qu’un rêve. C’est pour ça que je suis là ce soir. Parce que ça reste dans ma tête depuis ce matin, alors, il fallait que je vérifie. Mais ça doit faire une heure que je suis là et je ne trouve rien, aucun indice, rien qui me prouve que mon rêve n’était pas que ça.” Siham avait du mal à l’admettre, elle était totalement convaincue qu’il ne s’agissait pas d’un rêve et que c’était bien plus que cela, par contre, elle aimerait que ses réponses soient fausses. « J’ai une idée mais… » elle souffla, résignée. « Je suis persuadée que le labyrinthe est la clé… s’il y a bien un endroit où quelqu’un ne voudrait pas qu’on s’aventure, c’est à l’intérieur. Il est hanté de toutes les créatures possibles, tous les mauvais esprits s’y concentrent, pire que les Mangroves, pire que l’Asile et l’orphelinat… pire que le cimetière. » elle secoua la tête. « Je refuse de m’y rendre. » et elle le regrettait car après tout ce qu'elle avait fait pour parvenir à mettre fin à cette malédiction, une seule étape semblait suffire à présent pour mettre fin à cette abomination.

Dans sa tête, ça commençait à être le bazar. Plus elle repensait à son rêve, plus elle avait l’impression que des détails lui échappaient, qu’ils se mélangeaient les uns aux autres, avant de se mélanger à la réalité. Si bien qu’elle avait du mal à se rappeler ce qu’il s’était réellement passé. Et si finalement, elle avait tout inventé ? Si elle s’était persuadée d’avoir rêvé de cela alors qu’il n’en était rien. Elle avait un jour eu l’impression de rêver de choses étranges, presque surnaturelles. Si c’était le cas cette fois-ci ? Pourtant, la jeune femme en face d’elle n’a pas l’air de trouver toute son histoire délirante. Au contraire, elle semble intriguée par ce puits dont parle Itziar, ce qui motive la blonde à chercher au plus profond de sa mémoire pour essayer d’en sortir un maximum de détails. Même avec ce qu’elle peut préciser, la jeune sorcière n’est sûre de rien. Cependant, elle pense à quelque chose. Elle a sûrement entendu parler d’un endroit comme celui-ci. Elle n’a peut-être pas la certitude qu’il s’agit réellement de celui dont parle la Cortés. “Je suis désolée, c'est un peu l’embrouillamini ce rêve. Il y avait également des pipistrelles qui volaient au-dessus de ma tête. Je me rappelle qu’elles s’approchaient très près. Comme si elles essayaient de me montrer la voie.” Elle n’en avait cependant pas vu une seule depuis qu’elle était arrivée là tout à l’heure. Un autre détail qui la faisait douter. "Peut-être que ça ne signifie rien de plus que si j'avais rêvé de mon père en train de ripoliner la façade de la maison." Déclare-t-elle. En revanche, la sorcière semble avoir une idée, en tout cas, c’est ce qu’elle lui dit et Itziar est donc toute ouïe. Elle vient de piquer sa curiosité. Elle ne peut savoir si ça mènera quelque part, mais à ce stade, toute idée est à envisager. “Le labyrinthe … Ça expliquerait les haies et le seul et unique chemin pour accéder au puits.” Répond-elle en réfléchissant. La suite des explications de la jeune femme ne lui inspire rien de bon. Rien de rassurant. Elle annonce directement ne pas vouloir y mettre les pieds. “Vous y êtes déjà allée ? Depuis le début de la malédiction, je veux dire.” Car elle doutait fort que des créatures surnaturelles s’y cachaient avant tout ça. D’ailleurs, peut-être qu’elles étaient toutes sorties du puits quand l’éclipse était venue couvrir la ville d’un manteau obscure. “Si c’est notre seul moyen de contrer le mauvais sort, je pense qu’il faut y aller. Si vous ne voulez pas y aller, j’irai seule. Même si je pense que vos pouvoirs pourraient être utiles. Vous pourriez vous protéger facilement et accessoirement, me protéger moi aussi.” Car elle n’avait que sa chance pour ça. Pas de pouvoir, pas de talent particulier. Elle n’avait en plus de cela jamais mis les pieds dans ce fichu labyrinthe. Même pas en plein jour.

Siham écoutait attentivement, les chauves souris dans le rêve, confirmait ce qu’elle pensait. Ce labyrinthe était bien la clé et le point central à cette malédiction. Elle le redoutait depuis toujours, à chaque fois qu’elle passait à proximité, elle en était terrifiée et à la fois happée par ses appels intérieurs. C’était comme si une force inexpliquée lui disait de s’y rendre, mais elle ne franchissait jamais le pas. Elle faisait toujours machine arrière. Elle ignorait si elle trouverait vraiment le courage de franchir la première haie, d’oser s’y aventurer.   “Le labyrinthe … Ça expliquerait les haies et le seul et unique chemin pour accéder au puits.” «  et les pipistrelles. C’est l’endroit rêver pour elle de s’y cacher… » tant de recoin à explorer pour se nicher. Elles étaient nombreuses à le survoler. Le jardin botanique en grouillait également. “Vous y êtes déjà allée ? Depuis le début de la malédiction, je veux dire.” Elle secouait la tête. « Il était mon terrain de jeu préféré, jadis. A présent, il ne m’inspire que noirceur et ténèbre. » le pire lieu et le dernier endroit où elle voulait se rendre. « J’imagine que tout à changer. J’aurai été capable de le faire les yeux fermés, avant. Mais on dit que son parcours change chaque jour, qu’il est impossible d’en ressortir. » ou bien ceux qui y arrivaient n’en étaient jamais indemnes. “Si c’est notre seul moyen de contrer le mauvais sort, je pense qu’il faut y aller. Si vous ne voulez pas y aller, j’irai seule. Même si je pense que vos pouvoirs pourraient être utiles. Vous pourriez vous protéger facilement et accessoirement, me protéger moi aussi.” Siham ravala sa salive. Elle était convaincu que ce rêve n’était pas anodin, qu’il avait une part de vrai et qu’il allait les guider vers une fin plus lumineuse. Mais au fond d’elle, elle avait l’impression qu’elle avait suffisamment donné à sa quête, elle sentait qu’elle n’en sortirait pas. Que se jeter dans ce puit, c’était non seulement mettre fin à la malédiction, mais c’était aussi mettre fin à sa propre vie. « Etes vous prête à vous sacrifier ? » parce qu’elle devait avoir pleinement conscience du risque. « Peut être que le rêve dit vrai, peut être que vous en ressortirez, mais si c’était une fin joyeuse pour vous motiver à vous y perdre ? Pour vous rassurer ? Vous devez prendre conscience de chaque issue. » Siham s'en était rendu compte à plusieurs reprises. « toute chose à un coût et je doute que le retour de la lumière ne soit possible sans sacrifice. »

Le labyrinthe semble être bien connu de son interlocutrice. Une théorie qui se confirme quand cette dernière annonce que ce lieu était son terrain de jeu favori fut un temps. Avant la malédiction. Avant que la ville ne soit plongée dans une nuit sans fin. Ce lieu qu’elle semblait tant apprécier par le passé ne lui inspire visiblement plus rien de positif ou de joyeux. Elle refuse même d’y mettre un pied, ce qui n’est pas pour rassurer Itziar. Ce refus laissant présager à ses yeux que bien des horreurs pourraient avoir lieu là-bas et qu’elle n’exagérait donc pas en mentionnant qu’il était hanté par maintes créatures et mauvais esprits. Un lieu duquel il valait sans doute se tenir éloigné. Mais que faire s’il était la clé de toute cette malédiction ? “Avez-vous entendu parler de personnes qui s’y seraient aventurées et qui n’en seraient jamais sorties ?” Demande-t-elle. Elle avait peur de la réponse, mais en même temps, elle avait besoin de savoir. Parce qu’elle n’avait pas envie d’abandonner si facilement. Elle n’avait pas envie d’abandonner simplement par ce qu’il y avait un quelconque danger. Dans sa tête, il était question de sauver la ville et ses habitants. Si personne ne prenait un quelconque risque pour arriver à cela, comment pouvaient-ils s’en sortir ? Était-elle prête à s’y risquer ? Était-elle prête à affronter un tel danger sans réellement savoir ce qui l’attendait de l’autre côté ? Il y a un mois de cela, non, elle n’aurait pas été prête. Elle aurait sans doute choisi de rester cachée dans la demeure de ses parents. Bâtisse dans laquelle il était impossible de pénétrer. Bâtisse imprenable. Ça aurait été la solution de facilité en attendant que la situation s’améliore. C’était ce qu’elle avait fait, d’ailleurs, pendant quelques jours. Puis finalement, sa curiosité avait eu raison d’elle. Elle avait commencé à sortir, à se frotter à ce monde qui était devenu hostile. À la recherche du danger, de l’adrénaline. Est-ce que tout cela en valait vraiment la peine si elle n’allait pas jusqu’au bout ? “Je crois que je suis prête oui.” Déclare-t-elle. Un peu trop sûre d’elle peut-être. “Je me dis que dans le meilleur des cas, la ville sera libérée de cette malédiction, le jour réapparaîtra et j’en sortirai indemne. Ou alors, avec quelques égratignures.” Explique-t-elle. Marquant une courte pause pour réfléchir. “Dans le pire des cas, peut-être qu’il ne se passera rien. Peut-être que ce sera pire. Peut-être que je ne ressortirai pas du puits et que tout ceci, ce rêve, n’est qu’une fabrication d’un esprit malveillant, mais dans ce cas-là, je ne m’en rendrai probablement pas compte.” Si elle se jette dans ce puits sans en ressortir, ce sera tout simplement la fin pour elle, sans qu’elle ne le sache réellement. “Je ne peux pas faire comme si je n’avais pas eu cette vision d’un monde qui revenait à la normale. Je ne peux pas continuer en me disant que peut-être, j’aurai pu faire quelque chose, mais je n’ai rien fait parce que j’avais peur des risques.” Elle est déterminée. Au cas où la sorcière ne l’avait pas encore remarqué.

“Avez-vous entendu parler de personnes qui s’y seraient aventurées et qui n’en seraient jamais sorties ?” Heureusement, Siham n’avait perdu personne dont elle était proche, elle n’avait vu personne y entrer pour ne jamais sortir, du moins, pas de ses propres yeux. « Ce sont les rumeurs… » mais les rumeurs avaient tendance à rapidement devenir vraies, depuis le début de cette éclipse. « On m’a mis en garde maintes et maintes fois. » et puis, elle le ressentait au plus profond d’elle. « On parle d’un terrain de jeu pour les vampires, ils chassent leurs proies, se jouent d’elle, les piègent, les observent paniquer, tourner en rond encore et encore, jusqu’à ce qu’ils referment leurs griffent sur eux, les croquent et laissent leurs corps inertes se faire avaler par les racines des haies hantées. » Siham en avait le sang glacé.
Siham avait bien conscience que son discours n’était pas le bon, qu’elle n’allait pas l’encourager à s’y rendre et à trouver ce puit en lui faisant peur de la sorte et elle avait sans doute sa part de responsabilité dans la fin de cette malédiction. Si elle avait détruit le grimoire des mangroves, tué le loup Alpha, refermé le caveau du vampire originel, en ayant pris tous les risques qui allaient de paire avec , elle ne pouvait plus faire machine arrière, par peur d’entrer dans un labyrinthe. Non, si elle devait accompagner la jeune femme blonde et lui donner gage de protection, elle le ferait. La peur au ventre, mais elle le ferait. Après tout, elle savait qu’elle pouvait compter encore et toujours sur Jina, qu’elle pourrait également compter sur Kaï, sur Greta et sur Marley. Qu’elle pourrait solliciter tous ses alliés pour qu’ensemble, ils se rendent au cœur du labyrinthe, ensemble, ils viennent à bout de cette malédiction. Elle appellerait ses sœurs, ses sorcières, Cami, Lena, Olive et Tessa. Elle appellerait sa force intérieur, implorerait sa mère de lui venir en aide à nouveau. Elle savait que rien ni personne ne pourrait l’empêcher d’aller au bout de cette quête. “Je crois que je suis prête oui.” Siham soufflait, cette fois ci, elle n’avait pas de retour en arrière possible. “Je me dis que dans le meilleur des cas, la ville sera libérée de cette malédiction, le jour réapparaîtra et j’en sortirai indemne. Ou alors, avec quelques égratignures.” Elle serait là, comme les autres, pour la protéger. “Dans le pire des cas, peut-être qu’il ne se passera rien. Peut-être que ce sera pire. Peut-être que je ne ressortirai pas du puits et que tout ceci, ce rêve, n’est qu’une fabrication d’un esprit malveillant, mais dans ce cas-là, je ne m’en rendrai probablement pas compte.” La jeune femme faisait preuve de détermination. Une détermination qui déteignait sur Siham et lui redonnait cette rage de vaincre et d’enfin en venir à bout. “Je ne peux pas faire comme si je n’avais pas eu cette vision d’un monde qui revenait à la normale. Je ne peux pas continuer en me disant que peut-être, j’aurai pu faire quelque chose, mais je n’ai rien fait parce que j’avais peur des risques.” Siham avança d’un pas vers elle, elle tendit ses mains en sa direction, paumes levées vers le ciel pour qu’à son tour, elle vienne y retrouver refuge. « Nous devons y aller demain. » demain, le temps qu’elle rassemble leurs alliés. « Je connais bon nombre de personne qui pourront nous accompagner, car oui, je ne vous laisserai pas seule dans cette quête. La fin de cette malédiction est de notre ressort à tous et plus nous serrons soudés et solidaires, plus nous aurons de chance d’y arriver. La première chose étant de vous protéger et d’offrir toute notre puissance dans la réussite de cette quête. Accordez-moi quelques heures pour appeler à la solidarité et nous nous retrouvons tous, au labyrinthe quand la lune sera pleine. » elle leva les yeux vers celle-ci, qui n’arrivait pas tout à faire à son jour de cicle parfait. « Il est plus risqué de pratiquer sous la pleine lune, mais c’est sans doute le meilleur moment pour ce sacrifice. » tous les êtes maléfiques seraient plus puissants mais sans doute aussi plus vulnérable, face à une attaque de taille. « Le coven vous protégera de tous ceux qui tenteront de vous en dissuader. Le coven vous sauvera si la quête n’est pas la bonne, on ne vous laissera pas tomber. » Siham en était sûre, c'était la seule et unique chose qu'il restait à faire pour venir à bout de cette malédiction. Plus que jamais convaincue, elle saurait en convaincre tous les autres également.

Le récit de Siham est terrifiant. Se retrouver chassée au milieu du labyrinthe tel du gibier ne devait pas être plaisant. Entre la terreur de se retrouver coincé à tourner en rond et la certitude que tout cela n’est qu’un jeu pour buveurs de sang. C’était perdu d’avance en quelque sorte. Elle savait que tout ceci devrait la dissuader. Que toute personne censée ne penserait même pas à s’aventurer dans ce lieu. Toute personne censée tiendrait bien trop à sa vie pour ne serait-ce que l’envisager. Mais elle, elle n’était pas très censée. D’autant plus depuis le début de cette malédiction. Elle jouait avec le feu. N’avait pas perdu la raison, mais presque. Alors, même si ce que la sorcière disait lui faisait froid dans le dos. Elle restait déterminée. Un peu trop sûre d’elle. Un peu trop certaine que ces bribes de rêves qui lui restaient encore en mémoire n’étaient pas que cela. Qu’il s’agissait sans doute d’une prophétie. C’était la désillusion totale. Pourtant, son interlocutrice n’avait pas l’air décidé à la dissuader, ni même à lui faire remarquer que cela était totalement improbable. Une personne lambda comme elle. Pourquoi serait-elle la sauveuse ? Pourquoi serait-elle celle qui pouvait mettre fin à cette éclipse et faire revenir le jour sur Brisbane ? Ça n’avait pas de sens et nombre de personnes l’auraient fait revenir à la raison rapidement. L’auraient sommée de rentrer chez elle et d’oublier toutes ces histoires sans queue ni tête. La sorcière n’était pas de ces personnes. Alors, Itziar se sent comme pousser des ailes. Elle se sent défenderesse de Brisbane. Héroïne de la ville. Si elle doit y laisser sa vie en cours de route, qu’il en soit ainsi. Elle périra en ayant fait une bonne action. C’était ce qu’elle se disait. Bien qu’elle n’avait peut-être pas réellement conscience de ce que tout cela pouvait impliquer. “Demain ?” Demande-t-elle avant d’ajouter. “J’imagine que nous ne sommes plus à quelques heures près et vous avez raison, il vaut mieux y aller en étant préparés plutôt que sans réfléchir.” Le but n’était évidemment pas de se faire tuer par un vampire ou toute autre créature arpentant ce lieu avant d'atteindre le puits. Des alliés ne seraient donc pas de trop. Plus ils seraient, mieux ce serait et plus ils auraient de chance d’atteindre leur but. D’ailleurs, si elles arrivaient à mobiliser beaucoup de monde, peut-être qu’ils pourraient même parvenir à être en surnombre par rapport aux vampires, leur donnant donc un avantage non-négligeable. Elle écoute donc avec attention les explications de la sorcière. Hochant la tête pour acquiescer à l’occasion. “Je vous fais confiance. Rien ne sert de traîner ici ce soir, dans ce cas, nous nous retrouverons demain. Faites attention en attendant.” Conclut-t-elle, adressant un signe de tête à la sorcière avant de s'éclipser.