La nuit avait été rude. La première depuis des mois. Ils n’avaient pas été assez méfiants. Ils avaient baissé la garde. Une erreur de débutant. Une erreur des plus idiotes qui leur avait valu des pertes immenses. Ils n’avaient pas eu de choix que de mettre feu à leur camp de fortune avant de fuir. Ils s’étaient séparés pour maximiser leurs chances. Itziar n’en revenait pas du nombre de zombies qui les avaient encerclés. Depuis le début de l’épidémie, il y avait quoi ? Six ans ? Sept ? Elle avait perdu le compte. Perdu le fil. Les jours se suivaient à présent et il s’agissait de survivre. Elle avait arrêté d’espérer qu’on leur enverrait de l’aide. Arrêté d’espérer que ce cauchemar prendrait fin. Elle ne savait même pas si c’était toujours Bambi Crystal qui tenait les rennes ou si une armée de survivants avait réussi à avoir sa peau. Elle n’avait pas plus de réponse que quand tout cela avait commencé. Elle vivait au gré des campements, des attaques. Elle était méfiante. Bien plus que quand tout cela avait démarré. Ne s'associant que très peu et restait toujours sur ses gardes. Elle se faisait passer avant les autres. Ça, ça n’avait pas changé. Elle ne se mettrait pas en danger inutilement. Pas pour de parfaits inconnus. Alors, quand il avait fallu quitter le navire, mettre le feu à leur camp de fortune, elle n’avait pas hésité bien longtemps avant de vider les jerrycans d’essence et de craquer une allumette. Elle n’avait pas non plus cherché à suivre qui que ce soit dans cette fuite. Elle se débrouillerait très bien toute seule. Enfin, seule, était un bien grand mot, puisque depuis quelques semaines, elle traînait ce boulet qui ne semblait pas vouloir la lâcher. Cet ex qui avait failli l'étriper au début de l’épidémie. “Tu veux pas me lâcher Isaac ?” Lui demande-t-elle alors qu’elle force l’entrée d’une ancienne cabane, probablement laissée abandonnée par son propriétaire."Parce que c'est toi qui veux pas me laisser partir." Lui répond-il. “Je t'assure que je me débrouille bien toute seule.” Ajoute-t-elle. Elle parle à voix haute. Elle le voit clairement. Il est devant elle. "C'est toi qui le dis." Toujours devant bizarrement. Jamais derrière. Il la regarde toujours faire. Elle ne se rend pas compte que personne d’autre qu’elle ne le voit. Elle ne se rappelle pas qu'il s’est retrouvé pris au piège il y a quelques mois de ça et qu’il n’avait pas survécu. Ou alors, elle préfère se voiler la face. Parler à son fantôme était sans doute plus facile qu’accepter qu’il était mort. “J’aurai dû te tuer la première fois qu’on s’est retrouvé.” Lui lance-t-elle alors qu’elle parvient à rentrer dans la cabane. “Pourquoi tu ne l'as pas fait ? Hein ? Dis-moi.” En plus il fait le malin. Elle le voit, son sourire en coin. “Tu veux que je te dise pourquoi je t’ai pas tué ? Je vais te le dire, si ce n'est que ça. Après, tu te barres, c’est d’accord ?” Propose-t-elle en guise de compromis. “Je t’ai pas tué parce que …” Elle entend un bruit derrière elle. Quelqu’un se tient dans l’encadrement de la porte. Depuis combien de temps est-ce qu’il est là ? Est-ce qu’il la suivait ? Quand elle tourne la tête, comme par hasard, Isaac n’est plus là. Toujours un talent particulier pour se cacher. “Vous êtes qui ? Bougez pas, on est deux contre un, vous êtes en infériorité numérique.” Déclare-t-elle, armant son fusil.

(dimension zombie) Il a appris à se méfier de la nature  bien plus que des morts revenus à la vie, Swann. Ainsi, lorsqu’il observe des yeux brillants le suivre du regard à l’orée de la forêt, il n’a pas à réfléchir davantage avant de déjà se rendre compte qu’il s’agit bel et bien d’un loup. La fin du monde leur a donné de la nourriture en abondance près des villes, et ils n’ont pas eu besoin qu’on le leur annonce pour le comprendre. Swann se méfie d’eux comme de la peste. Il se méfie d’autant plus d’eux qu’ils vivent bien souvent en meute, et un homme seul ne pourrait rivaliser contre une horde des leurs. Un seul de ces individus à la force sur développée et aux capacités quasi-surnaturelles suffit à le faire trembler.

Néanmoins, son attention vire soudainement ailleurs alors qu’il entend la discussion animée d’une jeune femme ne semblant pas avoir à coeur de rester discrète. Il ne décèle qu’un seul timbre de voix mais continue de rester méfiant, un peu trop au fait du grand nombre de pièges qui existent désormais en ce monde. Elle n’est sans doute pas seule, et peut-être bien que l’individu à qui elle parle a un ton très similaire. Pour en avoir le coeur net, il se rapproche de la scène à pas de loup. Un peu trop rapidement sans doute, puisqu’il avait mal jaugé la distance entre lui et elles. “Vous êtes qui ? Bougez pas, on est deux contre un, vous êtes en infériorité numérique.” Les mains en l’air, il décale son visage pour tenter de regarder derrière elle. Il n’y voit rien. Il n’y voit surtout personne. Est-ce un nouveau piège ? « Montrez vous tous dans ce cas. » Il annonce et demande surtout, tout en gardant son sang froid. Le perdre serait synonyme de grands dangers. « Une meute de loups est dans les environs. Je venais simplement vous alerter. » Oui et non, mais peu importe. « Mais pas besoin de me mentir sur le nombre, je te ne veux aucun mal, même si tu es seule. » Swann précise enfin, sans doute vexé qu’elle le prenne pour un lapin de trois semaines.

Elle a sans doute l’air d’une folle et elle ne s’en rend même pas compte. Le jeune homme en face ne semble pas impressionné par le fusil braqué sur lui et il a bien raison. Il n’est pas censé le savoir, mais elle n’a que deux balles. Elle n’utilisera l’arme qu’en cas d’extrême urgence et cette dernière sert donc principalement à dissuader toute personne malveillante qu’elle était susceptible de croiser. Quand il demande à ce que tout le monde se montre, elle a du mal à comprendre. Ne voit-elle pas qu’Isaac se tient de nouveau juste devant elle. Les bras croisés, il regarde le jeune homme dans l’encadrement de la porte. Il ne dit rien. Jamais très loquace, sauf quand il s’agit de s’adresser à elle pour se disputer. C’est elle qui est donc obligée de prendre la parole, elle qui sera obligée également de négocier avec l’homme s’il s’avère dangereux. “On est tous là, devant toi, lui et moi.” Déclare-t-elle, pointant vers Isaac d’un signe de tête. Pointant dans le vide sans le réaliser. Elle baisse cependant sa garde quand il continue de parler. Il mentionne une meute de loups rôdant dans les environs. Il ne veut que l’alerter. “Un coup de fusil et s’en sera fini des loups, tu sais ?” Répond-elle, un peu sur la défensive. Ces prédateurs n’étaient pas le plus gros danger qui rodaient depuis quelque temps. Les lycans étaient le cadet de ses soucis tant qu’ils ne commençaient pas à se transformer en zombies. Elle avait appris à viser à force, se servant d’un fusil comme si elle avait bossé pour l’armée de terre. Le jeune homme n’était pas censé savoir, il semblait sincère. “Cela dit, merci ! On ne comptait pas rester là longtemps de toute façon. Juste le temps de passer la nuit à l'abri avant de mettre les voiles.” Pour aller où ça, elle n’avait pas encore d’idées. Loin de là en tout cas. Aussi loin qu’elle puisse, jusqu’au prochain refuge qu’elle trouverait. “Je ne suis pas seule ! Je ne mens pas. Personne ne survit seul par ces temps qui courent. D’ailleurs, comment ça se fait que t’es seul ? Tu cherches quoi ?” Est-ce qu’il s’agissait d’une embuscade ? Est-ce qu’elle allait se retrouver prise au piège ? Un appât de choix pour ceux qui avaient perdu tout semblant d’humanité.

“On est tous là, devant toi, lui et moi.” Plus que jamais, il nourrit l’impression de s’être jeté dans la gueule du loup, et pas n’importe quel loup: le genre complètement fou. Il voit bien qu’il n’y a personne à ses côtés, mais elle ne semble pas s’en être rendue compte en retour. “Un coup de fusil et s’en sera fini des loups, tu sais ?” - « Je te déconseille de rater ta cible, dans ce cas. La meute ne ferait qu’une bouchée de toi. » Il rétorque froidement, simplement, et c’est sans même parler de l’inconnu sans nom ni visage qui semble l’accompagner uniquement dans ses pensées - lesquelles sont loin d’être claires, de toute évidence. Si elle s’attaque à cette meute de loups, il n’aurait plus qu’à lui bâtir un véritable hypogée pour enterrer son corps sans qu’il ne risque plus rien. Si tant est qu’ils laissent un quelconque corps. « As-tu la moindre idée de la douleur d’être déchiqueté vivant par leurs mâchoires surpuissantes ? » Non, elle ne le sait sûrement pas, et Swann non plus au final. Ce qu’il parvient assez aisément à anticiper, cependant, c’est toute la douleur que cela représente.

“Je ne suis pas seule ! Je ne mens pas. Personne ne survit seul par ces temps qui courent. D’ailleurs, comment ça se fait que t’es seul ? Tu cherches quoi ?” Pour peu, il imagine déjà la brune crier au loup et oser faire de lui le méchant de toute cette histoire. De toute évidence, il n’en est rien. « J’ai simplement entendu du bruit, je suis venu vérifier. Je suis un loup solitaire. » Il n’y a pas de raison à cela. Il est seul parce qu’ainsi va la vie et ainsi en a décidé son Destin ; il n’y a rien de plus à en dire. « Je trouve que les meutes qui se forment ici et là ne sont pas une bonne chose. Elles imploseront, tôt ou tard. » Peu importe leur stratégie, peu importe leur nombre, peu importe leur force. Elles finiront par périr et il veut apprendre à se débrouiller seul avant d’y être forcé. « Tu es avec un animal ? J’ai entendu dire que quelqu’un avait apprivoisé un loup. » Est-elle ce quelqu’un ? Cela lui paraît hautement improbable mais il pose tout de même la question.

Des bêtes à quatre pattes vivant en meute, des crocs acérés et des poils gris, ce n’est pas ce qui effraie Itziar. Elle redoute plutôt ses congénères ayant sombré. Revenus d’entre les morts. C’était eux le danger pour elle. Eux étaient indomptables, inarrêtables. Un bras ou une jambe en moins ne les arrêtaient pas. Leur faim de chair fraîche n’avait pas de limite. En revanche, elle pouvait presque s’imaginer en loup alpha, chef de meute, protégée par ses compagnons, redoutés dans les contes pour enfants. “Je préfère me faire bouffer toute entière par des loups affamés que finir en zombie. Pas toi ?” Lui demande-t-elle. Au moins, il en serait fini d’elle. Il en serait également fini de cette vie d'errance et de survie qui durait depuis déjà trop longtemps. Est-ce que cela voulait dire qu’elle allait se jeter dans la gueule du loup sans réfléchir ? Non, absolument pas. Elle n’était pas si désespérée. Elle avait encore un infime espoir que la situation s’améliore un jour. Dans un futur plus ou moins proche. Alors, non, elle n’avait pas pensé à la douleur. L’idée ne lui avait jamais traversé l’esprit. Tout comme elle n’avait jamais imaginé à quel point cela devait être douloureux de se retrouver pris au piège au milieu des zombies. Pour peu qu’ils n’arrivent pas à l’achever rapidement. “J’imagine que ce n’est pas agréable. Cependant, le corps humain est plein de ressources et je crois que dans un tel cas de figure, une réaction se produirait, provoquant un évanouissement rapide pour ne pas avoir à supporter la douleur.” Le fait était que dans un tel cas, elle n’en ressortirait pas, ce qui lui éviterait une anamnèse future qui, elle, serait sans doute douloureuse.

Elle en oublie presque qu’elle ne sait rien de cet homme qui se tient en face d’elle. Qu’elle a même baissé légèrement son arme sans s’en rendre compte. Elle se ressaisit. Lui ne se laisse pas impressionner. Il reste calme. Est-il sincère ? Elle n’en sait rien. Elle lui laisse le bénéfice du doute pour l’instant. D’autant plus qu’il semble partager son avis quant aux différents groupes qui se forment depuis le début de cette catastrophe. Elle, elle n’a jamais réussi à y trouver son compte. Persuadée au fond d’elle que les humains n’avaient rien en commun avec les animaux et que la vie en meute ne permettait pas de maintenir un quelconque équilibre. Elle hoche donc la tête pour acquiescer. Baissant son arme doucement. Le scrutant pour voir s’il allait bouger ou non. “Ça dépend de ce que tu définis comme animal.” Répond-elle. Une pique directement adressée à Isaac. “Si tu parles d’un vieux loup de mer, alors, oui, c’est sans doute moi, bien qu’il y ait débat sur l’apprivoisement.” Isaac n’en faisait qu’à sa tête. Pour preuve, il s’était affalé dans le seul fauteuil dans la pièce, bien loin de toute cette conversation. “Si tu parles plutôt du méchant dans le petit chaperon rouge, alors non, c’est pas moi, mais je dois dire que ce serait sans doute pratique pour se protéger.” Peut-être que cette personne en question pouvait prodiguer quelques conseils.

. “Je préfère me faire bouffer toute entière par des loups affamés que finir en zombie. Pas toi ?”
« Je préfère encore rester en un seul morceau. »

Pas amusant, mais pragmatique (dont “pas amusant” est sûrement la définition même du terme). La femme face à lui reprend son arme en main pour mieux la baisser à nouveau ensuite, ce qui ne met pas Swann en confiance tant il n’arrive pas à comprendre ce qu’elle peut ressentir ou comment elle fonctionne. “Ça dépend de ce que tu définis comme animal.” Si elle avait apprivoisé un loup, elle le lui aurait déjà montré avec fierté, il en est maintenant convaincu. Elle tourne autour du pot pour ne pas avoir à dire “non”. “Si tu parles d’un vieux loup de mer, alors, oui, c’est sans doute moi, bien qu’il y ait débat sur l’apprivoisement.” Elle est sauvage et, comme tous les animaux sauvages, Swann s’en méfie. Ils n’obéissent qu’à leurs instincts les plus primaires et ne peuvent être raisonnés: en d’autres termes, ils sont de véritables dangers. Déjà, il esquisse un pas pour s’éloigner de la porte et de toute cette maison par la même occasion. Elle est sûrement folle à lier et il n’y a rien de bon à partager la route d’une telle personne, surtout dans le contexte de (sur)vie qu’est désormais devenu le leur.

« Je vais tracer ma route. » Ce n’est pas une question mais bel et bien une affirmation. Il s’en va, qu’elle le veuille ou non. « Tu devrais en faire de même. » L’endroit est peut-être ce qui la rend folle, bien qu’il en doute. Même les fous ont le droit de survivre, de toute façon, et un conseil ne lui coûte rien. « Une meute arrive par le sud. Et je ne parle plus de loups. » Ils ont beau avancer d’un pas lent, leur nombre les rend terriblement dangereux. Mais cela ne reste qu’un simple conseil, après tout.

Elle remarque le pas en arrière que fait le jeune homme. Il sort de la maison, peut-être malgré lui. Peut-être à cause d’elle. Il faut dire qu’elle n’est pas très avenante et qu’elle ne doit pas inspirer confiance. Pourtant, dans les faits, c’est lui qui aurait le dessus. Elle, elle est à l’intérieur de la maison. Elle n’a pas d'échappatoire. S’il voulait l’attaquer, elle aurait peu de chances de lui échapper. Elle était cernée. Lui avait l’immensité derrière lui pour s’enfuir s’il s’avérait qu’elle était réellement folle à lier. Il annonce qu’il s’en va. Ça l'arrange. Même s’il n’avait pas forcément l’air dangereux, elle ne pouvait se résoudre à lui faire confiance. Elle avait connu bien trop de déceptions durant ces dernières années de survie. Elle avait découvert les côtés des plus sombres de personnes qu’elle pensait connaître. Avait même découvert ses propres vices. Pour sauver sa peau, tous les moyens étaient bons. Alors, même si ce n’est certainement pas ce qu’il y a de mieux à faire et que ça ne l’aide pas plus à rester saine d’esprit, elle préfère rester seule … avec Isaac, qui se manifeste quand bon lui semble. “Je vais y réfléchir.” Lui répond-elle. Elle ne compte pas rester là indéfiniment, mais ça, il n’a pas à le savoir. Elle compte au moins se reposer cette nuit. Profiter d’avoir un toit au-dessus de la tête. Elle barricadera la porte une fois qu’il sera parti. Elle ne voudrait pas qu’il revienne pour lui couper la tête en pleine nuit. Elle ne veut pas lui donner d’idée. Alors, elle se contente de quelques mots. Quand il lui indique qu’une meute arrive, elle sait de quoi il parle. Il précise sans que ce soit nécessaire. C’est leur réalité depuis des années. La situation s’est même dégradée au fil du temps. “Tu devrais partir alors, avant qu’elle ne te rattrape.” C’est plus une demande qu’un conseil. Qu’il s’en aille. Qu’elle puisse fermer la porte, chose qu’elle aurait dû faire depuis de longues minutes. Avant même qu’il n’arrive. Elle fait deux pas en avant, doucement, elle ne veut pas qu’il pense qu’elle va l’attaquer, cela pourrait mal tourner. Elle veut simplement qu’il comprenne que la conversation est terminée. Qu’elle n’a pas plus besoin de lui qu’il n’a besoin d’elle.

Dans ce monde apocalyptique, le soleil déclinant laisse place à un spectacle à la fois majestueux et terrifiant au-dessus de la forêt. Les derniers rayons de lumière filtrant à travers les nuages épais teintent le ciel d'une teinte rougeâtre, évoquant la colère et le chaos qui règnent désormais sur la terre. Swann s’émeut face à ce spectacle, chaque jour un peu plus conscient de la chance qu’il a de pouvoir encore l’admirer. “Je vais y réfléchir.” Son regard se pose sur les feuilles mortes jonchant le sol et craquant sous chaque pas, rappelant la fragilité de ce qui fut autrefois verdoyant et vivant. Il hoche la tête, bien conscient que le futur de la jeune femme n’est pas son problème. Il lui a transmis tout ce qu’il pouvait lui transmettre sans se compromettre lui-même.

“Tu devrais partir alors, avant qu’elle ne te rattrape.” Dans le même élan, elle s’avance et il recule, tant parce qu’il comptait effectivement partir que parce qu’il ne peut pas se permettre qu’elle s’approche trop près de lui. Déjà, il murmure un adieu. Sous ses pieds, les ombres des arbres s'allongent lentement. Le crépuscule semble amplifier l'aura de désolation qui imprègne chaque recoin de la forêt, faisant ressortir les contours des ruines et des débris disséminés entre les arbres. Au loin, il jurerait déjà entendre les premiers grondements de la meute en approche. Le temps presse et joue contre lui. Il voudrait la sauver un peu mieux que ça mais son propre instinct de survie l’en empêche: dans ce monde, c’est chacun pour soi. Ils observeront le même ciel ce soir mais pour demain, rien n’est moins sûr.

Son pas se presse en direction de son propre refuge au fur et à mesure que le soleil disparaît lentement derrière l'horizon. Une lueur sinistre persiste, illuminant le ciel d'une lueur sombre et menaçante. Depuis que le monde n’est plus, le ciel se teinte de violet à la nuit tombée. Certains pensent que les usines et la pollution y sont pour quelque chose. Si ce ne sont pas les morts qui les tueront, alors d’autres choses s’en chargeront sans doute.