Halloween est enfin là ! Après Noël, c’est ta fête favorite. Par contre, contrairement à de nombreuses personnes, tu ne l’apprécies pas spécialement pour les déguisements même si les gens te croient souvent déguisée en fée dans tes robes aux couleurs vives. Tu ne l’apprécies pas plus pour sa signification, préférant fêter les vivants que les morts. Ce que tu aimes par-dessus est la possibilité de récolter une multitude de bonbons. Ta gourmandise s’associe avec ton enfant interne ce jour, se réjouissant à l’avance de la montagne de friandises que tu ramèneras chez toi. Ils ne sont pourtant pas à se plaindre le reste de l’année. Tu les régales régulièrement de sucreries avec tes pâtisseries. Insuffisamment pour les satisfaire visiblement tant ils te réclament de sortir depuis ton réveil. Tu as réussi à contenir leur appel avec tes obligations travailleuses. En effet, tu es à Paradise City depuis le début de l’après-midi, à peaufiner les tenues des danseuses de et celles du personnel pour assurer leur prestance lors de la soirée spéciale organisée pour l’occasion ce soir. Ton duo infernal n’a pas réussi à te détourner ton attention. Évidemment, ils ont bien essayé de te perturber, ton ventre ayant émis des gargouillis et ton esprit enfantin ayant projeté des images de confiserie dans ton esprit. Malgré leurs tentatives de déconcentration, tu as tenu bon, terminant par habiller ta princesse de son costume de sorcière sans oublier de l’embrasser pour t’avoir ensorcelée avant de filer. Tu serais bien restée au club, tu n’as pas prise ta tenue. De plus, tu ne peux pas maîtriser plus longtemps tes démons. Juste le temps de rentrer chez toi, de te changer en revêtant ton costume de sorcière, de récupérer un seau vide pour stocker les bonbons récoltés et une bourses contenant des paillettes pour punir les personnes demandant une farce. Le risque est minime, la plupart des gens se prêtant au jeu de cet événement. Du moins avec les enfants. Dans ton costume d’adulte de 1m78, avec tes cheveux roses, il n’est pas sûr que tu sois prise au sérieux. Itziar l’est alors tu as des raisons d’y croire en portant une tenue similaire à la sienne. Bon, en dépit de La coupe et des couleurs, les deux habits sont différents. Déjà, le pan de ta robe est plus long pour s’ajuster à ta taille et venir caresser tes chevilles. Ensuite, si chacune est colorée de gris et de noir, tu as inversé les couleurs. Là où la robe de l’espagnole est noire, la tienne est rose et vice versa. C’est comme si tu avais pris une robe noire et une robe grise unies pour en faire deux robes noires et grises. Tu as voulu témoigner de votre complémentarité.
Dès des premières tentatives, tu constates manquer de crédibilité, récoltant davantage de rires moqueurs que des friandises. Les véritables enfants croisés sur ta route ne ratent pas l’occasion de piller ton maigre butin. Trop faible pour résister à leurs sourires, tu remplis leurs paniers au détriment de ton seau. Ce n’est pas grave dans le fond. Tant que tu voies un enfant sourire, tu es ravie. Au final, l’important se situe ici. Tu enchaînes les maisons une à une, offrant à leurs propriétaires ton large sourire lumineux. Ton seau est toujours presque désespérément vide. Surtout que tu as la mauvaise idée de piocher dans tes réserves en marchant. Tu aurais dû penser à manger avant de partir dans cette aventure. Il est trop tard à présent. Ce qui n’est pas pour te déplaire. Tu peux te gaver de sucreries en le justifiant par ta faim. Cela ne t’empêchera pas de diner en rentrant. Il est hors de question que tu sautes un repas. Tu ne rigoles plus avec ton alimentation depuis ta sortie des enfers anorexiques. Tu as le temps d’y réfléchir, étant décidé à ne rentrer que lorsque qu’aucun bonbon ne pourra tenir dans ton seau. A ce rythme, tu en as pour la nuit. Et elle pourrait être insuffisante. Entrainée par ton élan, tu ne te rends pas compte avoir marché jusqu’au club. Tu y vois un signe. Tant pis pour ta quête, faire une surprise à ta princesse est plus prioritaire. Tu te diriges vers le videur, amusée par l’énorme citrouille taillée posée à ses pieds. Tu n’aurais pas oublié ton téléphone, tu l’aurais prise en photo tellement tu la trouves terriblement terrifiante. Ton étourderie a malheureusement encore frappé. Tu salues Duran chaleureusement, te permettant de lui faire la bise. Il te félicite pour ton déguisement avant de t’inviter à pénétrer à l’intérieur. Tu le remercies et tournes sur toi-même avant de disparaître. Une fois dans la salle principale, tu t’avances vers le bar. Tu aperçois ta moitié occupée avec un shaker dans ses mains. Tu viens t’installer devant elle, tes fesses se posant sur un tabouret. Tu patientes qu’elle t’observe pour étirer tes lèvres dans un sourire radieux. « Un bonbon ou un sort ? » Tu doutes fortement qu’elle ait des bonbons à portée. Elle va être obligée de subir un sort à priori. Et si tu as encore des paillettes à disposition, tu as une autre idée en tête. « Et un Apple Rose s’il vous plait. » Tu la taquines à la vouvoyer, à faire croire qu’il existe une distance entre vous, alors que vous êtes si proches. Et si ce cocktail ne fait pas partie officiellement de la carte, il l’est officieusement suite à sa promesse.
Il était là, le jour J. La soirée tant attendue est en préparation depuis plusieurs semaines. Tout avait été organisé avec soin et malgré les différends qui n’étaient pas encore réglés avec Lara, il n’avait pas été question de faire l’impasse sur Halloween. Elles n’avaient donc laissé ni leurs soucis, ni même l’enquête en cours venir entacher ce qu’elles avaient prévu. Chacune avait semble-t-il mis de l’eau dans son vin. Itziar avait lâché un peu de lest. Elle n’avait pas dit grand-chose quand la jeune australienne avait laissé libre cours à son imagination. Le verre de martini géant, rempli de champagne qui trônait au milieu de la scène en était le témoin. Elle lui avait laissé ce moment. Cette fête qu’elle appréciait tant. Elle voulait que tout le monde passe un bon moment, que ce soient les employées comme les clients. L'humeur était donc à la fête et le fait que Rose soit là pour finir de peaufiner les derniers détails sur les costumes y était sans doute pour quelque chose. Elle ne se lasserait probablement jamais de la voir là. De la voir évoluer dans son monde à elle comme si c’était également le sien, alors qu’elle se voulait pourtant beaucoup plus rêveuse, beaucoup plus douce que ce monde qui n’était pas toujours facile et demandait parfois beaucoup de vigilance. Elle était trop douce pour ce monde et pourtant, elle naviguait à travers celui-ci à merveille. Tout comme Itziar avait appris à retomber en enfance et à lâcher prise quand Rose lui avait ouvert la porte de son monde à elle. À l’inverse de Rose, elle avait emmené toutes ses affaires au club. Elle souhaitait gagner du temps. Elle avait également peur de devoir se changer rapidement et de se fait, il valait mieux ne pas avoir à bouger. Bien que rien ne pressait pour le moment, elle savait qu’un imprévu restait toujours une option. Elle avait donc accroché soigneusement son costume dans le bureau et ne l’avait enfilé qu’au dernier moment. Elle ne voulait pas l'abîmer et monter sur les tables pour accrocher les dernières décorations au plafond aurait sans doute eu raison de la sublime robe que Rose lui avait confectionnée. Comme à son habitude, elle avait pris soin de faire en sorte qu’elle puisse se mouvoir librement, qu’aucun élément ne vienne gêner ses mouvements et pourtant, elle avait réussi à créer une pièce des plus originale. Cette année, elles étaient assorties toutes les deux. Deux jolies sorcières, façon ying et yang. Deux robes aux couleurs identiques mais inversées. Le rendu était bluffant. Ou peut-être que c’était son manque d’objectivité qui parlait, une fois de plus.
La soirée a déjà démarré sur les chapeaux de roues. Les divers numéros prévus par les danseuses font leur petit effet, l’alcool coule à flots et Itziar peut déjà prévoir que les recettes de ce soir vont surpasser leurs attentes. Tout se passe pour le mieux. Tout le monde semble passer un bon moment, autant les employées que les clients, ce qui pour Itziar avait une importance toute particulière. Elle avait à cœur de satisfaire les clients du club, il fallait être réaliste, c’étaient eux qui permettaient de faire fonctionner Paradise City. Sans client, il n’y avait pas de rentrée d’argent et donc pas de club. Cependant, il était tout aussi important pour elle que ses employées passent un bon moment. Que venir travailler ne soit pas une corvée et elle veillait donc à ce que tout se passe bien pour tout le monde. Dans sa tenue de sorcière, elle s’affaire donc derrière le bar, sert une bière d’un côté, un whisky de l’autre tout en encaissant les clients ayant déjà récupéré leur commande. Elle ne voit pas tout de suite cette jolie sorcière aux cheveux roses qui s'assoit au comptoir. Cependant, quand ses yeux se posent sur elle, son sourire professionnel se transforme, s’étire jusqu’à ses oreilles. Elle s’approche d’elle avec entrain. “Je préfère les bonbons, mais après, ça dépend de quel sort on parle.” Déclare-t-elle en riant avant d’ajouter. “Quoi ? C’est pas comme ça que ça fonctionne ?” Car oui, effectivement, ce n’était pas tout à fait cela, mais en même temps, qui avait décidé des règles et surtout, pourquoi ne pouvait-elle pas les réinventer à sa convenance. “Un Apple Rose ? Comment connaissez-vous cette boisson top secrète qui n’est pas à la carte ?” Lui demande-t-elle en entrant dans son jeu. “Vous savez, ce cocktail est réservé à une clientèle très sélecte qui se doit de payer en avance et d’énoncer les ingrédients le composant. Vous pensez pouvoir faire ça ?” Demande-t-elle, un air malicieux sur le visage. Le paiement était moindre : un simple baiser. Pour les ingrédients, peut-être que l’australienne allait devoir faire marcher un peu sa mémoire, mais quoi qu’il en soit, Itziar lui préparerait la boisson avec plaisir. Elle la taquinait juste un peu avant.
Si tu aimes passer du temps avec elle, la voir, tu évites de venir au club. Le monde de la nuit n’est pas le tien même si tu y as mis un orteil et quelques autres en la côtoyant, en devant la costumière des lieux. Tu tiens avant tout à lui laisser son espace, à ne pas te montrer envahissante. Tu t’en voudrais que des soupçons de jalousie viennent fragiliser votre couple. Tu lui fais entièrement confiance. Tu l’as déjà vu en action pour repousser quelqu’un en train de la draguer. Tu as conscience qu’elle joue parfois de ses charmes pour faire consommer. Elle a une entreprise à faire tourner, des factures à payer et donc une caisse à remplir. Ce soir est une exception, en l’honneur d’Halloween, de vos costumes assortis, du sort qu’elle t’a jetée depuis maintenant deux ans : l’amour. Son déguisement de sorcière lui va parfaitement tant elle t’a ensorcelée. En même temps comment pouvait-il en être autrement face à son sourire ravageur, son rire lumineux ou encore son tendre accès latin ? Sans oublier sa gourmandise devant le sucre. Un point commun nullement anecdotique, mais il serait réducteur d’affirmer qu’elle est avec toi pour tes gâteaux même si elle s’en régale sans modération. « Pas vraiment. C’est moi qui suis censée recevoir des bonbons. » Tu lui as pas posé la question pour qu’elle choisisse sa préférence. Elle a tourné la chose à son avantage. Tu reconnais bien là sa malice, toujours avec les mots, souvent à jouer tout simplement, à exprimer son côté enfantin. « J’en déduis que vous choisissez le sort. » Un rictus espiègle se dessine sur tes lèvres. Tu te lèves du tabouret. Tu te mets sur la pointe des pieds en te penchant en avant afin d’atteindre sa joue et y déposer un baiser. Tu as été chaste sur ce coup-là, Rose. Tu es entourée de public et tu n’as pas osé l’embrasser sur la bouche par pudeur. Maintenant, l’excuse est relative. Une grande partie de la clientèle habituelle connait la nature de votre relation. Puis à cette époque, tu n’as pas à cacher ton attrait envers la gent féminine même si elle peut encore s’avérer mal vue éprouvée par une femme. Un tel baiser se mérite surtout. Tu n’as pas voulu la récompensé aussi facilement alors qu’elle a essayé de te piéger. Tu n’es pas aussi naïve que tes airs laissent présager. « J’ai rencontré une reine guimauve lors de ma collecte de bonbons qui me l’a conseillée. » Tu te retiens de rire, mais certainement pas de lui sourire. Tu fais référence au sobriquet par lequel elle te nomme régulièrement. Cette histoire de cocktail vous est propre. Personne n’est au courant du comment a été créé le dernier en date ajouté à la carte et encore moins de quoi est composé cet Apple Rose. « Évidemment, en bonne sorcière, je l’ai ensorcelée au préalable pour lui voler ses pensées. » Tu n’en es pas si certaine au final. Tu te souviens surtout de la fin de l’atelier créatif et du tendre ébat qui est venu le conclure. Tu fouilles ta mémoire tout de même. Tu es l’inventrice de cette boisson, tu devrais réussir à retrouver les ingrédients. Sauf que tu as improvisé sur les proportions et que tu as fait avec ce que tu avais sous la main. « Il y a du jus de pomme, de l’eau pétillante, de la grenadine et le plus important, une pincée d’amour. » Tes lippes affichent un sourire niais à la fin de l’énoncer de ta liste. C’est une déclaration déguisée spontanée. « Quant au paiement… » Tu tends ton bras jusqu’à venir glisser ta main dans sa nuque. Délicatement, tu l’attires vers toi pendant que tu casses la distance qui vous sépare en parallèle, jusqu’à ce que vos commissures entrent en contact. Fermant tes yeux, tu restes plusieurs secondes dans cette position, à savourer son goût sucré. Tu rouvres tes paupières alors que tu détaches vos bouches. Tu libères ses cervicales de ta prise digitale. « Est-ce suffisant ou dois-je appeler la patronne pour me plaindre de la mauvaise volonté de la barmaid ? » Tu es d’humeur taquine. Tu espères qu’elle s’en contentera bien qu’elle ait connue des baisers plus passionnés. Comme celui offert une fois sa tenue enfilée avant que tu ne partes de son bureau.
Elle tourne le jeu à son avantage. Comprend ce qui l’arrange. Une technique dont elle avait sans doute usé et abusé quand elle était arrivée ici et qu’elle pouvait encore invoquer la barrière de la langue. Presque sept ans plus tard, ce petit tour de passe-passe ne fonctionnait plus, à part peut-être avec les personnes qu’elles ne connaissaient pas et pour lesquelles elle prendrait la peine de grossir un peu son accent. Pour le reste, c’était fini. En particulier pour Rose qui la connaissait parfaitement. Cependant, ça ne l’empêchait pas d’être joueuse avec elle. Bien au contraire. C’était sûrement avec elle qu’elle jouait le plus. Preuve en était ce moment qu’elles étaient en train de partager. Cet échange qu’elle avait pris à l’envers, qu’elle avait remixé à sa sauce, pourtant parfaitement à la page quant au fonctionnement d’une collecte de bonbons. Bien qu’Halloween ne soit pas aussi populaire en Espagne qu’en Australie, elle était au fait sur les coutumes et traditions en lien avec cette fête. “Ah bon ? Je croyais que vous me demandiez ce que je préférais.” Répond-elle en faisant la moue. Une innocence qui n’allait sans doute pas tromper l’australienne, mais qui faisait tout de même partie intégrante du personnage qu’elle jouait actuellement. Elle n’a pas le temps d’en dire plus. Par le temps de se défendre contre la mention d’un quelconque sort, puisque la styliste se lève de son tabouret pour se pencher au-dessus du bar et déposer un baiser sur sa joue. C’est on ne peut plus chaste, mais ça la fait sourire quand même. “Eh bien, je dois dire que j’ai connu des sorts bien pire que celui-là. Finalement, je rectifie, ce ne sont pas les bonbons que je préfère.” Annonce-t-elle, large sourire dessiné sur les lèvres. Elle sortirait presque de son personnage, mais reprend tout de suite son sérieux quand le nom du mystérieux cocktail est prononcé. Il n’est pas à la carte. Il n’existe même pas d’ailleurs. La seule fois où elle avait eu l’occasion de le boire était chez elles. Il s’agissait plus d’une petite plaisanterie entre elles deux que quelque chose de sérieux. Pourtant, elle se souvient parfaitement des ingrédients. La question était de savoir si Rose s’en souvenait ou si elle comptait simplement sur la mémoire de l’espagnole. “Vous avez dû lui jeter un sort pour qu’elle accepte de vous parler de ce cocktail, d’autant plus pour qu’elle vous en dévoile les ingrédients.” Déclare-t-elle tout d’abord. La reine guimauve, elle la connaissait bien. Après tout, c’était la sienne. Aussi égoïste que cela puisse paraître. “J’espère que vous avez pris la peine d’annuler votre sortilège avant de partir. Je sais qu’il y a certaines personnes qui seraient prêtes à tout pour elle. S’il s’avérait qu’elle a été blessée dans la manœuvre, leur châtiment pourrait être terrible.” Continue-t-elle. Elle est toujours dans son rôle. Pourtant, il n’y a pas que de l’improvisation pure et dure dans ce qu’elle raconte. C’était la vérité, un peu déguisée, certes, mais la vérité ni plus ni moins. Elle était celle qui serait prête à tout pour protéger Rose et celui qui oserait lui faire du mal gagnerait une ennemie dans la manœuvre.
Cependant, pour l’heure, la question ne se posait pas, puisque sa reine guimauve était en face d’elle et en pleine forme. Sa mémoire aussi semblait en pleine forme. Elle n’avait pas oublié la recette du fameux cocktail qui lui était dédié puisqu'elle énonçait les ingrédients sans faute et sans la moindre hésitation. Pour le paiement aussi, il n’y a pas d’erreur. Après le chaste baiser sur sa joue, celui-ci est un peu plus décomplexé bien que tout aussi tendre. Itziar ne peut d’ailleurs s’empêcher de sourire contre les lèvres de Rose. Quand cette dernière vient remettre de la distance entre elles, le moment lui paraît presque trop court. Parce que pour elle, ça l’est toujours. Parce qu’elle n’en a jamais assez. Parce qu’elle est sans doute un peu accro aussi. “C’est suffisant, oui … pour un premier paiement afin de sécuriser la préparation du cocktail. On verra après pour le reste.” Répond-elle avec un petit sourire en coin. “Pas de quoi déranger qui que ce soit.” Ajoute-t-elle alors qu’elle attrape déjà un shaker qu’elle vient remplir de glaçons avant d’y ajouter les divers liquides. Elle secoue le tout pendant quelques secondes avant de filtrer et de servir, ajoutant également l’eau pétillante qu’elle n’avait pas mixée pour ne pas enlever les bulles. Elle ajoute une paille avant de déposer le verre devant sa sorcière préférée. “Attendez, avant de le boire, je n’ai pas encore ajouté la touche finale.” Déclare-t-elle. Pour cette touche finale, elle attrape une petite boîte sous le comptoir. Ouvre délicatement le couvercle et avec une spatule vient prélever une petite dose de la poudre pailletée à l’intérieur. Elle vient saupoudrer le cocktail de paillettes comestibles qu’elle mélange avec la paille, donnant un aspect irisé à la boisson. “Et voilà !!!! Jamais trop de paillettes, n’est-ce pas ?” Demande-t-elle, plutôt fière d’elle avant de se rappeler qu’elle avait oublié un dernier détail, crucial, pour cette soirée d’Halloween. “J’allais oublié !” Lance-t-elle venant tendre une brochette de bonbons à Rose. “Tu m’en diras des nouvelles et en fonction, on pourra discuter paiement, mais il faudra au moins un autre baiser.” Ajoute-t-elle, en souriant, faisant signe à la personne attendant à côté de Rose de s’approcher, pour laisser à l’australienne le temps de déguster son cocktail sans pour autant faire attendre trop longtemps les autres clients. Il était facile de se laisser surprendre par le temps, quand elle était dans sa bulle avec celle qui partageait sa vie. Alors, elle fait deux choses à la fois, elle sert un whisky au client qui vient de s’avancer, encaisse son paiement et reporte son attention sur sa sorcière. “Alors ? Comme à la maison ?” Demande-t-elle, curieuse de savoir si elle avait réussi à reproduire le fameux cocktail.
Son annonce te fait sourire. Encore heureux qu’elle préfère tes baisers aux bonbons. L’inverse serait inquiétant. Surtout que tu lui offres plus souvent des baisers que des bonbons. Et ce n’est pas uniquement du fait qu’ils soient gratuits. C’est avant tout une marque affective, une preuve d’amour. Tu n’as besoin d’aucun prétexte précis pour l’embrasser même si tu aimes en énoncer par jeu, souvent des très farfelus, mais elle ne t’en tiens pas rigueur et te laisse à chaque fois venir déposer tes douces lèvres sur sa peau. Aujourd’hui, dans le contexte d’Halloween, l’excuse du sort est parfaite. Par contre, tu te perds déjà davantage dans des délires avec cette histoire d’ensorcellement. « En Legilimens aguerrie, j’ai été lire ses pensées. » Un statut nullement choisi au hasard. Tu fais évidemment référence à l’univers d’Harry Potter. Vous êtes plongées dedans depuis le date avec Birdie et Jordan. Vous avez revu tous les films. Vous avez cherché à quelle maison vous apparteniez. Et tu as commencé des esquisses de tenues de sorcières revisitées pour égayer les articles du magasin de la reine des fées. « Oh je vous rassure, je l’ai libérée de mon emprise dès l’obtention de la recette. Je n’ai voulu prendre le risque de me faire traquer par cette sublime princesse blonde qui hante son esprit. D’ailleurs, il n’a pas été facile de récupérer la liste des ingrédients de ce cocktail tant cette femme est partout. C’est à croire qu’elle en est amoureuse. » Un sourire étire tes lippes. Plus qu’à croire, c’est une certitude. Elle peut le sentir dans ton paiement. Si le baiser est chaste, il est empli de passion et de sentiments. A si courte distance, elle a peut-être entendu également les battements de ton cœur malgré le brouhaha ambiant. Ton palpitant pulsant toujours fort devant elle pour tenter de s’échapper de ta cage thoracique et de rejoindre son jumeau pour l’étreindre. Satisfaite de cet acompte, elle se met en œuvre. Tu l’observes préparer ta boisson. Tu admires la précision de ses gestes, sa grâce. A sa place, tu en aurais mis la moitié par terre. Pourtant, en tant que styliste, tu es habile de tes doigts. Ton verre prêt sous tes yeux, sur le point d’en avaler une gorgée, elle t’interrompt. Tu ne vois pas ce qu’elle peut ajouter n’ayant pas oublié la paille obligatoire te concernant. Tu comprends mieux lorsqu’elle saupoudre la surface du liquide de paillettes. Tu reconnais bien là la patte de la barmaid, la patte de ta princesse. « Jamais trop en effet. » Elle n’a pas fini malgré tout. Elle termine son œuvre en déposant une brochette de bonbons. Elle en avait donc à disposition. Et elle a opté pour le sort, la joueuse. Ma foi, c’est en partie pour son côté joueur que tu l’aimes. Sans cet état d’esprit, même si elle est magnifique, votre entente ne pourrait être aussi parfaite. Conservant le meilleur pour la fin à tes yeux, tu attrapes ton verre débarrassé des sucreries. Tu captures la paille entre tes lèvres et aspire le liquide. Le mélange des saveurs ravit ton palais. Tu ne sais par quel miracle elle a réussi à reproduire la recette improvisée chez vous. Certainement grâce à ses pouvoirs magiques, à ses connaissances de ta personne, à son amour. C’est si délicieux que tu engloutis l’entièreté de ton cocktail avant son retour. Quand tu dis être gourmande, en voici une énième preuve. « Presque, il manque le cookie au chocolat qui va avec. » Un détail qu’elle ne peut corriger étant donné qu’elle ne possède pas tes gâteaux. A moins qu’elle n’en ait emmenée en partant au club cette après-midi pour se redonner des forces au cours de cette soirée qui promet d’être longue. « Mais ce sera suffisant pour vous en réclamer un autre que je vais vous payer en avance. » La malice se lit sue ton visage. Tu reprends ta posture debout avant de te pencher et de me venir cueillir ses lippes d’un tendre baiser. Tu prolonges plus longtemps le contact labial, te permettant de caresser délicatement la surface de tes lèvres de la pointe de papilles. Tes opales pétillent à la rupture du baiser. « Et avec mon étourderie, je vais même vous donner votre pourboire maintenant pour être sûre de ne pas oublier. » Vos bouches entre de nouveau en collision. Cependant, cette fois-ci, tu es moins sage. Tu glisses une main dans sa nuque tandis que tu faufiles ta langue dans sa cavité buccale afin d’aller valser avec la sienne un ballet sensuel.
Elle n’est pas peu fière d’elle, Itziar. Pas peu fière d’avoir réussi à reproduire ce cocktail de mémoire. Elle n’avait noté la recette nulle part, et même si elle se rappelait des ingrédients, elle n’était pas totalement certaine des quantités. La vérité était qu’elle avait fait un peu à l'œil, elle avait essayé de se remémorer les dosages de la dernière fois. Puis elle avait ajouté sa touche personnelle. Ces paillettes dont elle ne disposait pas quand elle s’était essayée à cette boisson la première fois. Ces paillettes qui à part un effet décoratif n’apportaient rien gustativement parlant. C’était pour le côté festif. Pour donner un peu plus un air mystérieux aux différentes boissons que les barmaids et elle allaient préparer ce soir. Bien évidemment, elles ne comptaient pas en verser dans les verres de whisky ou les pintes de bière, cela n’apporterait que peu d’effet. Elles réservaient cela pour les shooters et les cocktails, comme celui qu’elle venait de préparer pour la styliste. La réaction de cette dernière quant à la préparation qu’elle vient de déposer sur le comptoir sera des plus importantes. Une grimace pourra être un signe que la boisson n’est pas celle qu’elle espérait ou que les dosages ne sont pas équilibrés. Un sourire, lui indiquera plutôt que le résultat est là. Que le cocktail est tout aussi réussi que la première fois, peut-être même mieux. Alors, elle la laisse déguster tranquillement. S’occupe des autres clients qui se pressent devant le comptoir. La soirée bat son plein. Le club est rempli et les filles n’ont pas une minute pour elles. Les boissons coulent à flots et les pourboires pleuvent de la même manière. Une bonne soirée en somme qui à vue d'œil laisse présager un chiffre d'affaires satisfaisant. Rose est cependant une cliente exigeante, mais il est vrai qu’un élément important manque à l’ensemble. “Ah mais ça, malheureusement, ce n’est pas moi qui ait le secret de la recette et je suis une bien piètre cuisinière. Vous n’avez pas vu cela dans les pensées de la reine que vous avez ensorcelée ?” Lui demande-t-elle en souriant. Même si elle l’avait voulu, elle aurait été incapable de reproduire les cookies au chocolat. Seule Rose en avait le secret et elle était même persuadée que l’ingrédient secret leur permettant d’être si bons ne pouvait s’acheter nulle part. Il fallait donc se contenter de la brochette de bonbons, confiseries industrielles qu’Itziar était tout de même capable d’assembler sans trop de difficulté.
Pour se faire pardonner, elle était même prête à lui offrir son deuxième cocktail. Cependant, sa cliente de choix ne lui laisse pas le temps de rétorquer. Elle a décidé de payer en avance et c’est donc ce qu’elle fait, venant cueillir ses lèvres une fois de plus. Délicatement d’abord. Paiement aussi chaste que précieux. Elle profite du contact, Itziar. En oublierait presque l’endroit où elle se trouve, embarquée dans cette bulle qui n'appartient qu’à Rose et elle. Puis il y a le pourboire, comme l’annonce l’australienne, qui vient après. Baiser un peu moins chaste, un peu plus passionné. C’est leurs langues qui viennent même s’inviter dans la danse avant que le contact ne soit rompu. Un sourire sur les lèvres, elle rouvre les yeux l’espagnole. Toujours très près de Rose. Elle peut sentir son parfum sucré à cette distance. Ou peut-être est-ce simplement parce qu’elle le reconnaîtrait entre mille. “C’est que tu es généreuse en plus ! Moi qui comptais t’offrir le second verre pour me faire pardonner de ne pas pouvoir fournir les cookies.” Déclare-t-elle en plaisantant. En réalité, les deux cocktails sont gratuits. Ils sont offerts par la maison, le club ne fait, jusqu’à preuve du contraire, aucun profit sur les baisers et autres avantages en nature. Cependant, cela profitait plus que de raison à la barmaid, il fallait bien le reconnaître. “Je crois que tu mérites donc d’avoir des cocktails gratuits pour le reste de la soirée. Aux frais de la princesse, évidemment.” Ajoute-t-elle. S’affairant déjà pour préparer un deuxième cocktail à l’australienne. “Qu’est-ce que tu penses de l’ambiance ? Ça n'a pas la même tête que cette après-midi avec les lumières allumées n’est-ce pas ?” S’enquiert-elle. Curieuse de savoir si le côté spooky de la décoration faisait son effet. “Et je n’en dirai pas plus pour ne rien spoiler, mais tu es arrivée pile à temps pour ne pas louper le clou du spectacle. Car oui, tu connais Lara, qui dit soirée d’Halloween dit show spécial.” Peut-être Rose avait-elle remarqué cet après-midi le verre de Martini géant qui trônait au milieu de la salle. Peut-être que ça l’avait questionnée. Peut-être qu’elle aussi côtoyait Lara depuis suffisamment de temps pour deviner que son numéro et cet objet des plus particuliers étaient liés, le fait étant qu’il était bientôt l’heure du grand numéro et que celui-ci s’annonçait grandiose.
Le cocktail réussi ou pas, tu n’aurais jamais critiqué le travail d’Itziar. Tu sais qu’elle y a mis tout son cœur, ton son amour, qu’elle a tout donné pour te satisfaire. La manière compte plus que le résultat. Tu t’es délecté de toute sa tendresse lors de la préparation de ta boisson. Une attention qui t’est propre, qu’elle n’offre à personne d’autre. Tout comme tu peux l’être à son égard. Si Rose distribue sa douceur à chaque personne qui croise son chemin, la Reine guimauve est exclusive à sa princesse dans sa distribution de douceurs. Des douceurs plus sucrées composées de baisers, parfois de caresses, parfois des deux ensembles, de câlins, de sourires mutins, de regards brillants, des douceurs teintées tout simplement d’amour. Exactement comme en témoigne le baiser offert pour régler ta note. Un modèle de douceur, juste un contact labial de surface, à peine appuyé pour imprimer la saveur mutuelle de vos lippes sur celles de l’autre. Si ce baiser parait timide pour un couple affirmé, il t’électrise. Mais voilà que ton adulte interne se réveille et en réclame davantage. Le suivant se veut plus passionné, plus langoureux, pas moins doux par contre. Tu es incapable de te passer de ta douceur. Elle te définit. A sa rupture, tu as des étoiles dans les yeux. Ton palpitant pulse de la force de tes sentiments. Cependant, tu fermes ton visage, tu affiches une moue, un semblant d’être de déception. « On se met à vouvoyer les clientes désormais. Décidemment, je crois qu’il va réellement falloir que j’appelle votre patronne pour vous apprendre les bonnes manières, mademoiselle. » Si tu essayes de prendre un ton sérieux en la grondant faussement, tu ne peux t’empêcher de rire aux éclats devant ton attitude. Félicitations Rose, tu as tenu trois secondes. Tu es incapable de te montrer sévère, autoritaire. Ce sera probablement un souci le jour où tu feras face à la parentalité. Enfin pas spécialement. La blonde sera la méchante mère et toi la gentille bien que tu penses que vous seriez plutôt de gentilles mères dans la globalité. « Ouais rattrapez-vous. Vous pensez m’acheter avec des cocktails à volonté pour la soirée ? Vous avez de la chance qu’ils soient délicieux. » Tu conserves ce rôle ambivalent de désagréable cliente souriant et riant. Ta crédibilité est inexistante. Nul doute qu’Itziar ne prend pas tes propos au premier degré, elle te connaît trop bien pour savoir que tu joues. « Vous avez surtout de la chance d’être délicieuse. Vous êtes pardonnée. » C’était déjà acquis. Tu ne lui en as jamais voulu de ne pas avoir de cookies. Ton naturel se faisant de plus en plus oppressant, tu abandonnes ton rôle pour redevenir toi-même. Ta bouille redevient lumineuse, tes commissures remontant jusqu’à tes oreilles. Tu prends un temps pour inspecter la salle avant de répondre à sa question. Depuis ton arrivée, ton regard ne s’est intéressé qu’à elle. « Clairement ! Ça fait peur. Je risque de me réfugier dans les bras de la première venue. » La mutinerie se lit sur tes lèvres. Tu fais référence à ses bras, le seul endroit adapté pour te réconforter de tes craintes. Pas ici néanmoins. Le club n’est pas propice à de tels élans d’affection. Après, cela ne vous a pas empêché de vous embrasser. Ce n’est pas une raison pour trop en faire. Elle est au travail, elle doit préserver son image de professionnelle rigoureuse. Tout comme l’est son associée. Lara qui se démarque par sa minutie, par son extravagance, pas ses shows uniques. Et bien que fidèle à Itziar, tu ne nies pas apprécier la voir à l’œuvre quand elle danse. Ainsi, tu te retournes, t’adosses au comptoir lorsque la métisse entre en scène revêtue de son costumée créé pour l’occasion. Cependant, ce soir, la scène n’est pas son terrain de jeu. Elle se dirige vers ce verre géant de Martini. Ce n’est qu’une fois dedans qu’elle commence à exprimer son art. C’est joli, gracieux, sensuel. Des billets jetés par la foule ne tardent pas à remplir le verre. Tu ne rates pas la moindre miette de son numéro. Tu le trouves même trop court à tes yeux quand il se termine. Tu te joins au public pour applaudir chaleureusement sa prestation. Quand le bruit diminue, qu’elle se met à discuter à une table, tu reportes ton attention sur la barmaid. « J’ai beau avoir vu des aperçus de répétition, je suis impressionnée ! Tu penses que ce verre rentre dans notre salon ? » Évidemment que non. L’objet n’est pas prévu pour ça. Ta question masque une envie de réaliser une danse similaire – avec des talents moindres – pour elle. Voire idéalement avec elle. Il y a assez de place pour vous deux dans ce verre.
Elle laisse échapper un rire, Itziar. Elle s’y perd un peu dans ce jeu. En même temps, il ne semble pas y avoir de règles clairement définies. La malice semble de rigueur, c’est peut-être la seule chose à laquelle elle ne déroge pas et arrive à se tenir. Pour le reste, elle joue selon ses propres règles. Est-ce que cela avait réellement de l’importance ? Pas particulièrement. L’important pour elle était que Rose passe un bon moment. Elle, elle était généralement moins disponible durant ce genre de soirée. Ne savait pas toujours où donner de la tête pour pouvoir satisfaire tout le monde entre les habitués qui souhaitaient échanger quelques mots et les autres clients venus tout particulièrement pour l’occasion, désirant commander un verre au bar. Le club avait tout d’une fourmilière ce soir. Chacun à sa place. Se donnant à fond dans son poste. Pas vraiment le temps de souffler et pourtant, il fallait faire comme si. Pour Rose, elle ne se forçait pas, l’espagnole. Jamais. Alors, est-ce qu’elle comptait l’acheter avec des cocktails à volonté toute la soirée ? La réponse était plutôt évidente. “Bien sûr ! C’est ma botte secrète. Mon petit, je ne sais quoi, comme qui dirait.” Elle est confiante. Elle sourit. Elle tient tête à sa sorcière bien-aimée qui semble se plaire dans le rôle de cliente désagréable. Ça l'amuse plus qu’autre chose. “D’ailleurs, tu en veux un autre ?” Demande-t-elle, sourire aux lèvres, presque comme une gentille provocation. Elle a retenu la leçon. Pas de vouvoiement. Il était vrai qu’elle n’avait pas pour habitude d’utiliser cette formule plutôt formelle à l'égard des clients. Ici, tout le monde devait se sentir chez soi. Cela commençait donc par des échanges un peu plus familiers. Ce n’était pas forcément du goût de tout le monde, mais c’était sa façon de faire et personne ne s’était jamais plaint. Alors, pourquoi devrait-elle en changer ? “Tu m’en vois ravie, je sais pas si j’aurai pu supporter le fait de ne pas être pardonnée. J’aurai dû te servir un autre cocktail en espérant me racheter.” Ajoute-t-elle, toujours sur le ton de la plaisanterie. Elle savait que Rose n’avait pas été réellement fâchée et qu’elle n’avait eu aucune raison d’avoir à la pardonner. Là encore, tout n’était qu’un jeu dont elles seules avaient le secret.
Elle reprend un peu son sérieux tout de même pour demander à Rose ce qu’elle pense de la décoration et de l’ambiance globale du club ce soir. Même si cette dernière n’est pas une cliente comme les autres et qu’elle ne fait définitivement pas partie de leur public cible, son avis est important. D’ailleurs, c’est peut-être même le plus important de tous, ironiquement. Alors, elle est curieuse de savoir et en même temps, elle espère que tout ce qui a été mis en place ce soir lui plaise. La réponse la fait sourire d’autant plus quand elle remarque l’air mutin affiché sur le visage de l’australienne. “Ah oui ? J’espère que la première venue te rattrapera et te rassurera. Je pourrai même lui offrir un cocktail à elle aussi si elle parvient à te faire oublier la décoration terrifiante.” Répond-elle. Elle plaisante. Elle a bien compris ce que Rose voulait dire. C’est pour cela qu’il n’y a pas une once de jalousie dans sa voix. Pour cela, aussi, qu’elle exagère un peu. Autant sur sa réaction que sur la décoration en elle-même. Elle n’est pas non plus terrifiante, bien qu’elle respecte les codes d’Halloween. Paradise City reste avant tout un club de strip-tease et non une maison hantée. Les clients viennent pour le plaisir de leurs yeux, pas pour ressortir après avoir eu la peur de leur vie. Cependant, elles ne pouvaient pas s’empêcher de rajouter un petit côté effrayant à l’établissement. Juste pour marquer le coup. D’autant plus que tout ceci ravissait Lara et son attrait particulier pour cette période de l’année. Loin d’Itziar l’envie de la brider. C’était pour cela qu’elle avait accepté le verre de Martini géant. Elle n’avait pas été informée de cet achat. L’avait découvert le jour de la livraison. Elle aurait pu taper du poing sur la table et exiger qu’il soit renvoyé. D’autant plus quand elle avait appris combien il avait coûté. Elle aurait même pu se battre un peu plus quand Lara avait tenu à le remplir de champagne et non d’eau. Là encore, elle aurait pu prétexter une question de coûts, mais elle n’en avait rien fait. Elle avait laissé Lara et son extravagance. Comme sa façon à elle d’agiter le drapeau blanc. Avec Rose, cependant, la situation était bien différente. “Alors, d'un : oui, je pense qu’il rentre dans l’appartement. Après, une fois au milieu du salon, on ne pourra plus profiter de l’espace et on devra se contorsionner pour aller d’un point A à un point B.” Commence-t-elle en souriant. Elle se doutait bien que Rose n’envisageait pas réellement de ramener le verre chez elles, mais elle avait l’envie de défendre son intérêt. “Et de deux : c’est non, il restera là ! Si tu veux l’admirer, ça te donnera une raison de plus de venir me voir ici pendant mon service.” Ajoute-t-elle avec un clin d'œil. “Cependant, si t’as des arguments pour me faire changer d’avis, je suis prête à les écouter.” Car oui, c’était ça aussi le fondement d’une relation. La communication et le dialogue.
Si tu l’aimes tant, ce n’est ni pour son physique ni pour ses capacités lubriques. Évidemment, tu ne nieras pas que cela compte dans ton appréciation de sa personne, dans les sentiments que tu éprouves à son égard, mais rien n’est plus important que son ludisme, de ses compétences à jouer avec toi, à entrer dans tes jeux, à en créer aussi par moment. Le ciment de votre complicité, de votre relation se trouve ici. Derrières vos apparences d’adultes, vous deux grandes enfants. Il va de soi que tu l’es davantage, néanmoins l’espagnole réussit à te battre parfois. Enfin elle te bat, c’est vite dit. Il n’y a jamais réellement de perdante dans vos affrontements. Vous ressortez chacune gagnante à avoir rendu joyeuse l’autre. « C’est pas gentil d’exploiter ma faiblesse de la sorte. » Elle connait ton amour du sucre, ta boisson favorite, et que tu ne peux rien lui refuser ou presque. Tant pis si tu abuses du jus de pomme, que tu attrapes des maux d’estomac. Au pire, tu tiendras une occasion de lui demander d’être ton infirmière et de te procurer des soins. Une idée qui a tout pour te réjouir. Surtout si elle enfile la blouse que tu as confectionnée pour ce type de rôle. Une blouse assez courte dénudant une bonne partie de ses jambes et au cintrage légèrement trop serrée au niveau de sa poitrine mettant en valeur l’arrondi de ses seins. Des particularités volontaires que tu as fait passer pour des erreurs lors de la prise de ses mensurations. Elle n’est pas dupe et a compris ta malice. Exactement de la même façon qu’elle comprend ton allusion à sa personne en cas de frayeur. Elle est la mieux placée pour te rassurer. Ta princesse est également ta confidente, celle qui chasse tes doutes, te remonte le moral. « Tu serais bien généreuse avec ma sauveuse. » Elle est généreuse tout court. Elle ne regarde pas à la dépense. La présence de ce verre de Martini géant en est un énième preuve. Vue sa taille, il a dû coûter cher. Et bien qu’il soit à mettre sur le compte du club, ce n’est guère raisonnable. Maintenant, ce ne sont pas tes affaires. Tu ne t’impliques pas dans les finances de Paradise City. Tu ne le fais pas davantage dans celle de votre foyer. Tu détestes les maths. Tu ne fais l’effort que pour ton activité professionnelle depuis que tu es avec Itziar. A elle les comptes et à toi la vaisselle. Ce n’est pas spécialement équilibré sur le papier, mais cela suffit à équilibrer votre couple. Tout comme la raison. Tu es plus folle que la blonde. Il n’y a que toi pour envisager ce verre dans votre salon. Par contre, tu es persuadée qu’elle partage quelques-unes de tes idées mutines. Elle rejette ton idée loufoque. Tu es tentée de faire la moue, un caprice dont tu es le secret. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Aussi amusant serait-ce d’avoir ce verre chez vous, tu serais rapidement lassée de devoir plier ton 1m78 pour naviguer dans la pièce. « Mais si je viens te voir, je peux pas l’admirer. » Elle acaperait toute ton attention. Ce n’est en rien pour la surveiller, simplement pour te délecter de ses sourires, de ses courbes, de sa beauté. « Ou alors, pour pouvoir l’admirer, il faut qu’il soit dans ton alignement. » Un rictus espiègle étire tes lèvres. Une idée a traversé ton esprit, Rose. Tu quittes ta position. Tu fais le tour du comptoir, passes derrière, avances jusqu’à rejoindre la barmaid en ignorant les airs étonnés des employées croisées en chemin. Il est vrai que tu n’as pas à être ici. Cette zone est réservée au personnel. Tout du moins, pas quand les lieux sont ouverts au public. Tu t’octroies des droits. En fait, tu laisses faire ta spontanéité. Tu viens te placer dans ton son dos. Tu te colles à elle. Tu encercles sa taille de tes bras. Profitant de ta taille supérieure, tu poses délicatement ton menton sur le sommet de son crâne, orientant tes opales sur le centre de la salle, là où se situe l’objet démesuré. « Dans ces conditions, c’est parfait. » Si tu n’as la vue sur sa bouille d’ange, tu le compenses en te délectant de la tendre chaleur de son corps, de son parfum fruité. « Mais ça risque de t’être compliquée de travailler correctement. » Tu glousses. Ta présence entrave ses mouvements. Et tu ne comptes pas les fois ou tes doigts taquins essaieront de la chatouiller ou quand tu déposeras un bisou sur sa joue voire dans son cou. « Tu devrais essayer pour voir ce que ça donne. Prépare-moi un Apple Rose. » Tu as hâte de découvrir comment elle va se débrouiller. Et si elle se rate, ce n’est pas grave. Elle ne craint de perdre une cliente. Cependant, tu réclamerais une compensation malgré tout.
Il n’y avait pas de solution miracle. Rien qui ne permettait de combiner ce verre géant avec leur appartement. Il aurait fallu pousser les meubles pour que ce soit vivable. Voire même, il aurait fallu se débarrasser de certains pour pouvoir continuer à se mouvoir sans gêne dans le salon. Alors, oui, pour une fois, elle était catégorique, Itziar. C’était rare. Surtout quand il s’agissait de Rose. Elle était plutôt du genre à faire des compromis et à céder si les enjeux n’étaient pas très importants. Cependant, elle se gardait un droit de veto, pour certaines décisions, pour certaines fantaisies. Cette idée-là en était une et elle utilisait donc ce pouvoir dont elle était investie pour faire valoir leurs intérêts à toutes les deux. Alors, le verre resterait au Club, ou bien, il irait là où Lara souhaiterait le mettre et l’utiliser. Pour l’heure, Rose pouvait venir ici. S’asseoir au bar ou dans la salle et l’admirer. Cependant, cela ne semblait pas si simple pour la styliste et sa réponse fit sourire Itziar qui laissa échapper un léger rire. “Il faut parfois faire des sacrifices !” Lui répond-elle en plaisantant. Il y avait sans doute bien pire sacrifice que celui qu’elle s’apprêtait à lui souffler. Comme une idée parmi tant d’autres. “Moi, tu peux m’admirer quand tu veux, ou quasiment. Le verre, il est juste ici, donc faut juste que tu te concentres sur lui, fais comme si j’étais pas là.” C’était sans doute plus facile à dire qu’à faire quand elle était en face d’elle et en plein dans son champ de vision, mais Itziar malgré les pauses qu’elle s’accordait pour pouvoir discuter avec sa reine, était bien occupée et passait donc le plus clair de sa soirée à cavaler à gauche à droite pour servir les clients. Alors, peut-être qu’elle venait de penser à un compromis qui serait bien plus susceptible de plaire à l’australienne. “Sinon, tu peux m’admirer la moitié du temps et l’autre, tu admires ce qui se passe dans le verre ?” L’un n’empêchait pas l’autre et pour faire, elle n’avait même pas besoin de se mettre dans la même ligne de vue. Itziar ne serait pas jalouse de ce manque d’attention périodique.
D’ailleurs, il y avait fort à parier que Rose viendrait compenser ce manque, comme pour se faire pardonner alors qu’il n’y avait pourtant pas de quoi. C’est ce qu’elle semble faire, à sa façon, quand elle passe derrière le bar pour se placer dans son dos et l’encercler par la taille. Elle se conforte dans la proximité de leurs corps, Itziar. Cette chaleur si familière. Si rassurante quoi que peu pratique pour travailler. Il fallait le reconnaître. Il ne s’agissait pas là d’un exo-squelette qui serait pensé pour l’aider dans ses mouvements, pour qu’elle puisse bouger sans se fatiguer. Non, il s’agissait d’un corps en chair et en os qui ne bougeait pas forcément de la même manière que le sien. Ajoutant à cela le fait que les intentions de Rose étaient forcément mauvaises avec pour seul et unique but, celui de la taquiner un peu. Ça tombait bien. Itziar aussi était du genre taquine. Pas en reste face à sa styliste favorite. “Tu sais que j’ai quand même une arme infaillible qui te ferait lâcher prise en quoi … deux secondes et demie ? Trois maximum ?” Demande-t-elle en plaisantant. Son arme était simple : ses doigts, qu’elle pouvait aisément placer sur les côtés de l’australienne pour la chatouiller et ainsi se libérer de son entrave. Ça, ce serait la solution facile. Si elle n’était pas joueuse. Si elle n’aimait pas les défis. Si l’enjeu de la soirée était extrêmement important. Cependant, c’était Halloween. Il était donc question d’extravagance et d’extraordinaire. Alors, elle prend son défi au sérieux. “Mais comme c’est toi, je vais te préparer ton cocktail, par contre, tu n’as pas le droit de m’empêcher de bouger.” Annonce-t-elle puisqu’il fallait tout de même rester fairplay. Ça dit, elle s’attelle à la préparation du cocktail. La recette, un jeu d’enfant puisqu’elle se contente de reproduire ce qu’elle a préparé un peu plus tôt. Ses mouvements sont, eux, un peu plus restreints. Ce n’est pas idéal. Ça la ralentit et ne serait donc pas forcément jouable sur le long terme, mais elle se débrouille pour cette fois, posant finalement le verre sur le comptoir fièrement. “Tadaaam !” Lance-t-elle alors qu’elle pose la paille dans le cocktail. “Alors ? Satisfaite ? Assez pour me libérer et me rendre aux clients ?” Lui demande-t-elle en plaisantant, venant cette fois-ci faire vadrouiller ses doigts sur les hanches de la jeune femme pour la chatouiller.
Si tu l’aimes, tu n’as pas besoin de l’admirer en permanence. Tu connais l’importance de la liberté, de la nécessité de ne pas être tout le temps dans les pattes de l’autre. Vous avez vos vies personnelles à côté de votre vie de couple. Si les trois vies sont liées, elles n’en demeurent pas moins différentes. Vous n’êtes pas tombées dans le piège de l’étouffement. Vous avez des activités se faisant sans l’autre. Elles contribuent à votre équilibre. En ce sens, tu peux largement la délaisser pour observer l’animation se déroulant dans le verre. Tu survivrais à ces quelques minutes sans la voir. Exactement comme tu survis les longues heures où elle est au club et toi à votre appartement. De la même façon qu’elle survit lorsque que tu t’enfermes des heures dans ton atelier. Vous n’avez pas besoin de vous voir pour vous savoir dans vos cœurs respectifs en toute circonstance. Mais bon, tu ne pouvais pas ne pas profiter de l’occasion pour la taquiner, pour te montrer tactile. La voilà désormais contrainte dans ses mouvements, sa princesse sur le dos. Ce n’est pas gentil de l’embêter à son boulot. Tu restes sage, Rose. Tu n’oublies pas le contexte autour de vous. Vous n’êtes pas chez vous, tu ne peux te permettre d’être coquine. Du moins, pas de trop, juste à la limite de l’acceptable. Itziar non plus. Voilà pourquoi tu souris à sa pseudo menace. Le lieu n’est pas adapté à une bataille de chatouilles. Tu ne crains en rien qu’elle la mette à exécution. « Tu sais que ma contrattaque serait terrible et que tu finirais par terre ? » Tu lui offres un sourire malicieux. Elle aussi est sensible dans ce domaine. Certes moins que toi, mais suffisamment pour avoir des arguments en ta défense. Tu oublies de mentionner que tu serais au sol avec elle, à te tortiller sous ses doigts habiles, à rire aux éclats et qu’en fin de compte, tes répliques seraient faibles comparées à ses assauts ravageurs. « Promis. » Ta présence est déjà assez contraignante pour lui ajouter une contrainte. Elle commence sa tâche. Tu suis ses mouvements de son mieux, observes ses gestes. Le spectacle se déroulant sous tes yeux t’intéresse plus que celui du centre de la salle. A chaque étape, tu déposes un tendre baiser dans son cou. Elle termine ta boisson plus vite que ce que tu as cru. Elle est décidemment douée. Et taquine alors que ses mains glissent sur tes hanches en toute espièglerie. Ta réaction est immédiate. Tu te dandines et desserres ta prise autour de sa taille sous l'effet que cela te procure. « Tricheuse ! » Tu lui tires la langue quand elle te fait face. Les règles de ce jeu n’ont pas été parfaitement définies. Comme souvent, l’improvisation s’est invitée. Tu viens saisir ses deux poignets. Tu places ses bras dans son dos tandis que tu te rapproches d’elle pour lui voler un chaste baiser. « T’as été sacrément vilaine pour que je te libère… » Cela ne tiendrait qu’à toi, tu la kidnapperais sur le champ, l’emmènerais dans un coin isolé, juste pour en avoir l’exclusivité. « Mais si je te garde pour moi, j’ai peur de créer un embouteillage au comptoir et d'avoir des ennuis avec Lara. » Ce n'est vraiment le moment de contrarier la métisse. La clientèle se fait de plus en plus nombreuse en ce moment de pause des shows. Le personnel s’agite dans tous les sens alors que l’espagnole s’amuse avec sa reine. Ce n’est pas sérieux. Surtout en tant que patronne, elle se doit de montrer l’exemple. « Je vais te libérer pour cette fois. Et je vais même t’aider. » Tu la relâches. Tu te positionnes devant les diverses bouteilles d’alcool et de sirop. « Je suis désormais ton assistante personnelle. » Tu fais référence aux fois où c’est elle qui a endossé ce rôle, où elle a joué les mannequins. Jamais tu n’as joué le rôle d’une barmaid. Ce qui est préférable avec ta maladresse et ce qui a sûrement évité de multiples verres cassés. Au Paradise City, en période de rush, ce n’est clairement pas le moment idéal pour t’y essayer, mais tu as envie. Tu as envie de continuer de développer votre complicité. Puis avec ta magnifique moue, elle ne peut rien te refuser.
Bien évidemment qu’elle le sait. Bien évidemment qu’en cas de réelle bataille de chatouille, ce serait elle la perdante. C’était sans doute une de ses plus grandes faiblesses et Rose le savait. Malicieuse comme elle était, elle n’hésitait pas à s’en servir comme arme. Malgré tout, hors de question de l’avouer de vive voix. Alors, elle se contente de hausser les épaules. De faire mine qu’elle n’était pas certaine de la réponse à apporter à cette question. Elle tente même une légère provocation. “Tu n'oserais pas me faire ça au milieu du club, devant les clients !” Lance-t-elle, sûre d’elle. Parce que, même si l’ambiance était détendue et se prêtait à la plaisanterie, Itziar prenait son travail à cœur et Rose en avait parfaitement conscience. Au même titre que l’espagnole n'interférait jamais quand Rose recevait une cliente dans son atelier, que ce soit pour des essayages ou pour finaliser une création. Elle se permet même d’imposer sa propre règle. De limiter Rose dans les contraintes qu’elle lui impose pour la réalisation de son défi et une fois la styliste d’accord sur les règles du jeu, elle se lance dans la préparation du cocktail. Finalement, même si ce n’est pas le plus confortable d’avoir quelqu’un derrière soi pour travailler, force était de constater qu’il y avait bien plus contraignant. Ou alors, elle en venait à cette conclusion parce qu’il s’agissait de Rose et que sentir sa présence contre elle était bien plus agréable que dérangeante. D’ailleurs, elle en était certaine, le cocktail qu’elle venait de préparer serait bien meilleur que le précédent pour ce seul et unique détail : la présence de l’australienne derrière le bar. Ça n’empêche pourtant pas l’espagnole de tricher un peu pour se libérer. Enfin, tricher était un bien grand mot, il ne lui semblait pas avoir entendu Rose mentionner que toute attaque de chatouille de sa part était interdite, elle aurait dû être un peu plus claire, si elle avait réellement voulu éviter cet assaut. La répartie de la jeune femme arrive rapidement, elle lui attrape les poignets pour bloquer les chatouilles puis vient lui voler un baiser. De quoi lui faire oublier ce qu’elle comptait réellement faire. “Moi ? Vilaine ? Je vois pas pourquoi tu dis ça ! Tu n’avais pas précisé que je pouvais pas te chatouiller.” Répond-elle, aussi innocemment que possible. Comme si elle pouvait être crédible, à ce stade. Comme si Rose ne la connaissait pas par cœur. Ce n’était pas faute d’essayer. Cela faisait aussi partie du jeu. “Mais tu as raison, tu risquerais d’avoir des soucis avec Lara, et pas que ! Tu aurais aussi tous les clients mécontents et assoiffés qui viendraient te demander de rendre des comptes. Finalement, tu profiterais même pas de moi.” Ajoute-t-elle en souriant malicieusement. Elle est persuadée que Rose a bien conscience de cela et que c’est pour ça qu’elle propose une libération sans condition. S’offrant même comme assistante personnelle. Cela ne manque pas de la faire rire. Non pas parce qu’elle n’imaginerait pas Rose dans ce rôle. Bien au contraire, elle est certaine qu’elle se débrouillerait à merveille. Après tout, elle l’avait vue travailler des dizaines et des dizaines de fois, alors, même si elle n’avait pas en tête la recette des divers cocktails, elle savait ce en quoi consistait le fait de tenir un bar. Non, ce qui la faisait sourire, c’était plutôt qu’elle n’avait jamais imaginé avoir une assistante avec le métier qu’elle exerçait. Cependant, l’idée était plutôt tentante. “C’est d’accord !” Annonce-t-elle alors, avant d’ajouter. “On va tout de suite voir ce que tu vaux. Attention, tu sais qu’on a un certain standing ici.” Un clin d'œil vient ponctuer sa phrase alors qu’elle s’approche du comptoir et du prochain client attendant qu’on prenne sa commande. Pour la première de Rose, la demande est plutôt simple, à l’image de la plupart des boissons servies ici chaque soir. Pas de cocktail pour cette fois, mais tout de même, une bonne entrée en matière. “Un whisky on the rocks, s’il te plait, chère assistante.” Lui demande-t-elle en souriant. “Tu sais ce qu’il te faut pour celui-ci ? C’est un classique en général, on en sert beaucoup tous les soirs. Ça ainsi que le champagne et les dry martinis.” La bière aussi était une valeur sûre et à part une consommation un peu plus conséquente de champagne, le bar du club n’était pas bien différent du pub où elle avait travaillé pendant ses premières années en Australie.
Elle a de la chance que vous soyez dans un lieu public. Ainsi, elle échappe à ta terrible vengeance. Cependant, elle ne perd rien pour attendre. Et dès son retour à l’appartement, tu prendras d’assaut ses hanches, ses aisselles, et toutes les autres parties de son corps sensibles aux chatouilles. Dans l’absolu, le lieu n’est pas un souci, tu l’as déjà taquinée au club. Mais jamais pendant ses heures de travail. Tu t’interdis de la déranger au travail. Tu admets que c’est contradictoire avec ton attitude actuelle. Tu t’interdis de trop la déranger au travail. Tu doses tes perturbations. Et si elle était en plein rush de boulot, il va de soi que tu serais sage, que tu la laisserais tranquille. Après, elle semble apprécier l’instant. En fait tu en es certaine. La lueur de ses yeux en témoigne. Une appréciation partagée en dépit de tes reproches. De faux reproches évidemment. Des reproches là pour faire mine de protester contre son comportement. Alors que tu adores tant ses initiatives ludiques. « J’ai toujours raison. » Tu appuies tes propos d’un tirage de langue. Tu as eu une meilleure répartie. Tu n’es pas en forme sur ce coup-là. Tu n’as pas non plus envie de te lancer dans une bataille de répliques. Ce serait perdre du temps précieux. Puis dans le fond, ses paroles ses véridiques. Tu n’as rien de sensé à lui opposer. « Je pourrais leur lancer un mauvais sort avant de m’enfuir avec toi. » Tu avais prévenu ne pas avoir quelque chose de sensé à lui opposer. Malgré ton déguisement, tu ne possèdes pas de pouvoirs magiques hormis celui de faire battre son cœur nommé amour. Ton caractère ne colle pas davantage à ton annonce. Tu es la gentillesse incarnée, tu es incapable de faire du mal aux gens. La preuve, tu proposes de leur servir leur breuvage en étant son assistante personnelle. Tu admets que c’est aussi une excuse pour rester aux côtés de ta princesse. Ce ne n’est pas que tu es loin d’elle de l’autre côté du comptoir, mais ici, tu es toute proche, tu peux l’effleurer, mieux sentir son odeur, mieux te délecter de son aura. Elle ne tente pas de négocier et elle accepte ta proposition. Tes lèvres remontant jusqu’à tes oreilles, tu te concentres et attends ses directives. Le temps qu’elle prenne la commande d’un client et elle te sollicite. Pour une première, tu t’en sors bien. La boisson est simple et ne demande pas de mélange. Tu es déjà certaine de la réussir. « Toute de suite, cheffe ! » Un léger rire t’échappe. Aucune hiérarchie n’existe entre vous. Sauf dans ce jeu. « Et pas d’Apple Rose ? » Tu glousses. Ce cocktail t’est réservé en exclusivité. Il n’est même pas à la carte officiellement. Tu ne peux le commander qu’envers Itziar, la seule à en connaître la recette, à le préparer à la perfection, avec amour. « Bien sûr ! J’ai fait mes gammes auprès de la meilleure des barmaids de la ville ! » Sous-entendu, elle. Tu en as passé du temps dans ce bar, à boire des jus de pomme, à l’observer travailler, à détailler ses courbes, sans savoir à l’époque qu’elle serait ta moitié. Tu attrapes un verre à whisky et une bouteille sur une étagère. Verre en main, tu t’avances vers la machine à glaçons et en déposes deux dans le fond. Revenue vers la blonde, tu verses le whisky dans le verre. Tu reconnais y aller au pif et certainement être trop généreuse dans la dose. Heureusement que ce poste est éphémère ou tu mettrais en péril la rentabilité. La boisson prête, tu saisis une paille pour la finaliser. Une fantaisie pour illustrer ta personnalité, pour te démarquer. « Et voilà un whisky on the rocks on the slide ! » Il faut un peu d’imagination pour voir la paille comme un toboggan. Si c’est facile pour toi, ce n’est pas forcément le cas de cet homme. Il arque un sourcil avant d’esquisser un sourire amusé. Il règle son verre, t’affirmant de garder la monnaie en guise de pourboire avant de retourner dans la salle principale. « J’ai peut-être raté ma vocation… » Un léger rire t’échappe. Tu es épanouie dans ta profession. Tu n’en changerais pour rien au monde. « Moi je dis que je mérite un bisou pour m’en être aussi bien sortie. » La malice se lit sur ton visage. Après, tout prétexte est bon pour avoir un baiser de sa part tant ses lippes sont délicieusement sucrées.
Elle s’amuse à diriger Rose, bien que ce ne soit qu’un jeu. Dans la réalité, elle n’est pas du tout comme cela. Elle est plutôt du genre à faire les choses d'elle-même, en particulier dans son travail. Elle a beau être la patronne, elle ne mène pas ses employées à la baguette. Comme elles, elle dispose de deux bras et deux jambes, parfaitement fonctionnels, elle s’est engagée à bosser derrière le bar et c’est bien ce qu’elle fait. Elle ne se tourne pas les pouces derrière le comptoir, elle ne scrute pas les moindres faits et gestes des barmaids ou des serveuses et par-dessus tout, quand elle a besoin de quelque chose, elle va le chercher elle-même. A moins d’être occupée. L’entraide est de mise dans le club, ce n’est pas parce qu'elle est la cheffe qu’elle n’ira pas en réserve chercher un fût de bière ou qu’elle n’ira pas chercher quelconque ingrédient pour aider une des filles qui se trouverait en galère. Alors, dans la réalité, elle n'a pas besoin d’assistante. Ce serait sans doute une perte de temps plus qu’autre chose. D’autant plus si son assistante n’était autre que Rose. Non pas parce qu’elle ne serait pas compétente. Loin de là, Itziar ne doutait pas de ses aptitudes, mais avoir Rose derrière le bar à tout instant viendrait forcément perturber sa concentration et limiter son efficacité. Parce qu’elle le savait, la styliste était pour elle la plus grande distraction qui pouvait exister. Pour ce soir, cependant, elle endossait ce rôle avec sérieux et elle pouvait compter sur Rose pour en faire de même. “Non, pas d’Apple Rose, celui-là t’est réservé, mais si tu y tiens, tu pourras en préparer un pour toi après.” Il n’était pas à la carte, même si Itziar en connaissait la recette par cœur. Ce n’était pas une boisson pour les clients lambdas, non, il fallait réellement un statut spécial pour en profiter et seule Rose était détentrice de celui-ci. Elle devrait donc se contenter de préparer autre chose. Un petit défi pour cette novice qui avait tout de même eu l’occasion de voir l’espagnole à l'œuvre des dizaines de fois. De là à dire qu’Itziar était la meilleure en ville, il y avait probablement débat. “Je sais pas si t’es très objective. Il y a sûrement des barmaids bien plus douées et expérimentées que moi.” Répond-elle en souriant. Même si elle commençait à avoir une expérience conséquente avec les années, il y avait toujours plus compétent qu’elle. Des gens sans doute bien plus passionnés qui vivaient pour ça et pour qui il s’agissait plutôt d’une vocation. Peut-être qu’elle était la meilleure barmaid de Paradise City et là encore, elle pèserait ses mots et admettre que tout dépendait de la perception, voire de ce que quelqu’un pouvait attendre d’une barmaid. Cependant, elle appréciait le compliment, sachant que l’australienne était sincère.
Elle fait de son mieux pour ne pas la distraire. Prend également soin de la laisser faire sans interférer. Elle est agréablement surprise d’ailleurs, quand elle observe la jeune femme, presque comme un poisson dans l’eau. Certes, elle ne lui a pas demandé de préparer la boisson la plus compliquée de la carte, mais il ne fallait pas oublier que ce n’était pas du tout son métier. Alors, quand la styliste annonce fièrement le nom de la boisson pour indiquer qu’elle avait terminé, déposant fièrement le verre devant l’homme, un sourire se dessine sur les lèvres de l’espagnole. “Je dirai pas que t’as raté ta vocation, mais je dirai que t’es multitâches.” Lui répond-elle. Il fallait reconnaître qu’elle était particulièrement douée pour son métier et il n’y avait donc pas d’erreur sur le choix de carrière. Cependant, elle pouvait aisément changer de voie si l’envie lui venait. Elle ne la contredit même pas, Itziar quand Rose annonce avoir mérité un baiser. Tout travail mérite salaire, d’autant plus quand le travail est bien fait, alors, elle s’approche de la jeune femme, vient poser une main sur sa joue avant de déposer ses lèvres sur les siennes. “Ça te va ?” Demande-t-elle, sourire malicieux sur le visage quand elle recule avant d’ajouter. “Je peux retourner travailler ou tu veux encore faire du bénévolat plutôt que de profiter de la soirée ?” Plaisante-t-elle, un clin d'œil venant ponctuer sa question. Laissant à Rose le loisir d'aller profiter du spectacle qui se jouait sur scène.