@Corey Ferguson
tw: sang et trucs comme ça de l'univers quoi.

La fête battait son plein, la musique se faisait entendre dans tous les coins du gymnase quia fait été transformé et décoré pour l’occasion, et les élèves dansaient sur la piste de danse comme si leur vie en dépendait. Le groupe qui avait été embauché pour la soirée donnait tout leur possible pour établir de futurs souvenirs inoubliables pour les élèves du lycée, alors que certains participaient à ce type d’événement pour la dernière fois de leur vie puisqu’ils auraient quitté le lycée à la fin de l’année pour d’autres projets - université, travail, la liste était longue et les possibilités nombreuses. Les professeurs faisaient des rondes tels des prédateurs prêts à plonger sur leurs proies, toutes canines sorties et prêtes à mordre, autour des groupes d’élèves pour être surs qu’il ne se trouvait pas au sein de ces derniers des rebelles prêts à semer la pagaille pendant la soirée. En résumé: tout se déroulait pour le mieux.

Et bien que ce soit là une soirée d’Halloween, ce n’était pas les créatures de la nuit le plus effrayant ce soir - quoi que certains déguisements se voyaient être très ressemblants au compte Dracula lorsqu’ils étaient regardés de plus près -, mais bien l'étranger qui avait réussi à pénétrer dans le gymnase et qui se tenait avec un couteau dans un coin de ce dernier. Au début, il était là sans que personne ne prête réellement attention à sa présence ou à son accoutrement: il s’agissait d’une soirée spéciale, les objets et déguisements présents étaient de connivence avec le thème, personne ne s’attardait sur ce genre de détail aujourd’hui. La première personne à le faire fut celle qui se prit malheureusement un coup de couteau égaré, ce dernier s’enfonçant dans sa chair avec une aisance qui faisait presque peur à voir - et qui la fit, bien sur, se vider de son sang à donner soif au mieux élevé des damnés. Mais cette scène ne remonta pas de suite jusqu’aux yeux et oreilles de Ruben, trop occupé à rester assis sur sa chaise les bras croisés en regardant les autres s’amuser alors que lui s’était fait plaquer par sa petite-amie trois jours avant le bal d’Halloween et qui du coup se retrouvait sans personne avec qui danser. « J’en reviens toujours pas qu’elle m’ait quitté avant la soirée, ça me rend idiot d’être venu sans personne à mon bras. » C’était son coeur de pierre, dénué de toute vitalité depuis cette nouvelle qui parlait en cet instant.

Depuis le début de leur première année de lycée, ils étaient ensemble. Stella et lui. Mais depuis quelques temps ils enchaînaient les périodes de disputes et de réconciliation, à une telle vitesse que lui-même commençait à avoir du mal à suivre. Au début, oui au début, la dispute originale avait été fondée. Depuis, un rien les faisait monter dans les tours autant l’un que l’autre. La dernière engueulade en date s’était produite l’après-midi même…Mauvais timing pour une dispute de couple que celui du jour d’un bal, tout particulièrement quand les costumes avaient été choisis pour aller ensemble. Quand enfin Corey s’était décidé à se préparer, il n’avait pu que constater que le fantôme de l’opéra perdait de son charme s’il n’était pas accompagné de sa belle Christine. Et pourtant, bien que son téléphone reposât près du masque blanc devant couvrir une partie de son visage, dernière pièce du costume, Corey n’avait pas à écrit à Stella. Les chaussures étaient cirées et attendaient au pied du lit. Le reste de la tenue, pantalon noire, chemise blanche et cape, parfaitement repassées pendaient sur les cintres appropriés. Alors que ses doigts nouaient lacets et bouton, il se fit la remarque que Stella ne l’avait pas appelé non plus. Ils se ressemblait trop. Ils auraient dû être parfait ensemble, comme toujours. Son gilet rouge et or était assortis à la robe que devait porter l’adolescente ce soir-là. Ils en avaient fait des essayages tous les deux pour être parfaitement assortis. Et c’est pourquoi même sans sms et sans réconciliation, il savait qu’elle viendrait quand même ce soir. La cape noire doublée de rouge n’avait rien à envier à celle qu’aurait pu porter un Dracula. Il avait renoncé au chapeau car en intérieur cela était plus encombrant qu’autre chose. Mais il avait gardé la canne, seulement parce l’ajout qu’elle faisait à la tenue l’amusait quoiqu’elle risquât de rapidement finir délaissée dans un coin de la pièce, surtout s’il devait aller danser. Ce qu’il comptait faire, que ce soit avec Stella ou une autre. C’est bien décidé et pas forcement de très bonne humeur qu’il s’était rendu à la soirée seul.

Les couloirs les plus proches du gymnase s’étaient vu affublés de fausses toiles d’araignées, de fantômes en toiles et de panneaux dégoulinant de faux sang indiquant la direction de la salle de bal. Un groupe avait été engagé pour la soirée et ma foi, il offrait un assez bon panel de musiques pour réussir à accrocher une bande d’ados déchainés en manque d’alcool. Nul doute qu’il y aurait un peu de contrebande ce soir. Corey salua quelques amis, éluda les questions sur Stella en disant qu’ils étaient venus séparément et une fois son verre de sang entre les mains, serpenta entre les monstres, les tueurs, les zombis et autres victimes aux intestins en plastique pendouillant. Il ne cherchait qu’elle et ne la voyait toujours pas. Son insatisfaction sembla trouver un écho en les paroles d’un camarade de classe qu’il n’avait pas remarqué jusqu’à présent. « J’en reviens toujours pas qu’elle m’ait quitté avant la soirée, ça me rend idiot d’être venu sans personne à mon bras. » Corey se demanda si ces mots étaient vraiment adressé à quelqu’un. « Ce n’est évidemment pas le meilleur moment pour une rupture, cependant la soirée ne manque pas de demoiselle en détresse ou même d’esprits vengeurs si tu préfères. Mais je crains que tu ne puisses pas noyer ton chagrin dans l’alcool malheureusement. » Du moins pas avant l’after chez Harry prévu pour la fin de la nuit.

Puis un cri. « Qu’est-ce que… » Corey laissa sa phrase en suspens le temps de comprendre de quoi il retournait. Bon nombre de yeux comme les siens cherchait à comprendre l’agitation qui avait pris une partie de l’assistance. Des élèves reculaient quand plusieurs professeurs allèrent s’agenouiller auprès d’une personne à terre. « Un malaise tu crois ? » Il parlait à Ruben toujours à côté de lui. Puis il vit le liquide rouge qu’il y avait autour de la personne allongée. Au début il pensa aux cocktails servis, mais c’était clairement plus épais que ce qu'il avait lui même dans son verre, un peu plus sombre aussi. « C’est du sang ? » Ca n’attendait pas vraiment de réponse. Le silence qui s’était imposé parmi les observateurs et les mots secours et ambulance prononcés ne laissait plus planer aucun doute. Le sang s’extravasait d’une blessure au ventre de la fille qu’un prof essayait pourtant de contenir. Corey entendit vaguement qu’ils étaient exhortés à rester calme. Mais la fille semblait morte, les yeux ouverts sur le plafond du gymnase. Il était choqué évidement et était pour le moment peu capable à réagir.

L’index de l’une des mains de Ruben n’arrêtaient pas de martyriser le pouce associé à la même paume, et à agir de cette sorte il allait rapidement s’arracher la peau sur ce dernier et se faire saigner. Pour le moment malheureusement, s’exposer au vu et au su de tous les buveurs de sang n’était pas son problème principal, puisque ces derniers étaient en réalité des déguisement d’Halloween et que ses pensées étaient focalisées sur une autre et unique chose: le fait qu’il se soit fait plaquer avant que le bal n’ait lieu, se retournant à n’avoir aucune demoiselle à son bras - et surtout à avoir le coeur brisé, mais il préférait se retrouver damné plutôt que de l’admettre à haute voix. Heureusement, au moins, il n’était pas venu véritablement tout seul ce soir, et Corey pouvait d’autant plus comprendre ce qu’il ressentait si Ben avait réussi à correctement lire entre les lignes. « Ce n’est évidemment pas le meilleur moment pour une rupture, cependant la soirée ne manque pas de demoiselle en détresse ou même d’esprits vengeurs si tu préfères. Mais je crains que tu ne puisses pas noyer ton chagrin dans l’alcool malheureusement. » Ruben eut un petit rire railleur, semblant quelque peu sortir d’outre-tombe; ils permit de secouer quelque peu sa tête avant d’attraper son verre du cocktail phare de la soirée affectueusement nommé Vampire’s Diner, tout coloré de rouge, et d’en boire une gorgée. Pour sur, ils allaient tous se retrouver avec les dents colorées de vermillon avant la fin de la soirée et cela pourrait parfaire les déguisements des suceurs de sang en herbe. « C’est jamais le bon moment pour une rupture. » Se faire piétiner le coeur et les sentiments n’était jamais quelque-chose d’agréable, et il faudrait avoir un coeur de pierre pour penser le contraire.

« D’ailleurs, en parla… » Ruben n’eut cependant pas le temps de terminer sa phrase ou de laisser ses pensées aller plus loin, qu’un cri se fit entendre à travers l’assemblée, au delà de bien des têtes qui se trouvaient sur la piste de danse. Fronçant les sourcils et se redressant de sa chaise, Ruben tirait sur son cou pour tenter d’avoir un meilleur aperçu - mais à part voir que quelqu’un se trouvait allongé par terre, que les élèves se mettaient à courir en sens inverse là où les adultes se penchaient et s’agenouillaient, il ne voyait pas grand chose. « Qu’est-ce que… Un malaise tu crois ? » Il tira une petite moue, à l’envers sur son visage telle la position des chauves-souris pour dormir. « Je sais pas, ça m’a l’air de s’agiter beaucoup pour un simple malaise. » Il savait les jeunes gens du lycée particulièrement dramatiques, mais pas à ce point là tout de même. « C’est du sang ? » Le regard de Ben s’arrêta sur le détail que lui soulignait Corey à ses côtés; ils étaient peut-être loin, mais il n’y avait pas véritablement de doute quand à ce qui arrivait sur la scène, devenue de crime à ne pas en douter. « C’est du sang. » Passant ses mains dans ses cheveux, un air un brin empli d’effroi mais surtout de surprise sur les traits de son visage, les yeux de Ruben ne savaient lâcher des yeux ce qu’il se passait. Après ce qui semblait être une éternité, Corey se tourna vers son ami. « Tu as vu Stella depuis que tu es arrivé ? » Ben eut un instant supplémentaire de latence avant de tourner son regard vers lui, secouant quelque peu son visage. « Non, je l’ai pas croisé. » Il déglutit: il n’espérait pas là que sa réponse pourrait être de mauvaise augure. « T’as croisé Amber de ton côté ? » Parce-que si les inquiétudes de Corey devaient aller dans ce sens là et arriver à cette destination là, Ben n’avait pas besoin d’un miroir renvoyant ou non le moindre reflet pour laisser ses pensées suivre un chemin similaire. Il déglutit. « Faut qu’on les retourne. » Le choix n’était plus tant le leur, non ?

C’eut été un drôle de bal, si Corey et Ruben l’avait débuté en s’épanchant sur leurs peines de cœurs respectives. Quoique Corey aurai refusé d’admettre qu’il s’agissait d’une vraie rupture. Ce n’était qu’une énième dispute qui finirait par passer. C’était certes usant, mais ce n’était qu’un mauvais jour au milieu d’autres. Après tout ni l’un, ni l’autre n’avaient parlés de séparation. « C’est jamais le bon moment pour une rupture. » Evidemment, probablement. Oui kes deux garçons auraient très probablement eu de quoi discuter un moment. Sur la force et la fragilité des premières histoires d’amours qui naissent au début du lycée et s’éteignent quand apparaissent à l’horizon les projets de leur vie d’adulte. Mais un cri vînt tout perturber, stoppant Ruben comme le levé du soleil met fin aux projets nocturnes du vampire. Bon nombre de personnes tournèrent leur attention vers l'origine du son dans un frémissement commun de capes et de froufrous. La fille au sol se vidait de son sang. C’était raccord avec le thème de la soirée mais bien trop réel. Et il ne semblait pas que cette exsanguination soit due à la morsure suave d’un vampire dandy mais plutôt la conséquence d’un coup de couteau rageusement porté. Les choses se déroulaient sous leurs yeux et semblaient pourtant sortie d’un autre monde. Que s’était il donc passés ? Alors que la fille passait de vie à trépas, sans aucune chance qu’elle vienne à disposer d’une seconde vie d’immortelle, les quelques adultes non agenouillés tentaient de rassurer les élèves et de les inciter au calme. Ces quelques tentatives de rationalisation tirèrent Corey de sa torpeur. Un dernier regard sur la salle ne lui permit toujours pas de localiser Stella. Par contre avec toutes ces capes et ces vêtements amples, n'importe qui pouvait dissimuler l'arme du crime. Il se tourna alors vers son ami, espérant que ce dernier l’aurait aperçu. Mais la réponse fut négative et quand Ruben lui retourna la question, Corey ne put que répondre par la négative à son tour. « Non je l’ai pas vu. » Ils s’inquiétaient surement pour rien. Certes ce qui venait d’arriver était terrible mais il ne fallait pas péter les plombs pour autant. « Que s’est il passé d’après toi ? Son mec a pété les plombs ? » Une victime isolée, c’était ce en quoi Corey voulait croire. Un terrible accident qui allait endeuiller la soirée mais qui était déjà terminé. « Faut qu’on les retourne. » Corey acquiesça. Il pouvait se répéter toutes les histoires les plus rassurantes du monde, il ne serait zen que lorsqu’il aurait Stella à ses côtés. « Oui allons y. Il y a pas mal d’élèves qui se sont réunis sur le terrain, on va voir là-bas ? Comment devait se déguiser Amber ? » Car dans l’obscurité, les costumes seraient surement ce qui les aiderait le mieux à repérer les jeunes femmes.

Hors du gymnase le silence était encore plus lourd qu’à l’intérieur. Peut-être car au lieu des murmures angoissés qui plus tôt enflait autour d’eux, répondait seulement le vide. La présence de Ruben à ses côtés était rassurante. Pour la première fois de sa vie, Corey réalisa qu’il aimerait voir dans le noir. Franchement ce serait top. Pas besoin d’allumer de lumière, aucune chance donc de se faire remarquer par ce biais. Outre l’aspect pratique pour tous ces moments où l’on finissait par se cogner une partie du corps dans un objet improbable, en cas de réveil nocturne ou même tout simplement de coupure d’électricité. La peur du noir était quelque chose d’ancré en chaque être humain à un niveau ou à un autre. Mais être nyctalope ferait aisément reculer cette angoisse. Pas besoin d’y voir comme en plein jour, ce serait surement perturbant sinon, de ne jamais pouvoir faire la différence entre nuit et jour ; obscurité et soleil. Mais distingué les formes et personnes au premier coup d’œil faciliterait la vie. Et dans le cas présent ou Corey ne réussissait pas à se défaire d’une angoisse surement bien naturelle quand on vient de voir une camarade, une fille de son âge rendre l’âme à quelque mètre de soi, sans même savoir ce qui était vraiment arrivé, voir autour de lui avec clairvoyance serait excellent. Les ombres mouvantes sur le sol causées par le vent dans les arbres disparaîtraient ou au moins perdrait leur aura effrayante. Il pourrait alors se concentrer sur ses autres sens. Son ouie par exemple. Corey espérait distinguer des conversations, la voix de Stella ce serait le mieux. Tandis que là, il avait l’impression de voir des choses bouger dans sa vision périphérique toutes les dix secondes. A chaque fois il cherchait à identifier la nature de cet étrange mouvement. Y avait-il un danger ou était-ce son imagination ? Oui, pouvoir voir dans le noir serait dans le cas présent extrêmement rassurant. La lumière se ferait tout autour de lui, il avancerait sans crainte. « Tu entends ça ? » demanda t’il brusquement à Ruben, sur un ton bas, qui n’était pas celui que devrait tenir un adolescent qui était venu pour s’amuser. « Putain, j’ai l’impression de devenir paranoïaque. » Il ferma un instant sa cape sur lui, douce illusion de sécurité. Le silence semblait s’être réinstallé. Le gymnase se dressait derrière eux. Le stade était quelque part devant eux. Entre eux le chemin semblait étonnamment long. Puis soudain des bras de pas précipités.

Corey s’inquiétait de savoir si Ben n’avait pas vu sa copine - son ex-copine ? Comme si ce genre de détail était important à savoir en cet instant -, mais ce n’était malheureusement pas le cas. Il avait croisé pas mal de personnes, dont une bonne partie d’entre elles étaient déguisées ayant mis davantage d’effort dans l’idée de ressembler à une créature de la nuit aux dents acérées qu’à faire attention aux personnes qui se trouvaient autour d’eux. Sauf que son ami à ses côtés n’était pas le seul non plus à ne pas avoir eu des nouvelles de la jeune femme qui devait l’accompagner: c’était aussi le cas de Ruben. Amber et lui s’étaient tant pris la tête, que cette dernière n’avait même pas pris le temps de venir le saluer depuis qu’ils étaient arrivés dans le gymnase, à croire que Ben était devenu invisible pour elle - il aurait peut-être du vérifier son reflet dans le miroir en arrivant. « Non je l’ai pas vu. » Il pesta dans son coin. « Si elle ne sait pas ce qui vient d’arriver, jamais elle me répondra. » Parce-que les jeunes femmes étaient en froid avec les deux amis, et que s’inquiéter de leur état de santé n’était pas une priorité - surtout si, effectivement, elle n’avait pas eu vent des folies meurtrières causant perte de sang significative à l’une de leur camarade. « Que s’est il passé d’après toi ? Son mec a pété les plombs ? » Ruben secoua quelque peu la tête. « J’en sais rien du tout. Tout ce que je peux te dire, c’est que les vampires existent pas vraiment, que c’était des déguisements qu’on a vu et donc on peut mettre de côté cette théorie. » C’était peut-être évident, mais souligner l’évidence pouvait permettre de se concentrer sur l’important par la suite.

Ils se trouvèrent rapidement en dehors du baissent, vers le stade qui s’étendait non loin devant eux. Ce n’était pas le but, initialement, de se retrouver dehors dans le noir - mais disons que s’ils voulaient trouver les filles, ils n’allaient pas trop avoir le choix que d’affronter l’obscurité et les créatures que cette dernière pouvait cacher. Si la question lui était posée, Ruben aurait préféré sortir d’ici pour se retrouver dans un autre pays, une autre contrée, là où les soucis qui commençaient à se montrer sans peur à la lumière du jour ne s’entassaient pas dans un coin de la pièce. Il avait entendu dire que la Roumanie était une destination charmante à cette période là de l’année, malgré ses légendes associées justement aux vampires, ces derniers restant justement des légendes. Finalement, Corey rompit le silence et coupa le fil des pensées de Ben. « Tu entends ça ? » Haussant les sourcils, Ruben avait beau faire preuve d’attention il semblait qu’il lui manquait une ouïe finement surnaturelle pour entendre de quoi parlait Corey. « J’entends rien non. » - « Putain, j’ai l’impression de devenir paranoïaque. » C’était l’adrénaline et le sang pulsant contre les parois de ses artères à un rythme plus effréné qui le faisait devenir paranoïaque. S’ils avaient été traqués par un sang-froid, ce dernier n’aurait eu aucun mal à les repérer en cet instant avec un tel réflexe de leur corps d’humain. Peut-être était-ce d’ailleurs le cas, alors que des bruits de pas se firent entendre dans leur direction. Ils se retournèrent vivement pour finalement se retourner nez-à-nez avec deux autres camarades de classe hilares - peut-être saouls, aussi. « Vous nous avez fait peur. Vous allez où ? Vous êtes pas au courant ? » Les deux semblaient perdus. « Quelqu’un est mort à l’intérieur du gymnase, un coup de couteau dans l’abdomen. La meuf a perdu tout son sang. » Les détails, ils ne les avaient même pas et encore moins les réponses alors il passa à autre chose. « Vous avez vu Stella et Amber ? On les cherche. Elles étaient pas avec vous par hasard ? » Les deux secouèrent la tête de concert, leur jurant qu’ils avaient pas assez bu pour ne pas s’en rappeler. Ruben soupira, fit signe à Corey de le suivre. « On va faire un tour dans les salles de classe. »

Corey ne réalisa pas de suite à quel point voir des visages connus débarquer était rassurant. D’autant plus qu’ils étaient heureux et hilares, bourrés certainement. Un bien beau Batman avec sa cape noire voguant au vent et un d’Artagnan dont la cape n’était pas moins volante. Mais qu’importe. Si son cœur n’avait pas battu si vite, il aurait pu succomber au sentiment d’allégresse que leurs camarades apportaient avec eux, comme une jouvencelle au baiser doux amer d’un vampire. Mais la fille morte et la disparition de Stella s’imprimaient trop fortement dans son esprit. Ruben sut trouver les mots. Il expliqua aux jeunes hommes ce qui était arrivé. Il leur demanda aussi s’ils avaient pu croiser leurs petites amies. Là Corey se concentra un peu plus à la situation présente. La réponse négative, il n’aurait su dire si elle était de bonne augure ou non. Au fonsd, peut-être avaient-ils tort et que Stella était encore chez elle. Et Amber aussi. Peut-être paniquaient-ils pour rien ? « On va faire un tour dans les salles de classe. » Les deux gars étaient repartis, moins joyeux qu’avant de les avoir croisé. « On se croirait dans un mauvais film. » Ou très bon. Là était surement la différence entre réalité et fiction. « Oui allons y. Par où on commence ? » Un paquet de salles devaient être fermées pour la soirée, pour éviter justement que les jeunes ne s’éparpillent trop. «Tu vois une salle où Amber aurait pu aller ? J’irai bien voir du côté de la salle de musique. » Parce que Stella était musicienne et qu’à s’isoler avec des amies, elle aurait choisit un lieu qu’elle aimait. « On ne sait absolument pas ce qu’on fait, on est d’accord ? » Stella et Amber pouvaient être ensemble, comme chacune dans leur chambre en train de rager sur leurs mecs respectifs. Corey avait perdu son absolu certitude comme quoi Stella serait venu ce soir... Surtout ! Il espérait qu’elle ne soit pas venue…

Ils se dirigèrent vers les premiers couloirs pour atteindre les salles de classe. Il y avait encore du faux sang en décoration. Celà paraissait tellement de mauvais goût dorénavant. Il n’y avait eu qu’une morte et pourtant Corey avait la sensation terrifiante que ça ne s’arrêterait pas là. C’était surement une conséquence du choc d’avoir vu la fille se vidait de son sang à défaut de l’avoir vue se faire agresser. Le silence lui paraissait juste insupportable. « Tu sais quelles créatures j’envie ? » Alors que Corey fixait les ténèbres environnant, déambulant dans des couloirs vides et se heurtant à des portes fermées dans un silence de plomb, il se ressentait le besoin de parler. «  Les moires. Trois sœurs, chacune avec un don spécifique. Filles de dieux et même si elles sont aveugles, elles n’en demeurent pas moins terrifiantes. Ce sont des fileuses. Une crée le fil de la vie, l’autre le mesure, la dernière le coupe quand est venue la fin de la vie. Elles sont impartiales. Juste là pour faire ce qui doit être fait quand cela doit être fait. Pas de doutes, pas d’hésitations, pas de préférences. Tout se résume en un fil, celui de la vie. Tu crois qu’elles font ça au jugé ? Que c’est inné ? Ou écrit d’avance ? En fait ce n'est qu'une question de fatalité. On ne se trompe jamais, c'est écrit. Point. Je trouve cela à la fois fascinant et terrifiant. Mais elles sont toujours paisibles. Elles accomplissent leur devoirs sans peines. Il y a des choses contre lesquelles on ne lutte pas. » Ruben avait surement mieux à penser mais qu’importe. Corey faisait face à ce qui était arrivé comme il pouvait. Dans quelques jours, quand tout irait mieux, si ça allait mieux, peut-être se dirait-il qu’il avait été trop sensible. Enfin si le cadavre de la fille quittait enfin ses pensées. En attendant, il avançait car il réussissait à évacuer une partie de ses angoisses en parlant. « Qu’est-il arrivé entre Amber et toi ? »

Inadéquat, indiscret, aucune importance. Corey avait besoin d’un semblant de normalité. Un gémissement derrière la porte qu’ils s’apprêtaient à ouvrir détourna cependant son intention. Pourtant, il ouvrit la porte.

Si Ruben avait choisi l’un des déguisements pour les deux jeunes gens arrivés vers eux, il n’aurait pas pris celui de Batman - d’accord, l’homme chauve-souris blindé et vivant dans une cave était un bon choix, un de ceux qui ne pouvaient réellement être mauvais. Mais il serait davantage parti sur l’idée de coller à un thème plus terrifiant et en rapport avec Halloween: les vampires. Ou à défaut d’être terrifiant, il aurait au moins choisi cette catégorie là de créatures de la nuit et serait venu ajuster son costume pour ressembler à un certain vampire qui avait la fâcheuse tendance à briller au soleil. Il était celui ayant les yeux d’un brun ambré, restant de cette couleur là car il avait appris à se nourri d’animaux et à ne plus boire le sang des humains; lorsqu’il cédait à ses pulsions meurtrières pour boire le précieux liquide vermillon coulant dans les veines humaines, ses yeux devenaient rouges et empli de cette soif qu’il peinait à contrôler. En dehors de ces passages, il était l’un des jeunes hommes le plus serviable - pas de sa génération, ayant traversé les âges grâce à son immortalité, mais au moins des temps en lesquels il se trouvait.

Pour le moment, discuter les choix de costumes des autres n’était cependant pas la priorité pour Ruben, qui se devait de se concentrer sur ce qui se passait autour de Corey et lui - à savoir qu’une de leur camarades avait été retrouvée morte et vidée de son sang sur le sol du gymnase, sans aucune explication, qu’un meurtrier était surement en train de s’échapper et que leurs copines étaient introuvables. « On se croirait dans un mauvais film. Oui allons y. Par où on commence ? » Ruben n’en avait aucune idée. « Tu vois une salle où Amber aurait pu aller ? J’irai bien voir du côté de la salle de musique. » Il fit une petite grimace. « Le problème c’est que Amber serait allée dans le gymnase face à un problème comme ça. » Parce-qu’elle était capitaine de l’équipe de cheerleading et que c’était là leur lieux de réunion habituel. « Mais avec le récolter de sang qui agit là-bas… » Il haussa les épaules. « Allons déjà en salle de musique. »

« On ne sait absolument pas ce qu’on fait, on est d’accord ? » - « Absolument aucune idée. » Mais ils essayaient, c’était le principal.

Les décorations d’Halloween qui leur avaient semblé si bien réalisée encore quelques heures plus tôt donnaient désormais la nausée. Dire que le sang pouvait autant faux que vrai désormais donnait la chair de poule à Ruben. Cela dut être le cas pour Corey aussi car ce dernier se mit à divaguer sur certaines créatures mythiques. Son ami ne savait pas s’il devait s’inquiéter de le voir tout d’un coup lui annoncer qu’il se transformait lui aussi en suceur de sang ou autre chose d’y apparentant, ou si Corey se déchargeait simplement de ses peurs sous forme de récit. Il prit parti de miser sur la seconde option lorsque la question posée à la suite fut plus terre à terre. « Qu’est-il arrivé entre Amber et toi ? » Ah. Bon - Ruben plissa le bout du nez. « Crise de jalousie, comme d’habitude. Elle a cru que j’avais été envouté par les charmes d’une autre, ça lui a fait péter un cable, je me suis défendu. Bref, quelques jours à rester à l’abris des lumières pour ne pas avoir l’impression que ma peau brule sous les rayons projetés par ses yeux et ça ira mieux. » C’était là une routine, presque.

Il lui aurait bien retourné la question, mais la porte qu’il poussa par la suite les coupa dans leur conversation. « Non mais sérieux les gars ! » Ce n’était pas la vision qui gênait réellement Ben, mais plutôt l’idée que certains prenaient plaisir pendant que d’autres couraient pour leur vie. « Y’a un tueur en liberté. Et toi tu te laisses charmer par un succube. » Il avait les sourcils bien haut sur son visage en regardant le jeune homme qui tentait de remonter en vitesse son pantalon, alors que la dite-succube se leva pour venir mettre une claque à Ruben. « Elle est méritée. » Il le savait mais ce n’était pas pour autant qu’il était ravi. « Pas ma faute si c’est vrai. Vous avez pas entendu les cris et les gens qui se sont mis à courir dans tous les sens pour échapper à la traque nocturne qu’a été lancée par le gars avide de sang ? »

Un vent frais s’était levé venant ajouter au côté glacial de cette nuit sanglante. Corey rabattit sur lui la cape de son costume. Leur but était simple, retrouver Stella et Amber. Rentrer chez soi, en sureté, tous ensemble. Passer outre le faux sang dans les couloirs qui servait de décoration. Espérer surtout que ce ne soit pas du vrai sang. S'il avait pu, Corey aurait érigé sa cape en bouclier. Il l'aurait tendu devant lui, espérant que cela détourne d'eux l’attention de ce meurtrier qu'il imaginait tapi dans l'ombre, prêt à bondir à tout instant. Une bestiole avec des ailes leur passa non loin. Une chauve-souris à n’en point douter. Les filles n’étaient ni au gymnase, ni au terrain, restait donc les salles de classe.

Ruben ne semblait pas estimer la salle de musique comme premier choix. "Déjà essayé, déjà échoué. Peu importe, essaie encore. Echoue encore, Echoue mieux." se contenta de répondre Corey, sûr de lui quand Ruben évoqua les choix qu'aurait pu faire Amber. Le gymnase ils en venaient et elle n’y était pas. Peut-être est-ce pour ça que Ruben accepta d’aller vers la salle de musique. Avancer ensemble était rassurant, mais tout deux suivaient-ils le même but ? Corey voulait retrouver Stella et Ruben souhaitait retrouver Amber. L'un comme l'autre faisait comme si retrouver les deux jeunes femmes ensemble était évident. Mais dans les faits, rien ne le garantissait. Ils avançaient dans les couloirs testant des portes qui ne s'ouvraient pas, espérant qu'enfin cesserait ces moments de doutes.

Corey, toujours dans l'espoir de faire redescendre la pression depuis que le cadavre de la fille exsangue ne quittait plus son esprit, essayait de faire la conversation. Qu'importe que ce soit déplacé. Tout valait mieux que le silence. Alors il demanda à son ami ce qui lui avait valu une rupture. « Crise de jalousie, comme d’habitude. Elle a cru que j’avais été envouté par les charmes d’une autre, ça lui a fait péter un cable, je me suis défendu. Bref, quelques jours à rester à l’abris des lumières pour ne pas avoir l’impression que ma peau brule sous les rayons projetés par ses yeux et ça ira mieux. » Corey pensait comprendre. Même si son problème "de base" avec Stella était différent, le résultat était le même. « Quand la flamme des débuts vacille, réussir à garder la bougie allumée est chaque jour plus difficile. » Ils s'apprêtaient à ouvrir une nouvelle porte quand des sons, des gémissements leur parvinrent. Corey pria de tout son être pour ne pas trouver une mare de sang derrière cette porte qui s'ouvrait sous l'impulsion de Ruben. Un courant d'air furtif souleva sa cape. La scène qui apparut lui sembla absurde au vu des circonstances. Comment tant de gens pouvaient encore ignorer ce qui était arrivé. Un couple qui s'envoi en l'air, lors d'une soirée étudiante, c'était d'un classique. Rassurant, car toujours pas d'assassin. Pas de créatures nocturnes guettant dans l'ombre, le moment idéal de fonder sur une jugulaire pleine de vie. Ruben essaya d'expliquer la situation extérieure. La fille lui cola une baffe. Corey ouvrit de grands yeux, la réaction lui paraissait exagérée. Mais peu à peu le couple interrompu sembla prendre la mesure de ce qui se produisait au dehors. « Bien baissons les armes ! L’heure est à la trêve. Nous cherchons nos moitiés, sauriez vous où elles auraient posé leur camp de base de la soirée ? » Et enfin, les deux hommes obtiennent une véritable information sur leurs conjointes disparues. Direction la cafétéria.Corey se tourna vers Ruben et lui dit : "Je te propose d'aller récupérer nos princesses et de filer d'ici dans nos carrosses aussitôt."

« Déjà essayé, déjà échoué. Peu importe, essaie encore. Echoue encore, Echoue mieux. » - « Du moment qu’on échoue pas dans un crypte perdue et hantée, ça devrait le faire… » Ils se devaient de tester toutes les possibilités, quitte même à se mettre à réfléchir comme pourrait le faire un buveur de sang - après tout, l’autre gars avait planté un couteau dans le ventre d’une innocente, c’était surement pour faire une réserve d’hémoglobine non ? Pour quelle autre raison un humain qui n’était pas une créature de la nuit aurait besoin d’agir de la sorte ?

Alors qu’ils avançaient dans une pénombre qui serait satisfaisante pour ceux qui avaient la peau qui brulait au soleil, Corey en vint à changer de sujet principal leur conversation pour discuter finalement des raisons qui avaient poussé Amber et Ruben à faire chemins séparés pour cette soirée de l’épouvante vampirique. Ce n’était pas un sujet qui redonnait vie au coeur froid depuis plusieurs jours de Ruben, mais il prenait l’initiative. « Quand la flamme des débuts vacille, réussir à garder la bougie allumée est chaque jour plus difficile. » Ben ricane quelque peu. « C’est ça oui. » Il pinça ses lèvres. « Pourtant entre nous deux, c’est elle qui agit comme une goule avec moi. Elle m’aspire mon temps et mon énergie. J’aurais pas la place pour aller voir si le sang est plus requinquant ailleurs. » Elle était tellement sur son dos que bientôt elle allait se transformer en chauve-souris accrochée au plafond de sa grotte avec lui. « J’aime même parfois l’impression qu’elle est ma Mina Harker. » Il tourna son regard vers Corey. « Je suis Dracula dans l’histoire, bien sur. » Il était le vampire le plus connu et ayant le plus de classe de toute l’histoire de la littérature vampirique. S’il n’avait pas besoin de dormir dans un cercueil, peut-être qu’il n’aurait pas été tout à fait contre l’idée d’en devenir un, de buveur de sang - mais là ses pensées divaguaient vers des contrées aussi lointaine que l’était la Transylvanie de l’Australie, alors qu’une scène digne de Vampire Diares se passait sous leurs yeux.

Lorsqu’ils poussèrent la porte de l’une des salles de classe, entendant des gémissements pouvant s’apparenter à ceux de petites pipistrelles, ils tombèrent sur un couple en plein ébat. Comme si c’était le moment alors qu’une bête assoiffée de sang rodait dans les couloirs. Ruben se prit une claque d’ailleurs dans la foulée, le sang montant à sa joue suite au choc. « Bien baissons les armes ! L’heure est à la trêve. Nous cherchons nos moitiés, sauriez vous où elles auraient posé leur camp de base de la soirée ? » La cafétéria, donc, apparemment. « Je te propose d'aller récupérer nos princesses et de filer d'ici dans nos carrosses aussitôt. » - « On pourra peut-être récupérer un ou deux faux Bloody Mary, ils en donnaient ce midi. » Ce n’était pas pour le cocktail en lui même qu’il disait ça. « Sa couleur pourra nous servir de faux sang, si jamais on croise l’autre Nosferatu dans les couloirs: on pourra lui faire croire qu’il nous a déjà saigné. » Prêts à tout ils devaient être, pour que tel Batman, ils volent au secours de leurs demoiselles. « Parce-que malgré tout je sais qu’on est mordus d’elles, et qu’on va pas les laisser pourrir dans ce tombeau de lycée même si elles ont transformé nos coeurs gorgés de sang en vulgaires muscles froid et sans vie désormais. » Ils se mirent en route, griffes et dents prêtes à attaquer si jamais désormais le tueur roumain sortait de son cercueil pour leur courir après: ses canines ne connaîtraient pas leur chair. Ou plutôt sa lame acérée comme des dents de bête assoiffée dans leur chair, mais l’idée était la même.