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@Mabel Griffiths ☆ crédit/josshelps

Toujours en retard d’habitude, Jo était pourtant largement en avance sur l’heure du rendez-vous fixé cette fin de matinée-là, comme quoi tout arrive. En vérité, ce n’était pas de gaieté de coeur, sa propension à se faire désirer lui tant aussi vitale que l’air qu’elle respirait. Mais sa journée était chargée, et son équipe avait misé sur un planning à respecter à la minute près, alors le choix lui avait été imposé sans qu’elle ne puisse faire sa diva, mais nul doute qu’elle saurait très bien se rattraper. Juchée sur un tabouret haut, ses jambes se terminant par une paire de talons compensés qui brouillaient les pistes au sujet de sa taille réduite, elle avait les yeux posés sur les dernières modifications des paroles qu’avec Mabel, elles allaient enregistrer au cours des prochaines heures. Elles devraient travailler vite et bien. Jo ne craignait pas la bévue de son côté, elle était assez sûre d’elle pour savoir que, quand on lui demandait du rendement, elle s’exécutait pour garder la satisfaction d’être la meilleure dans la pièce, aussi elle avait hâte de s’y mettre pour passer à autre chose et enchaîner une réunion d’affaire au sujet de la stratégie marketing entourant son album qui avançait bien, merci de demander. Elle avait pris le pli de ce genre de choses, ça faisait partie de sa vie maintenant, et parce qu’elle l’avait rêvé longtemps, elle se sentait comme un poisson dans l’eau — pas quand il s’agissait de faire des concessions certes, ceux qui travaillaient avec elle savaient tout de même à qui ils s’adressaient, alors c’était leur problème. Pour l’heure, elle quitta son tabouret et s’échauffa un peu la voix, demanda un thé au miel bien chaud, et arpenta l’annexe du studio en discutant avec les musiciens le temps que Mabel arrive enfin.

Et elle arriva, pimpante comme jamais, avec une petite chose accrochée à sa jambe sur laquelle Jo posa un regard qui oscillait entre le dégoût et l’agacement ; il se put qu’elle laissa un ew lui échapper, mais personne ne pourrait le jurer tant se fut murmuré, presque avalé. Entendre ce que Mabel leur annonçait ça lui fit non seulement rouler des yeux, mais aussi laisser tomber ses bras le long de son corps comme elle les avait levé en signe de désespoir, pas sûre de vouloir être impliquée dans un bail pareil "Putain." Tant pis pour les oreilles fragiles de la gamine "Pourquoi on veut toujours me foutre des gamins dans les pattes ? J’ai l’air d’être Mary Poppins ?" Une question qu’elle ne posa à personne en particulier, ses yeux se reposant sur le profil parfait de la petite qui la regardait au travers des jambes de sa mère.

Elle ne mordait peut-être pas, mais elle restait une créature que Jo n’avait pas envie de côtoyer pour des raisons diverses et variées, la principale étant que, si elle ne l’avouerait pas, elle était intimement persuadée de ne pas être calibrée pour parler à des individus de moins de 20 ans. Immature de sa part, elle n’avait jamais prétendu être autre chose que ça. Elle connaissait les parents, elle savait que dans tous les cas, même si elle menaçait de se barrer pour ne pas avoir à supporter la présence de Rosalie, elle ne réussirait pas à marquer son point alors au fond, elle était contrainte et forcée d’accepter ; ce qu’elle fit en lâchant un gros soupir tout de même,  retenant même un grognement pour ne pas faire chialer la gosse, et s’approcha de Mabel pour lui faire, la voix blanche, la mine sans expression "T’as de la chance que je sois plutôt de bonne humeur." À peine. Son regard glissa de nouveau sur la petite silhouette de Rosalie devant laquelle elle finit par s’accroupir, tenant bien en équilibre sur ses talons qui, à cette hauteur-ci, prenaient des allures d’assise confortable sur laquelle son poids plume reposait presque entièrement. Les yeux plissés, elle la dévisagea en faisant à sa mère "Elle te ressemble." Grand bien lui faisait. Manquerait plus qu’elle soit laide, cette pauvre gosse.

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Accroupie devant la petite, les mains posées sur ses genoux joints au bord de sa mini-jupe, donnant presque l’impression de contempler une bête curieuse au travers d’une vitre épaisse, Jo détailla ses jeunes traits parfaits en essayant d’être la moins critique possible. Mais une part d’elle était toujours obligée de la ramener quand il ne le fallait pas, et par esprit de contradiction instinctif, elle se retrouvait toujours à faire le commentaire qui soulevait quelque chose chez son interlocuteur ; c’était un autre de ses talents, elle aurait certainement pu faire des miracles dans une cour de justice, ses argumentaires étant vifs, son esprit tout autant. Elle était mignonne la gamine, qu’elle se dit en grimaçant pourtant quand elle vit luire ses doigts pleins de bave, ceux qu’elle avait porté à sa bouche en partageant avec Jo un regard intense. Aucun moyen de savoir quel âge elle pouvait bien avoir, ni si elle était dotée de la parole à ce stade, alors dans l’intervalle qui précéda l’intervention de Mabel à propos du père de Rosalie, elle lui demanda en ne la regardant pas, ses yeux toujours résolument posés sur la petite fille "Elle a quel âge ?" Pas que ça changerait quoi que ce soit à sa façon d’être en sa présence, mais c’était une bonne information à avoir en sa possession. Elle voyait la curiosité s’installer sur le visage dr Rosalie dont les yeux ne lâchèrent pas ceux de Jo pour s’arrêter un instant de trop sur les cristaux en strass qui effilaient la fin de son liner du jour. Du bout de l’index, elle les désigna, certainement parce que c’était joli — et ça l’était — faisant dire à la jeune femme qui retint un sourire, pas motivée à l’idée de se laisser attraper d’une quelconque façon par la bouille adorable qu’elle regardait toujours avant de ciller, enfin "Je crois qu’elle aime les paillettes ta fille. Elle tient ça de toi aussi, non ?" Elles avaient un point commun, en plus de leur taille réduite. Se levant sans prendre le temps de lui adresser un sourire, elle se retrouva debout devant Mabel dont le commentaire précédant ne la laissa par de marbre. Au contraire, un sourire carnassier fendit ses lèvres cette fois, et elle lui rétorqua sur le même ton qu’elle avait emprunté, presque murmuré "On le déteste à quel point ?" Le on l’incluant par évidence, son mode par défaut étant de mépriser tous ceux qui se dressaient sur son chemin.

Mabel lui donnerait une réponse détaillée ou pas, pour l’heure elle s’en détourna pour de nouveau poser ses yeux sur la tête blonde de Rosalie qui paraissait vraiment très sage, elle devait l’admettre "Tu vas vraiment la laisser s’occuper toute seule alors qu’elle est dans la meilleure salle de jeu qu’elle connaitra jamais ?" Ah, les sans enfants qui jugeaient les méthodes d’éducation des jeunes parents, c’était quelque chose, et bien sûr que Jo était de ceux-là, et ce sans pour autant prétendre qu’elle ferait mieux, justement consciente qu’en plus de ne pas avoir cette fibre là, elle n’avait peut-être pas eu le meilleur modèle pour se retrouver à éduquer une petite chose fragile, qui n’avait rien demandé. Ce serait une conversation pour un autre jour. Probablement pas en vérité, mais ça la fit rire sous cape de se dire que Mabel passait à côté de l’occasion d’éduquer musicalement sa fille en lui faisant toucher à tous les instruments. De nouveau, son attention fut happée par Rosalie qui s’installait sans rechigner pendant que sa mère démontrait de l’enthousiasme à commencer sa journée, faisant demander à Jo qui avait assez fait de studio pour savoir qu’un peu de préparation était nécessaire avant toute chose "Tout doux, tu t’es échauffée la voix avant de venir ? On t’a jamais dit de pas confondre vitesse et précipitation ?" Elle semblait dérangée la jeune femme. Une constatation qui poussa Jo à d’abord jeter encore une fois un coup d’oeil rapide à Rosalie qui faisait sa petite vie dans son coin, avec son livre et son doudou, puis à sa mère à qui elle demanda, les sourcils très subtilement froncés "T’es sûre de réussir à bosser ?"

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Putain, Mabel était le cliché parfait de la jeune maman, celle qui parlait de l’âge de sa gosse en mois, obligeant Jo à faire un effort de calcul mental pour se figurer plus facilement de la mesure qu’elle connaissait de son côté, et comprendre que sans doute, elle devait babiller quelques mots — et peut-être même les répéter, ce qui devenait soudainement plus intéressant si on considérait que Jo était du genre à dire des saloperies une phrase sur deux. Ça pourrait être drôle d’entendre la petite les répéter avec sa petite voix, en tout cas ça la ferait rire, et c’était déjà ça. Pour l’instant, elle ne testa pas sa théorie, et ne fit que rouler des yeux quand les princesses Disney furent mentionnées par la jeune femme, se disant qu’en 2023, espérer donner ce genre de modèles à une petite fille, c’était retomber dans des clichés qui étaient désormais mal vus. Elle faisait encore bien ce qu’elle voulait Mabel en vérité, c’était sa fille, et celle de personne d’autre.

Enfin si on ne comptait pas son père qui n’avait pas bonne presse visiblement "Tu finiras par te rendre compte que je suis capable de détester tout et n’importe quoi, même les absents." qu’elle lui répondit en l’entendant insister sur l’idée que le père de Rosalie était un tire-au-flanc, un sourire en coin faisant saillir sa pommette du même côté. Une question traversa la tête de Jo, et elle finit par la lui poser par curiosité, plus que par réel intérêt — encore que rien n’était moins sûr, elle commençait à l’apprécier, Mabel "Il s’en occupe jamais ?" Elle n’avait pas besoin de lui demander s’ils vivaient ensemble, s’ils étaient ensemble de façon générale, ça semblait assez évident que ça n’était pas le cas, et grand bien lui faisait à Mabel. Jo avait un avis très tranché sur les pères, inutile de dire que c’était parce que le sien craignait pas mal dans le genre, mais pour le coup, elle ne préférait même pas s’en vanter.

Elle s’étonna que Mabel ne veuille pas faire découvrir le studio à son bébé, récolta des infos comme quoi Rosalie savait déjà dans quel genre d’environnement elle se trouvait et que c’était la routine pour elle "Je veux pas la déranger, elle a l’air plutôt à l’aise dans son petit coin avec son doudou." Mais en vrai, elle s’approcha du coin en question, pas de trop près, gardant un oeil sur elle et alternant pour poser ses yeux sur Mabel qui continuait à lui raconter la vie qu’elle menait avec sa fille "Comment tu la protèges des photographes et de la surexposition ? Ça doit pas être facile pour un aussi petit bébé." Elle n’était pas si petite Rosalie, mais elle restait un bébé qui devait être impressionné par l’attention qu’il y avait autour de sa mère. Jo n’avait pas d’avis sur cette question par contre, elle se disait juste que ce n’était peut-être pas un environnement très sain pour un enfant. Avoir un parent célèbre, c’était devoir le partager avec tout le monde et forcément être mis de côté ; ce n’était pas un jugement de valeur qu’elle faisait, mais curieusement dans ces cas-là, elle se surprenait à ressentir de la compassion pour le gamin en question. Leur adolescence n’était jamais facile, il suffisait de voir celle des enfants des plus grandes stars pour savoir qu’une fois sur deux, ils tournaient plutôt mal. Malgré elle, elle tendit la main vers Rosalie "Tu veux jouer du piano avec moi ?" Elle ne savait pas si Mabel avait parlé d’elle avec la petite, alors dans l’intervalle, restant à distance d’elle, mais la main toujours tendue dans sa direction, elle fit à la blonde "Juste le temps que tu t’échauffes, je vais pas la bouffer." Pas toute crue ni sans sel en tout cas. Mais ça, elle le ravala pour ne pas donner l’occasion à la gamine de se mettre à chouiner si elle saisissait le sens de ses paroles, lui tendant toujours la main en attendant qu’elle décide si oui ou non, elle voulait la suivre le temps que sa maman échauffe sa voix. Comme elle tardait un peu, et que Jo n’était pas un modèle de patience, ses yeux roulant déjà dans leur orbite, elle ajouta pour l’appâter un peu "Je pourrais te mettre des paillettes sur les yeux." Le bling-bling, ça faisait de l’effet à tout âge visiblement puisque abandonnant son livre, mais pas son doudou, elle se leva enfin pour trottiner jusqu’à Jo qui dans la foulée, demanda à Mabel "Ça te dérange pas, les paillettes ?"

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"Le père de l’année." ponctua Jo en prenant sens des paroles de Mabel qu’elle regarda sans vraiment la voir. Quelque chose de plus l’intrigua, et elle se foutait bien de savoir si oui ou non, ça faisait d’elle quelqu’un de superficiel. Elle l’était de toute façon. Et puis elle faisait désormais officiellement partie du monde du show-business, ça ne faisait pas un pli quant à l’idée que dans tous les cas, elle accordait de l’importance au statut de ceux qui formaient son entourage, mais aussi celui des autres. Ce genre de choses étaient primordiales pour des gens comme eux, elle ne se voilait pas la face en prétendant qu’elle ne mangeait pas de ce pain-là. Mabel n’y coupa pas, et elle lui fit "Il est du métier ?" Était-il célèbre, ce père en carton ? Elle laissa une pause s’installer juste le temps que son sourire espiègle ne vienne fendre ses lèvres redéfinies par le maquillage "Je le connais ? Il est canon ?" Elle aurait certainement pu trouver la réponse en s’attardant davantage sur les traits parfaits de Rosalie. Sauf que faire de beaux enfants n’était pas gage d’être soi-même dans les standards de beauté, d’après ce qu’elle savait.

"T’as commencé à l’âge de ta fille ? Après ?" L’interrogatoire semblait ne pas avoir de fin, mais plus elle était en présence de Mabel, plus elle se surprenait à vouloir en savoir davantage sur elle. Elle représentait quelque chose dans leur milieu, elle était une valeur sûre qui savait tout gérer de front, aussi pour une pseudo-débutante comme Jo, c’était intéressant d’avoir le point de vue d’une experte, de se figurer de son histoire et du reste. Elle ne présenterait jamais les choses de cette manière bien sûr, trop fière, seulement le meilleur contact qu’elles avaient eu à Paris, il l’avait incitée à lui donner plus de crédit que lors de leur première rencontre où elle l’avait trouvée chiante à crever "C’est réel alors, l’intérêt des photographes pour les enfants. Bande de malades." interjeta-t-elle. Elle n’avait jamais remis en doute la parole de Midas à ce sujet, mais difficile de se rendre compte quand on est hors du prisme de la parentalité. Elle ne s’estimait pas intéressée par le bien-être des gamins Jo, trop égoïste pour vouloir s’en soucier, trop immature pour songer que son tour viendrait peut-être à un moment donné, pour autant elle trouvait ça franchement malsain de chercher à les utiliser pour faire de l’argent en vendant les photos de leur trajet vers l’école, ou de leur sortie du cours de danse du mercredi après-midi. Ils ne devaient pas être impactés par les choix de leurs parents, c’est ce qu’elle pensait "Je suis pas une experte, mais t’as l’air d’être une bonne maman." Si tant était que c’était un compliment, elle qui avait tendance à se dire que démouler des marmots, c’était se compliquer la vie pour rien vu que c’était déjà assez galère de s’occuper de soi-même. Mabel avait quand même la stature d’une femme qui avait à coeur les intérêts de sa fille malgré la vie de fous qu’elle menait.

Appâter Rosalie avec des paillettes, c’est la seule tactique raisonnable qu’elle trouva, et comme Mabel semblait d’accord pour la laisser s’occuper d’elle quelques minutes seulement, elle ne rechigna pas à prendre ses recommandations même si, la petite main de Rosalie dans la sienne, Jo lui glissa sans s’attendre à ce qu’elle réagisse de toute façon "C’est vraiment une relou ta daronne." C’était soft comme insulte, pas sûre qu’elle le resterait longtemps, mais pour le moment, elle se dirigea vers le piano avec la gosse au bout du bras "Je vais te soulever pour que tu t’assois sur moi, ce sera plus facile pour jouer. Bave pas." Elle lui fit les gros yeux, un index se pointant sur son nez en bouton de rose. Elle finit par l’attraper par la taille pour la positionner sur ses genoux, face au piano dont le couvercle était relevé, et qui attira suffisamment l’attention de Rosalie pour que, très vite, elle se mette à tapoter sur les touches avec ses paumes, puis ses doigts, pendant que Jo dégageait son visage de ses longs cheveux lisses qui retombèrent en rideau entre ses omoplates. La repositionnant correctement sur elle, elle tendit le cou pour voir par-dessus l’épaule de la petite "OK, on va essayer quelque chose, regarde." Jo posa ses doigts sur les touches, attrapa la petite main de Rosalie pour la poser sur celle dont elle se servirait pour jouer, et commença à le faire en choisissant une mélodie au hasard "T’as vu, c’est parce que ta main est posée sur la mienne que je joue aussi bien On recommence ?" Elles recommencèrent une ou deux fois avant que Jo se mette en tête de vouloir l'aider à réorganiser ses gestes, la mélodie que la gamine essayait de jouer résonnant assez bien à ses oreilles pour qu'elle la reconnaisse, et la rende plus écoutable en y mettant du sien "Je crois qu'on a une petite prodige." informa-t-elle Mabel, un sourire contenu accompagnant la vrille de sa tête qu’elle dirigea vers sa comparse "Elle doit avoir le bon âge pour commencer l’éveil à la musique. Tu devrais tenter, elle a l’air de bien aimer." De toute façon, elle était vouée à évoluer dans un univers artistique, ce n’était jamais trop tôt pour cultiver son talent "Tu chantes avec elle parfois ? Elle te chante quoi maman le soir ?" S’adressant directement à Rosalie pour cette dernière question, elle remarqua qu’elle désignait de nouveau les strass qu’elle avait sur les yeux, et eut un léger rire en se rendant compte qu’au final, elle s’en cognait pas mal du piano. Putains d’opportunistes les gosses, vraiment "C’est ça que tu veux en vrai, j’ai compris. Tu la reprends ?" Le temps qu’elle aille chercher son sac pour y dénicher de quoi faire plaisir à la petite qui était sage, il fallait bien l’admettre. La soulevant par les aisselles, elle la retendit à Mabel comme si elle manipulait un déchet toxique tout en avouant pourtant, presque à mi-voix "Elle est mignonne."

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Jo avait été une adolescente qui se délectait des potins de stars, mais depuis qu’elle était le centre de l’attention, que sa vie était décortiquée pour savoir qui elle se tapait, à quelle fréquence, pour ne pas ajouter dans quelle position, elle était moins motivée à l’idée d’aller fourrer son nez dans ceux des autres. Elle avait fait ses recherches sur Mabel c’est vrai, elle avait cependant vite scrollé pour ne pas avoir à lire le paragraphe sur sa vie privée alors non, elle ne savait pas grand-chose de ce qui faisait battre son petit coeur ni les vilains petits secrets qui entouraient sa vie intime "C’est déjà ça. S’il avait été laid en plus d’être con, j’aurais remis en doute ton jugement." fit-elle dans un léger rire. Mabel se prêtait au jeu des questions-réponses sans rechigner, mais elle remarqua qu’elle se montrait précautionneuse dans sa façon de poser sa voix quand elle parlait du père de Rosalie, surement pour qu’elle n’entende pas tout à fait ce qu’elle disait. Jo trouva ça délicat de sa part. Ça ne la dissuada pas de continuer à lui poser des questions, en apprenant plus sur elle aujourd'hui qu'elle n’en avait appris les dernières fois où elles s’étaient vues. Elle comprit donc que la jeune femme était dans le milieu par hérédité avant toute chose, et elle se demanda si elle avait fait partie de la liste des nepo-baby qu'on avait épinglés dans le New York Magazine il y avait quelques mois de ça, mais ne trouva pas le temps de l’interroger à ce sujet-là, sa mention des méthodes des photographes des années 90 lui faisant interjeter au milieu de sa phrase, le ton neutre, la mine qui l’était tout autant "Ouais, pas sûre que Lady Di soit d’accord avec toi sur ce point-là." Compte tenu de comment elle avait terminé, de comment ses fils avaient été traités, elle était certaine que le débat avait de quoi passionner les foules "Ils faisaient quoi tes parents exactement ? C’est à ta carrière professionnelle que je me suis intéressée quand j’ai fait mes recherches à ton sujet, j’ai pas pris le temps de consulter ton arbre généalogique." se défendit-elle avant de recevoir une potentielle attaque. Elle disait ça sur le même ton qu’à chaque fois, un peu revêche certes, pas agressif pour autant. Elle préférait encore que Mabel lui raconte sa vie que d’en apprendre davantage sur cette dernière au détour de conversations mondaines. Au moins là, elle avait le mérite de pouvoir choisir ce qu’elle voulait connaître d’elle, ce qui n’était pas le cas quand on se laissait empoissonner les oreilles par des bruits de couloir. Elle était assez bien placée pour le savoir, tout le monde semblant trouver plus opportun de se référer à ce qu'on racontait d’elle plutôt que d’apprendre que son armure était bien en place pour une raison particulière, et pas uniquement parce qu’elle tenait à briller plus fort que les autres.

"Peut-être qu’elle voudra être vétérinaire. Tu seras déçue si c’est le cas ?" Son propre père aurait été déçu si Jo n’avait pas voulu devenir chanteuse, elle en était certaine. Mais il avait instillé sa volonté dans chaque pore de sa peau dès son plus jeune âge, c’était comme si elle était programmée pour ça. Pas d’originalité finalement dans son choix de destinée, elle continuait à satisfaire les désirs d’un homme qui, s’il en avait eu la possibilité, aurait respiré à sa place pour mieux pouvoir la contrôler. Elle était adulte désormais, restait qu’elle avait toujours ça dans le sang, et que ça ne lui serait peut-être jamais venue à l’idée si son père n’avait pas été qui il était ; sans lui, peut-être qu’elle aurait voulu être autre chose, sans savoir quoi exactement. Mabel semblait être une bonne maman, mais comment gérerait-elle l’avenir de sa fille ? Les paroles c’était une chose, les actes en étaient une autre : ça variait avec le temps, les époques… les aspirations changeaient, et en fonction de ce qui se passait, les bonnes résolutions perdaient de leur valeur, alors dans une dizaine d’années, si ça se trouvait, Mabel se retrouverait à manager la carrière de sa fille pour mieux réparer les erreurs que ses parents avaient commises avec elle, qui savait ? Ça ne la regardait pas Jo, mais ça restait tout de même suffisamment proche de ce qu’elle connaissait pour se dire que finalement, rien n’était sûr, et qu’avoir des parents ambitieux, c’était une bonne chose dans une certaine mesure, mais dans l’autre c’était un danger qu’elle, elle n’aimerait imposer à personne d’autre qu’elle-même, et surtout pas à un enfant.

Et pourtant, elle se retrouva à jouer au piano avec la gamine de sa partenaire de chant en y prenant presque — presque, c’est elle qui tient à insister — du plaisir "Rosie pas baver, mais Rosie être poisseuse quand même, hein. Faudra dire à maman que le bain, c’est pas que quand on y pense." Les enfants n’étaient pas logés à meilleure enseigne dans la liste des gentillesses de Jo, qu’importaient qu’ils étaient mignons ou pas. Elle s’adressait à eux comme à des adultes. Pas de simagrées, pas de mots tronqués, pas de gouzi-gouzi, et puis quoi encore ? Là, elle emprunta seulement la formulation de phrase de la gamine dont le regard se mit à briller quand sa maman les rejoignit "Je m’y connais pas en bébé — je sais, t’es plus un bébé, mais un petit peu quand même. T’as même pas toutes tes dents." fit-elle à Rosie qui semblait s’offusquer qu’elle parle d’elle de cette façon. Elle reprit, détournant son regard d’elle pour le poser sur Mabel "Mais ils enregistrent tout, non ? Pour le peu que tu joues souvent avec elle, ça imprime. J’ai pas commencé beaucoup plus vieille qu’elle à jouer, et quand je l’ai fait, c’était surtout pour reproduire ce que j’entendais à la maison." Et ça débitait chez les Carter, la musique. Du matin au soir. Sans discontinuer. Presque à en dégueuler des notes et des tempos par tous les orifices. Elle haussa les épaules "Si ça se trouve, elle finira musicienne et elle t’accompagnera quand tu feras des tournées." suggéra-t-elle en s’en amusant autant qu’elle s’amusa de la prononciation hasardeuse de la gamine quand elle lui donna le titre de la chanson que sa maman lui chantait le soir "Je la connais, moi aussi. On pourra la chanter tout à l’heure." Mais d’abord, les paillettes. Elle alla les chercher dans son sac qu’elle ramena avec elle, trifouillant dans son nécessaire à maquillage qu’elle ne quittait pas et qui en plus des gloss, des crayons et des palettes format voyage, contenait aussi des plaquettes de strass autocollants qu’elle défit de leur emballage pour en coller quelques-uns à la bordure des sourcils presque transparent de la gamine "Tu vas être la petite-fille la plus stylée à des kilomètres à la ronde." Continuant avec l’autre sourcil, elle fit glisser son regard sur Mabel pour lui demander, un ton en dessous "C’est pas trop dangereux ? C’est des petites pièces, j’ai pas envie qu’elle en avale." Elle tâtait le terrain seulement parce qu’elle allait lui en faire cadeau de sa plaquette de strass, et qu’elle n’avait pas envie de provoquer une esclandre en les promettant à une gamine dont la mère refuserait, de fait elle préférait encore être prévoyante avant de se lancer.

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"Ça a pas l’air d’être fun non plus, demande à Meghan." Epouser un héritier du trône, c’était peut-être un désir de parent ambitieux, mais ça avait tout de même l’air d’être une sacrée plaie. Quitte à être célèbre, autant le faire sans avoir à se coltiner l’héritage raciste et tout ce qui allait avec. Cela dit Mabel était blanche, elle risquait assez peu de choses dans le genre. Pour ce qu’elle en savait Jo, elle aurait surement été plus apprécié par le clan Windsor que l’actrice qu’avait été autrefois l’épouse du prince Harry "C’est une autre version de la famille Royale quoi. T’as eu de la chance." remarqua Jo sans amertume. Par défaut, elle jugeait ceux à qui on offrait tout sur un plateau d’argent, mais puisqu’elle n’avait pas que ça à foutre de sa vie que d’être envieuse, elle se disait qu’à leur place, elle en aurait profité tout autant. Mabel avait bien eu raison de choisir la voie royale tracée par ses parents, ça évitait des déconvenues tels que les brouilles de famille, et ce genre de conneries qui finissaient par vous pourrir la vie quand vous vous rendiez compte que vous veniez d’un environnement toxique. Ses parents à Jo, ils n’étaient que des petites gens (tout était relatif, ses grands-parents paternels n’étaient pas n’importe qui) avec des ambitions trop grandes pour eux, mais l’effet restait le même : sans la réussite de leurs enfants, ils étaient perdus, et c’était en ce sens qu’ils avaient été poussé, leur objectif étant de faire prospérer la poule aux oeufs d’or tout en anticipant le moment où ils devraient déclamer leurs responsabilités dans leur succès. Jo s’était barrée bien avant que ça arrive, mais la menace planait toujours, si ce n’était plus aujourd’hui. Les autoriser à revenir dans sa vie, c’était une erreur qu’elle payait à grands coups d’anxiété, à grands coups tout court, si elle pouvait se permettre de faire de l’esprit à ce sujet, histoire de dédramatiser. Elle ne le fit pas. Elle se recentra sur Mabel "Maddy, c’est ta soeur ?" lui demanda-t-elle finalement, sa tête se tournant vers elle pour observer son profil et finir par ajouter "T’as jamais voulu faire comme elle ? Mettre ta carrière en pause pour élever ta fille ?" Ça n’avait pas l’air d’être le genre de la maison, mais ça s’inscrivait dans la conversation, alors elle lui posa la question sans juger que c’était trop indiscret de le lui demander.

Elle eut un léger rire quand Mabel rebondit sur la mention des parents de Jo. Elle baisse brièvement la tête juste pour regarder ce que Rosalie était en train de faire "Ma mère a jamais eu d’avis sur grand-chose me concernant. Mon père en revanche…" C’était comme si les points de suspension qu’elle avait au bout de la langue se tracèrent au-dessus de sa tête. Elle n’avait pas envie que Mabel se fasse des idées,  qu’elle se dise que Jo était une pauvre gamine au schéma classique de la starlette mise sur le chemin de la gloire, contrainte et forcée, alors même si ça l’emmerdait profondément de devoir en dire plus à ce sujet, elle s’autorisa à lui faire, sans en dire davantage parce que putain, ça regardait personne d’autre qu’elle "Pas nécessairement chanteuse, non. Mais ça a toujours été son objectif que mes frères et moi, on bosse dans la musique." Et il avait avait été atteint. Ses frères étaient roadies, prof de musique, ingénieur du son et musiciens de session… quant à elle, inutile de préciser ce qu’elle était devenue. C’est pour échapper à l’immersion de Mabel dans sa vie de famille qu’elle retourna la conversation vers l’avenir de Rosalie "Hm, t’es une vraie maman. Tu donnes toutes les réponses stéréotypées possibles, ça doit vouloir dire que tu fais les choses comme il faut." lui répondit-elle quand elle souligna qu’elle serait décontenancée par le choix de carrière de sa fille tout en essayant de faire en sorte qu’elle parvienne à ses fins malgré tout. Ouais, une bonne réponse cliché comme les aimait les mamans poules.

"Merde, tu les enlèveras." Pas gênée de dire des gros mots devant la gamine, Jo arrêta de lui coller des strass sur le visage à la seconde où Mabel lui dit qu’elle préférait les éviter. Dommage, ça rendait bien sur sa petite bouille de bébé qu’elle analysa avec les paupières plissées pour lui faire après un instant, dégainant un tube de gloss qu’elle voulut attraper avant qu’elle ne le débouche "Laisse faire. Tu feras des bisous collant à maman, ce sera marrant." Elle lui appliqua un peu de gloss sur les lèvres en lui faisant les gros yeux pour qu’elle ne bouge pas — et elle était mignonne Rosalie, à faire la moue pour faire ressortir ses lèvres pendant que Jo était concentrée sur sa tache, penchée sur elle. Elle reboucha le tube en le lui tendant l’instant d’après "On peint pas sur les murs avec ça, compris ? C’est du Dior." qu’elle lui dit, se réinstallant à côté de Mabel après avoir rangé le reste de ses affaires "Toutes les membres des associations de mamans parfaites viennent de tomber dans les pommes en t’entendant valider l’application de maquillage sur le visage d’une gamine." Un commentaire que Jo adressa à Mabel en souriant, ses jambes se croisant en suivant les lignes du profil de Rosalie qui essayait d’ouvrir le tube de gloss qu’elle venait de lui donner tandis que sa mère lui faisait un compliment que Jo accueillit en relevant les yeux vers elle. Elle grimaça, et puis elle fronça durablement le nez comme si elle venait de recueillir quelque chose de répugnant, et lui fit en même temps "Nan, je crois que c’est parce que j’ai une aura de marâtre diabolique et qu’ils sentent la menace." S’auto-convainquant plutôt bien, son ton restant sérieux, elle défronça le nez dans la foulée "Mais j’avoue, les paillettes ça aide bien quand même." ajouta-t-elle précipitamment, un doigt venant se ficher dans la joue rondelette de Rosalie qui rentra sa tête dans ses épaules en gloussant pendant que Jo disait à Mabel "On va devoir se mettre à bosser. Elle va savoir s’occuper ?" Elle lui avait déjà dit que oui, mais après ce petit moment à s’occuper d’elle, elle voulait en être certaine.

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@Mabel Griffiths ☆ crédit/josshelps

Mabel n’était donc pas l’aînée de sa famille, tout comme Jo ne l’était pas. Elle ne savait pas si ses parents avaient eu des gamins après elle, elle ne lui demanderait pas, mais ça les liait d’une certaine façon, de ne pas ouvrir la marche de la succession d’une grande famille. Elle hocha la tête, emmagasinant ces informations sans renchainer dessus néanmoins, l’impression d’être un peu trop curieuse se présentant à elle. Il ne faudrait pas non plus qu’elle donne le sentiment d’en avoir trop quelque chose à foutre de la vie de  princesse de Mabel.
Pourtant, elle la surprenait, la jeune femme. Les premières impressions n’avaient pas été des plus positives pour Jo qui, de toute façon, se permettait de juger tout le monde sans connaître. Maintenant qu’elles discutaient de plus en plus, elle se rendait compte à quel point elle avait avait été loin de la réalité en lui apposant une étiquette de poupée qui parle. Elle semblait plus intéressante que ça, elle semblait avoir des positions intéressantes sur la maternité, une chose qui ne courrait pas les rues quand la société éduquait les femmes de manière à ce ce qu’elles se pâment devant leurs gamins sans chercher à faire rien d’autre que ça "Putain Griffiths, tu m’étonnes." Ça sortait du coeur, tellement qu’elle sut que si elle n’explicitait pas sa pensée, Mabel ne verrait surement pas où elle voulait en venir "Dans le bon sens du terme, panique pas. C’est juste que je m’imaginais pas que tu puisses avoir ce genre d’avis à propos de la maternité." Elle la toisa en empruntant l’air de ceux qui ont vu la Vierge, et continua avec un léger mouvement de lèvres, ces dernières finissant par un sourire inversé "Je m’attendais plutôt à ce que ce soit qu’une question de mois avant que tu décides que ton univers doit tourner autour de ta gamine. Je te prenais un peu pour une rétrograde du genre, mais t’es une femme moderne." Qui partageait plus qu’elle ne l’avouerait ses opinions à ce sujet, et ça lui faisait du bien, elle à qui on avait tendance à reprocher ses opinions tranchées, si bien qu’elle passait bien souvent pour la relou de service.

Mais pas là. Mabel semblait intéressée par elle, par ce que révélait d’elle la dynamique de sa propre famille dont elle, elle n’avait pas envie de parler. Elle s’autorisa tout de même à répondre à sa prochaine question, haussant les épaules de manière à ce qu’elle sache que ce serait surement la dernière chose qu’elle lui dirait à propos de tout ça "Il a essayé de percer avec son propre groupe quand il était jeune, ça a pas fonctionné." Était-il nécessaire d’en dire plus ? Elle ne le pensait pas, alors elle ne le ferait pas, tournant cette page définitivement pour embrayer sur l’avenir d’une Rosalie trop petite encore pour aspirer à grand-chose qu’avoir son quota de siestes respecté tout au long de la journée "Ouais, j’imagine que ça doit être difficile de se projeter. Mais tu sais ce qu’on dit, ça grandit vite, ces petites bêtes." ponctua-t-elle en riant juste un peu, tournant son visage vers la jeune maman.

Après avoir maquillé la petite, elle se posa de nouveau à ses côtés, et ce qu’elle apprit dans la foulée, ça la fit ouvrir les yeux un peu plus grand "Sérieux ? Tu faisais le genre de concours où les petites sont maquillées comme des voitures volées ? Ça m’a toujours effrayée, la vibe poupée Chucky peroxydée." Elle en savait quelque chose, sa meilleure amie de l’époque avait évolué dans ce milieu contre son gré. Ça lui avait laissé des séquelles si elle en jugeait par son profil Instagram et par son besoin compulsif d’être aimée par n’importe qui alors qu’elle ne s’aimait même pas elle-même. Mais ce n’était plus son problème, Laurie ne faisait plus partie de sa vie "C’était quoi ton talent pour impressionner les juges ? Fais-moi rêver, dis-moi que tu faisais du yodel." finit-elle par lui demander en restant sérieuse sur l’instant, croisant même les doigts pour que sa fausse requête soit respectée par quiconque régentait l’attribution des voeux, là-haut. Seulement, un sourire en coin vint graduellement redessiner sa pommette en même temps, indiquant qu’elle plaisantait, sa malice voilant définitivement ses yeux bruns.

"Hey, fais-moi une place dans le cadre. Une photo de l’artiste et de son oeuvre, c’est la moindre des choses. Souris, ouistiti." Elle ne savait pas si c’était le mot qu’elle prononça d’une voix de dessin-animé, ou si c’était la manière dont elle planta son index dans le cou de sharpei de Rosie, mais ça provoqua un rire à la gamine qui contamina Jo par la même occasion. Elle tendit le cou pour poser aux côtés d’elle, et immortaliser ce moment par une photo prise par sa maman qui philosophait sur les raisons du succès de la chanteuse auprès des enfants. Sans le vouloir, elle lui répondit, son sourire s’effaçant peu à peu "Je suis pas restée une enfant très longtemps, je sais pas comment me comporter avec eux." J’ai oublié, aurait-elle pu ajouter, ce qu’elle ne fit pas. Elle ne le lui disait pas avec tristesse, elle le disait avec lucidité qui n’avait pas besoin de tourner au pathos, c’était juste comme ça. Elle pinça les lèvres en opinant "Tant mieux si tu me le reproches pas. J’espère juste que tu me gronderas pas trop fort quand elle répétera tous les gros mots que je lui apprendrais si on continue à se croiser." s’amusa-t-elle en ne voulant justement pas que les choses tournent au pathos. Elle se leva, peut-être un peu déçue de devoir laisser la gamine livrée à elle-même pendant qu’elles devraient travailler. Elle s’en inquiéta d’ailleurs, et ce même si elle connaissait déjà à peu près la position de Mabel au sujet de la manière dont sa fille s’occuperait durant l’enregistrement. Elle flatta la tête blonde de Rosie avec le bout de ses doigts "On chantera Twinkle, Twinkle, Little Star toutes les deux après, t’as envie ?" Elle se tourna vers Mabel, une idée lui venant en même temps qu’elle fronçait le nez quand elle la partagea enfin avec elle "On pourrait même demander à  l’équipe de l’enregistrer. Ça lui fera un souvenir."