it’s just a bunch of hocus pocus
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Le gros avantage de la célébrité naissante, c’était les invitations aux soirées, non pas que Jo avait besoin de devenir célèbre pour être invitée, seulement, même elle devait avouer quelque chose : le standing était soudainement revu à la hausse quand vous pesiez une avance de plusieurs millions et qu’en plus de ça, votre nom était synonyme de clics engrangés en relatant des faits, mais surtout des rumeurs plus ou moins fondées. L’agence par laquelle elle était représentée, elle était friande de la parcimonie, alors les soirées hype et tendances sur laquelle on la positionnait pour promouvoir son image dans l’attente de la sortie de son premier album, elles valaient souvent la peine de se déplacer. Celle d’Halloween de cette année, organisée sur les rooftops de la ville, elle faisait partie de celle-là. Jo l’avait senti en descendant de la berline qui l’avait menée ici tandis que, s’avançant pour rejoindre les toits, elle attirait les regards sans effort, moulée dans un costume de Betty Boop du meilleur effet, la coiffure et les lèvres rouges accentuant l’idée qu’elle sortait tout droit d’un vieux dessin-animé. Elle avait fait la totale, jusqu’au détail de la jarretelle en forme de coeur révélée par la fente de sa robe rouge satiné qui se terminait à hauteur de genoux, c’était à s’y méprendre. Il n’y avait pas de tapis-rouge, mais bel et bien un photocall durant lequel elle se prêta au jeu sans rechigner, prenant les mêmes poses que la pin-up des années 30 reconnaissable de loin, si bien que personne ne lui fit l’affront de lui demander quel personnage elle avait endossé ce soir. Ça lui allait bien, plus que ça d’ailleurs, et ça lui plaisait d’être là, au milieu des monstres et des superhéros, à reseauter sans vraiment le faire. Brisbane avait son lot de célébrités et de grosses fortunes qui faisaient vivre ce genre de soirées, et le moins que l’on puisse dire c’était que désormais, elle en faisait partie. On lui demandait des nouvelles de l’enregistrement de son album, on la félicitait pour sa victoire en s'étonnant que, huit mois après avoir décroché son trophée, elle ne se précipitait pas pour sortir quelque chose. Venait alors son moment préféré, celui où, généralement, pas peu fière, elle rappelait à son auditoire qu’elle avait un hit en haut du classement  mondial depuis le mois de septembre, et que si c’était un duo, et que donc elle partageait l’affiche, pas avec n’importe qui qui plus est, elle n’était pas moins dans les starting-blocks, et ce plus que jamais.

Elle s’échappa d’un groupe de stars de télé-réalité avec lesquelles elle ne voulait absolument pas être vue seulement après quelques minutes à les juger en silence, les toisant de bas en haut en prétendant ne pas les connaître — alors qu’elle avait vu Tracy se faire peloter dans un spa par Bryan la semaine dernière, tu parles d'une réalité — et s’apprêtait à se diriger vers le bar pour faire le plein d’eau citronnée quand elle fonça sans le vouloir dans la stature squelettique d'un homme qu’elle ne laissa pas s’échapper sans lui faire remarquer, aussi revêche qu’à l’accoutumée "Un petit pardon, ce serait pas de refus quand m —" Putain "Nicholas ?" La manière dont elle rentra le menton Jo, il était la traduction d’une surprise réelle, celle qui la fit prendre du recul pour toiser son voisin, et lui faire après un vrai moment à se demander si elle n’avait pas la berlue. Visiblement pas, alors s’autorisant à tendre le bras pour tâter le tissu du costume du jeune homme, elle lâcha un éclat de rire qui fendit le rouge de ses lèvres charnues "Merde alors, j’ai failli pas te reconnaître." Surprendre Jo, c’était comme gagner au loto : ça n’arrivait qu’une fois dans une vie, alors il avait intérêt de savourer, Nicky.

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"Et t'es censé être qui ? Un squelette ?" Tu ne peux arrêter le soupir qui passe sur ton visage alors qu'on te pose la question. Le soupir va bien avec le maquillage noir et blanc qu'il y a sur ton visage. Il faut dire que tu n'avais pas du tout l'intention de te rendre à cette fête, trop de monde, trop de prétention et juste trop de tout. Mais Jules a insisté, Vance a insisté, et maintenant, quelques minutes plus tard, tu as perdu tes deux acolytes et tu dois expliquer ton costume à des gens qui ont clairement bu un peu trop d'alcool. Beaucoup plus que toi dans tous les cas, tu as à peine touché à ton verre, et tu as dû jouer des coudes, littéralement, pour te frayer un chemin jusqu'au bar. La seule partie fun a été le photocall, parce qu'il faut dire qu'Esmée s'est donnée à fond pour ton costume, ça, personne ne peut le lui enlever à ta grand-mère. "Oui, mais pas n'importe quel squelette, si je te dis film des années 90, tu devrais voir, non?" Tu donnes une chance à la personne en face de toi, une nonne en l'occurrence, on repassera pour l'originalité du costume. Toi au moins, tu as fait des efforts, et à tes yeux, tout le monde a vu Hocus Pocus et tout le monde a prêté attention au chanteur du seul groupe de musique qui apparait dans le film... Non ?
Visiblement pas, la nonne abandonne rapidement, avec une tape sur ton épaule, avant d'aller retrouver un autre groupe. Peu importe, que tu te dis, autant retrouver Vance, lui aussi est déguisé en squelette. Sauf que le batteur ne porte pas autant de vêtements que toi, juste un jean noir, il a insisté pour qu'Esmée et toi, vous lui peignez le torse et le visage en noir et blanc, pour que ce soit réel. Tu voulais juste une excuse pour ne pas porter de t-shirt toute la soirée, voilà ce que tu as lancé à ton batteur qui n'a pas nié les faits. Il ne devrait pas être très difficile à retrouver. Autant aller le chercher et le laisser le briser la glace, c'est ta seule pensée alors que tu tournes sur tes talons... juste pour rentrer dans quelqu'un. Génial, tu en perds presque ton chapeau haut-de-forme, déjà en train de marmonner des excuses. "Je ne vous ai pas v..." Comment est-ce qu'elle connait ton prénom, cette jolie fille en rouge ? "Jo ?" C'est à ton tour d'être surpris la seconde suivante, face à ta voisine, très bien déguisée en rouge, noir et blanc. Tellement bien que tu pourrais croire qu'elle sort tout droit d'un cartoon. Une fois la surprise passée, elle a le droit à un rire. "Et toi alors ? Wow... juste wow..." Ava a dû bosser dur pour son costume et si ce n'est pas sa grand-mère qui a réalisé la robe, la personne qui l'a fait mérite un bon chèque. Tu en es persuadé et si ton regarde s'attarde un peu trop sur la silhouette de ta voisine, c'est tout simplement parce que la ressemblance et frappante et pas autre chose. Tu te reprends bien vite alors que tu t'éclaircis la gorge l'instant suivant.
"Du coup si tu es Betty... Midas est Fred, c'est ça ? Il me semble que c'est le nom de son petit-ami ? Et ouais, je suis vieux pour avoir ce genre de référence." Tu dis cela en regardant déjà par-dessus l'épaule de Jo, cherchant déjà la personne qui l'accompagne. Parce qu'elle est forcément venue accompagnée, n'est-ce pas ? "Et j'ai déjà perdu Vance avant que tu ne poses la question, il y a de l'alcool et des filles en costume... je n'avais aucune chance."

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"Tu peux le dire que je suis à couper le souffle." Et ce n’était pas la longueur de ses faux cils, qu’elle fit battre comme des ailes de papillon tout en glissant une main manucurée comme à son habitude sous son menton, qui diraient le contraire. Elle offrit à son voisin une pose digne du personnage qu’elle endossait ce soir, jambe légèrement levée, profil mis en valeur par la coiffure qu’elle portait. Finalement, ce personnage n’était pas très loin de celui qu’elle jouait en permanence. Betty était juste plus souriante que Josephine, et ça lui donnerait des rides beaucoup trop tôt ; elle devait s’en foutre puisqu’elle n’existait même pas de toute façon, création d’encre et de papier. Elle retrouva une posture moins surjouée, affirmant son regard sur la silhouette sombre du jeune homme en passant sur le moment où elle devrait affronter ses yeux maquillés pour l’occasion, peut-être encore un peu gênée de l’épisode de son anniversaire qu’elle avait remisé bien loin dans sa mémoire, comptant sur son emploi du temps chargé pour ne pas en faire toute une histoire "Je crois que ton costume représente un truc particulier, mais je sais pas quoi, c’est grave ?" Et avant qu’il ne la juge pour ça, il devait se rappeler que pour Jo, le cinéma, ce n’était que de la comédie musicale — le reste, ça ne valait même pas qu’on s’y attarde.

Elle arqua un sourcil à la suite de ses questions, jetant un oeil par-dessus sa propre épaule, suivant donc le regard de Nicholas quand il mentionna Midas. Est-ce que lui faire remarquer que ça tournait à l’obsession et profiter de ce moment pour appuyer sur un nerf et lui dire alors, qui est-ce qui en parle cette fois ? ce serait semer les graines d’un conflit inutile ? Probablement, elle s’en passa cette fois "Je suis venue seule." Si seule voulait dire avec un membre de sa sécurité — qui n’était pas son père, dieu merci — et son chauffeur, c’était bel et bien le cas. En dehors de la promotion liée à leur chanson, Jo et Midas ne se montraient pas ensemble à ce genre de soirée pour des raisons qui ne regardaient personne, et certainement pas Nicholas "C’est fou, hm ? On réussit à passer des moments séparés de temps en temps, tu devrais souffler l’idée à Vance." Qui était forcément là comme il le lui confirma l’instant d’après tandis que oui, elle se moquait ouvertement de la propension de Nicholas à croire que la vie de Jo tournait autour de Midas alors que la réalité était différente, ne serait-ce que parce qu’ils avaient des projets respectifs — encore une fois, comment ils menaient leur vie de couple, c’était encore la chose la moins susceptible d’être soulevée avec son voisin autrement que pour lui rappeler encore une fois si nécessaire que c’était chasse gardée. Plissant les yeux au reste des mots de Nicholas, elle reprit "J’étais sûre qu'il était là, et je suis encore plus sûre qu'il a choisi un costume où il se balade à moitié à poil." Elle pouvait parler elle, avec sa robe fendue et son décolleté. Tapotant ses lèvres rouges l’une sur l’autre, elle décida de reprendre le chemin qu’elle faisait avant de se prendre Nicholas de plein fouet, et lui fit un signe de tête pour qu’il la suive pendant qu’évitant toujours un peu son regard, elle lui demanda tout de même "À quel point t’as pas envie d’être là ? Lâche-toi, je te jugerais sans doute, mais je dirais rien à personne." Elle se foutrait de sa gueule à plein nez par contre, ce n’était pas son costume qui l’empêcherait d’être incisive et moqueuse, c’était une certitude qui la fit sourire en demi-lune, le bruit de ses talons haut battant la mesure du chemin qu’ils empruntèrent jusqu’au bar.

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Ouais, à couper le souffle, ça, Jo n'a pas besoin de le dire deux fois pour que tu sois d'accord avec elle. Tu le penses, tu pourrais lui dire, mais autant ne pas trainer sur cette pente glissante. Déjà, tu pourrais te faire très mal, ensuite, tu devrais arrêter de regarder sa jambe, pour te concentrer sur son visage... Oui, voilà qui est fait l'instant suivant et ensuite, tu enregistres ces mots: elle est venue seule. Okay. Pourquoi est-ce que cela a l'air de te surprendre ? Dans le fond, tu t'en fiches, Jo fait ce qu'elle veut, c'est une grande fille, c'est juste ironique, surtout comment on sait à quel point elle a insisté la dernière fois pour te rappeler qu'elle a déjà un compagnon. Tu décides de ne pas compter cette fois-là, elle n'était pas dans son état normal après tout, tu le sais mieux que quiconque. Et vous n'en avez pas reparlé, tu étais occupé à dire vrai, la promo, la version Deluxe de l'album à peaufiner, le clip qui est sorti... Ce n'était pas comme si tu avais pour habitude d'aller taper à sa porte pour lui donner des nouvelles régulièrement, pas vrai ? Du tout. Ton costume, oui, tu devrais en parler plus, tu en es fier et Esmée t'en voudrait de ne pas insister après tout. "Et c'est très grave que tu ne me reconnaisses pas, tu devrais absolument saisir mes références de grand-père." Après tout, tu es plus vieux que Jo, ça, ça ne changera jamais et vous n'avez pas grandi à la même époque.
"Allez, je te donne un indice, et puis... je le sais que tu as déjà dû voir Hocus Pocus au moins une fois, non ?" Tu poses la question avec une expression plus appuyée que la précédente sur le visage, qui se voit à travers le maquillage, tu le sais, tu as suffisamment répété devant ton miroir avant de sortir de chez toi. Mais soit, si ton costume n'est pas impressionnant, celui de Vance l'est, ça, tu le sais, et tu sais qu'un seul coup d'œil jeté à ton batteur sera assez, Jo pourra le juger pour son choix de costume. Juste un seul coup d'œil. "Mon musicien de soutien émotionnel, tu veux dire ? Je ne m'en débarrasse pas, merci bien." Et tu le sais que tu es prévisible, bien sûr que oui, tu es une créature faite d'habitudes après tout et il est clair que ce soir... tu es loin de ton élément habituel, ce qui explique sûrement la prochaine question de Jo. Tu retiens un rire car c'est sûrement lisible sur ton visage ce que tu ressens vraiment, et Jo te donne un passe-droit, visiblement. Tu la suis donc, où est-ce que tu allais aller de toute façon, pour lui donner un semblant de réponses.
"... Esmée et moi on s'est amusés à faire mon costume, le reste ?" Il y a du bruit, de gens que tu ne connais pas, une ambiance qui se veut bonne enfant, mais tu sais que tout ça va changer au fur et à mesure que les heures vont passer et dès que tout ce petit monde aura plus d'alcool dans le système. Si c'est la soirée d'Halloween du moment, ça ne t'intéresse pas. Du tout en fait. Tu es certain que tu serais plus amusé si Vance et toi vous étiez aller réclamer des bonbons, comme des gamins en fait. "J'ai de la bière un peu chaude entre les mains, j'ai perdu Vance depuis quelque temps et je suis certain que si je dois faire la conversation tout seul, ça va être un désastre." Un résumé qui te paraît complet et juste maintenant que tu y penses bien, tu te surprends même de le faire en si peu de phrase. Comme quoi, tu sais être concis. "Donc ouais, je suis prêt à rentrer chez moi." Est-si difficile de concevoir que tu es bien plus heureux loin de tout ça, à lire, à composer ou même à tout simplement jouer de la musique ? Ou en passant du temps avec ta grand-mère ? "Vas-y, tu as le droit de rire."

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Elle ne voyait pas en quoi, ou plutôt en qui, Nicholas était déguisé ce soir, mais elle fit un effort de concentration quand il s’offusqua faussement qu’elle ne saisisse pas la référence. Il mentionna un film qu’elle avait vu petite, qu’elle avait revu ensuite, mais le temps avait passé, et bien avant de remettre les pieds dans la célébrité, sa vie avait déjà trop changé pour qu’elle trouve le temps de se poser devant un écran, quel qu'il était. Sans un peu d’aide, elle eut du mal à mettre le doigt sur qui il était supposé être ; quand sa mémoire se remit en route, et que les doigts claquant avant de pointer un index sur lui, elle s’exclama avec les yeux grands ouverts "Le chanteur du groupe qui se produit à la soirée d’Halloween." Elle se souvenait d’un I Put A Spell On You susurré par une sorcière aux dents trop longues — il fallait forcément que ce soit lié à une chanson pour qu’elle s’en souvienne, c’était comme ça. Elle ne valait pas sa version préférée, soit celle de Nina Simone, mais ça lui parlait assez pour que dans un murmure amusé, elle commente "Bien joué." Elle disait les choses quand c’était mal, elle les disait aussi quand c’était bien. Nicholas faisait des efforts, c’était à encourager avec l’enthousiasme d’une proviseure sévère, déçue cependant de ne pas être obligée de sortir la règle en fer pour sa séance hebdomadaire de coups sur les doigts.

Une autre fois sûrement, Jo ne doutant pas une seule seconde que Nicholas réussirait à l’agacer au moins une fois au cours de leur échange impromptu. C’est presque comme si cette pensée appela le moment puisque, apprenant que c’était Esmée qui avait confectionné le costume de son petit-fils, Jo roula des yeux en laissant un très léger grognement s’échapper de sa gorge "Jamais tu te diras qu'il est temps pour toi de quitter les jupes de ta grand-mère ? C’est une soirée sélecte, et le seul truc qui te vient à l’esprit, c’est de faire mumuse avec mamie pour te fabriquer un costume ? Ça me dépasse." D’une certaine façon seulement, étant donné que Jo comprenait mieux que quiconque le sentiment de vouloir tout partager avec sa grand-mère. Elle ne dit pas ça agressivement, comme ça aurait été le cas un autre jour, elle le dit avec un léger sourire parce que finalement, elle avait cessé de vouloir faire changer Nicholas pour qu’il se rende compte de ce qu’il y avait autour de lui. C’était peine perdu de lui ouvrir les yeux, il se ferait moquer toute sa vie, mais comme il avait l’air de s’en foutre, qui était-elle pour le prendre à coeur ? Elle décida que ce n’était pas une question à laquelle elle voulait répondre ce soir, et continuant la conversation, elle se dirigea vers le bar en se demandant à quel degré Nicholas regrettait déjà sa venue.

Elle eut sa réponse avant même d’atteindre le bar, sa tête se tournant vers lui pour la jauger "Je vais pas rire. C’était plutôt prévisible. T’es prévisible." lui fit-elle, ses épaules se haussant en même temps qu’elle passait ses doigts dans le bas de sa coiffure courte. Elle laissa un temps de latence s’étirer, et puis les paupières plissées, poursuivant sa marche à ses côtés, elle lui fit "Tu veux que je te dise un secret ?" Bien sûr qu’il le voulait. Ses lèvres rouges appuyant un mouvement vers le bas, elle lui avoua juste après "Je suis pas sûre d’aimer ce genre de soirées. Je les aime parce que ça me donne l’occasion d’être plus canon encore que d’habitude et d’épater la galerie, mais l’hypocrisie des invités ? C’est pas mon truc." Elle allait pourtant devoir s’y habituer, et c’était ce qui lui faisait le plus mal au bide dans l’idée d’évoluer là, dans un univers où c’était difficile de percer à jour ceux qui vous veulent du mal.

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crédit/(captainbirkholtz) ✰ w/@Jo Carter

Ironiquement, si on t'avait dit il y a quelques mois de cela que Jo et toi, vous seriez invités à la même fête, à cause de vos carrières respectives... tu n'y aurais pas cru. C'est facile de voir la brune à ce genre d'événements, c'est fait pour elle et pour la carrière qu'elle a toujours méritée d'avoir et ça ne t'étonne pas. Toi, en revanche ? Depuis quand est-ce que tout ça est devenu ta vie ? Avoir un manager ? Participer à un photocall ? Que quelqu'un trouve ton nom sur une liste ? C'est tout nouveau et pas quelque chose que tu pensais avoir un jour, ou même que tu rêvais d'avoir un jour, mais ça va de pair avec le reste. Oui, ta musique est partagée, cela veut aussi dire que tu dois aussi jouer le jeu, face aux caméras, face à toutes les personnes qui ne font pas partie de ton cercle privé et... même ce soir. Tu es content d'avoir trouvé Jo cependant, tu ne vas pas le nier, ça ne fait aucun doute à tes yeux et c'est la seule et unique raison pour laquelle tu la fixes avec autant d'instance. La seule, vraiment.
La preuve, Jo te rappelle que les choses n'ont pas changé, que tu es toujours Nicholas Hurley et qu'elle est toujours Jo, ta voisine. Vu qu'elle parle d'Esmée et ta tendance à toujours vouloir te cacher. Toujours. "Hmm, on sait tous les deux que je n'ai pas ce genre de réflexions... bien sûr que non." Délaisser la femme qui t'a élevé et la personne qui a été ta seule famille pendant très longtemps ? Non merci, très peu pour toi. Tu sais qu'une part de Jo le comprendra, après tout, malgré sa victoire et tout ce qui se passe dans sa vie professionnelle, Ava reste sa priorité. Et tu sais que la jeune femme laisserait tout tomber pour sa grand-mère à elle, et ce, sans y réfléchir à deux fois alors... "Je vais le prendre comme un compliment." Alors tu ne peux que la suivre vers le bar, attendant sa confession à elle. "Hmm?" C'est le seul son qui t'échappe et Jo résume très bien les choses encore une fois.
"Exactement, il faut faire semblant et savoir se vendre et si certains d'entre nous sont très bons dans la discipline. Moi, j'apprends encore." Tu fais référence à Jo, qui peut pendant quelques secondes être ta voisine ou même la petite-fille d'Ava et l'instant suivant une diva qui sait manier beaucoup de charisme. Cela ne s'apprend pas, tu es persuadé que même si tu tentais de la rattraper tu n'y arriverais pas. Mais, tu poses tes coudes contre le bar alors que vous y arrivez enfin et tu la laisses commander, tu n'as jamais été un grand fan d'alcool et quelques te dit que tu vas devoir rester sobre pour retrouver Vance plus tard. "Et puis... c'est compliqué. Parler musique ? Ouais, faire croire à un inconnu que je suis le meilleur musicien de tous les temps ? Je ne maitrise pas et je ne le maitriserai jamais." Et tu ne vois pas cela comme un défaut, votre business ce n'est pas que de la promotion et du marketing, et à un moment donné ou un autre, il faut bien retourner dans les studios. Là alors, c'est la musique et le talent qui parle et absolument rien d'autre, ce qui te va parfaitement en réalité. "Mais hey, je n'ai pas encore fui, le Nicholas d'il y a quelques années ne serait même pas là." Tu dis cela avec un autre rire et parce que vous savez tous les deux que c'est vrai. Okay, c'est ton envie de montrer ton costume qui t'a poussé à sortir ce soir, mais tu es rentré et tu n'as pas encore fait demi-tour, tu as même démarré des bouts de conversations... sans grande conséquence, cependant, personne ne te demande de philosopher ce soir, personne. "Il y a du progrès... Sur tous les plans d'ailleurs, dès que j'ai fini d'enregistrer les dernières chansons que j'ai composées, je repars de l'autre côté de la planète, sur scène cette fois-ci." Pourquoi est-ce que tu réponds aux questions que Jo n'a pas encore posées ? C'est toujours un mystère, tu n'expliques pas pourquoi c'est aussi facile pour toi de parler à la brune et de lui dire tout ce qui te passe par la tête. Tout le monde ne possède pas ce genre de privilèges, c'est certain.
"Donc tout ça..." Tu as un geste de la main pour désigner le reste des gens en costumes. Il y a du bruit, la musique, tu peux presque entendre à travers les conversations changent. "... Ce n'est que du vent."

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Rouler des yeux en présence de Nicholas, c’était une obligation qui la rendrait bigleuse bien avant l’heure. Elle ne s’en souciait pas ce soir Jo, occupée à se diriger vers le bar pour continuer sa conversation avec lui sans d’autre désir que celui d’échapper à la foule compacte des invités. Il y avait de tout ce soir : des starlettes de télé-réalité, des musiciens, des acteurs, des influenceurs, des piques-assiettes. Tous avaient une raison valable d’avoir accepté l’invitation ; elle, elle n’était venue que parce qu’on lui avait demandé de le faire. Elle n’en avait pas spécialement envie, elle aurait préféré passer une soirée tranquille ailleurs, avec quelqu’un d’autre, sans nécessairement se plier au jeu de l’occasion spéciale. Elle n’était pas portée sur les fêtes, Halloween ou une autre. Elle était toujours un peu impatiente de fêter les anniversaires, de fêter le sien dans quelques jours à peine, mais rien n’était moins sûr puisqu’elle s’obstinait depuis des années maintenant à ne pas donner son vrai âge par coquetterie, se calant sur la légende de divas qui ne vieillissaient jamais et dont elle faisait indubitablement partie. Depuis quand était-elle devenue aussi docile, à accourir lorsqu’on lui demandait de participer à quelque chose qui ne l’enthousiasmait pas ? Elle n’en savait rien, elle savait juste que se plier à ce genre de choses aidait son équipe à la positionner sur des évènements plus importants, alors elle jouait le jeu, pensant à sa carrière qui n’en était qu’au début, qui méritait qu’elle la dorlote tant elle avait passé des années à attendre d’éclore.

"Tu parles de moi quand tu dis si certains d’entre nous sont très bons dans la discipline ?" Elle arqua un sourcil en posant la question à Nicholas. Encore une fois, sans être plus revêche qu’elle ne l’était d’habitude, un léger sourire fendant le coin de ses lèvres rouges pendant qu’elle aussi, elle s’appuyait contre le bar. Elle ne laissa pas de délai, elle ajouta, la tête tournée dans sa direction "Tu me trouves aussi hypocrite que ceux-là ?" Et par ceux-là, elle désigna la cantonade d’un signe du menton balancé par dessus son épaule dénudée. Elle savait qu’elle n’était pas hypocrite Jo, elle se foutait qu’on pense qu’elle le soit. Elle n’aimait juste pas qu’on puisse penser qu’elle était insincère dans sa façon d’envisager le monde et le reste. Elle jouait un rôle depuis des années, elle n’était pas moins vraie, et c’était là toute la subtilité du personnage qu’elle avait choisi d’endosser. Elle cachait juste ses failles pour qu’on n’en fasse pas une arme à retourner contre elle, autrement elle s’obstinait à rester honnête, trop parfois selon les dires. Elle observa un instant le visage maquillé de Nicholas, et repensa brièvement à ce qui s’était passé lors de son anniversaire — ce fût son signal pour détourner subitement les yeux, et prendre une profonde inspiration qu’elle relâcha en profond soupir en enchaînant comme si de rien n’était "Ça s’apprend tout ça. Tout le monde croit que tu vas durer, alors personne te laissera encore longtemps penser que t’es mauvais." Il ne l’était pas en l’occurence. Haussant l’une de ses épaules, elle y posa nonchalamment son menton pour le regarder à nouveau "Dans un an, t’auras glow up comme jamais, et tu te demanderas plus ce que tu dois faire dans ce genre de soirée." Elle aurait pu souligner qu’il semblait déjà avoir trouvé son style vestimentaire, ayant laissé les pulls au placard. Sauf qu’elle n’en fit rien, pas généreuse avec tout le monde sur les compliments. Elle se permit juste d’ajouter "T’es sur la bonne voie." Et elle lui donna un coup de hanche au passage pour le faire doucement glisser du bord du bar en même temps qu’il lui annonçait être prêt à repartir "Tu vois, tu prends le pli. On va prendre deux shots pour commencer. Tequila." fit-elle au barman qui tapota son bar avec la paume de sa main tout en hochant la tête, déjà prêt à les servir "On va rendre maman fière. Tu sais comment on trinque au Mexique ?" Une question qu'elle lui posa en demandant citron vert et sel pour se l’enfiler à la mexicaine, son shot. Elle non plus n’était pas très portée sur l’alcool, mais il fallait faire des exceptions, et puis dans le fond ils avaient quelque chose à célébrer : leur réussite qui n’était pas sans laisser un léger goût d’amertume de son côté, mais elle ne tenait pas à s’y arrêter, craignant toujours un peu d’être catégorisée d’ingrate quand absolument tout lui souriait.

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crédit/(captainbirkholtz) ✰ w/@Jo Carter

Maquillage ou non, soirée du moment ou non, certaines choses ne changeront jamais, comme ta dynamique avec Jo il te semble et tu la regardes rouler des yeux avec un léger sourire sur le visage. Visible malgré tout ce que tu as sur la peau, tu le sais et tu continues de la suivre alors qu'elle te retourne ta remarque. Faite à propos de cela et ce genre de soirées, on est bien loin de la musique, des scènes, des instruments ou même des salles de concerts et tu ne sais pas encore si tu as envie de t'y faire. Parce que tu ne peux pas mentir, et encore moins devant Jo, tu commences à t'y faire à cela, que tu le veuilles ou non, tu as changé et tu n'as pas émis tant de protestations que cela à la perspective d'être là ce soir. Et puis, cela aurait été piétiné tout le travail de Jules et jouer les ingrats, deux choses que tu t'es promis de ne pas faire. Sinon, autant rester dans ta chambre, pas vrai ?
"Je ne t'ai jamais trouvé hypocrite, tout le contraire d'ailleurs... toujours trop honnête. Ouais... trop." Tu le dis à Jo, en toute sincérité. Tout comme tu ne l'as jamais trouvé vache, odieuse ou même grossière. Trop honnête correspond bien, Jo lâche des vérités comme personne, souvent des vérités que personne ne veut entendre. Mais de même, elle ne force pas les gens à rester si c'est trop pour eux de se regarder en face, ou d'avoir leurs défauts exposés de la sorte. Tu as une épaisse carapace et les vérités à ton sujet ? La brune les a toutes dites, et tu es toujours là, cela doit bien compter pour quelque chose, voilà ce que tu te dis alors qu'elle détourne les yeux. Elle est pleine de conseils, même en costume, même étant aussi jolie (correction, Jo est toujours jolie) et elle t'arrache une autre expression sincère. Le coup de hanche qu'elle te donne te fait encore plus de rire, alors que Jo se perd en remarques positives te concernant. "Dans un an, hein ? Attention, si ça n'arrive pas, je demande à ce que tu me rembourses." Tu ne sais pas comment ou même pourquoi, mais elle te devra quelque chose si dans un an tu es toujours au même point, c'est obligé maintenant que tu l'as dit."C'est un vrai compliment signé Jo Carter ça, pas vrai ? T'as bu combien de verres avant qu'on ne se croise, c'est bon, tu peux me le dire..." Pas un seul tu supposes, sauf si cela a changé, Jo n'a pas vraiment ce type de vices-là. Mais le barman vous sert déjà et ça te parait être la pire idée du siècle. De la tequila ? A une soirée où tu connais uniquement Jo et Vance, et qu'il y a des caméras et des gens que ta manager voudrait bien que tu impressionnes et dont tu rapproches ? Oh... juste un simple shot, ça ne te fera pas de mal, n'est-ce pas ?
"Jo, je te rappelle que je suis beaucoup..." Tu t'empares du sel quand ce dernier est posé sur le comptoir à côté du verre et du citron. "...Beaucoup." La pincée de sel trouve sa place sur ta main, entre l'espace qui sépare ton index et ton pouce. "...Beaucoup..." Tu insistes un peu et sans hésiter, tu lèches le sel de ta peau, puis tu t'empares de ton verre. La tequila disparait très rapidement, l'alcool te brûle la gorge et ce n'est pas une activité que tu recommanderais mais tant pis. "... plus vieux que toi." Tu l'articules avant de t'emparer du citron vert, bien content quand le jus arrive dans ta bouche pour compenser la saveur de l'alcool. Tu grimaces tout de même la seconde suivante, et tu peines à retrouver ton sourire alors que tu abandonnes le morceau de citron dans le verre vide. Non, pas une activité que tu recommandes à qui que ce soit ou que tu veux faire tous les jours.
"Du coup quoi ?" Tu hausses les épaules."On boit à notre succès, on en profite maintenant parce qu'on ne sait pas de quoi demain sera fait ? ... Il y a une chanson là quelque part, j'espère que tu t'en rends compte." Cela est dit avec un léger rire de ta part. "Et franchement ? J'espère que je suis là pour rester, je fais ce qu'on me dit de faire et on me laisse jouer de la musique, un bon compromis." Le meilleur selon toi. "... Un autre round ? Ou on arrête là ?"

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/movie-gifs

"Ouais, trop." Elle répéta après Nicholas, haussant les épaules un air d’ouvertement montrer qu’elle se foutait d’être trop honnête. Au moins elle l’était, c’était encore tout ce qu’il fallait retenir "C’est pas faute d’avoir été mal élevée." Au contraire, d’aucun dirait qu’elle l’avait plutôt bien été "Mes parents ont essayé de m’apprendre à la fermer. Faut croire que je suis immunisée contre les menaces et que je tenais pas trop à mon dessert, alors nous y voici." Immunisée contre les gifles et les insultes aussi, aurait-elle pu compléter. Seulement ça, elle le garda pour elle, préférant en rire que de laisser une occasion à Nicholas de rebondir dessus. S’il savait ce qui s’était passé l’autre fois, il pourrait se permettre de lui dire qu’elle mentait à ce sujet, qu’être immunisée contre quelque chose, ça n’impliquait pas d’avoir peur à en avoir le souffle coupé. Mais il ne savait rien de l’événement qui s’était déroulé avant qu’il n’arrive finalement, il savait juste que la robuste Jo Carter était peut-être un peu plus fragile quelques fois. Inutile d’en faire un sujet de conversation, ce n’était ni le moment ni l’endroit.

Elle choisit de continuer à rire, le rauque de sa voix s’enrouant quand elle tourna la tête vers lui, un sourcil arqué sous les arabesques de sa frange noir corbeau "Ça arrivera." qu’elle lui assura, sans détourner le regard cette fois "Je te l’ai déjà dit ; t’es pas un homme meilleur parce que tu prétends que la célébrité t’intéresses pas. Quand tu te rendras compte de tout ce qu’elle t’offre, t’y prendras goût. A partir de là, tu t’imagineras plus vivre sans." Le bout de sa langue se coinça dans l’écart minime qu’il y avait entre ses incisives, la faisant retenir son éternel sourire espiègle "Je veux bien parier sur ça." Elle était sûre de gagner. Jo, elle avait le meilleur exemple sous les yeux en la personne de Midas qui dans toute son humilité, ne réussissait pas à s’imaginer vivre une autre vie que celle-ci aujourd’hui. Il avait des aspirations enfouies, des vieux restes d’une vie de jeune homme qu’il chérissait avec tendresse, mais qu’il savait loin de ses besoins d’homme qui fatalement, avaient changé avec le statut qu'il avait gagné en devenant celui qu’il était. Nicholas avait toujours donné l’impression à Jo de se considérer plus vertueux qu’ils ne l’étaient, elle et Midas, se plaçant en pourfendeur de l’idée que l’ombre était plus envisageable à ses yeux, que c’était la manière la plus noble de faire de la musique, et qu’ils avaient tort de vouloir prospérer au point de devenir des icônes ; sauf qu’il était là ce soir, qu’elle le voyait poster de plus en plus sur les réseaux sociaux, associant son image à sa réussite, et laissant sa pseudo-réserve de côté pour briller sous les projecteurs qui ne l’aveuglaient pas autant que ça en définitive. La différence entre eux, c’était que Jo et Midas n’avaient jamais fait semblant de ne pas vouloir tout ça. On ne pouvait pas tellement dire la même chose de Nicholas "C’était pas un compliment, c’était une constatation." le rabroua-t-elle, secouant la tête en cessant de le regarder, et ne répondant pas à sa petite pique au passage. Un autre soir, elle lui aurait dit qu’il fallait savoir. Quand elle restait elle-même, on la traitait de salope insensible, quand elle démontrait un peu de gentillesse, on l’accusait de ne pas être dans son état normal. Mais finalement, elle n’en avait strictement rien à foutre, alors elle passa l’éponge pour commander des shots de tequila.

"Sauf que ça suffit pas d’être vieux pour te revendiquer expert en quelque chose. Déso, mais tu sais définitivement pas trinquer à la mexicaine." S’il pensait l’impressionner en suivant le rituel inhérent à la bonne dégustation de ce spiritueux, il se foutait le doigt dans l’oeil jusqu’au coude, papy. Elle prépara le même cheminement d’accessoire que lui, versant sel sur sa main brillante de l’huile pailletée qu’elle avait appliquée sur tout son corps avant d’enfiler sa robe, garda son quart de citron vert pas loin, et saisit les bords de son shot du bout des doigts pour exécuter la petite chorégraphie que tout bon fêtard d’Amérique du Sud connaissait — sur le ton d’une maîtresse appliquée, elle dit à Nicholas dans un accent qui souffrait de son manque de pratique de l’espagnol depuis des années, qui n’était pas moins bon pour les oreilles d’un gringo comme lui "Arriba, abajo, al centro, pa’ dentro." Après avoir levé son shot, l’avoir baissé, tendu loin devant elle, elle le but cul-sec pour ensuite le faire claquer contre le bord du bar, lécher le sel sur sa main avant de croquer dans son citron qu’elle dépiauta d’un coup de dents pour l’avaler tout rond et en jeter le zeste dans son shot — la grimace qu’elle fit, elle était aussi authentique que ce qu’elle laissa filer en frissonnant dans sa petite robe rouge "Je déteste ça — hey tu pourras pas dire que je t’ai rien appris." ponctua-elle finalement, faisant glisser le bout de sa langue contre sa rangée de dent du haut, le goût d’alcool, de sel et de citron vert rendant le tout un peu sensible dans sa bouche "J’écris pas ce genre de chansons, je te la laisse volontiers celle-là." Restant appuyée contre le bar, reins tout contre et visage bien en face de la masse d’invités qu’il y avait à distance, elle enchaîna sur ce qui lui disait en fixant les visages sans les voir, pas intéressée par la panorama, juste par l’idée d’agir comme le personnage principal d’une scène pas désagréable. Elle était belle, elle agissait comme telle "Ça suffira pas toujours de faire ce qu’on te demande. À un moment donné, tu devras prendre des décisions, va falloir que tu t’obstines à arrêter d’être un gentil garçon et que tu te comportes comme un bonhomme qui sait ce qu’il veut." Basculant la tête en arrière pour le regarder, elle eut un léger sourire provocateur en le lui disant, et puis détournant les yeux dans la foulée, elle répondit à sa dernière question "Je te laisse la cuite aussi, c’est pas mon truc." Et puis après un léger silence, se décollant du bord du bar pour s’y accoter cette fois, elle laissa filer rapidement, surement trop "Merci. Pour l’autre fois." Elle ne le lui avait pas encore dit, mais elle le faisait maintenant, lui laissant la responsabilité de faire ce qu'il voulait de ça, ne tenant pas à s'y arrêter trop longtemps, d’où la précipitation dans son débit de parole. Le barman de l’autre côté du bar capta son regard, aussi Jo saisit cette occasion pour chasser l’ange qui passa en lui demandant, désignant Nicholas avec son index "Un autre shot pour lui. Je vais prendre une eau gazeuse."

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{it’s just a bunch of hocus pocus}
crédit/(captainbirkholtz) ✰ w/@Jo Carter

Tu n'avais pas prévu de t'enfiler un shot en compagnie de Jo en sortant de chez toi ce soir, c'est certain. Ce n'est pas pour te déplaire et personne ne pourra te dire que tu ne fais pas d'effort. Tu ne savais pas que ta voisine serait là ce soir, l'ignorer serait encore plus stupide et malpoli. Deux choses que tu essayes de ne pas être, et ce même si elle te rabroue un peu, ce n'était pas un compliment visiblement. Ah bon ? Tu as envie de lui demander si elle en est certaine, cela avait des allures de compliments à tes oreilles, mais tu sais aussi que Jo te dit de te tenir droit depuis des années. Tu n'avais aucune raison réelle de le faire avant, et cette soudaine attention c'est... différent. Pas positif, pas négatif, juste différent, tu apprends encore à jongler avec, tu ne sais pas combien de temps ça va durer ou même où tu seras dans un an. L'imaginer avec Jo ne te coute absolument rien."Hmm ? C'est le moment où tu me montres du coup ?" La question est de rhétorique totale, ton regard reste rivé sur Jo alors qu'elle aussi, elle fait disparaitre l'alcool de son verre. Pas de la même façon, elle parle dans une autre langue l'instant suivant, tu ne reconnais pas les mots, tu serais incapable de les répéter, mais la sonorité, c'est particulier et tu te demandes si tu l'as déjà entendu parler autre chose que de l'anglais en fait.
Tu n'as pas le temps de fouiller dans ta mémoire, la brune grimace déjà alors que tu as un sourire, vous semblez partager une aversion pour l'alcool certaine. "Si je devais faire la liste de tout ce que tu m'as appris... je ne pense pas que ce soir sera sur cette liste mais. Soit." Est-ce de l'apprentissage si elle le répète en boucle ? Enfin l'a répété en boucle, il faudrait que tu vérifies la définition pour le coup, peu importe le comment ou le pourquoi, vous êtes tous les deux là ce soir. Pas dans la même catégorie, tu le sais, elle va te le rappeler, te rappeler qu'elle s'associe avec Midas Sterling, pas comme certains et tu vas hausser les épaules. "J'ai l'air de ne pas savoir ce que je veux ?" La question s'échappe de tes lèvres avant que tu ne penses à l'arrêter. Tu te demandes où Jo va chercher ça, tu sais ce que tu veux, tu veux jouer de la musique. Cela a toujours été le cas, qu'on te permette de le faire à une échelle internationale maintenant... ça ne change absolument rien à tes yeux. Signer avec Ninja Tune était une bonne chose, tu es entouré de pros, tu serais encore plus idiot de ne pas suivre les conseils que l'on te donne, ça, ça ne fait aucun doute à tes yeux. Quand tu auras plus d'expérience, tu pourras t'exprimer avec une voix un peu plus haute et prendre des décisions importantes. Oui, même à ton âge, tu as conscience que tu ne sais pas tout et que tu as encore des choses à apprendre. La preuve avec Jo ce soir, que tu penses avec le sourire, les coudes appuyés sur le bar.
C'est seulement comme cela que tu ne manques pas les prochains mots de Jo. Tu relèves le regard vers elle et pas ton verre vide et lentement tu hoches la tête."Pas besoin de me remercier, j'étais juste là au bon moment. Ou au pire moment. Peu importe, tu vois ce que je veux dire." Tu voudrais dire quelque chose d'un peu plus profond, un peu plus rassurant. Rien ne te vient à l'esprit et tu sais que dans quelques heures, tu t'en voudras. Mais que dire ? Tu ne veux pas remuer le couteau dans la plaie, tu sais que passer à autre chose est important avec ce genre de maux, et dans le même temps, tu ne veux pas minimiser la chose. Un vrai casse-tête, tu n'as pas de réponses, tu hausses les épaules et tu as assez de jugeote pour arrêter le barman."Non, ça ira pour le shot, ma limite c'est soit un shot ou deux bières, donc on va s'arrêter là." Tu veux rentrer en un seul morceau et te rappeler de toute la soirée. Tu pivotes sur toi même l'instant suivant, le dos pressé contre le comptoir. Ton timing est le bon, tu vois Vance, en costume, toujours le torse découvert et peint, chacun de ses bras est autour des épaules d'une autre personne, que tu ne connais pas, mais qui semble contente d'être là."Oh je crois que quelqu'un est en train de devenir populaire." Que tu lances, un coup de tête pour Vance, histoire que Jo puisse le voir et l'identifier.
"Comment est-ce que je suis censé concurrencer avec cela ? ... Il va se réveiller avec une énorme gueule de bois demain et se plaindre, et qui va devoir s'occuper de lui ? C'est moi." L'irritation dans ta voix est complètement fausse. Tu le sais. Jo le sait et elle va sûrement te le dire."Est-ce qu'on devrait aller parler à d'autres gens aussi ? Je suis certain que tu as mieux à faire que de me tenir compagnie." 

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/movie-gifs

"Tu me poses la question pour de vrai ?" Un regard par-dessous sa rangée de longs cils plus tard, et Jo laissa filer un rire on ne peut plus moqueur. Ses sourcils remuèrent quand, graduellement, elle retrouva son sérieux pour réfléchir un instant à ce qu’elle allait accorder à son voisin. Rien de moins que de l’honnêteté, c’était évident "T’as toujours l’air de te demander ce que tu fous là, mais tu sais quoi, j’ai arrêté de me dire que c’est un truc qu’il faut changer chez toi, ça fait juste partie du package." Le package du mec torturé et mystérieux qu’essayaient de promouvoir ceux qui s’occupaient de son image. Il fallait voir la stratégie autour de la sortie de son album, ça misait à fond sur le type qui préfère broyer du noir que de participer à ce genre de fête, et c’était un choix, il fallait de tout pour faire un monde après tout — ça ne l’empêchait pas de juger, c’était son droit le plus strict après tout. Ça fonctionnerait sans aucun doute, les petits jeunes aimaient beaucoup se raconter des histoires sur leur capacité à faire changer leur chanteur préféré, celui qu’ils imaginaient triste et esseulé à l’écoute de ses chansons mélancoliques à gerber, il ne fallait pas aller plus loin que sur Wattpad pour s’en rendre compte. Elle haussa les épaules, ayant depuis longtemps décidé que la manière dont Nicholas gérait sa vie ne faisait pas partie de sa liste de priorités, même si elle s’était parfois essayée à lui ouvrir les yeux. Il était buté, c’était tout ce qu’elle avait retenu de ces fois-là, et sans doute qu’ils n’étaient pas assez proches pour que ça lui fasse quoi que ce soit. C’était juste comme ça, il fallait faire avec, et c’est ce qu’elle faisait depuis un certain temps désormais.

Choisissant de ne pas s’appesantir sur ça, elle le remercia pour son intervention de l’autre fois sans intention là non plus d’en faire une conversation. Mais comme on lui reprochait souvent d’être ingrate, elle avait décidé que, quand c’était à sa portée, elle daignerait de temps en temps dire merci — pardon en revanche, elle ne le réservait pas à n’importe qui. Elle ne dit rien de plus, elle voyait de toute façon très bien ce qu’il voulait dire, et n’estimait pas ça nécessaire d’en faire toute une histoire, quand bien même elle se sentait un peu gênée sur l’instant. Elle ne le montra pas, se moquant ensuite du refus du jeune homme de reprendre un shot quand elle-même s’y refusait, l’illustration parfaite du dicton fais ce que je dis, pas ce que je fais, Josephine "J’ai l’impression que quoi qu’il t’arrivera dans la vie, tu seras toujours incapable de te décoincer. Faut que tu te trouves un mec Nicky, un petit coup de temps en temps, ça alimentera ta joie de vivre." Qui n’était pas l’une des qualités primaires du jeune homme, c’était un fait. Harponnant son verre d’eau gazeuse dont elle but une gorgée par la paille, Jo suivit le mouvement de Nicholas pour jeter un regard à Vance qui, lui, savait profiter de la vie "Ça me fait mal au bide de le dire, mais tu devrais plus faire comme lui, et profiter de ce qu’on t’offre tant que ça dure." Le caractère éphémère de la notoriété, Jo y avait goûté une fois. Elle essayait de ne pas trop y penser, mais ça restait quelque chose à quoi elle ferait attention quand tout pour elle deviendrait vertigineux. Profiter, c’était encore ce qu’il y avait de mieux à faire pour des gens comme eux, qui soudainement se retrouvaient sous le feu des projecteurs "T’es pas son père. Je suis sûre qu’il saura se débrouiller tout seul comme un grand quand il se réveillera avec les doigts collants demain matin." Classe.

Sirotant encore une gorgée de son verre, Jo finit par pécher son téléphone portable sous l’ourlet de sa mini-robe. Coincé dans la jarretelle qu’elle portait à la cuisse, elle écouta les paroles de Nicholas d’une seule oreille le temps de vérifier ses notifications, et envoya un message à Midas pour savoir s'il était rentré chez lui, et s'il avait envie de voir son costume — inutile de dire qu’en l’espace de quatre messages échangés, son attention fut redistribuée, et qu’elle fit à Nicholas, relevant le nez avec l’air de ceux qui atterrissent d’un joli songe "Hm ? Et les écouter raconter leur vie ? J’ai mieux à faire." Effectivement, ses paroles rejoignant celles de Nicholas à l’instant où il les prononça. Elle éteignit l’écran de son téléphone portable, et puis elle se retourna vers lui pour lui dire "Je vais rejoindre Midas. Tu gères ?" lui demanda-t-elle tout en sachant que oui. Elle ne le laissa pas en placer une cependant, et lui fit avec l’air mutin qui était le sien "Rends-moi service, trouve-toi quelqu’un. Y a de quoi faire ici." D’un signe de tête, elle désigna un coin au hasard, continuant en lui tapotant l’épaule pour dire de, son menton se levant pour affronter ses yeux qu’elle voyait à peine sous l’épaisseur de maquillage qu’il avait sur la figure "C’est Halloween, y a bien deux ou trois princes qui traînent sous les maquillages de monstres, et t’es pas trop mal pour une fois, ce serait un crime de gâcher ça." Pas trop mal selon des critères qui n’étaient pas du tout les siens. Mais on ne pourrait pas lui reprocher de ne pas être sympa pour une fois.