it wasn't me

 @Megan Williams   

Molly a toujours eu un sérieux problème avec les forces de l’ordre. Cela ne vient pas d’elle, ça vient de son père. Son père n’a jamais parlé des forces de l’ordre en utilisant des adjectifs positifs. Loin de là. ACAB, ça a toujours été par le slogan du mobil home. Ils ne cherchent les ennuis qu’à ceux qui en ont déjà suffisamment. Ils devraient passer plus de temps à sauver leur prochain, ceux dans le besoin que de faire chier les dealers de quartier qui essaient de s’en sortir. C’est ancré dans son uniforme. Les forces de l’ordre ne lui inspirent pas confiance. Alors, quand elle se fait contrôler, elle a toujours le sentiment d’être coupable, de trimballer un cadavre dans son coffre ou de trimballer une tonne de cocaïne avec elle. Alors que non, elle revient juste du cinéma, son lieu de travail. Quand elle se fait contrôler, elle obéit. Elle est docile, les lunettes de soleil même posées sur le haut de son crâne pour qu’ils voient bien son regard clair et limpide. Pour une fois. Elle est presque fière d’être clean, la Molly. Elle passe les tests, sans broncher … dans son esprit, c’est pourtant le feu d’artifice. Pourquoi ? Qu’a-t-elle fait de mal ? Est-ce qu’elle a fait quelque chose de mal ? Elle a grillé un feu ? Ses mains deviennent moites et elle les frotte nerveusement contre son jean. Résultat ? Rien du tout. On finit par la laisser partir et elle, elle a juste envie de brandir ses majeurs en lui disant d’aller se faire foutre … à la place, elle offre un sourire bien trop large pour être honnête.  Molly n’est pas sous drogue. Elle est clean. Et quand elle est clean, son esprit est encore plus vif que d’ordinaire. C’est donc en stalkant sa sœur jumelle – son passe-temps préféré – que le temps se fige. « Mais quelle connasse ! », crache-t-elle en se redressant, téléphone entre les mains. La flic en question, elle est là. Elle est sur son écran de téléphone. Cette putain de flic, c’est une pote à elle. Et, aussitôt son esprit se met à carburer à grande vitesse. Elle imagine Megan la stalker. Elle imagine Megan lui coller une flic au cul pour la tester. D’un certains côté, elle aime bien l’idée … de l’autre, elle a surtout envie d’imploser. Elle ne lui fait pas confiance. Elle ne lui a pas fait confiance et elle a agi … comme Molly. Elle a fait sa Molly. Outch !

Si Megan fait sa Molly, Molly fait sa Megan.

Rendez-vous Bayside. Molly a usé de sa plus grande gentillesse et a même invité son adorable jumelle pour un verre. Profiter du soleil. Profiter d’un verre … qu’elle lui payera par la même occasion. Elle marche sur des œufs. Elle est polie, docile quand elle pianote sur son téléphone mais elle marmonne des jurons à chaque mot placé sur son téléphone. C’est cette même rancœur qui la remplit quand elle l’attend en terrasse. Les jambes croisées, son pied balance dans le vide nerveusement, se cognant frénétiquement contre le pied de table. Nerveusement, elle se mordille la lèvre inférieure tout en expliquant une nouvelle fois au serveur qu’elle attend « son rendez-vous » avant de commander. Oui, elle attend son adorable sœur jumelle, la traitresse pour commander. Judas. Quand elle aperçoit sa silhouette, elle se mord la lèvre et se redresse sur sa chaise sans pour autant s’en lever. Il ne faut tout de même pas lui sauter à la gorge. Pas tout de suite. Non, pas tout de suite. Un sourire rayonnant, presque trop beau pour être vrai.

« Oh chouette que tu aies pu trouver du temps dans ton calendrier de rockstar pour m’accorder un verre ! », dit-elle d’une voix rieuse – nerveuse ? – accompagnant sa phrase d’une brève révérence. Molly lui montre d’un signe de tête la pièce à ses côtés. « C’est moi qui paie le premier verre, d’ailleurs » et elle lève son index comme une enfant enthousiaste et fière. L’enthousiasme de Molly est trop surnaturel. Surnaturel. Surréel. Irréel. Il y a anguille sous roche.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/lomapacks

Si je ne me méfie pas de l’invitation de Molly, c’est parce qu’elle n’est pas réellement surprenante. Elle est en recherche constante d’attention, ma demi-sœur. Elle veut se faire une place dans ma vie autant qu’elle semble parfois vouloir la gâcher – quoi que cette dernière proposition revient tout de même un peu plus souvent, j’en ai peur – mais elle a présenté des excuses et j’ai dit que je lui laisserais une chance. Je n’en ai pas réellement envie ou, plutôt, je doute de sa sincérité et du bien fondé de sa nouvelle intrusion dans ma vie. Je lui ai demandé si elle était clean, le petit contrôle orchestré par mes soins et grâce à Charlie l’a confirmé aussi, mais je continue à penser que ce n’était qu’un coup de chance, qu’elle n’avait pas consommé depuis quelques jours mais qu’elle n'a pas arrêté pour autant : je suis intimement persuadée que les junkies dans son genre sont incapables d’arrêter. Ma mère l’était, en tout cas.

Mais je n’ai pas trouvé de raison valable et suffisante de refuser. J’ai repoussé plusieurs fois, prétextant des obligations liées au tournage du film ou à ma vie conjugale, mais je n’ai pas pu le faire ad vitam aeternam. Alors, j’ai accepté et je l’ai même laissé choisir l’endroit. Un bar que je ne connais pas dans un quartier que je ne fréquente pas, tout pour qu’elle soit satisfaite et que je puisse rapidement retourner à ma vie et mes préoccupations. Peut-être un jour parviendrais-je à lui faire confiance, mais je n’ai pas le sentiment que ce soit toutefois possible. C’est une menteuse compulsive, pathologique même, et même la façon dont elle m’accueille sonne faux. « Oh chouette que tu aies pu trouver du temps dans ton calendrier de rockstar pour m’accorder un verre ! » Elle ne peut pas le voir puisque mes yeux sont encore dissimulés par d’immenses lunettes de soleil, mais je fronce les sourcils en l’entendant. Je m’avance à son niveau et, une fois que j’ai atteint la table autour de laquelle elle s’est installée en terrasse, je retire finalement mes lunettes, les plie avec délicatesse et m’assied avec toute la classe indue par mon nouveau rang dans la société, ou celui que j’imagine, en tout cas. « Ouais, désolée, le tournage est sur la fin et on prépare notre anniversaire mariage, avec Damon. » Je trouve des explications à toutes ces fois où je lui ai donné une excuse idiote avant d’enfin accepter de la retrouver. La première est vraie mais, pour la seconde, Damon prépare tout de seul une surprise dont je ne sais pas grand-chose. Sauf que ça, Molly n’en sait rien alors je m’en moque pas mal. Nous nous sommes mariés en novembre, nous sommes en novembre et, l’an dernier, nous sommes partis à Bali pour fêter nos noces. Elle ne sera pas surprise d’entendre que nous préparons une nouvelle fois un voyage et que la chose soit chronophage pour moi. « C’est moi qui paie le premier verre, d’ailleurs. » - « Les choses vont bien, au cinéma ? » Tu n’as pas encore été virée ? Voilà ce que ma question sous-entend. La dernière fois, j’ai eu besoin de lui faire la morale et je ne peux pas m’empêcher de la piquer. « Merci. Je vais prendre une limonade. » Il est encore trop tôt dans l’après-midi pour boire de l’alcool, ou en tout cas à mes yeux. Lorsqu’il est question de boisson alcoolisée, je suis d’une prudence qui peut parfois me faire passer pour une coincée ; ce n’est pas le cas, je sais simplement ce que c’est que de réellement perdre le contrôle. « T’as l’air de comploter un truc. » Elle est trop solaire, trop faussement heureuse et exaltée et ce n’est clairement pas un comportement typique pour la jeune femme. « Qu’est-ce que tu me caches ? » Je plisse les lèvres en déposant mes coudes sur la table et en sondant son regard.

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 @Megan Williams   

Megan a des airs de star. Oh merde, Megan est une star. Molly, le mollusque ou l’éponge, se sent aussitôt star. C’est l’effet papillon. Elle considère que nager parmi les dauphins fait d’elle un dauphin alors qu’elle fait partie du banc de poisson. Rien de plus. « Ouais, désolée, le tournage est sur la fin et on prépare notre anniversaire mariage, avec Damon. » La double remarque le lui rappelle vite. Elle fait partie du banc de poisson, pas des dauphins gracieux qui attirent les touristes. Compréhensive – vraiment ? – elle acquiesce d’un signe de tête avec néanmoins l’envie de lui balancer le premier objet qui lui tombe sous la main dans la tête. Pas la peine de lui dire, elle a compris que sa vie est absolument parfaite. Elle a le mari Ken. Elle a la vie de rêve. Elle a même le boulot de rêve. Elle a tout et Molly, elle, elle n’a rien. Pas même les miettes, c’est pour vous dire. « Pas de souci », souffle-t-elle en secouant la main. Son beau jeu d’actrice fait en sorte qu’elle ne glousse pas en sautillant sur sa chaise prétextant que les informations sont excitantes. Rien de tout ça. Elle n’a pas envie de glousser, Molly. « Les choses vont bien, au cinéma ?» Elle ne répond pas par des mots, simplement par un acquiescement qui est accompagnée d’un « mh mh » positif. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Elle n'a pas été virée. Elle n’a pas été brûlée sur la place publique. Un sacré pied de nez à ceux et celles qui pensaient le contraire.

« Merci. Je vais prendre une limonade. » Évidemment. Elle se retient de hurler et essaie de concentrer toutes ses mauvaises vibes dans un coin de son palpitant. La jambe se secoue toujours dans le vide. Les doigts pianotent sur le comptoir de la table. « T’as l’air de comploter un truc. Qu’est-ce que tu me caches ? ?» OK, là, ça en est un peu trop pour elle et pour sa patience et sa diplomatie. Étrangement, elle imite sa sœur. Elle se met dans la position qu’elle et ne quitte pas son regard. Si Megan a décidé de jouer la Molly, Molly va jouer la Megan. « Comploter un truc ? », qu’elle demande en levant un sourcil, un sourire au coin des lèvres. La question la surprend ou du moins c’est ce qu’elle prétend. Elle ne complote rien du tout. Les complots, ça ne lui ressemble pas. Si ? N’est-elle pas plutôt le berserk qui fonce dans le tas sans réfléchir ? La demoiselle sans la moindre élégance ?

« T’as pas plutôt un truc à me dire, à me confier ? », qu’elle demande tout en restant dans la même position. « Tu me disais que la confiance, c’est important … avoir confiance, etc … non ? alors je te demande, t’as pas un petit truc à me dire, un petit complot que tu aurais mis en place … » Elle penche la tête sur le côté, « Pas mal fait en plus. » Elle sourit. Sa voix est bien trop douce.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/lomapacks

Je comprends mon erreur – celle d’avoir pensé qu’il ne s’agissait que d’une invitation comme une autre – dès que Molly ouvre la bouche. Tout semble trop poli et lisse pour ne rient cacher, cela ne ressemble pas à ma jumelle, cette attitude doucereuse. Jamais elle ne se comporterait de façon si aimable, serviable et douce sans avoir quelque chose en tête et elle me semble bien hypocrite, tout d’un coup. Je fais confiance à mon instinct et, jusque-là, chaque fois que j’ai fait autre chose que d’attendre le pire de sa part, je me suis faite avoir en beauté. « Comploter un truc ? » - « Ouais. Te fous pas de ma gueule, ta bonne humeur là, ça sonne faux. » Qu’a-t-elle encore échafaudé pour faire de ma vie un enfer et pour foutre en l’air la promesse qu’elle m’a faite pour que j’accepte qu’elle reprenne une place, même minime, dans mon existence ? Les jolis discours et les bonne résolutions n’auront pas tenu bien longtemps, de toute évidence.

« T’as pas plutôt un truc à me dire, à me confier ? » Je lève un sourcil et, avant que je n’aie le temps de rétorquer quoi que ce soit, Molly continue son petit manège. Plutôt que de me laisser impressionner, je pose mon sac à main griffé sur la chaise libre à côté de la mienne, replie mes lunettes avec précaution avant de les ranger dans leur étui, et passe une main dans mes cheveux pour en arranger l’apparence – déjà parfaite, de toute évidence. Je n’ai peur de pas grand-chose, je suis simplement déjà irritée à l’idée de m’être rendue disponible alors que son insistance sentait déjà mauvais à elle seule. « Tu me disais que la confiance, c’est important… Avoir confiance, etc… Non ? Alors je te demande, t’as pas un petit truc à me dire, un petit complot que tu aurais mis en place… » Je ne suis pas idiote, il n’y a qu’une seule chose dont elle puisse être en train de parler mais, pour autant, je reste muette. Je n’ai pas l’intention de me griller toute seule dans le cas où tout ça pourrait être un malentendu, et j’ai vite appris que faute avouée faut à moitié pardonnée est la plus grosse connerie qu’on aurait pu inventer. Une faute, dans la mesure du possible, doit à tout pris être tue pour ne pas tout gâcher. « Pas mal fait en plus. » Je plisse les lèvres comme si cette conversation m’ennuyait déjà. Je pousse même un soupir de joli poupée, avant de héler le serveur qui passe à notre niveau. « Je vois pas où tu veux en venir Molly, va falloir être plus précise ou je vais croire que tu m’as demandé de venir pas pour rattraper quoi que ce soit - » Oui, j’ai le culot de continuer à arguer que c’est elle qui a des choses à se faire pardonner et, finalement, je le pense, ma "bévue" n’est rien en comparaison de son attitude avec moi et elle était presque légitime, au fond. Je suis convaincue que je ne peux pas lui faire confiance les yeux fermés et que j’ai fait ce que je devais faire pour me prémunir d’une nouvelle déception la concernant. « - et que tu m’as fait perdre mon temps. Les gens normaux se voient pour rattraper le temps perdu et parler de ce qu’il s’est passé dans leur vie depuis la dernière fois qu’ils ont pris un verre. Pourquoi tu peux pas faire les choses normalement, pour changer ? » Je n’ai peur de rien, surtout compte tenu du fait que je suis déjà persuadée qu’elle sait, mais que j’attends qu’elle le confirme.

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 @Megan Williams   

« Ouais. Te fous pas de ma gueule, ta bonne humeur là, ça sonne faux. » Le monstre est démasqué sans la moindre difficulté. Il faut dire que Molly ne sait pas encore très bien jouer sur cette corde là, celle du côté sympathique, souriant et de bonne humeur. Elle aurait dû s’entraîner. Elle aurait dû passer un peu plus de temps devant son miroir, à s’entraîner à sourire à la Harding pour pouvoir prétendre à la perfection. Mais, d’un certain côté, elle n’est pas trop déçue. Après tout, cela signifie que sa sœur la connaît et dans son esprit tordu, c’est une bonne chose.

« Je vois pas où tu veux en venir Molly, va falloir être plus précise ou je vais croire que tu m’as demandé de venir pas pour rattraper quoi que ce soit - » Les yeux de Molly se plissent légèrement et elle se demande si les gênes de son père ne sont pas plus présents qu’elle ne le pensait chez sa sœur. Après tout, les Biggs sont les rois du mensonge. Ils mentent. Ils vivent dans leur mensonge et apparemment, Megan semble vouloir tenir le sien un peu plus longtemps. Intéressant. L’idée que Megan soit un peu plus comme elle la rassure et son pied cesse aussitôt de s’agiter sous la table. Elle est plus tranquille. Sa sœur n’est pas parfaite. Elle sait mentir, et elle sait même très bien mentir. Molly aimerait pouvoir applaudir mais non, elle se retient et se contente de l’observer … d’apprendre. « - et que tu m’as fait perdre mon temps. Les gens normaux se voient pour rattraper le temps perdu et parler de ce qu’il s’est passé dans leur vie depuis la dernière fois qu’ils ont pris un verre. Pourquoi tu peux pas faire les choses normalement, pour changer ? » Elle tique. Sa sœur est vraiment en train de tourner la situation, de passer pour la victime alors que bon sang ! c’est elle la victime, non ? Elle s’insurge intérieurement. Elle a envie de rameuter la population, de créer une révolution, de hurler au monde entier qu’elle a été trahie, qu’on ne la pas cru : elle ! Elle a envie de se révolter et de jouer les victimes, de crier combien elle est blessée et combien elle se sent manipulée. Elle a envie. Oh oui, tellement envie. Au lieu de cela, elle s’appuie contre le dossier de sa chaise et croise les bras sous sa poitrine avec un petit air renfrogné sur le visage. « J’essaie. J’essaie vraiment, Megan. J’essaie de jouer le jeu, de suivre tes règles du jeu. Je me suis excusée, je t’ai dis que je ne ferais plus de conneries, que je ne viendrais pas nuire à ton bonheur, je l’ai dit … que j’allais bien me comporter. Un vrai petit scout », son index et son majeur tapote sa tempe comme pour faire un petit salut militaire avant de retrouver leur place, bras croisés, « et toi, tu fais style de rien et monte je-sais-pas-quoi comme trick pour que je me fasse contrôler par les flics et passe des tests … putain ! mais tu te rends compte ? » Elle se penche légèrement en avant. « Je reste un être humain bordel, même si tu ne me vois pas comme ta sœur. » Oh le petit côté mélo-dramatique prononcé d’une voix calme et posée pour changer. « Ça m’a blessé, bordel ! » qu’elle ajoute en haussant les épaules.

« Et au lieu de me comporter comme d’habitude, j’essaie de faire comme les gens normaux ... » Bingo ! Elle décroise les bras. « De te dire honnêtement que ça m’a blessé mais que je tiens suffisamment à toi, à cette putain de relation que j’essaie de construire … et que du coup, je veux en discuter avec toi, autour d’un verre … de limonade.» Et elle conclut par un sourire et en hochant la tête pour affirmer ses dires.

On y croirait presque, non ?

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/lomapacks

« J’essaie. J’essaie vraiment, Megan. J’essaie de jouer le jeu, de suivre tes règles du jeu. Je me suis excusée, je t’ai dit que je ne ferais plus de conneries, que je ne viendrais pas nuire à ton bonheur, je l’ai dit … Que j’allais bien me comporter. Un vrai petit scout. » La diatribe de Molly m’agace, elle me met sur les nerfs comme à chaque fois qu’elle tente de se faire passer plus blanche qu’une oie ou comme la victime d’une situation. Certes, cette fois, elle n’a rien à se reprocher. Mais n’est-ce pas que justice qu’elle récolte ce qu’elle a semé en trahissant ma confiance une première fois ? En me raillant dès qu’elle en avait l’occasion ? Plus largement, en se montrant comme tout sauf quelqu’un de fiable ? Je ne lui ai fait aucun mal à la blonde. J’ai voulu avoir une preuve de son honnêteté – une preuve que ne me suffit pas tant je l’ai diabolisée, mais il s’agit d’une autre histoire – et je me suis servie moi-même. A sa place, j’admirerais l’audace du petit plan que j’ai mis en place. Tout le monde n’a pas des contacts dans la police et surtout, tout le monde n’ose pas s’en servir impunément comme je l’ai fait. Mais Molly vient pleurnicher, chouiner parce qu’on a pas eu confiance en elle alors que ses comportements sont la cause de ma méfiance. « Et toi, tu fais style de rien et monte je-sais-pas-quoi comme trick pour que je me fasse contrôler par les flics et passe des tests… putain ! Mais tu te rends compte ? » - « Des gens se font contrôler par les flics tous les jours sans que ça ait rien de traumatisant Molly. C’est bon, c’est pas comme si t’avais eu le droit à un toucher rectal. » Je lève les yeux au ciel, dédramatisant ce qu’elle considère déjà comme une trahison. « Et j’ai du mal à croire que c’est la première fois que ça t’arrive. » Moi, je n’ai jamais été contrôlée, mais soyons honnête, mais sœur n’a-t-elle pas la gueule de l’emploi ? Avec son khôl sous les yeux et, de façon plus générale, bien trop présent, n’est-elle pas le cliché de celle qu’on soupçonne d’être une toxicomane ou au moins une alcoolique ?

« Je reste un être humain bordel, même si tu ne me vois pas comme ta sœur. Ça m’a blessé, bordel ! » Je pourrais m’excuser, mais il n’y aurait pas la même sincérité dans ma démarche. Je ne suis pas désolée de m’être débrouillée avec mes propres moyens pour confirmer ce qu’elle m’a affirmé, à savoir qu’elle était clean. Elle l’était l’autre jour, et j’ignore si j’en suis heureuse ou frustrée de m’être trompée, de ne pas avoir pu prouver qu’elle m’avait menti et qu’elle est donc exactement la fille que je dépeins. «  Et au lieu de me comporter comme d’habitude, j’essaie de faire comme les gens normaux... De te dire honnêtement que ça m’a blessé mais que je tiens suffisamment à toi, à cette putain de relation que j’essaie de construire… Et que du coup, je veux en discuter avec toi, autour d’un verre… de limonade. » - « Putain mais tu veux une foutue médaille ou quoi ? » Parce qu’elle a réussi à faire autre chose que me sauter à la gorge ? Parce qu’elle s’est enfin comportée comme quelqu’un de civilisé. « Tu peux pas décemment me reprocher de pas t’avoir cru les yeux fermés. » Parce qu’elle a un historique avec le mensonge, ma jumelle, elle ne peut pas le nier. « Tous les trois mois Billie me jurait qu’elle allait devenir clean et que tout allait changer. Je vois pas pourquoi ce serait différent avec toi. » Elle a le même genre de péché mignon que sa génitrice et rien que pour ça, elle ne part pas avec toutes les chances avec moi. « Je le referais si c’était à refaire. » La faire contrôler en utilisant mes relations et le manque de discernement de Charlie. « Je sais qu’avec les gens comme vous - » Ma mère et ma sœur. « C’est pas une question de si mais plutôt de quand. » Je coule un regard dans direction, un regard presque gêné. Je suis dure avec elle, surtout compte tenu du fait que les flics n’ont pas trouvé ce que je pensais qu’ils allaient trouver. Sauf que lui faire confiance, c’est au-dessus de mes moyens et cela va à l’encontre de tous mes réflexes. « Pourquoi t’as seulement commencé à prendre ce genre de merde ? Je comprends pas. »

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 @Megan Williams   

« Des gens se font contrôler par les flics tous les jours sans que ça ait rien de traumatisant Molly. C’est bon, c’est pas comme si t’avais eu le droit à un toucher rectal. » Un soupir exagéré et choqué s’échappe de ses lèvres alors que ses yeux s’écarquillent. Elle exagère un petit peu mais pour une fois qu’elle peut jouer le rôle de la victime, elle décide d’en profiter. Elle foudroie sa jumelle du regard alors que cette dernière lève les yeux au ciel. « Et j’ai du mal à croire que c’est la première fois que ça t’arrive. » Bien sûr que non ! « Si tu connaissais notre père, tu saurais que les contrôles de flics, ça fait un peu partie de ma vie … », marmonne-t-elle en dodelinant la tête. Son père lui avait répété que tous les flics étaient des pourritures. Il lui avait répété que lorsqu’on vient de leur « classe », vit dans leur quartier et quand on a leur allure, on ne peut qu’être abonné à des contrôles spontanées. Au début, Molly avait peur. Peur quand elle entendait et voyait son père s’agiter, s’énerver, insulter. Puis, elle s’y était habituée et ça avait fait partie de sa vie, du décor de sa vie.

« Putain mais tu veux une foutue médaille ou quoi ? » Elle sourit. « Possible », souffle-t-elle sans perdre son sourire. « Tu peux pas décemment me reprocher de pas t’avoir cru les yeux fermés. » « Et pourquoi pas ? », qu’elle se permet de demander en croisant les bras et en la toisant. Est-ce qu’elle a perdu tout droit en ayant eu le malheur de dépasser les bornes de la légalité ? « Tous les trois mois Billie me jurait qu’elle allait devenir clean et que tout allait changer. Je vois pas pourquoi ce serait différent avec toi. » Billie, le prénom de sa mère la frappe de plein fouet et elle ne peut pas cacher sa réaction. Non, elle ne peut pas et se met à se mordiller la lèvre. « Je le referais si c’était à refaire. Je sais qu’avec les gens comme vous - » elle secoue la tête de droite à gauche et accompagne même son index qui s’agite de droite à gauche pour ne pas être mis dans le même panier que Billie, « c’est pas une question de si mais plutôt de quand. » Elle recroise les bras et se met désormais à mordiller l’intérieur de sa joue comme à chaque fois quand elle est gênée, prise de cours, à la recherche d’une issue de secours.

« Pourquoi t’as seulement commencé à prendre ce genre de merde ? Je comprends pas. » Ce n’est pas le genre de questions à laquelle elle s’attend. Molly fronce les sourcils tout en la fixant. Est-ce une question rhétorique ou souhaite-elle entendre la réponse ? A bien y réfléchir, Molly se souvient de son premier joint. Elle l’a même fumé avec son père … pour pouvoir être un peu dans son monde. Elle se souvient de son premier rail de cocaïne, pour pouvoir se mouvoir dans la masse et s’oublier. Bordel ! Elle efface rapidement ses pensées de son esprit. « Je ne suis pas Billie. » Elle balance cette première phrase comme ça, sans vraiment d’introduction et elle s’imagine même se lever, les poings sur les hanches, une position de superhéros, les cheveux au vent. Mais en réalité, elle est toujours assise sur sa chaise, face à sa sœur. « Tu me vois vraiment comme une junkie, Megan ? Comme Billie ? » Elle arque un sourcil. « Je ne suis vraiment pas Billie. Et ce n’est pas parce qu’elle s’est comportée comme une connasse avec toi et a foiré toute ton enfance que je suis la même … Et je suis pas du genre à faire des promesses de merde … t’es pas la seule à avoir grandi avec une mythomane. », elle semble se détendre puisqu’elle prononce cette phrase avec un fin sourire. « Tu m’as dit que la condition à respecter est être clean, je m’y efforce. Et tu s’ras la première au courant si jamais je passe une soirée à la Sex Pistols ... Je te mentirais pas, quitte à être une connasse et une énième déception dans ta vie. »

« C’est pas une promesse. C’est un fait. Je suis comme ça … on peut dire ce qu’on veut sur moi, mais je suis pas du genre à mentir … d’ailleurs … », elle désigne de son index le sac de la blonde, « ces lunettes te donnent un air de diva qui ne te va pas vraiment, si je peux me permettre. » Petit sourire amusé aux lèvres. Pour détendre l’atmosphère ? Noyer le poisson ? Porter le rôle de sainte ni touche ? Qui sait.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/lomapacks

« Si tu connaissais notre père, tu saurais que les contrôles de flics, ça fait un peu partie de ma vie… » Je secoue la tête, une mine fermée sur le visage. « Ton père Molly. C’est ton père. » Moi, je ne le reconnaîtrais jamais comme ça. Si elle veut prétendre que Billie a été un semblant de mère pour elle les deux fois où elle l’a vue, grand bien lui fasse, mais je refuse de m’alourdir d’un poids de plus – et un poids, ce c’est que ce raté serait. Il n’a jamais cherché à me connaître ? Parfait, je n’ai pas envie d’avoir quoi que ce soit à faire avec lui. Il aurait pu me tirer du système s’il l’avait voulu.

Le problème de ma jumelle, c’est bien qu’elle me rappelle en tout point notre génitrice. Elle n’a pas besoin de finir en cure de désintoxication, de faire ou d’une overdose ou d’abandonner ses enfants pour ça ; elle se drogue, elle boit trop, et c’est suffisant pour que je me méfie d’elle comme de la peste et qu’elle ne m’inspire aucune confiance. Pour ne rien arranger, elle m’a menti à ce sujet alors qu’elle vivait sous mon toit, ai-je besoin de transparaître de fragilité comme je le fais actuellement pour qu’elle comprenne ce qui se cache sous ma froideur et mes refus réguliers d’accepter la main qu’elle tend prétendument dans ma direction ? « Je ne suis pas Billie. Tu me vois vraiment comme une junkie, Megan ? Comme Billie ? » Le menton bien droit, les yeux dans le siens, je lui réponds sans ciller. « Oui. C’est exactement comme ça que je te vois, Molly. » Et je n’ai pas l’intention de m’excuser, ni pour ça, ni pour le coup de main que j’ai demandé à Charlie. « Je ne suis vraiment pas Billie. Et ce n’est pas parce qu’elle s’est comportée comme une connasse avec toi et a foiré toute ton enfance que je suis la même… Et je suis pas du genre à faire des promesses de merde… T’es pas la seule à avoir grandi avec une mythomane. » - « Tous les drogués sont des mythomanes. » C’est peut-être une généralité, ou peut-être bien même un cliché honteux, mais je m’en moque : à mon sens, j’ai tous les droits du monde d’en nourrir à l’égard des gens comme elle. Je n’ai même pas envie de savoir ce qu’elle entends lorsqu’elle présente son père comme un menteuse compulsif ; je n’ai pas envie d’apprendre à le connaître d’une quelconque façon, pas même à travers ce qu’elle a à raconter de lui. « Tu m’as dit que la condition à respecter est être clean, je m’y efforce. Et tu s’ras la première au courant si jamais je passe une soirée à la Sex Pistols... Je te mentirais pas, quitte à être une connasse et une énième déception dans ta vie. » Je l’observe avec un regard noir, hésitant à faire quelque chose que je sais que je regretterai : céder face à ses yeux de chien battu. La chance qu’elle a Molly, c’est que le mot famille signifie quelque chose à mes yeux et qu’elle est tout ce qu’il en reste à ma connaissance. « C’est pas une promesse. C’est un fait. Je suis comme ça… On peut dire ce qu’on veut sur moi, mais je suis pas du genre à mentir… D’ailleurs … Ces lunettes te donnent un air de diva qui ne te va pas vraiment, si je peux me permettre. » Je l’observe avec défiance avant de pousser un soupir. « Si ça arrive, je veux plus jamais te revoir, t’as conscience de ça ? C’est clair ? » Ce ne sera pas une simple erreur à expier, elle n’a pas le droit au bénéfice du doute pour la première erreur. J’ai trop cru ma mère et trop été déçue parce que je n’étais qu’une gamine crédule, et je n’ai plus l’intention de l’être, tant pis si cela signifie couper tout lien avec la seule personne qui partage mon sang qu’il me reste. « J’ai pas l’intention de te présenter des excuses pour… Pour ce dont tu m’accuses. » Pour avoir arrangé un contrôle de police en espérant prouver qu’elle m’avait menti. Je ne le formule pas clairement, pour qu’on ne puisse m’accuser de rien de tangible, mais je ne la prends pas pour une idiote en continuant à nier. Toutefois, elle n’obtiendra pas de mea culpa puisque je considère, si pas que j’étais dans mon droit, que j’ai fait ce qu’il fallait faire. « C’est des Versace. Evidement que ça donne un air de putain de Diva, c’est pour ça que c’est hors de prix. » Et si ma garde-robe était simple avant que je porte le nom de Williams et qu’elle le reste encore lorsque je ne cherche pas à être dans la démonstration, j’ai parfois besoin de montrer que je ne suis pas la fille pauvre et sans avenir que j’étais autrefois. « T’as pas répondu à ma question. » Et c’en était vraiment une, pas une attaque déguisée. Elle, elle veut que nous devenions une vraie famille et, moi, j’ai besoin de comprendre. Ne devrait-elle pas participer de bon gré à ce genre de discussions à cœur ouvert ?

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 @Megan Williams   

« Ton père Molly. C’est ton père. » Petit geste de la tête pour lui accorder cette minuscule précision. Il était son père, ouais. Il était même sa seule famille … c’est sans doute ce qui faisait de Billie et Megan de vraies héroïnes à ses yeux. Elles pouvaient changer la donne … enfin, aujourd’hui, il n’y avait plus que Megan qui pouvait changer la donne et donner un peu plus de sens au mot famille.

« Si ça arrive, je veux plus jamais te revoir, t’as conscience de ça ? C’est clair ? » « J’avais compris le message la première fois que tu as mis les choses au clair … Je suis pas totalement débile, tu sais … » On pouvait avoir le bénéfice du doute mais en effet, Molly n’était pas idiote. Loin de là même. Elle avait appris à jouer sur les mots, sur les émotions. Elle avait appris pas mal de stratégie pour se sentir de pas mal d’embrouilles … et parfois, une de ces stratégies c’était de jouer l’idiote. Mais elle savait une chose : Megan était suffisamment bornée pour véritablement la supprimer de son existence si jamais elle se mettait à replonger le nez dans la poudreuse. Elle avait compris le message quelques mois auparavant et elle le prenait encore plus au sérieux … maintenant qu’elle savait que sa jumelle était suffisamment barrée pour lui coller un contrôle policier au cul. Chier sur sa liberté ne semblait pas être un souci. Comme quoi elles n’étaient pas si totalement différentes. « J’ai pas l’intention de te présenter des excuses pour … pour ce dont tu m’accuses. » Mols lâche un éclat de rire amusé parce qu’elle entend presque la voix de son père derrière ses paroles. Son père, le mythomane, préférait passer pour un enfoiré qu’avouer … même pris la main dans le sac. Alors elle finit par secouer la main parce qu’elle n’est pas comme ça, Molly. Elle n’est pas attachée aux excuses : sans doute car elle est la première à les utiliser à tout va et qu’elles finissent par perdre leur importance au bout d’un moment. Des mots vides. L’essentiel est que Megan soit là, toujours là.

« C’est des Versace. Evidement que ça donne un air de putain de Diva, c’est pour ça que c’est hors de prix. » Molly esquisse un sourire amusé. « T’as pas répondu à ma question. » qui finit par s’effacer en entendant cette phrase. Figée, elle l’observe. « Pourquoi est-ce que tu veux savoir ça ? En quoi ça a de l’importance ? J’ai cru comprendre que tu t’en branles royalement des raisons et des putains d’excuses que les junkies se trouvent pour expliquer leur comportement. » Son dos vient s’appuyer sur le dossier de sa chaise et elle croise les jambes pour caler sa cheville sur son genou et se mettre à jouer avec la boucle de ses lacets. Nerveuse. Possible qu’elle le soit. Elle n’est pas du genre à ouvrir son palpitant et ses fissures en pleine terrasse de café. Molly finit par secouer la tête de droite à gauche. « Par ennui. Par mimétisme. J’ai pas d’histoire triste à raconter qui pourrait justifier quoique ce soit … j’ai commencé parce que c’est ce que faisaient les gens « cools » de notre quartier et que je voulais être cool. » Elle lâche un rire. « Y’a ceux qui parviennent à s’en sortir et qui finissent par porter du Versace … et y’a ceux comme moi, qui pataugent toujours dans leur merde. » Elle hausse les épaules avant de lever son index en précisant : « pataugeait ! au passé »

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/lomapacks

« J’avais compris le message la première fois que tu as mis les choses au clair… Je suis pas totalement débile, tu sais… » - « T’es pas débile, mais j’ai quand même l’impression que parfois faut te dire les choses plusieurs fois pour que tu captes. » Peut-être parce qu’elle est têtue comme une mule, peut-être parce qu’elle pense que, de toute façon, elle ne se fera pas pincer si elle merde, peut-être parce qu’elle pense qu’elle pourra à nouveau réussir à m’attendrir avec des messages alarmants fallacieux. Je n’en sais rien, je m’en fous, j’aurais été claire avec elle et elle ne pourra rien me reprocher, tout comme elle ne pourra pas venir pleurnicher dans mes jupons et c’est avant tout de ça dont je voulais m’assurer. Et si elle croit pouvoir consommer sans que je ne le réalise cette fois, elle se trompe lourdement. Elle a réussi à me le cacher pendant plusieurs semaines quand nous nous sommes rencontrées, mais parce que je voyais uniquement ce que je voulais voir, la possibilité d’avoir un représentant de ma famille à mes côtés pour le jour censé être le plus important de ma vie. Maintenant que je sais à quoi m’attendre, elle n’aura plus la chance de me duper : je connais les junkies. Je sais les reconnaître mieux que personne ; les fois où j’ai tenté de me faire une idée de l’état de ma mère et de la confiance que je pouvais attribuer à ses promesses sont légion. Je suis devenue plutôt bonne à ce petit jeu. « Et tes antécédents en termes de foutage de gueule parlent pas pour toi. Maintenant, c’est clair au moins. »

« Pourquoi est-ce que tu veux savoir ça ? En quoi ça a de l’importance ? J’ai cru comprendre que tu t’en branles royalement des raisons et des putains d’excuses que les junkies se trouvent pour expliquer leur comportement. » - « Mais putain t’es conne ou tu fais exprès ? J’essaie Molly, j’essaie vraiment de m’intéresser à toi. » Pourquoi faut-il qu’elle soit sur la défensive ? Et pourquoi est-ce moi qui me retrouve à devoir me justifier ou à avoir l’impression que je dois le faire alors que je suis toujours restée droite dans mes bottes la concernant ? Certes, je n’ai pas été tendre avec elle. Certes, j’avais connaissance de son existence depuis des années et je n’avais pas cherché à la retrouver. Mais depuis, j’ai joué franc jeu avec elle, contrairement à la façon dont elle m’a traitée. « De te comprendre. » De comprendre pourquoi elle est… Comme elle est. En colère, sauvage, mesquine aussi, la plupart du temps. Elle n’est pas la dernière à attaquer Damon ou à frapper à l’aveugle en parlant de mon couple et en espérant qu’elle parviendra à me faire mal.

« Par ennui. Par mimétisme. J’ai pas d’histoire triste à raconter qui pourrait justifier quoique ce soit… J’ai commencé parce que c’est ce que faisaient les gens « cools » de notre quartier et que je voulais être cool. » Je laisse un rire sarcastique bref m’échapper, avant de secouer la tête. Notre mère au moins est tombée là-dedans par désespoir. Parce qu’une fois enceinte, elle a été mise à la porte de chez elle et qu’elle n’avait plus personne, même plus le père de ses filles, et qu’elle avait besoin d’échapper à la réalité. Je crois que, depuis un an, j’ai commencé à faire la paix avec elle. « Et alors ? Tu te trouves cool ? » Cool parce qu’elle boit, qu’elle fume, qu’elle prend des psychotropes, qu’elle fait la fête et qu’elle jure comme une charretière ? Est-ce que ça la rend heureuse ce mode vie qui manque à mes yeux de stabilité ? « Je trouve ça triste. Et assez déprimant. » Cela ne me donne que peu de foi en les gens comme elle. « Y’a ceux qui parviennent à s’en sortir et qui finissent par porter du Versace … et y’a ceux comme moi, qui pataugent toujours dans leur merde. Pataugeait ! Au passé. » - « J’ai pas toujours eu la chance que j’ai aujourd’hui, tu sais. » Mon mariage m’a mise à l’abri. Mais même après ça, ma situation est restée longtemps précaire – mon "accord" avec Saül ne tenait pas à grand-chose et j’aurais vite pu être jetée comme un outil trop usé – et, avant de le rencontrer, je me suis battue pour m’en sortir. « J’ai trimé pendant la majorité de ma vie. J’ai trimé pour pas tomber si bas - » Autrement dit, tomber dans la drogue et la dépravation. « J’ai trimé pour joindre les deux bouts sans avoir personne pour m’aider pendant des années, j’ai trimé pour avoir les opportunités que j’ai aujourd’hui et je trime tous les jours pour être quelqu’un de meilleur et mériter d’avoir quelqu’un comme Damon à mes côtés. » Je mérite ce qui m’arrive, je n’ai pas envie que quiconque puisse pendant qu’il s’agit d’une question de chance. « C'est pas de la chance. »  

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 @Megan Williams   

« T’es pas débile, mais j’ai quand même l’impression que parfois faut te dire les choses plusieurs fois pour que tu captes. » Point pour Megan, elle hoche la tête pour le lui accorder ce fameux point. « Et tes antécédents en termes de foutage de gueule parlent pas pour toi. Maintenant, c’est clair au moins. » Elle acquiesce de nouveau. Second point pour Megan.

« Mais putain t’es conne ou tu fais exprès ? J’essaie Molly, j’essaie vraiment de m’intéresser à toi. » Les oreilles aux aguets, la blonde est soudainement intéressée par le fait que sa sœur jumelle soit intéressée par elle. Par sa petite vie minable. Le but ultime est à portée de main. Elle sourit comme une gamine et en aurait presque les joues rosies alors qu’elle vient caler son coude sur la table pour finalement déposer son visage sur le revers de sa main. Elle essaie du mieux qu’elle peut de dissimuler les conséquences de cette phrase sur son petit être et son cœur de plomb. « De te comprendre. » Elle veut la comprendre. Elle est intéressée par elle pour essayer de la comprendre … et elle en a presque les chatouillis dans le creux de l’estomac alors que sa jambe se met de nouveau à se balancer dans le vide de manière nerveuse. Alors, elle n’a pas d’autres solutions que de prendre la parole et de tout lui dire. Tout ou presque.

« Et alors ? Tu te trouves cool ? » « Assez oui mais pas pour ça », qu’elle prend la peine de préciser même si la question n’attendait sans doute aucune réponse. « Je trouve ça triste. Et assez déprimant. » Elle roule des yeux, parce que c’est exactement ce qu’elle pense quand elle est honnête avec elle-même. Plutôt déprimant comme manière de vivre et de se considérer. Mais, elle fait partie de ceux qui ne sont pas parvenus à s’en sortir. Elle fait partie de ceux qui s’emparent d’une pelle et creuse leur trou, toujours plus profondément. « J’ai pas toujours eu la chance que j’ai aujourd’hui, tu sais. J’ai trimé pendant la majorité de ma vie. j’ai trimé pour pas tomber si bas. J’ai trimé pour joindre les deux bouts sans avoir personne pour m’aider pendant des années, j’ai trimé pour avoir les opportunités que j’ai aujourd’hui et je trime tous les jours pour être quelqu’un de meilleur et mériter d’avoir quelqu’un comme Damon à mes côtés. C’est pas de la chance. » « T’as pas besoin de me convaincre que tu fais partie de ceux qui sont parvenus à s’en sortir … », qu’elle finit par dire tout en laissant reposer sa main sur la table. « Et je n’ai jamais dit que c’était une question de chance. Je me doute que vu ton caractère de merde, tu t’en es sortie par toi-même. » Dans son monde, c’était un compliment. Le plus beau des compliments même. « Et tu comprends que c’est pas le genre de trucs que je dis en premier quand quelqu’un essaie de me connaître, on a pas vraiment envie d’entendre « triste et déprimant » pour qualifier sa vie quand on apprend à se connaître ... », elle hausse les épaules, « mais bon, je sais que ce sont les adjectifs qui conviennent le mieux. » Hélas.

« J’espère que t’as conscience que ton cas n’est pas une généralité et que tu relèves plus du miracle qu’autre chose, Megan. » Elle plante son regard dans le sien. A vrai dire, elle ne s’imagine pas faire un compliment mais elle en fait bien un. Sa sœur a en effet effectué un miracle. Elle s’en est sortie alors que la vie lui avait mis pas mal d’obstacles sur son chemin. Peu de monde pourrait faire la même chose.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/lomapacks

« Assez oui mais pas pour ça. » Si on me demande mon avis, Molly est tout sauf cool, mais certainement parce que nos descriptions divergent bien trop pour ça, parce que nos choix sont trop différents, aussi. Je trouve Jo cool, je trouve Charlie plus que ça encore et, dans une certaine mesure, j’arrive à avancer des arguments qui attesteraient que ce qualificatif peut même être appliqué à ma belle-mère. Mais Molly, et surtout le genre de vie qu’elle mène, c’est tout sauf cool.

« T’as pas besoin de me convaincre que tu fais partie de ceux qui sont parvenus à s’en sortir… » Ce n’est pas ce que je dis, c’est la notion de chance qui m’a agacée et poussée à construire un argumentaire, parce qu’elle sous-entend soit que je suis née avec une cuillère en argent dans la bouche, soit que la vie m’a souri et que c’est uniquement grâce à un certain nombre de miracles que j’en suis là où j’en suis. Sauf que ça, c’est entièrement faux. J’ai tiré un trait sur beaucoup de choses pour être là où je suis aujourd’hui – aimée, à l’abri du besoin et en sécurité – mon intégrité a fait partie du lot. Referais-je exactement les choses de la même façon ? Evidemment. Aurais-je aimé faire partie de ceux qui ont de la chance et ne pas avoir à me battre pour devenir quelqu’un ? Evidement, encore une fois. « Et je n’ai jamais dit que c’était une question de chance. Je me doute que vu ton caractère de merde, tu t’en es sortie par toi-même. » Si j’esquisse un sourire, c’est parce que c’est à mes yeux un compliment. La plupart du temps, j’agis comme si j’étais bien plus polie et mieux éduquée que je ne le suis réellement. Molly, elle, fait ressortir mes pires aspects et je ne suis pas la dernière à jurer en sa compagnie et à m’exprimer comme la gamine de cité que je suis réellement. « Et tu comprends que c’est pas le genre de trucs que je dis en premier quand quelqu’un essaie de me connaître, on a pas vraiment envie d’entendre "triste et déprimant" pour qualifier sa vie quand on apprend à se connaître... » - « "Malhonnête", c’est encore pire. » Et c’est ce qu’elle a été, soi-disant pour épargner sa fierté ou ses sentiments, si je lis entre les lignes de son discours. « Mais bon, je sais que ce sont les adjectifs qui conviennent le mieux. » - « Je peux en trouver d’autres s’ils te plaisent pas, mais c’est pas dit qu’ils te conviennent davantage. » J’esquisse un sourire amusé. Pour la première fois – ou depuis longtemps en tout cas – je me détend au contact de ma jumelle. Je plaisante, la preuve en est, je suis moins rigide, ma posture et mon langage corporel ne crient plus que je suis prête à me barrer d’un instant à un autre. « Ce que tu montres aux gens - » Je me reprends, décidée à faire un effort pour cesser de la diaboliser. « - ce que tu m’as montré jusque-là, c’est pas ça qui va me montrer que t’es plus que ça. » Malhonnête, triste et déprimante. Autrement dit, si elle veut que mon avis sur elle évolue, elle va devoir le faire également ou, en tout cas, faire ressortir d’autres potentiels aspects de sa personnalité peut-être profondément enfouis.

« J’espère que t’as conscience que ton cas n’est pas une généralité et que tu relèves plus du miracle qu’autre chose, Megan. » - « C’est pas un miracle. » Concept que je range dans la même catégorie que la chance. « Un miracle, c’est quand tu te mets à genoux pour prier tous les soirs en espérant que les choses tournent en ta faveur, et que pouf, d’un coup, t’es exaucée. » Un soupçon de mépris s’insinue dans ma voix, témoignant de ce que je pense de ceux qui ne se sont jamais battus pour rien. « Y’a pas eu de miracle. J’étais pauvre, non éduquée et seule, y’a rien qui me distingue du reste du monde. » Bien sûr que si et, le pire, c’est que j’en suis consciente. Je sais à quoi je ressemble, je sais qu’à ce niveau-là, je fais partie non seulement des chanceux, mais de ceux et celles qui sont assez beaux pour que ça en devienne indécent et que cela propulse des opportunités dans leur direction. Mais l’avouer, c’est admettre que je m’en suis tirée en partie parce que je suis belle, et je n’aime pas être réduite à ça. « Tu pourrais, toi aussi. Si tu t’en donnais les moyens. »  

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 @Megan Williams   

« Je peux en trouver d’autres, s’ils te plaisent pas, mais c’est pas dit qu’ils te conviennent d’avantage. » Le sourire amusé de sa jumelle a l’effet d’un feu d’artifice pour Molly. Elle ne peut pas cacher ni réprimer son sourire et penche la tête sur le côté, en affichant un faux air boudeur car elle sait mieux que quiconque que Megan pourrait avoir la capacité de lui sortir une liste longue comme son bras. « Non merci, on va se contenter de ceux-là pour aujourd’hui », qu’elle ajoute d’une voix rieuse en se rendant compte que quelque chose est en train de changer. Elle n'est pas en train de fuir. Elle n’est pas en train de chercher une méthode pour se barrer le plus vite possible. Megan semble même avoir offert un vrai sourire à sa sœur. Putain, les miracles existent finalement dans la vie de Biggs. « Ce que tu montres aux gens. Ce que tu m’as montré jusque-là, c’est pas ça qui va me montrer que t’es plus que ça. » Molly a tout simplement ras le cul de décevoir. On le lui a répété toute sa vie. Elle a été un échec : gamine non voulue, idiote incapable de retenir la moindre leçon, énorme souci de concentration, impulsive au point de balancer le ballon dans la tête de sa coéquipière au lieu de l’envoyer dans l’anneau. Elle a passé sa vie à se l’entendre dire, à le voir dans le regard des autres. Alors, ça a été sa technique pour survivre. Pour ne décevoir personne, il suffit de réduire au possible leur attente te concernant. Molly s’est donc dévouée à être une ingrate connasse, agressive, sarcastique, malhonnête … au moins, personne n'est déçu. Facile, non ? Pas envie de sortir les violons pour aujourd’hui, elle pince les lèvres et hausse les épaules : la technique habituelle pour ne pas avoir à déballer ce qu’elle a sur le cœur. Molly pourrait être une jeune femme drôle, sociable et honnête. Elle pourrait dire la vérité à sa sœur. Elle pourrait lui dire sincèrement ce qu’elle pense et combien elle est une paumée. Mais elle n’en fera rien. On ne change pas comme ça. On ne change jamais.

« C’est pas un miracle. Un miracle, c’est quand tu te mets à genoux pour prier tous les soirs en espérant que les choses tournent en ta faveur, et que pouf, d’un coup, t’es exaucée. » Elle claque des doigts, amusée car c’est exactement le miracle dont elle aurait besoin, elle. « Y’a pas eu de miracle. J’étais pauvre, non éduquée et seule, y’a rien qui me distingue du reste du monde. » A ses yeux, Megan est une super héroïne des temps modernes. Et ce trou du cul ne s’en rend pas compte. A ses yeux, Megan a atteint l’inaccessible. Molly ne s’imagine pas un seul instant réaliser la moindre ascension. Elle s’imagine patauger dans sa merde pour le restant de ses jours. « Tu pourrais, toi aussi. Si tu t'en donnais les moyens. » Le regard plongé dans le fond de son verre, elle relève la tête aussitôt en entendant cette phrase tout en laissant échapper un éclat de rire … pensant que sa sœur se fout de sa gueule. Mais apparemment, non.

Est-ce qu’elle a bien entendu ?
Megan pense qu’elle pourrait elle-aussi réussir à s’en sortir. Elle ne la voit donc pas que comme un parasite exécrable. Son cœur bat un peu plus vite dans sa poitrine et elle se mordille gênée la lèvre inférieure. Molly a désormais douze ans et vient de recevoir un compliment de la part de son idéal. Molly, la moule accrochée à son rocher, touchée par la peur de l’abandon, a le regard qui pétille. Sa sœur n’a pas encore baissé les bras. « Tu le penses vraiment ? », demande-t-elle avec prudence, les sourcils légèrement baissés. « Tu serais bien la première à penser ça et à oser le dire ouvertement … », elle soupire, « j’y ai cru aussi à une époque, faut pas croire. » Son regard se perd un instant sur les passants avant de se reposer sur celui de sa sœur. « Je ne suis pas qu’une connasse. Faut juste que j’apprenne à ne pas avoir à l’être tout le temps et avec tout le monde. » Genre avec le couple Williams, ça serait un bon début. « Enfin, faut pas s’attendre à un miracle de Noel non plus …. » qu’elle finit par dire avec ironie.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/lomapacks

« Non merci, on va se contenter de ceux-là pour aujourd’hui. » C’est bien ce qu’il me semblait. Molly n’a pas envie de connaître tous les qualificatifs qui me viennent à l’esprit quand je pense à elle. Peut-être un jour deviendront-ils positifs, mais je doute qu’elle soit capable de changer du tout au tout. Plus vraisemblablement, je finirai à nouveau par être déçue dans le meilleur des cas, blessée dans le pire, mais lorsqu’il est question de famille, je suis destinée à reproduire mes erreurs pour une raison simple : je n’aspire qu’à ça, ne pas être seule en ce monde. Il semble surprenant que je n’aie jamais cherché à entrer en contact avec mes grands-parents maternels ; j’ai simplement peur de n’être qu’une déception, un nuisible à leurs yeux.

« Tu le penses vraiment ? » Evidemment, Molly sombre dans le pathos et je lève les yeux au ciel et les laisse rouler dans leur orbite. Qu’elle se calme la blonde, je ne parlais même pas d’elle en particulier, plutôt de la capacité de tout le monde à prendre sa vie en main plutôt que de se laisser couler. « Ouais enfin t’emballes pas. Ce que je veux dire, c’est que tout le monde peut le faire, pas que t’es le messie contemporain. » Elle a le chic pour faire une montagne de pas grand-chose, Molly. Elle est la reine de l’exagération et de théâtral et moi, je suis agacée par son excessivité. « Tu serais bien la première à penser ça et à oser le dire ouvertement… J’y ai cru aussi à une époque, faut pas croire. » - « Ouais bien la nuance, c’est qu’il suffit pas d’y croire pour que ça arrive. » Il faut forcer la main du destin, il faut s’en emparer pour le contrôler plutôt que de subir les événements. Moi, je suis devenue maître du mien, malgré les sacrifices que ça a demandé en chemin.

« Je ne suis pas qu’une connasse. Faut juste que j’apprenne à ne pas avoir à l’être tout le temps et avec tout le monde. Enfin, faut pas s’attendre à un miracle de Noel non plus… » - « Si tu l’es tout le temps et avec tout le monde, laisse-moi douter que tu sois autre chose que ça. » C’est facile, de prétendre qu’au fond on voudrait bien faire sans jamais agir pour changer son attitude. « Change pour de vrai plutôt que de prétendre que tu vas le faire. Peut-être que là, les gens te croiront quand tu diras que t’es pleine de bonnes intentions. » Je suis dure avec elle et consciente de l’être. Je crois qu’au fond, la façon dont elle m’a presque couru après pour que je la pardonne me donne la sensation d’avoir du pouvoir sur elle, et je ne suis pas le genre de femme faite pour avoir du pouvoir sur quiconque entre mes doigts. Dans quatre vingt dix pour cent des circonstances, j’en userai et abuserai. « Comment par régler l’addition, d’accord ? » Je termine mon verre en esquissant un sourire plus détendu, avant de héler le serveur pour commander un café – il est le milieu de l’après-midi après tout.

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 @Megan Williams   

« Ouais enfin t’emballes pas. Ce que je veux dire, c’est que tout le monde peut le faire, pas que t’es le messie contemporain. »Trop tard. Molly a enregistré ce qu’elle a bien voulu enregistrer. Elle n’écoute pas ou plutôt, elle n’entend pas les phrases de sa jumelle. Elle préfère se concentrer sur ce qu’elle veut bien avoir entendu. Elle a entendu que sa sœur avait encore de l’espoir et voyait sa jumelle comme quelqu’un avec du potentiel. Bordel, voilà que Molly avait encore plus envie de faire partie de sa vie, de rendre sa sœur fière, de la voir la regarder avec le regard pétillant de fierté. Elle et sa foutue peur de l’abandon. « Ouais bien la nuance, c’est qu’il suffit pas d’y croire pour que ça arrive. » Elle acquiesce à plusieurs reprises tout en prenant un air sérieux, comme si elle prenait vraiment au sérieux les dires de sa sœur. Oui, elle n’allait pas qu’y croire, elle allait lui montrer qu’elle peut elle aussi s’en sortir. La candide idiote s’imagine déjà avoir une couronne sur la tête, être la reine de … son univers et pouvoir dire et montrer : regarde, je ne suis pas qu’une putain de raté, moi aussi je peux réussir et me par ces putains de lunettes de soleil versace. N’allez pas croire qu’elles allaient les oublier, ces foutues lunettes.

« Si tu l’es tout le temps et avec tout le monde, laisse-moi douter que tu sois autre chose que ça. Change pour de vrai plutôt que de prétendre que tu vas le faire. Peut-être que là, les gens te croiront quand tu diras que t’es pleine de bonnes intentions. » Là, elle commence à un peu trop parler de manière négative la sœur et Molly sent déjà le vent tourner. Faut pas être idiote, il ne faut pas trop la laisser sur ce terrain sinon elle va se souvenir de combien elle est pourrie jusqu’à la moelle. Mauvaise idée. « Commence par régler l’addition, d’accord ? » « C’que tu peux être rabat-joie parfois », qu’elle réplique en agitant la main. « Mais je vais la payer cette addition si tu m’assures de ne pas abuser non plus sur les commandes farfelues … » Sourire candide, alors qu’elle hausse les épaules. Bah oui, elle ne roule pas sur l’or et elle compte les billets Molly. Faut pas croire qu’elle soit totalement déglinguée dans son mode de vie.

« Tu vois, on peut passer du temps … normal … ensemble sans que je n’ai crée la fin du monde, sans que tu n’es envie de m’arracher les yeux … on progresse, non ? », qu’elle ajoute en lui donnant un petit coup du plat de la main sur le bras, comme elle l’aurait fait avec une amie de son quartier, oubliant pendant une seconde qu’elle partage un café avec la reine d’angleterre.

rp terminé