Vinnie attendait avec impatience la visite de James, son rendez-vous du soir. Il avait pris le temps de se préparer, prenant une douche et choisissant soigneusement sa tenue. Il avait opté pour un pantalon en toile bleu marine, un tee-shirt blanc imprimé de petites fleurs de la même couleur que son pantalon et il avait ajouté un petit foulard bleu autour de son cou. Bon au moins, niveau tenu, il ne serait à la hauteur de James. Il voulait que tout soit parfait pour cette soirée passée ensemble. Même si Vinnie s’interdisait les rêveries auxquelles son cœur aimerait se laisser à aller. Cependant, alors qu'il vérifiait l'heure, il se rendit compte qu'il avait encore un peu de temps avant l'arrivée de James. Il décida de mettre à profit ce temps libre pour travailler sur ses cours du soir. Il avait entrepris de décrocher son diplôme et s'était fixé un défi personnel pour y parvenir. Beaucoup de concentration et de travail. Mais seul, ce n’était pas toujours facile. La rédaction d'un devoir sur l'anatomie était sa tâche du jour, une matière exigeante qui le poussait hors de sa zone de confort. Lui, le petit gars qui avait eut du mal à finir le lycée, qui avait obtenu son diplôme sur le fil, il était déterminé à poursuivre son éducation, même si cela nécessitait beaucoup de travail. Et qu’avec ses horaires, ce n’était pas toujours simple d’arriver à rendre les devoirs à l’heure.
Malheureusement, Vinnie, peu habitué à étudier, cherchait encore une méthode qui lui convenait. Il avait beaucoup de mal à rester concentré et à faire rentrer quelques chose dans sa tête abimée par la vie. Mais, sa motivation, elle, était sans égale. Il avait bien remarqué en se comparant à ces collègues et à James qu’il était… Idiot. Il n’avait que peu de culture et il se demandait même comment James pouvait prendre plaisir à parler avec lui. Alors souvent, Vinnie essayer de se renseigner sur un sujet dont lui avait parlé son ange gardien afin de pouvoir lui répondre si le sujet venait à revenir sur le tapis. Dans le but de ne pas être déconcentré, il enfila des écouteurs dans ses oreilles. Il fouilla un moment sur son téléphone avant de lancer une playlist de musique. Il aurait bien mis quelque chose de plus dansant, mais des paroles risquaient de le détourner de sa tâche, et il ne voulait rien laisser au hasard. Il plongea dans ses cours, se forçant à se concentrer sur les complexités de l'anatomie, luttant pour assimiler les informations et les concepts. Cela faisait cinq minutes et déjà, il avait envie de manger son cahier. C'était un défi, mais Vinnie était déterminé à réussir. Il voulait obtenir son diplôme et montrer à James le chemin parcouru depuis ses premiers jours difficiles. Le secret de ses cours du soir, il le gardait bien précieusement, voulant surprendre le créateur de mode avec le résultat de ses efforts et lui montrer qu'il pouvait relever n'importe quel défi, aussi exigeant soit-il. Et puis, le secret avait un avantage, s’il n’obtenait pas le diplôme, il n’aurait pas à subir la honte de devoir l’avouer à son sauveur. Il y avait beaucoup de chose en jeu, beaucoup de sentiments, certains interdits, d’autre plus simple à gérer. Mais il savait qu’il fallait qu’il surmonte tout ça. La journée au travail cependant avait été compliquée, son poignet en portait, les marques rouge vif de l’élastique qui avait frappé encore et encore sa peau caramel. Ses pulsions, il avait remarqué, étaient plus fortes quand il était fatigué. Il massa inconsciemment son poignet meurtrit avant de soupirer et de se remettre à écrire.
Plonger dans ses pensées, et surtout la musique dans ses oreilles, il n’avait pas entendu frapper à sa porte. Teddy, lui le chat à trois pattes, avait relevé la tête, mais son maître ne le regardant pas, il ne s’en était pas rendu compte.
Ce serait mentir que de prétendre que la situation suite au départ de Flora ne le frustrait pas, aucune démission ne l'ayant jamais affecté comme avait pu le faire celle de sa cousine, dont les mots résonnaient encore dans son esprit. S'il se doutait qu'une certaine déception l'avait envahi suite à la promotion de Shiloh, il n'aurait jamais pensé qu'un aussi grand mal-être l'habitait et qu'elle avait contenu toutes ces choses jusqu'au moment de son départ, sans doute propice à vider son sac pour partir le cœur plus léger. Il ne lui en voulait pas réellement, James, aussi déçu soit-il par le caractère injuste d'une partie de ses propos, mais il ne savait pas très bien comment ils étaient censés faire maintenant qu'un gouffre semblait s'être creusé entre eux. Ironiquement, leur relation n'avait toujours connu que de légers différends et Flora et lui ne s'étaient jamais opposés sur des sujets sérieux ou risquant réellement de mettre leur relation à mal. Aujourd'hui, il lui semblait qu'un mal difficilement réparable y avait été causé et c'est le cœur plus lourd qu'il ne l'aurait voulu qu'il avait roulé jusqu'à chez Vinnie avec l'espoir sans doute d'au moins pouvoir oublier cette histoire pour la soirée. Les deux hommes avaient convenu de se voir comme ils en avaient l'habitude, James aspirant toujours à s'assurer que le brun s'épanouissait et prenait ses marques dans cette nouvelle vie sans doute encore déstabilisante à certains égards. Ce n'était pas une manière pour lui de le surveiller et de s'assurer qu'il ne retombait pas dans ses vieux travers, simplement un moyen de lui réitérer son soutien et de lui rappeler qu'à défaut de peut être pouvoir se fier à grand chose, il pouvait au moins avoir toute confiance en lui. Parce qu'aussi vrai que James avait toujours ses propres intérêts à cœur et était prêt à bien des manœuvres pour les servir, il ne lui avait pas menti le jour où il l'avait pris sous son aile. Parce que son sort lui importait réellement et que si ça n'avait pas été le cas, il n'aurait pas dépensé autant d'énergie à lui faire une place à ses cotés. Grimpant les marches menant à l'appartement qu'il avait mis à son entière disposition lorsque Vinnie avait eu besoin d'un endroit où reprendre sa vie en mains, James se présenta à sa porte et sonna sans attendre. Une fois, deux fois, puis assez de fois pour que son silence l'interpelle : qu'avait-il de plus important à faire que de lui ouvrir ? Ça n'était pas comme si sa visite était une surprise, ou comme s'il ignorait à quel point sa patience était une chose fragile dont on venait rapidement à bout.
James je suis devant ta porte. viens m'ouvrir.
Une poignée de secondes s'écoula avant qu'il entende finalement le trousseau de clés s'agiter depuis l'autre coté de la porte, celle-ci ne tardant pas à s'ouvrir sur la silhouette de Vinnie, que James dévisagea un instant avant de souffler. « T'en as mis du temps. J'interromps quelque chose ou tu t'étais juste endormi ? » James se fendit de ce commentaire au moment de s'inviter à l'intérieur, à peu près certain que Vinnie n'aurait pas invité quelqu'un chez lui alors qu'il était convenu qu'ils se voient et qu'il le connaissait assez pour savoir qu'il n'avait aucune intention de tenir la chandelle. Il pouvait bien voir qui il voulait sans que ça ne lui pose le moindre problème, tant que ça ne compromettait pas les efforts qu'il faisait pour s'en sortir et pour laisser ses mauvaises habitudes derrière lui. C'était la seule chose qui pourrait lui valoir de veiller d'un peu plus près à ses fréquentations : Vinnie n'avait pas fait tout ce chemin pour retomber entre les mains de petits voyous. « Je comprends mieux pourquoi tu m'as pas entendu sonner. » Lorsqu'il nota la présence d'écouteurs sur le canapé, il comprit qu'il avait vraisemblablement voulu se couper du monde et n'avait simplement pas vu passer l'heure. Vinnie pouvait avoir un coté rêveur alors ce genre de choses ne l'étonnaient pas vraiment, et James n'était pas dans d'assez mauvaises dispositions pour être tenté de lui en tenir sérieusement rigueur, heureusement. « C'est un peu en désordre chez toi, tu devrais... » Alors qu'il s'apprêtait à lui conseiller de faire appel à l'entreprise de ménage qu'il lui avait conseillé le jour où il lui avait remis les clés de cet appartement, James fut interpellé par la présence de bouquins sur la table basse du salon. Des bouquins d'un genre particulier et que tout le monde ne possédait généralement pas dans sa bibliothèque. Ici, c'était comme si Vinnie avait tenté de les ranger mais n'en avait pas eu le temps, sans que James sache exactement pourquoi il aurait voulu les lui cacher. Ce n'était peut être pas en phase avec ses propres centres d'intérêts, mais ça n'était pas plus honteux qu'un magazine érotique vulgairement planqué sous un matelas.
« C'est quoi, des bouquins de science ? Tu te passionnes pour ce genre de choses ? » A les voir, ils n'avaient pas l'air anciens ni poussiéreux, les chances pour qu'il les ait récupéré dans une brocante pour une bouchée de pain étaient donc assez faibles, et il avait un peu de mal à imaginer Vinnie les acheter au prix fort simplement pour son plaisir personnel. James avait beau y songer, il ne voyait pas vraiment d'explication à la présence de ces bouquins chez lui, mais il ne prétendait pas connaître sa vie sur le bout des doigts ni savoir quelles passions il entretenait sur son temps libre. Il lui avait peut être tendu la main et donné une deuxième chance quand beaucoup rechignaient probablement à le faire, mais il était parfois tenté d'oublier que Vinnie et lui avaient appris à se connaître sur le tas, par la force des forces et parce qu'il était rapidement devenu une figure importante de son quotidien. Alors, son regard sondant le sien comme pour obtenir des réponses, il réalisait qu'ils avaient sans doute encore un peu de chemin à parcourir pour qu'ils puissent prétendre ne plus avoir de secrets l'un pour l'autre.
Pourquoi est-ce qu'il fallait étudier l’anatomie humaine pour comprendre celle d’un chat ? C’était la plus grande question de Vinnie à l’heure actuelle. Son crayon tapait sur le coin du livre qu'il utilisait pour réviser. Les minutes s'égrainent et pourtant son devoir lui n'avançait guère. Vinnie avait totalement perdu la notion du temps. Il ne savait pas par quel bout prendre son devoir. Son cerveau ressemblait à un chewing-gum trop mâché. Mais après sa journée de travail, se mettre au travail scolaire, c'était un exercice difficile. Il avait juste envie de se plonger dans une baignoire, avec de la mousse et un verre de vin. Heureusement pour lui, il n'avait pas de baignoire et il avait un rendez-vous. S'il avait levé la tête de ses notes, il aurait vu que Teddy avait entendu du bruit à la porte d'entrée et qu'il grattait le battant de bois. Il avait sûrement reconnu l'odeur de James. Ce n'est que les vibrations de son téléphone et le brusque changement de tonalité de sa musique qui le força à sortir de sa bulle. Et l'horreur se dessina sur son visage quand il vit le message qu'il venait de recevoir.
James je suis devant ta porte. Viens m'ouvrir.
Il arracha presque les écouteurs de ses oreilles. Il n'eut pas le temps de penser à cacher ses fournitures scolaires ni même son devoir commencé à moitié. Il s'observa rapidement dans le reflet d'un miroir de l'entrée pour mettre de l'ordre dans sa tenue. Il voulait être à son avantage. Même si c'était une pensée parasite qu'il tentait de faire taire. Il fit tourner la clé dans la serrure et ouvrit en tentant de sourire, sûr de lui. -”Hein ? Ho non. Non. J'étais hum… J'écoutais de la musique. Je. Pardon. Je suis désolé. Tu vas bien ? Fais euh… J'allais dire faire comme chez toi… Mais tu es chez toi.” Vinnie se mordit un peu la lèvre. Oui. Il savait que son ménage laissait à désirer. Mais entre le travail. Les études. Le sport, il lui restait peu de temps. Enfin, c'était propre. Juste… Désorganisé. Il tenta futilement de ranger quelques vêtements qui traînaient avant que James ne fasse une remarque sur ses livres.-”Ho... Euh, ça, c'est juste une fille qui les a oubliés à la salle de sport et je ne voulais pas quand les lui volent alors… Je les lui rendrai demain !” Il les rassembla et les déplaça dans un coin sombre d'une des étagères. Vinnie n'avait pas vraiment laissé sa marque dans l'appartement. James le lui prêtait. Mais il ne voulait pas s'imposer. Donnez l'impression de profiter. Il savait qu'on n'était pas chez lui. Il poussa donc les livres dans le fond d'une étagère, espérant que le sujet serait clos. Il avait cependant oublié son devoir qui avait glissé sous la table basse. -”Je ne savais pas si tu aurais mangé ou pas. Alors, je me suis arrêté prendre quelques plats au thaï. Mais tu veux peut-être boire quelque chose avant.” Vinnie n'était pas aveugle et surtout, il avait à cœur les intérêts de James. Certainement plus que ce dernier pensait. Et l'ancien SDF était au courant pour ses soucis d'alcool. Ainsi, il n'avait pas d'alcool dans l'appartement. -”J'ai trouvé une recette de lassi. C'est une recette traditionnelle d'Inde. J'en ai fait des litres… Tu veux goûter ?” Il sourit et sortit deux grands verres d'un placard et un pichet de lassi. -”Sinon. Tout va bien ? On ne s'est pas beaucoup vu ces derniers jours.”
Il n'avait attendu qu'une poignée de minutes devant la porte de l'appartement et n'avait heureusement pas eu le temps de s'impatienter et d'ameuter la moitié des voisins, mais ça n'empêcha pas James de laisser échapper un soupire soulagé lorsque le brun lui ouvrit. -”Hein ? Ho non. Non. J'étais hum… J'écoutais de la musique. Je. Pardon. Je suis désolé. Tu vas bien ? Fais euh… J'allais dire faire comme chez toi… Mais tu es chez toi.” Quelque chose lui paraissait inhabituel dans la façon que Vinnie avait de le recevoir, et l'impression qu'il avait d'avoir interrompu quelque chose se faisait un peu plus forte de minute en minute. Peut être bien qu'il était effectivement seul dans cet appartement, mais de ce qu'il en savait ça n'avait jamais empêché personne de prendre du bon temps. Non pas qu'il compte réellement lui poser la question. « C'est ma visite qui te rend aussi nerveux ? J'ai vraiment l'impression que je t'ai surpris entrain de faire disparaître un corps dans ta baignoire. » Il releva d'un air amusé, pas tant parce qu'il espérait le déstabiliser et lui faire cracher le morceau que parce que ça avait presque quelque chose d'attendrissant, de le voir perdre ses moyens de la sorte. Quoi qu'il ait été entrain de faire avant sa visite, James était à peu près certain que ça n'était rien de bien sorcier, alors il ne s'en inquiétait pas vraiment. « Détends-toi, d'accord ? Je suis passé voir si tout allait bien, pas inspecter chaque recoin de l'appart. » Ainsi il n'irait même pas jeter un œil dans sa chambre pour s'assurer qu'elle était vide. Vinnie pouvait bien profiter de la compagnie de qui il voulait et s'il lui avait prêté cet appartement, c'était aussi pour qu'il s'y sente chez lui. Alors il pouvait y recevoir du monde, tant que ça n'était pas des petits caïds risquant de lui attirer des ennuis. La présence de ces bouquins de science, elle, attira forcément l'attention d'un James particulièrement attentif aux détails, et inévitablement intrigué. ”Ho... Euh, ça, c'est juste une fille qui les a oubliés à la salle de sport et je ne voulais pas quand les lui volent alors… Je les lui rendrai demain !” - « J'oublie parfois que tu es aussi altruiste. » Il souffla sans que ça n'ait rien d'un reproche, presque comme s'il l'avait pensé tout haut, plus habitué à côtoyer l'égoïsme et l'individualisme dans un milieu comme le sien. « Entre nous, ça m'étonnait un peu que tu puisses lire ça sur ton temps libre. Ça doit pas être tellement amusant, comme lecture. » Il reconnaissait volontiers que les sciences n'avaient jamais été son point fort et qu'il avait cultivé une âme artistique dès son plus jeune âge, pourtant suffisamment curieux et sensible aux questions profondes pour reconnaître que ça n'était pas totalement dénué d'intérêt à ses yeux.
-”Je ne savais pas si tu aurais mangé ou pas. Alors, je me suis arrêté prendre quelques plats au thaï. Mais tu veux peut-être boire quelque chose avant.” Vinnie n'était pas seulement altruiste, il était aussi prévenant et ce genre d'attentions désarçonnaient toujours un peu James. Il se demandait parfois s'il s'y sentait obligé, si c'était sa manière de le remercier pour ce qu'il faisait pour lui et s'il avait l'impression de devoir lui être redevable de cette manière. Une part de lui espérait que non, mais une autre restait consciente que des coups de mains, Vinnie n'en avait pas souvent eu au cours de sa vie. « J'ai pas dîné, mais t'étais pas obligé. J'aurais pu passer me prendre quelque chose en rentrant. » Il se serait arrêté à ses adresses habituelles, aurait peut être même improvisé un dîner en solitaire dans l'un des restaurants où il avait ses habitudes. Ou bien il aurait sauté le dîner, ce qui n'aurait rien de surprenant lorsqu'on connaissait James. -”J'ai trouvé une recette de lassi. C'est une recette traditionnelle d'Inde. J'en ai fait des litres… Tu veux goûter ?” Un nom qui ne sonnait pas comme quelque chose de familier, mais il faut dire que ses goûts en matière de cuisine – et de boissons – restaient résolument classiques en dehors de la nourriture asiatique qu'il lui arrivait de consommer avec Flora du temps où ils veillaient tard à l'atelier. « J'ai aucune idée de ce que c'est, mais j'imagine que je peux pas mourir idiot. » Il souffla d'un ton songeur, attendant sans doute d'être convaincu. « C'est sans alcool ? » C'était devenu une habitude bien malgré lui, de s'en assurer dès qu'il goûtait à quelque chose d'un peu plus exotique, s'efforçant à chaque fois de refréner la vague de frustration que ça réveillait aussitôt chez lui. Parce qu'il détestait cette situation, autant qu'il détestait que son entourage en soit témoin.
-”Sinon. Tout va bien ? On ne s'est pas beaucoup vu ces derniers jours.” Il le réalisait en même temps que Vinnie le faisait remarquer, James, au point peut être de s'en vouloir rien qu'un peu. « C'est vrai, j'ai pas eu une minute à moi. Il a fallu que j'embauche du renfort à l'atelier suite au départ de Flora, on croule toujours sous les commandes en fin d'année en plus de préparer les événements de l'an prochain. Mais tu me connais, j'aime cette effervescence. » Ainsi donc, si on voyait les choses exclusivement sous cet angle, James allait bien. Le boulot avait toujours été une constante rassurante dans sa vie et c'était encore plus le cas en ce moment et alors que son équilibre était des plus précaires. Il s'y réfugiait deux fois plus pour ne pas penser à boire. Pour ne pas penser tout court, souvent. « Et toi, tu t'en sors entre le travail et le reste ? Je sais que je t'en demande parfois beaucoup, alors si par hasard tu voulais prendre quelques congés pendant les fêtes, on peut en discuter. » Il n'était pas toujours des plus généreux en la matière, mais il savait aussi s'adapter. Vinnie ne lui avait encore jamais rien réclamé et quelque part, il cherchait peut être à lui faire comprendre qu'il en avait le droit, qu'il en faisait suffisamment pour que la question soit au moins effleurée. « T'as l'air de te plaire, ici. T'as été remplir un peu ta penderie comme je te l'avais conseillé ? Parce que sinon, je peux te faire venir au showroom à l'occasion et organiser des essayages. Il s'était déjà assuré de lui fournir de quoi remplir ses placards mais aux yeux de James, pour qui chaque occasion nécessitait une tenue singulièrement différente et unique, ça n'était jamais assez. Il voulait que Vinnie se sente libre de porter autant de costumes sur-mesure qu'il le souhaitait, qu'il ne s'inquiète ni du prix ni de quoi que ce soit d'autre, rien que pour se sentir important. Il voulait le savoir épanoui et croyait presque naïvement que personne ne l'était davantage qu'avec un dressing plein à craquer. C'était sans doute l'un de ses toxic traits, à bien y réfléchir. « Mais je voudrais pas que tu penses que c'est ma manière de m'assurer que tu fais pas d'infidélités à Weatherton. » Cette remarque, James la glissa dans un demi-sourire amusé. Personne n'était entièrement fidèle à une marque, pas même lui qui avait noué assez d'amitiés parmi l'élite de designers qu'il avait rejoint des années plus tôt pour honorer le travail de ceux qu'il admirait sincèrement. Dominer le marché de la mode en Australie et vous mesurer aux plus grandes Maisons de couture à l'international vous valait d'avoir toute confiance en votre travail ; et des personnes pour rester religieusement fidèles à ses créations, il y en avait bien assez pour qu'il n'en fasse pas un sujet d'inquiétude. Mais ce qu'il voulait vraiment dire par là, c'est qu'il n'avait pas tendu la main à Vinnie et ne lui avait pas offert ce confort pour attendre quoi que ce soit en retour. Voilà le véritable sens de sa remarque.
-”Crois-moi, si je devais faire disparaître un corps, je n’utiliserais pas ta baignoire… Il y a des façons bien plus… Euh. Laisses tomber.” Il sourit un peu et attendit que James soit entré avant de fermer derrière lui. Teddy, lui, vient miauler avant de venir se faufiler entre les jambes du créateur de mode, se frottant contre son pantalon noir qui devait couter trois salaires de son maître. Mais qu’est-ce qu’il en avait à faire lui ? Il était heureux, ronronnant de revoir James, partageant sa joie et ses poils avec lui. Pendant que James scannait la pièce et tentait de le rassurer quant à sa présence ici, Vinnie avait glissé un peu de son désordre dans un des placards de l’entrée. Notant mentalement de se garder deux heures demain pour faire son ménage. Il roula en boule un tee-shirt à l’effigie de Batman et une paire chaussette avant de tendre le bras pour lancer le tissu à travers la porte ouverte de la salle de bain. Panier. -”Yes !” Il sourit avant de se souvenir qu’il n’était pas seul et il passa une main dans ses cheveux. -”Oui je sais bien. Mais j’aurais dû faire du rangement avant que tu arrives. Mais je suis juste tellement… Épuisé ! J’ai tellement de chose à faire et à penser que je dois faire des choix et j’avoue que j’ai placé le rangement en bas de ma liste… Tu mérites mieux que ça quand tu viens me voir. Surtout dans un appartement que tu prêtes gracieusement. Mais je te jure que c’est propre, c’est juste, un manque cruel d’organisation et un peu de flemme…” Il se mordilla la lèvre, il aurait aimé montrer à James qu’il arrivait à tout faire et même plus. Mais il devait revenir sur terre, il n’était pas un surhomme et les journées n’avaient toujours que vingt-quatre heures. -”Je sais que tu m’avais parlé d’une boîte qui pourrait faire mon ménage… Mais ce sont des dépenses de luxe.” Ce n’était pas une façon détournée pour demander de l’argent ou une augmentation. Non, Vinnie vivait très bien avec son salaire plus que généreux. Notamment si on regardait ses qualifications pour le travailler demandé et le fait qu’il était logé gracieusement. C’était seulement un fait. L’ancien sans abris n’était pas du genre à jeter son argent par les fenêtres et il avait deux bras, deux jambes fonctionnels, il était hors de question qu’il paye quelqu’un pour faire ses tâches à sa place. Pas qu’il ne rêverait pas d’être servie et de mener la grande vie, mais il savait la chance qu’il avait et il savait aussi que la vie donnait, mais pouvait tout aussi bien reprendre. Donc il préférait mettre de l’argent de côté tous les mois, plutôt que de jouer aux paniers percés.
Une fois les livres cachés, il sourit un peu en secouant la tête. Altruiste ? Est-ce qu’il l’était vraiment ? Il n’en savait rien, il faisait ce qu’il pouvait pour se rendre utile. Mais là, accepter ce compliment était un peu gênant, puisque les livres étaient à lui. Et mentir à James… Il avait horreur de ça. Il avait l’impression d’avoir un goût de cendre dans la bouche. -”Je… Merci. Ho, tu sais… J’ai un peu regardé du coup. Il y a des choses intéressantes…” Oui bon, ça lui donnait souvent mal au crâne, mais c’était intéressant ! Et il était content parce que quand il avait acheté les livres, c'était du chinois, maintenant, c’est plus ou moins compréhensible. Mais il ne voulait pas s’attarder sur le sujet des livres, il ne voulait pas s’enfoncer dans son mensonge.
-”Et tu aurais mangé seul ? Non, non, non… J’ai acheté la nourriture en pensant à toi. Et je suis tellement heureux qu’on puisse passer la soirée ensemble. Sortir de ton atelier te fait du bien !” Tout en parlant, il sortit le lassi du frigidaire, mit le pichet sur un plateau et ajouta deux grands verres qu’il porta sur la table basse du salon. Teddy lui qui d’habitude collait son maître comme une moule colle son rocher, avait décidé de faire l’honneur à monsieur Weatherton de le choisir comme compagnon du soir. -”Je n’ai pas d’alcool dans mon appartement. Mens sana in corpore sano.” Dit-il en souriant. C’était un peu de la mauvaise foi, parce que quand il sortait, Vinnie n’était pas le dernier pour la bouteille. Mais, il ne voulait pas mettre James dans une situation délicate. -”C’est une boisson à base de lait, de yaourt et de mangue…” Il servit deux verres et vient trinquer avec James avant de gouter son mélange. C’était bon et frais. Il se laissa tomber dans le canapé, essayant de ne pas froisser le pantalon qu’il avait choisi exprès pour la soirée avant de sourire un peu. -”Ce n’était pas une critique. Je sais que tu es occupé. Et je suppose que comme tous les génies, tu as autre chose à faire que de prendre du bon temps. Mais je suis ton ami ET ton garde du corps ? En tout cas, je suis responsable de ta sécurité et donc également de ta santé… Il faut que tu fasses un peu attention à toi.” L’anglais porta de nouveau son verre à ses lèvres avant de hausser les épaules en souriant. -”Moi ? Je suis occupé. Mais je ne vais pas me plaindre. Tu es en train de dire qu’il faut que je demande des vacances ? Tu sais quoi ? J’en prendrai quand tu en prendras…” Donc jamais. Il ne dit pas les derniers mots à voix haute, mais il les pensait très fort. -”Et puis de toute façon, les fêtes, c'est pour la famille. Et je suis seul, autant que je travaille plutôt que de déprimer en pyjama dans le canapé.” Il tendit la main pour passer ses doigts dans les poils de Teddy qui était venu se mettre près de lui.
-”Oui, c’est vraiment un bel appartement et le quarter est vraiment super. Je sais que je n'ai pas trop travaillé la décoration, mais… Je ne veux pas donner l’impression d’abuser. Je veux dire, je ne veux pas imposer ma décoration.” De toute façon, autant il était passionné de mode, autant la décoration… Du moment qu’il avait un lit, un canapé, une table et une chaise, il était plutôt content. Et puis les bibelots, c'était bien joli, mais il fallait les dépoussiérer après. Et il avait encore parfois cette peur irrationnelle, mais bien présente qui le réveillait en pleine nuit, que James change d’avis et le foute dehors manu militari. Donc autant ne pas avoir trop d’objets à devoir trimballer sur un bout de trottoir par la suite. -”Je…” Il allait répondre, mais la phrase de James le stoppa net et il se figea avant de le regarder lentement. Son esprit tendait à cacher sa réaction, mais ses yeux brillaient comme un soleil. -”Un showroom.. ?” Il avait envie de dire oui, de prendre James dans ses bras et de lui demander de le faire tout de suite ! Qui aurait imaginé un jour dans la petite ville portuaire de Portsmouth que Vinnie la malice serait assis dans un salon avec James Weatherton en train de parler de la possibilité d’un showroom privé ? Personne. Pas la police, pas sa mère, pas les éducateurs et pas même Vinnie. Il se racla la gorge, tenta de cacher ses sentiments en prenant une grande gorgée de sa boisson et sourit un peu. -”Je sais que tu n’es pas sérieux, mais merci de la proposition. Ne t’en fais pas, je ne suis pas nu. J’ai les quelques vêtements que tu m’avais offerts au tout début. Et j’ai acheté des choses plus simples à porter pour tous les jours.” L’ancien sans abris rigola un peu quand James parla de faire des infidélités. S’il savait que Vinnie lui était bien plus fidèle qu’il ne pouvait l’imaginer. Enfin, non, il ne valait mieux pas. -”Je m’achète du Weatherton aussi souvent que possible, mais ce n'est pas donné. Mais bon, j’ai lu quelque part que le créateur à la tête de la maison était un véritable génie, donc le génie à un prix.” Dit-il dans un sourire et un clin d’œil. -”J’achète beaucoup de seconde main aussi. Mais je trouve des pépites. D’ailleurs en parlant de mode et de vêtement… Tu m’apprendrais à coudre ? J’ai trouvé une veste magnifique, mais il lui manque des boutons… Et je me dis qu’au lieu de dépendre des autres… Je pourrais apprendre du meilleur.”
-”Oui je sais bien. Mais j’aurais dû faire du rangement avant que tu arrives. Mais je suis juste tellement… Épuisé ! (…) Tu mérites mieux que ça quand tu viens me voir. Surtout dans un appartement que tu prêtes gracieusement. Mais je te jure que c’est propre, c’est juste, un manque cruel d’organisation et un peu de flemme…” Que Vinnie éprouve le besoin de se justifier avait un coté presque attendrissant, James n'irait pas le nier, même si ça le désespérait toujours un peu qu'il réagisse comme s'il n'était pas chez lui et que l'anglais risquait de lui faire subir une inspection d'un moment à l'autre. -”Je sais que tu m’avais parlé d’une boîte qui pourrait faire mon ménage… Mais ce sont des dépenses de luxe.” - « Mais des dépenses nécessaires. Ma femme de ménage m'évite de me soucier du désordre que peut parfois laisser Shady et j'admets que je sais pas ce que je ferais sans elle. » Et tant pis si ça faisait décidément de lui quelqu'un de snob, il ne supportait pas l'idée de faire la poussière quand il rentrait chez lui et n'avait pas la moindre appétence pour l'idée de nettoyer les carreaux. « Je peux lui demander de passer ici aussi, si tu veux. Je la paierai le double de ce que je lui verse et t'auras à te soucier de rien. » Ainsi les dépenses ne seraient pas un problème puisque James s'occuperait de tout, ne voyant aucune raison de lui faire payer la venue d'une femme de ménage alors qu'il le laissait loger ici gracieusement. Il lui avait déjà fait comprendre que ça lui tenait à cœur, de faire ça pour lui, et il n'était pas franchement connu pour faire les choses à moitié. De même que rien n'échappait jamais à son œil de lynx et qu'il lui avait fallu moins d'une minute pour noter la présence de ces bouquins de science, définitivement pas du genre de ceux qu'il avait l'habitude de lire. -”Je… Merci. Ho, tu sais… J’ai un peu regardé du coup. Il y a des choses intéressantes…” Il était prêt à le croire sur parole, quand bien même il n'irait certainement pas vérifier par lui-même. « T'as de la chance de pouvoir lire ce genre de choses sans piquer du nez. Moi, je crois que ça me filerait juste la migraine. » L'une des raisons pour lesquelles il ne brillait pas tellement en sciences pendant sa scolarité, là où les disciplines artistiques l'avaient naturellement toujours bien plus attiré. -”Et tu aurais mangé seul ? Non, non, non… J’ai acheté la nourriture en pensant à toi. Et je suis tellement heureux qu’on puisse passer la soirée ensemble. Sortir de ton atelier te fait du bien !” Vinnie n'avait pas tort sur ce point et l'idée lui tira presque un sourire, simplement parce que son naturel chaleureux avait toujours le don de le désarçonner quelques peu, sans doute parce qu'il n'y était plus vraiment habitué. « C'est ce que tout le monde me dit, oui. Et je regrette pas d'avoir dérogé à mes habitudes quand je vois de quelle façon je suis accueilli, entre nous. » Plutôt bien, donc, à en juger par le repas que Vinnie avait prévu pour ce soir et à cette intrigante boisson qu'il avait même été jusqu'à leur préparer. Une surprise qui valut à James de prendre quelques précautions, quand bien même il détestait l'idée de devoir rester vigilant à chaque instant. Il n'avait pas le choix, alors il prenait le pli. -”Je n’ai pas d’alcool dans mon appartement. Mens sana in corpore sano. C’est une boisson à base de lait, de yaourt et de mangue…” Préférant ne pas rebondir sur le premier point pour des raisons évidentes – le sujet était toujours autant synonyme d'inconfort – James releva finalement. « Dit comme ça, c'est pas le genre de choses que j'irais délibérément boire, mais ça me rend curieux. » Et n'écoutant que son intrépidité, il attendit d'avoir trinqué avec lui pour finalement porter son verre à ses lèvres, sceptique un court instant avant que ses traits ne se dérident. « C'est surprenant, mais pas mauvais. Et rafraîchissant, je déteste pas. » Et puisqu'il en fallait toujours beaucoup pour qu'il dise aimer quelque chose, on pouvait dire que c'était déjà comme s'il avait validé les efforts du brun.
-”Ce n’était pas une critique. Je sais que tu es occupé. Et je suppose que comme tous les génies, tu as autre chose à faire que de prendre du bon temps. Mais je suis ton ami ET ton garde du corps ? En tout cas, je suis responsable de ta sécurité et donc également de ta santé… Il faut que tu fasses un peu attention à toi.” L'idée de considérer Vinnie comme son garde du corps avait quelque chose d'amusant, simplement parce que James avait toujours été bien trop déraisonnable et intrépide pour considérer avoir seulement besoin de quelqu'un pour assurer ses arrières, même alors qu'il était courant de se faire des ennemis dans ce milieu. Surtout lorsqu'on avait un tempérament comme le sien. « Je sais que tu dis tout ça dans mon intérêt, mais tu dois pas te faire de souci pour moi. Je suis un grand garçon et j'ai toujours eu besoin d'être sur tous les fronts pour me sentir efficace. » Il le savait, que James avait l'habitude de faire passer le repos au second plan et que ça ne lui ressemblerait pas, de saisir n'importe quelle occasion pour prendre des vacances. Il fallait déjà parfois une grue pour le déloger de son atelier à la fin de la journée, c'est dire si le concept de repos lui était étranger. -”Moi ? Je suis occupé. Mais je ne vais pas me plaindre. Tu es en train de dire qu’il faut que je demande des vacances ? Tu sais quoi ? J’en prendrai quand tu en prendras…” Des mots qui cette fois eurent le mérite de relever le coin de ses lèvres dans un rictus amusé. « Tu devrais pas jouer à ce jeu-là, sinon t'es vraiment pas près d'en prendre, des vacances. » Bien sûr que Vinnie en était conscient et qu'il l'avait sûrement dit pour le taquiner. « Mais oui, je suis entrain de dire que lever un peu le pied te ferait pas de mal. Et non, je t'interdis de dire que c'est l'hôpital qui se fout de la charité, parce que c'est différent dans mon cas et tu le sais bien. » C'est ce qu'il aimait du moins penser, convaincu que l'atelier ne tournerait pas tout à fait rond s'il s'absentait plus d'une journée – quand ils avaient en réalité déjà du se débrouiller sans lui à plusieurs occasions, les fois où d'autres obligations professionnelles l'avaient obligé à voyager. -”Et puis de toute façon, les fêtes, c'est pour la famille. Et je suis seul, autant que je travaille plutôt que de déprimer en pyjama dans le canapé.” Cette fois, James dut reconnaître que ses propos lui firent un peu de peine, pourtant conscient depuis le départ que Vinnie était assez peu entouré et que certaines de ses fréquentations ne faisaient plus partie de sa vie depuis qu'il s'était rangé. Une bonne chose du point de vue du styliste, qui n'en réalisait pas moins que le brun devait souvent se sentir seul. « Cristina compte organiser une soirée au Emerald pour le réveillon du Nouvel An. Je peux t'avoir une entrée si ça t'intéresse, mais j'aime mieux te prévenir qu'il y aura sûrement beaucoup d'hommes d'affaires et de starlettes que tu risques de trouver insupportables. » Une façon de dire que s'il se sentait capable de supporter ce léger détail, le reste de la soirée devrait lui paraître plutôt agréable entre le buffet et le cadre somptueux, toujours décoré avec beaucoup de goût à cette période. « J'y passerai sûrement une tête, alors tu auras au moins quelqu'un à qui faire la conversation si tu t'ennuies. » Si ça pouvait servir d'argument, et il avait la prétention de penser que ce serait sans doute le cas.
-”Oui, c’est vraiment un bel appartement et le quartier est vraiment super. Je sais que je n'ai pas trop travaillé la décoration, mais… Je ne veux pas donner l’impression d’abuser. Je veux dire, je ne veux pas imposer ma décoration.” C'était comme si une part de Vinnie ne se sentait pas encore pleinement légitime d'habiter cet endroit, comme s'il craignait que le couturier revienne sur sa décision et lui reprenne les clés qu'il lui avait donné des mois plus tôt, et ça avait tout pour surprendre James qui n'avait pas l'habitude de faire face à autant d'humilité. « Je te l'ai dit, tu es ici chez toi. C'est pas comme si je comptais faire quoi que ce soit de cet appartement à l'origine, je l'aurais sûrement loué dans tous les cas alors autant que tu en profites. Et ça signifie aussi le décorer à ton goût. » Il n'avait pas l'intention de s'octroyer un droit de regard sur la manière dont Vinnie choisirait de décorer cet endroit. Pour autant, ça n'empêcha pas James de préciser, un léger sourire au coin des lèvres. « Dans le pire des cas, tu sais que mon coté directeur artistique prendra aucun gant pour te dire si je trouve ça affreux. » Mais pour connaître Vinnie, il avait un peu de mal à l'imaginer opter pour une décoration qui lui ferait horreur. -”Je…Un showroom.. ?” Qu'il lui propose de procéder à des essayages semblait sincèrement surprendre Vinnie, ce qui créait un certain contraste avec la manière très décontractée avec laquelle James lui avait fait cette proposition. C'est qu'il ne se rendait jamais vraiment compte de ce que ça pouvait représenter, pour quelqu'un qui n'était pas de ce milieu, de se voir offrir la possibilité de fréquenter ce genre d'endroits. -”Je sais que tu n’es pas sérieux, mais merci de la proposition. Ne t’en fais pas, je ne suis pas nu. J’ai les quelques vêtements que tu m’avais offerts au tout début. Et j’ai acheté des choses plus simples à porter pour tous les jours.” - « J'étais sérieux. » Il précisa alors, levant toute ambiguïté. « Le showroom nous sert principalement pour les essayages de nos meilleurs clients, mais ce lieu je le privatise quand bon me semble, alors je peux te le réserver un moment. » Et même si ce lieu était surtout dédié aux personnalités publiques ou aux futures mariées prêtes à y mettre le prix pour une robe unique en tous points, il ne verrait pas d'objection à déroger à quelques règles pour une fois. « Je t'oblige à rien, c'est juste une proposition. Mais ça garnirait un peu plus ton dressing. » Et sans aller jusqu'à dire qu'il en avait cruellement besoin, il était convaincu que Vinnie gagnerait encore en confiance en lui si ses placards étaient remplis de costumes parfaitement ajustés. Il accordait peut être un peu trop d'importance à ce genre de choses, James, mais il était convaincu qu'une garde-robe appropriée était le début d'un tout nouvel état d'esprit. -”Je m’achète du Weatherton aussi souvent que possible, mais ce n'est pas donné. Mais bon, j’ai lu quelque part que le créateur à la tête de la maison était un véritable génie, donc le génie à un prix.” Aussi peu modeste qu'à son habitude, James se contenta d'acquiescer subtilement. « C'est pour ça que je te propose une virée au showroom. Mais si c'est le fait d'y mettre les pieds qui te gêne, je peux aussi faire venir les costumes jusqu'à toi. » Peut être que ce genre d'endroits l'impressionnaient ou le mettaient mal à l'aise, après tout.
-”J’achète beaucoup de seconde main aussi. Mais je trouve des pépites. D’ailleurs en parlant de mode et de vêtement… Tu m’apprendrais à coudre ? J’ai trouvé une veste magnifique, mais il lui manque des boutons… Et je me dis qu’au lieu de dépendre des autres… Je pourrais apprendre du meilleur.” Un soupçon de surprise éclaira finalement le regard de l'anglais, qui ne s'attendait pas à ce que Vinnie montre de l'intérêt pour la couture et pensait depuis le départ que ça lui convenait bien, en réalité, de s'en remettre à lui lorsqu'il avait besoin d'une retouche. Parce que ça ne dérangeait pas de James, de le dépanner quand il en avait le temps. « Tu voudrais coudre ? Ça me dérange pas de t'apprendre, mais je risque de pouvoir t'accorder qu'une ou deux heures par semaine, en tout cas tant qu'on aura autant de boulot à l'atelier. » Et autant dire qu'il avait peu d'espoir que ça change de si tôt, chaque période venant avec son lot d'impératifs expliquant qu'ils aient rarement le temps de voir la cadence ralentir entre les murs de l'atelier. En ce moment les fêtes de fin d'année venaient avec des collections inédites et les préparatifs des cérémonies propres à l'Awards Season. Ensuite, ce serait autre chose. « T'as quelques bases ou vraiment rien du tout ? » S'il partait de zéro, ils auraient un peu plus de pain sur la planche mais ça ne lui faisait pas vraiment peur, même alors qu'il avait l'habitude de superviser l'apprentissage de personnes ayant déjà de très nettes compétences en la matière. Pour une fois, peut être bien qu'il voulait se prouver qu'il pouvait être pédagogue autrement. « J'ai appris une partie de ce que je sais de mon grand-père quand j'étais gamin. Plus tard je suis parti me perfectionner auprès des meilleurs, pour devenir l'un des meilleurs à mon tour. » Ce qui lui avait pris des années et avait demandé une énergie et des efforts colossaux pour marcher dans les pas de celui qu'il avait toujours aspiré à égaler et qui avait à lui seul transformé le milieu de la mode ici en Australie. Parmi tous les buts qu'il pouvait poursuivre depuis toujours, c'était ce que James avait toujours eu à cœur de faire à son tour. « Je pense pas pouvoir t'apprendre à l'atelier, il y a toujours du passage et tu risquerais de te retrouver dans les pattes des couturières. Mais avec du bon matériel, je pourrais t'apprendre n'importe où. » En temps normal il serait le premier à dire qu'un appartement ne faisait pas l'endroit rêvé pour apprendre même les bases de la couture, mais ce serait plus pratique que d'attendre que l'atelier se vide et de le faire rester plus longtemps au boulot. « Mais je suis pas exactement le prof le plus patient qui soit, il faut que tu en aies bien conscience avant de te lancer là-dedans. » Il l'avertit finalement et parce que des personnes découragées par son intransigeance, il y en avait eu un paquet.
Vinnie serait un menteur de dire que la proposition n’était pas alléchante. Avoir quelqu’un pour faire son ménage. Ce serait merveilleux. Il n’aurait plus besoin de s’occuper de ça, mais il aurait aussi trop l’impression de profiter de James. Mais s’il connaissait maintenant assez le jeune homme pour savoir qu’on ne pouvait pas profiter de lui si facilement. Il fit claquer l’élastique autour de son poignet. -”C’est moi qui paye ou tu prends directement sur mon salaire… Déjà que je ne paye pas de loyer…” Bon soyons honnête, pour avoir cet appartement, dans ce quartier de la ville, Vinnie devrait vendre ses organes, son corps et même peut-être que ça ne suffirait pas. Mais il ne voulait pas que James le prenne pour un profiteur, un type sorti de la misère qui avait trouvé un pigeon pour lui mettre un toit au-dessus de la tête. -”Enfin tout dépend combien tu payes… Si ce n'est pas dans mes moyens. Je me débrouillerai autrement.” Parce qu’il était prudent le Mancini, surtout avec son argent. Il ne se privait presque jamais, mais il ne dépensait que ce dont il pouvait se permettre et le reste, il le mettait de côté pour les urgences ou les jours de vaches maigres.
Vinnie rigola un peu à la suite des paroles de James, même s’il aimerait laisser le sujet des livres derrière eux. Pourquoi est-ce qu’il ne faisait pas que c'étaient les siens ? Pourquoi ne pas avouer qu’il en avait besoin pour ses études ? Il n’en savait fichtre rien, mais l’angoisse lui nouait le ventre à la simple idée que le couturier sache qu’il avait repris ses études. Ce qui était une peur ridicule, irrationnelle. Mais personne n’avait jamais dit que Vinnie était logique dans sa petite caboche. -”Tu n’étais pas du genre à rester après la classe de science pour aider le prof hein ?” Enfin, l’agent de sécurité n’allait pas trop se moquer. Parce que lui, c’était un bien piètre étudiant, qui passait plus de temps à l’extérieur à voler et à fumer qu’à apprendre quoi que ce soit. -”Après… J’ai un peu de mal à toujours tout comprendre et à bien… Comment. Enfin. C’est parfois un peu pointue, mais c’est un peu comme de la mécanique finalement. Quand tu comprends comme le moteur fonctionne et comment toutes les pièces sont assemblées entre elles. C’est plutôt simple.” Après, Vinnie n’était pas tellement certain que la métaphore sur la mécanique soit la mieux choisie pour parler à James. Mais c’était la seule qui lui arriva en tête sur le moment. Enfin, il se mordit la lèvre, la prochaine fois, il réfléchirait plus avant d’ouvrir la bouche.
« C'est ce que tout le monde me dit, oui. Et je regrette pas d'avoir dérogé à mes habitudes quand je vois de quelle façon je suis accueilli, entre nous. »Vinnie sourit, c’était idiot, mais il était content de rendre James heureux. Et puis son sourire, le créateur ne pouvait pas le voir, parce qu’il était dans la cuisine en train de préparer la boisson. -”Oué, moi non plus… Mais c’est une recette qui vient de mon pays d’origine, il paraît. Et vu que j’ai jamais pu m’y rendre. Enfin y revenir plus tôt. J’essaie de… Me l’approprié autrement. Tu trouves ça ridicule ?” Dit-il en retournant près de James. Il n’avait jamais parlé de son passé à son ami. Du moins que par fragment et jamais de l’adoption. Mais il s'était senti obligé de se justifier quant à la boisson. -”Oui hein ? Parce que j’ai quand même goûté AVANT de te le proposer. Je veux dire, si je tue James Weatherton, je vais devoir quitter l’Australie et me rendre dans un pays que ne pratique pas l’extradition et je vais devoir apprendre une nouvelle langue.” Dit-il avec humour. -”En tout cas, c’est bon, mais il ne faut pas trop en boire, parce que c’est assez riche… Et je n'ai pas besoin de me sentir encore plus jaloux en regardant la taille de tes mannequins. Je me tue au sport et j’ai encore du ventre à perdre ! C’est une catastrophe.” Une moue contrite se dessina sur son visage alors qu’il portait de nouveau le verre à ses lèvres. Pas simple de travailler toute la journée entouré de personne magnifique et de se sentir pitoyable à côté.
« Je sais que tu dis tout ça dans mon intérêt, mais tu ne dois pas te faire de souci pour moi. Je suis un grand garçon et j'ai toujours eu besoin d'être sur tous les fronts pour me sentir efficace. » Vinnie haussa les épaules et souleva Teddy dans ses bras pour le serrer contre lui. -”Je me fais du souci pour toi. Je suis ton ami. Si je ne m’en faisais pas, je serrais une bien piètre personne. Surtout si on prend en compte ce que je te dois. Je sais que tu n’es pas du genre à prendre des vacances. Mais je me dois de te faire la remarque une fois. Par conscience amicale et professionnelle.” Il fit un petit bisou sur le crane de Teddy qui se mit à ronronner dans les bras de son maître, son regard vert rivé sur James.
« Tu devrais pas jouer à ce jeu-là, sinon t'es vraiment pas près d'en prendre, des vacances. Mais oui, je suis entrain de dire que lever un peu le pied te ferait pas de mal. Et non, je t'interdis de dire que c'est l'hôpital qui se fout de la charité, parce que c'est différent dans mon cas et tu le sais bien. » L’agent de sécurité leva les yeux au ciel en pouffant un peu. -”Des vacances ? Et je ferai quoi ? J’ai passé assez de temps assis à ne rien faire quand j’étais à la rue. Alors certes là ce ne serait pas pareille. Mais je crois que je m’ennuierai et je finirai par tourner en rond.”
Il reprit son verre quand Teddy décida de venir s’asseoir sur les genoux de James. Il pencha un peu la tête, en souriant, heureux de la proposition et touché, mais il n’était pas certain que ce soit une bonne idée. -”Tu veux dire, rencontrer des personnes riches, intelligentes et belles ? Ho oui, quelle torture.” Il rigola un peu avant de faire un petit mouvement de la main. -”C’est gentil, mais ma place n’est pas là-bas. Ne t’en fais pas. Après le travail. Teddy et moi, on ira sûrement voir les illuminations la nuit de Noël, ça passe un moment puis on ira boire un verre dans un endroit pas fermé. Et Teddy ouvrira son cadeau ! Et on regardera Friends.” Pour Vinnie, Noël n’avait jamais été extraordinaire de toute façon. Après la mort de son père et de son frère, il ne l’avait jamais plus fêté. Au foyer, c'était un repas à peine meilleur que d’habitude et un paquet de bonbons. Pour ceux qui avaient de la chance, ils avaient le droit d’ouvrir les cadeaux de leur famille. Et pour les autres, c'était rendez-vous dans la salle de télévision pour regarder un film choisie par les éducateurs. S’il voyait encore Miracle sur la 34e, il ne répondait plus de rien.
« Dans le pire des cas, tu sais que mon coté directeur artistique prendra aucun gant pour te dire si je trouve ça affreux. » Il fit un petit son de bouche, en faisant claquer sa langue sur son palet. -”Moi qui avais pour idée de tout décorer dans le style des comédies de science-fiction des années 80-90. Me voilà bien refroidie.” Le petit rire dans sa gorge ne resta pas bien longtemps secret et éclata comme un feu d’artifice. La décoration, ce n’était pas sa priorité de toute façon. Et il n’allait pas dépenser de l’argent dans des bibelots inutile. Par contre, UN pôle de dépense sur lequel Vinnie avait bien du mal à ne pas être dépensier, c’était bien les vêtements. Alors la proposition de James…
« C'est pour ça que je te propose une virée au showroom. Mais si c'est le fait d'y mettre les pieds qui te gêne, je peux aussi faire venir les costumes jusqu'à toi. » -”Me gêné ? Tu veux dire… Attend, est-ce qu'Ali Baba était gêné d’entrer dans la caverne aux merveilles ? Est-ce que l’archéologue est gêné d’entrer dans les ergastules quand il les découvre ? Mais c’est juste… Je ne voudrais pas que ça t’attire des ennuis. Je sais ce qu’on pense de moi au travail. Je n’ai pas envie qu’on parle dans ton dos.” Même si Vinnie les feraient vite taire si tel était le cas. Il rêvait d’avoir accès à un Showroom Weatherton. Encore plus si James était avec lui. Lui qui aimait la mode depuis si jeune. Qui rêvait de hautes coutures alors qu’il ne pouvait même pas se doucher.
Et il écouta James par la suite avant de secouer les mains devant lui. -”Je te demande de m’apprendre les bases James. Coudre un bouton, faire un ourlet, coudre une fermeture éclaire. Je ne veux pas devenir couturier dans ton atelier, alors on peut le faire ici. J’ai acheté une petite mallette trop mignonne ! Avec des chats dessus ! Mais j’y pense !” Il se leva pour aller chercher la mallette pour la montrer à James. -”Regarde ! Le chat, il a l’air un peu grognon, comme toi… Alors…” Il sourit et sortie un dé à coudre sur lequel le chat était peint en bleu et le tendit au couturier. -”Pour toi ! Je ne sais pas comment m’en servir de toute façon.” Pour la suite, il rigola un peu avant de hausser les épaules. -”Jen m’a appris le vol à la tire et la mécanique… Et il avait un sacré caractère aussi…” Il perdit son sourire immédiatement. Et se perdit dans la contemplation des aiguilles sagement rangée dans sa mallette toute neuve. Le fantôme de Jen s’interposa, quelques secondes, assez pour le troubler. Il se redressa d’un coup. -”On mange ?! Je vais faire chauffer les plats.” Changement de sujet abrupte, mais il avait retrouvé son sourire. -”Il faut que tu lui trouves un nom. Au chat sur le dé.”
-”C’est moi qui paye ou tu prends directement sur mon salaire… Déjà que je ne paye pas de loyer… Enfin tout dépend combien tu payes… Si ce n'est pas dans mes moyens. Je me débrouillerai autrement.” Il ne lui avait pas demandé de verser quoi que ce soit, James, partant du principe dès qu'il avait soumis cette idée que l'argent ne serait pas le problème de Vinnie. « Tu sais très bien que ça fera aucune différence pour moi, alors laisse-moi prendre ça en charge. Je préfère que tu mettes l'argent que tu gagnes de coté pour toi, pas pour le ménage. » Il travaillait dure et sans compter ses heures, il méritait de faire autre chose de cet argent. C'était peut être un tort de traiter le sujet avec autant de légèreté, comme si payer une femme de ménage était la chose la plus banale qui soit pour n'importe qui, mais c'était là aussi une chose qu'il tenait à faire pour lui. -”Tu n’étais pas du genre à rester après la classe de science pour aider le prof hein ?” - « Parce que toi si ? » Son regard s'éclaira d'un brin d'amusement. « C'était très strict, là où j'étudiais. Sinon j'aurais sûrement pris la peine de me présenter qu'aux cours qui m'intéressaient vraiment. » Mais il y avait plusieurs personnes pour veiller au grain en ce qui concernait son éducation, alors le jeune James ne pouvait pas se permettre d'être autre chose que bon élève. Il excellait dans les matières artistiques, se débrouillait très bien en Histoire, en lettres et en langues, et pour le reste il faisait au moins le minimum d'efforts pour que ses notes soient satisfaisantes. -”Après… J’ai un peu de mal à toujours tout comprendre et à bien… Comment. Enfin. C’est parfois un peu pointue, mais c’est un peu comme de la mécanique finalement. Quand tu comprends comme le moteur fonctionne et comment toutes les pièces sont assemblées entre elles. C’est plutôt simple.” Cette fois, c'est un soupçon de surprise qui se lut sans doute dans les yeux du créateur, qui l'observa comme s'il doutait d'avoir bien entendu. « Comment ça, tu veux dire que t'as été jusqu'à lire ces bouquins ? » Pour de vrai, et pas juste leur quatrième de couverture comme beaucoup seraient tentés de le faire avec ce genre de manuels ? « Parce que tu t'y connais vachement pour quelqu'un qui les a juste trouvé à la gym. » Et ça n'était pas une critique, juste une remarque.
-”Oué, moi non plus… Mais c’est une recette qui vient de mon pays d’origine, il paraît. Et vu que j’ai jamais pu m’y rendre. Enfin y revenir plus tôt. J’essaie de… Me l’approprié autrement. Tu trouves ça ridicule ?” Sans même avoir besoin d'y réfléchir, James secoua la tête pour lui montrer que ça n'était pas le cas. « Non, pas du tout. » Il cherchait un moyen de se connecter à ses racines, et même si ça pouvait sembler plutôt maigre ça avait au moins le mérite d'être un premier pas comme un autre. Il était définitivement curieux au sujet de son pays de naissance, Vinnie. « Je partage pas un lien tellement étroit avec l'endroit qui m'a vu naître, moi non plus, même si ça tient surtout d'un choix aujourd'hui. Et je sais que c'est pas vraiment pareil, mais c'est pour te dire que je comprends. » C'était différent à beaucoup d'égards, mais James était paradoxalement aussi fier de ses racines anglaises qu'il pouvait être embarrassé chaque fois qu'il remettait les pieds à Londres en songeant que sa mère y vivait toujours, elle et la nouvelle famille qu'elle avait fondé après avoir renoncé à sa garde. « Il est pas trop tard pour décider de t'y rendre, un jour. Ça pourrait faire un objectif intéressant, pour toi. » Bien sûr que ça n'était pas aussi simple, qu'il ne suffisait pas de le décider pour que ce soit subitement possible, mais ça n'était pas totalement hors de portée non plus. James pourrait l'y aider, si l'argent était un problème, bien qu'il préfère s'abstenir de le proposer sur le coup. -”Oui hein ? Parce que j’ai quand même goûté AVANT de te le proposer. Je veux dire, si je tue James Weatherton, je vais devoir quitter l’Australie et me rendre dans un pays que ne pratique pas l’extradition et je vais devoir apprendre une nouvelle langue.” Finalement, un rire spontané franchit la barrière de ses lèvres, preuve que l'idée avait étrangement de quoi l'amuser. « Putain, ouais, t'auras de sacrés problèmes au cul. Remarque, connaissant Cristina, elle engagera un tueur à gages pour te supprimer et l'extradition sera même plus un problème dont t'auras à te soucier. » Il se contentait de répondre avec le même second degré que lui, pourtant conscient que sa femme se jetterait aux trousses de quiconque s'en prendrait à lui. Et c'est parce que l'inverse était vrai que même deux personnalités aussi marquées et enviées que sa femme et lui pouvaient l'être n'avaient jamais reçu autre chose que des menaces à peine sérieuses. Personne n'avait envie de se frotter à eux de trop près, c'est ce qui arrivait quand on avait les moyens de faire disparaître les problèmes. -”En tout cas, c’est bon, mais il ne faut pas trop en boire, parce que c’est assez riche… Et je n'ai pas besoin de me sentir encore plus jaloux en regardant la taille de tes mannequins. Je me tue au sport et j’ai encore du ventre à perdre ! C’est une catastrophe.” Un sourcil arqué pour montrer qu'il était un brin dubitatif, James ajouta. « Arrête un peu, t'es foutu comme si tu sortais d'un magazine. Tu vas pas me faire croire que t'as jamais remarqué les regards que certains te lancent, quand ils passent la sécurité tous les matins ? » Et s'il voulait bien croire que Vinnie manquait d'un brin de confiance en lui, il refusait l'idée qu'il puisse seulement douter du charme qui était le tien : tout à fait objectivement, et en mettant même de coté son œil habitué à capter la beauté partout où elle se trouvait, Vinnie n'était pas de ceux qui pouvaient passer inaperçus.
-”Je me fais du souci pour toi. Je suis ton ami. Si je ne m’en faisais pas, je serrais une bien piètre personne. Surtout si on prend en compte ce que je te dois. Je sais que tu n’es pas du genre à prendre des vacances. Mais je me dois de te faire la remarque une fois. Par conscience amicale et professionnelle.” Et si James se contenta de répondre en penchant légèrement la tête sur le coté, une légère grimace prenant place quelques secondes sur son visage, c'est parce qu'il était bien évidemment conscient que Vinnie disait ça dans son intérêt. Qu'ils le faisaient tous, à vrai dire, quand ils lui recommandaient de se ménager un peu plus. Il le savait et leur en était au fond plus reconnaissant qu'il n'aimait à le montrer. -”Des vacances ? Et je ferai quoi ? J’ai passé assez de temps assis à ne rien faire quand j’étais à la rue. Alors certes là ce ne serait pas pareille. Mais je crois que je m’ennuierai et je finirai par tourner en rond.” - « Alors tu vois, on a exactement le même problème. Parce que moi non plus j'ai aucune idée de ce que j'en ferais, de ces vacances. » Certains seraient tentés de dire se reposer, mais ça n'était pas dans le repos que le créateur puisait son énergie. Et il pensait suffisamment connaître Vinnie pour savoir que lui non plus. -”Tu veux dire, rencontrer des personnes riches, intelligentes et belles ? Ho oui, quelle torture.” C'est certain, les galas organisés par Cristina rassemblaient toujours du beau monde et étaient incontestablement les occasions où se rendre pour nouer des contacts. Ce n'est pas James qui dirait le contraire, pour avoir à son tour un certain droit de regard sur la liste des invités. -”C’est gentil, mais ma place n’est pas là-bas. Ne t’en fais pas. Après le travail. Teddy et moi, on ira sûrement voir les illuminations la nuit de Noël, ça passe un moment puis on ira boire un verre dans un endroit pas fermé. Et Teddy ouvrira son cadeau ! Et on regardera Friends.” Ça avait le mérite d'être un programme un peu plus simple, et quand bien même ça n'était pas tout à fait de cette façon que James aimait lui-même passer ses soirées, il devait reconnaître envier Vinnie de savoir se satisfaire de plaisirs aussi simples. Lui avait été élevé dans l'opulence et sans jamais manquer de quoi que ce soit – matériellement, du moins – alors revoir ses standards à la baisse n'était pas toujours si facile. « C'est comme tu préfères. Il sera toujours temps de te faire parvenir un carton d'invitation pour un prochain événement, si ça te dit. » Il ne lui forçait pas la main, conscient que Vinnie était peu habitué à ce monde et sans doute peu désireux de sauter brusquement dans le grand bain des mondanités, sans le moindre filet de sécurité. Après tout, et même en ayant grandi dans ce monde, tout ça n'était pas inné pour James non plus à ses débuts. Se montrer en société, c'était comme tout le reste à ses yeux : un art qu'on se devait continuellement de perfectionner.
”Moi qui avais pour idée de tout décorer dans le style des comédies de science-fiction des années 80-90. Me voilà bien refroidie.” Une idée qui eut le mérite de lui tirer un rictus mi-sceptique mi-amusé. « J'ai vu la sheer dress façon Kate Moss faire un comeback il y a quelques années quand tout le monde pensait que ce serait plus jamais tendance, alors crois-moi il en faudrait plus pour me déstabiliser. » Une façon comme une autre de sous-entendre qu'il avait déjà presque tout vu, James, et qu'il n'y avait pas vraiment d'excentricité qui puisse encore l'étonner, pas même en matière de décoration. Après tout, au-delà de ses talents de créateur, il avait aussi l'habitude de superviser la direction artistique des défilés Weatherton et d'une partie de ses événements les plus notables. -”Me gêné ? Tu veux dire… Attend, est-ce qu'Ali Baba était gêné d’entrer dans la caverne aux merveilles ? Est-ce que l’archéologue est gêné d’entrer dans les ergastules quand il les découvre ? Mais c’est juste… Je ne voudrais pas que ça t’attire des ennuis. Je sais ce qu’on pense de moi au travail. Je n’ai pas envie qu’on parle dans ton dos.” Il y avait beaucoup de choses susceptibles de le faire réagir, James, et celle-ci en faisait incontestablement partie. « T'as encore beaucoup de choses à apprendre sur moi si tu crois que j'en ai quoi que ce soit à faire, de ce que les autres peuvent penser. » D'accord, ça n'était pas tout à fait vrai quand il était question de son travail, mais ça l'était définitivement quand il en allait de ses choix et de ses fréquentations. « La seule personne qui a autorité sur moi est mon père, et je vois aucune raison pour qu'il se mêle de ça avec tout ce qu'il a déjà à gérer en haut lieu. Les autres, j'ai même pas la moindre intention de leur demander leur avis. » Pour inviter Vinnie au showroom et lui faire essayer des costumes ? Il n'avait besoin de l'aval de personne d'autre que lui-même. Tout comme il pouvait décider d'apprendre les bases de la couture au brun sur le peu de temps libre qu'il avait sans qu'on lui reproche de s'éparpiller. Il ne perdait jamais de vue ses priorités, James, tout le monde le savait. -”Je te demande de m’apprendre les bases James. Coudre un bouton, faire un ourlet, coudre une fermeture éclaire. Je ne veux pas devenir couturier dans ton atelier, alors on peut le faire ici. J’ai acheté une petite mallette trop mignonne ! Avec des chats dessus ! Mais j’y pense !” - « Les bases ça me semble raisonnable, oui. » Ils ne feraient pas de lui un couturier en herbe, pas même un créateur suffisamment talentueux pour prétendre un jour à intégrer un atelier comme celui de Weatherton. Il fallait bien trop d'années de travail et de pratique pour seulement espérer être à la hauteur, et ce milieu comptait beaucoup d'appelés pour très peu de reçus. -”Regarde ! Le chat, il a l’air un peu grognon, comme toi… Alors…” Les yeux rivés sur la mallette que Vinnie lui glissa entre les mains, James se fendit d'un léger sourire railleur. -”Pour toi ! Je ne sais pas comment m’en servir de toute façon.” - « Ça fera partie de nos leçons. » D'apprendre à utiliser le contenu de cette mallette, entre autres choses. Ainsi Vinnie n'aurait pas à le solliciter chaque fois qu'il aurait besoin d'un point de couture, et James aimait penser que ça l'aiderait à se sentir indépendant. -”Jen m’a appris le vol à la tire et la mécanique… Et il avait un sacré caractère aussi…” Son regard guetta le sien un instant, réalisant combien le simple fait de prononcer ce nom semblait toujours le remuer au plus haut point. C'était comme si la silhouette de Jen lui était pendant une minute apparue devant les yeux. « C'est pas un mal qu'il fasse plus partie de ta vie. Et tu sais que je dis ça dans ton intérêt. » Il ne disait pas ça pour remuer le couteau dans la plaie, James, mais parce que Vinnie devait se rappeler que ce type avait peut être beaucoup compté pour lui mais que son influence n'avait rien de bénéfique. Que s'il était resté dans sa vie, sans doute qu'il aurait continué à le tirer vers le bas. -”On mange ?! Je vais faire chauffer les plats.” Il était manifestement troublé et ça ne servait à rien de prétendre le contraire. Qui plus est, James était trop perspicace pour que ça lui échappe. -”Il faut que tu lui trouves un nom. Au chat sur le dé.” - « Je suis sûr qu'il se vexera pas si ça attend un peu. » Il pourrait lui donner tous les noms du monde lorsqu'ils auraient fini de dîner et que l'atmosphère serait un peu plus légère. Pour l'heure, James éprouvait le besoin de s'assurer que Vinnie ne s'égarait pas trop loin dans ses souvenirs ; des souvenirs qui il le savait pourraient être dangereux. « Vinnie. » Son regard raccrocha le sien un instant, le temps pour lui de souffler. « N'oublie pas tout le chemin que tu as parcouru. T'as de quoi être fier que tout ça soit derrière toi, aujourd'hui. » Ce n'était pas exactement sa manière de s'assurer qu'il ne regarderait pas en arrière en se laissant happer par un élan de nostalgie, mais ça y ressemblait sans l'ombre d'un doute. Simplement, s'il était déjà certain le jour de leur rencontre qu'il possédait un potentiel qui gagnerait à être utilisé autrement, il le pensait d'autant plus aujourd'hui.
Est-ce qu’il était possible de dire non à James ? Pas pour Vinnie en tout cas, il ne lui tenait jamais tête et sûrement qu’il ne le ferait jamais. Malsain, assurément, mais c’était plus fort que lui. Heureusement que James n’avait pas un esprit pervers et méchant, parce que sinon Vinnie se retrouverait à faire n’importe quoi sur ordre de son ami et avec le sourire en plus. -”D’accord pour la femme de ménage.” De toute façon, James ne souffrirait pas de refus. Et puis Vinnie n’allait pas se plaindre, ce serait un gain de temps énorme s’il n’avait pas à s’en faire sur ce sujet. Lui, Vinnie Mancini allait avoir une femme de ménage. Il y en a qui en mouraient sur place s’ils le savaient. Enfin, il n’épilogue pas plus sur le sujet, il notait juste mentalement de trouver une façon plus tard, de rembourser James pour toute cette gentillesse et générosité. Il trouverait. Mais sa dette commençait à devenir légèrement gargantuesque. Il lui sourit un peu, le regard plein d’une gratitude qu’il ne pourrait jamais verbaliser. Il pourrait pleurer de cette générosité que lui montrait James. Mais Vinnie, il en avait vu de toutes les couleurs et il ne pleurait pas si facilement. « Parce que toi si ? C'était très strict, là où j'étudiais. Sinon j'aurais sûrement pris la peine de me présenter qu'aux cours qui m'intéressaient vraiment. » Vinnie fît mine d’être choqué en portant ses deux mains à son coeur. -”Quoi ? James Weatherton voulait sécher les cours ? Heureusement qu’on s'est pas connu à cette époque alors… Parce que je t’aurais fait faire n’importe quoi… Et sache que oui, je restais avec ma prof de science pour l’aider à ranger les expériences… Mais tu ne l'as pas connue.. Elle était…Ha Madame Sanders… Blonde, grande, des yeux verts brillants et une poitrine… Pour le gamin de 17 ans que j’étais… J’aurais eu que des A pour elle. Mais elle a eu un enfant et elle a été remplacée par une vieille chouette qui m’avait dans le pif. Ce n'était même pas moi qui avais volé son téléphone… Enfin, elle n'a jamais eu de preuve. Et du coup, mon intérêt pour les sciences s'est vu grandement érodé. Ce n’était pas strict là où j’étais, comme tu peux le constater, et même si ça avait été le cas, j’étais livré à moi-même, alors je pouvais bien faire ce que je voulais, personne ne s’inquiétait.” Il le disait avec légèreté, mais son cœur saignait quand il repensait à cette époque. Il aurait aimé que sa mère vienne le chercher au poste en hurlant, qu’elle l’attende le soir pour le punir d’avoir séché ou pour ramener un bulletin médiocre. Mais personne ne le faisait, sa mère vivait dans son monde bercé par les médocs et avec les fantômes de son époux et de son fils… Même pendant sa période au foyer, les éducateurs avaient plus urgent et des cas plus grave à s’occuper et tant qu’il ne tuait personne, il était plus ou moins libre de faire ce qu’il voulait.
« Comment ça, tu veux dire que t'as été jusqu'à lire ces bouquins ? Parce que tu t'y connais vachement pour quelqu'un qui les a juste trouvés à la gym. » Euh ? Oups ? Vinnie se mordit la lèvre inférieure en passant sa main dans ses cheveux. -”Oui, j’ai été aspiré… Quoi ? C’est si étonnant que ça ? Je sais lire autre chose que des magazines de mode… C’était passionnant. Bien qu’ardue. Je ne vais pas dire que j’ai pris du plaisir, mais j’ai appris des choses. Et tu sais que j’aime apprendre des choses.” Il voulait combler le vide intellectuel entre lui et les autres. Ce gouffre ne faisait qu'alimenter un peu plus son manque de confiance en lui. Il soupira un peu en allant chercher la boisson. « Il est pas trop tard pour décider de t'y rendre, un jour. Ça pourrait faire un objectif intéressant, pour toi. » Lui ? Aller en Inde ? C’était dans sa liste de rêves irréalisables. -”Et qui prendra soin de te dire de sortir et de manger si je pars en Inde hein ?”
Après avoir blagué sur ce qui se passerait s’il tuait James, une option hautement improbable et impossible. Vinnie entendit, de la bouche des James, des mots qui lui firent quitter la terre. Il rosit un peu, mais merci à sa peau caramel, les rougeurs se virent moins et il y avait donc une infime chance que James ne voit rien de son émotion. Ses quelques mots anodins, allaient le faire tenir pendant des années. Déjà des compliments, Vinnie, il n’en entendait pas tous les jours, mais un compliment de James… James Weatherton, habitué à créer pour des mannequins, qui voyait la beauté tous les jours, lui avait dit qu’il était foutu comme s’il sortait d’un magazine. Il pourrait mourir maintenant. Il tenta d’ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais il bégaya et il préféra se taire avant de se ridiculiser encore plus. En tout cas, il savait ce qu’il voulait comme épitaphe sur sa pierre tombale.
Mais heureusement la conversation continua à surfer sur les sujets et bien que les joues de Vinnie semblent toujours le chauffer, il réussit à reprendre contenance pour répondre correctement à son ami. « C'est comme tu préfères. Il sera toujours temps de te faire parvenir un carton d'invitation pour un prochain événement, si ça te dit. » C’était gentil de sa part, mais Vinnie savait qu’il n’avait rien à faire à cette soirée. Il ferait tache, même s’il portait du Weatherton. Il n’aurait rien à dire, rien à répondre. -”Ne t’en fais pas pour moi. C’est très gentil, mais je ne préfère pas.”
Puis on embraya sur la décoration de son appartement, il tenta une blague et James lui dit qu’il avait vu bien pire. -”C’est un défi ? Parce que je peux tout à fait tenter de faire la pire décoration possible…” Honnêtement, il ne le ferait pas, mais c’était assez drôle à imaginer. . « La seule personne qui a autorité sur moi est mon père, et je vois aucune raison pour qu'il se mêle de ça avec tout ce qu'il a déjà à gérer en haut lieu. Les autres, j'ai même pas la moindre intention de leur demander leur avis. » Vinnie baissa un peu la tête certes, James n’était pas du genre à se laisser dicter sa vie par n’importe qui. Mais l’ancien SDF, savait aussi, que la réputation dans le milieu dans lequel évoluait le créateur était une chose importante. Mais il ne répondit rien. Il savait aussi que le britannique était têtu. Et que continuer à palabrer sur ce sujet ne servirait à rien. « Les bases ça me semble raisonnable, oui. » Un grand sourire se dessina sur le visage de Vinnie aux mots de son ami. -”Merci ! Je sais que tu es très occupé, alors je prendrais ça très au sérieux !” Et James pouvait être certain que Vinnie serait un élève très attentif. Même si c’était juste pour apprendre à coudre un bouton. « C'est pas un mal qu'il fasse plus partie de ta vie. Et tu sais que je dis ça dans ton intérêt. N'oublie pas tout le chemin que tu as parcouru. T'as de quoi être fier que tout ça soit derrière toi, aujourd'hui. »
Vinnie ne répondit pas tout de suite, il mit le four en marche pour réchauffer les plats Thaïs qu’il avait achetés avant de nettoyer son évier qui n’avait pas besoin d’être lavé. Mais c’était pour reprendre contenance et ne pas croiser le regard de James. L’histoire entre Jen et lui était difficile et même s’il savait que quitter Jen avait été une bonne décision, son cœur n’était pas d’accord. Mais il ne voulait pas parler de lui, il ne voulait surtout pas en parler avec James. Il ne voulait pas lui faire part de son envie de revoir, mais de sa terreur de le revoir… -”Hum… Tu as raison oui. Pardon.” Il le regarda enfin en lui souriant. Un sourire un peu moins brillant que d’habitude, mais il fallait laisser le temps aux fantômes de partir. -”Merci.” Il aurait bien serrer sa main ou mieux un câlin, mais il n'était pas certain que ce soit bien accueilli. -” Va te mettre à l’aise, le repas sera prêt dans moins d’une minute ! J’ai rencontré un créateur de mode, moins connu que toi, bien évidemment. Mais très talentueux. Cependant, je crois qu’il a quitté la ville. Dommage, je crois que tu aurais aimé le rencontrer.”