I've been quiet for way too long, I can't fight it no, no more. Got a story and it's time to tell 'Cause I just can't, just can't keep it to myself. Somebody give me a microphone or a megaphone or a telephone. Good news. Got that old made new. Got that joy coming through. Got me feeling alright. Good news. Got that skip in my step. Feel that beat in my chest. Got that love in my life I'm talking good, good news.
C'est en se retournant sur l'année écoulée qu'Eddie le réalise : cette dernière a été riche et porteuse de nouvelles parfois étonnantes, en ayant il est vrai assez mal débuté à l’origine. Les tensions qui secouaient encore son couple en janvier dernier étaient comme un signe annonciateur des mois compliqués à venir, ces derniers ayant tout d'abord mis en évidence sa santé en dents en scie après une fatigue trop longtemps ignorée dont Eddie n'avait pourtant pas fait un secret autour de lui. Mais la priorité n'était pas lui, pas alors qu'Halston s'apprêtait à mettre au monde leur premier enfant et que sa grossesse méritait à ses yeux toutes les attentions, en raison des risques que tous deux n'ignoraient pas et s'étant par la suite confirmés. Leur petit Sasha né avec un peu d'avance l'a amené à devenir père plus vite encore qu'il ne l'avait imaginé et ce, sans se sentir totalement prêt. Eddie se souvient encore des premiers jours passés à l'hôpital, de son fils prisonnier d'une couveuse à l’intérieur de laquelle il paraissait minuscule et des allers-retours incessants entre le St Vincent et le théâtre, avant que la corde n’ait été amenée à lâcher pour de bon. C'est à peine s'il tenait encore debout lorsque son collègue l'a mis face à l'évidence qu'il refusait encore de considérer : une pause s'imposait de toute urgence pour lui, et il n'était pas question de repousser celle-ci. Avec le recul, cette décision était la meilleure à prendre aussi bien pour sa santé que pour son fils, car Eddie a pu profiter de ses premiers mois de vie sans se soucier d'autre chose que de sa nouvelle vie de famille. Une parenthèse bienvenue loin de la pression du théâtre, sans avoir pour autant renoncé à sa passion qu'il continuait d'enseigner en douceur et tout ça, en ayant été également présent auprès d'Halston durant son congé maternité. Sa définition du bonheur peut donc englober bien d'autres choses que son amour pour la danse vis-à-vis de laquelle Eddie a autrefois tout sacrifié, et c'est certainement la preuve qu'il n'aurait pas pu mûrir davantage que durant cette année. Désormais père, ses priorités ne sont assurément plus les mêmes et sa vision du futur non plus, s'il en juge cette envie de plus en plus présente en lui qui pourrait bien le pousser à passer les portes d'une bijouterie, ce que le Eddie d'il y a cinq ans n'aurait là encore jamais cru possible. Il n'y a pas d'âge pour arrêter de grandir, et qu'importe ce que ses amis pourront en dire : oui, il est bel et bien devenu ce qu'il disait au départ ne jamais vouloir être, car seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. Pour rien au monde Eddie n'échangerait aujourd’hui cette vie contre l'ancienne, comblé par son nouveau rôle mais aussi par certaines opportunités récemment tombées du ciel, comme pour lui prouver que son année risquait de finir bien mieux qu'elle n'avait commencé.
Lui, égérie Weatherton ? Il lui faut relire plusieurs fois son contrat fraichement signé pour pouvoir le croire ou tout du moins essayer, car l'information est presque encore trop belle pour être assimilée. La mode n'est pas un monde que le jeune père s'imaginait un jour conquérir mais il semblerait bien qu'il en prenne timidement le chemin, gardant notamment en tête qu'une grande campagne de parfums le mettra en lumière à la prochaine Saint-Valentin et qu'à cette occasion, son visage pourrait être affiché aux quatre coins de cette ville comme du pays, en se retrouvant ainsi associé à un nom dont plus personne n'ignore aujourd'hui le prestige. Il lui fallait toutefois attendre que la chose soit rendue officielle pour se permettre d'en parler, et la première personne méritant d'en être informée n'est autre que sa compagne face à laquelle Eddie n'a pas laissé échapper le moindre indice concernant son secret si bien gardé. Elle n'avait pour ainsi dire aucune raison de s'en douter et il ne pense pas non plus avoir enfreint les termes de son contrat avec la Shining Stars Agency en ayant signé ce contrat de son côté, quand bien même cette question-là devrait être rapidement réglée. C'est alors d'un pas énergique qu'Eddie prend la direction du bureau de sa compagne après avoir passé pour la première fois depuis des mois les portes de l'agence, où ses venues ne pourraient sans doute pas être plus rares qu’en ce moment. Halston y est sa principale attache, si ce n'est même la seule aujourd'hui, et ce n'est sans doute pas la meilleure raison d'y rester quand il se prend à y penser. Cette discussion risque donc de faire suite à celle qu'il désire initialement amener, en espérant qu'il ne sera pas le seul à se réjouir de cette chance qui lui sourit et de cette nouvelle corde qu'il pourra bientôt ajouter à son arc. Toquant deux coups à la porte de son bureau pour la forme, c'est en s'autorisant quelques libertés qu'Eddie finit par s'y inviter car il doute de pouvoir réellement la déranger. « Je peux te voler quelques minutes de ton temps ? Mon petit doigt me dit que tu as besoin d'une pause. » N'est-ce pas toujours un peu le cas, après tout ? Halston ne compte plus les heures passées à l'agence depuis sa reprise il le sait, alors il ne risque pas de s'en vouloir de la détourner un petit moment de son travail. Prenant ses aises jusqu'à se défaire de sa veste pour la déposer vulgairement sur un siège, il finit par dérober un baiser à sa compagne sans se soucier de qui pourrait éventuellement les surprendre – et sans regretter, non plus, l'époque où leur relation était encore cachée entre ces murs. « Et il y a une chose que je dois te dire, aussi. Je crois que ça mérite au moins un tête-à-tête avec madame la directrice. » Il sous-entend donc que c'est important, mais pas le genre d'importance dont Halston est en droit de s'inquiéter malgré la voix sérieuse qu'il peut adopter. Il faut dire qu’il se retient encore d'afficher le sourire qui le démange pourtant, allant de paire avec son annonce à venir. « Ne t'inquiète pas pour Sasha, tout va très bien pour lui. » il désamorce sans attendre, ayant eu des nouvelles de son fils juste avant de venir alors que celui-ci passe une journée complète avec Callie. Pour peu, sa jeune sœur en deviendrait presque la baby-sitter attitrée si seulement le temps le lui permettait. « Et pour moi aussi à vrai dire. » Tout va même pour le mieux, est-il tenté d'ajouter même si Halston devrait en principe pouvoir le deviner car son regard le trahit déjà quelque peu, au même titre que son sourire qu'Eddie ne tente désormais plus de cacher. Le moment ne pourrait pas être mieux choisi pour en parler, maintenant qu'il a la garantie que tout ceci est bien réel et qu'une certaine signature de papiers peut également en attester. « Tu as devant toi la nouvelle égérie de la Maison Weatherton jagi, même si j'avoue que je ne réalise pas totalement encore en te le disant. » Il le croira surtout quand il le verra, ce qui d'après James devrait arriver très vite désormais. « C'est officiel depuis quelques heures seulement. » précise-t-il, au cas où Halston s'étonnerait du caractère soudain de la chose car il aura fallu un certain nombre de rendez-vous et essais photos pour faire de lui l'égérie dont il parle, alors même que cette histoire a débuté il y a déjà plusieurs mois. Eddie est fier, bien sûr, aussi bien d'avoir tapé dans l'œil d'un aussi grand créateur que de s'être démarqué sans bénéficier des bons contacts de sa compagne, car à aucun moment ses affinités avec James n'ont pu peser sur la balance. Son regard se pose alors sur elle dans l'attente d'une réaction tout en espérant que celle-ci sera bonne, puisque rien ne justifierait à ses yeux le contraire. Elle a été la première à reconnaître sa grande photogénie le jour de leur rencontre, sans doute n'en sera-t-elle donc pas aussi surprise que lui.
Démarrer sa voiture, déposer ses mains sur le volant en sachant qu’elle se rendrait à l’agence pour la première fois depuis des mois avait procuré de drôles de sensations à Halston. Elle n’avait jamais cessé de travailler autant de temps, cela lui avait procuré un sentiment de peur indéniable ; comment allait-on la recevoir ? Allait-on la considérer comme une directrice digne de ce nom, alors qu’elle avait abandonné ce poste moins d’un an après l’avoir obtenu ? La jeune mère craignait également que son fils ne lui manque énormément, hélas elle ne pouvait pas se permettre de travailler à temps partiel, elle devait reprendre entièrement les rênes. Deux mois s’étaient écoulés depuis qu’elle avait remis ses pieds dans son bureau, deux mois depuis lesquels son cerveau n’avait cessé de surchauffer en permanence. La nouvelle année n’était pas encore arrivée, mais elle fourmillait de nouvelles résolutions pour que la Shining Stars Agency aille toujours plus loin. La brune devait les mettre en place le plus vite possible, avant que la concurrence n’arrive à les grignoter, ce qui lui mettait une pression supplémentaire. Heureusement pour elle, l’excitation que lui avait procurée le fait de retrouver son siège, la motivait à besogner sans relâche. Le regard de la directrice s’attardait parfois sur les nouvelles photos qu’elle avait ajoutées à côté de son ordinateur dès son retour, des clichés de sa petite famille qui avaient pour effet de lui rappeler qu’elle avait l’interdiction de trop déborder le soir. Un rappel sacrément efficace, qui s’ajoutait à ceux des différents fonds d’écrans de son portable, Sasha & Eddie ne pouvaient pas disparaître de son esprit au profit de son travail. L’inquiétude qu’elle avait pu ressentir avait laissé place à la fierté, la fierté d’accomplir l’impossible en arrivant à faire coexister les trois rôles les plus importants de son existence. Le couple qu’elle formait avec le chorégraphe ne lui avait jamais paru aussi fort, chaque soirée qu’elle passait à ses côtés avec leur enfant dans leurs bras, représentait une victoire. Le passé de l’américaine était mort et enterré six pieds sous terre, elle n’était plus la femme accablée par les scandales d’autrui, qui ne croyait plus qu’à la moitié de ses rêves. Elle ne l’aurait jamais cru possible trois ans auparavant, mais elle était plus épanouie que lorsqu’elle se considérait encore comme une jeune femme avec toute la vie devant elle. Halston en avait oublié la terrible distance avec les Hargreeves, avec lesquels elle réussi à renouer petit à petit, ce qui la faisait espérer que le premier Noël de Sasha pourrait se dérouler à merveille, entouré du plus grand nombre possible de membres de leurs deux familles. Un événement encore lointain, qu’elle ne devrait plus trop tarder à préparer, maintenant que les festivités d’Halloween étaient derrière eux, les décors décrochés de cette fête venaient d’être rangés ce matin même dans des cartons qu’elle observait. Les bras croisés, elle comprit qu’elle n’avait plus le loisir de participer à ce genre de futilités dans son entreprise, mais qu’elle pourrait se rattraper chez elle en s’occupant des nouvelles décorations de sa maison avec Eddie.
Recentrée sur l’essentiel, Halston pianotait sur son ordinateur, une fatigue visuelle commença à se faire ressentir. La directrice de l’agence de stars décida d’y remédier en se dirigeant vers sa machine à café, qu’elle actionna sans plus attendre. Elle crut entendre quelqu’un toquer juste après le boucan que produisit l’appareil. Avait-elle trahi cet instant de pause à toute l’agence, pour que quelqu’un vienne si subitement troubler ce moment de quiétude ? La brune s’était momentanément posée la question, elle n’eut guère le temps d’ouvrir ses lèvres avant que la personne ne s’autorise à rentrer dans son bureau. Halston se tourna vers elle, elle s’apprêtait à lui donner une leçon de courtoisie jusqu’à ce qu’elle ne découvre son visage. Eddie, c’était Eddie qui venait de s’y inviter avec une prémonition. « Ton petit doigt ou ma machine à café ? » L’interrogea-t-elle, uniquement pour le taquiner, puisqu’il avait un eu un timing des plus parfaits. En réalité le jeune homme avait dû le calculer, elle lui écrivait souvent à ce moment précis de la journée, après tout, il avait donc deviné qu’elle ressentait souvent le besoin de s’arrêter durant ce créneau. Il se débarrassa de sa veste, avant de se rapprocher d’elle et de l’embrasser. « Est-ce que monsieur a besoin d’un café durant ce tête-à-tête ? » Répondit-elle, consentant facilement à lui accorder plusieurs minutes. Il pressentit qu’elle risquait de l’interroger sur leur enfant, il la rassura immédiatement à son sujet. Eddie ajouta que tout allait très bien pour lui, ce qui l’intrigua définitivement, sa bouche forma un grand o. Elle comprit que cela devait concerner son travail, sa carrière devait avoir fait un sacré bond pour qu’il ne vienne lui rendre visite à l’improviste. « Je t’écoute. » Dit-elle en regagnant le chemin de son bureau. Alors qu’elle s’apprêtait à s’assoeir sur son siège, elle laissa son fessier tomber brusquement dessus lorsqu’Eddie lui fit sa grande annonce. Venait-elle d’entendre les mots égérie et Weatherton dans la même phrase ? Elle cligna des yeux, elle avait un doute parce qu’elle n’avait pas connaissance d’un tel projet, qui n’avait rien à voir avec la danse ou l’acting. Il développa ses propos en lui apprenant que la nouvelle était toute fraîche. « Félicitations ?! » Cette maison de haute couture était prestigieuse, ce n’était pas pour rien qu’elle avait laissé Diana en devenir le visage. Cependant, elle était quelque peu surprise que James ne lui en ait pas touché un seul mot. « Tu dois planifier ça depuis un moment. Tu ne fais pas les choses à moitié, tu entres dans le monde du mannequinat par la grande porte. » Elle savait bien que cela n’avait pas dû se faire du jour au lendemain, après tout Eddie ne jouissait pas d’une immense célébrité, sa prestation dans une série populaire de Netflix n’était pas encore parvenue au grand public. Halston devrait pleinement se réjouir pour lui, mais plusieurs choses l’en empêchaient. « Pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ? » Est-ce qu’il avait craint qu’elle ne lui mette des bâtons dans les roues ? Elle était pourtant encore son agente, son rôle de mère le lui avait peut-être fait oublier. La brune avait toujours eu horreur que ses protégés ne fassent des choses dans son dos, même si le danseur avait un statut particulier, elle en était tout de même vexée. Halston devait même le prendre encore plus mal, puisqu’ils s’étaient jurés de ne plus se faire de cachotteries, leurs vies professionnelles n’étaient pas censées faire exception, elle espérait vraiment que sa justification serait en béton.
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Il lui faut relire plusieurs fois le contrat figurant entre ses mains pour tenter de s'en convaincre, même si cette signature paraît encore bien trop irréelle pour qu'Eddie se fasse véritablement à l'idée de sa nouvelle casquette. Jamais il n'aurait imaginé retrouver le statut d'égérie, son expérience passée avec une célèbre marque de glaces paraissant désormais terriblement lointaine et ne lui ayant ouvert aucune autre porte à l'époque, au point où le danseur pensait avoir laissé un tel monde derrière lui pour de bon. Celui de la publicité revendique toutefois de sacrées différences avec celui de la mode, et c'est d'autant plus flagrant avec le luxe et la prestance que le nom Weatherton peut refléter, lui donnant peut-être bien l'impression de n'être aujourd'hui plus n'importe qui. Pas un petit danseur approché sur les réseaux pour des essais photos, mais bien un artiste capable d'incarner l'esprit d'une marque de prestige, d'après les mots employés par James lui-même. C'est l'évolution dont il ne s'était avant ça jamais pris à rêver mais sur le papier, il faut avouer que cette nouvelle aventure a déjà tout pour le séduire car c'est un challenge qu'Eddie s'engage bien évidemment à relever, afin que cette confiance fondée en lui ne l'ait pas été en vain. Son profil a tapé dans l'œil d'un créateur de renom avec la promesse de voir prochainement son visage placardé un peu partout dans le pays, comment aurait-il sérieusement pu fermer la porte à une telle opportunité ? Ce ne sont pas tant les paillettes et la gloire qui l'attirent, c'est en tout cas ce qu'Eddie tend à se répéter aujourd'hui, car seul l'avenir dira vraiment comment cette chance qui lui est offerte sur un plateau pourra se combiner avec le reste de sa vie. Son premier travail au théâtre et son projet à venir dans l'acting, bien sûr, mais aussi sa vie de famille. Pour l'heure, Eddie ne voit pas beaucoup plus loin que ce contrat quand bien même ce dernier rend la chose nettement plus concrète, l'autorisant même enfin à mettre dans la confidence celle pour qui il s'était pourtant juré de n'avoir plus aucun secret. C'est vrai, Halston est sa compagne et la mère de son fils avant même d'être son agente et les occasions ont été nombreuses de lui parler de cette offre que James Weatherton lui avait glissé, mais Eddie a préféré garder pour lui ces rendez-vous dans la célèbre Maison de Haute Couture et se trouver à chaque fois des excuses, jusqu'à ce qu'il n'en possède officiellement plus aucune. Et puisque la chose est à présent actée, il est le premier à désirer mettre des mots sur ce nouveau projet dont l'américaine ignore tout, si James ne lui a également parlé de rien comme il le suppose bien. Deux cachottiers, ou bien deux hommes ayant avant tout tenu à ne rien influencer ? Eddie assume ce secret qui n'en sera bientôt plus un, conscient pourtant du risque qu'il peut prendre à dévoiler ce dernier sur le lieu de travail d'Halston, car cette dernière est ici bien plus son agente que la femme partageant sa vie.
Une agente devenue également directrice, un rôle dont on devine sans mal l'importance même si cela n'empêche pas le danseur de s'infiltrer dans son bureau comme s'il errait entre ces murs en véritable effronté – et n'est-ce pas un peu le cas depuis toujours, au final ? Pour sa défense, Eddie ne devrait plus beaucoup se rendre à l'agence après cette discussion qui l'attend alors ce sont peut-être bien les toutes dernières libertés qu'il peut réellement y prendre, quand il y pense. Et l'heure choisie pour retrouver Halston à son bureau n'est pas non plus anodine puisqu’il connait depuis le temps les habitudes de celle-ci et les pauses susceptibles de ponctuer sa journée, ce que sa présence face à la machine à café ne peut que lui confirmer. Une bonne chose qu'elle ne soit pas en plein appel car la patience du danseur n'est pas réputée pour être grande, et remettre à plus tard son annonce reviendrait à lui cacher un peu plus ce qu'elle est en droit de savoir depuis des mois, déjà. « Pourquoi pas, je sais qu'il est un peu moins infect que celui du théâtre. » glisse-t-il dans l'esquisse d'un sourire face au café qui lui est proposé, car la Shining Stars Agency semble investir un peu plus de budget dans ses machines que la Northlight, c'est un fait. Son café en mains, Eddie profite de la chaleur de ce dernier pour apaiser les éventuelles craintes que sa compagne pourrait avoir au sujet de sa venue. Non, il n'est pas question d'un problème survenu avec leur fils mais bien d'une nouvelle dont il souhaiterait lui faire part, tout en sous-entendant déjà que celle-ci sera bonne. C'est après tout le cas lorsque l'on vient tout juste de signer un contrat d'égérie avec la Maison Weatherton, n'est-ce pas ? Dans aucun monde une telle annonce ne serait synonyme de désastre, tout du moins en regardant celle-ci avec les yeux du premier concerné. La première réaction de l’américaine consiste à le féliciter et Eddie ne cache pas vraiment la fierté qui anime son regard comme son sourire, d'autant plus lorsqu’elle souligne qu'il n'effectue pas n'importe quelle entrée dans le monde de la mode. Mais cette évidence s'accompagne déjà d'une autre, que le danseur ne pourra aucunement nier : on n'en vient pas à signer ce genre de contrat un beau jour sans un certain nombre de discussions au préalable avec la marque en question, et c'est très précisément le point sur lequel Halston s'empresse de rebondir. Il ne lui en parle que maintenant, et ce long silence qu'elle devine semble mine de rien la laisser très sceptique. « C’est ma compagne ou bien mon agente qui me pose la question ? » débute-t-il, comme pour prendre la température et le ton du prochain tournant de leur échange. Halston aurait après tout deux raisons de déplorer de l'apprendre si tard, entre le fait de vivre ensemble et celui de manager sa carrière, en n’ayant été à aucun moment consultée dans la prise de sa décision. « Je préférais que tous les papiers soient signés avant de t'en parler car j'avais encore du mal à réaliser, et je ne voulais pas non plus risquer de m'emballer pour rien, tu me connais. » Le principal risque ayant été qu’un autre profil que le sien puisse finalement convenir à l'arrivée, c’est avec pas mal de recul qu’il a considéré la chose pour ne pas tomber de trop haut. Mais en gardant cette opportunité pour lui, Eddie s'est aussi fermé aux éventuels conseils qu'elle aurait pu lui donner et c'était peut-être bien son autre volonté. Celle de faire les choses par lui-même, sans se reposer un seul instant sur elle, qui plus est vis-à-vis de ses affinités avec James. « Avant que tu me demandes, c'était en discussion depuis le mois de juillet environ. » Il ne nie ainsi pas l'existence de ce projet depuis déjà plusieurs mois, tout autant de temps passé à le lui cacher et à honorer ces différents rendez-vous dans son dos, comme un protégé désirant s'émanciper. « Tu peux me le reprocher mais comprends-moi, James est aussi ton ami et j'étais tellement fier quand il m'a approché sans jamais qu'il soit question de ça. » Pas une seule fois le couturier n’a fait allusion à leur amitié et de son côté, Eddie ne s’est vanté de rien comme s’il n’avait pas intérêt à être le compagnon de quiconque, ce jour-là. « Si je t'en avais parlé, tu l'aurais sûrement contacté et je ne voulais pas que votre relation entre en compte alors que j'estime avoir été suffisamment privilégié. » Par les bons contacts et le long bras de son agente et compagne dans le milieu, oui. Même s'il a passé le casting d'une célèbre série comme tout le monde, Eddie a conscience que l'influence d'Halston a tout de même pu jouer car c'est à lui qu'elle a automatiquement pensé pour ce rôle, lui qu'elle a aussitôt recommandé au directeur de casting, et il réalise aujourd'hui que décrocher de telles opportunités seul n'a tout simplement pas de prix.
N’importe quel autre intrus aurait probablement regagné le couloir aussi vite qu’il ne serait entré dans son bureau sans permission, les règles qui régissaient l’agence du temps de Claudia, ne s’étaient guère assouplies à ce niveau. Halston en comprenait la nécessité, il n’y avait pas plus agaçant que d’être dérangée à tout va lorsque l’on se trouvait au sommet de la pyramide, encore plus après de nombreux mois d’absence. L’américaine n’avait jamais eu autant d’informations à digérer que ces dernières semaines, elle n'avait pas toujours su où donner de la tête, mais elle avait fini par se trouver un ordre de priorités. Un ordre de priorités qui n’incluait bien évidemment pas de s’occuper d’un de ses talents les plus transparents au beau milieu de son après-midi, mais il était si rare qu’Eddie lui rende visite que cela l’intriguait. Il devait avoir une excellente raison de le faire, une certainement positive pour qu’elle ne nécessite pas de l’appeler au préalable, même si elle n’avait pas pu s’empêcher de penser à Sasha. La santé de celui-ci prenait encore beaucoup de place dans son esprit, parce qu’elle ne veillait plus autant sur lui, elle se doutait que celui-ci n’était plus autant surveillé depuis qu’il était confié à des professionnels devant gérer plusieurs enfants. Elle cessa d’y songer quelques secondes pour lui demander s’il voulait d’un café, ce qu’il accepta tout en émettant un avis sur celui-ci. La réflexion du danseur la fit glousser, parce qu’elle lui rappela qu’elle n’avait pas encore changé sa machine pour une meilleure, mais il allait tout comme elle devoir se contenter de cette boisson un peu infecte, qui avait au moins le mérite de la stimuler. « Il sera bien meilleur quand je pourrais m’attarder là-dessus. » Autrement dit il pouvait attendre encore quelques mois avant de boire quelque chose de meilleur au sein de son bureau. Il n’était pas venu pour ça après tout, la raison de sa venue devait encore être éclaircie. Le visage d’Eddie irradiait, il était un peu plus fier de lui déclarer qu’il était de nouveau une égérie, d’une marque qui lui était plus que familière. Un rôle qui devait encore plus le flatter que celui-ci qu’elle lui avait décroché, lorsqu’ils étaient encore dans un cadre strictement professionnel. Représenter une maison de haute couture ne devait pas procurer les mêmes sensations que de promouvoir des glaces, le risque d’avoir la grosse tête était bien plus grand. Il voulait savoir sur quel pied danser, en lui demandant qui posait la question, entre ses deux personnalités qui n’étaient pas si distinctes que cela. L’une n’allait pas sans l’autre, cela avait toujours été le cas dans leur relation. Il y en avait pourtant bien une qui pourrait être plus touchée que l’autre, la femme avant l’agente. « La compagne. » Comment avait-il pu se donner autant de mal pour cacher cela à celle qui partageait son toit ? Combien de mensonges avait-il dû distiller pour qu’elle ne se doute de rien ? Halston avait la désagréable sensation d’avoir été naïve. Eddie lui expliqua qu’il n’avait pas voulu se précipiter, qu’il attendait que tout soit parfaitement officiel. Tout cela avait dû prendre des mois, elle n’avait pas manqué de le sous-entendre. Il lui dévoila que tout avait commencé en juillet, mois durant lequel elle avait accédé à la direction. Elle comprenait mieux pourquoi elle était passée à côté de tout cela, même si cela ne rendait pas la pilule pour facile à digérer. Il lui donnait l’autorisation de le lui reprocher, comme si elle en avait besoin pour le faire. Un de ses sourcils tressauta, avant qu’il n’entre plus dans les détails en mentionnant son amitié avec James ou plutôt le fait que celle-ci n’avait servi à rien dans tout cela. Elle l’aurait effectivement contacté si elle avait été mise dans la confidence, mais elle ne voyait pas en quoi cela aurait posé le moindre problème. « Je vois, vous m’avez tous les deux effacés de l’équation. » Une équation qu’elle n’aurait pas bousculée, contrairement à ce qu’ils pouvaient croire. Cependant, elle sentait qu’Eddie commençait à lui échapper, que son peu d’intérêt pour son agence allait s’éteindre, si ce n’était pas déjà le cas. « J’imagine que la Shining Stars Agency va passer aux oubliettes ? » Elle savait que le père de son enfant allait être encore plus scruté, une fois que tout le monde saurait qu’il était devenu une égérie Weatherton. Halston allait être moquée de le perdre à cet instant précis de sa carrière, alors qu’elle l’avait gardé pendant tout le temps où il n’effectuait aucun tournage ou shooting. Si elle n’était pas capable de garder son compagnon sous son aile, qu’allait-il en être des autres ? La question allait naître dans la tête de plus d’un de ses collègues. Des pensées qui lui avaient coupé toute envie de consommer son café, qui refroidissait sur son bureau. On lui avait pourtant dit plusieurs fois qu’il était plus sain de ne pas être en couple avec l’un de ses protégés, mais elle n’arrivait pas à l’intégrer, pas alors qu’elle se sentait proche de lui dans tout. Halston craignait de perdre une partie de l’identité de leur relation, même si celle-ci devait indubitablement évoluer un jour. « Cela doit être... inévitable. » Elle devait déjà s’estimer heureuse d’être devenue la mère de son enfant, n’est-ce pas ? Elle ne pouvait pas le garder jalousement pour elle sur tous les plans. Il n’allait probablement plus la consulter pour ses décisions professionnelles, alors qu’elle souhaitait être sa plus précieuse conseillère. Une crainte qu’elle ne verbalisera pas, même si elle l’avait sûrement trahie quelques minutes plus tôt. L’importance qu’elle avait dans sa vie allait s’amoindrir et elle ne pourrait pas lutter contre cela, son intérêt pour le cinéma ne s’étant jamais décuplé. Elle respectait qu’ils aient chacun leurs terrains de prédilection, même si elle observait le mannequinat d’un œil moins serein. Il était plus attiré par la mode qu’elle ne l’avait jamais été, cela devait être épanouissant pour lui. « Tu auras le mérite d’avoir eu des expériences professionnelles variées » Plus qu’elle, qui n’avait connu que deux domaines, dont un qui lui avait été imposé. Elle se rappelait suffisamment de sa jeunesse pour se mettre à sa place, si elle avait été aussi libre que lui, elle en aurait fait tout autant, même si elle ne l’aurait pas caché à celui qui partageait sa vie. « Tu es un homme chanceux. » Une personne qui ne regrettera vraisemblablement rien, contrairement à elle qui avait attendu la chute de l’empire Hargreeves pour s’émanciper. La tasse de la brune gagna finalement ses lèvres, une tentative de garder la face devant lui.
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Il perçoit comme un parfum d'amertume flotter subtilement dans la pièce à la suite de son annonce, en raison sans doute du secret qu'Eddie s'est évertué à maintenir autour de cette collaboration dont sa compagne n'aurait pas pu soupçonner l'existence, sans indice de sa part comme de celle de son ami. C'est avant tout la femme partageant sa vie qui semble péniblement digérer ce qu'elle apprend, mais l'agente n'est probablement pas en reste lorsque ces cachotteries les impactent inévitablement l'une et l'autre, de par ce double rôle en vigueur dans leur relation depuis le premier jour. C'est ce qui arrive lorsqu'on mélange son travail et sa vie personnelle, une configuration des choses qui a déjà par le passé valu à leur couple de connaître quelques étincelles car peut-être bien qu'au fond de lui, Eddie ne s'est jamais senti totalement libre et que tôt ou tard, l'envie de voler de ses propres ailes allait s'imposer d’elle-même. Il n'en est officiellement plus très loin aujourd'hui comme le prouve ce contrat qu'il a tenu à signer seul, sans s'enquérir du moindre avis autour de lui. Ni de celui d'Halston, ni de celui de sa meilleure amie ou même de sa sœur, comme quelqu'un de décidé à n'écouter que lui. C'était nécessaire pour lui permettre de reprendre en mains sa carrière, mais il ne peut retenir une grimace navrée lorsque l'américaine exprime l'impression qu'elle a d'avoir été proprement évincée. Peut-être se sent-elle même un peu trahie au fond d'elle, par James comme par lui, et ce n'est pas le genre de chose dont Eddie peut se réjouir alors qu'il réalise avoir été quelque peu égoïste. N'est-ce pas déjà ce qui lui avait valu une terrible réputation entre les murs de la Northlight, lorsque sa propre réussite tendait à passer au-dessus de la moindre affinité avec ses collègues ? Il jure avoir changé mais ne peut pas nier rester quelqu'un de profondément indépendant et ambitieux, n'ayant jamais aimé rendre des comptes ni se plier à ce que l'on pouvait attendre de lui. Halston ne l'a jamais contraint à passer un casting qui ne l'intéressait pas et a toujours mis un point d'honneur à désirer le meilleur pour lui, c'est vrai, mais il se souvient aussi qu'une simple couleur de cheveux pouvait être sujet à conflit lorsque son rôle d'agente l'emportait sur celui de compagne, auquel Eddie reste infiniment plus attaché. Il n'y aurait même aucune question à se poser s'il lui fallait faire un choix car elle reste avant tout la femme qu'il aime et la mère de son fils, peu importe que le travail ait été la première chose à les lier tous les deux. « J'aurais pu te consulter en tant qu'agente c'est vrai, mais j'ai réalisé que je n'avais pas besoin de conseils cette fois. » Parce qu'il avait le sentiment que cette décision n'appartenait qu'à lui, de la même façon que cette offre de la Maison Weatherton n'incluait personne d'autre que le créateur et le danseur. Il reprend alors, plus transparent que jamais après s'être bien assez enfermé dans le secret depuis juillet. « J'étais prêt à prendre un risque tant que je pouvais faire les choses par moi-même, en décidant seul du prochain tournant de ma carrière. » Et cela, comme il l'a longtemps fait avant de la rencontrer lorsque cette carrière dont il parle se limitait encore au théâtre et à la danse. Eddie est aujourd'hui face à un tout nouveau monde prêt à l'accueillir et ce dernier semble déjà bien plus l'inspirer que celui de l'acting, de quoi amener la prochaine question de sa compagne, tristement prévisible.
Est-ce que la Shining Stars Agency sera prochainement à conjuguer au passé en ce qui le concerne ? Il ne peut pas prétendre que ça ne lui a pas traversé l'esprit, ni même s'étonner du fait qu'Halston puisse à présent s'interroger sur sa volonté d'y rester. De là à la jeter aux oubliettes peut-être pas, mais Eddie ne peut pas être plus honnête qu'en soulignant l'évidence, face à elle. « Pour le peu de temps que j'y passe encore, Halston. » souffle-t-il alors, comme si tout le monde ne savait pas déjà que ses venues entre ces murs se limitent désormais à l'envie d'y retrouver la mère de son fils, seule véritable raison le retenant encore par ici. Quitter cette agence est un peu la suite logique des choses quand il y pense et Halston en semble elle-même bien consciente, comme si cette perspective se profilant à l'horizon l'inquiétait déjà sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Le fait de le voir s'émanciper représente-t-il à ses yeux un risque de le perdre ? Ou craint-elle surtout qu'Eddie ne s'éparpille dans un monde où ses conseils ne s'appliqueront plus en dehors de leur maison ? Il ignore à vrai dire si James Weatherton dispose de ses propres agents spécialisés dans le mannequinat et ne désire pas tellement le savoir, car il ne fera pas l'affront à sa compagne de retrouver un agent aussi vite, Eddie se l'est promis. « Je ne vais pas te mentir et prétendre que non puisque j'ai effectivement songé au fait d'en partir, oui. J'avais même en tête de t'en parler aujourd'hui pour tout t'avouer. » Ainsi Halston lui retire en quelque sorte une épine du pied en abordant cet houleux sujet la première, même s'il croit sentir cette dernière se refermer peu à peu devant lui. Une part de l’américaine demeure sans doute un peu sceptique face à cette nouvelle opportunité, et le silence que le danseur a pu garder autour de celle-ci ne l'aide manifestement pas à l'aborder très sereinement, non plus. Tout ça Eddie le comprend, mais elle doit elle-même comprendre qu'elle ne sera pas aussi perdante qu'elle le pense s'il vient à laisser cette agence derrière lui. « Tu sais comme moi qu'après Squid Game j'en aurai fini pour de bon avec l'acting, alors je crois que j'ai suffisamment occupé une place d'acteur fantôme à la Shining Stars Agency pour y rester plus longtemps. » Elle ne pourra au moins pas lui donner tort à ce propos car c'est tout juste si Halston devrait voir la différence, avec un acteur aussi distant et dispersé que lui. Il continuera de se rendre à l'agence pour la voir c'est une certitude, mais ce sera bien l'unique motif qui l'y conduira encore à l'avenir, sans que cela ne soit grandement une surprise. Sentant que l'américaine en a gros sur le cœur, Eddie fait un pas en avant pour lui retirer sa tasse des mains avant de s'emparer de celles-ci en douceur, dans une volonté évidente de la rassurer. « J'ignore de quoi tu as peur mais la seule chose que ça changera entre nous, c'est le boulot. Tu restes ma première alliée au quotidien et la meilleure agente que je connaisse aussi, et je pense que certains protégés ont bien plus besoin de toi que moi de ce côté-là, aujourd'hui. » C'est une chance qui pourra ainsi être offerte à d'autres talents et une place qu'Eddie n'occupera plus à moitié par ici, il tend donc à le voir comme une aubaine bien plus que le contraire même si le lien professionnel qui les unie en subira le contrecoup, lui aussi. Halston ne sera bientôt plus son agente, cette idée a encore un peu de mal à faire son chemin dans son esprit mais il finira par l'accepter, pour en avoir après tout décidé le premier. Le tout sera de ne pas le regretter mais en conservant avant tout ce qui rend leur relation si précieuse et leur couple si solide, Eddie aime penser qu'abandonner cet aspect professionnel ne sera pas une trop grande perte pour lui. Après quoi, il n'aura plus aucune raison de la mettre à l'écart de ses projets en redoutant son influence, puisque celle-ci n'existera plus. Esquissant un sourire, le danseur ne peut qu'approuver ses prochains dires. « Tu as raison, j'ai beaucoup de chance et j'en ai conscience. Mais je n'oublie pas tout ce que tu as fait pour moi, je ne cracherai jamais dans la soupe Halston, tu peux me croire. » C'est important qu'elle le sache pour qu'elle ne l'imagine pas devenir subitement très ingrat, car James a aussi sous-entendu que son expérience passée avec une célèbre marque de glaces avait renforcé l'intérêt autour de son profil, preuve que l'américaine n'aurait pas pu mieux faire son travail avec lui. « Ne sois pas trop dure avec James quand tu le verras, je pense qu'il a vraiment tenté de faire la part des choses de son côté aussi. » glisse-t-il dans l'hypothèse où Halston le tiendrait responsable de son départ de l'agence et de toutes ses cachotteries, alors qu'Eddie n'a jamais signé la moindre clause de confidentialité. C'est sur les réseaux sociaux que l'équipe du créateur l'a initialement approché, comme n'importe quel autre jeune homme dont le profil l'aurait intrigué, et James se souvenait avant tout de lui pour le défilé Weatherton auquel il avait participé durant le mois des fiertés. C'est certainement ce que le principal concerné lui dira si elle vient à le contacter, en espérant toutefois que la réaction de sa compagne ne vaudra pas quelques ennuis futurs à Eddie à présent que le contrat est officiellement signé. « Et concernant ce rôle d'égérie.. » Sur ce dernier il ne lui a pas encore tout dit et il s'y emploie donc, maintenant qu'il s'en sent parfaitement libre. « J'aurai droit à ma propre campagne de parfums à la prochaine Saint-Valentin, tu te rends compte ? Inutile de te dire que ton cadeau est déjà tout trouvé, du coup. » Il ponctue aussitôt ses paroles d'un nouveau sourire pour tenter de détendre l'atmosphère, sans préciser que cela l'amènera à figurer sur d'imposantes affiches à travers tout le pays. Halston est-elle seulement prête à le revoir exposé de la sorte, en plus de son rôle dans une série pour le moins attendue ? Il pourrait lui dire qu'elle le partage déjà chaque soir avec le public du Southern Cross Theater, mais ce n'est bien sûr pas comparable à l'ampleur qu'une campagne Weatherton peut avoir.
Il n’avait pas besoin d’elle, c’était tout ce qu’elle qu’elle comprenait de sa phrase, son expertise lui était inutile. Être utile pour les autres, tout particulièrement pour ses proches avait toujours été d’une importance capitale pour elle, même si elle avait conscience que son métier n’était pas profitable pour tout le monde. Il l’avait été pour Eddie, il pouvait en tirer du profit, elle était bien placée pour comprendre ses besoins d’artiste, mais à présent il avait décidé de prendre le large sans elle. Le navire sur lequel il se trouvait prenait une direction qui lui inspirait de l’inquiétude, une inquiétude qu’il ne devait pas comprendre, car le mannequinat avait rarement été le centre de leurs conversations. Il ne se serait probablement pas lancé là-dedans de sa propre initiative, tout comme pour l’acting, dans lequel il s’était retrouvé grâce à son impulsion à elle. La brune était une dénicheuse de talents qui venait de se faire dérober sa pépite - qui elle le voyait dans ses yeux - allait se sentir particulièrement polie par sa nouvelle occupation. L’américaine serait hypocrite si elle disait qu’elle ne le comprenait pas, qu’elle n’avait pas ressenti elle-même le besoin de choisir l’évolution de sa carrière, mais exprimer qu’elle avait ressenti la même chose validerait un peu trop son choix à son goût. Il était libre de prendre des risques, parce qu’elle lui apportait une situation confortable, elle était heureuse de voir qu’il se sentait en sécurité financièrement, mais il n’avait pas conscience ce qui l’attendrait avec une notoriété qui allait exploser. Halston n’avait pas oublié le rôle qu’elle lui avait décroché dans la célèbre série coréenne, qui allait prochainement être diffusée au grand public, mais elle préféra d’abord se soucier de sa place dans son agence. Le danseur souligna le peu de temps qu’il y passait, ce qui annonçait la couleur de la décision qu’il avait prise. Elle l’avait devancé, il avait effectivement pensé à en partir, il comptait lui en parler aujourd’hui dans ce bureau, qui allait voir la fin de leur collaboration professionnelle. « Je vois. » Qu’elle commenta avant qu’il ne mette une autre évidence en avant. « Elle était avant tout symbolique, cette place. » Tout aussi symbolique que l’union devant un sosie d’Elvis Presley, même si elle devait s’avouer que ce lien professionnel avait plus d’importance. Un faux mariage n’avait rien changé à leur quotidien, alors que cette relation d’agent/protégé leur avait permis de se rapprocher, quand leurs routes semblaient avoir divergé pour de bon. Elle se souvenait avec affection de ce retour dans ce qui était son ancien bureau, lorsqu’il se trouvait dans une situation délicate après avoir disparu des radars. Halston n’avait pas hésité à lui montrer que sa porte était grande ouverte, ce dont elle était tout bonnement incapable aujourd’hui. Eddie s’interrogea sur ses peurs, tout en essayant de la rassurer et de lui rappeler les bonnes priorités. « Ce n’est pas un milieu tout à fait sain. » Dit-elle pour être politiquement correcte, ses pensées étant en réalité plus sombres. Elle ne pourrait pas évoquer la crainte de le voir entouré de jeunes femmes, toutes aussi superbes les unes que les autres, sans avoir l’air de ne pas avoir confiance en lui. « Il est certain que j’ai plus ma place auprès d’autres talents, mais ça va me faire drôle de ne plus pouvoir dire que je suis ton agente. » Halston n’était pas prête de l’entendre parler de quelqu’un d’autre en tant qu’agent. Elle ne savait pas s’il envisageait d’en prendre un autre à l’avenir, mais il se pourrait bien qu’il le fasse si cette nouvelle carrière était florissante pour lui. Il lui fit la promesse qu’il n’oubliera jamais tout ce qu’elle avait accompli pour lui, c’est pour cela qu’elle en profita pour lui demander une faveur. « Lorsque tu auras des interviews, j’apprécierai que tu évites le plus possible de parler de ton départ, encore plus lorsqu’elles concerneront Squid Game. » Les médias et le public ne devait pas retenir cette information, ils devaient au contraire savoir qu’il avait pu atterrir sur cette plateforme grâce à son agence. Elle ne pouvait pas lui imposer de parler à tout va de son entreprise, mais s’il pouvait la mentionner une ou deux fois, cela serait fortement apprécié. Soudainement, le jeune homme remit James au centre de leurs conversations, en lui demandant de ne pas se montrer trop dure avec lui. Elle ne savait pas s’il se souciait des éventuels dégâts que cela pourrait engendrer à leur amitié ou des conséquences que cela pourrait avoir sur lui, mais c’était bien la première fois que sa relation avec le couturier risquait d’être entachée. La brune fut plongée dans ses réflexions l’espace de quelques secondes avant de lui répondre. « C’est la première fois qu’il me déçoit. » Halston n’était pas réputée pour être sévère avec ses proches, elle leur avait au contraire pardonné plus d’une fois, son ex-mari en était le premier exemple. « Je ne devrai pas trop lui en tenir rigueur. » Elle détestait accumuler des ressentiments envers des personnes qu’elle appréciait, elle ne pensait pas que le Weatherton allait commettre d’autres erreurs. La brune ne comptait donc pas lui faire de remontrances, elle allait faire de son mieux pour passer au-dessus. Eddie ajouta qu’il allait avoir le droit à une campagne lors de la Saint-Valentin, qui concernait des parfums. Il projetait de lui offrir l’un d’entre eux, sans même savoir si son odeur lui conviendrait, elle devina qu’il cherchait avant tout à la détendre. « Oui, tu vas devenir un des visages les plus exposés de la ville, sans aucun doute. » Elles seraient nombreuses à pouvoir l’admirer sur papier glacé et même au-delà, elle savait que cela augmenterait considérablement le nombre de recherches sur lui. Il n’allait probablement pas être considéré comme la coqueluche de ces dames, comme l’avait pu l’être Nolan, mais ne se réjouissait pas de ce qui l’attendait. Halston n’avait pas oublié qu’ils n’étaient même pas mariés tous les deux, qu’il allait facilement passer pour un célibataire. Elle pencha sa tête sur le côté, avant de se lever et d’aller s’asseoir sur ses genoux. « Je ne peux pas garder ce visage jalousement pour moi, quel gâchis. » Déclara-t-elle en le saisissant entre ses mains. « Mais je présume qu’il serait trop égoïste de garder une telle beauté pour moi. » Les personnes aussi gâtées par la nature restaient rarement dans l’ombre, elle était la première à le savoir. « Je resterai la seule à pouvoir l’observer sous toutes les coutures quotidiennement et à pouvoir me saisir de ces lèvres, cela devrait me suffire. » Elle étira la commissure de ses lippes avant d’embrasser tendrement le père de son fils.
I've been quiet for way too long, I can't fight it no, no more. Got a story and it's time to tell 'Cause I just can't, just can't keep it to myself. Somebody give me a microphone or a megaphone or a telephone. Good news. Got that old made new. Got that joy coming through. Got me feeling alright. Good news. Got that skip in my step. Feel that beat in my chest. Got that love in my life I'm talking good, good news.
Il tente de choisir prudemment ses mots face à Halston, conscient que la nouvelle du jour a déjà de quoi la décontenancer pour qu'il ne vienne pas en plus en rajouter. C'est vrai, il a signé ce contrat dans son dos et ne dirait pas vraiment qu'il en est fier, car la seule fierté qu'Eddie en tire reste celle d'être parvenu à intéresser un homme comme James Weatherton sans influence extérieure, et nulle autre raison que sa photogénie. S'il a fait la différence cette fois c'est uniquement par lui-même, et c'est ce qui le motive désormais à reprendre les rênes de sa carrière comme le grand indépendant qu'il a toujours été, sans doute même bien trop libre pour accepter plus longtemps de tenir un rôle de protégé. Il a de toute évidence fait son temps dans cette agence et l'admettre face à sa compagne revient aussi à ne pas entretenir chez elle de faux espoirs, honnête quant à ses intentions de la quitter à présent que d'autres horizons s'ouvrent à lui. C'est certainement la décision la plus sage qu'il puisse prendre aujourd'hui en raison d'une présence à la Shining Stars Agency d'ores et déjà en dents de scie, Eddie n'a jamais été un acteur très prolifique entre ces murs et c'est le déclic qui lui manquait sûrement pour accepter enfin d'en tourner la page, sans nier les souvenirs qu'il y gardera. « Et ça le restera, symbolique. » souffle-t-il en réponse à sa compagne, sans que celle-ci n'ait besoin de préciser le fond de sa pensée ici. Leur histoire ne serait pas devenue ce qu'elle est sans ce lien professionnel pour les relier au départ, leur collaboration ayant par la suite connu l’évolution que l'on sait quand peu à peu, Eddie a réalisé que son agente ne le laissait pas insensible. Ils se souvient bien sûr des insinuations déplacées de ses proches quant à une éventuelle promotion canapé, de leur couple qui aura aussi été longuement caché avant qu'enfin, l'américaine se sente prête à l'assumer. Tous deux se sont battus pour permettre à ces deux rôles de se combiner et Eddie n'a aucun regret, chérissant la moindre étape qu'ils ont pu traverser ainsi que les difficultés qui ont permis à leur histoire d'être aussi si riche, et à leur couple d'être aussi solide. La symbolique que tout cela revendique n'est donc pas près de s'éteindre à ses yeux, qu'importe ce lien d'agente et de protégé qui appartiendra bientôt au passé car rompre ce dernier n'effacera rien, le danseur est encore capable d'aller de l'avant sans passer un coup de gomme sur tout le reste. Il décèle toutefois qu'Halston n'est pas très sereine à l'idée de le voir prendre son envol, ce que celle-ci justifie par le fait que le monde de la mode n'a sûrement pas que de bonnes choses à offrir. Mais n'est-ce pas là le risque à prendre dès qu'un minimum de notoriété entre en jeu, et ce dans n'importe quel milieu ? « J'imagine que celui du cinéma ne l'est pas beaucoup plus, parfois. » Et par là, Eddie sous-entend que les acteurs qui tournent mal existent, ce n'est d'ailleurs pas à sa compagne qu'il va l'apprendre car l'un de ses protégés a déjà connu ce cas de figure, à sa connaissance. De son point de vue, aucun monde n'est vraiment sain et il convient simplement de s'armer comme il se doit pour en éviter les dérives, ce qu'il compte bien entreprendre avec tout l’optimisme qui le guette encore, sans doute. Il manifeste un soupçon de surprise face à la prochaine requête d'Halston, celle-ci lui demandant de lui accorder une ultime faveur avant de ne plus la considérer comme son agente et cela, pour ne pas évoquer publiquement la fin de son contrat avec la SSA. « Je n'en parlerai pas si tu me le demandes. » confirme-t-il, si cela peut au moins la rassurer et lui permettre d'avoir un peu plus l'esprit tranquille. Son intention n'est pas d'attirer le moindre projecteur sur l'agence si cela doit la desservir, il ne soulignera donc pas les raisons de son départ et évitera même d'évoquer ce dernier, autant que cela lui sera possible. « Je ne pourrai pas empêcher qui que ce soit de s'attarder sur mes précédentes expériences, mais il y aura bien assez de choses sur lesquelles m'interroger s'ils y tiennent vraiment. » C'est en tout cas ce qu'il présume, préférant lui-même très largement s'étendre sur sa première passion pour la danse via laquelle tout a commencé. Sa promesse formulée, Eddie est pourtant loin d'imaginer le genre d'attention qu'il pourrait sous peu récolter, en raison d'une double exposition dont les conséquences ne sauraient être encore mesurées.
Il ne s'estime après ça pas vraiment légitime pour rebondir sur la déception que James lui inspire, préférant ne pas mettre son nez dans leur amitié ni défendre le couturier par principe. C'est une chose que l'américaine pourra alors directement voir avec le concerné, prétextant qu'elle ne lui en tiendra pas trop rigueur quand bien même cet affront qu'elle considère semble être le premier susceptible de ternir leur relation. Eddie hoche quant à lui lentement la tête, persuadé que l’américaine saura régler cette histoire sans pour autant s'emporter et cela, avant d'annoncer que sa toute première campagne avec la Maison Weatherton se tiendra en février prochain, à l'occasion d'une fête qu'il estimait autrefois terriblement commerciale. Il plaisante toutefois en sous-entendant que sa proximité avec les parfums de la marque en feront par extension un cadeau tout trouvé, prêt au contraire à redoubler d'originalité pour lui prouver qu'il peut continuer de la surprendre, égérie ou non. Halston s'attend alors à ce qu'il devienne l'un des visages les plus remarqués en ville, ce à quoi Eddie ne peut s'empêcher d'ajouter, en se fiant après tout aux mots du couturier. « Du pays même je crois, et j'avoue que le simple fait de l'imaginer me donne déjà le tournis. » On parle bien de campagnes dont le retentissement devrait être national compte tenu du prestige de Weatherton, et une part de lui peine à croire qu'il n'avait pas atteint le maximum de sa visibilité autrefois avec une illustre marque de glaces, car tout indique que ce sera d'un tout autre niveau cette fois. Il n'a pourtant jamais aspiré à devenir célèbre Eddie, les seules paillettes qui l'ont attiré jusqu'ici étaient celles du théâtre mais il doit admettre que tout ceci ne le rend plus aussi allergique, sinon jamais il n'aurait postulé pour le rôle que l'on sait dans une série avec l'impact que celui-ci pourrait avoir sur son image et sa popularité. Pas de quoi changer toutefois ses principes car le danseur n'imagine pas un monde dans lequel il ne garderait pas les pieds sur terre, qu'importe les tentations qui s'offriront à lui. « Mais je serai quand même fier de pouvoir montrer tout ça à Sasha. » reprend-t-il, en visualisant déjà les yeux de son fils s'agrandir face aux fameuses affiches. Le reconnaitra-t-il ? Eddie tend à penser que oui, c'est un petit garçon éveillé dont la curiosité n'est plus à prouver et tout comme sa mère, le dernier né des Yang distingue déjà bien les traits de son père. Il sourit tendrement quand Halston vient finalement prendre place sur ses genoux, exprimant sa désolation à l'idée de ne pas pouvoir garder la vue de ce visage pour elle même si le vouloir serait aussi faire preuve d'égoïsme, toujours selon elle. La beauté dont elle parle mériterait même d'être partagée et Eddie ne cache pas que même après trois ans, les compliments du genre parviennent encore à le faire rougir. « Comme tu dis, tu gardes un accès privilégié à ce visage quoi qu'il arrive. Et personne ne le connait aussi bien que toi jagi, ça n'est pas près de changer. » Sur ces mots, il lui rend son baiser en capturant ses lèvres à son tour, l'entourant alors d'un bras pour qu'elle ne soit pas tentée de se redresser trop vite. Son regard relevé vers le sien, Halston pourra y lire la lueur qui s'y trouve tandis qu'il reprend, leurs mains toujours liées. « Tu sais que je continuerai de venir te voir ici, hm ? Je ne pourrai plus y prendre toutes les libertés du monde mais si tu acceptes encore mes visites, elles pourront persister elles aussi. » Il ne s'y rendra plus qu'en tant que visiteur, certes, mais c'est sa façon de prouver qu'il ne met pas cette agence à la poubelle sous prétexte qu'il n'en fait plus partie. Sa compagne en reste après tout la directrice et cela signifie encore quelque chose pour lui, de la même façon qu'Halston peut parfois l'honorer d'une visite au théâtre, comme un couple se soutenant dans leurs projets respectifs. « Et histoire de fêter dignement ce nouveau contrat, je pensais t'inviter à diner ce soir. » Si sa première surprise a pu laisser l'américaine quelque peu sceptique, il mise sur celle-ci pour être bien mieux reçue et afin de la convaincre, Eddie a même déjà en sa possession son meilleur argument. « Callie pourra garder Sasha quelques heures de plus, peut-être même que j'ai un peu anticipé et qu'elle m'a déjà donné son accord. Alors, c'est un oui ? » Croire qu'il n'a pas tout prévu serait mal le connaître, même si Halston est encore libre de préférer une soirée calme et reposante chez eux plutôt qu'un diner au restaurant, sans qu'il ne puisse s'en offusquer pour autant.
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