Good things take time. -- @Ho Min-Kyung

Je vois bien dans son visage que ma réaction n’est pas celle escomptée et qu’il s’imagine déjà le pire, mais j’ai besoin de réfléchir à ce que je souhaite avant de lui répondre, de prendre le temps de choisir les bons mots pour lui exprimer ce que je ressens. Mon cœur est prêt à oublier les déceptions du passé, me crie naïvement que cette fois-ci pourrait être la bonne, sans doute aveuglé par l’amour, mais ma tête ne cesse de me répéter jamais deux sans trois. Pourquoi est-ce que ce serait différent cette fois-ci? Finalement, l’ampleur des sentiments que je ressens pour lui ainsi que mon besoin d’être aimé prennent le dessus sur mes craintes et je tais, d’un battement de cils, mon cerveau qui me fait part de tous les scénarios catastrophiques qui pourraient se produire. J’ai envie de me lancer, mais je m’assure tout de même d’abord qu’il est certain d’être prêt à risquer sa relation avec ses parents pour moi. « Oui! Oui… tout à fait! Je… Je ne dis pas que ça va être facile. Au contraire… Mais avec toi et Swann, un ami que je vais te présenter… et ma sœur aussi, qui est de mon côté… On va passer au travers, j’ai confiance. » Son enthousiasme me fait sourire à pleines dents, même si la crainte qu’il déchante lorsqu’il fera face aux premières difficultés est bien présente. « J’ai pris ma décision. Sans le savoir, le jour où je suis parti de Melbourne, c’était parce que je ne voulais pas de la vie qu’ils voulaient m’imposer. Je n’avais aucune raison de partir sinon. J’y avais mes amis, un super job où j’étais sur le point de devenir copropriétaire de la clinique… un super appartement aussi, mais j’ai tout laissé derrière pour repartir à zéro. » Le combat qu’il s’apprête à mener avec ses parents me fait drôlement penser à Andy, mais le fait que Min ait justement décidé de s’éloigner d’eux pour se permettre d’être heureux m’encourage pour notre avenir. « Je comprends ta peur et tes doutes, mais je ne suis pas Byron. Je sais que ça va peut-être prendre du temps avant que tu me fasses pleinement confiance, mais je suis patient, très patient. Et… comme je t’ai dit, je veux te faire sourire. » Et ce sourire, je lui offre une fois plus, le cœur battant la chamade. Comme chaque fois que l’angoisse et les incertitudes prennent toute la place dans ma tête, il réussit à trouver les bons mots pour me rassurer et le simple fait de penser qu’il pourrait maintenant partager mon quotidien me remplit de joie. « T’as pas besoin de faire grand-chose pour ça, penser à toi suffit… Et j’ai beaucoup pensé à toi ces temps-ci. » Il est la première personne à qui je pense en me réveillant le matin, mais aussi la dernière avant de m’endormir le soir. « Et la tienne me donne du courage… » Et il en aura besoin pour ce qui l’attend. « Ce n’est pas tout le monde qui a le courage de tenir tête à ses parents, tu peux être fier de toi.  » Je ne veux pas crier victoire trop vite quand il pourrait tout aussi bien reculer en présence de ses parents, mais j’essaie de me montrer encourageant dans l’espoir qu’il ait la force d’aller jusqu’au bout. Malgré tous les reproches que j’ai pu faire à mon ex à ce sujet, je me mets à leur place et je n’ai aucune idée de la façon dont j’aurais réagi si mes parents n’étaient pas autant ouverts d’esprit. J’ai besoin d’eux comme j’ai besoin de Tessa, jamais je n’imaginerais ma vie sans eux. J’espère sincèrement que l’orientation sexuelle de Min ne changera rien à l’amour que ses parents éprouvent pour lui. « Je serai là, quoiqu’il advienne… » Je l’encourage d’un sourire. Au-delà de ses parents, il y a aussi le fait qu’il travaille pour ma sœur qui ajoute en complexité, je ne voudrais surtout pas que Tessa soit une victime collatérale dans mes histoires de cœur qui s’avèrent toujours compliquées jusqu’à maintenant. « Ça n’arrivera pas. Ça rend peut-être la situation un peu plus sensible vu que je travaille avec elle, mais je crois être rendu à l’âge où je sais faire la différence entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle. Il y a quelques années, je n’aurais peut-être pas pu en dire autant. » Je hoche la tête, une nouvelle fois rassuré. « Tant mieux, parce que Tess a vraiment besoin de toi et je ne voudrais surtout pas la priver d’un atout aussi important. Un très bel atout. » ajouté-je d’un air amusé. Qui aurait cru que je rencontrerais quelqu’un à sa clinique?

Mes doutes dissipés, je m’installe confortablement tout en cherchant à entrer en contact avec son corps en initiant un léger contact avec mes jambes, jusqu’à ce que je trouve le courage de lui faire part de ce que je désire réellement, mon regard pétillant s’attardant sur ses lèvres qui me font de l’œil depuis un moment déjà. « Tu ne me le diras pas deux fois… » Un léger rire m’échappe. Durant quelques secondes, je cesse de respirer en voyant son visage s’approcher à quelques centimètres du mien, anticipant le moment où il exaucera mon souhait. Mon regard plongé dans le sien, j’humecte mes lèvres à l’aide de ma langue et je me laisse enivrer par son souffle qui caresse ma peau. Je sens que je suis à deux doigts de flancher et de franchir la distance qu’il reste entre nous deux pour agripper ses lèvres avec les miennes, mais je résiste à la tentation et je profite du moment en fermant légèrement les yeux, pressant ma joue contre sa main pour accentuer le contact. Sa main glisse ensuite jusqu’à ma nuque, ce qui provoque un frisson le long de mon échine. « Ça fait longtemps que j’ai envie de faire ça… » M’embrasser ou glisser ses doigts dans ma chevelure bouclée? Je n’en sais rien et ça m’importe peu quand je tremble de fébrilité face à ce qui s’en vient. « Fais-toi plaisir… » murmuré-je avec nervosité, juste avant que ses lèvres ne viennent finalement rejoindre les miennes avec douceur et tendresse. Je me redresse, puis j’agrippe la tête de Min-Kyng à deux mains pour l’attirer un peu plus vers moi tandis que je me laisse emporter par l’intensité de notre baiser et le désir qu’il éveille dans le creux de mon ventre un peu plus à chaque seconde. Au bout d’un moment, il met fin au baiser à mon grand malheur et nous restons front contre front à profiter de ce moment magique à reprendre nos souffles sans que je ne réussisse à arrêter de sourire en caressant sa nuque avec mes pouces.

C’est en soupirant de bonheur que je reprends ma place sur mon côté du canapé tout en caressant ma nuque à l’endroit même où je peux encore sentir la main de Min qui y était il y a quelques secondes à peine. Mon œil est alors attiré par le coussin qu'il pose sur son ventre, remarquant sans difficulté ce qu'il essaie de camoufler. Je me sens flatté, mais si je décide de ne pas souligner ce qu'il vient de faire pour ne pas le rendre mal à l'aise, je suis incapable de réprimer un sourire en coin que je tente de faire disparaître en serrant les mâchoires, le regard enflammé. L’effet qu’il me fait est non négligeable, mais mes jambes repliées ont au moins l’avantage de rendre les signes un peu plus discrets que le coussin derrière lequel il tente de se cacher. Malgré ça, j’essaie de reprendre mes esprits. Pense à ta grand-mère. Je me racle la gorge. « J’ai cru… au début… que tu ne voulais pas. J’ai failli partir. J’en avais vraiment envie, mais je suis trop ivre pour prendre la voiture. Ça aurait été incroyablement stupide si je l’avais fait… Je te promets d’être honnête. Depuis le début de notre relation, on parle à cœur ouvert et je veux que ça continu. Je suis… très heureux. Dire que j’ai failli causer ta mort ce matin. Je te jure de ne plus recommencer. » Je ne peux m’empêcher de rire en portant une main à mon visage avec honte lorsqu’il se rappelle de ma chute de ce matin. « Je voulais trop t’impressionner… » Je me rends compte maintenant que c’était tout à fait absurde et clairement pas nécessaire. « Je suis vraiment content que tu ne sois pas parti… Je me rends compte de l’effet que ça a dû te faire, mais t’arrêtais pas de parler et je n’étais plus capable de me retenir! » m’exclamé-je en riant avant de me perdre dans son regard quelques secondes, le cœur gonflé d’amour. Malgré notre discussion et le long baiser que nous avons échangé, j’ai du mal à réaliser ce qui est en train de se passer, qu’il s’agit là de la naissance de notre histoire qui, j’espère, aura beaucoup de chapitres. J’aimerais lui dire à quel point je l’aime, mais je m’empêche de le faire parce que je veux prendre mon temps et que je préfère attendre de voir comment les choses se dérouleront pour un temps avant de me montrer encore plus vulnérable. « Reste. T’es pas obligé de partir ce soir, mon lit est assez grand pour deux… Ou si t’es plus à l’aise, il y a aussi le divan-lit, mais je ne peux pas te garantir le niveau de confort. » Je l’implore du regard de rester, j’ai envie qu’on reste dans notre bulle encore un peu avant de mettre fin à ce moment parfait. « C’est mal si je n’ai aucun regret d’avoir volé la montre? » demandé-je avant de pincer mes lèvres d’un air innocent. Est-ce que je suis fier d’avoir fait ça? Non, mais si je ne l’avais pas fait, Min-Kyung ne serait sans doute pas assis sur mon canapé ce soir à me faire sourire et rêver d’un avenir à deux.

Min est rassuré. Malgré les épreuves à venir, il est beaucoup plus serein même s’il préfère ne pas trop y penser dans l’immédiat. Il veut se concentrer sur l’instant présent, la présence de Link et les sentiments qu’il éprouve pour lui et lui font tourner la tête. Qu’une seule personne puisse créer un tel chambardement dans sa vie a de quoi l’effrayer un peu. Ce n’est pas sans lui rappeler Christopher et la façon dont il a fait basculer son monde sans le savoir. Qu’est-ce qui se serait passé s’il avait osé parler à l’époque, s’il avait eu suffisamment de courage pour accepter ses sentiments? Il ne peut s’empêcher de se questionner même s’il est parfaitement inutile de s’attarder sur ce qui aurait pu être. Min a emprunté un chemin qui l’a amené jusqu’à ce petit loft. Et il a souffert, s’est privé de beaucoup de choses par peur du jugement des autres, mais tout cela n’a pas été en vain. Peut-être que ça arrive un peu tard, mais en vérité, il n’était pas prêt avant aujourd’hui. Alors, tout arrivait à point et rien ne l’empêcherait d’en profiter.

Ils discutèrent dans l’intimité de ce loft sans porter attention au monde extérieur. Celui-ci pourrait tomber en cendre, sans doute que ni l’un ni l’autre ne le remarquerait. Lincoln a besoin d’être rassuré, alors Min l’écoute et répond à ses craintes avec honnêteté. Tous deux savent très bien que ça ne sera pas facile, mais Link lui promet d’être là lorsqu’il en aura besoin. Dans les semaines à venir, Min allait sans doute l’inviter à Melbourne. L’intention n’est pas de le présenter directement à sa famille. Il le veut tout simplement à proximité, car il sait que la tempête sera intense et que sa présence sera essentielle pour qu’il ne s’écroule pas complètement. Il ne craint pas de rompre sa promesse et de changer d’avis, mais il l’a dit lui-même : la présence de Lincoln lui donne du courage. Il en aura besoin.

L’ambiance est légère et quelque peu électrique. Aucun d’eux n’est capable de détacher son regard de l’autre. Min a d’ailleurs remarqué l’expression de Link lorsqu’il prit le coussin. Aucun d’eux ne peut s’empêcher de sourire un peu stupidement, l’alcool n’aidant surement pas leur cause. « Je suis vraiment content que tu ne sois pas parti… Je me rends compte de l’effet que ça a dû te faire, mais tu n’arrêtais pas de parler et je n’étais plus capable de me retenir! » Min rougit. « Quand je suis stressé, soit je parle beaucoup, soit je ne dis pas un mot. C’est tout ou rien dans mon cas. Je n’ai même pas pensé que tu pourrais vraiment avoir envie d’aller aux toilettes. Dans la panique, j’ai juste imaginé le pire. » Il rit de sa propre réaction maintenant qu’elle lui paraissait exagérée. Il y avait tellement de tendresse sur le visage de Lincoln. Min prit sa main dans la sienne. Il veut le toucher. En fait, il en veut bien plus, mais il reste sage. La main de Link est bien plus rugueuse que la sienne. Il travaille dans la mécanique alors que sa propre main est bien plus délicate, agile, parfaite pour les plus minutieuses opérations chez ces petits patients.

« Reste. T’es pas obligé de partir ce soir, mon lit est assez grand pour deux… Ou si t’es plus à l’aise, il y a aussi le divan-lit, mais je ne peux pas te garantir le niveau de confort. » Sa nervosité monta d’un cran. Min sait déjà qu’il passera la nuit ici. Il est tard, trop pour que ce soit raisonnable d’attendre d’être en état de conduire pour rentrer ici. Dormir ici est le choix logique. Le problème, c’est qu’il n’a jamais partagé un lit de sa vie. Il a eu un certain nombre d’amants avec qui il a vécu des moments enflammés, certains plus vifs à son esprit que d’autres, mais il partait toujours lorsque c’était fini. Il n’est jamais resté jusqu’au matin. Min trace une ligne très nette entre le sexe et le fait de s’endormir aux côtés de quelqu’un. À ses yeux, partager un lit, dormir dans les bras d’un autre est beaucoup plus intime, beaucoup plus significatif que le sexe. Il est conscient que ce n’est sans doute pas une opinion partagée par la majorité, mais pour lui, dormir aux côtés de Lincoln est quelque chose d’extrêmement important. Il sait déjà qu’il ne trouvera pas le sommeil, trop occupé à le regarder dormir et à être dérangé par le moindre de ses mouvements. Une nuit blanche est le prix qu’il est prêt à payer juste pour sentir sa présence près de nuit. « Je n’ai rien amené avec moi, je n’ai pas de brosse à dents, mais on s’en moque. Je veux rester et si ça te va, je vais passer mon tour pour le divan-lit et plutôt dormir avec toi. » Min essaya de ne pas trop s’attarder sur les images qui défilent dans sa tête en même temps qu’il parle. « Je promets de garder mes mains pour moi », qu’il ajouta sur le ton de la blague. Malheureusement, ça n’aida en rien sa situation. Il sent encore la chaleur se répandre en lui au niveau de ses reins et dans le bas de son ventre. Lincoln trouverait-il ça bizarre s’il demandait à prendre une autre douche, celle-là glaciale, juste avant d’aller dormir? Ce n’est quand même pas de sa faute s’il est un adulte dans la force de l’âge, en bonne santé et avec beaucoup d’imagination. Min récita dans sa tête les étapes de la castration du chat en espérant que ça soit suffisant pour calmer ses ardeurs.

« C’est mal si je n’ai aucun regret d’avoir volé la montre? » Voilà une bonne question, une qui mérite réflexion. Min pinça les lèvres juste avant de sourire. Cette montre est le début de leur histoire, un appel à l’aide de Lincoln qu’il a entendu. Lui aussi, il ne regrette pas. « Je ne pense pas, mais je t’en prie, ne recommence pas. Même si ça a fonctionné pour nous, je doute que ce soit vraiment une bonne méthode pour rencontrer des gens. » En parlant de montre, il regarda la sienne. Elle indiquait près d’une heure du matin. Pas étonnant qu’il soit fatigué. « On devrait aller au lit… »

Good things take time. -- @Ho Min-Kyung

« Quand je suis stressé, soit je parle beaucoup, soit je ne dis pas un mot. C’est tout ou rien dans mon cas. Je n’ai même pas pensé que tu pourrais vraiment avoir envie d’aller aux toilettes. Dans la panique, j’ai juste imaginé le pire. » Est-ce que je peux vraiment le blâmer quand j’aurais assurément pensé la même chose que lui? Je suis même persuadé que j’aurais trouvé le moyen de partir de chez lui, d’appeler un taxi ou au pire d’appeler Tessa pour qu’elle vienne me chercher si je n’avais pas les moyens de rentrer par moi-même, après m’être suffisamment éloigné de chez lui à pieds pour qu’il ne puisse pas me retrouver. « Je peux comprendre ça, je suis sûr que j’aurais pensé la même chose si les rôles avaient été inversés. Je serais sûrement parti, alors c’est une bonne chose que les rôles n’aient pas été inversés. » Mon rire se mélange au sien pendant que nos mains s’entrelacent. Je m’accroche à lui pour l’empêcher de partir, pour me faire à l’idée que toutes les émotions et sensations qui me traversent ne sont pas qu’un rêve malgré la fatigue qui gagne de plus en plus de terrain. « Je n’ai rien amené avec moi, je n’ai pas de brosse à dents, mais on s’en moque. Je veux rester et si ça te va, je vais passer mon tour pour le divan-lit et plutôt dormir avec toi. » Brosse à dents ou pas, pas question que je le laisse reprendre le volant aussi tard le soir, surtout pas après le nombre de bières que nous avons consommées ces dernières heures. Je tiens bien trop à lui pour prendre le risque qu’il s’endorme au volant ou qu’il prenne la vie d’un innocent en déviant de sa voie. De toute façon, je sais que Min est bien trop responsable pour prendre ce risque en réalité. « Tu m’en vois ravi. » réponds-je en le gratifiant d’un sourire radieux, déjà impatient de pouvoir me blottir dans ses bras pour m’endormir en écoutant la mélodie de ses battements cardiaques. « Je dois avoir un tas de brosses à dents du dentiste encore dans l’emballage dans un des tiroirs de la salle de bain, je t’en donnerai une. » L’idée qu’il ait sa propre brosse à dents ici est loin de me déplaire, à moins que ce soit une trop grosse étape à franchir pour lui dès le premier soir considérant qu’il n’a jamais été en couple. Je respecterai son rythme et ses limites quoi qu’il en soit. « Je peux te prêter des vêtements pour dormir si t’as besoin, je suis sûr que tu serais mignon avec un t-shirt avec Toad en gros dessus maintenant que tu es un expert à Super Smash Bros. » Je le charrie gentiment en le poussant légèrement sur le torse d’une main en riant. « Je promets de garder mes mains pour moi » Le souffle court et profond, mon regard sonde le sien tandis que je caresse le dessus de sa main à l’aide de mon pouce. J’essaie de savoir s’il est sérieux étant donné les signes que son corps m’envoie qui me laissent présager le contraire. Après tout, je connais l’historique amoureux de Min-Kyung, il ne serait pas incohérent qu’il veuille prendre son temps en réprimant ses envies ce soir et je ne voudrais surtout pas le brusquer. « Je ne ferai pas de promesse que je ne suis pas sûr de tenir. » Parce que même si Min décide d’être sage ce soir, je compte bien profiter de sa présence pour faire le plein d’affection en réchauffant mes paumes sur son épiderme.

Je me perds dans mes pensées un instant, repensant à notre rencontre à la clinique, aux subséquentes qui nous ont amenés à développer des sentiments l’un pour l’autre. Jamais je n’aurais cru qu’on en arriverait ici aujourd’hui lorsque mes yeux se sont posés sur lui pour la première fois quand Tessa me l’a présenté. Je n’étais pas là dans ma tête, pas du tout prêt à retenter l’expérience après une deuxième rupture douloureuse à peine quelques mois plus tôt. Les surprises ne sont pas toujours mauvaises et je remercie la vie d’avoir placé Min sur ma route. Maintenant, il faudra que je trouve le courage de parler de notre relation à ma sœur et ça me stresse. Je sais que c’est con car elle sera contente pour nous, mais il s’agit tout de même de son futur collaborateur et annoncer à mes proches que je vois quelqu’un a toujours eu un côté anxiogène pour moi étant donné mon passé. En attendant, je me sens comme sur un petit nuage et repenser à l’expression qu’il avait lorsque j’ai déposé la montre dans sa main me fait rire. « Je ne pense pas, mais je t’en prie, ne recommence pas. Même si ça a fonctionné pour nous, je doute que ce soit vraiment une bonne méthode pour rencontrer des gens. » Je hoche la tête en souriant. « Promis. » Cette promesse-là, je pense pouvoir la tenir. « Ce n’est pas comme si j’ai besoin de rencontrer quelqu’un d’autre de toute façon. » Je l’ai rencontré lui et ça me suffit amplement. Pour mettre l’emphase sur les paroles que je viens de prononcer, je serre sa main dans la mienne en lui souriant tendrement.

Mon regard suit la même trajectoire que celui de Min en direction de sa montre. En voyant qu’il est si tard, je constate à quel point je suis fatigué, surtout après l’effort physique inhabituel que j’ai fait aujourd’hui. Malgré ça, je n’ai pas particulièrement envie d’aller me coucher, préférant étirer au maximum mon temps avec lui parce que je sais que demain il devra rentrer en ville et qu’il passera plusieurs jours avant de pouvoir le revoir. C’est idiot, mais il me manque déjà alors qu’il n’est même pas encore parti. « On devrait aller au lit… » Je hoche lentement la tête en poussant un long soupir de fatigue. « T’as raison. » Mais je ne bouge pas d’un centimètre parce que je sais bien trop à cet instant que notre discussion d’avant a complètement effacé mes efforts pour être présentable en me levant et qu’il n’y aura aucun coussin sur mon trajet derrière lequel je pourrai me cacher comme lui il l’a fait. Je devrais appeler grand-maman pour prendre de ses nouvelles, elle serait contente. Je pourrais en profiter pour lui demander sa recette de tarte aux petits fruits, je suis certain qu’elle se proposerait pour m’en faire. Ses tartes sont délicieuses. Je lui souris comme un con tandis que je m’efforce à me changer les idées pour qu’il ne prenne pas les réactions de mon corps comme une pression quelconque à aller plus loin s’il veut prendre son temps. En même temps, il risque de trouve ça bizarre si je ne réagis pas encore longtemps. Tant pis, je prends mon courage à deux mains et je me lève en essayant de replacer discrètement mon pantalon jogging. « Viens, je vais te trouver une brosse à dents. » J’ouvre la marche en direction de la salle de main où je trouve effectivement plusieurs brosses à dents encore dans l’emballage dans un tiroir. J’en sors une que je lui tends tout en prenant la mienne de mon autre main. J’y ajoute du dentifrice avant de lui tendre le tube pour qu’il puisse faire de même, brossant ensuite mes dents en silence. Je me sens nerveux, mais pourtant si bien à la fois. Dès que j’ai terminé, je me dépêche de ranger mes choses pour lui laisser la place. J’en profite pour me placer derrière lui et glisser mes bras autour de lui pour l’étreindre, mes mains sur son torse et ma tête posée dans le haut de son dos tandis que je lui souris dans le miroir. « Je vais t’attendre dans ma chambre. » lâché-je dans un murmure. Je m’éloigne pour le laisser terminer de se préparer, prenant place au milieu de mon lit dans la pénombre. Allongé sur le dos, une main posée sur ma poitrine, je fixe le plafond en rêvant à notre futur où tout est à construire, où tout est possible surtout. Je ne me rends même pas compte qu’un sourire niais étire mes traits lorsque Min vient me rejoindre. Je me redresse pour m’asseoir dès que je l’aperçois du coin de l’œil. « Tu veux quel côté du lit? » demandé-je en pointant le côté droit, puis le côté gauche d’un air amusé, anticipant bien plus ce moment que je le laisse paraître.

@Lincoln Mulligan

« Je dois avoir un tas de brosses à dents du dentiste encore dans l’emballage dans un des tiroirs de la salle de bain, je t’en donnerai une. » Min acquiesça d’un sourire. Voilà le problème réglé. Link ne le sait pas encore, mais Min a quelques tocs dans la vie. L’incapacité à aller au lit sans s’être préalablement brossé les dents en est un. Il redoute déjà de se réveiller demain avec une haleine à réveiller les morts et de la faire subir à Lincoln même en se brossant soigneusement les dents. Sa routine du coucher inclut également de se laver le visage. Lincoln n’a pas encore vu son assortiment de produits de soin. Comme il n’aime pas avoir tout un tas de trucs qui trainent sur le bord du lavabo, il garde le tout soigneusement rangé dans un tiroir. Lincoln sera sans doute surpris par toutes les étapes et la complexité du rituel pouvant aller jusqu’à dix étapes. Évidemment, il ne fait pas ça tous les jours, mais une fois ou deux par semaine selon l’état de sa peau. L’Australien moyen est loin d’être aussi extrême, alors que c’est la norme en Corée autant pour les femmes que pour les hommes. Une bonne mère coréenne doit apprendre à ses enfants à laver leur visage. On leur enseigne aussi que de négliger leur apparence est un signe de paresse. Ainsi, un surpoids ou de l’acné sera vu comme un manque de motivation chez la personne plutôt que comme un problème médical potentiel. Ses parents étant nés en Corée, Min n’a pas échappé à cette forme d’éducation hautement problématique. Bien qu’il aime prendre soin de son apparence, il éprouve de la gêne. Après tout, il dépense une somme que plusieurs trouveraient conséquente juste en soin, allant jusqu’à faire contribuer sa sœur qui s’occupe de lui envoyer ses produits préférés introuvables en Australie. Loin de la déranger, elle n’hésite pas à inclure des nouveautés à l’occasion pour que Min les essaie. Que va penser Link lorsqu’il verra que son copain passe entre 30 et 45 minutes tous les soirs juste pour se préparer à aller au lit? Le matin, il lui faut moins de temps, mais en contrepartie, il prend au moins une heure pour pratiquer du sport que ce soit de la course ou en salle. À cela s’ajoutent sa garde-robe et tous les vêtements et chaussures en sa possession, certains morceaux valant une petite fortune, comme ses bottillons Jimmy Choo. Link va surement croire qu’il a un problème.

Cette intrusion dans son intimité le fait paniquer. Autant il veut Lincoln dans sa vie, autant il redoute son jugement. Sur ce point, ils ont l’air si différents. Il n’attend pas la même chose de sa part. Ils n’ont pas eu la même éducation, ont des gouts différents et c’est normal. Bon sang! Pourquoi se prendre la tête maintenant? Lincoln propose de lui donner une brosse à dents et lui s’inquiète de ce qu’il pourrait penser du contenu de son tiroir de salle de bain et de sa garde-robe lorsqu’il sera chez lui. Chaque chose en son temps…

« Je peux te prêter des vêtements pour dormir si t’as besoin, je suis sûr que tu serais mignon avec un t-shirt avec Toad en gros dessus maintenant que tu es un expert à Super Smash Bros. » Il s’esclaffa. « Je vais faire comme si je n’avais pas entendu », rétorqua Min, un sourire en coin, avant de le pousser à son tour. « Merci pour l’offre, mais ça ne sera pas nécessaire. Habituellement, je dors en sous-vêtement. » Il y a une seconde de flottement durant laquelle Lincoln le regarda dans les yeux, son pouce traçant des cercles sur le dessus de sa main. « Je ne ferai pas de promesse que je ne suis pas sûr de tenir. » Min haussa un sourcil. Il vient de lui promettre de garder ses mains pour lui, mais Link a une tout autre idée en tête, apparemment. Min ne veut pas précipiter les choses et mettre de la pression sur Link, mais s’il démontre de l’ouverture…

Il est tard, c’est l’heure d’aller au lit, mais aucun d’eux n’est pressé de bouger. Min n’est pas encore en état de se lever et récitait encore dans sa tête les étapes de la castration. Raser et nettoyer le scrotum, pratiquer une incision sur chaque testicule puis les retirer. Ligaturer les canaux spermatiques et laisser le chat se remettre de l’anesthésie. Il imagine l’intervention avec le plus de détails possible, ce qui n’est pas difficile compte tenu du nombre important qu’il a pratiqué dans sa carrière. La pression tombe suffisamment pour qu’il se sente confortable de se lever. Il emboita le pas à Lincoln qui se dirigeait vers la petite salle de bain. Min sortit la brosse à dents de son emballage et y appliqua du dentifrice. L’espace étant exigu, il s’éloigne le temps qu’il faut avant de venir prendre sa place dès qu’il a terminé. Link fait alors quelque chose qui le prend complètement par surprise. Il l’enlace, son torse appuyé contre son dos, sa tête sur son épaule. Il se fige, son cœur exécutant son vingtième saut périlleux de la journée. Il n’a pas du tout l’habitude des marques d’affection. Même dans sa famille, sa mère lui faisait des câlins lorsqu’il était petit, mais pas son père. Sa façon d’exprimer son affection c’est en posant une main sur l’épaule. Sa sœur est la seule exception. Elle adore se pendre à son cou en public, sachant que son frère n’aime pas ça. Le geste de Lincoln ne le dérange pas bien qu’il soit un peu gêné. Il sourit, la bouche pleine de mousse qui coule sur son menton. Il plonge par réflexe vers le lavabo pour ne pas en mettre partout. « Je vais t’attendre dans ma chambre. » « Ok… » Il lui faut quelques minutes pour se maîtriser et après un bref passage à la toilette, il va le rejoindre dans la chambre maintenant plongée dans la pénombre. Il a tout juste le temps de l’apercevoir allongé en plein milieu du lit, un sourire sur les lèvres, avant qu’il ne se redresse. « Tu veux quel côté du lit? » Min haussa les épaules. « Ça n’a pas d’importance. Reste où tu es, je vais prendre l’autre côté. » Il s’approcha, hésitant. Il porte encore ses vêtements et il resta debout près du lit sans savoir quoi faire, conscient que Lincoln le regarde et attend. Il n’allait pas dormir habillé.

Quand il faut y aller…

Min se détourna, puis retira son t-shirt. Il garda le vêtement dans ses mains quelques secondes avant de le poser. Puis il se retourne vers Lincoln, lentement. Il n’a rien à cacher. Toutes ces heures à pratiquer du sport et à faire attention à lui ont payé. Il a de bonnes épaules, un torse musclé et bien découpé. Il sait très bien l’effet qu’il peut faire chez les autres et il espère que ça plait aussi à Link. Il retire ensuite son pantalon pour ne garder que son sous-vêtement et s’assoit de l’autre côté lit. Un de ses genoux craque. Corps superbe, mais usé prématurément à certains endroits… Ça l’ennuie, mais il fait comme s’il n’avait rien entendu et regarda plutôt l’homme de l’autre côté du lit. « Tu éteins? » Qu’il demanda à voix basse.

Good things take time. -- @Ho Min-Kyung

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Plusieurs minutes passent avant que Min ne vienne me rejoindre dans ma chambre où je l’attends sagement sans bouger. Je pensais avoir le temps de me faire une tête quant au reste de la soirée avant qu’il ne revienne de la salle de bain, mais j’ai du mal à réfléchir clairement tellement mes pensées se bousculent dans ma tête dans un sens comme de l’autre. Tant pis, il faudra improviser quand le simple fait de poser mes yeux sur lui suffit à faire monter ma nervosité d’un cran. Assis au centre de mon lit, je le questionne sur le côté qu’il préfère en espérant détendre un peu l’atmosphère en évitant ainsi un silence qui risque de s’installer entre nous avec la gêne. « Ça n’a pas d’importance. Reste où tu es, je vais prendre l’autre côté. » Comme je suis assis dans le milieu, je me déplace légèrement d’un côté pour lui faire un peu plus de place de l’autre, entourant ensuite mes genoux de me bras pour me faire le plus petit que possible sans toutefois le quitter des yeux alors qu’il semble hésitant. En le voyant se détourner, je comprends que c’est sans doute mon regard qui le met dans cet état, je tourne donc la tête pour lui donner son intimité même si je risque d’en voir davantage demain matin quand les rayons du soleil éclaireront la pièce. En attendant qu’il termine, je me perds dans mes pensées pour oublier le silence qui me rend terriblement mal à l’aise. En repensant à la douceur de ses lèvres, mes doigts parcourent les miennes tandis que mon regard reste accroché à une ombre sur le mur d’en face. Je me remémore aussi ses doigts qui glissaient dans mes boucles, à cette chaleur agréable dans le bas de mon ventre. Pour chasser ces images de ma tête, je secoue ma tête de droite à gauche en tournant ma tête vers Min sans réfléchir, constatant alors qu’il me fait face. Je découvre son torse dénudé et éclairé par ma lampe de chevet qui tamise la pièce. Mon regard glisse sur sa musculature athlétique, suit ses mains jusqu’à son pantalon qu’il retire pour ne garder que ses sous-vêtements. Devant le spectacle, mon cœur s’affole dans ma poitrine, ses battements me martelant les tympans. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter d’attirer un homme si gentil et séduisant? Et si c’était trop beau pour être vrai comme les deux autres fois? « Tu éteins? » La voix de Min me ramène sur Terre, je lui souris d’un air désolé en sentant mes joues s’empourprer. « Hmmm oui oui. » Je me glisse sous mes couvertures, puis j’étire un bras pour éteindre la lampe de mon côté du lit, m’allongeant ensuite sur le dos sans trop oser m’approcher de lui étant donné le malaise qui pèse lourd dans la pièce. « Bonne nuit? » murmuré-je en croisant mes doigts sur mon ventre, le regard rivé au plafond.

Le cadran tourne sans que je ne réussisse à fermer l’œil, bien plus préoccupé par la présence de Min à côté de moi que par le manque de sommeil qui gagne de plus en plus de terrain. Malgré les rapprochements que nous avons eus au salon avant de nous coucher, j’ai l’impression que l’ambiance entre nous n’est plus la même. Peut-être que c’est dans ma tête, mais Min ne semble plus du tout à l’aise en ma présence et je ne sais pas trop comment me comporter. J’ai envie de connecter avec lui, de me blottir dans ses bras pour lui témoigner ce que je ressens, mais l’ambiance me laisse croire qu’il n’en a pas envie. Une ligne imaginaire sépare mon lit en deux, pas même une main n’est autorisée à traverser de l’autre côté. Je ferme les yeux pour essayer de m’endormir, mais je n’arrête pas de bouger, ne pouvant arrêter de penser aux regrets que j’aurai si je le laisse partir sans avoir au moins essayé de m’exprimer. « Min? » Je pivote sur le côté pour lui faire face, un bras replié sous ma tête. « Est-ce que tu dors? » murmuré-je tout juste avant de voir sa tête se tourner dans ma direction, la lueur lunaire reflétant dans ses yeux. « J’arrive pas à dormir... » Timidement, je pose une main sur son torse pour caresser ses abdominaux et y découvrir sa musculature tout en glissant une jambe par-dessus les siennes pour être davantage blotti contre lui. Je reste un moment ainsi sans piper mots, tentant tant bien que mal de calmer mon cœur qui s’affole dans ma poitrine tandis qu’une vague de désir m’envahit. J’hésite à me lancer, craignant que nous ne soyons pas sur la même longueur d’ondes et que mes gestes le rendent mal à l’aise. Je commence par poser un long baiser sur son épaule, puis un deuxième un peu plus près de sa clavicule tout en ne le quittant pas des yeux pour guetter ses réactions, prêt à reculer s’il démontre le moindre signe d’inconfort. Pour le moment, ses réactions m’encouragent à continuer et je tente donc le tout pour le tout en sondant son regard tandis que je laisse mes doigts continuer leur course sur le bas de son ventre, arrêtant seulement leur descente en parvenant à l’élastique de ses sous-vêtements. Une barrière que je ne suis pas prêt de franchir à moins d’être certain qu’il partage les mêmes envies.

@Lincoln Mulligan

Les minutes passent, Min-Kyung est incapable de s’endormir. Son cœur continu de marteler sa poitrine soit par protestation, soit par nervosité, sans doute toutes ces réponses. Sous les draps, il sent la chaleur que dégage le corps de Lincoln étendu à quelques centimètres de lui. Il entend sa respiration, sent son odeur, un mélange de cigarettes, de savon et de menthe avec une note de son odeur à lui, plus intime et infiniment plus enivrant. Min ferme les yeux, mais il sait que le sommeil ne viendra pas. Il peut essayer autant qu’il veut de penser à autre chose, il lui est tout simplement impossible d’ignorer la présence à ses côtés. Puis, une question. « Min? » Lincoln se retourne à côté de lui. « Est-ce que tu dors? » « Non. » Il tourne la tête pour le regarder. Sa vision s’est habituée au manque de lumière et il peut le voir distinctement. « J’arrive pas à dormir… » « Moi non plus… » Il devrait pourtant, fatigué comme il l’est. La journée a été longue et riche en rebondissements. Il est épuisé, mais sa tête refuse de le laisser en paix. Min ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais une main se posa sur son ventre, étouffant ses mots avant même qu’ils ne franchissent ses lèvres. Cette main qu’il a imaginée le toucher plus tôt caresses ses abdominaux qui se contractent au contact. Min n’est pas particulièrement chatouilleux, mais sa peau frisonne et il retient sa respiration par peur que le moindre mouvement de sa part ne rompe le charme. Lincoln se blottit un peu plus contre lui, passant une jambe au-dessus des siennes. Min réagit enfin et passe à ton tour un bras autour de sa taille, sa main trouvant sans difficulté le creux au bas de son dos. Les lèvres de Link se posent sur son épaule puis glissent jusqu’à sa clavicule. Min soupire. Il n’en peut plus et resserre son emprise pour l’attirer à lui. Cette fois, il l’embrasse pour la deuxième fois de la soirée. Une main caresse son visage, puis sa nuque presse son corps contre le sien. Il brule d’impatience et d’envie, mais il se retient. Son souffle est rapide, son cœur chaotique. « J’en ai vraiment envie. » Souffla Min contre ses lèvres. « Depuis tout à l’heure… » Il rajouta quelque chose, une interjection qui devait être en coréen. « Si tu continues comme ça… » Une autre interjection. « J’veux pas… J’veux pas que tu te crois obligé de faire quoique ce soit… Mais si tu le veux… Dis-le clairement. Sinon… » Sinon, Min irait prendre une douche glaciale et finirait la nuit sur le sofa. Peut-être même qu’il irait courir, mais il se demande bien comment il va expliquer ça si jamais il croise des policiers. Un homme qui court en plein milieu de la nuit comme s’il a le diable aux fesses a de quoi éveiller les suspicions.

Good things take time. -- @Ho Min-Kyung

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Aujourd’hui, j’ai décidé qu’il était plus que temps que je prenne mon propre destin entre mes mains, que je cesse d’attendre qu’on devine mes pensées et mes envies sans les exprimer clairement. L’alcool a certainement aidé, et peut-être aussi le fait que Min-Kyung a été celui qui abordé son attirance le premier, certes, mais je n’ai plus envie de laisser les malentendus mener ma vie. À mon grand soulagement, Min est réceptif, mais la suite des évènements risque d’amener son lot d’inquiétudes. Et si je ne lui plais pas? Et si je ne le satisfais pas? Ira-t-il voir ailleurs, lui aussi? Il n’a peut-être jamais été en couple, je sais qu’il a fréquenté plusieurs hommes au courant de sa vie alors que, de mon côté, j’ai trop de doigts dans une main pour compter le nombre d’hommes avec qui j’ai eu des rapprochements, aussi minimes furent-ils. Deux bagages totalement différents, mais complémentaires, j’espère. J’essaie de faire abstraction de mes craintes pour ne pas gâcher le moment. Min l’a dit lui-même, il n’est pas Byron alors pourquoi est-ce que ça ne se passerait pas bien?  

D’un battement de cils, je chasse mes peurs pour me concentrer sur Min. Mes doigts découvrent la douceur de sa peau tandis que le soupir qu’il pousse résonne comme de la musique à mes oreilles. Mon cœur saute un battement lorsque Min m’attire vers lui pour reprendre le baiser là où nous l’avions laissé un peu plus tôt. Son impatience se fait sentir dans ses gestes, guide les miens aussi en me faisant perdre un peu plus la tête alors que ma respiration suit le même rythme que la sienne. « J’en ai vraiment envie. Depuis tout à l’heure… » À quelques millimètres à peine de ses lèvres, je passe ma langue sur les miennes avant de les mordiller, sans le quitter des yeux ébloui par sa beauté singulière. « Si tu continues comme ça… » Un soupir m’échappe. « Quoi, si je continue comme ça? » Je fais l’innocent, mais le sourire espiègle que je lui adresse ne laisse aucun doute que j’ai une petite idée de là où il veut en venir. « J’veux pas… J’veux pas que tu te crois obligé de faire quoique ce soit… Mais si tu le veux… Dis-le clairement. Sinon… » Ma main agrippe sa nuque le temps d’un baiser langoureux, glisse ensuite le long de son torse jusqu’à sa cuisse avec empressement. « J’en meurs d’envie… » murmuré-je à son oreille tout en osant enfin franchir la barrière que représentait ses vêtements. Ces quelques mots suffirent à ce qu’il laisse tomber la retenue dont il faisait preuve jusqu’à maintenant et à ce que je m’abandonne dans ses bras pour une nuit riche en émotions.

***

Le cœur léger, je me réveille en douceur au son du chant des oiseaux qui reflète en plein la façon dont je me sens ce matin après la journée d’hier. J’ai encore peine à y croire, mais pourtant, Min est présent à mes côtés lorsque j’ouvre enfin les yeux sur ma chambre éclairée par les rayons du soleil qui traversent mes rideaux. J’étire le cou pour jeter un œil à mon cadran qui affiche 10 heures, puis je laisse ma tête retomber sur mes bras croisés en poussant un long soupir. C’est à ce moment que je sens du mouvement à côté de moi, je relève donc la tête vers Min qui semble éveillé. « Hey. Bien dormi? » Le regard tendre, je ne cesse de sourire en l’observant, reconnaissant qu’il fasse maintenant partie de ma vie. Je m’assois sur le côté du lit, puis je me penche pour récupérer mon t-shirt qui jonche le sol pour l’enfiler, me relevant ensuite non sans pousser un gémissement de douleur. « Ouf… c’est vrai, on a été courir hier hein… Je redécouvre des muscles que j’avais oubliés. » Je me mets à rire en caressant mes jambes courbaturées. « Ça va toi? » En attendant sa réponse, je mets mon sweatshirt rose et mes lunettes qui étaient posées sur ma table de chevet. « Tu veux manger quelque chose? Je peux faire des gaufres si tu veux. » Une habitude que j’avais avec Tessa les dimanches matins lorsque nous habitions ensemble et que je continue même quand elle n’est pas là.

@Lincoln Mulligan

Min a l’habitude de se lever tôt même lorsque la nuit précédente fut courte. Ça n’a donc rien de surprenant qu’il se réveille une première fois aux environs de 5 h 30, fatigué, confus et incapable de se remémorer les souvenirs de la veille. Néanmoins, une fraction de second suffit pour que les pièces du casse-tête se remettent en place et Min tourna la tête pour voir Lincoln toujours assoupis. Il admire son profile se découper dans la pénombre, le chaos de boucles sur sa tête pour lequel il est un peu responsable après y avoir incessamment passé les mains durant leurs ébats et sa bouche légèrement entrouverte dans l’abandon du sommeil. Il ne ronfle pas, mais il respire fort. La sensation est étrange, mais son bonheur est indéniable. Min sourit et déposa un baiser sur son épaule en faisant attention pour ne pas le réveiller avant de se rendormir.

Il ne sait pas exactement combien de temps à passer lorsqu’il sentit le corps à ses côtés remuer. Il ouvrit lentement les yeux. Cette fois, la chambre est baignée d’une lumière qui l’aveugle. Il a envie de disparaître sous les draps pour quelques minutes supplémentaires de sommeil, mais la voix de Lincoln l’interpelle et il consent à ouvrir les yeux. « Hey. Bien dormi? » Il acquiesce et se frotte les yeux. « Oui, ne t’inquiète pas. » Il a l’air fatigué, mais c’est surtout dû au fait que la nuit a été très courte. Il lui rend son sourire et le regarde se lever. Il n’est pas pressé et souhaite profiter un peu plus longtemps de la chaleur qui s’attarde sous les draps. Le grognement de Link le ramène néanmoins à la réalité et il se redresse, les sourcils froncés. « Ouf… c’est vrai, on a été courir hier hein… Je redécouvre des muscles que j’avais oubliés. » Son ton ne laisse percevoir aucune amertume, au contraire, il parait plutôt s’en amuser, mais ça ne suffit pas à empêcher la culpabilité de l’envahir. « Tu devrais faire quelques étirements… », commença Min avant de se taire. Lui qui a été danseur à une autre époque, il doit le savoir autant que lui. Imperturbable, Link s’habilla, incluant des lunettes. Tiens, c’est nouveau ça. Il doit porter des verres de contact, mais les lunettes lui vont vraiment bien. Min a envie de prendre une photo, mais son téléphone doit être encore sur le canapé et sa batterie, presque vide. Un petit sourire étire ses lèvres. « Ça te va bien les lunettes. » Il se lève enfin du lit pour mettre ses sous-vêtements. Le reste est là, mais il n’a pas envie de s’habiller avant d’aller se laver. « Tu veux manger quelque chose? Je peux faire des gaufres si tu veux. » « Je veux bien des gaufres, je meurs de faim… Et du café. Tu sais que je ne peux pas vivre sans café. » Il s’approche de Link. Sa proximité lui manque déjà. « Je vais en profiter pour aller prendre une douche. » Min lui donne un baiser rapide sur le coin des lèvres puis se dirige vers la salle de bain avec ses affaires.

Il en ressort une dizaine de minutes plus tard, plus réveillé. Le loft embaume déjà le café. Il récupère son téléphone sur le sofa. Il ne lui reste que 5 % de batterie. « Tu as un chargeur compatible avec mon Samsung? À 5 % de batterie, je me sens vulnérable. » Il en reste suffisamment pour au moins une chose. Il rejoint Link qui prépare ses gaufres. « Ça sent bon. Viens ici, je veux quelque chose à admirer pendant la semaine. » Et il prend rapidement une photo où ils sont tous les deux, tête contre tête. « Tu viens chez moi le weekend prochain? On pourrait sortir, aller au restaurant et au cinéma. Sinon, je peux cuisiner pour toi. » Min réalise que la distance géographique va être difficile, mais les retrouvailles n’en seront que plus agréables. C’est du moins ce qu’il se dit alors qu’il imagine Lincoln endormis dans son propre lit.

Good things take time. -- @Ho Min-Kyung

Le visage de Min-Kyung est marqué par la fatigue, mais ça ne lui enlève absolument rien de son charme et je ne me lasse pas de l’admirer. Si ce n’était pas de mon estomac qui crie famine, je serais volontiers resté allongé à ses côtés pendant des heures encore pour profiter au maximum de sa présence avant que nos obligations respectives ne nous forcent à nous séparer. « Oui, ne t’inquiète pas. » Je n’étais pas réellement inquiet, mais sa réponse me rassure quand même un peu, je sais à quel point il peut être difficile de trouver sommeil ailleurs que dans son propre lit. « Tant mieux. » Je lui souris, mais mon sourire disparait bien assez rapidement lorsque je sollicite les muscles de mes jambes qui ont travaillé comme jamais hier lorsque nous sommes allés courir. « Tu devrais faire quelques étirements… » Je le sens dans son attitude qu’il culpabilise encore alors que de mon côté les courbatures m’ont toujours fait rire. C’est une douleur dont je ne me plains pas réellement, la preuve que j’ai bien travaillé même si hier je suis allé un peu trop loin. « J’en ferai un peu tantôt. » Dans la cuisine entre deux gaufres, pourquoi pas? « Ça te va bien les lunettes. » - « Ah, merci. C’est juste plus simple des verres de contact au garage avec mes mains dégueulasses. » Même si ça ne date pas d’hier que je porte presque seulement mes lunettes à la maison en fin de soirée. « Je veux bien des gaufres, je meurs de faim… Et du café. Tu sais que je ne peux pas vivre sans café. » Je me mets à rire, sans le quitter des yeux. « Évidemment, il y aura du café. » Il ne sera sans doute pas aussi haut-de-gamme que celui qu’il boit habituellement, mais ce sera mieux que rien, je l’espère. « Je vais en profiter pour aller prendre une douche. » Je hoche la tête en posant une main sur son bras lorsqu’il s’approche pour m’embrasser. « Ok. » Je le laisse s’éloigner à contrecœur, prenant plutôt la direction de la cuisine.

Pour que le café soit prêt dès que Min sortira de la salle de bain, je pars la cafetière avant de sortir le gaufrier. Je prépare le mélange à gaufres, puis je lance la cuisson de la première gaufre dès que la lumière indiquant que le gaufrier est assez chaud s’allume. En attendant, je mets la table, puis j’agrippe ma cheville pour étirer mon quadriceps avant de faire la même chose avec ma deuxième jambe ensuite. « Tu as un chargeur compatible avec mon Samsung? À 5 % de batterie, je me sens vulnérable. » Je hoche la tête en pointant le meuble télé derrière lequel est branché mon chargeur. Ça me fait penser que ça fait un moment que je n’ai pas vu mon téléphone tiens… « Oui, là. Tu peux le brancher dans la cuisine si tu préfères. » Spatule à la main, je transfère une gaufre cuite dans une assiette pour pouvoir en mettre une nouvelle à cuire. « Ça sent bon. Viens ici, je veux quelque chose à admirer pendant la semaine. » - « J’espère que ça ne va pas juste sentir bon. » Je suis assez confiant depuis le temps que Tessa et moi pratiquons ce petit rituel du dimanche matin. Intrigué par ses dernières paroles, je l’observe attentivement sans pouvoir réprimer un sourire lorsque je le vois placer son téléphone pour nous photographier. Le temps de la photo, je passe un bras autour de sa taille pour m’approcher, appuyant ma tête contre la sienne en souriant. Alors que je le sens ensuite s’éloigner, je resserre mon bras autour de lui pour l’en empêcher et l’embrasser tendrement avant de lui rendre sa liberté. « Tu me l’enverras? » Histoire d’avoir un souvenir de notre weekend parfait d’ici à ce que nos horaires nous permettent de nous revoir. « Tu viens chez moi le weekend prochain? On pourrait sortir, aller au restaurant et au cinéma. Sinon, je peux cuisiner pour toi. » Le programme qu’il me propose me plait comme en témoigne mon énorme sourire. « Avec plaisir. » Je me recule pour appuyer mon dos contre le comptoir en déposant ma spatule, l’attirant ensuite vers moi en l’attrapant par son t-shirt. Les mains sur sa nuque, je me perds quelques secondes dans son regard en soupirant longuement. « Je vais m’ennuyer… » lâché-je dans un murmure avant de faire une moue triste. « J’ai déjà hâte à la semaine prochaine. » Je caresse ses joues avec mes pouces en attendant que la dernière gaufre soit prête, ce qui ne tarde pas à arriver. « C’est prêt, on va pouvoir manger. » Je pose un baiser rapide sur ses lèvres, puis je le repousse gentiment pour pouvoir poser la dernière gaufre dans l’assiette, lui faisant ensuite signe de prendre place à la table. Juste avant de m’asseoir, un bruit de notification attire mon attention en direction du canapé. « Ah, je dois encore avoir perdu mon téléphone dans le canapé. » À quatre pattes, je me penche et je trouve enfin mon téléphone sous ledit canapé, ouvrant tout grand la bouche en voyant tous les appels manqués et les SMS que j’ai reçus de la part de ma sœur. « Merde. Tessa a essayé de m’appeler plein de fois hier… » Les yeux rivés sur mon téléphone, je le rejoins à la table, grimaçant en prenant connaissant du dernier message envoyé de ma sœur. « Ok, il faut vraiment que je lui écrive deux minutes… elle s’inquiète, elle dit que si je ne réponds pas d’ici une heure, elle va débarquer ici. Ça fait trente minutes qu’elle m’a envoyé ce message… » Je me dépêche d’écrire à ma sœur en espérant qu’elle verra mon message à temps. Je n’ai pas honte de Min, au contraire, mais il reste son collègue et je n’ai pas envie qu’elle apprenne que nous sommes ensemble en le trouvant chez moi par hasard ce matin. Après lui avoir répondu, je pose mon téléphone sur le coin de la table pour guetter les réponses de ma jumelle. « Parlant de ma sœur… tu voyais ça comment? Ça t’irait qu’on attende un peu? Juste… qu’on prenne notre temps, qu’on vive ça un peu à deux avant de lui dire. » J’espère qu’il ne le prendra pas mal, ce n’est rien contre lui, mais j’ai besoin de prendre mes marques avant de le crier au monde entier après la déception que j’ai eue un peu plus tôt cette année, surtout avec Noël qui approche à grand pas.

Good things take time. -- @Ho Min-Kyung

« J’ai tout à fait confiance en tes aptitudes » Je tente tant bien que mal de garder un air sérieux, mais je sens un petit sourire pointer le bout de son nez au coin de mes lèvres malgré mes efforts. « Mes aptitudes pour t’empoisonner? » J’exagère, bien sûr, mais je laisse planer le doute puisqu’il n’a encore jamais goûté à ma cuisine. Je ne suis pas un cordon bleu, mais je me débrouille quand même bien en cuisine alors je ne suis pas réellement inquiet, je suis certain qu’il appréciera le petit déjeuner à moins qu’il ne soit pas fan de gaufres et qu’il n’a pas osé me le dire. J’essaie de me dire qu’il est peu probable que ce soit le cas, peut-être influencé par l’énorme sentiment de bien-être que je ressens depuis que je me suis endormi blotti dans ses bras cette nuit. Je suis sur mon petit nuage et rien – ou presque – pourrait venir gâcher ma fin de semaine. « À l’instant. » Par réflexe, je tâte les poches de mon pantalon à la recherche de mon cellulaire pour vérifier que j’ai bien reçu la photo de nous deux, mais je ne l’ai pas. Tant pis, je suis certain qu’elle est parfaite elle aussi et que je ne me lasserai pas de la regarder en souriant niaisement lorsqu’il aura quitté le loft en direction de Brisbane à mon plus grand malheur. Comment est-ce possible de m’ennuyer autant alors qu’il n’est même pas encore parti? Alors que notre relation était bien loin d’être ce qu’elle est actuellement à peine un jour plus tôt? « Moi également. Je vais compter les jours et faire de petites croix sur le calendrier. » Je passe ma langue sur mes lèvres en lâchant un léger rire. « Un calendrier papier? T’es tellement vieux jeu. » Je le taquine gentiment, mais toutes ses petites habitudes me charment un peu plus.

Les appels manqués ainsi que les messages reçus par ma sœur depuis hier changent l’ambiance du tout au tout dans le loft. J’espère lui répondre à temps avant qu’elle ne débarque ici à l’improviste. Min est son collègue et j’aimerais faire les choses correctement en mettant ma sœur au courant de notre histoire de vive voix après un minimum de préparation et non pas en faisant surprendre par une visite surprise. « Je n’ai rien entendu. » Je hausse les épaules. « Moi non plus. Faut dire que j’avais la tête ailleurs. » Je lui souris en jetant un regard bref dans sa direction avant de rapporter mon attention sur mon téléphone pour envoyer un message à ma sœur. « J’y pensais aussi… J’apprécie énormément Tessa et je ne pense pas que ça va la déranger. Elle sait qu’on est ami. Elle nous a vu discuter ensemble quand tu passes à la clinique. Elle est très observatrice… Je ne crois pas qu’on pourra lui cacher éternellement même si on le voulait. » Je ris en secouant négativement la tête avec vigueur. « Elle me lit comme un livre ouvert, je ne pourrai pas lui cacher bien longtemps. Heureusement que je n’habite plus avec elle parce qu’elle me grillerait en deux secondes. » Je suis même surpris qu’elle ne m’ait pas posé de questions jusqu’à aujourd’hui au nombre de fois où j’ai pris le risque d’échanger avec Min via SMS avec ma sœur assise dans la même pièce que moi. Il faut croire que je prenais conscience du sourire stupide qui prenait toute la place sur mes traits avant qu’elle ne le remarque.  « Mais j’aime l’idée d’en profiter un peu tous les deux avant de le crier sur tous les toits. Je dois aussi parler à ma sœur. Je ne lui ai pas encore tout dit… » Je fronce les sourcils, ma curiosité soudainement piquée. « Tout? Tu ne lui as rien dit sur moi je présume? » Ce qui serait tout à fait normal, chaque chose en son temps. S’ouvrir sur son homosexualité était déjà un très grand pas en soi. « Tu crois que j’ai le temps de manger avant que Tessa n’arrive? Ces gaufres ont l’air vraiment bonnes et je n’ai pas envie de faire la route jusque chez moi avec seulement un café dans le ventre. » Je jette un coup d’œil à mon téléphone et constate que Tessa y a répondu. « Tess vient de me répondre, c’est bon, ça veut dire qu’elle est encore à Brisbane. Tu as le temps de manger. » Dans le pire des cas, je lui aurais préparé une portion pour apporter, mais ce ne sera pas nécessaire. « Bon appétit. » lui dis-je juste avant d’engloutir une première bouchée de gaufre tandis que mon estomac gargouille comme si je ne l’avais pas nourri depuis des jours.

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« Elle me lit comme un livre ouvert, je ne pourrai pas lui cacher bien longtemps. Heureusement que je n’habite plus avec elle parce qu’elle me grillerait en deux secondes. » Min s’esclaffa. « C’est parce que tu es un livre ouvert. Tout se voit sur ton visage et dans tes yeux à condition d’être un peu attentif. Je n’aurais probablement jamais osé prendre les devants si je n’avais pas perçu de l’intérêt de ta part… Et encore, pendant un moment j’étais convaincu de me tromper et de m’imaginer des choses. » Le risque en avait valu le coup, finalement.

Tous deux s’accordaient sur le fait de garder le secret de leur relation naissante un moment bien qu’ils soient conscients de devoir en parler tôt ou tard à leur entourage. Min n’avait pas l’intention de vivre ça en étant caché, il le faisait déjà depuis trop longtemps, mais l’idée d’avoir Link pour lui seul pendant quelque temps lui plaisait. Ça lui laissait le temps d’apprécier ce qu’il était en train de vivre avant la tourmente, car elle viendra assurément mettre une ombre au tableau. En parler à Doo-na sera une grande étape pour lui, mais il craignait aussi l’inévitable conversation avec Tessa qui promettait d’être embarrassante. Elle était la sœur de Lincoln et sa boss, ce qui la mettait dans une position plutôt délicate. Il refusait d’envisager la possibilité que ça se termine mal entre Link et lui, mais si jamais ça allait dans une mauvaise direction, il y aurait forcément un impact jusque dans son travail. Min buvait son café à petites gorgées en regardant Lincoln préparer leur petit déjeuner. Il pourrait passer des heures à l’observer de cette manière, conscient du sourire qui ne quittait pas ses lèvres. « Tout? Tu ne lui as rien dit sur moi, je présume? » Min baissa les yeux sur sa tasse de café et la vapeur qui s’en échappait. « Je ne lui ai pas encore fait mon coming out », dit-il avec une pointe d’hésitation dans la voix. « J’ai confiance en elle, mais un doute subsiste que je ne peux pas ignorer. Tu sais, cette petite voix agaçante qui nous dit à l’oreille : et si tu te trompais? » Min haussa les épaules, penaud. Il ne reculerait pas maintenant. Il suffisait juste de trouver le courage pour franchir le pas, comme hier avec Lincoln. En théorie, il n’y avait rien de plus simple. En revanche, pour ce qui était de la mise en pratique… « Elle sait que tu existes. Je lui ai déjà parlé de toi en disant que tu étais un bon ami. C’était pas longtemps après que tu sois venu à ma rescousse en plein milieu de la nuit. Tous les héros ne portent pas de cape apparemment. »

Heureusement, Tessa répondit à Lincoln. Celui-ci en déduit qu’elle devait être encore à Brisbane, mais Min fut tenté de rétorquer qu’elle pourrait très bien être devant la porte de son appartement et qu’elle y sonnerait d’une seconde à l’autre. Heureusement, ça n’arriva pas. Ils pouvaient donc profiter de leur petit déjeuner en paix de même que la présence de l’autre avant le retour obligé à la réalité. Min prit une première bouchée et ferma les yeux pour la savourer. Un peu croustillante à l’extérieur et parfaitement moelleuse à l’intérieur, c’était de loin la meilleure gaufre qu’il ait mangée de sa vie, mais son avis était sans doute biaisé. Voilà pourquoi Min aimait tant la nourriture ainsi que cuisiner pour les autres. Il y a définitivement quelque chose de spécial dans un repas préparé par une personne qui nous aime. « C’est très bon. Tu crois pouvoir en refaire le weekend prochain? Je ne sais pas si j’ai tout ce qu’il faut chez moi. Tu me diras ce dont tu as besoin et j’irai faire les courses. »

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« C’est parce que tu es un livre ouvert. Tout se voit sur ton visage et dans tes yeux à condition d’être un peu attentif. Je n’aurais probablement jamais osé prendre les devants si je n’avais pas perçu de l’intérêt de ta part… Et encore, pendant un moment j’étais convaincu de me tromper et de m’imaginer des choses. » Dire que j’aurais pu me réveiller seul ce matin s’il avait laissé ses doutes prendre le dessus hier soir. Notre relation aurait pu en rester au même point alors que tous les deux nous avions un intérêt l’un pour l’autre. Ça aurait été dommage et surtout une torture de regretter de ne pas avoir tenté ma chance de mon côté. « Imagine, tu aurais pu repartir chez toi hier soir sans qu’il ne se passe rien. » Je pose ma main sur son avant-bras que je caresse en l’observant d’un regard lourd de sens. « Ça aurait été dommage. » Le weekend a été simplement parfait - ou presque, j’aurais pu me passer du petit incident dans le sentier hier – et pour rien au monde je ne reviendrais en arrière. J’ai toujours peur d’être blessé en offrant mon cœur sur un plateau d’argent après les mauvaises expériences que j’ai eues, mais en même temps, Min me fait tellement de bien que je suis prêt à prendre le risque. J’espère simplement ne pas me tromper cette fois-ci.

« Je ne lui ai pas encore fait mon coming out » Une fois de plus, je pose ma main sur son avant-bras pour l’encourager, accompagnant mon geste d’un petit sourire. « Ça viendra, quand tu seras prêt. » Je ne compte pas lui mettre la pression, il le fera quand il sentira que c’est le moment. « J’ai confiance en elle, mais un doute subsiste que je ne peux pas ignorer. Tu sais, cette petite voix agaçante qui nous dit à l’oreille : et si tu te trompais? » Je hoche la tête sans pouvoir réprimer un petit sourire amusé au coin de mes lèvres. « Comme celle qui te faisait douter hier soir? Je suis bien content que tu ne l’aies pas écoutée d’ailleurs… » Je reprends un air un peu plus sérieux avant de poursuivre. « Mais oui, je comprends tout à fait ce que tu veux dire. » Il n’y a rien de plus effrayant que la perspective de perdre les gens à qui on tient, tout ça parce que nous n’aimons pas le bon genre de personnes. « Elle sait que tu existes. Je lui ai déjà parlé de toi en disant que tu étais un bon ami. C’était pas longtemps après que tu sois venu à ma rescousse en plein milieu de la nuit. Tous les héros ne portent pas de cape apparemment. » Ma langue claque contre mon palais tandis que je fais un mouvement de la main pour lui dire de ne pas exagérer. « Je suis loin d’être un héros… » Un héros qui vole une montre? Pas tellement…

Fourchette à la main, j’observe attentivement Min qui s’apprête à goûter le petit déjeuner que j’ai préparé rien que pour lui. Lorsqu’il ferme les yeux, mon sourire s’agrandit, satisfait. Je prends une bouchée à mon tour, rêvant d’un avenir rempli de possibilités en sa compagnie. Je me sens terriblement bien, mon cœur prêt à exploser chaque fois que mon regard s’attarde sur Min. Sans même que je ne m’en rende compte, un soupir chargé d’émotions m’échappe. « C’est très bon. Tu crois pouvoir en refaire le weekend prochain? Je ne sais pas si j’ai tout ce qu’il faut chez moi. Tu me diras ce dont tu as besoin et j’irai faire les courses. » Je hoche la tête sans pouvoir arrêter de sourire. « Bien sûr. Je peux apporter mon gaufrier, ça ne prend pas beaucoup de place. Puis je t’enverrai la liste d’ingrédients. Ce n’est rien de très compliqué tu vas voir. » Sans dire un mot, je termine de manger mes gaufres, déçu que notre weekend parfait ne tire à sa faim. Lorsque Min termine aussi son assiette, je me lève et je pose nos assiettes sur le comptoir avant de retourner vers lui, le cœur lourd. Sans qu’il ne dise un mot, je comprends lorsque nos regards se croisent qu’il est dans le même état d’esprit que moi. Les mains dans les poches, je l’accompagne jusqu’à l’entrée où il enfile ses chaussures sous mon regard triste. « Bon, c’est le moment de se dire au revoir. » Je lui souris tristement en m’approchant de lui d’un pas lent. « J’en ai pas envie… » avoué-je d’une voix lourde en le prenant dans mes bras, enfouissant mon visage dans sa nuque pour m’imprégner de son odeur. « J’ai mis dans ton sac le t-shirt que je portais hier soir. » murmuré-je à son oreille avant de me reculer suffisamment pour pouvoir l’embrasser longuement. À contrecœur, mes lèvres se séparent des siennes, mais mon front demeure contre le sien encore quelques secondes pendant que je caresse ses joues avec mes pouces. « Sois prudent sur la route. J’ai déjà hâte de te revoir. » Avant que la situation ne devienne encore plus difficile, je m'écarte pour le laisser sortir. Je n'ai d'autre choix que d'affronter le silence laissé par son absence dans mon logement, m'abandonnant sur mon lit, plongé dans mes pensées.