Gotta listen when the Devil’s calling
Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédits/harley&hillsidepacks

Elle a supplié, la dénommée Sarah. Elle a demandé à Amos d’avoir pitié de son âme et pour sa vie sans savoir que la pitié est une chose qu’il ignore ou ignorera bientôt totalement. En tout cas, il n’en a plus la moindre à son égard et, tandis qu’il la vidait de son sang sous mes yeux, je ressentais une excitation malsaine. Elle n’a pas dû tout à fait comprendre. En revanche, j’ai exigé qu’elle souffre au moins un peu quel qu’ai été le degré de violence finalement employé par Amos, j’ai lu dans ses yeux que c’était le cas, qu’elle souffrait psychologiquement d’être trahie par un être autrefois aimé, par son mari et partenaire.

Son mari, et le père de son enfant. Je ne l’ai appris qu’après, le mensonge du jeune vampire. Après le meurtre de son épouse, après avoir fait l’amour à quelques mètres de ses restes et d’une mare de son sang, je le pensais entièrement à moi et nous, je nous pensais inarrêtables. Je pensais avoir trouvé pas mon âme sœur – le concept est humain et trop mièvre pour nous autres créatures de la nuit – mais mon complice, un partenaire pour m’accompagner dans mon mode de vie décadent et ma quête de sang, toujours plus de sang. Ils avaient une fille, quelle tragédie. Voilà ce que j’ai entendue quand, couverte de la tête au pied et déguisée en jeune paysanne, j’ai arpenté les rues du village pour être certaine qu’aucune chasse à l’homme ne se prépare. J’ai tendu l’oreille – façon de parler puisque mon ouïe est bien plus fine que celle des êtres humains – pour être certaine qu’il soit question d’Amos et de son ex-femme, et la confirmation m’a donné des pulsions meurtrières. Littéralement : j’ai suivi la vieille commère sur le chemin du retour et je l’ai cueillie avant qu’elle ne passe la porte de son domicile. Son sang a révélé des arômes infames et écœurée, je l’ai laissée s’en vider sur le perron de sa ferme après m’être assurée qu’elle était morte.

La subtilité m’est étrangère. Hors de question de piéger l’inconscient : non, j’ai foncé comme une tornade jusqu’au manoir, mon manoir, et je l’ai délogé en train de se prélasser dans un bain brûlant. En apparence calme - le calme avant la tempête – je me suis installée sur le rebord de la baignoire. Mes doigts ont tracé des arabesques sur son torse et, finalement, mes doigts se sont refermés autour de sa nuque sans la moindre trace de douceur. J’en serré de toutes mes forces, pour le blesser plutôt que pour le tuer dans un premier temps : nous ne respirons pas, la strangulation ne fait pas partie des choses susceptibles de nous bannir de la surface de la terre. « Je rentre de la ville. » Je grogne autant que je parle, d’une voix suave mais dangereuse. « Comment Sofia vit-elle le meurtre de sa mère, Amos ? »

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Je suis le premier né d’une famille de chasseurs. J’avais déjà tué, auparavant. J’ai éliminé une panoplie de créatures. Certains d’entre eux m’ont empli d’une profonde fierté parce que leur tête était placardée sur les murs du Nemrod. Toutefois, jamais je n’ai puisé une telle satisfaction à priver quelqu’un de son dernier souffle. C’est d’autant plus étonnant qu’il s’agit de mon épouse, femme à laquelle j’ai juré fidélité, d’aimer jusqu’à l’éternité, jusqu’à ce que la mort nous sépare. Je suis mort, comme elle, n’était-ce donc pas l’heure de nous délester de ce mariage ? N’était-il pas bon de la libérer de moi ? Certes, j’aurais pu m’y prendre autrement, mais les désirs de Rachel sont des ordres. Je lui obéis moins parce que je serais son pantin de bois - le suis-je ? - que par envie. J’aime la satisfaire, et ce, de bien des manières. Je me dévoue à sa cause sans compter et sans m’inquiéter de mon mensonge. Est-ce à cause de ma transformation que mes émotions sont réduites à peau de chagrin ? Est-ce plutôt lié à de nouveaux sentiments ? Des sentiments que je pensais éteint et, somme toute, impensable pour les vampires ? Allongé dans un bain chaud, je m’interroge sur ce que ce lien, innommable, pourrait ne pas être réciproque. Le cas échéant, se débarrasserait-elle de moi ? Est-ce donc son but tandis qu’elle s’assoit sur le rebord de la baignoire sabot sans répondre à mon sourire ? J’étais heureux de la voir jusqu’à ce qu’elle enroule ses doigts autour de mon cou. Je commence doucement à être envahi par un “quelque chose” qui ressemble à de la peur, la peur que cette fois, le glas sonne pour moi. Mais, pourquoi ? Qu’ai-je fait de si dommageable ? S’est-elle seulement lassée ?  Elle ne m’empêche pas de respirer même si, soumis à de vieux réflexes, j’en ai d’abord l’impression. Elle est surtout désagréable parce que j’ai l’impression qu’elle pourrait me briser le larynx du pouce et de l’index. Que dis-je ? Il lui suffirait d’une pression supplémentaire et, dans l’espoir de la retenir, ma main entoure son poignet. Mes pupilles, elles s’écarquillent tandis que tombe la vérité. Elle revient du village et, outre le meurtre de Sarah, c’est le drame de la petite Sofia, orpheline d’un peu plus de vingt ans, qui fait pleurer dans les chaumières et qui alimente les rumeurs les matins de marché. Elle est au cœur de la rumeur qui s’étend à présent jusque dans la salle de bain. Bêtement, j’ai tenté de m’expliquer. Impossible cependant. Aucun son ne sort de ma bouche, si bien que je dois agir. Je dois jouer de ma force pour me délivrer de l’emprise de Rachel. J’y parviens, mais déjà je devine la rage dans ses yeux.   «Apparemment, tu es mieux renseignée que moi. Alors, dis-moi, comment le vit-elle ? » Normalement, j’aurais dû me faire tout petit mais, inconsciemment, je crois que j’ai besoin d’être certain que je ne suis pas un jouet, son jouet. J’ai besoin de savoir qu’elle ne me tuera pas dès que je la contrarierai. Alors, dans un élan de dignité, j’ai quitté la baignoire pour enfiler un peignoir de bain, un qui me donnera moins l’impression d’être exposé et vulnérable alors qu’elle fulmine, Rachel. Je le perçois à l’aura qu’elle dégage, à ce qu’elle bondit sur moi tel un animal, moi qui ai juste le temps de lever les bras pour me défendre. «Arrête, voyons. Je ne t’ai pas dit que j’avais une fille, et alors ? Elle a le droit de vivre sa vie. Ce n’est plus une enfant. Elle n’est pas une menace pour toi.»

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédits/harley&hillsidepacks

Je ne rejoins pas Amos avec dans idées licencieuses à l’esprit. Je ne renferme pas mes doigts sur sa carotide pour faire monter la température. L’hypothèse aurait pu être plausible : la violence, le sang et même la mort m’excitent depuis que mon cœur a cessé de battre. C’est certes le propre de beaucoup des créatures de la nuit – si pas toutes – mais me concernant, le phénomène est amplifié, peut-être faute à une prédisposition qui était là avant que je ne sois transformée. Victime de violences physiques et psychologiques lorsque j’étais une humaine, peut-être ai-je déjà à cette époque développé une obsession malsaine et sous-jacente.

Non, je mes doigts serrent son cou jusqu’à égratigner sa peau de mes ongles manucurés, c’est parce que je suis furieuse. Comprenant qu’il m’a menti, j’ai vu rouge et je si je rêve de l’envoyer contre le mur et de briser chaque os de son corps, ce n’est pas parce que j’envisage un corps à corps brûlant. Amos se débat et se délivre et, tandis qu’il sort du bain dans lequel il se prélassait, je le suis du regard avec des yeux qui lancent des éclairs. « Apparemment, tu es mieux renseignée que moi. Alors, dis-moi, comment le vit-elle ? » Si je respirais, ma poitrine se soulèverait à un rythme effréné, preuve de fureur. Je serre les poings et mes doigts s’enfoncent dans ma chair, laissant apparaître un liquide foncé, presque noir, qui glisse sur mes doigts et s’écrase au sol. « Attention à ce que tu dis. » Attention quand tu me provoques, surtout. Je le tolère difficilement, la faute à des années à avoir été habituée à être obéie au doigt et à l’œil. Les crocs dehors, un grondement s’élève dans ma poitrine. Sans parvenir à me contenir, je lui saute à la gorge mes ongles devenus griffes, et il ne doigt qu’à ses réflexes aiguisés et à sa force nouvelle de parvenir à me repousser et me contenir. « Arrête, voyons. Je ne t’ai pas dit que j’avais une fille, et alors ? Elle a le droit de vivre sa vie. Ce n’est plus une enfant. Elle n’est pas une menace pour toi. » - « Tu m’as menti. » Je pose mes mains sur ses épaules et le repousse de toutes mes forces. Il n’est pas simplement contraint à faire quelques pas en arrière : son dos s’écrase contre le mur de la chambre qui se fissure sous le coup du choc. Je ne retiens pas ma force. « Tu as osé me mentir et pourquoi ? » Je parcours à nouveau la distance qui nous sépare, prête à lui porter un autre coup. « Pour un misérable être humain voué de toute façon à mourir ? Ce n’est plus ta fille ou, plutôt, tu n’es plus son père. » L’humain qu’il était l’était. Pas lui, c’est ce que je m’échine à lui enseigner, c’est ce que je désire au plus profond de moi, de le couper de toutes ses attaches d’être humain.

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Elle a de la force, Rachel. D’une pression, elle pourrait briser mes os et, en partie déconnecté de ce que j’étais - un être humain - je ne crains pas d’avoir mal, je me demande quel serait l’intensité de la douleur si tant est que j’en ressente une. Je m’interroge également sur ce que peut bien représenter la sienne qui, visiblement, a appris mon non-dit à propos de Sofia. Lorsque ma créatrice m’a demandé si j’avais des enfants, j’ai répondu “oui” pour mieux enchaîner sur mon mariage. J’ai tout simplement noyé le poisson et, à présent, je vais en payer le prix. J’ai éveillé chez la vampire des émotions qu’elle avait peut-être oubliées - depuis quand n’a-t-elle plus ressenti de la colère ? De la jalousie ? Sous quelle forme la ressent-on d’ailleurs ? Est-elle diffuse ? Violente ? Aussi intense que cette femme qui m’a choisi pour partenaire ? Assailli par ces multitudes d’interrogations, je décide de quitter mon bain pourtant bien chaud. Je n’espère plus qu’elle m’y rejoigne, ma partenaire. A considérer la température de l’ambiance, j’aime autant m’enrober de dignitié comme je m’enveloppe dans un peignoir de bain. Cette discussion va mal tourner puisque la peur de mourir n’est plus qu’un vague souvenir. Je redoute davantage que ma créatrice se débarrasse de moi, mais je nourris une certitude avec une once de prétention. Elle ne serait pas dans cet état de rage si je ne comptais pas. Elle veut en découdre, c’est évident, elle se tient comme un animal prêt à fondre sur son agresseur, mais elle ne me tuera pas. Alors, mon regard dit : “Sinon quoi” juste avant qu’elle me pousse de toutes ses forces. Elle presse ses deux mains contre mes épaules et j’échoue contre le mur. La violence du choc est-elle qu’il se fissure. Moi, mu par un quelque chose qui ressemble à de l’adrénaline diffuse dans tout mon corps, je lui ai tenu tête et, surtout les mains. J’ai rassemblé mes forces pour les retenir avant qu’elle ne m’assène un coup de poing ou qu’elle m’arrache un oeil. «J’ai dit oui. Tu m’as demandé si j’avais des enfants et je t’ai répondu.» Certes, j’ai manqué de claré, mais qui pour m’en blâmer ? Rachel, sans doute. Mon instinct me souffle que cette pantalonnade ne passera pas et, cherchant à obtenir l’ascendant sur elle, mon corps se penchant au-dessus du sien alors qu’il est de plus en plus difficile pour moi de la contenir tant elle explose de colère, je tente de l’apaiser par les mots. « Je me suis arrangé pour que ça ne soit pas clair, mais qu’est-ce que ça peut faire qu’elle soit en vie ? Je ne suis plus ton père, tu l’as dit toi-même. Je ne le suis plus et c’est pour ça que j’ai choisi une vie auprès de toi plutôt qu’auprès d’elle.» Et l’immortalité n’y était pour rien. Cette vigueur qui m’aide à la repousser contre le mur perpendiculaire non plus. Je n’aurais jamais cru qu’un jour je serais forcé d’user de ma force contre une femme, tout aussi forte que moi soit-elle, voire plus. «Qu’est-ce que ça change qu’elle soit en vie ? C’est mon enfant, pas ma maîtresse. Pourquoi est-ce que c’est si important, Rachel ? »A quel point est-ce que ça l’est ? Va-t-elle exiger que je la tue ? Elle est prête à épargner mon frère, mais pas mon enfant, pourquoi ? Je ne saisis pas et j’adorerais comprendre, mais elle profite de ces secondes de déconcentration pour se libérer de moi et…

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« J’ai dit oui. Tu m’as demandé si j’avais des enfants et je t’ai répondu. » - « Tu mens. » Je grogne, avant d’enrouler mes deux mains autour de sa nuque et de serrer fort, très fort, en le soulevant du sol de quelques centimètre et ce malgré notre différence de taille qui pourrait être handicapante. Ce serait sans compter sur la force surhumaine qui est la mienne, la sienne aussi cela dit mais, pour l’instant, il ne fait que de défendre lorsque cela lui semble nécessaire, il ne m’attaque pas. Les choses auraient au moins le mérite de devenir diablement intéressantes, s’il le faisait. « Tu n’as rien dit. Tu as dit que tu été marié, et tu as changé de sujet. Tu crois que je ne m’en souviens pas ? Tu crois que je suis idiote et que tu peux me faire tout oublier avec quelques caresses ? » Elles sont plus qu’agréable, de toute évidence, la passion qui nous anime a quelque chose de bestial, mais je l’ai laissé endormir ma méfiance que parce que j’ai estimé que la chose n’était qu’une formalité, un détail, et que sa femme serait bientôt morte puisqu’à mes yeux, ce n’est pas grand-chose, le meurtre d’un être humain. Ils sont une source de nourriture. Les humains chassent le gibier dans les bois autour de mon manoir, ne fais-je pas exactement la même chose, lorsque je sors le soir pour trouver une nuque d’albâtre dans laquelle planter mes dents ? Il finit par me repousser, évitant que ne dosant pas ma force je lui rompe la nuque. Il n’en mourrait pas. Ce serait en revanche horriblement douloureux. Non, puis le tuer, il faudrait que je lui arrache la tête de son corps à mains nues.

« Je me suis arrangé pour que ça ne soit pas clair, mais qu’est-ce que ça peut faire qu’elle soit en vie ? Je ne suis plus ton père, tu l’as dit toi-même. Je ne le suis plus et c’est pour ça que j’ai choisi une vie auprès de toi plutôt qu’auprès d’elle. » - « Je veux qu’elle meure. Je veux qu’ils meurent tous. » Son frère que j’avais accepté d’épargner. Cette fille dont il m’a caché l’existence. Tous ceux qui le raccrochent d’une façon ou d’une autre à son ancienne vie qu’il convient qu’il bannisse de sa mémoire pour ne se souvenir que des instants qu’il a passé avec moi, comme s’il était né à l’instant où il a bu mon sang d’ébène. « Tu m’as menti. Tu as eu pitié. » Et ce sentiment, il est presque un crime plus grave, un qui me dégoûte. « Qu’est-ce que ça change qu’elle soit en vie ? C’est mon enfant, pas ma maîtresse. Pourquoi est-ce que c’est si important, Rachel ? » - « C’est ton enfant ou ce n’est plus ton enfant ? Il faut savoir Amos, je croyais que tu n’étais plus son père. » Les crocs sortis, je tire ma nuque dans sa direction pour que mon visage soit proche du sien quand je lui parle. Finalement je lui décroche un nouveau coup dans la mâchoire, avant de le frapper en griffant son visage de mes ongles acérés. Du sang perle sur sa joue, et mes yeux – deux billes rouges irradiant de colère, le foudroient sur place. « Tant qu’elle sera en vie, elle sera un rappel constant de l’homme que tu étais. » Un être faible comparé à la créature noble qu’il est devenu. « Je veux que tu m’appartiennes. Que tu ne m’appartiennes qu’à moi. » Il n’est pas question de son cœur, nous n’en avons pas. Non, je veux qu’il soit à moi tout entier, une dévotion passionnelle que ces répugnants humains ne comprennent pas. « Tu ne comprends donc pas que c’est ainsi que les choses fonctionnent ? Que tu dois te couper entièrement de qui tu étais avant moi ? » Je caresse sa joue pour y récupérer une goutte de sang noir. « Qui tu étais avant ça ? » Avant sa transformation en être supérieur, en être de la nuit.

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Je lui crierais bien qu’elle exagère, que le mensonge n’existe vraiment que si j’ai prétendu sciemment l’inverse d’une réalité, ce que je n’ai pas fait. Ma réponse, à sa question à propos d’enfants et d’épouse, je l’ai surtout éludée. Ce n’est toutefois pas le moment de flirter avec les limites de la mauvaise foi. Elle est chatouilleuse, Raelyn. Elle est même furieuse si bien qu’à peine suis-je revêtu qu’elle m’éjecte contre le mur après m’avoir poussé de ses deux mains sur mes épaules. Sa volonté était effectivement de me secouer, de m’ébranler de sorte que je ne me permette plus d’être insolent. Sauf que s’il lui est possible de façonner l’homme qu’elle a transformé pour qu’il devienne une créature assoiffée de sang, je doute qu’elle réussisse à écraser ma personnalité entre les mâchoires de l’étau de ses désirs et de son autorité. Alors, quoique je ne la touche pas - ou pas encore - je me défends. Je me prépare à éviter les coups si d'aventure il pleuvait. Je me prépare tout en veillant à la raisonner. « On ne ressent pas de pitié pour un enfant.» Qu’importe qu’il soit désormais un adulte. «C’est bien plus compliqué.» Mais, comment pourrait-elle le comprendre ? Mal mariée, son union est restée stérile et, conscient de la dureté de son histoire, je considère cet état de fait comme une chance. Moi, c’est d’une autre que le destin m’a auréolée et n’est-ce pas la forme d’amour la plus pure et la plus intense que celle que l’on ressent pour le fruit de nos entrailles ? Evidemment, les sentiments s’effacent. Ils tendent à disparaître au profit d’une émotion bien moins noble que Raelyn réveille de par cette violence. Elle menace et s’exécute encore. Sur ma peau encore sensible de mon cou, je sens encore couler un filet de sang. Dans mon oeil luit l’étincelle d’un intérêt malsain. Alors, je n’arrive pas à lui en vouloir de me griffer jusqu’à me blesser et je ne me l'explique pas, c’est vrai. Rien de rationnel ne justifie que, sur l’heure, je lui jurerais volontiers d’abattre quiconque entraverait son chemin juste en respirant l’air dont elle n’a pourtant plus besoin. « Tout ça, ce sont des caprices.» ai-je craché sur le ton de la défiance. Le mot est choisi pour attiser de vils sentiments. Le tout, finalement, c’est de ne pas exagéré le propos et de préférer le geste. Aussi l’ai-je attrapée d’une main, par le bras et de l’autre par la gorge. «C’est l’homme que j’étais que tu as voulu garder près de toi, non ? Pourquoi est-ce qu’il te dérange tant à présent ? » ai-je demandé en l’obligeant à reculer. «Et pourquoi te battre contre une jeune femme quand tout ce que je suis est déjà à toi ? Celui que j’étais avant a été à toi à la seconde où je t’ai vue… et ce qu’importe qui tu étais. »

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« On ne ressent pas de pitié pour un enfant. C’est bien plus compliqué. » Je me moque de ce qu’il ressent. Il ressent et c’est largement suffisant pour attirer mon courroux. Il ressent autre chose que du désir et de l’attirance pour moi, qu’une excitation incomparable à quoi que ce soit d’autre pour la chasse et pour les plaisirs de la chair. Il n’est pas supposé ressentir. Si tuer sa fille est nécessaire à trancher son dernier lien avec la réalité à laquelle il appartenait autrefois, pourquoi s’y refuse-t-il ? « Tu ne devrais rien ressentir du tout. » Il tente de se défendre en arguant qu’il ressent quelque chose de bien plus fort – il a dit compliqué, mais c’est ce que j’ai entendu – que de la pitié, mais il enfonce le clou de ma conviction.

Il a menti.

« Tout ça, ce sont des caprices. » Ses doigts s’enroulent fermement autour de mon bras. Il le serre assez fort pour me faire lâcher prise, et enroule sa main libre autour de ma gorge délicate. Il ne me ménage pas – le faire serait une grossière erreur de sa part – et, si un nouveau grognement s’échappe de mes lèvres, il est cette fois teinté d’un soupçon d’excitation. La violence réveille mes pulsions monstrueuses. « C’est l’homme que j’étais que tu as voulu garder près de toi, non ? Pourquoi est-ce qu’il te dérange tant à présent ? » Il est une jeune créature, mais une créature puissante et sa prise autour de ma nuque – étreinte délicieuse – lui permet de me faire reculer jusqu’à ce que ce soit mon dos à moi qui heurte le mur. Je le regarde avec des yeux qui rêveraient de le dévorer. « Et pourquoi te battre contre une jeune femme quand tout ce que je suis est déjà à toi ? Celui que j’étais avant a été à toi à la seconde où je t’ai vue… et ce qu’importe qui tu étais. » - « Parce que tu l’aimes. » Et que je suis persuadée, de façon certainement malsaine, que tant qu’il ressent le moindre sentiment à l’égard de n’importe quel autre être, il ne sera pas totalement à moi, quoi qu’il affirme. « Je vais la tuer. » Un sourire carnassier étire mes lèvres. « Si je la tue pendant son sommeil et pendant le tiens, qu’est-ce que tu me feras ? » Mon sourire s’étire mais qu’il ne s’y trompe pas : si la situation m’amuse au plus au point, si je prends un plaisir malsain alors que je le provoque, je suis malgré tout mortellement sérieuse.

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Est-ce possible ? Ne plus rien ressentir si ce n’est des émotions triviales comme le plaisir ou le désir ? Est-ce pour quoi j’avais signé ? J’ai été frappé d’un coup de foudre pour la jeune Rachel qui m’a alpagué aux abords des fermes de la ville. Elle m’a plue à la seconde et je mentirais encore si je prétendais que c’est lié à ce qu’elle dégage d’attirant pour le commun des mortels. J’ai aimé le son de sa voix, l’élégance de ses gestes, les courbes de ce corps caché par ses frusques, la blancheur de sa peau - quoique ça appartienne peut-être à son statut de vampire - et l’intensité de son regard. J’ai du mal à imaginer que tout puisse s’effacer à mesure que je me nourrirai du sang des êtres les plus fragiles de notre monde. L’humain est destiné à être notre bétail, mais pourquoi est-ce ça devrait en être de même pour ma fille ? Qu’elle respire ne devrait pas influer sur ma relation avec Rachel et, me défendant par réflexe, ce n’est pas l’agresser d’enrouler mes doigts autour de son bras et de son cou. Les gestes sont violents - je la contraint - mais il n’y a pas trace de provocation dans les gestes. Elle, elle n’existe que dans les vocables que j’utilise pour négocier la survie de Sofia. Je ne la gagnerai pas, j’en ai l’intime conviction. C’est écrit dans le regard de ma créatrice. C’est dessiné sur ses traits. ça transpire de cette voix qui chatouille mes tympans. D’où vient-elle cette excitation ? De la situation ? J’en doute de moins en moins maintenant que j’entends, certes, mais que je suis incapable de résister à l’envie de laisser mes lèvres glisser sur le marbre de la peau de sa joue. « Elle a été mise au monde pour vivre. J’ai espéré qu’elle meure le plus tard possible. Ce n’est pas moins une question d’amour que d’objectif poursuivi… avant.» Mon hésitation aura été longue et je me demande sincèrement ce qu’elle signifie. Les yeux dans le vague, je m’interroge. C’est ma compagne qui me ramène complètement à elle en affirmant qu’elle agira à ma place. Est-ce devenir cet être supérieur à la moyenne que d’être dérangé par l’idée ? «Non.» ai-je lancé en resserrant ma prise, non pour faire mal, mais en signe de détermination. «Je vais le faire, pas que je te ferais quelque chose, mais parce que je le lui dois. Je vais le faire puisqu’il n’y a pas d’autres options. Dans son sommeil et dans le tien… et il faudra me faire confiance. Et si tu ne veux pas me prêter foi, si tu n’en es plus capable, alors peut-être qu’il faudra me reposer la question de ce que je te ferais.» Nul autre que moi n’arrachera à Sofia son dernier souffle. Quant à Rachel, je ne supporterais pas qu’elle se méfie de moi si bien que je serais prêt, je l’avoue, à lui rapporter la preuve de mon crime. Peut-être même que j’accepterais qu’elle m’accompagne si perdure encore un peu, entre nous, cet ambiance à mi-chemin entre l’attirance physique et l’importance d’en découdre.

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« Elle a été mise au monde pour vivre. J’ai espéré qu’elle meure le plus tard possible. Ce n’est pas moins une question d’amour que d’objectif poursuivi… avant. » - « Tu prétends que ce serait une question d’orgueil ? » Je fronce les sourcils et, si mes doigts se referment autour des siens, ce n’est pas pour tenter de le repousser ou d’arracher sa main de ma nuque. Je le fais pour sentir sa peau sous la pulpe de mes doigts et pour lui transmettre, en un simple effleurement, tout le plaisir que son agressivité à mon encontre – il ne fait que ce défendre, mais le geste l’est, agressive – me procure. Je "m’adoucis" en réponse à sa réaction, autant que j’en suis capable en tout cas.

« Non. » Oh bien sûr, recevoir une réponse négative aussi tranchée me fait réagir vivement. Mon sourire, toujours large, découvre mes crocs avant qu’il n’ait le temps de poursuivre. « Je vais le faire, pas que je te ferais quelque chose, mais parce que je le lui dois. Je vais le faire puisqu’il n’y a pas d’autres options. Dans son sommeil et dans le tien… et il faudra me faire confiance. Et si tu ne veux pas me prêter foi, si tu n’en es plus capable, alors peut-être qu’il faudra me reposer la question de ce que je te ferais. » - « J’attends toujours la réponse à cette question. » S’il envisageait d’enfoncer ses crocs dans ma gorge pour me vider de mon sang, tous les poils de mon avant-bras se dresseraient. Je ne le laisserai pas faire, de toute évidence, je n’ai pas vécu presque un siècle pour qu’une dispute d’amant me réduise en cendres. « Tu vas me mentir, Amos ? Prétendre que tu l’as fait et lui conseiller de fuir ? » Pourquoi insisterait-il sur le fait de le faire durant mon sommeil, si ce n’est pas pour me leurrer ? J’ignore à quoi la jeune femme ressemble et, s’il me ramenait la tête de la première adolescente venue, je ne pourrais pas voir au-delà de sa tromperie. « Quand tu l'auras fait, tu comprendras pourquoi c’est important. » Il comprendra à quel point on se sent libre, délesté de toutes les considérations et principes humains, ce sens moral qui entravait notre champ d’action.

Ses doigts se détachent de mon bras, mais tiennent toujours fermement ma gorge. Moi, je glisse mes deux mains de part et d’autre de sa nuque sans autre intention de que caresser sa peau, cette fois. « Est-ce que je te dégoute ? » Ce que je lis dans le fond  de son œil me souffle que non, mais je ne suis pas assez idiote pour croire que les choses sont toujours ce qu’elles semblent être. « Est-ce que tu voudrais pouvoir revenir en arrière ? » Est-ce que tu regrettes, Amos ?

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De l'orgueil… La question se pose là et mérite effectivement d’être posée. Est-ce à cause du sentiment de réussite que je tirerai de la survie de Sofia que je m’accroche à cette idée ? Elle ne me semble pas si folle et, mon pouce caressant doucement la peau douce du cou de la vampire, - le geste est presque distrait - j’accentue l’hypothèse d’un «Peut-être. Peut-être n’est-ce que cela.» Et, dans ces conditions, pourquoi me battre encore pour ce type ? Pourquoi suis-je par ailleurs si prompt à réfuter l’éventualité où c’est elle qui se charge d’arracher la vie à mon enfant ? Je m’attendais à ce que la décision me serait plus pénible, qu’elle occasionnerait dans ma poitrine un pincement d’une telle violence que la tête m’aurait tourné. Lorsque, dans la baignoire, ma partenaire m’a apostrophé à propos de mon unique enfant, je me suis imaginé que plus rien ne me toucherait jamais hormis cette femme que je garde prisonnières de l’étreinte de mes mains. Je n’ai aucune envie de lâcher. Au contraire, plus la conversation avance, plus mon corps penche dans sa direction. Les espaces entre nous se réduisent peut à peu, imperceptiblement, naturellement. Et, elle s’inquiète réellement de ce que je lui ferais si elle se substituer à moi dans le meurtre de Sofia ? Suis-je devenu un monstre ? Suis-je seulement en passe de la devenir ? Est-ce grave alors que j’ai décidé de ma transformation en mon âme et conscience ? Je ne suis pas lâche : mourir ne m’a jamais fait peur. N’aurais-je pas été sous le charme de ma créatrice que j’aurais choisi cette option à l’autre. «Je crains que mon orgueil est supplanté par la luxure, Rachel. J’assume que je ne te causerais aucun tort, que je ne te duperai pas non plus.» Mon sourire s’élargit : elle est retorse, la femme entre mes mains et tandis que je relâche son bras. «Je n’y avais pas pensé. J’ai plutôt pensé que je la préfère la savoir morte de mon fait que de celui d’une autre créature. J’ai contribué à sa vie, c’est justice de lui donner la mort… Mais, si tu doutes, dans ce cas viens… »que mon index glisse le long du galbe de ses seins. « Mon frère est comme moi. Il a rencontré l’un de tes semblables qui, après l’avoir transformé, l’a abandonné. Je me considère comme chanceux, alors non. Non tu ne me dégoûtes pas.» lui ai-je déclaré en me décidant à approcher mes lèvres des siennes. Je suis obsédée par l’envie d’un baiser et, surtout, l’envie d’elle qui se dessine à mesure que ma main la plus enhardie redessine ses courbes. « Et je ne regrette rien, pas même de t’avoir mis en colère mais les raisons sont différentes. »

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédits/harley&hillsidepacks

« Peut-être. Peut-être n’est-ce que cela. » Peut-être, mais j’ai besoin qu’il le fasse pour être sûre. J’ai vécu des décennies, mais rares sont les êtres que j’ai transformés plutôt que de tuer. Oh, bien sûr, durant mes jeunes années, j’ai tenté de me trouver un complice que je pourrais traiter en égal. Mais à chaque fois jusqu’à aujourd’hui, j’ai été déçue, trompée, humiliée. Je ne referai plus cette erreur-là. J’ignore la provenance de la petite voix qui m’a soufflé qu’Amos était différent mais, si d’aventure elle devait s’être trompé, alors je ferai en sorte de trahir avant de l’être.

« Je crains que mon orgueil est supplanté par la luxure, Rachel. J’assume que je ne te causerais aucun tort, que je ne te duperai pas non plus. » Ses mots sont une douce mélodie à mon oreille. Il peut tuer, il peut jouer avec ses proies, mais du reste, j’aspire à ce que tous ses autres fantasmes me soient réservés. Je l’attire, et ce n’est guère difficile à voir. Il m’attire lui aussi, et me rouler dans la luxure avec lui est le plus agréable des péchés. « Je n’y avais pas pensé. J’ai plutôt pensé que je la préfère la savoir morte de mon fait que de celui d’une autre créature. J’ai contribué à sa vie, c’est justice de lui donner la mort… Mais, si tu doutes, dans ce cas viens… » Je soutiens son regard, tandis que sa main quitte mon bras pour descendre le long de la courbe de mon sein. « Tu as aimé tuer Sarah. » Notre corps à corps qui a suivi son meurtre a été plus torride que tous les précédents. « Tu aimeras la tuer, elle aussi. » Une fois que la créature aura balayé, supplanté l’homme, il y trouvera un plaisir infini, qu’elle eut été sa fille ou pas. « Je veux être là. Pas parce que je ne te crois pas, mais pour ça. » Quand il aura le sang de sa fille sur ses mains et qu’affluera la jouissance – je n’imagine pas d’autre sentiment possible, je suis un monstre depuis bien trop longtemps – je veux être là.

Pourtant, je le provoque. Je lui demande si je le dégoute, s’il reviendrait en arrière maintenant qu’il a conscience des horreurs horreur qu’il as faites à mes côtés et qu’il continuera à faire. Une réponse positive scellerait son destin, de toute évidence. Je le libèrerais, si être à mes côtés a plus à ses yeux l’allure d’un fardeau, mais cela ne sauverait pas les siens puisqu’ils subiraient le poids de mon courroux, celui de ma colère d’avoir été à nouveau déçue. « Mon frère est comme moi. Il a rencontré l’un de tes semblables qui, après l’avoir transformé, l’a abandonné. Je me considère comme chanceux, alors non. Non tu ne me dégoûtes pas. » Il l’affirme en se penchant vers moi, et je le crois. Je le crois, et mes doigts filent de sa nuque jusqu’à ses cheveux, que j’agrippe par mèches épaisses. « Et je ne regrette rien, pas même de t’avoir mis en colère mais les raisons sont différentes. » Sa main caresse ma peau, et je l’attire vers moi, mes lèvres se retrouvant ainsi à frôler les siennes. « Montre-le moi. » J’aspire à ce qu’il me témoigne sa colère, sa fureur, dans son expression la plus malsaine. « Montre-le moi maintenant. »

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédits/harley&hillsidepacks

Je ne crains pas son regard plongé dans le mien et qui me sonde, qui déshabille ce qu’il reste de mon âme noircie depuis ma transformation. Je ne lui mens pas. De mon point de vue, je ne l’ai jamais réellement fait. J’ai triché, un peu, mais quoique je n’ai pas détesté qu’elle m’exprime toute son ire, on ne me reprendrai pas à commettre cette erreur. Elle ne mérite pas que je la dupe, Rachel. Depuis ses longues années de vie, et tenant compte de ce qu’elle m’a confié, je ne serais pas fier de moi si je me jouais d’elle. Bien sûr, je n’en ai que brièvement conscience. Je n’y songe que lorsque la luxure me lâche la grappe. Avec cette paix fugace surviennent des éclairs de lucidité et, de l’un d’entre eux n’ait une certitude. Si elle dit vrai, si je prends plaisir à éteindre la flamme de vie de Sofia, alors je ne souhaiterais pas Rachel ailleurs qu’à mes côtés, moins encore maintenant qu’il afflue dans mon esprit les souvenirs de la mort de Sarah. Ce qui a découlé en fière tandis que nous nous sommes ébroués dans le sang, non pas de mon épouse, mais de ma victime puisque la tuer aura aussi tué une partie de mon humanité. Ai-je ressenti une quelconque difficulté à mordre mon ex ? Je n’en suis plus certain. Aurais-je autant de facilité pour Sofia ? Puis-je croire Rachel ? Je ne sais plus et je m’en moque, finalement. Elle a enfoncé ses grands yeux dans les miens et je suis tombé à ses pieds. Elle a exigé et je me suis exécuté comme le compagnon qu’elle s’est choisi, celui qu’elle a estimé digne de partager sa vie. J’en suis flatté et, j’insiste, je m’en voudrais de la décevoir. J’y pense alors que je fonds sur sa bouche et que je la déshabille. «Je ne le ferai plus.» Sous-entendu, arranger la vérité à mon avantage quand tombe une question à laquelle je n’ai pas envie d’attribuer réponse. «Ce n’est pas nécessaire, pas avec toi, et pas entre nous.» Je chuchote entre deux baisers tandis qu’elle me dévêt à son tour. «Et viens… je veux m’en charger moi, mais je ne peux t’empêcher d’être avoir moi… mais promets-moi que tu as confiance en moi ou, au moins, que tu essaies. » J’ai besoin de l’entendre afin de déterminer d’où surgit la nécessité de mon prochain combat. Dois-je le lui prouver chaque jour que nous ferons ? Combien de temps cela durera ? Une éternité ? Je ne le supporterais pas. Aussi, me suis-je juré, en contrepartie, que je ne cesserai de me battre pour gagner sa confiance et qu’elle surviendra bien avant la fin des temps. J'en tirerais une jouissance similaire à celle qui s'empare de moi maintenant que nous appartenons de nouveau l'un à l'autre.  

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédits/harley&hillsidepacks

« Je ne le ferai plus. » Non, il ne le fera plus. Il me l’affirme à la manière d’un être soumis, et d’aucun résumerait notre relation à ça, de la soumission de sa part. Sauf qu’elle est plus complexe, sans quoi je ne l’aurais pas transformé. J’en aurais fait mon familier, un être humain gardé en vie simplement pour les plaisirs de la chair et celui de me nourrir de sang frais dès que l’envie m’en prend. J’ai eu des familiers. J’ai tous fini par m’en lasser, par les assassiner froidement une fois que j’ai estimé qu’ils devenaient plus gênants et agaçants que réellement utiles et distrayant. Non, je cherche un égal. Un être aussi sanguinaire et cruel que moi, qui partage mon goût pour le sang, pour la souffrance, un qui partage aussi mon goût pour la luxure. J’ai vu en Amos la possibilité de le devenir ce compagnon mais à mes yeux, cela implique d’abord de le façonner à mon image. Il n’est qu’une jeune créature, un être de la nuit à peine transformer et, à la manière d’un maître et de son élève, j’ambitionne d’en faire le parfait compagnon, une créature digne de chasser avec moi, d’être à moi et de me laisser accepter d’être à lui. Si je l’avais trouvé de mon vivant, ce complice, peut-être les choses auraient-elles été différentes. Aujourd’hui, ça n’a plus la moindre espèce d’importance. « D’essayer de me duper ? » Je lève un sourcil, je laisse glisser une de mes mains à l’arrière de sa nuque que j’enserre entre mes doigts. « Il vaudrait mieux. » Je ne supporte pas cela, c’est terriblement agaçant.

« Ce n’est pas nécessaire, pas avec toi, et pas entre nous. » Je secoue la tête pour appuyer ses dires. Non, ça ne l’est pas. Il n’a pas besoin de ça et, quoi que je nourrisse encore un sentiment de supériorité, je ne m’abaisserais pas à être quoi que ce soit d’autre que parfaitement honnête, moi non plus. Ses mains me déshabille, elles ôtent ma lourde robe, mon corset, puis mon déshabillé tandis que les miennes s’affairent sur les boutons de sa chemise pour obtenir sur ce mon corps désire. « Et viens… je veux m’en charger moi, mais je ne peux t’empêcher d’être avoir moi… mais promets-moi que tu as confiance en moi ou, au moins, que tu essaies. » Je plonge mon regard dans le sien, et je finis par hocher la tête. « J’essaie. » Je l’embrasse, lui mord la langue, puis la lèvre jusqu’au sang. « Je vais essayer. » Cela prendra certainement plus de quelques jours, plus de quelques semaines, mais qu’est-ce que le temps lorsque l’on est vieille de presque un siècle et que l’on a l’éternité devant soi ?

rp terminé