| (times #02) she's got her own obligations |
| | (#)Ven 10 Nov - 23:54 | |
| we meet every day at the same café, six-thirty and no one knows she'll be there, holding hands, making all kinds of plans while the jukebox plays our favorite songs, we gotta be extra careful that we don't build our hopes up too high, 'cause she's got her own obligations and so, and so do i. ☆☆ (bayside, beachcrest road – 28 novembre) Assis derrière le volant de son Ford Ranger, Abe avait vérifié une nouvelle fois l’adresse sur le message envoyé par Milena quelques heures plus tôt, comme s’il doutait encore d’être arrivé à bon port. Mais aucun doute, il était au bon endroit ; et plutôt que de la satisfaction il sentait poindre dans un coin de son crâne un vague sentiment de frustration. On ne pouvait pas réellement parler de surprise, il connaissait Milena depuis suffisamment longtemps désormais pour avoir conscience du milieu bourgeois dans lequel elle avait été élevée, et dans lequel elle continuait d’évoluer au quotidien, mais le temps et les opportunités avaient sans nul doute servie sa tendance à ne retenir des gens que ce qui l’arrangeait. L’avocate et lui ne fréquentaient pas les mêmes milieux, n’appartenaient pas au même monde, mais après des années à ne se retrouver qu’en territoire conquis pour Abraham, ce dernier s’était habitué aux œillères avec lesquelles il avait appris à voir Milena. Le retour à la réalité semblait donc un peu brutal, tandis qu’il observait la demeure de la jeune femme depuis le siège conducteur de son pick-up, le pack de bières et la bouteille de vin faisant grise mine côté passager, et terminant probablement de lui donner l’air d’un imbécile – ou le croyait-il. Pendant un (bref) instant il s’était même imaginé poser un lapin, et prétexter Dieu savait quel imprévu de nature à l’avoir ramené à Kilcoy plus tôt qu’il ne l’avait envisagé, remisant à l’état d’occasion manquée toute autre spontanéité du genre. Il n’aurait puni personne d’autre que lui-même, sans doute, et provoqué vexation et agacement chez celle qui aurait attendu vainement chez elle qu’il daigne honorer la proposition qu’il avait lui-même mise sur le tapis. Mais Abe cohabitait avec son manque de confiance en lui et la constante dévalorisation allant de pair depuis plus de quarante ans. Il n’était pas capable de s’en défaire pour de bon, mais il était capable de voir au travers et de ne pas (toujours) laisser ses vieux démons parasiter sa prise de décision, aussi après une grande inspiration il s’était extirpé de son véhicule, ignorant la bouteille de vin pour n’embarquer que le pack de bières, et avait remonté d’un pas artificiellement décidé l’allée reliant la rue au pas de la porte de Milena. D’abord surpris par les aboiements qui avaient immédiatement suivi l’appui de son doigt sur la sonnette, il avait secoué la tête et laissé échapper un bref rire face à sa propre bêtise, sentant presque aussitôt la tension s’évaporer entre ses épaules, et donnant raison à tous ceux qui avaient coutume de dire qu’il suffisait d’un animal à poils ou à plumes pour parvenir à l’amadouer. Tant et si bien que lorsque la porte s’était ouverte sur l’avocate, il avait retrouvé sa bonhomie naturelle et enfoui ses états d’âme si profondément qu’il aurait été capable de les oublier lui-même, au moins quelques heures. « Tu m’avais pas dit que tu vivais dans un palace. » s’était-il simplement moqué gentiment, et sans que l’on puisse y voir autre chose que la taquinerie à laquelle il avait l’habitude de se livrer avec la jeune femme. Hissant le pack de bières à hauteur d’épaule comme pour prouver qu’il avait rempli sa part du marché, il avait repris « J’suis pas venu les mains vides, je suis un homme de parole. » et avant que la conversation n’ait pu aller plus loin, le Golden Retriever de la maison s’était joint à la fête, débarquant joyeusement entre leurs jambes et jappant avec enthousiasme de reconnaître un visiteur qu’il avait plutôt l’habitude de voir au grand air, et non pas ici. « Et voilà mon meilleur pote, comment tu vas ? » Gratifiant l’animal de généreuses caresses, il aurait presque donné l’impression d’être venu le voir lui plutôt que sa maîtresse – promis, ce n’était pas le cas.
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| | | | (#)Sam 2 Déc - 21:23 | |
| Le temps était plutôt maussade ces derniers temps, et la pluie n’avait cessé de tomber depuis plusieurs jours. Et si l’on pouvait croire qu’en tant que bonne anglaise, Milena serait habituée aux intempéries et aux averses, la vérité était qu’elle détestait la pluie. Et c’était encore plus vrai ici, en Australie, là où les saisons étaient inversées, et où ces giboulées s’accompagnaient de températures bien trop chaudes pour un mois de novembre. Finalement, le temps actuel ne faisait que refléter l’état d’esprit de la Grimes, qui avait passé une journée assez horrible en audience, et avait entendu son client s’enfoncer petit à petit alors qu’elle faisait tout pour le sortir du bourbier dans lequel il s’était fourré. Le texto d’Abraham avait cependant redonné un peu d’espoir à la brunette, qui s’était finalement demandée si la semaine allait enfin s’améliorer. Alors qu’elle venait à peine de rentrer chez elle après cette journée harassante, le tintement de la sonnette ne venait que confirmer son a priori : elle était ravie de revoir son ami. C’est donc avec un grand sourire sur le visage qu’elle alla lui ouvrir la porte de sa villa, Nuage sautant partout entre eux et remuant de la queue pour signifier, lui aussi, sa joie de retrouver le Taylor. « Tu m’avais pas dit que tu vivais dans un palace. » Rougissant légèrement, Milena avait secoué la tête. En réalité, elle était quelque peu gênée de cette remarque. Elle avait toujours eu conscience de la différence de classe sociale entre Abraham et elle, et ce depuis leur rencontre. Ils ne venaient pas du même monde, n’avaient pas été éduqués de la même manière, et cela importait peu. Une fois dépassés leurs a priori respectifs sur l’autre, ils s’étaient bien entendus et avaient rapidement développé une amitié solide. Et si la Grimes avait pu pester contre le manque de confort de la maison d’Abe, si elle avait pu trouver la douche trop étroite, le lit trop petit ou les draps plus rêches, elle adorait en réalité y aller. Se rendre chez le Taylor, c’était une coupure nécessaire, une réelle bouffée d’oxygène pour Milena, qui cherchait à échapper à un quotidien étouffant et à des responsabilités et attentes parfois lourdes à porter. En allant passer du temps chez Abraham, dans son milieu, c’étaient leurs différences qu’elle recherchait, et le retrouver ici, dans son univers à elle, à souligner leurs disparités, la mettait quelque peu mal à l’aise. Pourtant, à Kilcoy ou à Brisbane, il restait son ami, et lui répondit donc avec le même humour et les mêmes taquineries qu’ils avaient l’habitude d’utiliser entre eux. « C’est dommage, tu as loupé Winston Smith, mon majordome, je l’ai renvoyé pour la soirée ! » Elle utilisa le nom du majordome dans Tomb Raider pour souligner l’absurdité de la chose, alors qu’un sourire amusé illuminait son visage. « J’suis pas venu les mains vides, je suis un homme de parole. » Milena s’empara du pack de bières et s’écarta pour laisser Abraham entrer dans la villa. Se dirigeant vers la cuisine, une immense pièce ouverte sur l’espace de vie avec un grand ilot central, la Grimes sortit deux bouteilles du carton avant de ranger le reste au réfrigérateur. Attrapant ensuite un décapsuleur, elle ouvrit les deux bières et en tendit une à son ami. « De mon côté, promis, je n’ai pas fait le dîner, mais je t’ai posé des flyers ici pour que tu choisisses ce que tu aimerais manger. » Ne pas demander à Milena de cuisiner, c’était préférer éviter de risquer l’empoisonnement ou l’intoxication alimentaire. Et elle tenait trop à Abe pour lui infliger un tel supplice. Alors, sur l’ilot de la cuisine, il pouvait consulter des brochures de différents restaurants qui faisaient des livraisons, et dont les livreurs connaissaient par cœur l’adresse de la Grimes. « Et voilà mon meilleur pote, comment tu vas ? » Levant les yeux au ciel, Milena but une gorgé de bière avant de se diriger vers le salon. Là, elle s’installa dans un immense canapé en cuir blanc, astucieusement choisi pour ne pas révéler la couche de poils qui s’y posait systématiquement. Et si la pièce était immense et joliment décorée et meublée, l’usure du canapé tranchait avec le reste : on pouvait facilement deviner que le golden retriever y faisait très souvent la sieste. « Je peux vous laisser tous les deux, si vous préférez … T’aurais dû me dire dans le texto que c’était pour lui que tu venais … » Elle taquinait Abe une nouvelle fois, adorant en réalité la complicité qui unissait le Taylor à Nuage et la manière dont le premier s’occupait en règle générale des animaux. |
| | | | (#)Mer 6 Mar - 20:44 | |
| we meet every day at the same café, six-thirty and no one knows she'll be there, holding hands, making all kinds of plans while the jukebox plays our favorite songs, we gotta be extra careful that we don't build our hopes up too high, 'cause she's got her own obligations and so, and so do i. ☆☆La plaisanterie était le meilleur moyen de balayer la plupart des sujets qui fâchaient trop pour être abordés, c’était une leçon avec laquelle Abraham s’accommodait depuis des années et qui, dans l’ensemble, lui réussissait plutôt bien. Aux yeux de certains il ne s’agissait que d’une preuve flagrante de l’immaturité dont il était encore coupable du haut de ses plus de quarante ans, mais s’il y avait bien une leçon retenue par Abe en ayant été élevé au milieu de trois autres frères réputés tous plus malins et brillants que lui, c’était que peu importe l’effort qu’il y mettait cela ne serait aux yeux de certains jamais suffisant … Alors autant s’en tenir à ce qui lui convenait à lui. Brillante, Milena l’était probablement plus que tous les Taylor réunis, à dire vrai, et s’il lui était de nombreuses fois arrivé les premiers mois de se demander ce qu’elle pouvait bien trouver de si intéressant chez lui quand il n’avait pourtant pas grand chose à lui offrir de plus que son franc-parler, la chose avait progressivement été reléguée si loin dans son esprit qu’il avait tout bonnement cessé d’y penser, se contentant d’en tirer le meilleur parti … Jusqu’à ce soir, du moins, où la réalité des choses venait de lui revenir à la figure de plein fouet face à la maison – la demeure – de l’avocate. Fort heureusement, la britannique saisissait généralement les perches au vol aussi bien qu’Abraham savait les tendres, et tournant la chose en dérision pour ne pas avoir à l’affronter sérieusement avait reçu en échange un « C’est dommage, tu as loupé Winston Smith, mon majordome, je l’ai renvoyé pour la soirée ! » qui lui avait arraché un éclat de rire spontané. « Ooohh, c’est donc vous la célèbre Lara Croft ? C’est vrai ce qu’on raconte, que vous utilisez l’Arche d’alliance comme meuble à chaussures ? » Sans doute pas, et pour une raison très simple : aucun meuble n’était assez grand pour contenir toutes les chaussures que possédait Milena, et si Abe lui-même le savait c’était parce qu’il semblait qu’elle n’avait jamais deux fois les mêmes aux pieds lorsqu’elle lui rendait visite. Ayant tenu sa parole de ne pas arriver les mains vides en lui tendant le pack de bières qu’il tenait à la main, quand bien même celui-ci semblait faire un peu tâche dans le décor raffiné de la villa, il l’avait laissé guider le chemin jusqu’à (l’immense) cuisine, le golden retriever dans leur sillage, et désigner le comptoir d’un « De mon côté, promis, je n’ai pas fait le dîner, mais je t’ai posé des flyers ici pour que tu choisisses ce que tu aimerais manger. » tout en partant à la recherche d’un décapsuleur. Se saisissant de deux ou trois prospectus, il les avait parcourus des yeux quelques secondes avant de faire remarquer d’un ton un brin songeur « J’crois que c’est le seul truc qui pourrait me faire regretter de pas vivre en ville … Chez moi si t’as la flemme de cuisiner, t’as zéro solution de repli. Nada. » Autre celle de ramener un tupperware de chez papa-maman, ce qui avouons-le, arrivait plus souvent qu’il ne fallait dès lors qu’Abe était allé donner un peu de sa fin de journée pour aider au Ranch. « Si t’as envie de t’aventurer derrière les fourneaux cela dit, ça sera jamais pire que la cantine en Opex. » Etait-ce réellement un compliment pour elle ? Sans doute pas, mais au moins saurait-elle que la tolérance du Taylor en termes de mauvaise cuisine avait un peu de marge. Sans prévenir, et avant que l’avocate n’ait terminé de s’affairer avec leurs bières, Abe avait disparu derrière le comptoir pour se mettre à la hauteur de Nuage, désormais allongé sur le dos et les quatre fers en l’air pour mieux présenter son ventre au visiteur, jamais en reste lorsqu’il s’agissait de le couvrir de caresses. « Je peux vous laisser tous les deux, si vous préférez … T’aurais dû me dire dans le texto que c’était pour lui que tu venais … » Relevant le nez vers la jeune femme, tandis qu’elle revenait vers eux et lui tendait l’une des deux bouteilles ouvertes, Abe s’en était saisi et avait gratifié le chien de quelques dernières gratouilles avant de se remettre debout. « Imagine s’il savait répondre au téléphone, j’aurais même plus besoin de passer par toi. » Usant du même ton taquin qu’elle, il lui avait emboîté le pas jusqu’au salon, une nouvelle fois frappé par l’absence de demi-mesure de la propriété, mais surtout par la vue qu’offrait la baie vitrée sur la plage et le clair de lune. « Jolie vue. » Au lieu de s’installer sur le canapé où Milena venait de trouver place, le garagiste avait fait quelques pas de plus pour aller se poster près de la vitre. « J’espère que tu profites à fond des opportunités de bains de minuit qui vont avec. » Le sourire en coin s’étirant sur ses lèvres, il avait effectué un demi-tour pour faire de nouveau face à son interlocutrice, et était allé s’accouder au dossier du fauteuil opposé.
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| | | | (#)Lun 18 Mar - 15:51 | |
| La remarque d’Abraham sur le « palace » dans lequel elle vivait avait quelque peu déstabilisée Milena et lui avait renvoyé en pleine figure les différences entre Abe et elle. Et elles étaient nombreuses, ces différences. Cela ne les avait cependant pas empêchés de nouer une belle amitié, fondée sur leurs divergences. C’était d’ailleurs ce que la Grimes avait recherché dès le début auprès du garagiste : il lui apportait ce qui pouvait lui manquer. Bien décidée à ne pas se laisser perturber par les propos de son ami, Milena avait saisi la balle au vol et taquiné en indiquant venant d’avoir remercié pour la soirée son majordome. L’éclat de rire d’Abe l’avait rassuré sur leur connexion et avait immédiatement détendu la brunette. « Ooohh, c’est donc vous la célèbre Lara Croft ? C’est vrai ce qu’on raconte, que vous utilisez l’Arche d’alliance comme meuble à chaussures ? » Ce fut au tour de Milena de laisser échapper un rire en répliquant. « J’ai dû la faire copier plusieurs fois pour que mes escarpins rentrent tous, tu imagines bien ! » S’effaçant pour laisser Abraham pénétrer chez elle, elle l’avait guidé jusqu’à la cuisine pour ouvrir les bières amenées par l’invité et lui montrer des prospectus pour commander le dîner. « J’crois que c’est le seul truc qui pourrait me faire regretter de pas vivre en ville … Chez moi si t’as la flemme de cuisiner, t’as zéro solution de repli. Nada. » Milena ne connaissait pas cela, elle qui n’avait vécu qu’en ville, toujours : Londres, New York, Berkeley. Mais elle aimait cette simplicité qu’elle retrouvait quand elle se rendait chez Abe, cette obligation de mettre la main à la pâte, de se dépasser. Elle tentait d’écouter ses conseils, à chaque fois, pour l’aider en cuisine, et aimait cette coopération entre eux. « Si t’as envie de t’aventurer derrière les fourneaux cela dit, ça sera jamais pire que la cantine en Opex. » Milena laissa échapper un petit rire, pas certaine que ce soit un compliment, mais pas vexée pour un sou. « Certes, mais ici, j’ai pas d’infirmerie pour te sauver en cas d’empoisonnement. » Pas de soldats ayant une formation médicale pour réparer petits bobos et grosses blessures, et l’avocate ne risquerait jamais la vie son ami. Très rapidement, cependant, l’attention d’Abraham fut attirée par Nuage, le golden retriever de Milena, qui adorait le garagiste. Ce dernier avait un don avec les animaux, c’était évident. Toujours taquine, l’avocate avait charrié Abe sur le fait qu’il semblait davantage vouloir passer du temps avec le chien qu’avec elle. « Imagine s’il savait répondre au téléphone, j’aurais même plus besoin de passer par toi. » Prenant un air faussement outré, la brune avait répliqué. « T’as de la chance qu’il veuille que tu restes, sinon je t’aurais déjà montré la porte, avec de telles manières ! » Ouvrant la marche vers le salon, une bière à la main, Milena s’était installée dans un des canapés, alors qu’Abe, lui s’était posté devant les immenses baies vitrées. « Jolie vue. » Avalant une gorgée de bière, Milena acquiesça. Plus de malaise cette fois-ci de son côté, pas alors qu’ils étaient à nouveau, selon elle, de nouveau sur la même longueur d’ondes. Elle se leva pour rejoindre Abe et observer l’immensité qui s’offrait à eux. Juste derrière les baies vitrées, une grande terrasse en bois venait bordée une piscine. Un jardin joliment arboré regorgeait de jouets de Nuage, le chien s’en donnant à cœur joie pour se dépenser ici entre deux promenades. Et au-delà d’une haie de buissons et d’un petit portail en bois, la plage, puis l’océan, sur lequel se reflétait déjà la lune. « J’espère que tu profites à fond des opportunités de bains de minuit qui vont avec. » Laissant échapper un rire, Milena avait posé sa main gauche sur le torse d’Abraham et tracé un chemin, laissant ses doigts remonter doucement vers l’encolure de son T-shirt. « Si tu restes cette nuit, peut-être bien que je te montrerai même comment on fait … » La proposition était claire et en même temps, la brune imaginait mal qu’il en soit autrement. Il était déjà relativement tard, la nuit était tombée, Abe avait entamé sa première bière : il ne partirait tout de même pas ce soir, si ? Et puis, tout simplement, elle avait envie de lui, et avait clairement en tête l’idée de tester plusieurs surfaces de la villa avec son ami. |
| | | | (#)Dim 5 Mai - 11:08 | |
| we meet every day at the same café, six-thirty and no one knows she'll be there, holding hands, making all kinds of plans while the jukebox plays our favorite songs, we gotta be extra careful that we don't build our hopes up too high, 'cause she's got her own obligations and so, and so do i. ☆☆Là où la maison d’Abraham était faite de bric et de broc, et à l’image de ces vieilles maisons de Kilcoy récupérées pour presque rien à la condition de posséder la patience et de se sentir une âme de bricoleur, la demeure de Milena ressemblait à l’inverse à l’un de ces magazines de décoration sur lesquels on s’extasiait tout en se disant que jamais son propre intérieur ne ressemblerait jamais à cela. Y’avait-il un peu des goûts de la jeune femme dans ces choix de couleurs, de mobilier, ou bien s’était-elle simplement appropriée la vibe de l’ancien.ne propriétaire des lieux en décidant de s’en satisfaire ? D’ordinaire pas genre à s’embarrasser pour si peu, Abe n’avait pourtant pas osé poser la question, de peur qu’elle semble un peu bête – et comme bien souvent, l’humour était sa manière favorite de botter en touche, la façon dont Milena avait rétorqué « J’ai dû la faire copier plusieurs fois pour que mes escarpins rentrent tous, tu imagines bien ! » en saisissant la balle au vol, lui permettant de retomber sur ses pattes. La gêne d’Abraham était d’autant moins explicable que pour rien au monde il n’aurait échangé son immense terrain de Kilcoy contre une maison de ville, qu’elle soit ou non du même acabit que celle de Milena. Il aimait les grands espaces, le fait de voir les marais du Somerset depuis sa fenêtre, et vivre entouré de ses animaux ; même l’absence d’Uber Eats et consorts ne pouvait pas rivaliser avec cela. Et faute d’être bon à marier, Abe pouvait au moins se vanter de savoir se débrouiller dans une cuisine, par la force des choses, là où Milena lui avait déjà admis plusieurs fois être plutôt le genre à connaître de tête le numéro de son livreur de pizzas favori. Était-ce la raison pour laquelle elle avait botté en touche et assuré « Certes, mais ici, j’ai pas d’infirmerie pour te sauver en cas d’empoisonnement. » d’un ton amusé, plutôt que de se risquer à passer derrière les fourneaux ? L’un dans l’autre, Abe n’était pas difficile pour ce qui était de se remplir l’estomac, et portant sa bière à ses lèvres il s’était contenté de répondre « Va pour la facilité, alors. » en embarquant avec lui le prospectus de livraison abandonné sur le comptoir de la cuisine. Passant de cette pièce au salon, les deux jeunes gens avaient été suivis par l’ombre poilue du chien de la maison, tout à sa joie de retrouver le visage connu d’Abraham dans ce cadre inhabituel. Le garagiste, lui non plus, ne cherchait pas à masquer son enthousiasme à retrouver Nuage, le gratifiant de caresses et de papouilles au point de (presque) en oublier la présence de Milena durant quelques instants. Cette dernière, probablement habituée désormais à ce que son acolyte perde toute concentration dès lors qu’une espèce à poils ou à plumes était impliquée, n’avait pas manqué de taquiner à ce sujet et reçu en retour un brin d’insolence. « T’as de la chance qu’il veuille que tu restes, sinon je t’aurais déjà montré la porte, avec de telles manières ! » Ébouriffant une dernière fois le crâne poilu du Golden Retriever, Abe s’était finalement fendu d’un « T’entends ça mon pote ? Tu viens de me sauver la mise. » taquin, le regard glissant vers Milena avec amusement, avant d’enfin laisser un peu de répit au chien. Sa bière à la main, il en avait profité pour balayer la pièce du regard en tentant de ne pas paraître trop curieux, puis s’était avancé jusqu’à la baie vitrée d’où, par delà les buissons qui délimitaient le jardin, l’océan venait lécher le sable de la plage sous la lumière de la lune. Ce n’était pas les marais du Somerset, mais c’était assurément le genre de vue avec laquelle on devait apprécier de se réveiller chaque matin. Quittant le canapé sur lequel elle s’était d’abord installée, Milena l’avait rejoint au moment où, quittant des yeux la vue, Abraham avait reporté son attention sur elle et mentionné d’un air entendu les possibilités illimitées de bains de minuit. « Si tu restes cette nuit, peut-être bien que je te montrerai même comment on fait … » Les doigts venant glisser le long de son sternum, l’avocate lui avait offert un regard entendu, et y répondant par un sourire malicieux le garagiste avait rétorqué « Ça tombe bien, je prévoyais pas vraiment de dormir dans ma voiture. » en glissant une main autour de la taille de la jeune femme. Dire qu’il n’était pas venu avec un semblant d’idée derrière la tête aurait été un mensonge, et d’humeur joueuse, il avait suffisamment rapproché son visage de celui de Milena pour que l’odeur de bière sur leurs lèvres respectives ne vienne se mélanger, avant de se fendre d’un « Et donc … » laissé en suspens quelques instants, et de faire un pas en arrière pour dégainer le prospectus de livraison de pizzas comme si de rien n’était. « Pizzas, ça te va ? » Il se moquait bien des pizzas, il n’avait même pas si faim que cela en réalité, mais aimait en revanche l’idée de se faire désirer un peu. Faisant néanmoins mine de lire avec attention la sélection du prospectus, il était allé s’installer sur ce même canapé quitté quelques instants plus tôt par la propriétaire des lieux, et avait abandonné le bout de papier sur la table basse en reportant son attention sur l’avocate. « D’ici aussi, la vue est pas dégueu. » D’ici, il ne voyait plus l’océan par-dessus la végétation du jardin, mais il allait sans dire que son commentaire n’avait rien à voir avec le paysage de l’autre côté de la baie vitrée. Pour preuve, son regard avait automatiquement suivi Milena lorsqu’elle s’était remise en mouvement, réduisant à nouveau à peau de chagrin la distance qui les séparait pour venir prendre place à côté de lui. « C’est l’heure du rush, si on commande maintenant je suis sûr qu’on a une bonne demi-heure devant nous … » Sa main libre allant lui effleurer le bras du bout des doigts, il avait accroché son regard à celui de la jeune femme « Pour finir nos bières, j’entends. » Bien sûr. Quoi d’autre ? Répondant à son appel du pied d'un air mutin, l'avocate lui avait subtilisé sa bouteille de bière en laissant échapper un rire, et se mouvant pour venir s'installer une jambe de chaque côté des siennes elle lui avait volé un baiser qui ne laissait aucune place au doute. La pizza pouvait bien attendre.
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