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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/harleystuff

C’est différent ici. Et c’est paradoxal puisqu’à New York, les célébrités de la terre entière sont plus épiées que dans le roman 1984 de Georges Orwell, mais je me sens plus libre de penser que nous sommes un couple et que nous avons les mêmes droits et liberté que tous les autres. Bien sûr, je ne peux prendre la main de Jo dans la mienne qu’en privé, et il est bien évidement hors de question de l’enlacer, l’embrasser ou de passer un bras autour de ses épaules lorsque nous pouvons être aperçu par qui que ce soit, mais je n’ai plus l’impression d’enfreindre les règles qu’elle a éditées lorsque je parle de nous comme d’un couple en privé, lorsque je dis à Olive ou mon cousin que je passe le week-end ou plusieurs jours avec elle ou lorsque je fais des plans pour l’avenir – certes, proche à moyen, quelques mois tout au plus, pour l’instant – en l’incluant systématiquement dans mes projections. New York parvient même à séduire un garçon de la campagne comme moi et, ici, j’ai même l’impression que les secrets me pèsent un peu moins. Bien sûr, je voudrais pouvoir l’emmener au restaurant et, là-bas, lui tenir la main. Je voudrais pouvoir marcher l’emmener dans les boutiques de la cinquième avenue et lui offrir toutes les merveilles sur lesquelles son regard se posera simplement parce que je le peux et que je ne vois pas de raison de m’en priver, et je voudrais pouvoir traverser le Brooklyn Bridge au lever du soleil et la serrer contre moi et l’embrasser pour la réchauffer de la fraîcheur automnale de la ville bien inhabituelle pour les Australiens que nous sommes. Nous ne nous interdisons pas de nous balader ensemble, mais restons raisonnables et faisons tout pour ne pas alimenter la moindre rumeur en nous tenant à une distance raisonnable l’un de l’autre. A part dans notre chambre d’hôtel, nous sommes rarement seuls, mais plus souvent accompagné de membres de mon équipe – pas Cassandra, je retiens mes leçons. J’ai poussé le sens du détail jusqu’à réserver deux chambres, au cas où le personnel de l’hôtel manquerait de discrétion - bien que Jo n’ait pas mis un pied dans la "sienne" depuis notre arrivée.

Je suis ici pour le boulot – être l’invité d’honneur du Saturday night live ne se refuse pas lorsque l’on n’a pas sorti d’album depuis quatre ans, quel que soit le succès du dit album. La tournée de promotion de Yours bat son plein et, ici à New York, au-delà de cet événement important, j’ai dans mon programme plusieurs apparitions plus mineures prévues pour continuer à nourrir l’engouement autour de mes titres et de ma personne. Pourtant, j’ai plus à cœur de me prélasser dans ma suite d’hôtel en tenant dans mes bras l’élue de mon cœur. Dans quelques minutes, les nominations pour la 66ème cérémonie des Grammy Awards tomberont et, comme la plupart des artistes ayant soumis des titres, je ressens une excitation difficilement contrôlable. J’ai plus envie que nous en recevions une que d’avoir une chance d’être récompensé seul. Je crois en notre duo, et je crois en la promesse que j’ai faite à Jo également. Le live ouvert sur mon MacBook n’a pas encore débuté, mais je ne peux pour autant pas m’empêcher d’y jeter des coups d’œil réguliers. Interrompant Jo qui, assise sur le canapé, semble travailler sur un prochain titre, je la rejoins et l’attire contre moi pour l’enlacer. Je dépose un baiser sur le sommet de son crâne, respire l’odeur agréable de son shampoing, et je resserre un peu plus mes bras autour d’elle. « J’espère que le pari de l’équipe va se révéler payant. » Celui de valider ma participation à l’émission SNL le lendemain de l’annonce des nominations à la plus grande cérémonie qu’il existe dans le monde de la musique. « Sinon, les seules questions qu’on va me poser demain et tout le reste du séjour seront du genre "êtes vous déçu ?", "vous attendiez vous à une nomination" ou "pensez-vous avoir injustement été ignoré par l’Académie ? » Et si je ne suis pas le genre d’homme amer capable de nourrir une rancœur pour une question de nomination et de récompense, je n’ai pas envie que le sujet détourne l’attention que mon album et notre duo devraient recevoir. « On va pas tarder à le savoir, de toute façon. » Et Jo sait ce que je pense des chances de We don’t talk anymore, je l’ai assez répété avec conviction.

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Elle s’était promis de ne plus laisser Midas voyager ni trop loin ni trop longtemps sans elle, alors sa proposition de l’accompagner à New York en vue de la promotion de son album, elle l’avait acceptée sans prendre véritablement en compte ce qu’il y avait autour. Jo pouvait se le permettre pendant quelques temps encore, d’agir sous le coup d’une impulsion en croisant les doigts pour qu’on lui pardonne plus tard, et elle comptait en profiter avec moins d’insouciance qu’escompté, mais elle était trop heureuse d’être ici, c’était ça qu’il fallait retenir. Elle connaissait un peu New York. Dans son souvenir, tout paraissait démesuré tout en restant suffisamment étriqué pour que ça prenne l’air d’un village saturé d’énergie qui rendaient les nuits plus longues. Elle avait vécu une partie de sa vie avec les anecdotes de sa grand-mère sur cette ville et sur la vie qu’ils y avaient vécue avec son grand-père ; puis son propre père, pour un temps donné seulement. Jo, elle était liée à New York sans tout à fait l’être. Elle ne devait pas son côté théâtral qu’à ses origines latines, elle les devait surtout à ses grands-parents qui avaient baigné dans la culture du cinéma et du musical une bonne partie de leur carrière, et par extension une bonne partie de leur vie, les deux ne pouvant se dissocier tant ils étaient passionnés, léguant à leurs descendants le talent et le dynamisme inhérent à ceux qui faisaient le plancton devant les agences de castings aux aurores pour espérer finir dans un spectacle Off-Broadway payé une misère, qui donnait pourtant l’opportunité de tâter les planches en attendant d’être repéré. Elle aimait l’idée qu’ici, le jazz était célébré d’une façon particulière, plus encore qu’à Los Angeles où elle avait certes apprécié le soleil, qu’elle avait trouvé trop superficiel pour s’y retrouver tout à fait malgré les apparences. Il faisait peut-être plus froid à New York, surtout en novembre, elle y était plus à l’aise cependant. Ou elle l’était parce qu’elle y était avec Midas. C’était une possibilité qu’elle ne mettait pas de côté, profondément reconnaissante de pouvoir l’accompagner et s’assister à son entrée dans une légende particulière, celle d’un show dont le seul acronyme faisait briller les yeux de ceux qui savaient à quel point ça comptait de faire partie de la liste des artistes qui s’y étaient été produits. C’était fou quand elle y pensait. Ce qui l’était encore plus, c’était l’imminence de ceux à quoi, par contre, elle évitait de penser depuis ce matin. On pourrait s’imaginer que la confiance de Jo était inébranlable, seulement elle avait bien appris à faire semblant sur ce point, alors sentir l’étau d’une nomination aux Grammys se resserrer doucement, ça faisait bouillir à petits feux cette angoisse qu’elle ressentait de plus en plus souvent, soumise à tout et son contraire. Elle n’avait pas de vraie raison d’être angoissée, c’était quand même là, muré dans son envie profonde de gagner des points auprès du métier, mais aussi de relativiser le fait immuable qu’on ne pouvait pas tout gagner quand on n’avait pas fait grand-chose comme c’était son cas, elle restait lucide à ce propos. L’idée de ne pas être capable de le faire par soi-même d’ailleurs, c’était ça qui densifiait son besoin évident de s’occuper pour ne pas attendre bêtement devant l’écran de l’ordinateur de Midas que le livestream des nominations se mette en route.

Alors les yeux rivés sur l’écran de son téléphone portable, nonchalamment lovée dans un peignoir épais mal fermé, elle s’occupait l’esprit en validant par notes interposées les changements apportés au mixage d’un de ses morceaux envoyé par son monteur sonore qui au passage, lui envoya un emoji doigts croisés sans aucun contexte, mais elle savait très bien ce que ça signifiait. N’ayant pas le temps de répondre quoi que ce soit, elle se laissa surprendre par la manière dont Midas l’attira à lui, elle laissa pourtant de côté son téléphone sans aucune hésitation pour se blottir contre lui et profiter des quelques instants d’intimité qui leur était offerte quand, par sa faute, ils passaient le plus clair de leur temps à distance lorsqu’ils n’étaient pas seuls "Je croirais presque que t’es nerveux." Il devait l’être dans une certaine mesure. Ce n’était pas sa première fois toutefois, il saurait gérer la déception d’une sélection dont il ne faisait pas partie, même si en toute objectivité, Jo ne pensait pas que ce soit possible compte tenu du succès de son dernier album qui n’en finissait plus de battre des records depuis septembre dernier. La main posée sur l’abdomen du jeune homme, l’arrière de sa tête posée contre son bras, elle lui accorda un regard fixe qui luisait d’une malice qui allait avec ce qu’elle répéta après lui "Et tu seras déçu ? Tu t’attends à combien de nominations ? Tu penseras être injustement ignoré par l’Académie si tu les obtiens pas ?" Le ton de journaliste insistante qu’elle emprunta en ponctuant ses trois questions d’un baiser furtif sur ses lèvres — un légèrement plus ferme terminant la marche —, il s’éteignit doucement, chassé par le rire qu’elle laissa filer et qui ne dura pas bien longtemps non plus, sa main retrouvant son abdomen pour glisser contre son flanc et le serrer elle aussi un peu plus. Ses yeux se posèrent fatalement sur l’écran de veille du livestream qui à cette distance, paraissait presque menaçant ; et un hm absent lui échappa pour accorder un assentiment à ce que Midas lui dit. À nouveau, recalant sa tête contre son bras, elle marqua une pause contemplative — littéralement, ses yeux balayant le visage de Midas de part en part —, et reprit la parole pour lui affirmer sans flancher, sûre d’elle comme souvent "T’en auras au moins une." Une part de lui devait le savoir, tout comme son équipe le savait. Celle de Jo, elle était restée à Brisbane parce qu’elle avait insisté sur l’idée que ce voyage, c’en était un personnel, et que si les nominations avaient lieu au même moment, elle n’avait pas besoin d’être surveillée quand elle savait que Midas gardait un oeil sur elle dans tous les cas. C’était encore ça qui la rassurait, plus que l’idée que ce soit son père qu’il le fasse.
Se perdant un instant dans ses pensées, elle pinça les lèvres pour s’arrêter sur ce qui ne la taraudait pas vraiment, qu’elle avait besoin de lui dire sur le moment "C’est pas grave si ça passe par pour nous." Et encore une fois, on pourrait s'attendre de Jo que sa confiance lui permettait de croire à tout, mais elle mentirait si elle affirmait que sa soi disant victoire n’avait pas laissée de séquelle à sa fâcheuse tendance à se croire au-dessus du commun des mortels. Malgré elle, elle anticipait toujours la chute, c’était davantage le cas aujourd’hui ; et ça par contre, ça la taraudait. Elle eut un léger sourire, se recalant dans le fond du canapé en se décollant de lui juste le temps de le faire. Elle retrouva bien vite sa place, et plus encore, ses jambes se tendant en travers de celles de Midas en ajoutant sur le même "Je débarque d'un télé-crochet et j’ai encore rien sorti. Rien que la considération c’est déjà quelque chose qui compte pour moi, j'en ferais pas une maladie si je suis écartée de la course." Elle serait parfaitement heureuse pour Midas, elle pouvait l’attester, une main sur les mémoires de Britney s'il fallait. Sauf qu’il y a sept ans de ça, elle lui avait aussi attesté que s’il gagnait contre elle, elle ne lui en voudrait pas.

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« Je croirais presque que t’es nerveux. » - « Je suis nerveux. » Je ne le suis pas souvent, si bien que je peux donner la sensation d’être généralement d’un calme Olympien à toutes épreuve mais, s’il y a une chose que je vis comme tout le monde avec appréhension, c’est le jugement du reste de l’industrie sur le résultat de plusieurs mois de travail. Mes fans m’ont accompagné toute ma carrière si bien que je n’ai généralement pas peur de leur accueil. En revanche, l’idée de devoir obtenir l’approbation de mes pairs a quelque chose d’angoissant pour moi. Eux, je suis persuadé qu’ils n’ont pas de mal à réaliser que je ne suis qu’une fraude, que c’est grâce à la chance que j’en suis là où j’en suis aujourd’hui et que je ne suis rien de plus qu’un imposteur, une anomalie. La preuve, depuis mon tout premier Grammy Award, je n’en ai obtenu aucun autre. Mes albums suivants et certains de mes titres ont obtenu quelques nominations sans que je ne tire jamais mon épingle du jeu. Bien sûr, des prix j’en ai reçu. Mais le Graal, je n’ai fait que le toucher du bout des doigts depuis ma première victoire en tant que meilleur nouvel artiste. Cet album, ces chansons j’y ai mis plus de mon cœur que dans toutes les précédentes, et je serais déçu malgré tout de pas être au moins remarqué par l’académie. « J’ai pas encore assez de victoires et de nominations à mon actif pour être le genre d’artiste blasé qui peut plus les compter. » Je crois que je ne le deviendrais jamais réellement, blasé. Le jugement d’autrui fait peur aux gars comme moi. Je suis nerveux aussi pour elle, parce qu’elle le mérite, et que j’aimerais pouvoir lui "offrir" ça sans tricherie ou magouille. Je crois en elle, j’aimerais qu’elle le fasse tout autant sans que sa victoire au goût amer ne puisse plus la faire douter.

« Et tu seras déçu ? Tu t’attends à combien de nominations ? Tu penseras être injustement ignoré par l’Académie si tu les obtiens pas ? » - « Pas de commentaire. » Je lui adresse un sourire attendri alors qu’elle se glisse dans la peau d’une reporter. Je lui réponds moi aussi sur le ton de l’interview, avant de réfléchir plus honnêtement aux réponses à ses questions. « Je serais déçu, ouais. » A quoi bon le cacher quand elle lit en moi de plus en plus facilement avec le temps qui passe ? « Des artistes talentueux y’en a plein. Alors non, ce serait pas injuste, mais je serais déçu. » Pour moi, pour elle et pour "nous" en tant que musiciens parfaitement assortis. Je ne suis pas du genre à crier à l’injustice. Je ne suis pas gonflé d’orgueil au point de penser que je le mériterais plus que ceux qui l’auraient obtenu à ma place. Mais je ressentirais un pincement au cœur, et une envie irrépressible de rentrer au pays. « T’en auras au moins une. » J’embrasse à nouveau sa tempe, et j’attrape sa main pour nouer mes doigts aux siens. J’aimerais avoir sa certitude, mais je serai de toute façon libéré de toute cette attente d’ici quelques minutes. « C’est pas grave si ça passe par pour nous. » Curieux, calme et silencieux, je l’observe en ramenant une mèche de cheveux bruns derrière son oreille. Qui essaie-t-elle de convaincre ? Elle ou moi ? « Je débarque d'un télé-crochet et j’ai encore rien sorti. Rien que la considération c’est déjà quelque chose qui compte pour moi, j'en ferais pas une maladie si je suis écartée de la course. » Officiellement, j’ai envie d’y croire. Officieusement, je préfère ne pas me retrouver dans la situation adéquate pour vérifier ses dires. Les choses ne sont pas les mêmes qu’il y a sept ans, l’album de la demoiselle n’est même pas encore sorti, mais je détesterais que l’histoire se répète, même de cette façon. Je ne veux plus de victoires dont elle serait écartée. « Si on se fie aux chiffres - » Moi qui prétends pourtant souvent que je ne m’y intéresse pas, et c’est vrai, lorsque cela ne concerne pas Jo. « De tous les singles de l’album, c’est we don’t talk anymore qui a le plus de chance d’attirer l’attention de l’académie. » Et à mes yeux, il n’y a que ce titre-là qui peut mériter une nomination dans les catégories les plus courues. « Si ça se passe pour moi, je veux que ça se passe pour nous. » Elle n’est pas aussi transparente que moi, mais j’ai toutefois la certitude de pouvoir lire la déception dans ses yeux, si d’aventure déception il devait y avoir lieu. Et je n’ai pas envie d’être renvoyé à ce même regard, cette même déception dans le fond de ses yeux qu’il y a sept ans. Je crois que cela m’anéantirait. « Ça va le faire. La chanson est fantastique, tu es fantastique. » Pour elle, je simule ma bonhommie et mon assurance habituelle. « Commence plutôt déjà à réfléchir à quel genre de robe tu porteras sur le tapis rouge. » Moi, j’espère que d’ici là je pourrais débarquer avec la chanteuse à mon bras. C’est loin, mars, et j’ignore si je pourrais tenir aussi longtemps en vivant dans le secret sans que cela ne me dévore. « Ça commence. » Je me penche vers l’ordinateur pour monter le volume du son, avant de me réinstaller, Jo toujours dans mes bras. Je suis un peu plus tendu qu’il y a quelques minutes, cependant.

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"Tu devrais pas." Être nerveux, dit la pauvre conne nerveuse qui se cachait derrière sa confiance en elle pour ne pas en donner l’air. C’était toujours plus facile pour Jo de donner des conseils sans pour autant les suivre, la bonne vieille doctrine du fais ce que je dis, pas ce que je fais, ou comment mettre l’évidence sur sa mauvaise foi patentée. Sans s’inclure dans tout ça, en prenant suffisamment de distance pour faire le point sur les derniers mois suivant la sortie de l’album de Midas, et en gardant toute son objectivité — juré —, elle pouvait être sûre d’elle à ce propos. Ça n’étonnerait certainement pas le principal concerné si elle lui admettait que pour elle, l’évidence de sa nomination était inscrite quelque part, et que ce n’était qu’une question de temps avant que cette prédiction ne s’applique enfin "Et j’ai jamais dit que t’étais trop blasé. Je dis juste que ça surprendra personne quand ton nom apparaîtra à l’écran." Elle le lui affirma avec sourire contenu, ses pensées se perdant suffisamment loin dans sa tête pour la rendre silencieuse le temps de quelques secondes, tout au plus. Elle comprenait ce qui animait l’aveu qu’il lui faisait, mieux que personne. C’était l’avantage de partager le secret de leur victoire respective, elle pouvait se glisser dans ses chaussures sans avoir besoin de trop sonder son âme, partant de la vérité absolue que ce qu’elle avait vécu ces derniers mois, il l’avait vécu il y a sept ans de ça, et qu’il continuait de le vivre aujourd’hui dans une certaine mesure. Ça l’effrayait un peu de se dire que ce sentiment d’avoir volé quelque chose restait gravé au fer rouge, elle qui travaillait fort pour qu’on ne l’accuse justement jamais d’avoir volé quoi que ce soit. Mais d’un autre côté, elle se disait aussi que ça resterait une source d’énergie et de motivation inépuisable dans laquelle elle trouverait la volonté de se renouveler sans cesse ; et si elle s’enfonçait plus fort encore dans ce qu’elle ressentait à ce moment-là, elle se rendrait aussi compte que ça lui brisait le coeur de songer qu’il avait dû vivre ce genre de moments seul, bien qu’entouré de son équipe, au cours des dernières années sans pouvoir se sentir vraiment soutenu pour autant.

"Ce sera une réaction normale. Pour ce que ça vaut, tu pourras même mettre la chambre à sac, je te promets que je dirais rien à personne." Une croix tracée du bout de son index sur son propre coeur plus tard, et elle retrouva son sérieux pour lui affirmer de nouveau qu’il n’échapperait pas à la nomination. Elle se foutait qu’on l’accuse d’être une idiote énamourée, elle n’avait pas attendu de le devenir pour savoir que Midas avait quelque chose en lui. Tomber amoureuse de lui n’avait pas modifié le crédit qu’elle lui avait toujours accordé en tant que musicien, c’était quelque chose qui restait inchangé comme leur alchimie qui avait résisté aux années de silence. Lorsqu’elle tachait de lui ouvrir les yeux sur ce qu’il était devenu, quand elle grossissait à peine le trait en l’incitant à se comporter comme la putain de star qu’il était, elle ne se mettait pas dans la peau de la femme séduite prête à tout pour polir l’égo de l’homme qu’elle aimait : elle était la Jo qui avait croisé son regard une fois et qui avait su que ce serait contre lui qu’elle voudrait disputer la finale d’un télé-crochet pour lequel elle n’avait pas encore officiellement été sélectionnée. Elle ne l’avait sous-estimé qu’une seule fois et ça avait joué contre elle. La veille de la finale, quand elle avait été si sûre d’elle qu’elle pensait que le lendemain ne serait qu’une formalité, elle s’était laissé emporter par l’éventualité que sa victoire était toute tracée, et elle s’en était mordue les doigts. Elle savait aujourd’hui que lui en vouloir était une erreur qu’elle se jurait de ne pas commettre à nouveau. Seulement, même elle qui prétendait se connaître par coeur, elle avait la voix hésitante quand elle affirma que si leur duo passait à la trappe, elle saurait tourner la page. Elle s’y efforcerait, elle ne se laisserait pas le choix. Elle ne voulait pas retomber dans des schémas qui la pousseraient à se mettre en retrait par ego mal placé.

Ego qui semblait tout sauf mal placé pour une fois, quand elle le laissa ramener une mèche de ses cheveux derrière son oreille pour l’écouter parler chiffres et éventualités "De tous les singles, c’est celui que tu chantes pas seul. J’ai pas envie que tu crois que j’essaye de minimiser mon implication pour que tu me soutiennes le contraire, c’est pas le genre de la maison." Définitivement pas, la lueur de fierté qu’elle avait au fond de ses iris presque noires le prouvant tangiblement "Mais j’ai pas le profil de la petite nouvelle bien sous tous rapports. J’ai encore du chemin à faire avant de gagner la confiance d’une institution comme celle-ci. Fais pas semblant de pas savoir que je suis une nana à problèmes." Et c’était critique comme analyse, un peu triste aussi si on voulait faire dans le pathos, reste que ça la fit légèrement sourire sans pour autant détourner les yeux de ceux de Midas. Elle avait la tête dans les nuages plus souvent qu’à son tour Jo, elle restait quand même lucide de l’image qu’elle renvoyait et ils vivaient dans une époque où il valait mieux surveiller ce qu’on faisait, mais surtout ce qu’on disait. Qui prendrait le risque de nommer un profil comme elle malgré son talent ? Elle s’était posée la question, et c’était surement ça aussi qui la rendait nerveuse.
Elle ne savait pas être quelqu’un d’autre, et ça la desservait déjà assez pour qu’elle sache que, sur la base de gros à priori, elle risquerait de passer à côté de beaucoup de choses "Ce sera pas grave si ça passe pas pour nous." répéta-t-elle probablement pour se convaincre un peu plus. Elle marqua un léger temps d’hésitation pour ajouter ensuite, et ce en se mordant brièvement le coin des lèvres au préalable — en même temps, elle passa son bras autour des épaules de Midas, et lui tourna la tête avec la main qu’elle posa sur sa nuque dans une force douce pour enfin compléter dans un aparté inutile, sa voix baissant d’un octave "Fais-en pas un motif de revanche. Mon album est pas encore sorti, ma carrière sera pas morte si ça passe pas pour nous." Elle tenait à le lui dire pour des raisons évidentes qu’il comprendrait sans qu’elle ne soit obligée de soulever le coin d’un tapis trop épais, même pour elle qui se pensait armée pour toutes les sortes de combats — ou presque. Elle affronta son regard encore un instant, bleu contre noir, et le laissa à sa bonhommie pour le relâcher et repousser ses longs cheveux détachés entre ses omoplates avant de refermer le haut de son peignoir en tachant de se recentrer sur l’essentiel ; soit cet écran d’ordinateur sur lequel elle s’arrêta juste un instant avant de retourner la tête vers Midas et de lui répondre, à propos de sa robe "Je la vois accordée à ton costume, et je m’en fous que ça fasse vieux couple. Si j’ai pas ma nomination, j’aurais au moins mon top dix des couples les mieux habillés aux Grammys. Je vise la première place, t’es prévenu." C’était d’une clarté éblouissante dans son esprit. Mais cette vision fût rapidement chassée par le top du jeune homme qui réagissait au mouvement de l’écran annonçant que ça commençait. Elle se laissa enveloppée  de nouveau par ses bras, mais elle eut du mal à rester en place durant les premières minutes qui constituaient un bla-bla infini, mettant à mal sa patience ; alors elle jeta un regard vers le vestibule de leur chambre pour finalement lui demander, plus pour étouffer les battements soutenus de son coeur avec de la banalité qu’autre chose "Ton équipe va nous rejoindre ?"

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« Tu devrais pas. Et j’ai jamais dit que t’étais trop blasé. Je dis juste que ça surprendra personne quand ton nom apparaîtra à l’écran. » Amusé, je soutiens son regard avant de m’accaparer ses lèvres le temps d’un baiser. « T’es pas objective. » Pas plus que je ne le suis la concernant, certainement. Des artistes qui méritent eux aussi de figurer dans la liste et qui n’obtiennent rien, il en a tous les ans, tout comme il y aura toujours des mécontents qui estiment qu’untel aurait dû être mis à l’honneur au détriment d’un autre. Moi, je ne me vois pas comme un outsider, mais pas tout à fait non plus comme une pointure du milieu qui à chaque nouvel album décroche son lot de nominations et victoire. Le club des récidivistes est restreint, sélectif et, à l’heure actuelle, je n’ai pas encore eu la chance de le rejoindre. Depuis ma consécration en tant que meilleur nouvel artiste je n’ai pas eu la chance de toucher du doigt le graal, mais je ne désespère pas et crois en Yours et les singles qui le portent. « Ce sera une réaction normale. Pour ce que ça vaut, tu pourras même mettre la chambre à sac, je te promets que je dirais rien à personne. » - « C’est qu’un prix. C’est important, mais pas assez pour me gâcher le reste du séjour alors que t’es là. » Je ne mens pas, mais peut-être suis-je un peu trop optimiste. Dans les faits, si je chérirai nos instants ensemble même sans nomination, être complètement ignoré et questionné à ce sujet dans l’émission demains soir plomberait l’ambiance, pour sûr. En revanche, je crois entièrement à ce que j’ajoute. « Ça me ferait plus mal au cœur de pas réussir à vendre ma tournée ou même l’album. » Tant que les fans sont au rendez-vous, c’est ce qui compte le plus pour moi.

« De tous les singles, c’est celui que tu chantes pas seul. J’ai pas envie que tu crois que j’essaye de minimiser mon implication pour que tu me soutiennes le contraire, c’est pas le genre de la maison » Oh, je le sais. Jo n’est pas du genre fausse modestie, elle est sûre d’elle, de ce qu’elle vaut et de ce qu’elle a à déposer sur la table. « Mais j’ai pas le profil de la petite nouvelle bien sous tous rapports. J’ai encore du chemin à faire avant de gagner la confiance d’une institution comme celle-ci. Fais pas semblant de pas savoir que je suis une nana à problèmes. » - « Ça compte pas ça, c’est pas ça qui fait qu’un titre est bon ou pas. Ça devrait pas compter, en tout cas. » J’ai envie de croire que l’Académie est plus impartiale et droite que la production de X Factor, qu’elle est au-dessus des considérations à mon sens ridicules que sont les scandales et les mauvaises réputations des uns et des autres. « Ce sera pas grave si ça passe pas pour nous » Pour moi cela le sera, parce que crois en notre titre et que je crois en notre parfaite association. Jo et moi faisons des étincelles lorsqu’il est question de musique, personne n’a le droit de le remettre en question. Je secoue la tête, refusant, d’envisager toute éventualité du genre. « Fais-en pas un motif de revanche. Mon album est pas encore sorti, ma carrière sera pas morte si ça passe pas pour nous. » Je n’ai pas besoin d’un dessin pour comprendre sa "mise en garde". Je sais qu’elle se méfie – le mot est fort – de ma tendance à vouloir jouer le chevalier vengeur pour une bonne raison, une excellente raison même et pour cause : je l’ai déjà fait. J’ai orchestré sa victoire pour réparer la dette de l’univers envers Jo, ma dette envers la brune, mais j’ai retenu ma leçon. A présent, je n’ai plus l’intention d’interférer d’aucune façon. « Je ferais plus rien que tu m’as pas demandé. » La déclaration manque d’un quelque chose de solennel. Alors, j’attrape son menton entre mes doigts et j’exerce une légère pression pour qu’elle lève ses yeux dans ma direction. « C’est promis Jo, plus rien. » Ma parole, je l’espère, vaut certainement encore quelque chose à ses yeux et ce malgré mes fautes.

« Je la vois accordée à ton costume, et je m’en fous que ça fasse vieux couple. Si j’ai pas ma nomination, j’aurais au moins mon top dix des couples les mieux habillés aux Grammys. Je vise la première place, t’es prévenu. » Mon sourire s’étire et je suis presque certain que j’ai l’air un peu bête, à la regarder comme si elle venait à nouveau de me faire le plus beau cadeau du monde. Elle a parlé de couple, d’en être un en public et je n’arrive pas à réfréner l’euphorie que je ressens : elle se projette. Elle l’imagine, ce futur où nous n’aurions plus à nous cacher. Elle le voit même plutôt proche, même si c’est encore trop loin à mon goût. « Le top dix des couples les mieux habillées, hum ? » Je l’interroge, l’air de ne pas y toucher. « Je dirai à mon styliste de faire tout ce que le tiens lui ordonne, si madame veut qu’on parle de nous. » Je n’ai rien contre : je veux que tout le monde sache qu’elle n’est qu’à moi, que les autres peuvent au mieux la regarder, mais jamais la toucher. « Alors madame sera exaucée. »

Les diatribes des présentateurs s’éternisent quand tout le monde n’attend qu’une chose : les nominations. Je n’ai jamais compris que ce genre de programme tire sur la longueur ; les auditeurs se moquent bien des remerciements de rigueur ou d’un résumé de l’année musicale. « Ton équipe va nous rejoindre ? » - « Non. Je leur ai dit qu’on fêterait ça ce soir dans un restaurant, s’il y a quelque chose à fêter. » Je ne pouvais décemment pas rester enfermé avec Jo toute la soirée : chacun d’eux a participé au succès de mon album et ce serait égoïste ; je ne le suis pas. « Mais jusque-là, je suis tout à toi. » Et quelle que soit l’issue de cette soirée, je n’ai pas l’intention de sortir. Nous noierons ensemble notre chagrin ou célèbrerons notre victoire : que ce soit notre euphorie ou notre désespoir, ils n’appartiennent qu’à nous. Les annoncent tombent enfin. Les prix mineurs en premier, ceux auxquels je ne suis pas éligible. Comme toujours, les catégories concernant la musique pop sont gardés pour la fin et je jurerais qu’à chaque fois que nous approchons de l’échéance, les doigts de Jo se referment un peu plus fort sur les miens. « Putain, prestation en duo ou groupe, c’est la prochaine. » J’en espère d’autres, mais celle là représente nos meilleures chances, je ne suis pas idiot. Nos noms sont annoncés et ma mâchoire se décroche. Je me lève du canapé et les bras m’en tombent. Mes réflexes prennent la relève : je glisse mes doigts sur les joues de Jo et l’attire vers moi pour l’embrasser avec passion. Je suis persuadé que, maintenant, plus rien n’a d’importance, mais je ne suis pas au bout de mes peines.

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"Tu dis ça parce que les gens t’aiment." Ça venait de la bouche de quelqu’un de difficile à aimer, et elle était sûre qu’au moins une fois ou deux, Midas l’avait pensé. Elle pinça les lèvres après un nouveau baiser, explicitant juste après en arrêtant son regard sur la somme de ses traits "T’as vite trouvé ton public, il te lâchera pas quoi que tu décideras de faire de ta carrière, il te jugera pas moins bon si tu gagnes pas de prix, et peut-être que tu t’en rends pas compte, mais c’est ce qui te rend un peu plus hermétique à la défaite." Contrairement à elle qui pourrait totalement être du genre à mettre une chambre à sac si elle perdait un truc qu’elle savait mériter "T’as une armée derrière toi, c’est pour ça que t’es confiant à propos de tout ça." Tout ça étant désigné par son index qu’elle pointa vers l’écran de l’ordinateur. Elle en revanche, elle avait trop conscience d’être une plaie pour ne pas vouloir plaire à la critique, mais elle n’avait pas envie d’analyser ce qu’elle voulait vraiment dire. Roulant des yeux dans un faux sentiment d’agacement qui lui fit finalement poser l’arrière de sa tête contre le dossier du canapé, elle ajouta en soupirant exagérément, ses doigts s’emparant de ceux de Midas pour trouver du réconfort dans l’effleurement des aspérités qu’il avait au bout des doigts à cause de sa pratique de la guitare "Ta tournée sera sold out en moins de vingt minutes. Je prends le pari tout de suite si ça peut t’éviter d’avoir trop mal au coeur." Elle en sourit doucement, détournant brièvement le regard pour l’arrêter sur l’écran. Elle, elle n’avait pas de public à proprement parler, elle ne pouvait même pas compter sur le chiffres des votes recensés lors de sa victoire puisqu’ils étaient faux. Son nombre de followers sur les réseaux sociaux ? La moitié s’était abonnée à son profil pour savoir si elle se tapait Midas, elle n’était pas si idiote que ça. Elle pourrait prétendre autant qu’elle veut ne pas avoir besoin qu’on l’aime, qu’elle se construisait sur les fondations solides de sa confiance en elle, Jo fonctionnait à l’intensité des applaudissements : comme la fée Clochette, ne pas en recevoir, ça éteignait sa lumière. Ils pouvaient venir de n’importe qui, elle s’en contentait parce que c’était comme ça qu’elle avait été apprise ; vivre dans le regard des autres, à un certain degré, c’était vital pour qu’elle se sente bien. Ce n’était qu’un prix pour Midas, c’était le début de quelque chose de plus grand que ses rêves pour Jo qui y croyait fort au fond d’elle-même, mais qui ne voulait surtout pas nourrir trop d’espoir au risque de s’effondrer comme elle l’avait fait dans le passé, à courir après une carrière qui avait été enterré à la seconde où elle avait cru y être enfin arrivée.

Sauf que ça n’avait pas été le cas en partie à cause de ce personnage qu’elle jouait, qu’elle n’avait pas envie d’abandonner parce qu’il représentait une sécurité, une armure "T’es naïf si tu crois que ça compte pas." Elle ne le lui disait pas avec amertume, mais avec un nouveau sourire qu’elle lui adressa après qu’il avait réfuté l’idée que s’ils ne recevaient pas de nomination, ce ne serait pas à cause de la réputation de l’un d’entre eux. De celle de Jo en l’occurence. Elle n’avait pas envie de plomber l’ambiance, et c’est pour ça qu’elle garda son sourire quelques instants encore, le temps que quelque chose de dense ne vienne gonfler dans son ventre, et qu’elle imputa au passif de chevalier servant de Midas. Elle ne voulait pas le faire culpabiliser davantage sur l’erreur qu’il avait commise, mais c’était important de remettre les choses à leur place pour qu’aucune autre erreur de ce genre ne vienne s’ajouter à la liste. Ne pas être nommés ne constitueraient pas un prétexte suffisant pour tenter quoique ce soit de similaire à ce qu'il avait déjà cru bon faire, et il devait l’entendre. Il l’entendit comme le prouva la manière dont il lui donna sa parole, lui attrapant le menton pour apposer un voile solennel sur cette promesse qu’elle accepta de recevoir sans rompre le contact visuel, le soutenant au contraire en y croyant fort, tellement qu’elle lui répondit après un moment "Je sais. Je te crois." Sans mensonge, sans chercher à le rassurer, juste parce qu’après les quelques mois pénibles qu’ils venaient de passer, elle était certaine qu’il était immunisé contre l’idée même d’agir pour elle en espérant qu’elle ne l’apprenne jamais.

"Quoi ?" Elle le remarqua, le sourire hébété de l’homme amoureux qui espère enfin pouvoir revendiquer son statut privilégié auprès d’elle. Elle n’était peut-être pas très délicate Jo, mais elle aussi, elle en avait un, de privilège : elle savait déchiffrer ce qu’elle voyait briller dans ses yeux "On s’était mis d’accord sur un délai, non ?" Elle avait imposé des règles, Midas avait acquiescé parce qu’il était arrangeant. Elle lui rappela dans un sourire en demi-teinte "Le deal, c’était d’attendre que la chanson sorte. Si on fait les comptes, ça fait un moment qu’elle est sortie." Elle fit mine de faire le décompte sur ses doigts, et puis finalement, rentrant la tête dans ses épaules, elle conclut avec un air innocent qui jurait avec la personne qu’elle était "Peut-être que j’y ai un peu réfléchi."  À arrêter de vouloir faire croire au monde que rien ne se passait vraiment entre eux alors que ça crevait les yeux. L’idée qu’en public, elle devait se contenter d’accolades tièdes de la part de l’homme à côté duquel elle se réveillait de plus en plus souvent ? Ça la rendait malade, si elle devait être tout à fait honnête. Elle secoua la tête pour se remettre les pensées à l’endroit, mais aussi pour réagir à ce que Midas — toujours aussi arrangeant — lui disait. Elle ne résista pas à l’envie de se pencher sur lui pour l’embrasser, s’arrêtant juste pour lui dire "Tu m’aides pas à me raisonner au sujet des caprices de diva." Comme si ça la dérangeait outre mesure d’avoir la garantie d’être traitée comme une reine. Au moins, c’était un comique de répétition agréable sur lequel se reposer quand l’échéance de ce qu’ils attendaient approchait et qu’elle se sentait de plus en plus fébrile.

Même quand elle retrouva les bras de Midas, suspendue aux lèvres d’un présentateur qui faisait dans le discours inutile pour faire monter la sauce. Son impatience légendaire se manifesta, elle commença à s’agiter, se demandant s’ils seraient bientôt rejoints par l’équipe du jeune homme qui, s’il n’était pas plus serein qu’elle, avait au moins le mérite de mieux le cacher sur l’instant. Elle devait admettre que la réponse qu’il lui accorda, elle lui passa au-dessus de la tête, son regard rivé vers le vestibule de leur chambre comme si elle estimait le chemin à parcourir au cas-où l’humiliation d’avoir été laissé de côté ne soit trop difficile à supporter pour elle, et qu’elle veuille s’enfuir d’une manière où d’une autre. Si elle prenait un peu de hauteur, elle verrait que ça avait un goût de déjà-vu étrange, d’être dépendante d’une annonce synonyme d’un changement radical dans sa carrière. Et ça lui fit peur, tout à coup. En silence, elle redouta la panique Jo, celle qui la transissait quelques fois quand elle était seule, et qu’elle s’en remettait aux conseils que Nicholas lui avait donné pour en venir à bout. Mais elle était loin d’être en danger, ses doigts noués à ceux de Midas qu’elle broyait sans le vouloir vraiment, son regard se retournant vers l’écran qu’elle ne vit plus l’instant d’après, attirée par le jeune homme dont les lèvres se soudèrent aux siennes avant qu’elle ne se rende compte de quoi que ce soit. Elle se leva dans une impulsion instinctive, incitée par les mains du jeune homme à le faire, les siennes se positionnant en miroir sur son visage. Juchée sur la pointe des pieds, elle sentit sa propre poigne se raffermir et se somma d’y aller plus doucement tout en y parvenant à peine, soudée à tout ce qu’il lui transmettait dans son étreinte passionnée "J’ai pas entendu. J’ai pas vu." lui admit-elle en séparant ses lèvres des siennes, ses yeux ne réussissant pas à s’arrêter fixement sur les siens, et ce dans un souffle rauque, entrecoupé. À la vue de sa réaction, et de sa manière de l’embrasser, ça ne pouvait qu’être positif, non ? "Attends. Attends-attends, j’ai pas vu. Je veux voir." lui demanda-t-elle en le faisant pivoter pour débloquer la vue vers l’écran qui était trop bas pour eux, alors qu’ils étaient debout. Craignant de manquer l'écran récapitulatif de la catégorie — leur catégorie —, elle lâcha Midas pour se laisser asseoir à genoux devant l’ordinateur et le rapprocha au bord de la table-basse pour voir le nom de Midas et le sien au-dessus d’une liste d’autres qu’elle connaissait bien sûr, et qui relevaient d’un prestige qui lui fit remonter une main sur sa bouche et murmurer un étouffé "Putain." Elle tourna sa tête vers Midas, ses yeux légèrement grossit par la surprise, et ses doigts glissant de sa bouche pour se tendre dans sa direction et se poser à la naissance de sa mâchoire, agrippant la courbe de son cou en lui disant, la voix gonflée "Jure que c’est pas une blague." Ce n’en était pas une, il n’avait pas besoin de le lui jurer pour qu’elle se penche de nouveau sur lui pour l’embrasser dans un mouvement surement trop extatique pour que ça ne les déséquilibre pas un peu le temps de quelques secondes seulement ; puisque à peine se retrouva-t-elle  à demi allongée sur lui qu’elle se reprenait pour répéter, sa voix devenant surement trop aiguë cette fois "Attends. Attends-attends, y a la suite." Et comme cette première nomination lui permettait d’y croire pour de bon maintenant, elle replaça correctement l’ordinateur sur la table-basse devant laquelle elle s’agenouilla à nouveau, un bras autour des épaules de Midas qu’elle garda près d’elle, contre elle, en attendant la suite dont elle était prête à se réjouir pour eux, mais aussi pour lui aussi — tellement prête à se réjouir pour lui d’ailleurs, qu’en oubliant un instant l’écran, elle approcha plus près son visage du sien, sa main posée sur son épaule retrouvant la courbe de son cou, pour l’embrasser et lui dire juste après, portée par un sentiment intense de fierté et d’amour brusquement soumis à sa manie de dire les choses sous le coup de l’impulsion "Je t’aime." Sans doute trop vite balayé par la voix s’échappant de l’ordinateur qui lui fit rompre le contact visuel à ce moment donné, mais pas lâcher Midas pour autant.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/harleystuff

« Tu dis ça parce que les gens t’aiment. T’as vite trouvé ton public, il te lâchera pas quoi que tu décideras de faire de ta carrière, il te jugera pas moins bon si tu gagnes pas de prix, et peut-être que tu t’en rends pas compte, mais c’est ce qui te rend un peu plus hermétique à la défaite. » Je secoue la tête. « Je te jure que y’a pas que ça. » Pensif, je tente de mettre les mots les plus justes possible sur ce que je ressens pour pouvoir être vrai avec Jo. « J’ai toujours craint le jugement des gens du métier, c’est vrai. » Ai-je besoin de lui expliquer pourquoi ? Maintenant qu’elle sait tout de mon expérience et que nous partageons tous les deux la douloureuse réalité d’avoir le sentiment de ne pas mérité ce que nous avons obtenu, ne connait-elle pas déjà la réponse à cette question ? Mes yeux bleus et mon grain de voix particuliers peuvent berner les jeunes filles, mais pas mes pairs. Ce que l’académie juge, c’est le talent, pas le succès auprès des demoiselles et pas uniquement le nombre d’album que je vends. Et mon talent, j’en ai toujours douté d’une façon ou d’une autre. J’ai douté qu’il existe, j’ai douté qu’il soit suffisant, j’ai douté qu’il égale un jour celui de Jo ou de ces artistes que je vénère et même aujourd’hui, je doute encore qu’il suffise pour réellement marquer mon époque. « T’as une armée derrière toi, c’est pour ça que t’es confiant à propos de tout ça. » - « Je suis pas confiant pour ça. » Je désigne l’ordinateur d’un geste vague de la main. Je n’en ai pas gagné un seul depuis mon premier, de Grammy Award. Je n’en ai jamais gagné qui récompense l’un de mes albums ou l’un de mes titres en particulier non plus. J’ai eu le droit à celui qu’on donne à un artiste prometteur pour l’encourager, et si j’en tire une fierté immense – prétendre le contraire serait mentir – je ne peux pas nier non plus que cela a parfois un goût de trop peu. « Ta tournée sera sold out en moins de vingt minutes. Je prends le pari tout de suite si ça peut t’éviter d’avoir trop mal au coeur. » - « Ça fait quatre ans. » Que je n’ai rien sorti. « J’espère que ça jouera pas contre moi. » Mais puisque l’album semble faire un démarrage impeccable, je choisis de croire en mes chances de retrouver mon public comme si je ne l’avais pas quitté. Pour alléger l’ambiance, j’esquisse un sourire amusé en caressant la clavicule de la brune. « T’achèteras toutes les places restantes si c’est pas le cas, c’est ça ? » Si je m’écoutais, je serais capable de le faire pour elle. Heureusement, j’apprends parfois et un peu de mes erreurs. J’écoute mon cousin aussi, et si tous les conseils qu’il me donnent ne marcheront pas forcément avec la brune, il y a beaucoup de bon dans tout ça. Et me tenir le plus possible à l’écart de la carrière de ma petite amie, c’est un putain de bon conseil et je m’y applique dans la mesure du possible.

« T’es naïf si tu crois que ça compte pas. » Je suis naïf et je la soupçonne d’en être consciente. Toutefois, j’ai envie de croire que cela compte moins, au minimum. « C’est pas la prod de X-Factor. Je sais que y’a surement des biais, mais je crois sincèrement qu’on te donnera ta chance. » Que l’industrie sera prête à lui donner sa chance. Si je peux avoir aidé – avec la chanson, plus de façon fallacieuse, je le lui ai promis et le lui rappelle avec gravité. « Je sais. Je te crois. » Je caresse son menton, et je me penche sur elle pour embrasser son front puis ses lèvres. Je ne tricherais plus avec ou pour elle. J’en crèverais si ce qu’elle mérite lui est refusé, mais plus jamais je n’interfèrerais sans que ce soit ce qu’elle désire ou de façon malhonnête.

Elle parle de couple, et je me dis que peut-être qu’enfin, elle m’a totalement pardonné. Peut-être qu’enfin, elle se moque des qu’en dira-t-on et de ce dont on pourra l’accuser puisque nous savons tous les deux, que nos sentiments sont aussi sincères que l’est notre démarche. « Quoi ? On s’était mis d’accord sur un délai, non ? » Les délais n’avaient rien de clair et nous le savons tous les deux. Moi, je ne l’attendais plus, en atteste le sourire d’idiot accroché à mes lèvres. J’avais sincèrement tiré un trait sur ma capacité à influer sur sa décision à ce niveau-là. J’étais déterminé à attendre bien plus longtemps que je n’en aurais été capable certainement, mais jusqu’à ce que la situation devienne intolérable pour moi. J’étais peiné par sa position, mais bien déterminé à lui prouver que j’étais prêt à les respecter, elle est son rythme. Elle parle de s’afficher en tant que couple d’ici le mois de mars et, déjà, je ressens l’envie de tout exposer au vu et au su de tous. De poster des photos d’elle sur les réseaux, de sortir avec elle dans la rue et de l’embrasser au restaurant et dès que j’en ai envie. Peut-être New York aura-t-elle eu cet effet-là sur Jo également ? « Le deal, c’était d’attendre que la chanson sorte. Si on fait les comptes, ça fait un moment qu’elle est sortie. » - « Ça fait un moment qu’elle est sortie, oui. » Touché, toujours l’air de ne pas y croire, je la dévore du regard. « Peut-être que j’y ai un peu réfléchi. » - « Hum hum. » Toujours avec un sourire niais, je me mords la lèvre et me penche sur ses lèvres pour y dérober un baiser. « Et tes réflexions, ells t’ont amené à la conclusion que… Que tu étais prête ? Maintenant ? » Ou prête à l’envisager et donc, il serait logique qu’elle envisage que ce serait fait d’ici plusieurs mois ? Je ressens le genre d’euphorie qui suit ce genre d’annonce capitale et qui rend toute attente plus insupportable qu’avant d’avoir la nouvelle. L’empressement à l’idée que les choses changent, aussi. « Tu m’aides pas à me raisonner au sujet des caprices de diva. » - « Peut-être que j’ai un faible pour les divas. » Je hausse les épaules, l’air innocent. Il n’y a pas de peut-être qui tienne : j’aime voir Jo mener son monde à la baguette et n’avoir aucun doute sur sa valeur. J’aime qu’elle soit sûre de ce qu’elle veut et ce qui lui est dû, comme j’aime son extravagance ; je n’envisage pas une seule seconde d’un jour la museler.

Nos batifolages sont toutefois interrompus par le début de l’émission live qui nous captive immédiatement tous les deux. Lorsque les premières annoncent tombent et bien qu’elles ne concernent aucunement les catégories auxquelles nous pouvons prétendre, nous sommes absorbés et accrochés aux lèvres des présentateur. Lorsque ladite catégorie tombe enfin, les choses vont trop vite, bien trop vite et puisque nous sommes les premiers noms annoncés, aucun nœud n’a le temps de se former dans mon ventre. Au contraire, c’est l’explosion d’extase. Je bondis du canapé et plie mes bras pour les coincer derrière l’arrière de mon crâne. Je couvre le son de la voix des présentateur qui annoncent nos concurrents d’un cri de surprise, d’un autre victorieux, puis en sautant sur Jo que j’embrasse à pleine bouche. Elle, elle ne me repousse pas mais recule finalement. « J’ai pas entendu. J’ai pas vu. » Je lis l’excitation dans ses yeux. Elle n’a pas réalisé, certainement. « Attends. Attends-attends, j’ai pas vu. Je veux voir. » Elle m’écarte d’une main sur ma cuisse, avant de tomber à genoux devant l’écran du pc portable posé sur la table. Moi, un immense sourire barre toujours mes lèvres. Elle se tourne vers moi, ses yeux noirs qui me dévisagent, et elle attrape ma mâchoire. « Putain. Jure que c’est pas une blague. » Je n’arrive pas à faire disparaître mon sourire d’adolescent extatique. Je hoche la tête, glisse mes mains dans ses reins et l’embrasse à nouveau passionnément. « C’est vrai, putain c’est vrai. » Je l’embrasse à nouveau et, alors qu’elle m’attire et que je me presse contre elle, nous basculons sur le canapé. Mon genou entre ses jambes, je la presse sans l’écraser, incapable de me détacher de ses lèvres. Si cela n’avait dépendu que de moi, nous n’aurions pas entendu la suite des nominations, celle là me suffisant pour être sur un petit nuage. « Attends. Attends-attends, y a la suite. » Elle me repousse doucement et moi, bon gré mal gré, je m’écarte avant de m’agenouiller à ses côtés au sol. Elle glisse sa main dans ma nuque et, tandis que je devrais fixer l’écran, je suis incapable de la quitter des yeux. Sa déclaration suivante, je ne m’y attends pas et reste bouche bée. « Je t’aime. » Mes yeux s’écarquillent, se mouillent aussi peut-être un peu, symbole de toute ma sensibilité, et je reste bête un instant, la bouche entrouverte. Je crois que je le savais parfaitement. Je sais que j’en étais conscient. Mais l’entendre se livrer, c’est autre chose. Cela a une saveur toute particulière, et je voudrais qu’elle le répète. Les nominations s’enchaînent et entendre mon nom lorsque vient la catégorie d’album pop de l’année m’émeut à peine, après ce qu’elle vient de me confier. Je n’accorde aucune attention à l’écran. Je glisse à mon tour ma main dans sa nuque, pour qu’elle plonge à nouveau ses yeux dans les miens. « Je t’aime aussi Jo. Putain, ça fait même très longtemps que je t’aime. » J’ignore la date exacte, je ne sais même pas s’il y a un moment où, plongeant mon regard dans le sien, j’ai réalisé que c’était le cas. Ce que je sais, c’est que je l’aimais déjà il y sept ans. « Y’a pas une autre personne que j’ai aimée comme toi. » Au contraire, je l’ai cherchée dans le regard de toutes mes amantes, même de passage, mais en vain.
 

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"C’est ton meilleur album, tout le monde le dit." Est-ce que se référer à ce que tout le monde disait était une bonne idée ? Dans certains cas, ça l’était, celui qui la sortait de sa constante malice, devenant sérieuse parce que ça lui tenait à coeur autant qu’à Midas, en faisait partie. Il n’avait reçu que de bons retours de cet album qui résonnait d’un écho particulier pour elle, mais pas seulement : tout le monde l’adorait. L’attente avait été longue, et il s’était surpassé, la critique l’avait souligné avec plus d’objectivité que ceux qui lui mangeaient déjà dans la main. Elle comprenait parfaitement le sentiment qui s’échappait de la confession qu’il lui fit quelques secondes après, mais les faits étaient là. Après sept ans de carrière, c’était difficile de se dire qu’il ne méritait pas d’être à la place qu’il occupait aujourd’hui, quand bien même on l’avait aidé à l’atteindre d’une façon ou d’une autre. Ça la renvoyait à sa propre situation, seulement elle n’avait pas envie d’y penser maintenant. Elle y pensait déjà bien assez souvent pour ne pas vouloir alourdir un moment qui resterait gravé dans leur mémoire. À la place, elle tendit la main pour effleurer sa joue, cajoler sa barbe naissante avec ses doigts, et fit glisser son pouce près de ses lèvres en lui disant, ses sourcils se fronçant juste un peu "Si tu reçois rien qui confirme que les grands manitous de l’industrie le pensent aussi, tu pourras commencer à t’inquiéter de ce qu’on pense de ton talent." Elle se saisit du bas de son visage sans brutalité, mais avec une détermination qui lui était propre et qui lui permit de le tourner pour qu’il la regarde, ses yeux sondant les siens en continuant, les sourcils haussés cette fois, signe de sa conviction inébranlable "Mais en attendant, fais-moi confiance quand je te dis que la probabilité joue en ta faveur. Je te serine pas pour que tu te sentes mieux, j’y crois." Ils plaisantaient à propos de leur manque d’objectivité respectif à propos de l’un et l’autre, mais Jo ne serait pas plus douce avec Midas qu’avec un autre si elle le jugeait médiocre. Elle avait beau l’aimer, elle lui dirait les choses telles qu’elle les pensaient si elle dénotait un semblant d’imperfection dans son travail. Il devait déjà savoir que quand elle était prête à jurer que cette année était la sienne, elle le pensait vraiment ; tout comme elle pensait vraiment que sa tournée ferait l’évènement, et si elle refusa d’un plissement d’yeux mystérieux de lui révéler sa stratégie en cas d’échec, elle savait dans tous les cas qu’elle, elle assisterait le plus possible à ses concerts pour mériter le statut de fan numéro un sans trouver ça embarrassant.

"Qui est-ce qui est pas objectif maintenant, hm ?" demanda-t-elle à Midas en l’entendant à son tour marquer sa certitude qu’elle méritait qu’on lui accorde du crédit autant que de l’attention. Elle n’en attendait pas moins de lui, elle savait de quoi il était capable pour que le monde autours se rende compte du talent qu’elle avait. La promesse qu’il lui faisait de ne plus s’en mêler pourtant, elle la rassura parce qu’elle la savait pure, amenée par le mal que ça lui avait fait qu’elle puisse le penser insincère quand il lui disait croire en elle. Elle ne prétendrait pas que parfois, elle ne doutait pas un peu de ça, mais ce n’était que sa rancoeur qui s’infiltrait à nouveau. Il lui suffisait bien souvent de le regarder pour ne plus se laisser polluer par cette idée, et c’est ce qu’elle fit là, prenant ses baisers avec une délicate sérénité qui amena la suite d’une conversation qu’elle ne pensait pas avoir tout de suite. Elle pencha la tête, soumise à la réaction de Midas lorsqu’elle parla de leur couple comme d’une évidence à partager enfin avec le reste du monde "Tu me fixes." C’est tout ce qu’elle trouva à dire au milieu de sa réaction qui la fit rougir juste un peu, ses yeux la dévorant avant ses lèvres qui trouvèrent rapidement les siennes alors qu’il l’interrogeait sur la réflexion dans laquelle elle lui disait s’être lancée récemment. Elle aussi, elle le dévora des yeux quelques secondes avant de les plisser, l’un de ses sourcils s’arquant quand précautionneuse, elle se lança doucement "J’ai pas envie de faire de grande annonce." Il comprendrait qu’elle trouvait ça ringard "Mais arrêter de jouer au chat et à la souris avec les photographes, sortir ensemble quand on a envie de le faire sans devoir marcher à dix mètres l’un de l’autre, sortir par la grande porte et pas par la porte de service, te prendre dans mes bras quand t’auras terminé ta prestation demain soir et pas seulement de taper sur l’épaule, c’est ce que je veux, ouais." Maintenant. C’était plutôt clair. Ses mains crispées se levant devant elle dans un sentiment un peu rageur, elle ferma les yeux en poursuivant sur sa lancée "Ça va finir par me rendre malade d’être seulement vue comme ta… je sais pas, collègue de travail ? Ça me rend déjà malade et je sais, c’est ma faute." Un aveu qu’elle lui fit en rouvrant les yeux, réprimant un frisson en pensant aux fois où elle avait dû prendre sur elle ces derniers temps "Même si on continue de garder des trucs pour nous, je veux pas qu’on nous enlève des opportunités de célébrer nos victoires ensemble pour une fois." Communes ou pas, il comprendrait ça aussi. On leur avait déjà assez retiré le privilège pour qu’elle ne veuille réitérer en période de cérémonies de remise de prix, c’était une réflexion sous-entendue qu’elle ne prononça pas à haute voix, passant le bout de sa langue sur sa rangée de dents du haut. Elle marqua un temps d’arrêt pour l’observer encore, et lui dire au bout d’un moment "J’ai toujours été prête. J’avais juste un peu peur." Principalement de ce que le monde ferait de leur histoire, pas de ce que qu’elle ressentait pour lui, de ce que lui ressentait pour elle, même si ça pouvait parfois beaucoup impressionner la jeune femme mal construite qu’elle était.

Pas étonnant finalement que leur grand moment de célébration se termine en une déclaration qu’elle n’avait pas réfléchie, portée par l’euphorie. Dire qu’elle ne se rendit pas compte de ce qu’elle lui avait dit serait un mensonge cependant : Jo parlait vrai. Elle savait exactement ce qu’elle disait, à qui elle le disait, souffrant du pénible défaut d’être capable de piquer mortellement rien qu’en ouvrant la bouche. Elle ne pensait pas toujours ce qu’elle disait, surtout dans ses moments de colères légendaires, ses lèvres colorées remuant plus vite que son cerveau ne réfléchissait, restait pourtant qu’elle blessait en en ayant bien l’intention, mettant son orgueil au service de sa rancoeur avec un talent plus vif encore que celui qu’elle avait pour la musique. Aussi, très peu savait qu’elle avait aussi la qualité d’être capable de caresser tendrement en faisant exactement la même chose, capacité que là, elle mettait au service de l’écriture de ses chansons. Mais pas exclusivement, puisque l’exclusivité de ses mots doux, elle était entièrement acquise à la cause de Midas. Elle ne le regarda pas tout de suite à nouveau après lui avoir dit son je t’aime, concentrée (un peu pour de faux) sur l’écran devant elle, à quêter les nominations suivantes pour se donner une raison supplémentaire d’être heureuse, ce qu’elle était indubitablement sur l’instant. Elle le fut plus encore quand ils gagnèrent une nomination en plus, que Midas en gagna plusieurs dont celle qu’elle savait avoir une importance certaine pour lui. C’est à ce moment-là, en simultanée avec la manière dont il glissa sa main sur sa nuque qu’elle retourna la tête vers lui, les yeux gorgés d’une émotion qu’elle savait stupide, mais qu’elle ne refoula pas, lui murmurant tout en même temps "Je te l’avais dit que tu l’aurais." Est-ce que c’était important de le lui faire remarquer quand il lui subtilisa la parole pour lui rendre son je t’aime ? Elle savait que non, d’autant que ce qu’il ajouta finit de l’émouvoir d’une façon particulière, lui faisant remiser le reste de ce qui les entourait à la dernière place de ses priorités. Jo continua à s’accrocher à ses yeux en même temps que ses doigts s’accrochaient au t-shirt qu’il portait. Son corps se courba en arrière pour s’allonger sur le dos à même le sol, incitant le jeune homme à faire la même chose en tirant sur son t-shirt. Leur visage à distance de baiser, elle lui en donna un surement un peu brutal comparé à sa voix, douce, qui se fit réentendre quand elle lui demanda après coup "Redis-le." C’était une demande officielle, et si c’était un peu pathétique de quémander un je t’aime, elle ne le faisait pas parce qu’elle doutait de ses paroles. Elle avait entendu ses chansons, elle le savait déjà sans juger bon de faire semblant plus longtemps, ayant toujours deviné que ce qu’il écrivait lui était destiné, surement à quelques ponts près, en réservant d’autres à sa fille. Mais là, il le disait rien qu’à elle, sans que personne ne puisse s’imaginer qu’il était destiné à quelqu’un d’autre : c’était rien qu’à elle, rien que pour elle, elle avait le droit de le réentendre. Ses yeux ne quittant toujours pas les siens, l’un de ses genoux fila de sous l’ouverture de son peignoir pour se coincer contre la hanche de Midas, pesant contre elle, au moment où, presque tous les deux à la fois, son téléphone portable et celui du jeune homme se mirent à sonner. Il fallait s'y attendre, ce ne serait plus qu'une question de minutes avant que l’équipe de Midas ne vienne le rejoindre pour le féliciter, ce ne serait plus qu’une question de minutes avant qu’ils ne puissent profiter l’un de l’autre jusqu’à ce soir, voire jusqu’à demain — l'ordinateur de Midas, jumelé à son téléphone, se mit lui aussi à sonner. Elle ne le supplia pas du regard, même si le sien resta profondément plongé dans le sien. En revanche, elle encercla son visage avec ses mains dans une force douce qu’elle insuffla à sa volonté de venir effleurer sa bouche à la sienne quand elle décolla juste un peu la tête du sol "On s’en fout. C’est pour nous dire ce qu’on sait déjà de toute façon, ils rappelleront plus tard." Elle l’embrassa plus doucement que tout à l’heure, ne rompant leur baiser simplement pour lui ordonner à nouveau "Redis-le."

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/harleystuff

« Si tu reçois rien qui confirme que les grands manitous de l’industrie le pensent aussi, tu pourras commencer à t’inquiéter de ce qu’on pense de ton talent. » Elle sait que c’est plus compliqué que ça, Jo. Elle sait qu’il n’est pas question que d’une insécurité incontrôlable - bien qu’elle le soit - mais de quelque chose de bien plus large que ça et intrinsèquement lié aux conditions dans lesquelles j’ai gagné l’émission qui m’a propulsé sur le devant de la scène. Tout bien réfléchi, je réalise qu’en pensant bien faire, j’ai fait le même genre de cadeau empoisonné à Jo. Je ne l’avais pas envisagé sous cet angle-là à l’époque, mais il est évident que je me suis comporté comme un con et en partie comme un égoïste et qu’elle avait raison de m’en vouloir. Il est peut-être un peu tard pour ce genre d’épiphanie, mais puisque je n’ai de toute façon pas attendu pour faire mon mea culpa et ramper à ses pieds, est-ce bien grave ? « Mais en attendant, fais-moi confiance quand je te dis que la probabilité joue en ta faveur. Je te serine pas pour que tu te sentes mieux, j’y crois. » - J’embrasse son front avec tendresse et pour une raison très simple. « Je sais que t’y crois. » Quiconque qui traiterait Jo d’hypocrite serait un fieffé menteur. Elle est loin d’être parfaite - je prétends toutefois l’ignorer - mais elle est ce qui se fait de plus authentique, la brune.

Et c’est parce qu’elle est authentique que je sais qu’elle ne joue pas en me faisant miroiter un futur où nous pourrions nous afficher en tant que couple. C’est parce qu’elle pratique le parler-vrai et le parler-franc que je sais qu’elle est sérieuse et que cette confession faites sur un ton anodin est le fruit d’une réelle réflexion. Elle est prête, voilà ce qu’elle souffle, ou en tout cas elle prévoit de l’être bientôt et il ne m’en faut guère plus pour être renversé. « Tu me fixes. » Peut-être bien. Mais je m’en fous ; je n’ai pas peur de tous les sentiments qui transparaissent dans mon regard. Mes désirs - ceux que je taisais - sont exaucés par la brune et je pourrais lui faire l’amour sur le champ et sur le tapis à poils longs du salon de ma suite d’hôtel pour lui témoigner toute ma reconnaissance et mon amour. Parce que je sais que c’est ce que je ressens à son égard, je n’ai pas le moindre doute à  ce sujet. Du bout des doigts, je caresse sa joue. « J’ai le droit, non ? » Un sourire discret sur les lèvres je la "défie" de m’interdir de la dévorer des yeux. « J’ai pas envie de faire de grande annonce. Mais arrêter de jouer au chat et à la souris avec les photographes, sortir ensemble quand on a envie de le faire sans devoir marcher à dix mètres l’un de l’autre, sortir par la grande porte et pas par la porte de service, te prendre dans mes bras quand t’auras terminé ta prestation demain soir et pas seulement de taper sur l’épaule, c’est ce que je veux, ouais. » Et c’est ce que je veux aussi, ai-je réellement besoin de le lui dire ? Ne le sait-elle pas déjà et depuis des mois ? Je ne me suis jamais caché que notre situation ne me convenait pas, j’ai simplement fait en sorte de ne pas le lui faire ressentir ou de le déposer sur ses épaules parce qu’elle avait ses raisons et qu’à défaut de les comprendre, je les respectais. « Ça va finir par me rendre malade d’être seulement vue comme ta… je sais pas, collègue de travail ? Ça me rend déjà malade et je sais, c’est ma faute. » Je me mordais déjà la langue pour me retenir de lui rappeler que si tout cela n’avait tenu qu’à moi, cela fait longtemps qu’il serait officiel qu’elle est bien plus que ma collègue de travail. Moi, je brûle de dire au reste du monde que les rumeurs étaient vraies, que toutes mes chansons parlent d’elle et que ce n’est pas au bras de Tomlinson ou n’importe quel illustre inconnu qu’elle s’affiche mais au mien, que ce n’est pas ceux de quelqu’un d’autre qu’elle rejoint le soir mais que c’est dans les miens qu’elle s’endort. « Même si on continue de garder des trucs pour nous, je veux pas qu’on nous enlève des opportunités de célébrer nos victoires ensemble pour une fois. » Je l’embrasse pas pour l’obliger à se taire, mais pour lui dire qu’elle en a le droit, qu’elle n’a pas besoin de justifier sa décision ou de m’exposer toutes les choses qui font que c’est la bonne chose à faire que d’arrêter de se cacher, puisque je suis déjà acquis à sa cause. « J’ai toujours été prête. J’avais juste un peu peur. » Après ses lèvres, c’est le sommet de son crâne et ses cheveux propres que les miennes se posent. « Je sais. » Je sais qu’il n’était pas question de ne pas assumer d’être avec moi même si, parfois, mon insécurité m’a poussé à me poser des questions. Elles ont toutes rapidement trouvé des réponses plus rationnelles. « J’ai pas besoin que tu fasses une grande annonce. » Je n’en ai jamais eu besoin, à vrai dire, j’ai tendance à penser que ce sont des choses qui plutôt tiennent à coeur aux femmes qu’aux hommes, ces choses-là. « Donc ce soir, au restaurant - » Que mon équipe soit avec nous ne fait pas la moindre différence à mes yeux. « J’ai le droit de te prendre la main et de t’embrasser à chaque fois et autant que j’en ai envie ? » Ou tient-elle malgré tout a garder une certaine forme de pudeur ? J’ignore tout de sa façon de voir les choses et de gérer le pan public de ses relations. La presse ne lui en a pas prêté pendant ses années d’anonymat, j’ai évidemment veillé au grain dans le plus grand des secrets. « Parce que j’ai plus envie de me retenir. » Surtout pas alors que dans mon entourage, notre relation n’est plus qu’un secret de polichinelle et que je me moque du regard des inconnus qui nous entoureront au restaurant ou dans n’importe quel lieu public. La part possessive de moi se réjouit évidement de remettre les pendules à l’heure mais, du reste, je me moque de ce qu’on peut dire nous concernant. « Et demain, quand on me posera la question - » Parce qu’on le fera, la plupart des journalistes et intervieweurs n’ont que celle-là à la bouche. « - j’ai le droit de dire la vérité ? » Si je tiens à poser toutes ces questions, c’est parce que je n’ai pas envie de faire la moindre erreur et de lui sembler pressant alors que j’aurais simplement été un peu idiot.
 
« Je te l’avais dit que tu l’aurais. » Elle l’avait dit mais, alors que je suis bien plus concentré sur sa déclaration que sur les nominations que je viens de récolter, cela ne me semble pas avoir la moindre importante. D’ici quelques heures, lorsque je serai redescendu de mon nuage, j’aurais à coeur de fêter mes victoires, nos victoires. Pour l’instant, je n’ai envie de penser qu’à ces trois petits mots qu’elle vient de prononcer. « Redis-le. » je peux le redire, ça n’a pas la moindre importance. Et mon téléphone qui sonne, le sien qui s’y met à son tour en canon, ça n’a pas la moindre foutu importance. Pas alors qu’elle attrape mon t-shirt entre ses doigts pour m’attirer contre elle et nous laisser tomber tous les deux contre le sol. Mon équipe attendra. Olive, mes parents, Cassie ou je ne sais qui encore, ils attendront parce que j’ai décidé que la confession de Jo l’emportait sur tout le reste ; mes sentiments pour elle l’emportent sur tout le reste. « On s’en fout. C’est pour nous dire ce qu’on sait déjà de toute façon, ils rappelleront plus tard. Redis-le. » - « Bien sûr qu’on s’en fout. » Je ne les entends même pas vibrer, nos téléphones. Je n’écoute plus la cérémonie qui se termine en guise de fond sonore. « J’ai toujours su que j’étais fou de toi Jo. » J’ai su qu’elle ne ferait qu’une bouchée de moi le premier soir où nous avons chanté en duo, en plus de ça. J’ai su que je ne pourrais jamais lui refuser grand-chose, juste pour l’espoir qu’elle me regarde un peu plus longtemps avec ces yeux. « Ça a toujours été toi. » Même Harleen, que j’ai cru aimer l’espace de quelques semaines, n’a jamais fait battre mon coeur comme Jo le fait en m’embrassant. « Je t’ai toujours aimée. » Et une part de moi, celle qui ose et qui a confiance, sait que c’est peut-être bien aussi son cas. « J’ai été trop con. » De pas chercher à lui courir après un peu plus fort, avec un peu plus d’insistance à l’époque. « Je te laisserais plus partir. »

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"Peut-être que j’aurais besoin de respirer à un moment donné tu sais, mais —" Elle ne ferait pas semblant de ne pas savoir que chaque fois que Midas la regardait, il avait envie de l’embrasser puisqu’elle ressentait la même chose, alors elle s’en moqua un peu. Le moment était important, et comme à chaque fois, Jo ne se sentait pas armée pour le vivre sans faire un peu d’humour. Elle en rit le nez froissé, sa main se déposant à plat près du col du t-shirt de Midas, ses doigts frôlant doucement l’arrondi du tissu recouvrant sa clavicule pendant qu’elle reprenait graduellement son sérieux pour mieux continuer, sa tête remuant en même temps "— je t’empêcherai pas de le faire." Elle n’avait pas prévu que cette conversation prenne cette tournure, elle ne s’était pas arrêtée sur un moment opportun où lui dire tiens au fait, on devrait arrêter de faire semblant, mais elle sentait en le faisant aussi naturellement qu’un poids s’allégeait entre eux, celui que Midas portait sur les épaules depuis qu’elle lui avait dit ne pas être prête à revendiquer leur couple la rendant coupable de quelque chose qu’elle n’avait plus envie de porter, elle non plus. Elle s’en foutait des autres, la question n’était même pas là. Mais l’impression de lui devoir tellement se faisant de plus en plus prégnante, elle redoutait qu’on se rende compte qu’elle avait une dette envers lui, et qu’on l’accuse de tout et son contraire, notamment d’en profiter d’une façon ou d’une autre, l’obligeant à agir en son nom. C’était ça qui lui avait fait peur, qui continuerait surement à lui faire peur un moment encore ; que comme Cassie, on vienne la mettre face à l’idée qu’elle n’était pas sincère avec lui, quand ça ne pouvait pas être plus faux. Comme elle était comme elle était, qu’elle ne fuyait jamais face aux préjugés, les traitant comme de belles étiquettes pour faire reluire son armure plutôt qu’autre chose, elle savait ce qu’on penserait d’eux, d’elle en particulier. Mais cette étiquette là, elle ne voulait pas la porter. C’était bien la seule de laquelle elle se défendait avec véhémence Jo, comme si elle devait à tout prix prouver qu’elle était digne de l’homme dont elle était tombée follement amoureuse. Ils étaient différents, c’était notoire, et jamais on accuserait Midas de profiter d’elle. Ça, c’était une présomption qu’on lui réservait exclusivement "Tu seras même pas obligé de me lâcher la main si t’en as pas envie. Moi je compte pas te la lâcher. Juste pour que tu le saches." Elle renchaina malicieusement dans l’intervalle dont il eut besoin pour reprendre sa respiration, suivant ses yeux avec les siens, et continuant d’opiner pour donner une authenticité à ce qu’elle l’autorisait à faire. Absolument tout. Elle tacherait de prendre sa peur entre quatre yeux pour qu’elle ne lui rappelle pas que c’était sans doute un peu dangereux "Et j’ai plus envie que tu te retiennes." lui confirma-t-elle juste après, ses yeux ne se dérobant pas des siens. Il y aurait des limites à fixer, c’était une certitude, mais pour l’heure, dans la sphère privée, là où quand ils n’étaient pas seuls, ils se contentaient de se regarder, ils pourraient passer à l’étape du dessus en confirmant les rumeurs qui circulaient déjà dans tous les cas. Pour la partie publique en revanche, elle fronça brusquement les sourcils "Non, pas demain." Pas parce qu’elle ne le voulait pas, et elle n’avait pas envie que les espoirs de Midas se dégonflent alors qu’elle venait s’insuffler un peu d’air frais dans sa volonté d’être le même couple partout, privé ou public, alors elle ajouta immédiatement "Demain, c’est ton jour. C’est un évènement important, faut pas le minimiser et le faire tourner autour de nous. Ils auront tout le temps de te poser ce genre de questions plus tard, et t’y répondras comme t’auras envie de le faire à ce moment-là." Il était l’invité musical du Saturday Night Live, c’était une étape à franchir dans une carrière, et parce qu’elle le savait mieux que quiconque, elle ne voulait pas lui retirer l'occasion de briller par sa musique, et seulement par sa musique. Ça ne l’empêcherait pas de le prendre dans ses bras comme elle le lui avait dit tout à l’heure, mais pour un jour encore, il pouvait tenir sa langue et recueillir l’attention qu’il méritait en tant qu’artiste — pas en tant que célébrité qui confirme sa relation avec celle avec qui on lui prêtait une histoire depuis des années déjà. Elle le regarda, la tête penchée sur le côté, sa main remontant sur son visage pour dégager son front de ses cheveux pour pouvoir l’embrasser là, juste entre ses deux yeux, où elle voyait la tension s’accumuler soudainement "Laisse encore planer le doute demain." Elle laissa ses lèvres l’effleurer encore un instant, avant de  lui donner un dernier baiser appuyé sur son front, puis de se reculer pour ajouter, l’air faussement mystérieux "Après-demain, par contre…" Après-demain, par contre, elle ne lui reprocherait pas d'avoir été bavard.

Elle ne pensait pas qu’un je t’aime la bouleverserait autant, et pourtant, prenant la mesure de ce qu’elle avait déclenché, elle se rendit compte combien elle avait besoin d’entendre ce qu’il lui disait maintenant, répondant à son ordre sans même le discuter. L’attention de Jo toute dirigée vers Midas, oubliant presque ce qu’ils venaient d’apprendre, elle laissa ses mains posées contre ses mâchoires, la tête fixée à ce tapis sur lequel elle s’était allongée en l’emmenant avec elle, ses lèvres l’effleurant au passage des mots qu’il prononça en retour — pour s’arrêter quand il remit en cause la manière dont il l’avait laissée filer. Elle lui maintint doucement le visage entre ses paumes, ses pouces caressant les contours de sa barbe "Midas, on s’en fout de ça aussi." Elle n’était pas tranchante comme d’habitude, elle souriait doucement en lui coupant la parole, le genou qui le gardait contre elle se resserrant un peu sur sa hanche "On a tous les deux été trop cons. Moi certainement plus que toi, puisque je t’en ai voulu pour quelque chose dont t’étais même pas responsable." Son ventre se gonflant des mots qu’elle avait besoin de lui dire, elle continua "Je t’ai pas moins aimé pour autant. Au contraire. Je t’ai attendu." Elle était certaine de ne le lui avoir jamais avoué, mais personne, pas mêmes ses amies, ne lui connaissaient d’histoires sérieuses, même les ragots concernant Micah restaient superficiels — elle ne lui jamais avait avoué non, comme autre chose qui lui vint à l’esprit en même temps, ses yeux accrochés résolument aux siens, ses mains glissant de son visage jusqu’aux côtés de son cou "Tu sais pourquoi j’ai pété un plomb pendant le premier live du Revival ? Quand je t’ai accusé d’être amoureux de moi, t’as nié, et t’avais l’air si sûr de ça, si sûr de toi, que ça m’a brisé le coeur." Elle ne s’attendait surement pas à ce que son regard se remplisse de larmes, mais sa vision se brouilla sans lui laisser voix au chapitre, alors elle se força à fermer brièvement les yeux pour reprendre sur elle. L’ironie, de penser qu’à presque un an d’intervalle, la partie vengeresse de sa personnalité lui avait craché au visage qu’elle le haïssait — pour que la partie la moins dure d’elle-même lui dise tout le contraire aujourd’hui. A nouveau sûre d’elle, elle prit une profonde inspiration, rouvrant les yeux en décalé pour lui emprunter sa formulation de phrase "Ça a toujours été toi —" Et ajouter dans le même temps "— et je compte aller nulle part."

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/harleystuff

« Peut-être que j’aurais besoin de respirer à un moment donné tu sais, mais… Je t’empêcherai pas de le faire. » J’attendais qu’elle soit prête depuis des semaines, depuis qu’elle a accepté de nous redonner une chance et avant encore, je l’attendais même lorsque nous étions enfermés dans notre chambre d’hôtel quasi toute la durée du Revival. Sans que la situation ne me plaise, j’ai tenté de ne pas être pressant, de ne pas lui donner le sentiment que j’attendais quelque chose d’elle qu’elle n’était pas en mesure de me donner et surtout, je ne voulais pas qu’elle ait le sentiment que je tentais de lui forcer la main d’une quelconque façon. Mais malgré tout, j’attendais et, aujourd’hui, sa décision m’apporte bien plus d’allégresse que notre nomination que je voulais à tout prix obtenir bien plus pour elle que pour moi. Amusée, mes lèvres s’étirent en un sourire charmé et, tandis que je glisse une mèche de ses cheveux derrière son oreille, j’en profite pour laisser ma main glisser un peu plus longtemps que nécessaire sur sa joue. Elle est prête et, moi, je suis comblé.  « Tu seras même pas obligé de me lâcher la main si t’en as pas envie. Moi je compte pas te la lâcher. Juste pour que tu le saches. » - « Je te laisserai plus le faire, de toute façon. » Non, maintenant que j’ai tous les droits de cesser de cacher mon couple, je ne le cacherai plus. « Et j’ai plus envie que tu te retiennes. » Doucement, je récupère sa main dans la mienne pour en embrasser le dos, avant de déposer mes lèvres sur chacun de ses doigts. Je ne le ferai plus. Je serai avec elle en public comme dans la sphère privée et je me moque de devenir au yeux de mon public un homme mièvre et dépendant, celui auquel on colle - trop facilement à mon avis - l’étiquette de "canard". Je ne cacherai pas que, pour elle, je suis prêt à décrocher la lune parce que c’est le genre de garçon que je suis.

« Non, pas demain. » Sa réponse me surprend et, perplexe et confus, je suis perdu. La subtilité qu’elle instille à notre conversation m’échappe, de toute évidence : les femmes sont bien trop compliquées pour moi, Jo en tête de ce classement. « Demain, c’est ton jour. C’est un évènement important, faut pas le minimiser et le faire tourner autour de nous. Ils auront tout le temps de te poser ce genre de questions plus tard, et t’y répondras comme t’auras envie de le faire à ce moment-là. Laisse encore planer le doute demain. Après-demain, par contre… » Ah. Je hausse les épaules, signe que je n’accorde pas réellement d’importance à ce genre de chose de mon côté. « Si tu savais comme je m’en fous. » Pas d’être invité à participer à l’un des plus célèbres talk show, de cela, j’en suis fier, mais d’être invité à parler d’autre chose que de ma musique me laisse de marbre. Que les gens parlent de nous, de mon album ou de moi, cela fera vendre des disques de toute façon. « Toutes les chansons de cet album parlent de toi. On a été vu ensemble ici - » Nous avons fait attention à ne pas nous trahir avec des gestes de tendresse, nous tenant toujours à une distance respective l’un de l’autre, mais puisque nous sommes tous les deux en même-temps à New York, je suis certain que les tabloïds spéculent déjà. « - ça tombera que je nie ou pas. Mais si tu préfères que j’attende, alors j’attendrai. » Un jour de plus ou de moins, cela ne changera pas grand-chose. Toutefois, à présent que j’ai son feu vert, chaque minute à attendre un peu plus me semble en durer trois.

Sa déclaration, je ne l’attendais pas. Je ne doutais plus vraiment de ce qu’elle ressent pour moi et je n’avais besoin qu’elle saute le pas pour me sentir bien et en confiance à ses côtés. Bien sûr, cela ne signifie en rien que je ne suis pas renversé. Elle me bouleverse, Jo, dans sa timide pudeur. Elle qui est d’une fougue et d’une audace rare, elle rougit presque lorsque vient le moment de confier ses sentiments et je l’ai rarement trouvée aussi belle qu’aujourd’hui. Elle ne porte pas une luxueuse toilette. Elle n’est pas maquillée de façon sophistiquée. Ses cheveux n’ont pas été travaillés par quelqu’un dont c’est le travail, mais je m’en fous. Ne pas lui retourner sa déclaration n’est même pas une option : je sais depuis longtemps ce qu’il en est, ce que je ressens pour elle. Je ne me mens plus depuis des mois, à vrai dire. « Midas, on s’en fout de ça aussi. On a tous les deux été trop cons. Moi certainement plus que toi, puisque je t’en ai voulu pour quelque chose dont t’étais même pas responsable. » - « C’est pas grave. » Si elle en a besoin, alors je lui dirai que je la pardonne mais elle n’a rien à se faire pardonner, si on me demande mon avis. « Ça n’a plus la moindre importance. » J’embrasse à nouveau ses lèvres, penchée au dessus elle et une main posée à plat au sol pour soutenir mon poids et ne pas l’écraser. « Je t’ai pas moins aimé pour autant. Au contraire. Je t’ai attendu. » Je l’ai fait aussi, à ma façon. Posy a été un accident, un accident que je ne regrette pas, mais je ne suis pas tombé sous le charme d’une autre au point de décider de lui faire un enfant et de construire toute ma vie avec elle. Je me suis laissé porter par la vague, et Harleen a choisi sans moi ; elle était en droit de le faire, et il était hors de question que je n’assume pas derrière.  « Tu sais pourquoi j’ai pété un plomb pendant le premier live du Revival ? Quand je t’ai accusé d’être amoureux de moi, t’as nié, et t’avais l’air si sûr de ça, si sûr de toi, que ça m’a brisé le cœur. » Je secoue la tête et, alors que ses yeux se mettent à briller, je caresse doucement sa peau. Ma main gauche épouse la courbe de sa joue, je ne veux pas qu’elle pleure. « Ça a toujours été toi et je compte aller nulle part. » - « Tu sais que c’était faux. » Elle m’a pris par surprise et a utilisé les mots et mes sentiments pour me railler, elle a obtenu une réaction prévisible en retour. « Ça m’a révolté parce que je pensais que tu le savais pertinemment, et que tu l’utilisais pour te foutre de ma gueule. » C’est une grande gueule Jo, une grande gueule qui utilise la moquerie pour répondre à tout un tas d’émotions, de la colère à la surprise en passant par la frustration. « T’aimes pas quand je parle de Harleen, mais tu dois l’entendre. » Parce que récemment encore, elle m’a accusé d’être tombé amoureux d’une autre au point de faire un enfant avec elle. « J’ai jamais ressenti pour elle ce que je ressens pour toi. Je t’ai cherché partout, dans toutes les femmes que j’ai pu rencontrer, elle était pas une exception. C’est pas ta rivale, elle l’a jamais été et elle t'arrive pas à la cheville à mes yeux. » Je dépose un baiser sur ses lèvres, espérant ne pas avoir fait preuve sans m’en rendre compte de maladresse. « Quand je dis que pour moi aussi, ça a toujours été toi, je le pense. Je le pense vraiment. » Je n’ai pas vécu une grande histoire d’amour avec une autre pendant qu’elle se languissait de moi et de nos souvenirs communs.  

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Ce ne serait qu’une procédure quasi solennelle de rendre officielle leur relation, mais l’importance que ça avait vraiment, Jo le mesurait à la réaction de Midas qu’elle voyait heureux rien qu’à l’entendre lui dire qu’elle baissait les armes, qu’après son passage au SNL, il pourrait parler d’elle comme celle qu’il aimait, ou peu importait au fond comment il voulait l’appeler. Tant pis si c’était vieux jeu, tant pis si la dépendance affective était mal vue de nos jours, Jo se foutait qu’on puisse la juger rétrograde quand elle revendiquerait dans tous les cas qu’elle lui appartenait, et vice-versa. Elle ne voulait pas s’excuser de croire assez fort en ses sentiments pour lui pour le voir comme rien d’autre que son âme-soeur, quand bien même ils sortaient d’un moule différent, que leurs réactions n’étaient jamais les mêmes, qu’ils avaient leur propre mécanisme de défense, qu’ils osaient même penser et agir différemment : à la fin de la journée, ils se complétaient, et c’était sa version de la destinée. Ce n’était pas parfait, elle se lasserait bien vite si ça l’était de toute façon, mais ce que Midas lui offrait comme dévouement, comme sérénité, comme loyauté et comme amour, elle ne l’avait jamais reçu de la part de quelqu’un d’autre que lui, et ça voulait dire quelque chose qu’elle se sentait vraiment prête à partager pour qu’on les jalouse un peu plus, et pour que chacun prenne sens qu’en plus d’être jeunes, beaux, riches, talentueux, ils avaient en plus eu la chance d’avoir trouvé leur alter-ego.

"Non, j’en savais rien." Elle objecta dans un murmure doux, ses yeux passant de l’un à l’autre de ceux de Midas, et ce plus par envie qu’il comprenne son état d’esprit de l’époque, plutôt que pour faire comme d’habitude et obtenir le dernier mot. Si elle partait du principe galvaudé par son énorme ego que tout le monde ne pouvait que tomber sous son charme en la côtoyant — quoiqu’elle n’était pas la dernière à vouloir qu’on la déteste, tant qu’on ressentait quelque chose pour elle, c’était qu’elle avait de l’importance —, Jo n’avait jamais voulu aller au-delà de ses désirs enfouis pour mettre le doigt sur ce que Midas, lui, ressentait à son sujet. Ils s’étaient embrassés une fois, elle avait gardé ça pour elle un nombre incalculable d’années en se demandant ce que ça voulait dire pour lui — tout en sachant que pour elle, ça aurait pu être le déclencheur de quelque chose qui avait été tué dans l’oeuf à la seconde où son nom était ressorti des votes des téléspectateurs, et que leur route s’était séparée du jour au lendemain. Il aurait tout aussi bien eu juste envie de la sauter, et cette possibilité avait été le terreau de sa rancoeur à l’époque du premier live du Revival, tant était qu’elle lui avait fait remarquer. Ça ne servait à rien de refaire l’histoire quand cette dernière avait retrouvé un cheminement qui apaisait son coeur et son âme, mais si elle avait été convaincue de quelque chose, ce n’était que de ce qu’elle ressentait pour lui à l’époque. Elle répéta "J’en savais rien. Et je savais pas non plus comment te dire que j’avais pensé à toi pendant six ans parce que j'avais peur de passer pour une conne qui a fantasmé sur tout ce qui s'était passé entre nous." Ou tout ce qui ne s'était pas passé entre eux "On s’était disputé à propos de Charlie. Tu m’as dit que tu me devais rien quand ça concernait ta vie privée, j’ai cru que c’était ta manière de me dire de pas me faire d’idées." Elle avait peut-être tenté de prêcher le faux pour savoir le vrai aussi, elle l’admettrait. Mais elle s’était fait prendre à son propre piège et ça l’avait blessée, atrocement ; tout comme d’apprendre l’existence de Posy, jamais elle ne le nierait. Elle prit une nouvelle et profonde inspiration en acceptant d’écouter la suite de ce qu'il avait à lui dire à propos de Harleen — c’était moins à propos de la mère de sa fille que d’elle, et si la rebuffade n’aurait pas été injustifiée cette fois, le sujet restant tout de même très délicat pour elle, ce qu’il lui dit fit fondre la totalité du dédain qu’elle pouvait ressentir à ce sujet et rejeter en bloc l’idée de mal prendre ce qu'il était en train de lui avouer, sans ciller. Au contraire, elle croyait en ce qu’il lui disait parce qu’elle osait affirmer que jamais il ne lui ferait une déclaration pareille si elle était fausse, et ne put, qu’en l’embrassant de nouveau, regretter que leur pudeur de l’époque les avait mené à perdre autant de temps, putain. Elle n’avait plus envie de perdre un seul instant à nier qu’elle l’aimait lui, et personne d’autre, et ce n’était surement pas les sonneries de leur téléphone respectif qui reprirent en canon qui la fit battre en retraite de sa volonté d’abuser encore un peu de la patience de leurs équipes, de leurs amis, de leurs familles "On s’en fout." lui chuchota-t-elle encore une fois en l’obligeant à ne plus se retenir de peser contre elle, et se laissa dévorer par ses lèvres, puis pressée par le poids agréable de son corps contre le sien.

rp terminé.