ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31457 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014 | (#)Dim 12 Nov 2023 - 21:36 | |
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concours de contes d'halloween les résultats Tout d'abord, nous tenons à remercier tous les membres qui ont joué le jeu en prenant part aux votes ou en participant à cette nouvelle initiative. Par ailleurs, il est grand temps de vous dévoiler quel auteur se cache derrière les différents contes qui vous ont été proposés. A présent, le moment que vous attendez tous est enfin arrivé : les résultats. Comme annoncé, trois catégories grâce auxquels les courageux écrivains pouvaient se distinguer : le trouillomètre, le style et la créativité. Pour le trouillomètre, nous pouvons féliciter @Elijah Walker (76 pts) qui se hisse sur le haut du podium. Il est suivi de près par @Laoise McLoughlin (72 pts) et par @Jonah Fletcher (65 pts) Pour le style, nous vous invitons à applaudir @Elijah Walker (79 pts) suivi par @Jonah Fletcher (77 pts) et @Finnley Coverdale (75 pts) - Récit de Elijah:
Récit n°3 Stephen King n'est pas prêt : il tremble. Plutôt qu’une curiosité déplacée, ce fut une force inexpliquée qui guida ses pas vers la mystérieuse maison, alors qu’il était censé poursuivre son chemin jusqu’à la forêt environnante. Les rumeurs allaient bon train autour de la demeure et de son occupante : il n’était pas fréquent pour une femme de son âge de vivre seule, et tous ignoraient d’où elle tenait sa fortune colossale. Mais il n’était pas de ceux qui prêtaient attention aux racontars, et si cet étrange magnétisme ne l’avait pas attiré vers sa porte d’entrée, il ne se serait jamais permis d’y pénétrer sans y avoir été invité. Comme hypnotisé, il actionna la poignée, sans s’interroger sur ce comportement qui ne lui ressemblait pas, et s’engouffra à l’intérieur.
À l’instar de cette force mystérieuse, il était asservi à la passion inédite qu’il nourrissait pour la maîtresse des lieux. Il ignorait pratiquement tout d’elle, à l’exception de son nom, de sa beauté surnaturelle et de la mélodie cristalline de son rire – pourtant, seulement trois jours après leur rencontre, le voilà prêt à se damner pour elle, trop transi d’amour pour remarquer à quel point l’ardeur de ses sentiments était inquiétante.
Presque mécaniquement, sa trajectoire le dirigea vers le sous-sol qui s’étendait en bas de l’escalier de pierre qu’il descendit sans hésiter. Dans le couloir à peine éclairé par le peu de lumière qui filtrait depuis l’étage, il discerna des portes en bois brut, et, sans savoir pourquoi, il approcha l’une d’entre elles, imparfaitement gardée par un cadenas mal fermé. Une seconde d’hésitation, ultime reliquat d’une lucidité presque complètement disparue, le traversa avant qu’il n’ouvre la porte.
Le spectacle qu’il découvrit à travers la pénombre ambiante fut glaçant, et fit se lever instantanément l’étrange brouillard qui avait gardé prisonnier son esprit jusqu’ici. Au sol gisaient des silhouettes nues, ensanglantées, apparemment sans vie. Leurs bustes étaient retenus contre les murs grâce aux chaînes enroulées autour de leurs poignets flasques, mais leurs postures grossières indiquaient clairement qu’aucune force musculaire ne contribuait plus à les maintenir redressés. Il sentit se glacer le sang dans ses veines, et les poils se hérisser sur sa nuque tandis que son esprit cherchait frénétiquement une explication au tableau d’horreur qui se dessinait sous ses yeux incrédules et terrifiés. Son regard fut attiré par un infime mouvement, et il sursauta en remarquant que l’un des hommes au sol était encore vivant. Celui-ci remua faiblement et laissa échapper, dans un râle à peine audible : « C’est elle… elle qui m’a fait ça… »
Le cœur tambourinant à ses oreilles, les poumons vidés de leur air, il fit volte-face et se précipita vers les escaliers qu’il remonta à toute vitesse. Il fut toutefois coupé net dans son élan lorsqu’il atteignit le rez-de-chaussée : elle se tenait déjà sur le palier, sa beauté désormais terrifiante. Son sourire, encadré par deux canines saillantes, n’avait rien perdu de sa douceur, tout comme sa voix, déjà lointaine, qui résonna une ultime fois à ses oreilles : « Mon amour… je t’attendais. »
Pour la créativité, vous avez été ébahi par @Laoise McLoughlin (80 pts). A la seconde place, nous retrouvons @Jonah Fletcher (74 pts) et juste derrière, @Elijah Walker (56 pts) - Récit de Laoise:
Récit n°1 Stephen King n'est pas prêt : il tremble. Tu trouves la dent dans un coffret égaré parmi les choses que ta mère t’a léguées. Blanche, plutôt banale, elle n’a de particulier que sa pointe étrangement acérée. Dans le coffret, aucun indice sur son propriétaire, mais sûrement que c’est la tienne. Grande excentrique, ta mère aurait certainement été capable de conserver ainsi l’une de tes dents de lait en souvenir de ton enfance. Tout de même perplexe, tu brandis ta trouvaille sous le nez de ton colocataire. Amusé, il te suggère de la placer sous ton oreiller, comme autrefois. T’es con, te contentes-tu de répondre, agacé comme souvent par ses âneries. Sauf que l’idée ne te quitte pas. Le soir venu, tu t’assois sur ton matelas, la dent posée au creux de ta paume. Tu te sens un peu bête, c’est vrai, mais tu ne peux ignorer l’envie irrésistible de la glisser sous ton oreiller. Alors c’est ce que tu fais.
Un bruissement te réveille. Vivement, ton bras s’enfonce sous l’oreiller. Plutôt que de se refermer, comme tu l’imaginais, autour du poignet de ton colocataire venu t’apporter un cadeau douteux, tes doigts ne rencontrent que du vide. Confus, tu te tournes sur le dos. Un poids se pose sur ton épaule, menaçant en dépit de sa légèreté. Tu entends à nouveau le bruissement, à ton oreille cette fois. Quelque chose te grimpe dessus, des griffes effleurent ta peau. Tu voudrais bouger, mais tu es paralysé. C’est tout juste si tu réussis à nouer tes doigts nerveux dans les draps.
La chose progresse. Elle se hisse maintenant sur ton menton. Tu louches vers elle, tente de l’apercevoir. Une silhouette se détache contre la lumière diffuse des réverbères qui s’infiltre par la fenêtre; une créature lilliputienne, habillée d’une robe en lambeaux. Sous sa courte crinière échevelée, ses yeux malins brillent d’un éclat verdâtre. Elle glapit de plaisir en se penchant vers toi. Ses griffes se plantent dans ta lèvre, effilées comme des rasoirs. Un cri de surprise mêlé de douleur t’échappe.
Dans les lambeaux de sa robe, elle trouve des pinces métalliques qu’elle glisse dans ta bouche. La créature rouspète et couine, tapote tes dents l’une après l’autre, s’arrête enfin sur une molaire. Ton cœur bat violemment dans ta poitrine. La sueur perle à ton front. Tu voudrais te réveiller de ce cauchemar, hurler à l’aide, mais rien d’autre ne sort de ta bouche que ton souffle paniqué et un gémissement rauque lorsque les pinces se referment sur ta dent. Pénible, la pression se transforme rapidement en une brûlure insupportable qui déchire ta gencive comme si on l’empalait. Un goût ferreux inonde ta langue, un liquide poisseux s’écoule lentement au fond de ta gorge. Des taches colorées dansent dans ton champ de vision. Tu vas t’évanouir, la douleur est insoutenable. Insensible, la créature se redresse, prend appui sur ton menton pour poursuivre son travail de boucher. La dernière chose que tu aperçois avant de t’enfoncer dans l’obscurité, c’est son sourire cruel et ses dents. Blanches, banales, acérées. Il en manque une.
Et le podium, toutes catégories confondues, met à l'honneur @Jonah Fletcher (216 pts), @Laoise McLoughlin (210 pts) et @Elijah Walker (201 pts) - Récit de Jonah:
Récit n°6 Stephen King n'est pas prêt : il tremble.Rachel Il est tard lorsque j'émerge de mon bureau pour rejoindre notre chambre. Le silence glisse dans la maison baignant dans les nuances de gris et d’argent. Rachel ne dort pas. Immobile, elle est assise devant sa coiffeuse, une image rare depuis longtemps. Une créature de beauté. Une muse captivante. Pour moi, Rachel est tout cela et plus encore. Elle attirait tous les regards, lors de nos sorties. Ceux des hommes aux désirs inassouvis. Ceux des femmes, aiguisés par la convoitise. Tous, tiraillés par la fascination, savant mélange de jalousie et d’admiration. Son charme inspirait l’envie d’être près d’elle, le besoin d’être comme elle. Car l’attention qu’elle portait à l’être lambda l’animait immédiatement de l’illusion d’exister au-delà de sa dérisoire existence. Et j’étais bouffi de fierté de la savoir à mon bras, le gardien de cette création sublime que le temps ne pouvait ternir. Dans l’obscurité, j’approche de Rachel, sa silhouette légèrement discernable dans la pénombre, ses formes caressées par l’éclat de la lune. Immobile, toujours, elle fredonne doucement, une touche d'enthousiasme perdue depuis longtemps dans sa voix. Je me souviens encore des cris, lorsqu’un jour Rachel saisit une poignée pleine de sa chevelure ébène, jadis luxuriante, au cours de son brossage quotidien. Ses mèches parsemaient désormais le sol à chaque toilette. J'avais essuyé ses larmes en jurant que sa beauté demeurait inchangée. Je revois le sang couvrant la porcelaine de la salle de bains tandis que ses dents jonchaient le fond du lavabo. Elle en trouva sur son oreiller, dans son assiette. J’avais baisé sa joue en lui assurant qu’elle demeurait l’exquise créature que j’aimais. Que si elle se voyait à travers mes yeux, elle saurait que ses peurs faisaient mentir son reflet. Malheureusement, l'image de cette déchéance l’avait hantée sans répit. Une décrépitude qu’elle seule semblait voir. Mes mots et mon affection n’étaient d’aucun réconfort. Les crèmes et les traitements étaient vains à ses yeux. Rachel avait glissé dans le mutisme et l’apathie. Posant ma main sur son épaule, Rachel se tourne vers moi. D’effroi, je bondis en dévisageant le monstre qui s’est emparé de mon épouse. Un scalp sanglant orne sa tête, une perruque fraîchement arrachée à une autre, grossièrement déposée sur ses propres cheveux devenus fins et gris avec l’âge. La chair semble palpiter sur son crâne pâle, les sillons vermeils zèbrent son front. A travers ses lèvres sèches et amaigries, des dents humaines composent son sourire à la torsion grotesque, brochées à ses dernières molaires et enfoncées dans ses gencives sanguinolentes. L’assemblage de chairs disposées de manière éparse sur son visage, comme un masque sordide, forme la caution macabre de ses vains efforts pour échapper à l'inexorable passage du temps. Le dentier barbare claque en cadence avec les spasmes de sa cage thoracique. Le rire sinistre de Rachel emplit l’air vicié de la chambre et déforme, avec une expression démente, son visage autrefois grâcieusement ridé. "Regarde, mon chéri," dit-elle, le parfum de la mort s’échappant de sa bouche. "Regarde, je suis belle à nouveau."
A titre de rappel, et pour les curieux qui auraient raté les festivités, vous trouverez l'ensemble des textes en lice ici à cette adresse ! En attendant la prochaine édition, nous vous encourageons à féliciter tous nos heureux gagnants. Merci à tous
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