Naomi a laissé sa brosse à dents et son peigne sur le comptoir. Pourquoi ? Elle m'a pas demandé.
Quatre sont devenus douze. Les calculs ne sont pas bons, Kévin.
Louchant sur les douze muffins fraichement sortis du four, Sami s’est immobilisé telle une victime de Médusa. Il hésite. Ses pensées partent au sud, au nord, à l’est, puis sur son téléphone couvert de farine, au bout du comptoir. Il s’était peut-être cherché une raison pour rendre visite à Birdie, aujourd’hui. Quand il était rentré vers 15h chez lui après son cours de poterie (???), il s’était jeté vers les fourneaux sans jamais arriver à se sortir le visage de sa cousine de la tête. Il était comme ça, Sami. Une idée lui traversait la tête et il était incapable de s’en débarrasser. Cet élan culinaire l’avait aidé à s’occuper un peu, le temps que le mélange des ingrédients dure, mais il aurait visiblement dû se lancer dans une recette de macarons pour s’assurer d’occuper le reste de son après-midi. Les muffins, c’était trop facile. Il lui suffisait de changer un ingrédient pour créer une nouvelle saveur ; aujourd’hui, c’était chocolat et noix de coco. D’ailleurs, il ne risque pas de terminer cet immense sachet de brisures de noix de coco, qu’il a placé dans le fond de son garde-manger à travers la centaine d’autres boîtes d’aliments ouverts une fois puis jamais réutilisés. Il doit y avoir des trucs qui datent de l’époque où les One Direction étaient encore ensemble, dans cette caverne d’Alibaba. À chaque fois qu’il se dit qu’il devrait faire le ménage, il oublie, ou il se met à penser à autre chose, son ping pong mental ne lui laissant jamais de répit. C’est épuisant à la longue, mais au fil des années il a trouvé des trucs et astuces pour alléger son esprit. La première, dont il ne se séparera jamais ; un carnet, renouvelé à chaque semaine tant il le remplit vite, qu’il gonfle de toutes les choses qui lui passent par la tête, majoritairement de la négativité dont il tente de se détacher en la couchant sur le papier. Ça marche parfois. Pas toujours. Mais il se contente de « parfois », parce que c’est tout ce qu’il a trouvé pour mener une vie normale et pour se camoufler dans la foule.
Son téléphone vibre. Il s’agit d’un message de Naomi, sa dernière fréquentation qui veut des nouvelles de lui parce qu’il ne lui a pas parlé depuis trois jours. Sami hésite. Ses yeux survolent les mots qu’elle lui a adressés.
Tu me manques, j’ai hâte qu’on se revoie. J’ai pensé te présenter à ma meilleure amie.
Son cœur s’agite dans sa poitrine. Sa gorge se noue. Une couche de transpiration se forme sur son front, couvert de farine lui aussi. Il finit par ignorer le message, et il ouvre sa conversation avec Birdie, à laquelle il envoie une photo de ses douze muffins. Après un court échange avec elle, il va chercher les clefs de sa voiture et il embarque les viennoiseries dans un sac Ziploc. Un bisou sur le front de Sept, le chat noir de cinq ans qu’il accueille depuis le mois dernier, et il disparait dans sa voiture en laissant sa cuisine en bordel derrière lui. En route, il se trompe presque de sortie d’autoroute. Il n’a pas encore l’habitude de retrouver sa cousine dans sa nouvelle maison un peu chelou, mais au moins cette fois il ne s’est pas rendu jusqu’à son ancien appartement comme un étourdi. Vingt-cinq minutes plus tard, il gare sa Toyota dans l’entrée de graviers de Birdie et il s’extirpe de l’habitacle pour mieux étirer ses membres endoloris. Bien sûr, il ne frappe pas pour entrer parce qu’elle a l’habitude de le voir débarquer à l’improviste. Il traverse le salon après avoir retiré ses chaussures, admire la table basse fraichement peinte, se note mentalement d’en parler à la jeune femme… et oublie. Bien sûr.
« Je te jure, je sens une aura étrange à chaque fois que je passe la porte d’entrée ! » Qu’il s’annonce sans prévenir, faisant sursauter Birdie dans sa cuisine. « Oh, pardon, je croyais que tu m’avais entendu. » Il n’est pas vraiment désolé, ça l’a amusé de lui jouer ce tour. Il pose les muffins sur le comptoir et n’en parle même pas, comme s’il les avait oubliés, eux aussi. « La voiture de Jordan n’était pas dans le parking alors j’ai volé sa place. Il n’est pas là ? Je pensais que sa religion c’était d’être toujours présent quand j’arrive. » Ses lèvres étirées en un sourire amusé, il ouvre les bras pour venir lui voler une accolade. Il porte un nouveau parfum. Cannelle et vanille, cette fois. Il apprécie mais pas vraiment. Meh.
De ton côté, ce sont des cookies qui alimentent l’espace aérien des pièces à vivre et le four depuis début novembre. Comme une petite clochette interne qui se déclenche, te faisant passer de la sorcière Birdie à la mère Noël. Tu as aussi décidé qu’il était temps de repeindre cette table basse que tu as ramené il y a déjà quelques jours et dont tu étais encore incertaine. Jusqu’à aujourd’hui. Tu as eu l’illumination alors t’en as profité que les cookies prennent sous la chaleur pour troquer ton fouet avec ton pinceau. Tu as ce qu’il faut en guise de pots de peinture, le ravitaillement ayant été naturellement fait quand vous avez emménagé car il y a plein plein de meubles à retravailler et recolorer. Surtout à tes goûts, à vrai dire. Mais ceux de Jordan étaient similaires aux tiens, tu ne t’inquiètes pas trop. Et tant que tu ne touches à rien concernant ses vinyles, son piano et son studio, il sera content aussi, tu le sais.
Une fois la peinture finit au gré de l’enceinte qui fait hurler du Dua Lipa mélangé à Ariana Grande et Britney Spears, te faisant dandiner dans toute la maison sous l’oeil las de Milady qui se prélasse sur le canapé, tu attaques le glaçage et, donc, la décoration de tes cookies. T’en sors même la langue tellement que t’es concentrée. Il n’y a pas beaucoup de choses qui te permettent de te focus - la couture, la pâtisserie, Noël et… Le sexe. Oui, ça, t’es toujours dévouée. « Je te jure, je sens une aura étrange à chaque fois que je passe la porte d’entrée ! » Du coup, tu pousses carrément un cri quand t’entends une voix venue de nulle part et, surtout, qu’il n’est pas celle de Jordan. “Putain!” T’as un coup au coeur et en plus, t’as loupé ton tracé sur ton petite bonhomme au chocolat. « Oh, pardon, je croyais que tu m’avais entendu. » Tu pointes ta poche à douille remplie de glaçage sur lui. “Je vais t’offrir un grelot à mettre autour du cou. Là je t’entendrai, ma petite biquette. Je suis trop jeune pour mourir d’une crise cardiaque.” Ca t’inquiéterait presque la facilité qu’a eu Sami de rentrer alors qu’il y a le portail à passer et une bonne partie du jardin à traverser. Par contre, t’avais déjà oublié qu’il devait venir. T’as même pas vu son dernier message t’indiquant l’horaire de son passage. Rien de nouveau sous le soleil. « La voiture de Jordan n’était pas dans le parking alors j’ai volé sa place. Il n’est pas là ? Je pensais que sa religion c’était d’être toujours présent quand j’arrive. » Tu lui tires la langue. “Sa religion, c’est moi.” Prétentieuse ? Pas du tout, juste drôle. Tu accueilles ton cousin dans tes bras. “Je te préviens que j’ai de la peinture, du sucre glace et du chocolat sur moi et mes doigts mais c’est trop tard, hein.” Effectivement, Sami est déjà dans tes bras, oopsie. “Sinon, pour répondre à ta question, non, il est pas là. Mais tu peux être sûr que l’odeur des muffins va le faire rappliquer plus rapidement que Milady avec sa pâté.” La chatte qui dorlotte tranquillement dans son coin, n’ayant pas bougé d’un pouce, telle la princesse qu’elle est. Tu vas baisser le son de “Work Bitch” - ça deviendrait presque une discothèque ici. “Tu tombes bien, tu vas repartir avec des cookies. Un troc comme on les aime. T’as un moment à rester, tu comptes pas repartir aussitôt, hein ?” Non, il n’oserait pas. Il n’aurait pas fait tout ce trajet juste pour ça.
Dernière édition par Birdie Cadburry le Lun 29 Avr - 11:32, édité 4 fois
Son esprit s’est déjà calmé maintenant que Sami peut analyser un nouveau paysage. Chaque recoin de la maison de Birdie, récemment acquise, représente une mine d’or à creuser. Il s’imagine déjà faire frôler le bout de ses doigts contre des têtes de cloues mal enfoncées qui mériteraient d’autres coups de marteau. De la tapisserie à faire dérouler sans laisser l’air former des replis dans le matériau fragile. S’occuper la tête, noyer son cerveau pour ne laisser aucune réflexion s’alimenter d’oxygène pour grossir et grossir. Il se mettrait presque à songer au déménagement juste pour avoir trop de choses à faire.
Sa cousine ne l’a pas entendu rentrer. Lui qui fait pourtant du bruit comme un rhinocéros dans une boutique de porcelaine. Il n’est généralement pas bien discret, le garçon, mais il faut croire que Birdie était bien trop concentrée sur ses cookies, dont l’odeur emplit la cuisine entière, jusque dans le bois des étagères et le tapis devant le lavabo. Il a visiblement un très mauvais timing, avec sa douzaine de muffins. “Je vais t’offrir un grelot à mettre autour du cou. Là je t’entendrai, ma petite biquette. Je suis trop jeune pour mourir d’une crise cardiaque.” Grimaçant, Sami secoue la tête en posant son plat sur le comptoir, où il n’y a pas déjà plein d’ingrédients qui le couvrent. « Le grelot me tuerait avant ta crise cardiaque. » Quel enfer, un petit objet qui tinte sans cesse à son cou. Il virerait fou, terminerait à l’asile. Dans la maison, il a remarqué une autre chose : l’absence de Jordan. C’est presque devenu un running gag, le fait qu’il est présent quand Sami est de passage, comme s’ils calibraient leurs rencontres dans le dos de Birdie. Bien sûr, ce n’est pas le cas. “Sa religion, c’est moi.” Il ne s’attendait à rien de moins que cette répartie. Les tourtereaux sont indétrônables. Sami les trouve un peu gnan gnan de temps en temps, mais c’est sûrement de la jalousie. Il n’a pas l’impression que son destin lui réserve ce genre de surprise. Il n’arrive pas à accepter le moindre défaut de quiconque passe la nuit avec lui. Que ce soit leur manière de rire en cochon, leur tendance à tout laisser trainer derrière eux ou même les ongles de leurs orteils. Brrr. La fracture se fait rapidement et pas toujours avec respect. Oups ! Birdie ne prendrait peut-être pas son cousin dans ses bras s’il savait qu’il avait encore recommencé à ghoster sa dernière fréquentation. Il lui avait même présentée ; a-t-elle cru à cet amour fleurissant ?
“Je te préviens que j’ai de la peinture, du sucre glace et du chocolat sur moi et mes doigts mais c’est trop tard, hein.” Tant pis. Il la serre encore plus fort contre lui, autant profiter maintenant que les dégâts ont déjà été causés. “Sinon, pour répondre à ta question, non, il est pas là. Mais tu peux être sûr que l’odeur des muffins va le faire rappliquer plus rapidement que Milady avec sa pâté.” Il se rappelle l’existence du chat en même temps qu’il est nommé. Il met fin au câlin en levant les mains au ciel avec excitation. « MILADY! » Il lui suffit de jeter un regard vers le salon pour trouver la silhouette arrondie du félin qui somnole. Il s’élance en sa direction avec toute l’énergie dont un type inarrêtable comme lui peut faire preuve. De sa main aplatie, il étale les poils de la bête en lui bombardant le front de bisous. La voix de Birdie s’élève à nouveau de la cuisine et il la regarde du coin de l’œil sans cesser de caresser la chatte. « Tu as vraiment cuisiné avec de la peinture sur les mains ? » Qu’il demande pour répondre à sa réplique passée depuis déjà bien assez longtemps. Ça lui aura pris un peu de temps pour que son cerveau analyse l’information.
« Je peux rester un peu pour te bénir de mon honorable présence. » Il revient vers elle après avoir terminé de mener sa bataille d’amour contre Milady. « Mais j’ai un cours de poterie à 20h. Pose pas de questions si les réponses ne t’intéressent pas. » Il précise en levant le doigt. « J’ai encore merdé, Bird. J’essaye vraiment de pas envoyer ce genre de signal mais… Je crois que Naomi est en train de tomber en amour. » À cette révélation se joint une grimace inconfortable qui tord le visage de Sami, des rides de sa bouche aux plis de son front.
La séparation de Birdie était mal faite, il y avait une mèche qui retombait du mauvais côté T.T
Spoiler:
@Birdie Cadburry (j'ai pas pris ta couleur de texte car elle faisait mal aux yeux sur ce design, hésite pas à me dire si ça te dérange )
« Le grelot me tuerait avant ta crise cardiaque. » “Ca sera de bonne guerre.” Que tu rétorques en papillonnant les yeux. Sami finirait par l’avaler son grelot, tu es au courant. Tu ferais pareil. Vous êtes similaires sur tellement de points. Tu n’as pas besoin de lui demander pourquoi, tu le sais. Toujours le cerveau en fusion et en action (la rime est belle) pour ne pas se reposer car le repos, c’est pour les nuls. Autant ne pas dormir pour rien et utiliser l’énergie cumulée pour profiter de la vie, non ? Ou simplement s’occuper pour ne pas perdre le fil. On t’a diagnostiqué ADHD l’an dernier. Même si ça explique certaines choses, tu ne l’assumes pas. Ce n’est pas une tare mais tu ne vas pas t’en vanter. C’est juste toi. Tu as l’impression que ta personnalité est en fait une sorte de maladie, de toc à gérer et qui peut vite déborder. Tu as réussi à vivre avec sans que ça ne te dérange plus que ça ; tu continueras pour un paquet d’autres années. Sami ne se débarrassera pas de toi aussi facilement qu’une crise cardiaque. Quoique. Il ne faut pas sous-estimer son imagination non plus.
Est-ce que son hug fait partie de son plan diabolique ? Sait-on jamais, c’est là où les défenses sont basses et on ne voit pas ce que l’autre fait derrière son dos. Mais voilà que la nouvelle victime de son cousin est toute trouvée alors que tu évoques ton chat. « MILADY! » T’as un petit sourire de coin en reprenant ta poche pour essayer de réparer ton tracé foiré. « Tu as vraiment cuisiné avec de la peinture sur les mains ? » “C’est ma touche personnelle. Mon ingrédient secret.” Tu glousses avant de reprendre ton air concentré pour faire le menton de ton bonhomme en cookie. « Je peux rester un peu pour te bénir de mon honorable présence. » “AH. J’en suis plus qu’honorée, monseigneur.” Pas comme si Sami aurait eu le choix. Aurais-tu séquestré ton cousin ? Maybe. Au moins le temps de discuter quand même, oh. On n’est pas chez les sauvages non plus. « Mais j’ai un cours de poterie à 20h. Pose pas de questions si les réponses ne t’intéressent pas. » Tu refermes la bouche avec une moue faussement vexée. “J’suis toujours intéressée.” Que tu grommelles dans ta barbe. Okay, parfois non mais Sami a toujours une nouvelle lubie et t’es toujours intéressée de savoir le pourquoi du comment et, surtout, si c’est bien. De la poterie, ça doit être fun. T’as jamais essayé. « J’ai encore merdé, Bird. J’essaye vraiment de pas envoyer ce genre de signal mais… Je crois que Naomi est en train de tomber en amour. » Naomi… T’as déjà entendu parler d’une Naomi, non ? Tu sais plus. Tu oublies vite quand ça ne te marque pas. “Ton charme a encore opéré. C’est le côté cadburien, ma fripouille en guirlande. On peut pas nous résister.” Tu secoues la tête avec un air dépité, tel un fardeau à porter, alors que tu finis de faire ton dessin et que tu passes au cookie suivant, une belle petite boule. “Pourquoi tu t’embourbes toujours dans des histoires pareilles ? Et surtout, surtout...” Tu relèves la tête vers lui, sérieusement. “Pourquoi la poterie ? Tu me diras si c’est bien, hein.” Oui, c’est important comme information. “Je serai même venue avec toi si j’avais su. Tu crois que je peux m’ajouter ?” Et voilà comment s’inviter en deux secondes trente. “Qu’est-ce que cette fille a que t’aime pas, cette fois ?” Ces petits détails qui te font toujours sourire, voire t’amusent. Tu ne t’embêtais pas avec des relations avant Jordan. Des plans culs, c’est très bien. Sami a l’air de persister à courir après des chimères qui ne lui vont pas.
Trop de choses sur lesquelles poser son attention. Il a la tête en ébullition, comme à chaque fois qu’une situation sociale se présente à lui, qu’importe l’identité de son interlocuteur. Que ce soit un parfait inconnu ou un membre de sa famille, il doit bien paraître et offrir de tout son être pour que les souvenirs en sa compagnie soient bons. Il veut qu’on pense à lui en souriant sans jamais savoir que, dans l’ombre, Sami est une autre personne. Même avec le chat, il fait de son mieux pour créer une amitié en le caressant là où il ronronne le plus fort, et il lui sourit aussi grandement que lorsqu’il a pris Birdie dans ses bras. Une personne heureuse comme lui n’est jamais remise en question. On croit qu’il est honnête, empathique, qu’il s’entend avec la Terre entière, sans savoir que dans le dos de tout le monde il juge comme s’il était celui qui attribuait les sentences aux criminels condamnés. Il n’arrive pas à faire confiance. Pas vraiment. Birdie est l’une des rares personnes qui n’écope pas de ses sentences écrites et rassemblées dans ses carnets de la médiocrité. Ce n’est pas qu’il se croit meilleur que les autres : c’est qu’il souhaite choisir avec minutie les personnes desquelles il peut s’entourer sans craindre de se faire planter un couteau dans le dos. Le réflex remonte depuis sa plus jeune enfance, quand son père lui a fait une dernière promesse de sobriété avant de sombrer dans ses démons pour une ultime fois qui lui aura couté la liberté, et la vie de sa conjointe.
Quand Milady termine de se frotter les moustaches aux joues de Sami, une petite ampoule se rallume dans sa tête et il se rappelle un détail que lui a mentionné Birdie à propos de cookies et de peinture. Il lie les deux éléments pour faire du sens, et il comprend. “C’est ma touche personnelle. Mon ingrédient secret.” La grimace qui étire son visage n’est même pas retenue. Ça aurait pu être pire, cela dit. « Tant que tu n’en as pas un deuxième encore plus toxique. » Sa cousine confie qu’elle aimerait qu’il reste un peu cet après-midi, et mis à part le cours de poterie très random à 20h, il peut lui consacrer un peu de son humble présence. “J’suis toujours intéressée.” La majorité de ses amis abandonnent quand il se met à parler de ses hobbies qui se comptent par tranches de dix. Ça commence par la natation, ça fait un détour vers le dessin, puis la poterie, ce soir, tout premier cours (et certainement dernier). En matière de loisirs, Sami est aussi stable qu’une girouette dans une tempête.
Bon, puisqu’il est là pour rester un peu dans cette maison hantée, autant cracher ce qui l’a hanté, lui, sur toute la durée du trajet jusqu’ici. Volant l’un de ses muffins, il vient le déshabiller de son papier pour s’occuper les mains, commençant à exposer le récit de sa dernière fréquentation. “Ton charme a encore opéré. C’est le côté cadburien, ma fripouille en guirlande. On peut pas nous résister.” Fripouille en guirlande… C’est un nouveau, celui-là. Amusé, il esquisse un sourire en lâchant un soupir par ses narines. Il mord dans la viennoiserie en écoutant la suite. “Pourquoi tu t’embourbes toujours dans des histoires pareilles ? Et surtout, surtout...” Il la fixe avec deux grands yeux interloqués, suspendu à ses lèvres. Il éclate de rire quand elle remet la poterie sur la table. « Bien sûr que tu peux t’ajouter. J’utiliserai mon charme cadburien pour convaincre la prof de te laisser entrer même si t’es pas sur la liste. » Autant faire bon usage de ces gênes fort pratiques. C’est vrai que sa cousine est magnifique.
“Qu’est-ce que cette fille a que t’aime pas, cette fois ?” Il se mord la lèvre inférieure, conscient que la raison qu’il lui donnera lui fera lever les yeux au ciel. Il faut dire que Sami a des standards assez élevés en matière de partenaires. Birdie a dû voir passer au moins vingt prétendants dans les dix dernières années et ça ne s’est jamais bien terminé. S’ils ont hérité d’une beauté naturelle, il faut croire qu’elle a hérité de toute la chance en matière de relations amoureuses. Depuis combien de temps est-elle avec Jordan ?.. Il ne se souvient plus exactement, mais ça fait un bon moment déjà. « Alors. Elle a laissé son peigne sur le comptoir de ma salle de bains, et j’ai bien compris sa stratégie ! Je suis pas con. Elle l’a laissé pour revenir le chercher et pour m’obliger à la voir à un moment où je ne serais peut-être pas disposé à la voir… » Tout est très carré et chorégraphié dans la tête du garçon. Il a un agenda mental qu’il ne faut pas perturber. « Clairement, ce n’est pas une une stratégie fairplay. J’ai raison non ?! » Bien sûr que non. La vérité, c'est que Sami déteste perdre le contrôle, et il laisse son imagination délier une histoire sens dessus dessous à chaque fois qu'il remarque un détail qui pourrait être complètement inoffensif.
« Tant que tu n’en as pas un deuxième encore plus toxique. » Birdie balaie la main dans les airs. “Et si j’ai envie de perpétuer l’histoire de cette maison, hein ?” Cette maison même où des gens ont perdu la vie en pensant innocemment venir régler quelques soucis que leur esprit leur créait. Au moins, après le meurtre, il n’y avait plus de souci, c’est certain. Le docteur Caine avait mis au point une solution radicale. Peut-être un peu trop radical. Mais c’est un détail qui a le don d’amuser Birdie. Comme si la pensée de naviguer dans des lieux où ont été commis des atrocités est si inédite et atypique que ça en devient charmant. Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Aussi lugubre soit-elle, et aussi désolée que la jeune femme puisse être pour les victimes, elle est très heureuse d’être propriétaire de cette maison. De cette propriété, même. Après tout, c’est immense, c’est beau et ça correspond à tout ce que Jordan et elle souhaitaient ; pourquoi se laisser freiner par un passé des plus déplaisants quand on a trouvé la perle rare ?
De ses doigts peinturés, là voilà qui laisse reposer ses cookies avant d’aller prendre un muffin fraîchement ramené de son cousin. Une très bonne excuse pour lui rendre visite, une excuse que Jordan appréciera tout autant. Sam se laisse souvent emporter - ça aussi, ça peut être un air de famille. « Bien sûr que tu peux t’ajouter. J’utiliserai mon charme cadburien pour convaincre la prof de te laisser entrer même si t’es pas sur la liste. » Un très large sourire vient se poser sur ses lippes. “Cool! J’ai jamais testé la poterie. Ca va être fun!” D’autant que la madresse n’est jamais loin et que si c’est comme dans Ghost, avec la machine et tout, ça risque d’être drôle.
« Alors.» “Oulà. Ok.” Birdie sait ce que ça veut dire, ce “alors”. C’est le signe pour elle d’aller poser ses fesses sur le bord d’une chaise haute afin d’écouter ce que Sam s’apprête à lui déballer. Il a toujours de… Bonnes raisons pour ne plus être avec sa partenaire du moment. Si Birdie enchainait les conquêtes de nuit, Sam les enchaîne de jour. Elles font toutes quelque chose qui l’agace prodigieusement et elle a toujours hâte de savoir ce que c’est, bien contente de ne pas en être victime. « Elle a laissé son peigne sur le comptoir de ma salle de bains, et j’ai bien compris sa stratégie ! Je suis pas con. Elle l’a laissé pour revenir le chercher et pour m’obliger à la voir à un moment où je ne serais peut-être pas disposé à la voir… » La voilà qui ouvre les yeux. « Clairement, ce n’est pas une stratégie fairplay. J’ai raison non ?! » Avant de pouffer de rire. “C’est clairement une stratégie. Elle est maligne, celle-là.” Elle lève son muffin pour croquer dedans. “Franchement, je comprendrais jamais comment tu fais. Au moins, mes plans cul n’étaient que des plans cul, je ne les avais pas sur les côtes comme ça. Enfin, sauf mes amis, mais ça, c’est une autre histoire.” Voilà que c’est elle qui commence à déblatérer. “Pourquoi tu ne te trouves pas juste quelqu’un pour t’envoyer en l’air et byebye ? T’as pas besoin du reste… Si ? Et surtout, Sam… Arrête de les amener chez toi. C’est la base.” En tout cas, c’était sa base à elle. Et c’est pour ça que ça fonctionnait.
“Et si j’ai envie de perpétuer l’histoire de cette maison, hein ?” Faisant une moue, Sami observe sa cousine avec des yeux intrigués. Après mûres réflexions, il tire la conclusion : « Tu serais la risée des autres fantômes ! Intoxiquée par la peinture et le Destop… Je ne crois pas que tu ferais long feu à l’école de la hantise. » Et elle ne créerait pas l’histoire la plus effrayante à raconter aux prochains propriétaires, si prochains il y a à la suite de ces deux accidents consécutifs. Dans tous les cas, ce ne sera pas Sami qui investira dans son achat. Il ne comprend pas comment Birdie ait pu jeter son dévolu sur une barraque suivie d’histoires d’horreur. Aussi, il trouve l’endroit trop isolé, lui qui aime se trouver en plein milieu de l’action. C’est peut-être sa situation de couple qui lui donne envie de se mettre à l’écart des autres, bien qu’il ne puisse pas comprendre, là non plus, l’envie de se caser avec une personne pour le restant de ses jours. Sami a besoin de changement. Il n’arrive même pas à terminer un roman avant d’en lancer un autre ! Ce n’est pas une pile de livres à lire qu’il accumule près de sa fenêtre : c’est une pile de livre entamés à finir. Et ce n’est pas faute d’apprécier leur lecture ! C’est qu’il s’ennuie rapidement même si, aux abords, le sujet lui plaisait. Ça explique pourquoi toutes les semaines il se trouve une nouvelle activité à faire. Atelier de poterie, ce soir. Il n’a aucun intérêt envers cette doctrine, mais ça ne l’empêche pas d’essayer, juste pour divertir son cerveau surutilisé. Aussi, parce que ça ne le dérange pas du tout d’être accompagné, il accepte que Birdie change ses plans de la soirée et se joigne à l’activité. Ça leur fera une anecdote commune de plus à partager, surtout s’ils n’arrivent même pas à faire de simples bols sans que l’argile mouillé ne s’écroule sous son poids. Les espoirs de Sami, qui n’a jamais été un manuel malgré tous ses efforts, sont bien bas.
Il est l’heure de parler dans le dos de fréquentation numéro 55. Sami n’a jamais capté à quel point sa manière de dramatiser chacune de ses relations est problématique. C’est souvent Birdie qui paye le prix de sa grande gueule pleine de jugements, d’ailleurs il a du mal à comprendre comment elle peut l’entendre râler après tout ce temps. Elle ne le ressemble absolument pas à ce niveau. Elle voit la beauté chez les autres ; Sami se focalise sur les défauts jusqu’à ce qu’il s’en pourrisse l’opinion. Les autres n’ont même pas besoin de faires de faux pas qu’il se charge d’écrire leur histoire sur papier, confondant ses jugements pour des faits irréprochables. Alors, cette histoire de peigne laissé sur son lavabo, il lui a inventé une trilogie. “C’est clairement une stratégie. Elle est maligne, celle-là.” Bien heureux qu’elle acquiesce, il se sent encore plus réconforté dans sa désillusion. Il lui faudrait quelqu’un pour le ramener sur Terre mais sa complicité avec sa cousine n’est pas née d’hier. L’un croit ce que l’autre dit, sans remettre en question, et vice versa. Confiance aveugle. Se serrer les poings dans le mensonge. “Franchement, je comprendrais jamais comment tu fais. Au moins, mes plans cul n’étaient que des plans cul, je ne les avais pas sur les côtes comme ça. Enfin, sauf mes amis, mais ça, c’est une autre histoire.” Lâchant un ricanement, il lève les yeux au ciel avec malice. « Des plans cul avec des amis, ça se termine toujours en désastre. » Il y a un risque trop élevé d’attachement. Et, si cette situation se présente et que Sami le réalise, il perdra un plan cul ET un ami en même temps. Une double perte. Vaut mieux éviter de coucher avec ses potes, qu’il croit. « C’est comme ça que ça a commencé, avec Jordan ? » Qu’il ose demander d’une voix un peu plus timide, craignant d’avoir dit quelque chose qu’il ne fallait pas (eh bah, c’est une première !).
Mordant dans son muffin, il écoute les conseils de Birdie comme un petit chien qu’on blâmerait. Il a préféré baisser les yeux. “Pourquoi tu ne te trouves pas juste quelqu’un pour t’envoyer en l’air et byebye ? T’as pas besoin du reste… Si ? Et surtout, Sam… Arrête de les amener chez toi. C’est la base.” Il préfère d’abord user de sarcasme pour ignorer le premier passage : « Tu préfères que je les ramène dans des ruelles et qu’on chope le tétanos en se frottant un peu trop sur des vieilles poubelles ? » Il exagère à peine, la bouche pleine de pâte mâchée. « Rooooh. J’en sais rien. J’ai plus l’impression que c’est c’que les gens recherchent, à mon âge. » Haussant les épaules, il reprend de plus bel : « À trente ans, les gens cherchent à fonder une famille, j’ai pas raison ? Ils veulent d’une relation sérieuse, pas d’une bite polyvalente. » Il prend enfin le temps d’avaler sa bouchée. « J’ai l’impression que les derniers célibataires sont comme moi, et, crois-moi, je suis le mieux placé pour savoir que je ne suis pas un bon parti ! Plus de daddy issues, non merci ! » Il aura le mérite de connaître ses défauts mais, ceux-là, il ne les note dans aucun carnet. « Ça t’arrive de te demander si tu serais pote avec toi-même si tu te rencontrais ? »
De toute façon, il n’y a pas de débat à avoir ; il n’y aura personne qui mourra de terribles toxiques provenant des cookies. Birdie donne souvent l’air de pouvoir tuer quelqu’un mais personne ne sait si elle en serait réellement capable - sauf pour défendre un proche. C’est un cas à part ; personne n’a le droit de s’en prendre à ses proches. Une vraie maman ourse qui se transforme en hyène si on vient chercher les problèmes là où il n’y en a pas. Ou ne devraient pas en avoir. Ironique quand on sait qu’elle ne veut pas devenir mère. Jamais.
La conversation dévie sur un sujet bien plus fun qui amuse toujours Birdie à chaque fois que Sami vient. Ses histoires de conquêtes la distraient toujours autant, malgré le fait qu’elle se dit que son cousin cherche trop la complication et qu’il doit aimer ça dans le fond. A chercher la petite bête et pourtant, continuer à chercher sa perle ou elle-ne-sait-quoi. Même lui ne doit pas savoir ce qu’il cherche dans sa manoeuvre. C’est juste… Ce qu’il est. Comme elle ne pouvait s’empêcher de coucher à droite et à gauche. Parce qu’elle aime s’envoyer en l’air. Sami aime être en couple, même pour deux jours. Un concept qu’elle n’a jamais compris, elle qui n’a eu qu’un nombre très limité de relations. Deux pour être exact ; une que l’on confierait aujourd’hui de toxique et l’autre est celle qu’elle vit encore actuellement. « Des plans cul avec des amis, ça se termine toujours en désastre. » Elle hausse une épaule en allant laver ses mains après avoir jugé qu’elle avait enfin fini les décorations ; y’a plus qu’à attendre que ça prenne. “Pas toujours, non.” Elle sait, elle est bien placée pour le savoir. « C’est comme ça que ça a commencé, avec Jordan ? » Un sourire vient automatiquement sur son visage à la Cadburn ; traitons la de niaise, elle n’en a rien à faire. “Exactement. Il a suffi que je chante du Britney et qu’il voit un bout de mon sein et bam! C’était dans la boîte.” Elle claque des doigts au “bam!” car c’était vraiment non prémédité mais une très belle surprise. “Il te dira que j’avais cherché à lui sauter dessus bien avant, car on s’était croisés dans des soirées plusieurs fois avant, et il aurait pas totalement tort.” Elle se marre en disant ça alors qu’elle prend un muffin de Sami. “Mais j’ai pas mal d’amis avec qui j’ai couché mais avec qui je m’entends toujours très bien.” Il y a eu juste avec Zoya avec qui ça pouvait être parfois compliqué mais ça, c’est une histoire pour un monde parallèle.
« Tu préfères que je les ramène dans des ruelles et qu’on chope le tétanos en se frottant un peu trop sur des vieilles poubelles ? » Birdie se marre en croquant dans le muffin, avant de lâcher un petit soupir car “ché bon”. Y’a des talents de pâtissier chez les Cadburry, c’est certain. « Rooooh. J’en sais rien. J’ai plus l’impression que c’est c’que les gens recherchent, à mon âge. » Alors là… Elle arque un sourcil. « À trente ans, les gens cherchent à fonder une famille, j’ai pas raison ? Ils veulent d’une relation sérieuse, pas d’une bite polyvalente. » Le sourcil s’arque encore plus. Elle aurait bien envie de le claquer car l’entendre dire des trucs comme ça, ça l’exaspère. Les gens… La société, ouais. Foutue société de merde. Voilà le problème de son cousin. Il se laisse dicter par la société et ses clichés. « J’ai l’impression que les derniers célibataires sont comme moi, et, crois-moi, je suis le mieux placé pour savoir que je ne suis pas un bon parti ! Plus de daddy issues, non merci ! » Birdie penche la tête sur le côté. « Ça t’arrive de te demander si tu serais pote avec toi-même si tu te rencontrais ? » Elle secoue la tête. “Soit je serai ma meilleure amie soit ma pire ennemie. C’est déjà le cas, ceci dit.” Y’a des jours où elle s’adore et des moments où elle préfèrerait passer sous les roues du traineau du père Noël. “Du coup, t’es en train de me dire que tu cherches à tout prix quelqu’un parce que c’est ‘ce qu’il faut faire’ à ton âge ?” Elle place les guillemets avec des doigts. “Ma question va donc être ; est-ce que t’en as vraiment envie ? De fonder une famille ? Que ce soit maintenant ou à quarante ou même jamais, c’est grave ?” Elle s’interromp un moment avant de reprendre. “Regarde, moi… J’ai jamais cherché. J’ai trouvé Jordan par hasard. Par contre, jamais on aura une famille. Fuck la pression sociale. Y’a personne qui a le droit de te faire croire que t’as pas réussi ta vie parce que t’es pas marié, avec deux gosses, une belle maison, la belle voiture et une rolex à quarante piges.” Ca l’insupporte tellement. Si c’est réellement la raison qui habite Sami, ça la désole beaucoup. Par contre, elle reprend un morceau de son muffin car ça, ça la réconforte beaucoup, oui oui.
“Pas toujours, non.” C’est à ce moment-là que Sami devrait faire la corrélation entre tous ses échecs pour tirer la conclusion pourtant juste sous son nez : c’est lui le problème. D’une certaine manière il le sait déjà, mais il refuse d’y croire parce que c’est le genre de chose qui n’arrive qu’aux autres. D’être malheureux toute leur vie, de ne pas trouver la perle, de ne pas réussir à mettre le doigt sur ce qu’il cherche, ni même de connaître la nature de l’objet convoité. Sami a avancé sans se poser de questions, mais les années se sont écoulées plus rapidement que prévu. Il pensait qu’il aurait trouvé durant sa vingtaine, que toutes les réponses viendraient. Hélas, il a l’impression qu’il est resté coincé à ses vingt-cinq ans. Ça fait du sens puisque le cerveau termine de se former à cet âge. « T’es juste chanceuse. Et beaucoup trop belle. » C’est vrai, quoi. Sa cousine Birdie est tombée sur une personne par hasard, et plusieurs années plus tard ils sont toujours aussi nian-nian ensemble. Mais ils sont nian-nian et heureux. “Exactement. Il a suffi que je chante du Britney et qu’il voit un bout de mon sein et bam! C’était dans la boîte.” Il ricane en enfonçant le dernier morceau de muffin dans son gosier. “Il te dira que j’avais cherché à lui sauter dessus bien avant, car on s’était croisés dans des soirées plusieurs fois avant, et il aurait pas totalement tort.” Il la comprend. Jordan est charmant. Il aurait essayé quelque chose aussi s’il l’avait croisé plusieurs fois dans des soirées. Ça se flaire dans l’air, il a l’odeur d’un bisexuel. Sami remarque les siens facilement, c’est pour ça qu’il marque souvent des points. Il ne perdra pas son temps avec un type pas intéressé. Du côté des filles, ça avait toujours été un peu différent. Elles ont souvent des critères plus précis et des standards élevés. « Écoute, je te comprends. » Il fredonne en lui glissant un regard plein de sous-entendus. Bien sûr, il plaisante. “Mais j’ai pas mal d’amis avec qui j’ai couché mais avec qui je m’entends toujours très bien.” C’est peut-être ça son problème. Pas les one night, pas les sexfriends… Les vrais amis, tout simplement. Il n’en a pas beaucoup. Il se ferme à la moindre occasion, cherche toujours mieux, maudit les défauts, n’arrive pas à voir le revers de la médaille. Sami est le lecteur qui arrête sa lecture au milieu d’un roman parce qu’il est certain d’avoir deviné la fin (même si ce n’est jamais le cas…). « Qui ça ? » Il connait ses amis. Y’a-t-il des potins qu’il aurait loupés ?
Il faut dire que la vision de la vie de Sami a été corrompue par les normes. Il y a une part de lui, bien au fond de son ventre, qui veut devenir père pour prouver au sien que c’est possible d’y arriver sans tout foutre en l’air. Il voudrait offrir à un gamin une enfance normale, à l’opposé de ce qu’il a eu. Faire ses preuves, montrer que ce n’est pas sa famille dysfonctionnelle qui l’a sculpté en ce qu’il est devenu – alors que… Parfois il se demande s’il pourrait s’apprécier s’il se rencontrait, mais les réflexions ne sont pas longues. Il tire une conclusion rapidement. Il se détesterait. “Soit je serai ma meilleure amie soit ma pire ennemie. C’est déjà le cas, ceci dit.” Oh, ça c’est un combat que tout le monde mène. Le reflet dans le miroir n’est pas toujours rose. Du coup, t’es en train de me dire que tu cherches à tout prix quelqu’un parce que c’est ‘ce qu’il faut faire’ à ton âge ? Il hausse les épaules. C’est ce qu’il a été conditionné à faire. “Ma question va donc être ; est-ce que t’en as vraiment envie ? De fonder une famille ? Que ce soit maintenant ou à quarante ou même jamais, c’est grave ?” La moue qu’il fait et ses yeux qui se baissent dissimulent sa réponse. Pendant longtemps il n’a pas réfléchi à l’idée de fonder une famille, trop concentré dans son boulot, les sorties et les hobbies. Mais il ne va plus aussi vite qu’avant désormais, et parfois il trouve le temps long, installé derrière son bureau. D’avoir un gosse le sortirait de la routine, sa pire ennemie. Il ne craint pas ce genre de défi. Il les prend à bras ouvert. Sa zone de confort est celle qui le sort du normal. “Regarde, moi… J’ai jamais cherché. J’ai trouvé Jordan par hasard. Par contre, jamais on aura une famille. Fuck la pression sociale. Y’a personne qui a le droit de te faire croire que t’as pas réussi ta vie parce que t’es pas marié, avec deux gosses, une belle maison, la belle voiture et une rolex à quarante piges.” Ce n’est effectivement pas du futur dont il rêve. Il n’est pas matérialiste, se fiche bien du modèle de sa voiture ou de la marque de ses accessoires. Mais… Mais… Un enfant, un défi, de la nouveauté, des choses à transmettre… Pourquoi pas ?
« Ça te surprend vraiment si je te dis que je ne suis pas contre l’idée d’avoir un enfant ? » Qu’il annonce finalement en la scrutant avec une attention certaine. Un enfant c'est une aventure, c'est de ne jamais savoir de quoi sera faite la journée. Exactement ce que Sami recherche en enchaînant les cours en tout genre juste pour ne pas fixer le mur chez lui.
« T’es juste chanceuse. Et beaucoup trop belle. » Birdie a un large sourire et toute son expression corporelle qui signifie clairement i know. Sur les deux points. Elle en a conscience. Elle ignore comment cet équilibre a pu être aussi parfait pendant des années - ou quasiment parfait vu qu’il y a quand même eu des exceptions - mais elle s’en sort vraiment pas mal. Aucune amitié brisée - ou presque, encore une fois. Mais le cas exceptionnel n’est plus de ce monde, elle ne préfère pas y penser. « Écoute, je te comprends. » La Cadburn joue de ses sourcils en le fixant. “Quoi, toi aussi t’aurais bien mordu à la grande perche ?” Jordan est attirant, ça aussi elle en a conscience. Aussi subjectif et superficiel que cela soit, c’est une des raisons qui font qu’elle soit avec. Sans attirance, il n’y aurait pas de relation. Il ne peut pas y avoir de relation sans désir à son sens. C’est juste comme ça qu’elle fonctionne. Qu’elle pense. Sans juger ceux qui ne pensent pas pareil mais pour son propre cas, c’est un élément important voire central.
« Qui ça ? » Elle arque un sourcil. “Zoya, Heather ou Mason par exemple. Tu connais Zoya et Mason puisqu’ils ont été mes colocataires un moment donné.” Birdie était persuadée que Sami était au courant au moins pour Zoya. C’est impossible que sa cousine ne lui ait pas parlé un jour durant toutes ces années de la brune qui a réussi à provoquer des monts et marées en elle. Dans un autre univers, elles seraient même sûrement ensemble tellement que la ligne fut parfois fine. Clairement le seul lien ambigü que Birdie a dans son entourage. “C’est impossible que je ne t’ai pas parlé de Zoya. Brune, tempétueuse, jalouse, possessive, bébé miracle ?” Elle essaie de secouer la mémoire de Sami car c’est vraiment impossible que ce dernier n’ait jamais entendu parler d’elle.
Puis quand elle déblatère sur les attentes de la société qu’elle trouve scandaleux et dont elle espère que son cousin ne s’en retrouve pas contraint, Birdie ne remarque d’abord pas dans un premier temps ses expressions. Il la laisse parler - ce qui, déjà, en soi, est surprenant. Par contre, ce qui est encore plus surprenant, c’est la réponse qui accueille la jeune femme après toute son discours. « Ça te surprend vraiment si je te dis que je ne suis pas contre l’idée d’avoir un enfant ? » Là, c’est l’arrêt sur image pendant quelques secondes. Birdie se stop même dans son geste. “Oui, un peu, j’avoue.” Elle préfère être honnête. C’est Sami et il lui pose la question ; elle a le droit d’y répondre sincèrement. “T’as conscience qu’un enfant, tu ne peux pas l’échanger au bout de deux jours ? C’est… C’est une responsabilité à vie.” Voilà qu’elle va tenir le même discours qu’elle a justement tenu à Zoya y a plus de trois ans quand elle est tombée miraculeusement enceinte. Et là voilà en train de poursuivre son geste en amenant le muffin dans sa bouche pour y grignoter un nouveau morceau. C’est vraiment fou de voir à quel point elle ne ressent jamais ce besoin de maternité. Un enfant, c’est une contrainte. Ça devrait suffir à calmer n’importe quelle envie parentale.
“Quoi, toi aussi t’aurais bien mordu à la grande perche ?” Le jeu de mot est bien douteux ! Sami sera le premier à le choper à pleines mains pour l’envenimer. « Bien sûr ! Puis ça se serait terminé en soirée torride et des gaufres aux fraises le lendemain matin. » Ce n’est heureusement pas le genre de tabou qui empiète sur sa relation avec Birdie. Les blagues de cul, il n’y a rien de mieux pour entretenir la famille ! (quoi ?)
“Zoya, Heather ou Mason par exemple. Tu connais Zoya et Mason puisqu’ils ont été mes colocataires un moment donné.” Il opine du chef en feuilletant, dans sa tête, tous ses vieux carnets de note. Effectivement, Zoya et Mason lui ont inspiré quelques lignes de défauts au bout de sa plume, et il se souvient la tempête dans laquelle la première a emporté sa cousine. Certains détails lui échappent, mais l’essentiel est encore là. Jolie femme, Zoya, d’ailleurs. Il s’est déjà imaginé lui tourner autour, puis Mason, puis… En fait, il n’y a pas grand monde que Sami n’a pas envie de découvrir. Il aime la nouveauté que lui apporte chaque partenaire de nuit ou de jour aussi, parce qu’ils le sortent de la routine. Il analyse les êtres humains pour renforcer le mauvais portrait qu’il a dépeint d’eux. “C’est impossible que je ne t’ai pas parlé de Zoya. Brune, tempétueuse, jalouse, possessive, bébé miracle ?” Il lève la main pour interrompre sa liste : « Je me souviens très bien. » Et, maintenant que les défauts ont été nommés, il arrive à se les imaginer comme de l’encre sur du papier derrière ses paupières closes. Il se souvient même la couleur du stylo qu’il avait utilisé pour graver chaque mot. « Je l’ai stalkée sur Instagram comme tout bon partenaire de ragots doit faire. Elle s’est trouvé un type, on dirait. » Ça devrait surprendre Birdie mais, oui, il s’informe ! Et il l’écoute quand elle lui parle ! Il sait aussi pour la gamine, sa tête revient souvent dans le fil d’actualité. Parlant de gamine… Sami est mené à reprendre ses réflexions quant à l’idée de devenir lui aussi père. Certes, il y a certaines normes dans la société qui ne vont pas en ce sens mais, depuis quelques années déjà, il n’a plus l’impression d’être complètement dégouté par l’idée d’amener au monde un petit lui. Il a conscience de toutes les responsabilités que ça amène, il n’a pas encore pesé tous les pours et tous les contres, mais certains bons côtés prennent déjà le dessus. Cette annonce surprend sa surprise, qui se stoppe carrément pour mieux dévisager son cousin. “Oui, un peu, j’avoue.” Il lève les yeux au ciel. “T’as conscience qu’un enfant, tu ne peux pas l’échanger au bout de deux jours ? C’est… C’est une responsabilité à vie.” Plissant les paupières, il préfère opter pour le sarcasme afin de ne pas rendre la conversation trop sérieuse. « Ah bon ? C’est pas comme un emprunt de livre à la bibliothèque ? » Battant des cils, il se rapproche de Birdie pour lui tourner autour comme un petit oiseau qui tâte le territoire. « Ne te prends pas pour ma mère, je sais ce que c’est d’avoir un gosse. Une partie de ma vie sacrifiée, des responsabilités, des sacrifices, etc. J’ai pas terminé d’y penser, et je sais que tu seras jamais d’accord avec moi mais… » Il sait que Birdie est répugnée à l’idée de perdre ne serait-ce que quelques millimètres de sa liberté. « J’ai l’impression que ça me ferait du bien de faire mieux que mon père, tu vois ? » Ce n’est pas bien difficile de faire mieux, certes, mais il aimerait se prouver qu’il n’est pas comme lui, qu’il ne commettra pas les mêmes erreurs. Soigner son enfance en en offrant une belle à un nouveau petit être. C’est peut-être une raison égoïste de fonder une famille, mais y-a-t-il réellement des raisons qui ne le sont pas ?
« Bien sûr ! Puis ça se serait terminé en soirée torride et des gaufres aux fraises le lendemain matin. » “Au chocolat. Jordan préfère.” Qu’elle répond au tac-o-tac à son cousin en gloussant légèrement. C’est absolument ridicule et c’est bien pour cela que ce n’est pas à prendre au sérieux. Enfin, sauf l’amour de Jordan pour le chocolat. Ca, c’est très sérieux.
« Je me souviens très bien. » dit-il en levant sa main tel un Dumbledore des temps modernes, bien plus jeune, plus petit et moins grisonnant. Il a presque l’air d’un sage, Sami, en faisant ça. Il a même fermé les yeux pour mieux se rappeler. Ça fait marrer sa cousine en tout cas. « Je l’ai stalkée sur Instagram comme tout bon partenaire de ragots doit faire. Elle s’est trouvé un type, on dirait. » Avant d’éclater d’un vrai rire. “Waw, pourquoi cet intérêt pour elle ? Tu comptes la rajouter dans ta liste un jour ?” Sami ne manquerait pas de post-ils ni de lignes pour décrire tous les défauts de son amie. Elle même la première en a déjà listé dans ses propres carnets quand elles se sont fâchées - ce qui est arrivé au moins mille et une fois. “Elle me l’a dit, ouais. Un type qui s’appelle Mickey. Je trouve ça tordant. Il a peut-être de grandes oreilles.” Apparemment, Birdie l’aurait vu mais Birdie ne s’en rappelle pas. Il y avait du monde à l’anniversaire de Zoya. C’était un visage parmi tant d’autres qui ne lui a pas été présenté comme il aurait fallu.
Puis le sujet dérive de façon assez surprenante. Histoire d’enfants et famille. Des sujets qui ont été particulièrement sensibles entre Jordan et elle dernièrement mais que son cousin lui ramène tranquillement avec une véritable volonté… D’adopter ? Autant elle l’adore, autant elle a peur qu’il ne considère cet enfant comme un projet dont il se lassera au bout de dix jours, comme pour la poterie. « Ah bon ? C’est pas comme un emprunt de livre à la bibliothèque ? » Birdie penche la tête sur le côté. “Ouais, ça paraît dingue, nan ?” Qu’elle répond sur le même ton que lui car vraiment, ce n’est pas un sujet à prendre à la légère. Même elle le sait. Puis Sami vient comme rôder autour d’elle, ce qui lui paraît un peu suspicieux comme comportement. « Ne te prends pas pour ma mère, je sais ce que c’est d’avoir un gosse. Une partie de ma vie sacrifiée, des responsabilités, des sacrifices, etc. J’ai pas terminé d’y penser, et je sais que tu seras jamais d’accord avec moi mais… » C’est clair et elle secoue la tête pour approuver sa dernière phrase. Birdie aime les enfants mais elle n’a pas envie d’en avoir - malgré qu’elle ait pu avoir laissé la porte ouverte il y a quelques semaines, elle a dû la refermer rapidement face à la panique que ça avait créé chez Jordan. « J’ai l’impression que ça me ferait du bien de faire mieux que mon père, tu vois ? » L’oiseau lève les mains en l’air. “Si c’est ce que tu veux… Même si je suis pas d’accord, tu sais que tu pourras compter sur moi quoiqu’il arrive. Je suis la plus parfaite des tantes.” La preuve, le fils de sa sœur l’adore. Tous les enfants l’adorent, en vrai. Tant qu’elle peut les rendre à leurs responsables en fin de journée, elle les adore aussi. “T’aimerai un gars ou une fille ? Ou qu’importe ? T’as déjà des idées de prénom ?” Autant aller jusqu’au bout, non ? “Oh et si tu fais la nurserie, tu m’appelles, hein. Enfin… Tu prendrai un bébé ou un plus âgé ?” Ça donne vraiment l’impression qu’elle l’interroge dans la perspective d’adopter un animal, ce qui est une responsabilité déjà assez énorme à ses prunelles. Mais non… Sami lui a bien parlé d’un enfant. Birdie n’est pas certaine que les raisons de Sami soient les meilleures mais hey, elle est qui pour juger ?
“Au chocolat. Jordan préfère.” Ça amuse Sami, que sa cousine ne défende absolument l’exclusivité de son petit copain. Même, elle l’encourage en lui partageant les meilleurs moyens pour gagner le cœur de Jordan ; mais ces plaisanteries ne se résument qu’à cela… de simples plaisanteries. Ces deux-là sont inséparables, le monde cesserait de tourner si leur couple prenait fin.
“Waw, pourquoi cet intérêt pour elle ? Tu comptes la rajouter dans ta liste un jour ?” Plissant le regard pour se donneur l’air du penseur, Sami bredouille avec mystère : « Ça dépend de quelle liste tu parles… » Il sait très bien qu’il fait références à ses carnets pessimistes. Elle est l’une des seules à avoir eu l’honneur de pouvoir en feuilleter quelques pages. Ça a bien animé une de leurs soirées. Les anecdotes fusent de ces livres. Parfois, elles frôlent l’exagération, mais Sami ne serait pas Sami s’il n’ajoutait pas des couches et des couches à ses histoires, lui qui a du mal à voir le revers de la médaille et qui prend plaisir à enfoncer son doigt dans la plaie pour voir jusqu’où la douleur peut grimper. “Elle me l’a dit, ouais. Un type qui s’appelle Mickey. Je trouve ça tordant. Il a peut-être de grandes oreilles.” Il ne peut retenir un gloussement à cette révérence. Mickey. C’est vrai que c’est un drôle de nom qu’il n’entend pas souvent en dehors des dessins animés. Dans tous les cas, il n’a jamais poussé son exploration plus loin que nécessaire parce que lui et Zoya n’ont jamais vraiment discuté. Le cousin se contente de se mettre à jour sur les relations de sa cousine afin d’arriver à alimenter la conversation.
Parlant de conversation, celle-ci se dirige vers des contrées dangereuses. Birdie semble surprise d’apprendre que l’autre Cadburry ne voit pas les choses de la même manière qu’elle. Elle semble être une grande amoureuse de l’amour, et lui n’arrive pas à se caser plus de quelques semaines. Les enfants lui donnent la chair de poule, et ils intriguent un Sami qui a toujours rêvé d’aventures plus rocambolesques les unes que les autres. Il ne pense pas être encore assez mature pour prendre soin d’une minuscule lui (et de toute façon il n’a pas trouvé de mère…), mais il n’est pas dégoûté à l’idée de construire sa famille et, surtout, de faire mieux que son propre père. Sûrement pour lui prouver quelque chose qu’il n’a jamais eu besoin de prouver. “Si c’est ce que tu veux… Même si je suis pas d’accord, tu sais que tu pourras compter sur moi quoiqu’il arrive. Je suis la plus parfaite des tantes.” Croisant ses bras sur sa poitrine, il la dévisage avec une moue amusée. « Bien sûr… » C’est une évidence, elle sait faire des cookies ! Il aimerait bien arriver à approfondir le sujet, mais il faut dire que ses réflexions quant à l’idée de former une famille sont encore toutes jeunes, alors il n’a pas pu se créer le moindre plan dans la tête. Il n’est pas encore disposé à se demander s’il préférerait un garçon ou une fille, et quel serait le prénom de ce petit être qu’il aiderait à mettre au monde. « Tu vas beaucoup trop loin, Bird. Il n’y a même pas de futures mamans disposées à lancer ce projet avec moi, alors j’ai encore le temps de réfléchir au nom de ce mini-moi. » La graine a été plantée et elle germe lentement. Qui sait, peut-être se réveillera-t-il demain matin avec une plante morte dans la tête, et une idée déjà dissoute. Il a tendance à passer du chaud au froid sans prévenir, Sami. En attendant, il y a des choses qui pressent un peu plus : « C’est maintenant ou jamais, si tu veux toujours m’accompagner au cours de poterie ! » Il annonce en retournant à la porte d’entrée, offrant une dernière caresse et un dernier bisous plein de poils à Milady au passage.
Spoiler:
@Birdie Cadburry Je suis TELLEMENT désolée, j'ai lu ta réponse dans l'autobus et j'ai complètement oublié de le noter dans ma liste de rps à écrire une fois rendue chez moi ! Du coup trop de temps a passé, mille excuses Je me suis dirigée vers la conclusion pour passer à ton intrigue au présent, comme tu m'avais informée !
« Ça dépend de quelle liste tu parles… » Birdie a un petit sourire ; elle aimerait affirmer que ce soit sur la bonne liste, une de ses listes vertes, où les gens sont acceptés, ceux qui les amusant, avec qui il sait qu’il peut passer du bon temps. Cependant, connaissant les personnalités respectives des deux protagonistes, il est peu probable que les deux puissent se trouver un jour dans de bonnes listes, que ce soit chez l’un ou l’autre. La Cadburn a l’habitude que ses proches ne puissent pas se supporter ; c’est le drame de toute personne qui est entourée de personnalités fortes et originales. Ca ne fait parfois pas un beau et bon mélange et c’est comme ça. Tant que tout ce joli monde s’entend toujours aussi bien avec elle, c’est tout ce qui importe dans le fond. Et puis, de toute façon, Zoya ne pourra pas être une partenaire sous les draps dans l’immédiat car elle est engagée et wow, c’est tout autant un exploit que Birdie se retrouvant fiancée.
« Bien sûr… » L’oiseau a un petit cri offensé. “Quoi, c’est vrai! Demande à Sasha!” Sasha, son neveu, dix ans au compteur et petit homme exclusif de la soeur aînée, Aurora. “Je passe même devant Lila!” Lila la parfaite, Lila qui a toujours les bons points partout, Lila qui est impossible de détester, et bien sa cadette lui passe devant. Ce n’est peut-être pas vrai, ce n’est pas peut-être que ce que Birdie souhaite croire mais elle se sait très douée avec les enfants. Elle parle leur langage et elle adore leurs univers. « Tu vas beaucoup trop loin, Bird. Il n’y a même pas de futures mamans disposées à lancer ce projet avec moi, alors j’ai encore le temps de réfléchir au nom de ce mini-moi. » Voilà que Birdie fait une petite grimace, comme un “oopsie” silencieux. Elle aurait pensé qu’il se serait tourné vers l’adoption si le projet était réel. Mais peut-être qu’il souhaite quand même avoir l’opportunité de faire un enfant biologique. Elle se demande s’il tiendrait un carnet pour son rejeton aussi. L’esprit de Sami est tellement plus carré que le sien. Il y a des détails qui échappent à sa compréhension. Oui, même à Birdie Cadburry. Surtout à Birdie Cadburry, à vrai dire.
« C’est maintenant ou jamais, si tu veux toujours m’accompagner au cours de poterie ! » “Oh!” dit-elle avec soudaineté, son cousin ayant réussi à lui foutre le feu au cul en deux secondes chrono. Birdie va se laver les mains et elle prend un sachet pour y mettre quelques cookies dedans. “Je vais en prendre un peu. Ils pourront pas me refuser. Personne dit non à des cookies.” Affirme-t-elle en trottant à la suite de Sami en prenant ses clés et son téléphone.