Le vent a soufflé, le tonnerre a grondé. Les murs ont manqué de s’écrouler ou, tout du moins, c’est l’impression qu’en a eu Swann. N’empêche qu’il a eu peur et qu’il ne mentira pas à ce sujet, parce qu’il estime qu’il n’y a pas de sentiment plus humain que cela lorsqu’on est en train de vivre un véritable cataclysme et qu’il est rendu impossible de lutter contre. Ils ont protégé au mieux la maison de cette menace mais cela restait sans doute bien pathétique face à la force des vents et d’Olga en elle-même. Elle les a pourtant épargnés, eux comme leur maison. Des tuiles se sont envolées et il faudra qu’ils fassent vérifier le toit assez rapidement, mais rien qui ne nécessite un appel d’urgence alors que d’autres habitants ont sans doute bien plus besoin d’aide que ce n’est leur cas. D’autres n’ont sûrement pas pu se blottir dans les bras de leur mari comme Swann l’a fait, quand il n’était pas celui accueillant contre son torse Rory autant que Robin, véritablement paniquée par des bruits et toute une atmosphère à laquelle elle est étrangère et à laquelle elle ne pouvait pas se préparer, surtout. L’enfant d’habitude si calme et posée a perdu tout son flegme pour laisser place aux larmes et à la peur, ce que les deux pères ont bien eu du mal à contenir alors que les bruits de l’extérieur étaient assourdissants et, il faut le dire, terrifiants. Avant même de mettre le nez dehors, ils avaient la certitude que l’oeil de la tempête n’était pas passé très loin de Brisbane, et peut-être même qu’il avait touché la ville en elle-même.

Une fois le matin venu et le calme revenu après une nuit de sommeil bien trop courte et bien trop parsemée de craintes en tous genres, l’anglais est pour une fois le premier à se réveiller. Le manque de sommeil l’assomme mais il sait que cela ne servirait à rien que de tenter de se rendormir dans de telles circonstances: il a trop à penser. Son réflexe premier est de vérifier que Robin va bien, elle qui s’est retrouvée dans le lit conjugal et protégée entre ses deux pères dès qu’ils ont compris que la tempête était passée et qu’ils pouvaient au moins retrouver la chambre pour y dormir, le temps à la cave étant derrière eux. Ensuite seulement, son pouce glisse contre le visage de Rory, d’où il note une légère entaille à la mâchoire. Rien de grave, rien de quoi s’inquiéter. Il repasse même dessus avec son pouce, comme pour tenter de s’en débarrasser et ainsi espérer qu’il s’agisse d’un peu de poussière. Cet espoir s’avère vain, et ce sont des gestes qui poussent l’acteur à se réveiller à son tour. Le sourire de Swann grandit doucement, rassuré au possible. « Hey. » Il souffle tout bas, en équilibre au-dessus d’une Robin qu’il tente de ne pas réveiller. « Tu vas bien. » Une question bien plus qu’une affirmation, Rory sait pourtant qu’il est prêt à l’entendre s’il fait fausse route: et justement, il préférait l’entendre, parce qu’il connaît la propension de son mari à minimiser ses problèmes, surtout quand ils sont de l’ordre physique. « Je suis rassuré. » Ce dont il se serait douté sans que Swann le lui précise, mais le blond tient à se focaliser sur les maigres aspects positifs qui existent dans toute cette histoire. « Elle dort encore. On a plus d’électricité, je vais essayer de trouver comment chauffer son biberon. » Les nouveaux problèmes de leur quotidien, dont Robin est évidemment l’élément central sans que cela n’étonne personne. Il n’en oublie pas Rory pour autant, tel que le prouve le baiser qu’il dépose contre son front avant de se relever le plus délicatement possible du lit.

« Tu t’es fait ça cette nuit ? » Il demande tout de même lorsqu’il fait le tour du lit, retrouvant déjà le contact physique avec le brun dont il prend la main pour lui faire toucher la plaie superficielle contre la mâchoire. « C’est rien du tout, t’as dû te cogner. » qu’il précise tout de même, pour ne pas l’alarmer inutilement. Il n’y a rien de quoi s’inquiéter, et surtout pas un jour comme aujourd’hui. « Je pensais faire un tour dans le quartier pour voir si les gens ont besoin d’aide. » Et il pense déjà que Rory avait la même idée en tête, parce qu’ils ne sauront pas rester chez eux comme si de rien n’était. La situation est trop grave, trop exceptionnelle et puisqu’ils ont eu la chance d’être épargnés, tous deux ressentent le besoin d’aider ceux qui n’ont pas été logés à la même enseigne. Ils auraient aimé qu’on les aide si l’inverse avait été vrai, alors il n’y a rien de plus naturel. Dans un dernier soupire profondément soulagé, Swann repousse de quelques secondes tout ce qu’il a dit qu’il ferait pour trouver une place entre Rory et le bord du lit. Il l’étreint avec douceur, avec nécessité aussi alors qu’il pose une main contre son dos et le serre plus que jamais contre lui, pour profiter de son odeur, pour profiter de sa présence, et pour se rappeler d’à quel point il est chanceux de connaître une personne tel que lui, qui n’a pas hésité à traverser la moitié du globe pour rejoindre sa famille dans un moment pareil. Ils vont bien, et c’est tout ce qui importe. « J’ai eu si peur. » Pas réellement pour lui, au final, mais pour lui et pour Robin, parce qu’il n’envisage pas une vie sans eux et parce qu’il sait qu’il ne se serait jamais pardonné qu’il leur arrive quoi que ce soit. Fort heureusement, il n’en est rien et il se donne encore quelques secondes pour le constater, son visage lové contre le cou de son mari, ses yeux fermés réalisant à peine tout ce qui vient de se passer.

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Il n'avait trouvé le sommeil qu'au milieu de la nuit, Rory, resté aux aguets tant que la tempête faisait rage tout autour d'eux, son estomac se tordant d'appréhension chaque fois que les murs tremblaient et que le toit menaçait de rompre sous la force du vent et la puissance du tonnerre. Des instants éprouvants qui lui avaient surtout semblé interminables, alors que sa fille âgée de quelques mois ignorait tout de ce qui se jouait dehors et que ses pères avaient tout entrepris pour l'inquiéter le moins possible. Robin avait finalement pu s'endormir à son tour, aussi choyée et entourée qu'à son habitude, sans qu'on puisse réellement dire si c'était elle ou bien ses parents qui avaient le plus besoin de la savoir auprès d'eux à chaque instant. Une chose est sûre, ni Swann ni lui n'avait hésité une seconde à la prendre avec eux dans leur lit, bien plus rassurés de la savoir tout près. « Hey. » C'est la voix de Swann qui le tira finalement de son sommeil et un petit sourire paisible qui retrouva sa place sur ses lèvres, alors qu'il n'avait plus affiché une expression aussi sereine depuis la veille en fin d'après-midi, avant que la tempête ne se fasse entendre. A présent, loin des bruits assourdissants et menaçants qui leur avaient valu de retenir plus d'une fois leur respiration hier soir, Rory reprenait enfin son souffle. « Tu vas bien. » - « Oui... oui, je vais bien. Tout va bien. » Et ce sont ses doigts qui trouvèrent tout naturellement leur place contre la joue de l'anglais, caressant cette dernière avec le besoin de s'assurer que oui, ils allaient bien, que la soirée d'hier avait été riche en frayeurs mais que tout allait mieux désormais. « Je suis rassuré. » Rory l'était lui aussi, mais bien plus de les savoir indemnes Robin et lui que d'être lui-même sain et sauf. Il savait qu'il en allait de même pour Swann et que lui aussi faisait de leur bien-être son absolue priorité, son cœur toujours capable de s'émouvoir à cette simple idée. « Tu as pu un peu fermer l’œil, cette nuit ? » Lui était sans doute tombé de fatigue après avoir veillé toute une partie de la nuit, ne se souvenant même pas de l'heure précise à laquelle il s'était finalement endormi. Tout ce qu'il espérait c'est qu'à l'instar de leur fille, qui dormait encore paisiblement entre eux et sur qui Rory remonta délicatement le drap, Swann avait pu se reposer lui aussi. « Elle dort encore. On a plus d’électricité, je vais essayer de trouver comment chauffer son biberon. » Il n'y pensait déjà presque plus, au fait que la tempête avait causé des dégâts inévitables, des dégâts qui les forceraient à adapter leur mode de vie le temps que tout soit réparé. « On a toujours le petit réchaud à gaz que j'avais récupéré chez mes parents ? On doit avoir des bouteilles quelque part, ça fonctionnerait peut être. » Ça faisait partie des choses qu'ils gardaient sans trop savoir pourquoi mais qui cette fois pourraient leur être utiles. Swann et lui pouvaient se passer d'eau chaude quelques temps mais leur fille, elle, ne ferait en aucun cas ce compromis. C'était purement inenvisageable. « Je suis soulagé qu'elle soit trop petite pour se rappeler de cette nuit. Je veux pas qu'elle en garde de mauvais souvenirs. » Des mots qu'il souffla avec encore un brin d'émotion dans la voix, tandis qu'il couva Robin de son regard le plus protecteur et songea à combien son cœur pesait moins lourd maintenant qu'elle ne risquait plus rien.

« Tu t’es fait ça cette nuit ? » Ses yeux s'arrondirent légèrement lorsque Swann se saisit de ses doigts pour lui faire toucher la petite plaie trônant au niveau de sa mâchoire, plaie dont Rory n'avait même pas réalisé sa présence avant que son mari ne la lui fasse remarquer. « Oh, je pense ? » Tout s'était rapidement enchaîné et il était probable qu'il se soit éraflé dans la précipitation qui avait entouré l'arrivée de la tempête. Le couple n'avait pensé à rien d'autre qu'à mettre leur fille à l'abri, alors l'acteur avait à peine pris le temps de se poser quand seule comptait l'idée que Robin vive cet épisode le moins difficilement possible. « C’est rien du tout, t’as dû te cogner. » - « C'est pas du tout douloureux. J'espère juste que ça me défigure pas trop. » Il souffla dans un petit rire, désireux de rassurer son mari à son tour et parce qu'il avait à cœur de dédramatiser l'instant maintenant que le plus dur était derrière eux. Il avait beaucoup de chance de s'en sortir seulement avec une égratignure et ça n'était pas dans sa nature de se plaindre pour si peu : il était heureux d'aller bien, heureux surtout que les personnes qu'il aimait le plus s'en soient sorties indemnes. « Donna va me tuer si elle me voit revenir sur le tournage avec une cicatrice. Même si la connaissant, elle sera surtout rassurée qu'on n'ait rien. » Alors il ne s'en faisait pas trop en réalité, n'ayant qu'à se fier à l'avis de Swann pour deviner que cette cicatrice n'était rien qu'un peu de fond de teint ne saurait camoufler. Ils avaient tous l'habitude, sur les plateaux, personne n'arrivant de bon matin avec un teint d'une fraîcheur optimale en ayant parfois dormi quatre heures à peine et en ayant bien souvent enchaîné de longues soirées de tournage pour tenir le planning. Ce serait d'autant plus vrai maintenant que le film avait pris un peu de retard, mais ça non plus, ça n'inquiétait pas vraiment Rory. Il était là, et c'était l'essentiel. « Je pensais faire un tour dans le quartier pour voir si les gens ont besoin d’aide. » Doucement, ses doigts serrèrent les siens et son sourire s'attendrit un peu plus. « C'est une bonne idée, mon cœur. Ça soufflait tellement cette nuit, je me dis qu'il a du y avoir pas mal de dégâts dans le quartier et autour. » Et il trouvait toujours ça noble et précieux que Swann ne mette jamais bien longtemps à s'inquiéter du sort des autres ; des préoccupations que l'australien partageait et qui inciteraient assurément le couple à se montrer disponibles pour leurs voisins. Ils pouvaient bien faire ça, ça leur semblait être la moindre des choses. Finalement, lorsque l'anglais passa ses bras autour de lui pour l'étreindre, c'est une expression un peu plus émue et presque bouleversée qui trouva sa place sur les traits de l'acteur, dont le visage disparut un instant dans le cou de son mari. « J’ai eu si peur. » Il l'avait senti, bien sûr, lorsqu'ils attendaient avec appréhension que la tempête là dehors veuille bien se dissiper, prêtant attention au moindre bruit extérieur avec une fébrilité écrasante. « Eh, c'est fini. On va bien, Robin va bien, et la maison est toujours debout. » Il souffla à l'oreille de Swann, ses propres bras entreprenant de le serrer un peu plus fort tandis que ses doigts caressèrent doucement son dos. Il voulait l'apaiser, lui montrer qu'il n'avait plus rien à craindre surtout. « On a eu beaucoup de chance. » Et dans son cœur de mari autant que dans son cœur de père, cette idée était véritablement la plus apaisante de toutes. Tout aurait pu se dérouler bien autrement, mais ils allaient tous bien.

Toujours blotti entre les bras de Swann, Rory ne se redressa un court instant que pour retrouver son regard et s'assurer qu'il allait bien, que le pire était maintenant passé et qu'ils pouvaient reprendre leur souffle. « Je pensais appeler mon frère et mes sœurs pour m'assurer qu'ils vont tous bien. Je me doute que tu veux sûrement joindre Arthur et Greta. » Entre autres, Rory ayant aussi besoin de joindre Zoya et Penny pour s'assurer qu'elles n'avaient pas été trop durement touchées par le tempête et qu'elles n'avaient rien, surtout, n'imaginant pas débuter sa journée autrement qu'en prenant des nouvelles de leurs proches. Il savait que ça tiendrait aussi à cœur à Swann. Ses doigts glissant contre la nuque de son mari pour la caresser, il reprit. « Je regrette absolument pas d'être rentré de New York pour être à vos cotés. Je sais que tu culpabilises malgré toi de m'avoir fait quitter le tournage, mais je veux pas que tu t'en veuilles. » Et c'est sans l'ombre d'une hésitation dans la voix qu'il souffla, le regard encore quelques peu brillant. « Parce que moi je m'en serais beaucoup trop voulu de pas avoir été là. » De s'être trouvé à des milliers de kilomètres pendant qu'une tempête menaçait de mettre en péril la sécurité des deux personnes les plus importantes à ses yeux. « C'était les heures d'avion les plus longues de ma vie. Ne pas savoir si la tempête avait déjà frappé et si on pourrait rejoindre Brisbane, t'imaginer seul avec Robin alors que la situation devenait anxiogène... » Il poussa un léger soupire en réalisant combien la situation était encore incertaine il y a quarante-huit heures et combien ils étaient finalement chanceux que la tempête ne les ait pas heurté de plein fouet comme elle aurait pu le faire – comme elle l'avait sans doute fait avec d'autres, malheureusement. « Quand j'étais là-bas, j'arrêtais pas de me dire que je profitais qu'à moitié de ce que New York a à offrir et qu'avec vous deux, tout aurait été encore plus précieux. » Il lui était impossible de ne pas penser à son mari et à leur fille chaque fois qu'il arpentait une avenue et qu'un restaurant japonais lui remémorait toutes les soirées passées auprès de Swann autour d'un plateau de sushis ou que la vitrine d'un magasin de jouets lui rappelait que Noël serait bientôt là et que pour la première fois, ce ne sont pas les enfants des autres qu'il gâterait mais bien sa propre fille. Il n'avait fait que penser à eux et au moment où ils seraient enfin réunis, et cette tempête n'avait fait que rendre la séparation un peu plus éprouvante lorsqu'il n'était pas totalement sûr que son mari et leur fille soient en sûreté là où ils étaient. Ces moments-là, Rory ne voudrait les revivre pour rien au monde.

Swann chérit plus que jamais la douceur du geste et de cette main que son mari pose contre sa joue. A peu de chsoes près, peut-être, ils n’auraient plus été là pour se retrouver aussi simplement, ou ils n’auraient pas eu le cœur aussi léger (ou presque) pour pouvoir se dire dès le lendemain matin de la tempête que tout va bien. Ils sont en vie, ils ne sont pas blessés et ils ont un toit sur la tête. Tout va bien, même pour Brownie encore terrifié qui a dormi aux pieds du lit, montant sûrement la garde contre vents et marées. « Tu as pu un peu fermer l’œil, cette nuit ? » Les cernes fatiguées sous les si beaux yeux de son mari ne sont sûrement qu’une copie de ceux qu’il a lui-même. « J’ai dormi deux ou trois heures. » Ce qui est plutôt une bonne fourchette à en juger par les événements arrivés cette nuit, et il pense que Rory en a fait plus ou moins de même de son côté. Quoi qu’il en soit, ils rattraperont cette dette de sommeil un peu plus tard: aujourd’hui la journée risque d’être chargée et se prélasser au lit alors qu’ils ont tant à faire semble bien improbable aux yeux de l’anglais. Il veut s’assurer que sa famille va bien, d’abord, et il s’assurera de la même chose pour son quartier, ensuite. « On a toujours le petit réchaud à gaz que j'avais récupéré chez mes parents ? On doit avoir des bouteilles quelque part, ça fonctionnerait peut être. » Animé d’une nouvelle étincelle d’espoir, Swann hoche la tête avec plus de conviction cette fois. Ils ont sûrement encore ce réchaud: les connaissant, ils ne l’auraient pas jeté sans en avoir une bonne raison, et celle-ci n’est vraisemblablement jamais arrivée. « T’as raison, je vais aller chercher ça. » Et donner à manger à Brownie au passage, puisque lui au moins cela ne nécessite aucun chauffage. « Je suis soulagé qu'elle soit trop petite pour se rappeler de cette nuit. Je veux pas qu'elle en garde de mauvais souvenirs. » Leurs regards se posent ensemble sur leur fille et si Swann n’ajoute rien, il n’en pense pas moins pour autant, sa pensée rejoignant celle de son mari. Heureusement, oui. Tout ce qu’il espère, c’est qu’aucune autre tempête ne fera son apparition à Brisbane parce que le niveau auquel il aime cette ville n’est pas comparable à celui de l’amour qu’il porte à sa famille. En d’autres termes, il n’hésiterait pas à tout quitter si c’est pour les protéger de cataclysmes contre lesquels ils ne peuvent lutter.

Rassuré que la blessure de son mari n’ait rien d’inquiétante, il se permet de rire avec un peu plus de décontraction à la blague de ce dernier, loin d’être défiguré par cette simple égratignure. C’est au moins l’occasion pour eux d’avoir une discussion plus calme, plus douce, moins sérieuse. Le sérieux, ils vont sans nul doute devoir y faire face dans les jours à venir puisqu’il est évident que le reste de la ville n’a pas eu autant de chances qu’eux. « C'est une bonne idée, mon cœur. Ça soufflait tellement cette nuit, je me dis qu'il a du y avoir pas mal de dégâts dans le quartier et autour. » Il hoche la tête avec sérieux. Swann ne sait pas à quoi s’attendre à l’extérieur, pas exactement du moins, mais il sait au moins que cela ne sera pas beau à voir et aider ceux qu’il peut lui tient sincèrement à cœur. Néanmoins, son élan de bonne volonté est repoussé à plus tard lorsqu’il se relève du lit uniquement pour le contourner et tomber plus facilement dans les bras de son mari, sans plus risquer de gêner une Robin ayant dormi entre eux.  Il passe ses bras autour de sa silhouette et l’étreint avec une force trahissant sans doute le souci qu’il nourrit toujours, à un certain niveau. « Eh, c'est fini. On va bien, Robin va bien, et la maison est toujours debout. On a eu beaucoup de chance. » Ses propres doigts caressent doucement le dos de Rory parce qu’il s’en voudrait de refaire naître des craintes chez lui, mais ses mots ont au moins le mérite de l’apaiser. Il va avoir besoin de temps ; tout le monde va avoir besoin de temps. Mais les choses vont bien, vont mieux. « C’est le plus important. » Il s’autorise à être égoïste, pour une fois: sa famille est le plus important à ses yeux et cela ne changera pas. Bien qu’il espère que tous ses autres proches vont bien eux aussi, Robin et Rory sont ses seules priorités. Swann décale doucement son visage lorsque Rory fait remonter le sien, leurs yeux se croisant avec une teinte bien moins heureuse qu’à leur habitude. « Je pensais appeler mon frère et mes sœurs pour m'assurer qu'ils vont tous bien. Je me doute que tu veux sûrement joindre Arthur et Greta. » Bien qu’il hoche la tête, il n’est pas certain d’oser envoyer un message de suite. Pour Arthur, du moins. « C’est un peu compliqué depuis la dernière fois, mais oui. » Et la dernière fois en question, Rory en a entendu parler: quand il a laissé Robin chez Greta et qu’Arthur s’y trouvait aussi ; quand Swann avoue ne pas avoir su réagir avec la parcimonie et la douceur qui le caractérise généralement. Il a des torts mais il a surtout une profonde envie de toujours protéger sa fille et si c’était à refaire, il aurait changé la forme mais pas le fond de sa pensée. « Appelle les maintenant, tu seras fixé. » Personne dans la ville ne risque de faire une grasse matinée dans un tel contexte, alors autant prendre des nouvelles de leurs proches le plus tôt possible.

Et s’il avait pensé à se lever après cette discussion, la main que Rory dépose contre son cou le convainc à elle-seule de profiter quelques secondes de plus de sa présence. « Je regrette absolument pas d'être rentré de New York pour être à vos cotés. Je sais que tu culpabilises malgré toi de m'avoir fait quitter le tournage, mais je veux pas que tu t'en veuilles. » Aujourd’hui plus que jamais, il continue effectivement de culpabiliser d’une telle chose et de tous les risques que cela a représenté pour Rory. Il aurait voulu le protéger et il aurait voulu trouver les mots justes pour qu’il reste à New York, sain et sauf. « Tu aurais été en sécurité là-bas. » Il souffle tout de même. Ses mots ne sont pas des reproches, mais ils sont le début d’une explication pour que Rory comprenne que l’avis de Swann sur la question n’a pas changé. « Parce que moi je m'en serais beaucoup trop voulu de pas avoir été là. » L’anglais esquisse une moue, toujours aussi touché par le grand coeur de son mari et de sa dévotion pour autrui mais surtout pour sa famille. A son tour, il fait glisser sa main de son dos à son cou, pour la lover contre sa mâchoire et utiliser le bout de ses doigts pour caresser sa joue. « Je sais. C’est pour ça que je me suis pas battu pour que tu restes là-bas. » Sa décision était déjà prise et Swann n’aurait rien pu dire ou faire pour le faire changer d’avis, alors il a décidé de ne pas mener de combat inutile. « C'était les heures d'avion les plus longues de ma vie. Ne pas savoir si la tempête avait déjà frappé et si on pourrait rejoindre Brisbane, t'imaginer seul avec Robin alors que la situation devenait anxiogène... » - « Hey, tu te souviens de ce que tu m’as dit ? C’est fini maintenant. Tout le monde va bien. » Il n’a plus à repenser à tout ça et à tous ces souvenirs qui rentrent aisément dans la case des “mauvais”. Rory a rejoint sa famille et c’est tout ce qui importe, comme le prouve l’étreinte de l’anglais que ce dernier raffermit un peu plus encore pour profiter de la chaleur corporelle de l’homme qu’il aime. « Quand j'étais là-bas, j'arrêtais pas de me dire que je profitais qu'à moitié de ce que New York a à offrir et qu'avec vous deux, tout aurait été encore plus précieux. » Le regard de Swann redevient un peu plus sérieux alors qu’il n’est pas certain de comprendre ce que Rory tente de lui dire. Il prend pourtant le temps de dégager une mèche de son front, caressant doucement sa peau par la même occasion. « On aura sûrement l’opportunité d’y retourner en famille plus tard, tu sais. » Mais pour l’heure, Rory y travaille et Swann est de son côté aussi occupé à Brisbane avec Rory, alors cela n’est pas vraiment dans leurs projets de vie. « Tu n’as plus beaucoup de jours de tournage, hm ? On sera à nouveau tous les trois, sans contrepartie. » Sans penser au moment où Rory devra partir, déjà. En cet instant même, c’est justement ce que Swann garde à l’esprit, parce que son retour à la maison n’est que temporaire. « Je vais aller chercher le réchaud, on en discute dans la cuisine ? J’aimerais que Robin dorme autant que possible. » Et s’ils continuent de chuchoter de cette manière, il y a fort à parier que leur fille ne dormira pas longtemps encore. « On a de la nourriture dans le frigo, on devrait la distribuer aux voisins avant qu’elle tourne. » Si elle peut aider le voisinage, alors ce sera une bonne chose plutôt que de la gâcher. Nul doute qu’ils ont beaucoup à faire aujourd’hui et Swann n’a pas envie de déjà penser à New York et à la distance que cette ville signifie à ses yeux.

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Aussi préparés étaient-ils au moment où la tempête Olga avait frappé Brisbane, ils savaient qu'ils n'auraient aucun moyen de prévoir toutes les façons dont leur quotidien pourrait être bouleversé si tôt qu'ils feraient face aux dégâts qu'elle avait laissé derrière elle. Et qu'il faudrait probablement des jours, des semaines sans doute, pour que tout revienne peu à peu à la normale. Ils avaient eu beaucoup de chances que dans leur cas les dégâts en question n'aient été que secondaire, pourtant, les privant simplement d'électricité pour une durée indéterminée et endommageant certainement l'extérieur de leur maison – laquelle tenait heureusement encore debout. Pas encore tout à fait remis de leurs émotions, le couple réfléchissait à de premières solutions et n'avaient déjà plus qu'une seule préoccupation à l'esprit : faire passer le bien-être de leur fille en premier, ce qui impliquait donc de mettre la main sur un réchaud pour s'assurer que Robin, qui du haut de ses dix mois ne comprenait pas grand chose à la situation, boive au moins un biberon chaud à son réveil. Le reste, ils s'en soucieraient en temps voulu et veilleraient sans doute en premier lieu à aider ceux qui en avaient le plus besoin. Parce qu'ils n'étaient pas à plaindre, et qu'ils s'en rendaient compte en même temps qu'ils chérissaient cette réalité. « C’est le plus important. » Et c'était aussi son avis et la raison pour laquelle il s'autorisait enfin à souffler après une nuit que son mari et lui avaient passé à s'inquiéter pour leur fille et à se soucier de l'état dans lequel ils retrouveraient leur quartier le lendemain matin. Ils avaient finalement eu beaucoup de chance et n'avaient pas eu à quitter leur maison et à abandonner derrière eux cet écrin rassurant dont ils avaient fait leur foyer, et c'était un soulagement immense pour Rory de pouvoir ouvrir les yeux sur la silhouette de Swann blotti à ses cotés, leur fille encore endormie entre eux et l'agitation extérieure semblant s'être peu à peu calmée. « C’est un peu compliqué depuis la dernière fois, mais oui. » Il le savait, Rory, que sa dernière visite chez Greta et l'échange qui s'était suivi entre eux et Arthur lui avaient laissé un sentiment un peu amer, ayant très vite compris que les choses ne s'étaient pas passées comme il l'aurait voulu et le connaissant assez pour savoir que depuis, la situation le tourmentait. Ses amis comptaient énormément pour Swann et il pouvait imaginer combien tout était plus difficile encore quand des soirées comme celle d'hier les poussaient forcément à remettre certaines choses en perspectives. « Je suis sûr qu'ils ont déjà oublié. Eux aussi, ils ont sûrement besoin de prendre de tes nouvelles et de s'assurer que tu vas bien. » Et s'il y a bien une chose dont il était tout aussi sûr, c'est que Swann n'était pas suffisamment fier pour laisser les choses en l'état et pour ne pas les appeler alors qu'il mourrait probablement d'envie de le faire, tout comme Rory avec son frère et ses sœurs. « Appelle les maintenant, tu seras fixé. » Et fixé, Rory avait définitivement besoin de l'être dès qu'il était question de sa famille. « Ce sera pas long. Ils comptent sûrement pas passer la matinée au téléphone non plus. » Parce qu'ils avaient tous leurs propres préoccupations et que s'il avait besoin de s'assurer qu'ils allaient bien et que la tempête les avait épargné dans la mesure du possible, il ne comptait pas leur tenir la jambe pendant des heures juste pour se rassurer. Ainsi Rory ne perdit pas une minute pour s'isoler dans la salle de bain la plus proche et pour les contacter tour à tour, soulagé de pouvoir entendre leur voix mais surtout que chacun prenne la peine de répondre dans un moment où rien ne l'aurait davantage angoissé qu'un silence. Son regard se fit ainsi plus lumineux et rassuré de minute en minute, et c'est ce même regard qu'il reposa bientôt dans celui de son mari, une fois revenu à ses cotés.

De toutes les choses qu'il avait besoin de lui dire après que les dernières heures aient été synonymes d'angoisse pour son mari et lui, son absence de regrets à l'idée d'avoir quitté précipitamment le tournage était sans doute la plus urgente de toutes. Tout était clair dans sa tête dès l'instant où il avait su qu'une menace planait sur Brisbane et menaçait la sûreté de ses proches, celle de l'homme qu'il aimait et de leur fille, et il n'aurait pas supporté de rester loin d'eux dans un moment pareil. « Tu aurais été en sécurité là-bas. » Il en était conscient, bien sûr, mais ça n'était en rien un argument qui aurait pu peser dans la balance. « Je voulais pas être en sécurité si ça voulait dire que Robin et toi, vous étiez potentiellement en danger. » Les choses s'étaient bien mieux terminées qu'il ne l'avait redouté, mais il n'avait aucun moyen de le prévoir et surtout, il n'était absolument pas prêt à prendre le risque. Il voulait être là pour les rassurer autant que pour veiller sur eux, et c'est ce que son regard amoureux s'employait encore à faire en cet instant, alors qu'il serra Swann un peu plus fort contre lui. « Je sais. C’est pour ça que je me suis pas battu pour que tu restes là-bas. » - « J'aurais aussi d'abord voulu te convaincre de rester à l'abri si les rôles avaient été inversés, tu le sais. » Parce que lui aussi aurait pensé en premier lieu à sa sécurité et aurait tout fait pour le garder le plus à distance possible d'un danger. C'était aussi sa manière de lui dire qu'il ne lui en voulait pas d'avoir essayé de le convaincre de rester là-bas ; il n'en attendait pas moins de l'homme aimant et protecteur qu'il avait toujours été. « J'avais pris ma décision dès l'instant où j'ai entendu les infos. » Ainsi rien de ce qu'aurait pu dire Swann ne l'aurait probablement convaincu de rester sagement à New York, Rory avait presque immédiatement décidé de prévenir Donna et le reste de l'équipe de tournage qu'il rentrerait plus tôt que prévu. Malgré tout ce que ça avait pu impliquer, de mettre la production sur pause pour une durée indéterminée. « Hey, tu te souviens de ce que tu m’as dit ? C’est fini maintenant. Tout le monde va bien. » Les mots de Swann répandirent une chaleur réconfortante au fond de son cœur et l'australien retrouva un sourire, encore quelques peu fébrile mais surtout teinté de douceur. « J'avais juste besoin de vous serrer contre moi. Je savais qu'à partir du moment où on serait ensemble, je laisserai rien de mal vous arriver. » Et c'est à cette pensée qu'il s'était raccroché durant ces longues heures puis jusqu'au moment où ils avaient enfin été réunis, prêts à affronter ensemble les angoisses qu'avait apporté Olga avec elle. « On aura sûrement l’opportunité d’y retourner en famille plus tard, tu sais. » New York était un endroit que Rory avait appris à chérir durant ces quelques semaines, un endroit qu'il était impatient de découvrir sous un jour différent, plus seulement dans le cadre de son travail mais auprès des personnes qui comptaient le plus pour lui. « J'en suis certain. Et j'aurai plein d'endroits à vous faire découvrir, je sais déjà que vous vous y plairiez. » Ils pourraient y rester quelques jours ou un peu plus longtemps, lorsque le moment leur paraîtrait mieux choisi. Ils avaient tout le temps d'y penser. « Et ça me manque de te servir de guide. Ça nous rappellerait des souvenirs. » Il murmura ces mots-là tout près de son oreille, une petite moue un peu plus amusée sur les lèvres, repensant à l'époque où l'anglais avait quitté sa Londres natale pour Brisbane et où Rory, qui tentait tant bien que mal de réprimer son attirance et ses sentiments à l'époque, lui faisait fréquemment découvrir la ville et ses lieux emblématiques. « Tu n’as plus beaucoup de jours de tournage, hm ? On sera à nouveau tous les trois, sans contrepartie. » - « Les deux tiers du film sont dans la boite, le tournage souffrira sûrement d'un léger retard mais toute l'équipe est vraiment efficace, ce sera pas un problème. George est le type le plus professionnel avec qui j'ai travaillé. » Si tout allait bien et qu'ils parvenaient à compenser leur retard, ils sécuriseraient même la date de sortie initialement prévue.

« Je vais aller chercher le réchaud, on en discute dans la cuisine ? J’aimerais que Robin dorme autant que possible. » Une façon pour son mari de ne pas éterniser cette partie de la discussion, Rory le savait et le comprenait mieux que personne, alors que pour lui aussi la seule idée d'avoir tôt ou tard à repartir pour New York l'angoissait particulièrement après cette nuit d'inquiétude. Il serait heureux de reprendre le tournage le moment venu, mais pour l'heure il était bien plus serein de pouvoir rester auprès de sa famille pour s'assurer que le pire était derrière eux. Alors, acquiesçant doucement et s'approchant pour déposer ses lèvres sur les siennes, il souffla. « Je vais chercher le baby-phone et je te rejoins. » Leur fille avait besoin de récupérer de ces heures d'angoisse qui elle non plus ne l'avaient pas épargné, et s'il aimait mieux la savoir paisiblement endormie Rory n'en tenait pas moins à veiller sur elle depuis le rez-de-chaussée. Récupérant le baby-phone dans la chambre de Robin et déposant le petit appareil non loin de là où elle était couchée, il s'assura de la border avant de descendre rejoindre son mari, qui avait d'ors et déjà investi la cuisine et vraisemblablement mis la main sur le réchaud. « Elle dort toujours paisiblement. Un vrai petit ange. » Une vision d'autant plus réconfortante après ces heures d'angoisse et alors que dans son cœur de père, l'idée qu'elle ne soit pas traumatisée par la nuit dernière était forcément un soulagement. « Tu sais, son premier Noël avec nous aura peut être une saveur un peu particulière, avec tout ça, mais ça n'en sera pas moins précieux pour autant. » Il ne savait pas exactement s'il cherchait à rassurer son mari ou à se rassurer lui-même, mais ça faisait toujours du bien de l'entendre. Après tout, même la tempête Olga n'aurait pas pu emporter la magie de Noël et cette année, alors que c'est bel et bien à trois qu'ils la célébreraient, tout serait forcément un peu plus spécial encore, qu'importe les circonstances.

« On a de la nourriture dans le frigo, on devrait la distribuer aux voisins avant qu’elle tourne. » Ils avaient fait le plein lorsqu'ils avaient su que la tempête frapperait et se retrouvaient maintenant avec bien trop de provisions pour eux seuls. « C'est une bonne idée, mon cœur. Je vais aller chercher des tupperwares pour transporter tout ça. On pourra préparer des portions et les distribuer plus facilement. » Et si tôt dit, Rory ouvrit le placard où ils avaient l'habitude de ranger les contenants et en sortit de quoi préparer suffisamment de portions pour aider toute une partie du voisinage. Ils ignoraient encore quels dégâts avait pu faire Olga et préféraient se montrer prévoyants. « Je suis sûr que tes restes de tourte vont remporter un franc succès et... oh, je pourrais aussi préparer des sandwichs ? » Il en ferait de plusieurs sortes au cas où certains voisins ne consommaient pas de viande ou suivaient des régimes particuliers. Ce n'est pas parce que les circonstances étaient exceptionnelles que quiconque devait adapter son alimentation : ils pouvaient faire en sorte que chacun trouve son bonheur. « A propos, » qu'il reprit finalement, une fois repositionné face à lui, retrouvant son regard avec un brin d'appréhension. « Tu as eu des nouvelles de ton cabinet ? Tu sais s'il y a eu des dégâts ? » L'australien était un peu soucieux à l'idée que Swann ait peut être jugé la question trop secondaire pour lui en avoir parlé si les locaux avaient été endommagés et ce après la nuit qu'ils venaient de passer. C'était loin d'être sans importance à ses yeux, parce qu'il en allait de la vocation de son mari et d'un endroit que Swann avait chouchouté dès le premier instant. A l'image de cette maison qui abritait leur famille et au sein de laquelle ils étaient chanceux de pouvoir encore se considérer à l'abri et en sécurité, le cabinet de Swann était un lieu important pour son mari et donc pour lui.

« Ce sera pas long. Ils comptent sûrement pas passer la matinée au téléphone non plus. » - « Ne te presse pas. » L’événement n’est pas anodin et jamais Swann ne lui reprocherait de rester au téléphone un certain moment. Il peut prendre tout le temps qu’il veut pour avoir des nouvelles de ses proches et en donner en retour, ce qu’il lui assure dans un murmure sincère avant d’embrasser son front. Et puisque Rory s’échappe un instant dans la salle de bain pour passer son appel, Swann en profite au moins pour envoyer un message à ses proches et à sa mère pour s’assurer qu’il n’y ait aucune mauvaise nouvelle à être annoncée. Pour l’heure, et puisque tout le monde est sûrement très occupé, il se jure de ne pas surinterpréter l’absence de réponse dans la minute. Il accueille surtout avec soulagement le retour de son mari près de lui ; lui et sa mine rassurée. Déjà, les bras du blond s’étendent pour lui demander de revenir à ses côtés autant que lui faire un peu de place sur cette moitié de lit. A la seconde où il se place à ses côtés, Swann love ses bras contre son mari, simplement soulagé de le savoir à ses côtés et sans aucune égratignure. Néanmoins, il continue de penser qu’il aurait pu ne jamais avoir à se soucier de lui, s’il était resté à New York. « Je voulais pas être en sécurité si ça voulait dire que Robin et toi, vous étiez potentiellement en danger. » Rory le serre doucement à son tour, Swann désormais occupé à tracer des lignes invisibles contre la base de son cou, son regard tourné uniquement sur cette partie de peau. Il l’écoute, il l’entend, mais là n’est déjà plus le sujet. « J'aurais aussi d'abord voulu te convaincre de rester à l'abri si les rôles avaient été inversés, tu le sais. J'avais pris ma décision dès l'instant où j'ai entendu les infos. » - « Mais c’était la première et la dernière fois. » Sa voix dénote du ton qui est habituellement le sien et tout particulièrement de celui qu’il utilise lorsqu’il s’adresse à Rory mais il a besoin de savoir que Swann est sérieux. C’est pour cette raison qu’il redresse finalement son regard contre le sien. « Si ça devait se reproduire d’une façon ou d’une autre, je m’assurerais que tu ne montes dans aucun avion, Rory Craine. » Il ne veut pas que ça se reproduise et il ne veut pas non plus que leur famille soit séparée au moment des faits, mais il veut aussi que les choses soient claires: plus jamais il ne laissera son mari prendre des risques pour rien, pas même pour sa propre conscience. Il n’aurait rien pu changer à la finalité, qu’il soit dans ses bras ou à New York. « J'avais juste besoin de vous serrer contre moi. Je savais qu'à partir du moment où on serait ensemble, je laisserai rien de mal vous arriver. » Le sourire de Swann est triste, même au moment où il laisse ses muscles se détendre à nouveau et sa tête se reposer contre l’épaule de son mari. Sa présence a été un soutien sans faille et jamais il ne voudrait le nier, mais il ne peut pas se permettre de faire passer ses désirs avant la sécurité de toute sa famille. « Je t’aime. » Pour ça, malgré ça, pour bien d’autres choses encore. Il se redresse pour embrasser sa joue un court instant, avant de se lover à nouveau contre lui dans la même position.

Parler de New York est aussi un sujet qu’il aborde avec un certain pincement au coeur parce qu’il s’agira toujours de la ville qui les retient loin l’un de l’autre, même si Swann a été le premier à pousser Rory à aller au bout de son projet. Il le mérite. Tout ce qui lui arrive de positif dernièrement ; il le mérite. « J'en suis certain. Et j'aurai plein d'endroits à vous faire découvrir, je sais déjà que vous vous y plairiez. Et ça me manque de te servir de guide. Ça nous rappellerait des souvenirs. » Cette fois-ci, le sourire de l’anglais est plus doux, un brin malicieux aussi. Doucement, il rapproche ses lèvres de l’oreille de Rory près de laquelle il murmure. « Est-ce que j’aurai encore le droit à des excuses bancales pour qu’on aille dans ton appartement ensuite ? » Et dire qu’à l’époque, il était surtout étonné de toute l’attention que Rory lui portait, lui dont il ne comprenait pas vraiment l’amitié qu’il lui portait puisque Swann n’avait rien de bien particulier. Il lui a fallu longtemps avant de vraiment tout comprendre, la situation n’ayant fait du sens qu’à partir du moment où les véritables sentiments de Rory à son égard ont été révélés. « Les deux tiers du film sont dans la boite, le tournage souffrira sûrement d'un léger retard mais toute l'équipe est vraiment efficace, ce sera pas un problème. George est le type le plus professionnel avec qui j'ai travaillé. » Et, rassuré, il hoche la tête. Tant qu’ils fêtent Noël en famille, c’est tout ce qui lui importe. Il accueille le baiser de Rory avec douceur, et sans doute un brin de frustration à l’idée de ne pas pouvoir le prolonger davantage et faire comme si de rien n’était, à trouver une place dans les draps de leur lit comme ils l’ont si souvent fait.

Au lieu de ça, Swann descend à la cuisine et Rory s’occupe d’installer le baby-phone pour s’assurer que Robin profite autant que possible de son sommeil. A peine revenu à ses côtés, Rory lui assure que ce dernier est toujours autant en bonne route. « Elle dort toujours paisiblement. Un vrai petit ange. » Rassuré, Swann sourit simplement. Robin est une véritable bénédiction à bien des niveaux, elle est le genre d’enfant dont tous les parents rêvent. « Tu sais, son premier Noël avec nous aura peut être une saveur un peu particulière, avec tout ça, mais ça n'en sera pas moins précieux pour autant. » Il s’arrête un instant dans la confection d’un biberon qui ne semble de toute façon pas prêt à être consommé de suite et se tourne plutôt en direction de son mari, sa main se posant d’abord contre sa joue pour capter son regard. Une autre trouve son passage sous son t-shirt et près de son dos, qu’il caresse doucement à même sa peau. « Ce Noël sera parfait. Ne t’en fais pas pour ça, d’accord ? On y est pas encore. » Ils ont un mois tout entier pour aviser de ce qu’ils feront, de qui ils inviteront, de combien de cadeaux exactement ils se donnent le droit d’offrir à Robin. « On fera des photos pour qu’elle se souvienne. » Et dans ces photos, Olga n’y aura pas sa place, alors Rory n’a définitivement pas à s’en faire et l’anglais s’en assure en déposant un baiser contre sa mâchoire.

Et plutôt que de s’inquiéter d’un avenir dont ils ne peuvent être certains, Swann préfère encore aider comme ils le peuvent dès l’instant présent, notamment en distribuant la nourriture de leur frigo qui a arrêté de fonctionner. Il est hors de question que tout finisse à la poubelle. Rory devient le prédisposé aux tupperwares et sandwiches et Swann acquiesce vivement chacune de ses idées, sincèrement heureux de le voir soudainement aussi motivé à la tâche. Il a toujours aimé aider les autres, après tout, cela n’a rien de nouveau. « A propos, » l’élan de motivation dans la cuisine prend une pause soudaine lorsque le ton de la discussion change radicalement et le regard de son mari avec. « Tu as eu des nouvelles de ton cabinet ? Tu sais s'il y a eu des dégâts ? » - « Oh. » Et pour être honnête, il s’attendant à entendre une terrible nouvelle, alors le voilà déjà rassuré. « Je… non. J’ai pas demandé. Je me dis que s’il y avait eu quelque chose, j’aurais reçu un appel. » Mais qui aurait appelé pour annoncer un dégât matériel, au juste ? Ou même humain ? Qui aurait bien pu vouloir tenir Swann informé de quoi que ce soit ? Il se rassure comme il peut, il trouve des excuses toutes faites. « C’est pas grave, c’est juste du matériel. Je verrai plus tard. » Il ne veut pas l’entendre, si jamais le projet sur lequel il travaille d’arrache-pied depuis des mois doit déjà être recommencé à zéro. Il ne veut rien savoir pour le moment et seulement se concentrer sur sa famille et leur quartier, parce que c’est ce qui importe bien plus que tout le reste. « Gin m’a dit que la maison d’Auden en avait pris un coup. Je vais me renseigner pour des logements d’urgence. » Le changement de sujet n’est pas fait volontairement, il le jure, mais c’est plus fort que lui: il ne veut pas que Rory s’en fasse pour le cabinet et, par la même occasion, il ne veut pas non plus risquer que la générosité de son mari se fasse entendre trop tôt. Ainsi, il ouvre la bouche bien avant que d’autres mots n’en sortent lorsqu’il s’agit de réfléchir à ce qu’il veut dire, et surtout comment il veut le dire. « Je l’aime, mais je veux pas qu’on l’accueille ici pour une durée indéterminée. » Et ce sont bien plus d’ordres donnés en une seule matinée qu’il n’en a pour habitude durant toute une vie, surtout à l’encontre de Rory, mais il agit pour le bien de sa famille avant toutes choses et Ginny est une nouvelle personne qu’il a besoin de mieux connaître avant de pouvoir la laisser auprès de sa fille sans s’en faire. Fatigué, il passe ses mains contre son visage un instant et souffle longuement, les yeux fermés. « Je vais vider le frigo. » Il va se rendre utile plutôt que de continuer à jouer un rôle qu’il est le premier à détester.

(c) harley & karolinadeanwrites

besides of the glamour all we got was bruised.

@SWANN CRAINE & RORY

« Mais c’était la première et la dernière fois. » Il était rare que le ton de son mari laisse transparaître autant d'autorité, ce qui aurait potentiellement interpellé Rory si la situation n'était pas aussi sérieuse et Swann légitimement inquiet pour lui quand il était question d'embarquer dans un avion pour Brisbane précisément lorsqu'une tempête était sur le point de s'y abattre. « Si ça devait se reproduire d’une façon ou d’une autre, je m’assurerais que tu ne montes dans aucun avion, Rory Craine. » Ainsi Rory hocha doucement la tête pour lui montrer que ses paroles ne tombaient pas dans l'oreille d'un sourd et qu'ils iraient au moins jusqu'à en discuter tous les deux si une telle situation devait se reproduire. Dans d'autres circonstances, il aurait sans doute fait remarquer que ce petit air autoritaire lui allait bien et ne le laissait même pas tout à fait indifférent, mais ce coup-ci Rory jugeait préférable de garder son sérieux. « On n'a aucune raison de penser que ça se reproduira, d'accord ? Mais si ça devait être le cas, je te promets que je ferais tout pour éviter de t'inquiéter. » Et si ça voulait dire renoncer cette fois à monter dans cet avion pour les rejoindre, probablement qu'il reconsidérerait au moins l'idée. Il était incapable de lui faire une promesse formelle, se connaissant assez pour savoir que son besoin d'être auprès d'eux et de les protéger serait toujours plus fort que le reste, mais c'était sa manière de lui dire qu'il ne minimisait absolument pas l'inquiétude par laquelle il était passé. « J'ai envie de croire que ce qu'on a vécu hier soir, on le revivra pas de si tôt. » Et il s'accrochait de toutes ses forces à cette idée, encore bien trop remué par la force des rafales qui auraient pu faire s'envoler une partie du toit ou les blesser d'une manière ou d'une autre, là où la sécurité de leur fille d'à peine dix mois était en plus au centre de leurs préoccupations. Il ne voulait pas penser à l'éventualité que ça puisse se reproduire un jour : après tout, Brisbane avait évité ce genre de déluge pendant assez longtemps pour que les chances soient plutôt faibles, non ? « Je t’aime. » Et laissant ses bras l'enserrer un peu plus fort contre lui, c'est contre sa tempe qu'il déposa finalement ses lèvres. « Moi aussi, je t'aime. » Et ils allaient bien. Tout allait bien.

« Est-ce que j’aurai encore le droit à des excuses bancales pour qu’on aille dans ton appartement ensuite ? » Son sourire retrouva de sa malice et le sujet parut subitement un peu plus léger, alors que ni son mari ni lui ne tenait à ce qu'il reparte de si tôt à New York, là où son tournage impliquait forcément qu'il rate certaines choses qu'il aurait pu partager auprès de son mari et de leur fille. Ce n'était que de courte durée, ainsi c'était un sacrifice qu'ils étaient tous les deux prêts à faire, mais Rory n'en savourait pas moins d'être au moins rentré auprès d'eux après plusieurs semaines à se contenter d'allers-retours pour les voir. « Oh, je peux toujours trouver des tas d'excuses pour ça, tu sais. » Il glissa de son petit air rieur, son nez se fronçant avec espièglerie et son cœur se remplissant de nostalgie en repensant à l'époque où tout prétexte était déjà bon pour passer le plus de temps possible auprès de l'anglais, qui loin d'encore se douter des sentiments qui animaient l'acteur n'en acceptait pas moins ses invitations. Lorsqu'il s'était finalement déclaré à lui, posant enfin des mots sur ce qu'il ressentait depuis déjà des mois, sans doute qu'il avait pris le plus gros risque de toute sa vie. Mais le risque en avait valu la peine, d'abord lorsque ses sentiments avaient été partagés, puis lorsque Swann et lui avaient pu débuter une histoire aussi belle qu'intense. Finalement, savoir que le tournage ne reprendrait que pour quelques semaines à son retour à New York était une consolation pour l'acteur, qui bien qu'étant profondément fier de ce film comptait toujours les jours qui le séparaient des deux personnes les plus importantes de sa vie. Au moins était-il certain qu'ils passeraient les fêtes tous les trois, sans le moindre risque d'un changement de programme de dernière minute. Car cette année, tout se voulait encore bien plus symbolique : ce serait le tout premier Noël de Robin, à leurs cotés. « Ce Noël sera parfait. Ne t’en fais pas pour ça, d’accord ? On y est pas encore. » Il secoua la tête comme pour chasser toute autre pensée de son esprit, le cœur en vérité rempli d'espoir et d'impatience. La tempête Olga et ses conséquences planeraient peut être en partie sur la période des fêtes, mais ces moments en famille n'en seraient pas moins précieux et eux enthousiastes et émus de pouvoir gâter celle qui illuminait leur quotidien depuis déjà huit mois. « Tu as raison. Ce sera parfait parce qu'on sera tous les trois. » Et c'était de loin le plus important et la raison pour laquelle il aurait encore moins supporté d'être resté à New York sans avoir la moindre idée de quand il pourrait enfin les rejoindre. « On fera des photos pour qu’elle se souvienne. » Et à cette pensée, les yeux de l'australien brillèrent d'une émotion encore plus grande, comme si tout devenait encore plus concret. L'an passé, Swann et lui nourrissaient le vœu de fonder une famille et cette année, c'est auprès de leur fille qu'ils vivraient tous ces moments. « On l'aidera à décorer le sapin, même si ça veut dire qu'il aura peut être un peu moins fière allure que les autres années. C'est pas ça l'important. » Et l'unique raison pour laquelle son sourire se fit un peu plus amusé, c'est parce qu'il voyait d'ici Robin insister pour jouer avec chaque boule et les emprisonner entre ses petits doigts potelés plutôt que de les accrocher sur le sapin. « Et oui, on trouvera le temps de regarder au moins un épisode spécial Noël de Doctor Who. Il faut que tu l'inities dès son plus jeune âge, tu crois pas ? » Swann savait bien que Rory ne l'en empêcherait pas, s'il en avait envie. Mais il lui paraissait évident que cette tradition-là était plus ou moins actée dès l'instant où leur fille les avait rejoint.

Le couple affairé à préparer de quoi distribuer à leurs voisins les moins bien lotis après le passage de la tempête – ils avaient bien assez de réserves pour en faire profiter les autres et pouvaient se considérer chanceux de pouvoir encore utiliser leur cuisine – c'est finalement un Rory un brin plus tracassé qui chercha à se renseigner sur l'état du cabinet de son mari, lequel se trouvait en ville et là où la tempête avait potentiellement fait des dégâts. Si une part de lui ne voulait pas y penser, une autre éprouvait le besoin de s'assurer que Swann ne ferait pas face à ces difficultés tout seul, si les locaux avaient du être endommagés. Il est évident qu'il mettrait tout en œuvre pour l'aider, quitte à repousser la reprise de tournage de quelques semaines encore. « Oh. Je… non. J’ai pas demandé. Je me dis que s’il y avait eu quelque chose, j’aurais reçu un appel. » Rory n'était pas vraiment le mieux placé pour savoir comment ces choses-là se passaient, mais il avait envie de partager l'optimisme de Swann et de croire que si quelque chose de sérieux avait du se produire, quelqu'un l'aurait déjà contacté. Ne serait-ce qu'un patient ou un commerçant du coin. C'était l'éventualité la plus probable, non ? « Tu as sûrement raison. Mais ça nous empêche quand même pas d'aller voir cette après-midi, si tu veux, pour nous rassurer. » Il proposa sans chercher à lui forcer la main, conscient qu'il avait déjà eu son lot d'émotions depuis hier soir et que si le cabinet avait du souffrir du passage d'Olga, ce serait véritablement un énorme choc émotionnel pour son mari qui avait déployé tant de temps et d'énergie à préparer cet endroit pour ses patients. « C’est pas grave, c’est juste du matériel. Je verrai plus tard. » - « C'est pas juste du matériel, Swann. » Il souffla ainsi avec douceur, sans que ses mots ne portent la trace du moindre jugement, son regard se reposant simplement dans le sien tandis que ses doigts glissèrent sur la surface du plan de travail pour venir chercher les siens. Juste comme ça, dans un geste qu'il espérait sans doute apaisant. « Je veux dire... c'est important, ça aussi. Même si je comprends ce que t'as voulu dire. » Et qu'il ne lui reprochait pas de ne pas vouloir y penser pour le moment, tout le reste étant déstabilisant pour que la seule perspective de découvrir leur rue partiellement endommagée en ouvrant leur porte tout à l'heure suffise déjà à leur nouer l'estomac. Ils avaient besoin de se remettre de leurs émotions et pour ça, il ne serait pas celui qui insisterait pour qu'ils en aient le cœur net

« Gin m’a dit que la maison d’Auden en avait pris un coup. Je vais me renseigner pour des logements d’urgence. » Peut être bien que son mari changeait de sujet pour ne pas avoir à y penser plus longtemps, poussant Rory à culpabiliser d'avoir cru judicieux de mettre le sujet sur le tapis. Mais parce qu'il le connaissait par cœur, l'australien savait que c'était avant tout sa manière de lui éviter de s'inquiéter, lui qui savait mieux que personne combien Rory pouvait s'angoisser. « J'ai vu qu'ils organisaient un programme en ville. Si ça avait été possible, j'aurais aimé qu'on puisse ouvrir notre porte à ceux qui en ont besoin. » Mais ils savaient tous les deux pourquoi ça ne l'était pas, pourquoi son métier compliquait sensiblement les choses et que toute son équipe lui tomberait dessus en même temps s'il osait ouvrir sa porte à des inconnus et les accueillir chez lui. Et ça le frustrait au plus haut point, Rory, de ne pas pouvoir faire davantage pour cette ville qu'il considérait depuis vingt ans comme sa seule maison, là où il trouvait presque sordide que sa notoriété puisse de temps à autres être un frein à la solidarité dont il voudrait tant pouvoir faire preuve afin d'utiliser son statut pour servir des causes justes et nécessaires. Sans doute que sa nature voulait qu'il ait un peu trop confiance en ses semblables et ne voit pas les risques que ce genre de situations pourraient lui faire courir. « Je l’aime, mais je veux pas qu’on l’accueille ici pour une durée indéterminée. » Et si le ton de son mari se fit un peu plus ferme, Rory fut loin de s'en offusquer pour autant. Il n'avait qu'à l'observer et l'entendre pour voir combien le sujet était sensible, combien le retour de la jeune femme avait une nouvelle fois bouleversé les certitudes qu'il croyait avoir et ravivé l'impression qu'il devait nourrir qu'à nouveau, il ne savait plus à quoi se fier. Parce qu'il avait eu son compte, Swann, et qu'aussi réjouissante soit l'idée que Ginny soit saine et sauve, ils savaient tous les deux tout ce que ça remuait inévitablement. Et à cette seule pensée, Rory était paralysé par la peur qu'il en souffre davantage qu'il n'osait le lui confier. « Je vais vider le frigo. » – « Swann, attends. » C'est dans un geste lent et délicat que sa main vint saisir le bras de son mari pour le freiner dans son élan, l'incitant à s'immobiliser et à lui faire à nouveau face, ses yeux clairs retrouvant leur place au fond des siens. « Ça fait pas de toi une mauvaise personne de penser ça, d'accord ? » Il souffla doucement, incapable de le laisser penser une telle chose s'il y avait le moindre risque qu'il en doute. « C'est Ginny, et on sait tous les deux à quel point elle a toujours compté pour toi. Mais il s'est passé deux ans depuis la dernière fois que vous vous êtes vus et personne peut te reprocher d'avoir besoin d'un peu de temps avant que tout redevienne comme avant. » Personne, et sûrement pas lui. Lui qui avait été là quand la nouvelle de la disparition de la brune l'avait bouleversé, puis que la thèse de son décès l'avait brisé un peu plus. Il était là à chaque moment que Swann avait passé à pleurer celle qu'il considérait comme sa sœur, alors même si ce retour avait tout d'une excellente nouvelle pour eux tous, il ne pouvait pas effacer la souffrance et les cruelles incertitudes de ces derniers mois. « Je sais que tu penses à Robin avant tout, que tu veux pas risquer de faire entrer dans sa vie quelqu'un qui pourrait en ressortir. » Parce qu'il pensait toujours à leur fille en priorité, que c'était l'une des innombrables raisons pour lesquelles il l'aimait et savait qu'il avait fait le meilleur des choix en décidant de fonder une famille avec lui. « Tu veux la protéger, et ça fait de toi le meilleur père dont elle puisse rêver. Pas autre chose. » Pas autre chose. Jamais. « Ginny sera la bienvenue ici aussi longtemps que tu te sentiras à l'aise de l'accueillir. Et pour le reste ça nous empêche pas de l'aider, d'accord ? » Même si elle ne restait sur ce toit que pour une durée déterminée, même si elle finissait par trouver un autre logement où se reconstruire. Ils seraient là pour l'aider et lui tendre la main ; ça n'était pas une chose sur laquelle ils avaient besoin de réfléchir. « Si tu veux, on peut dire que c'est moi qui peux pas me permettre d'accueillir trop longtemps quelqu'un d'extérieur en ce moment. Que c'est pas le meilleur moment, qu'avec ma carrière je suis forcé de rendre des comptes pour une question de sécurité. » Ce ne serait pas la vérité, et aucun d'eux ne tenait à inventer de fausses excuses, mais Rory était d'avis que certains mensonges étaient parfois nécessaires pour ne pas faire de mal. Ici, il pensait à une solution pour alléger la conscience de l'homme qu'il aimait. « Tu veux pas la blesser, encore moins la rejeter, alors si c'est plus simple on peut juste dire que ça vient de moi. » Parce qu'aussi vrai qu'il avait toujours sincèrement apprécié Ginny du peu qu'il avait jusqu'ici eu l'occasion d'apprendre à la connaître, Rory savait que ça n'aurait pas le même impact si ça venait de lui plutôt que de Swann. Ainsi il ne verrait aucun inconvénient à hériter de ce rôle si ça pouvait aider son mari à se sentir un peu mieux.

Rory le dit bien quand il souligne qu’il n’y a aucune raison de penser qu’un événement à la hauteur d’une tempête ne risque sûrement pas de se reproduire de leur vivant et Swann veut y croire, parce que c’est un argument de pure logique. De telles choses n’arrivent pas souvent, encore moins dans un même endroit: ils seront protégés, à l’avenir. Ils l’ont vécu une fois, ils ne le vivront sûrement pas une deuxième et un tel sujet n’aura plus jamais à être abordé: Robin sera autant en sécurité qu’eux deux. Ce n’est pas une discussion qu’il cherche à faire perdurer, preuve en est de l’étreinte qui intensifie contre son mari, et du baiser qu’il accepte de ce dernier en fermant simplement les yeux. Tout ne peut pas être réglé simplement parce qu’ils le veulent, mais c’est tout du moins ce qu’il veut croire, surtout alors que la discussion finit par basculer vers un sujet bien plus doux mentionnant New York, leur fille et les fêtes de fin d’année. « Oh, je peux toujours trouver des tas d'excuses pour ça, tu sais. » Ils osent même parler de leurs futures visites de la ville avec espièglerie et nostalgie, d’une époque où toute excuse était bonne à prendre pour que leurs sorties en groupe finissent par devenir des sorties à deux, lesquelles se sont bien souvent terminées par des discussions chez Rory. Et dire qu’à l’époque, Swann n’y voyait que du feu. « Tu as raison. Ce sera parfait parce qu'on sera tous les trois. » Il hoche la tête avec conviction. Peu importe où ils finiront par passer les fêtes, ce n’est pas ce qui importe le plus. Ils seront ensemble et Robin sera à leurs côtés, alors rien ne sert de s’en faire davantage. « On l'aidera à décorer le sapin, même si ça veut dire qu'il aura peut-être un peu moins fière allure que les autres années. C'est pas ça l'important. » Rory sourit en pensant déjà à ce moment, et Swann rigole doucement en imaginant toute la maladresse de leur fille couplée à ses goûts particuliers en termes de décoration. Il ne donne pas cher payé de leur futur sapin mais il l’aimera bien plus que n’importe lequel lui ayant été donné de voir jusque-là. « Ça sera notre tradition, de le décorer ensemble. Elle va nous détester quand elle sera ado et elle dira qu’on est ringards, mais quand elle sera adulte elle le verra différemment. » Il annonce déjà, sans doute anticipant un peu trop: Robin est trop jeune pour garder le moindre souvenir de ce qu’elle est en train de vivre en ce moment. Eux n’oublierons jamais, et les photos resteront toujours présentes à leur tour. Tout sera absolument parfait, surtout si cette tradition implique qu’ils seront toujours ensemble à Noël. Peu importe le travail de chacun, peu importe les déplacements. La fête est trop importante pour passer au second plan. « Et oui, on trouvera le temps de regarder au moins un épisode spécial Noël de Doctor Who. Il faut que tu l'inities dès son plus jeune âge, tu crois pas ? » Ce n’est pas parce qu’elle grandit loin de l’Angleterre qu’elle n’en a pas la culture et les traditions, ça aussi c’est plutôt évident. « Je crois que tu as d’excellentes idées. » Il lui avoue dans un sourire parfait, sincère et pleinement heureux. Il pourrait presque oublier ce qu’ils ont vécu cette nuit.

Un sujet enchantant bien moins Swann consiste à parler de son cabinet, dont il ignore encore s’il a été touché par la tempête. Pour l’heure, il préfère se concentrer sur ce qu’il advient de sa famille et de leur entourage plutôt que de donner de son énergie et potentiellement de son temps à ce projet, quand bien même il le juge non moins important. « Tu as sûrement raison. Mais ça nous empêche quand même pas d'aller voir cette après-midi, si tu veux, pour nous rassurer. » Il accorde un simple hochement de tête aux mots de son mari, son attention volontairement tournée ailleurs pour qu’il ne se risque pas à y penser de trop. « C'est pas juste du matériel, Swann. » Seuls ces mots le font revenir à la réalité, sans doute parce qu’il est peu habitué à ce que l’avis de Rory n’aille pas dans le même sens que le sien. Il en avait sans doute besoin, pourtant. Ses yeux se perdent un instant dans le clair de ceux de son mari, où il prend enfin le temps de déceler une certaine crainte. Il déloge son regard du sien uniquement pour le poser sur sa main qu’il avance sur le plan de travail, laquelle rencontre rapidement celle de Swann faisant le même trajet. Sans nouer ses doigts aux siens, il prend pourtant le temps de poser chaque empreinte de ses doigts contre celles de leurs semblables chez Rory, un moyen comme un autre pour lui de s’ancrer dans le réel de la situation. « Tu as raison. On ferait sans doute mieux d’y passer dans la journée. » Mais seulement après avoir aidé leurs voisins, parce qu’il ne reviendra pas sur le fait que les problèmes humains sont plus importants que son cabinet, et ce peu importe à quel point il tient à ce dernier.

« J'ai vu qu'ils organisaient un programme en ville. Si ça avait été possible, j'aurais aimé qu'on puisse ouvrir notre porte à ceux qui en ont besoin. » Et suite à ces mots emplis d’une profonde tristesse, Swann prend enfin la peine d’enrouler ses doigts autour de ceux de son mari. « Je sais que tu l’aurais fait mon coeur. » Tout comme il sait que Swann aurait accueilli l’idée à bras ouvert, si seulement tout avait été différent. Aujourd’hui, il ne va pas lui dire qu’ils peuvent quand même héberger un inconnu chez eux tant cela paraît inconsidéré. La célébrité de Rory vient avec de nombreux aspects négatifs qu’ils ne peuvent pas tous contrôler, mais ils peuvent au moins s’assurer de ne pas inviter d’inconnus chez eux et ce qui était déjà valable du temps où il n’y avait qu’eux l’est d’autant plus encore en compagnie de Robin. Pour elles, ils seraient prêts à tout, et aujourd’hui cela signifie ne pas tendre la main à la hauteur de ce qu’ils voudraient. Et de son côté, Swann ne se sent même pas prêt à accueillir sa propre soeur chez lui, alors il ne se sent pas légitime pour avancer de plus amples remarques sur le sujet. « Swann, attends. » Leurs corps ne se détachent pas longtemps, la main de Rory venant déjà freiner le bras d’un anglais occupé à vaquer ailleurs pour tenter de raccourcir la conversation. « Ça fait pas de toi une mauvaise personne de penser ça, d'accord ? » Son visage à la hauteur du sien, il observe ses traits sans savoir comment réagir. Il ne hoche pas la tête, il ne répond rien non plus, et sans doute qu’il passe aussi un peu trop de temps à analyser la véracité des mots de son mari, lequel ne lui mentirait pourtant jamais. « C'est Ginny, et on sait tous les deux à quel point elle a toujours compté pour toi. Mais il s'est passé deux ans depuis la dernière fois que vous vous êtes vus et personne peut te reprocher d'avoir besoin d'un peu de temps avant que tout redevienne comme avant. » Il s’est passé deux ans et Matt est mort. Jill est partie. Il est venu pour les retrouver, eux, tous les McGrath. Et ils sont partis, tous à leur manière. Il a trouvé d’autres personnes, il a trouvé Rory et il sait être pleinement heureux sans eux aujourd’hui, mais il mentirait s’il disait ne pas ressentir une certaine forme de colère. Il est pleinement heureux sans eux, mais jamais il ne saura à quel point il aurait pu l’être s’ils étaient encore tous présents dans sa vie. « Je sais que tu penses à Robin avant tout, que tu veux pas risquer de faire entrer dans sa vie quelqu'un qui pourrait en ressortir. » Bien malgré lui, il hoche la tête. Il ne veut pas imposer à Robin le genre de sentiment qu’il a lui-même vécu par le passé, à voir entrer dans sa vie des personnes qu’il a aimé aussitôt, et qu’il a vu en sortir tôt ou tard. Ce n’est pas de cette façon qu’il veut qu’elle grandisse, pas alors qu’elle est déjà légitime à ressentir le sentiment d’abandon. Ils se donnent trop de mal pour lutter contre pour qu’il se risque à tout gâcher. « Tu veux la protéger, et ça fait de toi le meilleur père dont elle puisse rêver. Pas autre chose. » - « Un père peut-être, mais un frère… » Il hausse les épaules. Cela ne fait pas de lui un bon frère, voilà tout. « Ginny sera la bienvenue ici aussi longtemps que tu te sentiras à l'aise de l'accueillir. Et pour le reste ça nous empêche pas de l'aider, d'accord ? » D’accord. Il hoche la tête avec un peu plus de conviction cette fois, l’idée  n’ayant jamais été d’abandonner sa sœur. Il ne se sent pas capable de l’aider à la hauteur qu’il le désirerait, mais ils peuvent au moins aider un minimum, lui comme Rory. Si elle a besoin d’un toit en urgence, jamais ils ne la laisseraient dormir à la rue. « Je vais l’appeler pour savoir ce dont elle a besoin exactement. » Et ils agiront en conséquence, à leur hauteur.

« Si tu veux, on peut dire que c'est moi qui peux pas me permettre d'accueillir trop longtemps quelqu'un d'extérieur en ce moment. Que c'est pas le meilleur moment, qu'avec ma carrière je suis forcé de rendre des comptes pour une question de sécurité. »
« Non, non. »

Il comprend la volonté de Rory et il le remercie de vouloir se porter en bouclier dans toute cette histoire, mais il lui semble bien impensable de rejeter toute la faute sur lui alors qu’il n’aurait sûrement jamais été contre l’idée de l’accueillir si Swann ne l’avait pas évoqué de son côté. « Je lui dirai la vérité. Je veux pas qu’elle pense que c’est de ta faute. » Jamais il ne laissera le blâme reposer à tort sur Rory. Son mari a déjà trop souffert de situations semblables. « Elle a été très heureuse d’apprendre qu’on s’était mariés, tu sais. » Son bras libre défait doucement la main que Rory avait posé contre son autre bras pour l’arrêter dans son avancée, et cette même main se pose ensuite contre la joue de son mari. Avec une tendresse infinie, son pouce passe sous ses yeux, où des cernes trahissent la nuit agitée qu’ils ont vécue. « Et je veux pas qu’elle ait une image de toi différente de la réalité. » Surtout si c’est pour défendre Swann, qui n’a pas de mal à avouer le fond de sa pensée, même si ce n’est pas une conversation qu’il a hâte d’avoir avec Ginny. Il le faudra. « J’aimerais que Robin grandisse avec une présence féminine comme celle de Ginny, parce que tu sais… Voilà. Et Ginny a toujours eu un don avec les enfants. » Les sœurs de Rory sont aussi présentes pour leur fille, qui ne manque déjà pas de femmes sur qui compter dans son entourage, mais il aimerait sincèrement que Ginny s’ajoute à l’équation. Elle a toujours été d’une tendresse infinie envers Noah, et envers Sloan aussi du peu qu’il en a vu. Nul doute qu’elle en ferait de même avec Robin. « Si t’avais vu son regard quand je lui ai montré la photo dans mon portefeuille. » Il sourit tendrement à son tour en repensant à ce souvenir et à ce moment où il lui a demandé de sortir de son portefeuille une photo du mariage les montrant tous les trois. Ginny est une présence positive, à n’en pas douter, mais il a encore besoin d’un peu de temps pour lui laisser l’espace qu’elle a toujours eu dans sa vie. « Un jour, tout sera plus simple. » Il hoche la tête pour s’en convaincre le premier et pose un instant son front contre celui de Rory, les yeux fermés. Pour l'heure, c'est le babyphone qui s'enclenche tout en marquant les cris de Robin qui leur annonce qu'il est grand temps de préparer ce biberon dont il était initialement question. « Va la chercher si tu veux. Je m'y mets. » Elle est leur moteur et leur raison d'aller de l'avant, elle plus que quiconque.

(c) harley & karolinadeanwrites

besides of the glamour all we got was bruised.

@SWANN CRAINE & RORY

« Ça sera notre tradition, de le décorer ensemble. Elle va nous détester quand elle sera ado et elle dira qu’on est ringards, mais quand elle sera adulte elle le verra différemment. » Une idée qui dessina le plus attendri des sourires sur les lèvres de l'acteur, qui ne pourrait pas se faire de plus grande joie lorsqu'il les imaginait écrire ensemble l'avenir qu'ils avaient toujours voulu. Un avenir qu'il n'avait pour sa part jamais imaginé autrement qu'aux cotés de l'anglais et de leur propre famille, sachant depuis le premier instant que Swann ferait un père merveilleux. « Même si une part de moi est impatiente de découvrir la jeune femme exceptionnelle qu'elle deviendra, j'ai pas vraiment hâte qu'elle soit plus en âge de grimper sur nos épaules pour accrocher l'étoile en haut du sapin. » Il confia dans une petite moue mélancolique, déjà tenté de trouver que Robin grandissait trop vite maintenant qu'elle n'était plus exactement le nourrisson qu'ils avaient accueilli des mois auparavant. Elle grandissait à vue d’œil et fêterait son premier anniversaire dans deux petits mois : déjà, une part de lui voudrait pouvoir arrêter le temps. « Je veux profiter de ces moments-là au maximum. Et qui sait, peut être qu'un jour c'est elle qui sera assez grande pour aider son petit frère ou sa petite sœur à le décorer. » Ces mots-là, Rory les souffla un peu plus bas, son mari et lui n'ayant fait qu'effleurer le sujet à quelques occasions sans jamais réellement en reparler. Cette idée d'agrandir plus encore la famille continuait de faire son bout de chemin, pourtant, et ne quittait jamais vraiment son esprit. « Je crois que tu as d’excellentes idées. » Ainsi ils passeraient des fêtes de Noël à l'image de tout ce qu'ils aimaient et chérissaient le plus, cette période se voulant forcément un peu plus magique encore après les frayeurs d'hier soir.

« Tu as raison. On ferait sans doute mieux d’y passer dans la journée. » Il n'était pas question de forcer la main à son mari, pourtant Rory voyait bien qu'une part de lui ne serait pas totalement rassurée tant qu'ils n'auraient pas vérifié l'état de son cabinet. Son mari tenait peut être à faire passer leur confort et leur sécurité avant tout, mais ce projet n'en était pas moins important pour lui et ce boulot, l'acteur le savait, son mari y tenait plus que tout depuis qu'il avait décidé de se réinstaller à son compte. « Juste pour nous assurer que tout va bien. Comme ça, tu auras l'esprit plus tranquille et tu pourras te focaliser sur le reste. » Et ça ne les empêcherait pas d'aider leurs voisins et d'employer les prochains jours à donner généreusement de leur temps à ceux qui en avaient le plus besoin. Après la distribution de repas, ils pourraient encore se rendre utile en ville et Rory avait déjà repéré quelques stands de récolte auprès desquels ils pourraient faire des dons. « Je sais que tu l’aurais fait mon cœur. » Tout comme Rory savait que son mari aurait eu à cœur d'ouvrir leur porte à ceux dans le besoin si les circonstances avaient été différentes. Ils avaient préféré rester raisonnables et on ne pouvait sans doute pas le leur reprocher non plus, leurs efforts d'aujourd'hui pour venir en aide à leurs voisins étant finalement leur manière de compenser ce qu'ils n'avaient pas pu faire de plus. « Ça aurait été compliqué pour plein de raisons. Au fond je sais qu'on aurait pas été totalement sereins de confronter Robin à des inconnus aussi tôt. C'est mieux comme ça. » Parce que leur fille passerait toujours en premier, qu'au-delà des précautions qui se devaient d'être prises concernant son statut ils avaient d'abord pensé à leur fille de dix mois et au fait que son quotidien risquait d'être suffisamment bouleversé pour qu'ils n'en rajoutent pas. Elle grandirait en ayant un grand cœur elle aussi, Rory en était convaincu, mais pour l'heure ils pouvaient faire tout ce qui était en leur pouvoir pour la protéger et n'hésiteraient jamais une seconde.

Tendre la main à Ginny ne présentait pas les mêmes risques et pourtant, Rory serait la dernière personne à condamner son mari simplement parce qu'il désirait poser des limites au retour de la jeune femme dans sa vie. Parce qu'il était mieux placé que quiconque pour savoir tout ce que ce retour remuait inévitablement chez Swann, qui avait vécu plusieurs mois avec la certitude qu'il avait perdu sa sœur peu de temps après que son frère lui ait déjà été arraché. Tout ça avait forcément laissé des traces et s'ils étaient l'un comme l'autre profondément heureux et soulagés que Ginny aille bien et que cette histoire connaisse une fin heureuse, tout ne pouvait pas se régler aussi facilement. Il connaissait Swann, il savait qu'il ne pouvait pas faire comme si rien ne s'était passé malgré toute la bonne volonté dont il était capable et tout l'amour qu'il portait à sa sœur. « Un père peut-être, mais un frère… » Il doutait d'être un frère à la hauteur quand en réalité Rory était convaincu que personne ne pourrait souhaiter en avoir de meilleur, preuve en était qu'il s'était toujours rendu disponible pour sa famille même après qu'il ait pourtant découvert qu'ils ne partageaient en vérité aucun lien de sang. Il n'avait pas laissé cette nouvelle influencer la façon dont il agirait toujours avec eux et se laissait guider par son affection pour eux et sa dévotion à toute épreuve depuis le premier instant. « Tu lui as pas tourné le dos quand elle est revenue vers toi, Swann. Tu lui as laissé une chance de s'expliquer et aujourd'hui tu es prêt à la laisser revenir dans ta vie. » Il n'avait pas laissé la moindre rancœur aveugler son jugement et pour ça, il était resté fidèle à l'homme dévoué et compréhensif qu'il aimait depuis des années. « Tu as tous les droits de poser des limites, et ça veut pas dire que tu es pas heureux de la retrouver. Juste que tu as besoin d'un peu de temps, comme n'importe qui en aurait besoin après autant d'émotions. » Tout ce qu'il faisait, c'était se protéger le temps de digérer tout ça pour pouvoir ensuite la réacueillir au mieux dans leur quotidien. Rory se serait inquiété qu'il ne pense pas du tout à lui, sachant trop bien combien Swann pouvait toujours faire passer les autres en premier. « Je vais l’appeler pour savoir ce dont elle a besoin exactement. » - « C'est une bonne idée, oui. Tu devrais faire ça. » Et il était convaincu que Ginny lui serait reconnaissante d'être prêt à l'aider, le contraire n'ayant jamais été une option dès l'instant où la jeune femme était réapparue. Ils seraient là pour elle, ils y veilleraient sincèrement, et le reste deviendrait simplement un peu plus simple au bout de quelques temps.

Et parce que la dernière chose qu'il souhaitait c'était que Swann se sente coupable d'avoir besoin d'un peu de temps, Rory était disposé à proposer n'importe quelle solution qui allégerait sa conscience ; même si ça voulait dire endosser le mauvais rôle aux yeux de Ginny. « Non, non. Je lui dirai la vérité. Je veux pas qu’elle pense que c’est de ta faute. » C'est doucement que Rory secoua la tête, sans pour autant regretter d'avoir soumis l'idée à Swann quand il était question de sa relation avec sa sœur, qu'il se contentait de vouloir protéger à sa façon et parce qu'ils avaient passé bien assez de temps séparés l'un de l'autre. « D'accord, c'est comme tu préfères. » Il comprenait qu'il ne tienne pas à mentir ou à travestir la vérité même pour ménager Ginny et il était au fond de lui convaincu qu'elle n'en tiendrait probablement pas rigueur à Swann, que dans toute cette histoire elle était la première disposée à lui laisser le temps dont il avait besoin. « Elle a été très heureuse d’apprendre qu’on s’était mariés, tu sais. » Un sourire encore un peu plus ému sur les lèvres, c'est son regard qui cette fois se mit à briller différemment, touché au plus profond de lui-même. « Ça me touche beaucoup. » Sans même que ça le surprenne, parce qu'il avait toujours su que Ginny voulait le bonheur de Swann et qu'il avait eu le sentiment qu'elle le pensait capable de le rendre aussi heureux qu'il le méritait, ce qui avait toujours été une validation extrêmement précieuse à ses yeux. « Je sais que tu aurais aimé qu'elle soit là. Mais vous vous rattraperez. » Lui aussi aurait aimé qu'elle puisse assister à leur union, sachant tout ce que ça aurait représenté pour Swann qu'elle soit simplement là et puisse partager cette journée avec lui, avec eux. Mais ça ne les empêcherait pas de partager un millier d'autres moments ensemble, d'écrire de nombreux autres souvenirs. A l'arrivée, tous ces détails ne seraient plus si importants. « Et je veux pas qu’elle ait une image de toi différente de la réalité. » - « On fera comme tu veux. C'est ta sœur, je te suivrai quoi que tu décides. » Et bien sûr, une part de lui préférait aussi ne pas avoir à se montrer sous un jour différent auprès de la brune, parce que ça avait toujours énormément compté pour lui de lui apparaître comme quelqu'un qu'elle serait heureuse de savoir auprès de Swann, quelqu'un avec qui une sœur apprécierait que son frère construise sa vie. « J’aimerais que Robin grandisse avec une présence féminine comme celle de Ginny, parce que tu sais… Voilà. Et Ginny a toujours eu un don avec les enfants. » Finalement, imitant celle que son mari avait apposé contre sa joue quelques instants plus tôt, c'est sa propre main qui se déposa tendrement à la naissance de sa mâchoire, son pouce déjà occupé à y caresser sa peau. « J'aimerais beaucoup, moi aussi. Je connais peut être pas Ginny aussi bien que toi, mais elle a toujours été accueillante avec moi et ça me rend vraiment heureux que vous vous soyez retrouvés. Robin aurait beaucoup de chance de l'avoir à ses cotés en grandissant. » C'était sa manière de lui dire qu'ils avaient encore du chemin à faire avant de se connaître aussi bien qu'il le souhaitait mais qu'il n'avait pas besoin de ça pour déjà savoir que lui aussi, il aimerait qu'elle fasse partie de la vie de leur fille et soit l'une de ces présences féminines sur qui Robin pourrait compter. Ils savaient tous les deux ce que ça représenterait et que ça compterait forcément, plus encore lorsque leur fille grandirait. Lorsque Robin se posera des milliers de questions, il lui sera plus facile d'adresser certaines d'entre elles à une femme ; c'était une chose dont ils avaient toujours été conscients. « Si t’avais vu son regard quand je lui ai montré la photo dans mon portefeuille. » Son sourire se fit le miroir de celui de Swann, aussi tendre et aussi ému, aussi impossible à réprimer surtout. « Elle vivra certains moments avec nous, à présent. T'auras pas toujours besoin de lui montrer des photos. » Ils iraient doucement au début, ils ne forceraient pas les choses tant que Swann aurait besoin de s'adapter au retour de Ginny dans sa vie. Et puis, au fur et à mesure, ils la laisseraient reprendre une place plus importante à leurs cotés, toujours selon ce que son mari désirerait. Rory le suivrait, il le lui avait dit. « Un jour, tout sera plus simple. » - « Oui, mon cœur. J'en suis sûr. » Ses yeux clos, son front posé contre celui de Swann, Rory savoura le moment présent. Tout pourrait être plus simple, mais pour commencer, ils étaient au moins conscients de la chance qu'ils avaient eu de s'en sortir indemnes et d'avoir pu passer ces moments-là ensemble, aussi difficiles qu'ils aient été. Et parce qu'ils avaient sans doute été un peu plus longs que prévu depuis qu'ils avaient rejoint le rez-de-chaussée et la cuisine, leur fille profita bientôt de l'occasion pour donner de la voix et leur rappeler qu'initialement, c'est son biberon qu'ils étaient descendus préparer. « Va la chercher si tu veux. Je m'y mets. » Après un rire attendri par la simplicité de ce moment – plus encore après la nuit qu'ils avaient passé – Rory acquiesça. « Je vais essayer de gagner quelques minutes le temps que tu aies fini. » Il glissa à son oreille, ses lèvres se déposant naturellement tout contre sa nuque le temps d'un baiser qu'il s'efforça de ne pas éterniser, déjà parti rejoindre leur fille à l'étage et s'assurer que la journée de Robin soit la plus ordinaire possible malgré les circonstances.

***

C'est finalement les bras chargés des nombreuses portions de repas que le couple gagna l'extérieur et partit à la rencontre de leurs voisins les plus touchés, incapables de rester insensibles au sort de ceux qui les avaient si chaleureusement accueilli à leur arrivée dans cette rue. Leur offrir ces quelques denrées ne transformerait pas radicalement leur quotidien, mais ils pourraient au moins faire en sorte de leur rendre le sourire quelques instants et c'était ça, qui leur importait vraiment. A mi parcours de leur distribution, c'est alors un regard complice que Rory échangea avec son mari, le cœur lourd de voir quels dégâts avait pu causer la tempête Olga mais rassuré de constater que leurs élans de solidarité étaient partagés par beaucoup d'autres. « Je t'avais dit que ta tourte ferait l'unanimité. » Il glissa ainsi, plus assuré que jamais d'avoir pris la bonne décision lorsqu'il était rentré sur Brisbane pour retrouver ceux qu'il aurait été incapable de laisser derrière lui dans ces circonstances et alors que l'inquiétude ne lui aurait laissé aucun répit de les savoir en proie à cette tempête. C'est à ses cotés et à ceux de leur fille qu'était sa place, et il ne laisserait jamais rien se dresser entre eux.