| (Camelia #1) Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices |
| | (#)Mer 6 Déc 2023 - 22:07 | |
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Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices -- @Dahlia Jakande Le vrombissement de sa nouvelle Jaguar était comme une caresse à ses oreilles, pas comme la voix nasillarde de l’employée du Death Before Decaf qui avait pris trois plombes à le servir parce qu’elle avait reconnu le musicien et qu’elle en perdait ses moyens. Pendant une fraction de seconde, Cameron regretta presque de n’être pas tombé sur Meryl. Peut-être qu’il y aurait eu un risque de repartir avec un crachat comme ingrédient secret dans son double espresso, mais il aurait au moins pu ressortir du café en deux temps trois mouvements parce que la blonde aurait tout fait pour qu’il ne soit plus dans son champ de vision plus longtemps. « Désolé, je vais être en retard un peu. J’arrive, je suis sur la route. » Tout ça parce qu’il avait voulu être gentil en arrêtant acheter du café pour tout le monde sur son chemin du Loophole jusqu’à la plage de Bayside où le tournage avait lieu. Musique au fond et cheveux dans le vent, il arriva à destination vingt-cinq minutes plus tard. De ce qu’il pouvait voir au loin, tout le monde semblait être arrivé sauf lui. Il leur fit un signe de la main à distance, puis alla les rejoindre après avoir replacé quelques mèches rebelles du bout des doigts en se regardant dans le rétroviseur.
« Désolé! Pour me faire pardonner, j’ai du café pour tout le monde. » dit-il en prenant son double espresso dans le cabaret avant de poser ce dernier sur une petite table pliante pour que le reste de l’équipe puisse se servir. Tandis qu’il portait son gobelet à ses lèvres pour en prendre une gorgée, il tourna la tête vers la jeune femme à côté de celui pour se présenter. Lorsque son regard se posa sur elle, cependant, son cœur sauta un battement. Au premier coup d’œil, Dahlia avait plusieurs caractéristiques en commun avec Freya, notamment sa silhouette longiligne et sa chevelure brune légèrement ondulée, ou peut-être était-ce son esprit qui lui jouait des tours considérant qu’ils s’apprêtaient à tourner le clip vidéo d’une chanson qui la concernait? Lorsque son regard croisa finalement celui de la jeune femme qui n’avait rien à voir avec la suédoise, il soupira doucement et lui adressa un sourire. « Dahlia c’est ça? Parker m’a beaucoup parlé de toi. » Son ami et ancien membre des Sand Witches était celui qui l’avait mis en contact avec la jeune femme pour l’embaucher le temps d’une chanson. « Cameron. Merci d’être venue. » dit-il poliment en lui tendant la main pour se présenter officiellement. L’instant d’après, il fit un signe de main en direction du cabaret rempli de boissons chaudes. « Vas-y, sers-toi. » Il avait beau être en retard, il avait besoin de temps pour décompresser et être prêt à se mettre au travail. « C’est ta première fois? » s’intéressa-t-il pour briser la glace.
Les minutes passèrent jusqu’à ce que l’équipe soit prête à débuter. Le soleil couchant d’un côté et un feu de joie de l’autre, Cameron prit place sur la souche d’un tronc d’arbre avec sa guitare acoustique et il invita Dahlia à venir le rejoindre. Il joua quelques notes en faisant des vocalises pour se réchauffer, puis le tournage commença officiellement. Si les premières scènes se déroulèrent sans embûches, ils arrivèrent à un point où le réalisateur les fit recommencer à quelques reprises, suivi par Cameron qui trouvait toujours un détail à critiquer, jamais satisfait de la performance de Dahlia maintenant qu’il n’avait plus sa guitare et qu’ils avaient une plus grande proximité. « Je ne vais pas te manger… » soupira-t-il en saisissant sa main pour la plaquer sur son torse dont sa chemise était légèrement déboutonnée et qui laissait entrevoir sa peau tatouée. « On recommence. » Les sourcils haussés, il hocha la tête un coup en fixant Dahlia dans l’attente de sa réponse. Lorsqu’elle fut prête, il se remit à chanter le même passage pour la dixième fois. « Prends ma main, ne la lâche pas si je sombre dans le vice ou si je tombe dans le vide. » Il s’arrêta une fois de plus sans pouvoir cacher son agacement. « On peut prendre une pause? Cinq minutes. » Le reste l’équipe hocha la tête et s’éloigna pour aller s’abreuver. Pendant ce temps, le brun se tourna vers la jeune femme en plaçant ses mains devant lui, paumes vers le ciel. « T’as déjà été en couple ou quoi? On dirait que tu me touches avec une perche de dix pieds. Ça n’aura jamais l’air crédible si t’as l’air d’avoir un balai dans le cul… » Ses commentaires ne l'aideraient peut-être pas à se sentir à l'aise pour jouer cette scène de romance, mais ils l'aideraient sans doute pour les scènes où ils se déchireraient avant qu’elle ne parte.
Dernière édition par Cameron Lewis le Dim 10 Déc 2023 - 2:10, édité 1 fois |
| | | | (#)Ven 8 Déc 2023 - 20:29 | |
| (bayside) Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices Dahlia Jakande & @Cameron Lewis La sylphide écoutait religieusement chacune des consignes qui lui était données, les paroles du morceau oscillant sous ses iris ambrés. Lorsqu’elle avait apposé sa signature au bas du contrat, dix jours plus tôt, elle n’avait qu’une vague notion du clip qui allait être enregistré. Le dénommé Parker ne lui avait donné que peu de détails, lui assurant qu’elle était -la jeune fille parfaite- pour tenir ce rôle et que -Cameron l’en remercierait-. Ses lèvres s’étirèrent pour former une expression mutine, sublimant son visage de cypris. Elle comprenait maintenant, en découvrant les paroles de la chanson, qu’elle correspondait en fait à la description charnelle du personnage central ; Freya si ses souvenirs étaient exacts. Un pseudonyme qui avait heurté ses tympans, dans les ruelles pavées de Spring Hill, là où l’ancien membre du groupe The Sand Witches l’avait approchée. Elle avait d’abord cru à une arnaque, tant la somme proposée était colossale, mais l’israélienne avait vite compris qu’il s’agissait là d’un acte de rédemption et qu’elle avait tout intérêt à prendre ces liasses de billets. 1 000$ pour entrer dans la peau d’une suédoise représentait une opportunité à ne pas manquer. Dahlia avait besoin de renflouer ses poches si elle souhaitait un jour pouvoir convaincre Maël de la stabilité de sa situation financière ; son avenir aux côtés d’Alma en dépendait.
Sur le sable, les rayons de l’astre solaire réchauffaient sa peau découverte, lui traversaient l’échine, éveillaient un frisson qui galopait le long de sa colonne vertébrale à la manière d’un étalon sauvage. « Désolé ! Pour me faire pardonner, j’ai du café pour tout le monde. » Elle pivota en direction de cette voix qu’elle ne connaissait guère mais qu’elle imaginait parfaitement être celle de Cameron Lewis, choriste et guitariste du groupe ; star montante avec laquelle elle devrait tourner aujourd’hui. « Dahlia c’est ça ? Parker m’a beaucoup parlé de toi. » Son rictus, charmant, la fit sourire en retour. « Vraiment ? Je serais curieuse de savoir ce qu’il t’a dit à mon sujet. » Parce qu’elle ne l’avait croisé que deux fois et qu’il n’avait pas -vraiment- cherché à la connaître. L’ancien membre n’avait cessé de se féliciter d’avoir trouvé la -perle rare-, le -parfait sosie de la suédoise-, et surtout, le moyen de faire amende honorable. Dahlia ne s’en était pas formalisée jusqu’à ce qu’elle comprenne le contexte du clip vidéo quelques minutes plus tôt. « Cameron. Merci d’être venue. » Elle saisit la main qu’il lui tendait, chaude et relativement ferme. « J’avais deviné, il ne manquait plus que toi. » Son regard mordoré quitta le visage de l’artiste pour se poser sur les gobelets en carton recyclés -et recyclables- du Death Before Decaf. « Vas-y. Sers-toi. » — « Merci. J’adore leurs boissons. Je mentirais si je disais que je n’y allais pas chaque matin depuis que je suis revenue en ville. » Après quelques secondes d’hésitation, la sylphide opta pour un café latte sans sucre dont elle savoura les précieuses gorgées. Théâtrale, elle leva même les yeux au ciel avant d’exhaler un soupir de bien-être. « C’est ta première fois ? » — « Oui. Je n’ai jamais fait ça avant. » Et elle n’aurait sans doute jamais pensé le faire de son propre chef. À mesure que les minutes s’égrenaient, l’israélienne se préparait à endosser le rôle qu’on attendait d’elle devant les caméras. Mais avant que le tournage ne débute, elle fit face à Cameron, dévoilant davantage les deux gigantesques pierres précieuses qui flamboyaient au milieu de sa figure candide. « Freya, c’était ta petite amie ? »
L’enregistrement des premières scènes se fit prestement. La jeune femme se satisfaisait de sa prestation, tout comme l’équipe en charge de la réalisation du clip vidéo, et Cameron, concentré sur la justesse de ses vocalises, de ses notes et de sa gestuelle. L’israélienne culpabilisait presque d’être si grassement rémunérée. Lorsqu’on lui fit signe, elle s’approcha de lui et enroula ses doigts autour des siens. C’était une sensation particulièrement étrange de simuler une relation avec un homme qu’elle ne connaissait pas, et célèbre, soit dit en passant. « Je ne vais pas te manger... » Dahlia l’observa d’un regard perplexe avant qu’il n’empoigne sa main pour la poser à même son torse. Elle sentait chacun des battements de son cœur sous ses doigts fins. « Je… » — « On recommence. » Elle hocha la tête, mal à l’aise. Qu’était-elle supposée faire au juste ? Chaque fois qu’elle effleurait son corps, la sylphide sentait ses muscles se tendre sous sa peau, sa mâchoire se crisper et ses obsidiennes brillaient d’une lueur indescriptible. « Prends ma main, ne la lâche pas si je sombre dans le vice ou si je tombe dans le vide. » Les lèvres de l’israélienne se pincèrent. « Je ne l’ai pas lâchée, c’est toi qui l’as retirée. » Elle colla à nouveau sa paume contre la sienne, fouillant de ses iris l’eau sombre de son regard. « On peut prendre une pause ? Cinq minutes. » Dahlia lâcha un juron. « Qu’est-ce qui ne va pas cette fois ? » Le reste des membres de l’équipe mourait manifestement d’envie de s’enfuir, permission qui fut rapidement donnée par l’artiste. « T’as déjà été en couple ou quoi? On dirait que tu me touches avec une perche de dix pieds. Ça n’aura jamais l’air crédible si t’as l’air d’avoir un balai dans le cul… » Ses prunelles s’assombrirent sous le choc. « Est-ce que t’as la moindre idée de ce que toi tu me renvoies ? Tu trembles de dégoût chaque fois que tu me regardes. » Dahlia prit une longue inspiration pour ne pas perdre contenance. Il ne fallait pas grand-chose pour que la mèche s’allume et que toute la dureté et la violence de ses pensées ne lui échappent. Après avoir passé de longues minutes à essuyer les invectives tranchantes du choriste, la moindre de ses émotions lui semblait -de trop-, en particulier les négatives. « Je ne suis pas une professionnelle Cameron, et je n’ai pas signé pour échanger ma salive avec la tienne. » Elle n’était pas idiote. Quoi qu’elle fasse, l’israélienne n’attendrait jamais le piédestal sur lequel le guitariste avait placé sa jolie petite Freya. Elle n’était pas elle ; et elle ne la connaissait pas. Avait-il oublié ce détail ? « Je refuse de continuer à tourner dans ces conditions. » Son venin se déversait enfin, tout comme ses remontrances. « Ma performance ne te convient pas ? Très bien ! File-moi 500$, prends ton air faussement sympa et pars en quête d’un nouveau sosie de ta suédoise. Je me tire de là ! »
Dernière édition par Dahlia Jakande le Lun 26 Fév 2024 - 23:42, édité 1 fois |
| | | | (#)Lun 11 Déc 2023 - 6:00 | |
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Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices -- @Dahlia Jakande « Vraiment ? Je serais curieuse de savoir ce qu’il t’a dit à mon sujet. » En vérité? Pas grand-chose si ce n’était qu’il connaissait la personne parfaite pour jouer dans son clip vidéo. Lorsque Cameron s’était montré réticent d’embaucher quelqu’un qui n’avait probablement aucune expérience, Parker lui avait assuré qu’elle serait parfaite et que le guitariste ne le regretterait pas s’il lui faisait confiance. Après avoir quitté le groupe un an plus tôt pour lancer un projet solo puisque les Sand Witches étaient sur pause depuis un an et demi, Parker se sentait visiblement redevable et il voulait se faire pardonner en aidant son vieil ami avec son projet. Durant toute la durée de leur collaboration, Cam avait pu compter sur le chanteur et il avait donc fini par contacter Dahlia comme il lui avait été recommandé. « Tu lui demanderas. » répondit-il avec un petit sourire en coin pour entretenir le mystère, se doutant que sa réponse ne ferait que piquer davantage la curiosité de la brune. Même si elle devait bien savoir qui il était étant donné le début de leur conversation, le Lewis se présenta officiellement. « J’avais deviné, il ne manquait plus que toi. » Était-ce une façon de mettre l’emphase sur le fait qu’il était en retard et qu’il avait donc fait perdre leur temps à tout le monde sur le plateau? Conscient qu’il avait tendance à être sur la défensive même lorsque la personne en face n’avait aucune mauvaise intention, il décida de passer par-dessus ce petit commentaire. Il lui offrit plutôt de se servir dans les nombreux breuvages qu’il avait achetés. « Merci. J’adore leurs boissons. Je mentirais si je disais que je n’y allais pas chaque matin depuis que je suis revenue en ville. » Il rit légèrement en portant son gobelet à ses lèvres pour en prendre une gorgée. « Ça m’étonne qu’on ne se soit pas croisé avant si tu y vas si souvent que ça. » Il y a allait lui-même parfois pour écrire et il se rendait maintenant compte que beaucoup de gens de son entourage tournait autour de ce café. Il y avait rencontré Charlie un an plus tôt, puis il était tombé sur Meryl par pur hasard et voilà maintenant que Dahlia y était une cliente régulière, il ne restait qu’à espérer que ses rapports avec cette dernière ne seraient pas aussi compliqués qu’avec les deux autres. « Oui. Je n’ai jamais fait ça avant. » Il hocha la tête en faisant tout en son pouvoir pour cacher sa déception, il espérait que son manque d’expérience ne paraitrait pas trop dans le résultat final parce que c’était sur lui que ça allait retomber. « Ok. C’est le temps de nous montrer tes meilleurs talents de comédienne. » dit-il en déposant son gobelet pour se préparer à commencer. « Freya, c’était ta petite amie ? » Cameron tiqua en entendant le nom de la meilleure amie de sa sœur dont il gardait encore un souvenir amer de leur dernière discussion. Dahlia n’aurait pas dû connaître son nom ni même l’histoire derrière les paroles de la chanson dont ils allaient tourner le vidéo clip aujourd’hui. Visiblement, Parker ne s’était pas gêné pour lui donner les détails, ce que Cameron n’appréciait pas, il aurait préféré que la jeune femme ne connaisse pas ses failles dès leur première rencontre. « C’est personne, je ne sais pas ce que Parker t’a dit. » se contenta-t-il de répondre en lui adressant un regard qui se voulait être un avertissement de ne pas insister, qu’il s’agissait d’un sujet à ne pas aborder. Parker allait entendre parler de lui dès qu’il serait de retour dans sa voiture sur le chemin du retour vers la maison.
Après des mois à travailler sur les paroles et les notes de cette chanson, Cameron voulait que le moindre détail du clip vidéo soit aussi parfait que la femme qui l’avait inspiré. Le problème? Dahlia n’était pas Freya et ne le serait jamais, personne ne pourrait incarner avec perfection celle qui faisait battre son cœur jusqu’à tout récemment. Il allait devoir accepter une version moindre - à ses yeux - ou il serait insatisfait éternellement. Au-delà des sentiments et émotions qui remontaient à la surface maintenant qu’il devait se replonger dans cette histoire, il y avait aussi le stress de travailler pour la première fois sur une chanson qu’il avait fait seul, sans ses boys avec lui. « Je ne l’ai pas lâchée, c’est toi qui l’as retirée. » Les sourcils froncés, il porta sur elle son regard interrogateur, cherchant dans les yeux le moindre indice qui lui démontrerait qu’elle le faisait exprès. À sa grande surprise, il ne trouva rien, semblait-il que la brune était on ne peut plus sérieuse. « Je ne te parlais pas, ça fait partie des paroles. Il aurait fallu que je chante des mots comme malthusianisme pour que tu le comprennes j’imagine? » lâcha-t-il dans un soupir, incapable de cacher son agacement quand il s’agissait d’une évidence quand les mots prononcés juste avant avaient été chantés. « Qu’est-ce qui ne va pas cette fois ? » - « Tout. » répondit-il instantanément. Il commençait à perdre patience et il sentait dans la voix de Dahlia et dans son langage corporel qu’elle aussi, ils allaient tous bénéficier de cette pause qu’il avait demandée. Il n’était peut-être pas très objectif, mais il ne trouvait pas ses demandes exagérées. Il voulait que les gens parlent de sa chanson, qu’ils apprécient sa mélodie et le texte qu’il avait écrit, pas entendre davantage parler du jeu d’acteur de sa figurante. « Est-ce que t’as la moindre idée de ce que toi tu me renvoies ? Tu trembles de dégoût chaque fois que tu me regardes. » Sa tête eut un mouvement de recul tandis qu’il fronçait les sourcils en secouant négativement la tête. « Arrête, tu exagères, je suis juste concentré. » Concentré sur sa prestation, mais aussi à étouffer ses pensées douloureuses pour veiller à ce que la blessure qui se cachait derrière chaque mot ne soit pas trahie par un fragile trémolo dans sa voix. Déjà sept mois s’étaient écoulés depuis que son regard avait croisé celui de Freya pour la dernière fois et que ses lèvres s’étaient agrippées aux siennes dans un geste désespéré pour la retenir. Malgré le temps passé, sa gorge se nouait dès qu’il repassait dans sa tête les images du départ de la brune et qu’il revivait les émotions vécues ce jour-là comme s’il s’y retrouvait de nouveau. « Je ne suis pas une professionnelle Cameron, et je n’ai pas signé pour échanger ma salive avec la tienne. » Il poussa un long soupir en tournant les paumes vers le ciel. « Je t’ai pas demandé de me rouler une pelle non plus, juste de pas me toucher comme si t’avais quatorze ans! » s’exclama-t-il en se penchant vers elle pour que leur discussion ne parvienne pas aux oreilles du reste de l’équipe. Dahlia était une très belle femme, certes, mais il ne comptait certainement pas profiter d’elle contre quelques billets d’argent et même avec son consentement, l’envie n’était pas de la partie. « Je refuse de continuer à tourner dans ces conditions. Ma performance ne te convient pas ? Très bien ! File-moi 500$, prends ton air faussement sympa et pars en quête d’un nouveau sosie de ta suédoise. Je me tire de là ! » - « 500 $ pour un travail à moitié achevé que je devrais recommencer? Tu rêves! » En couleur, qui plus est. « J’ai pas que ça à faire, perdre mon temps, l’équipe de tournage non plus. Je te paierai quand on aura fini et c’est tout. » Il ne l’obligerait jamais à rester, mais il n’avait pas particulièrement envie de devoir trouver quelqu’un d’autre qui ne lui conviendrait peut-être pas encore une fois. « Visiblement, Parker a mal compris mes besoins. Je ne cherche pas un sosie de Freya, juste quelqu’un qui peut bien faire le travail. Je collerais une photo d’elle dans ton visage que ça ne changerait rien. » Ou peut-être que ça reviendrait au même parce que la photo aurait autant d’émotions (sinon plus) que Dahlia. « T’as pris le temps de lire les paroles au moins, de comprendre de quoi il était question? » Ou d’écouter ce que Parker lui avait visiblement raconté… « Ça ne devrait pas être si difficile que ça de rentrer dans le personnage, de ressentir un minimum d’émotions… » En serait-elle capable ou était-ce peine perdue maintenant qu’il avait passé la dernière heure à la critiquer?
Dernière édition par Cameron Lewis le Jeu 1 Fév 2024 - 15:31, édité 2 fois |
| | | | (#)Ven 22 Déc 2023 - 23:19 | |
| (bayside) Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices Dahlia Jakande & @Cameron Lewis « Tu lui demanderas. » Les lèvres de l’israélienne s’étirèrent pour former une expression mutine, sublimant son visage de cypris. Plus intense que les précédents, son sourire s’éternisa aux coins de sa bouche rose, souligna ses yeux rieurs, fit écho aux propos du choriste qui en savait sans doute plus qu’il ne voulait bien le laisser paraître. Durant quelques secondes, Dahlia fouilla religieusement ses iris cuivrés, à l’affût d’une trace, d’un indice ; comme si elle cherchait à deviner le fil chétif de ses pensées. Mais tout ce qu’elle y décela fut un rempart inébranlable. Elle ne connaissait pas suffisamment la star montante des The Sand Witches pour espérer déchiffrer les subtiles nuances de son regard. « Ça m’étonne qu’on ne se soit pas croisé avant si tu y vas si souvent que ça. » Aussi tangible que l’exoréisme. « J’ai pris l’habitude d’y aller dès l’ouverture. » À l’issue des kilomètres qu’elle s’efforçait de courir aux premières heures du jour, qu’importe les conditions météorologiques, l’intensité de l’effort rosissant sa peau lisse et safranée. « J’imagine que ça ne coïncide pas avec tes horaires de future star planétaire. » À l’instar d’une artiste peintre prenant du recul devant une toile qu’elle viendrait d’achever, Dahlia observa la figure du guitariste qu’elle crut voir grimacer. « Je plaisante, évidemment. » La sylphide le gratifia d’un sourire taquin — mais sincère — avant de porter son gobelet à ses lèvres. Elle n’avait en réalité aucune idée de la manière dont Cameron Lewis planifiait ses journées ; elle l’imaginait sans doute très occupé et aurait davantage misé sur le fait qu’un tiers lui apporte son café. Visiblement, il se rendait encore au Death Before Decaf en personne, ce qui lui fit penser qu’il n’était pas du genre à laisser le succès lui monter à la tête.
« Ok. C’est le temps de nous montrer tes meilleurs talents de comédienne. » L’israélienne consentit, maquillant maladroitement les pulsations frénétiques de son myocarde dans sa cage thoracique. La jeune femme ne s’était jamais prêtée à l’exercice, et le contexte du clip vidéo qu’ils s’apprêtaient à enregistrer générait une anxiété qu’elle n’osait pas exprimer. Elle se sentait presque fautive, d’ailleurs, d'avoir signé un contrat qu'elle avait accepté sans réserve, ignorant les détails et l'importance du rôle qui l'attendait. Elle ressentait désormais le besoin d'explorer les mystères de cette chanson, et d'élucider les zones d'ombre autour du personnage central. Si elle devait endosser le rôle de la suédoise, Dahlia devait démêler les liens qui l’unissaient au membre du groupe. Elle se tourna vers Cameron, ignorant que le bronze de ses yeux s’était dissimulé derrière un voile vitreux lorsqu’elle avait prononcé le prénom de Freya. Ses prunelles étaient rivées aux lèvres du choriste, comme si elle cherchait à anticiper sa réponse, comme si elle savait -exactement- ce qu’il allait dire ; mais contrairement à ses attentes, elle fut surprise. « C’est personne, je ne sais pas ce que Parker t’a dit. » Les mots qu’il prononça flottèrent dans l’espace. Dahlia se sentait incroyablement sotte d’avoir franchi la frontière de la vie intime d’un homme qu’elle ne connaissait pas. « Je crois qu’il m’a confondue avec elle, à Spring Hill. Et quand j’ai découvert les paroles de la chanson tout à l’heure, j’ai cru... » qu’elle était plus qu’une amie, se retint-elle de mentionner. La sylphide perçut le regard glacial qu'il lui lança, probablement comme un avertissement pour la dissuader de poursuivre ses investigations. « Je suis désolée. Je ne voulais pas être indiscrète. » Elle détourna les yeux et observa ses doigts délicats manipuler l’une de ses bagues ; un geste machinal dont elle n’avait pas pris conscience jusque-là.
L’espace d’un instant, elle redouta que sa question et sa curiosité n’aient perturbé le déroulement du tournage. Avait-elle contrarié l'artiste au point qu'il ne souhaite plus collaborer avec elle ? Cameron reprenait chacune de ses initiatives, rejetait le moindre de ses gestes, et évitait délibérément de croiser ses iris mordorés. Peu importait les efforts de Dahlia, il était évident que la jeune femme ne répondait pas à ses attentes, créant ainsi une atmosphère tendue et malaisée entre eux. « Je ne te parlais pas, ça fait partie des paroles. Il aurait fallu que je chante des mots comme malthusianisme pour que tu le comprennes j’imagine ? » Elle fronça les sourcils. Pourquoi faisait-il cela ? « T’es pas obligé de me prendre de haut. Je ne suis pas stupide. » Ce n’était pas ce à quoi il l’avait habituée moins d’une heure plus tôt. Certes, le sujet était délicat et les concernait tous les deux — certainement lui plus qu’elle —, mais la réaction du guitariste la laissait perplexe. Pas une seule seconde la sylphide n’avait pensé à mal. Pas un seul instant elle n’avait songé qu’il pourrait lui reprocher de prendre les devants, et pour cause : elle avait été honnête en lui confessant son manque d’expérience. « Arrête, tu exagères, je suis juste concentré. » Ils échangèrent un regard chargé de tension. « J’aime pas ta manière de l’être. » Avait-elle commis une erreur en négligeant le fait que Cameron Lewis était — en réalité — une véritable diva ? « Je t’ai pas demandé de me rouler une pelle non plus, juste de ne pas me toucher comme si t’avais quatorze ans ! » Ses prunelles ambrées descendirent le long de la chemise du choriste. Un tatouage magnifique s’y dévoilait, que le jeu des muscles roulant sous sa peau rendait presque vivant. Dahlia, captivée par la finesse des détails, se remémora la sensation de ses doigts contre sa peau. « Et comment est-ce que tu veux que je te touche ? » lança-t-elle avant de se rendre compte de l’énormité qui venait de franchir ses lèvres. « Je ne sais pas faire ça, Cameron. Je ne sais pas faire semblant d’être amoureuse de toi. » Il ne faisait aucun doute que Parker s'était planté en beauté ; l’israélienne n'était qu'une pâle copie d'une femme qu'elle ne pourrait jamais égaler, comme si elle était destinée à toujours rester dans l’ombre de cette figure idéalisée. Elle fit demi-tour pour rejoindre l’équipe — et récupérer ses affaires — lorsque la voix du guitariste la retint. « 500$ pour un travail à moitié achevé que je devrais recommencer ? Tu rêves ! » Elle fit volte-face, incertaine quant à la portée de ses mots et de ce qu’ils signifiaient réellement. « J’ai pas que ça à faire, perdre mon temps, l’équipe de tournage non plus. Je te paierai quand on aura fini et c’est tout. » — « Je veux des excuses. » Sa voix avait claqué comme un coup de fusil. Dahlia devait remettre les pendules à l’heure, rétablir l’équilibre des choses. « Si tu veux que j’aille jusqu’au bout de ce tournage, va falloir changer ta manière de faire. » La sylphide avança physiquement vers lui, espérant qu’il ferait de même mentalement. « Tu peux me faire tous les reproches que tu veux, je suis prête à les entendre. Mais pas de cette manière. »
« Visiblement, Parker a mal compris mes besoins. Je ne cherche pas un sosie de Freya, juste quelqu’un qui peut bien faire le travail. Je collerais une photo d’elle dans ton visage que ça ne changerait rien. » Elle avait néanmoins ressenti une comparaison à l’instant où le tournage avait commencé. « T’as pris le temps de lire les paroles au moins, de comprendre de quoi il était question ? » L’israélienne fut déconcertée par cette interrogation, particulièrement parce qu’elle avait tenté d’engager la conversation moins d’une heure auparavant, et cherché à comprendre les subtilités d’une relation qu’elle devinait finalement au travers de son impulsivité et de ses réactions. « Faudrait être stupide pour pas comprendre que t’as eu le cœur brisé. » Si elle ne parvenait pas à le faire prendre conscience de cela, elle préférerait qu'il feigne au moins de le comprendre plutôt que de continuer à la dénigrer en agissant comme si Freya était la huitième merveille du monde. « Ça ne devrait pas être si difficile que ça de rentrer dans le personnage, de ressentir un minimum d’émotions. » Ça l’était en réalité plus qu’il ne le pensait. « Je te l’ai dit, je sais pas faire semblant. » Sa voix résonna étrangement, comme si quelqu’un avait maintenu un oreiller sur sa figure pendant qu’elle appelait à l’aide. « Mais je suis prête à essayer si t’es prêt à me guider. » Un éclat illumina son regard. « Et à être patient. »
Dernière édition par Dahlia Jakande le Lun 26 Fév 2024 - 23:43, édité 1 fois |
| | | | (#)Sam 3 Fév 2024 - 14:50 | |
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Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices -- @Dahlia Jakande « J’ai pris l’habitude d’y aller dès l’ouverture. » Ce qui expliquait pourquoi ils ne s’y étaient jamais croisés puisque le choriste était un oiseau de nuit depuis qu’il était entré dans l’adolescence. Avec les membres de The Sand Witches, il s’était si souvent couché aux petites heures du matin les soirs de pratique et lors des tournées où ils avaient pour habitude de sortir dans les bars une fois le concert terminé. La naissance d’Hannah avait complètement chamboulé son quotidien à ce niveau, mais maintenant qu’elle passait la majorité du temps chez sa mère en plus de la tournée australienne du groupe qui approchait à grands pas, Cameron avait retrouvé certaines de ses vieilles habitudes. « J’imagine que ça ne coïncide pas avec tes horaires de future star planétaire. » Cameron fronça les sourcils, un tantinet amusé du fait qu’elle le qualifie de « future » star planétaire quand son groupe de musique était déjà connue sur la scène internationale. Comment pouvait-elle savoir quand elle était ici pour un projet solo sur lequel il travaillait à côté? Dahlia n’avait probablement pas fait de recherche pour en apprendre plus à son sujet même s’il était plutôt étonnant que Parker n’ait rien dit au sujet du groupe. « Je plaisante, évidemment. » Évidemment. Il lui adressa un sourire sincère en écho au sien avant de hausser une épaule. « Tu n’es pas si loin de la vérité à part en ce qui concerne ma renommée, j’ai tendance à me coucher pas mal tard sauf quand ma fille est à la maison. » La simple évocation de sa fille Hannah suffit à faire pétiller de fierté le regard de son père, mais une émotion différente traversa son regard quelques secondes plus tard à peine lorsque Dahlia osa prononcer le prénom de Freya sans savoir que le cœur du musicien se tordait dans sa poitrine chaque fois qu’il l’entendait. « Je crois qu’il m’a confondue avec elle, à Spring Hill. Et quand j’ai découvert les paroles de la chanson tout à l’heure, j’ai cru... Je suis désolée. Je ne voulais pas être indiscrète. » D’un geste de la main, il lui fit signe d’oublier parce qu’il ne voulait pas donner davantage d’importance à l’amie d’enfance de sa sœur même s’il n’avait aucun contrôle sur les sentiments qu’elle nourrissait chez lui.
Le sujet sensible dont traitait le texte qu’avait composé l’artiste le mettait dans une position de vulnérabilité dans laquelle il ne se sentait pas du tout à l’aise. La curiosité de Dahlia n’avait fait qu’empirer le ressenti du brun qui gérait déjà mal ses émotions et il avait déferlé toute sa frustration sur elle. « T’es pas obligé de me prendre de haut. Je ne suis pas stupide. » Sa tête s’agita de droite à gauche tandis qu’il leva les yeux au ciel en soupirant, clairement pas prêt à reconnaître que son attitude était inappropriée. « J’aime pas ta manière de l’être. » - « Qu’est-ce que tu veux que je te dise? » s’impatienta-t-il une fois de plus. Comment pouvait-il contrôler son langage corporel tandis qu’il était concentré sur ce qu’il faisait? Ses gestes s’enchainaient sans qu’il n’y réfléchisse. « Et comment est-ce que tu veux que je te touche ? Je ne sais pas faire ça, Cameron. Je ne sais pas faire semblant d’être amoureuse de toi. » Découragé, il pinça l’arête de son nez entre deux doigts avant de laisser son bras retomber le long de son corps. « T’as jamais baisé avec quelqu’un pour qui tu n’avais pas de sentiments?! » À peine la question posée, il prit conscience qu’elle était tout sauf appropriée et il lui fit donc signe de la main de laisser tomber en grimaçant. « Fais juste… » Il saisit sa main avec la sienne, glissa ses doigts entre les siens les poser sur son torse pour ensuite les faire glisser jusqu’à sa nuque. « Quelque chose comme ça. » Il rendit la liberté à sa main pour ne pas la rendre davantage mal à l’aise, il voulait tout sauf se faire coller une accusation d’inconduite sexuelle sur le dos. « Sans avoir l’air de trembler de dégoût chaque fois que tu me regardes. » ajouta-t-il en reprenant exprès les mots qu’elle lui avait dit. Dahlia avait autre chose en tête, cependant, elle voulait qu’il la rembourse pour qu’elle puisse repartir de son côté, ce qu’il refusa sans même prendre le temps de réfléchir à sa demande. « Je veux des excuses. » - « Quoi?! » dit-il en riant, reprenant rapidement un air sérieux en voyant qu’elle ne blaguait pas. Il demeura silencieux pendant plusieurs secondes, son regard ne décrochant pas du tout. « Je suis désolé, avoir su que ça se passerait comme ça, je n’aurais pas perdu mon temps. » Voilà des excuses, bien que ce n’était sans doute pas ce dont elle s’attendait. « Si tu veux que j’aille jusqu’au bout de ce tournage, va falloir changer ta manière de faire. » - « Tu me dis vraiment comment faire mon travail? » s’objecta-t-il. Entre eux d’eux, il était celui qui avait du succès alors qu’elle n’était personne, il n’avait pas de conseils à prendre de sa part. « Tu peux me faire tous les reproches que tu veux, je suis prête à les entendre. Mais pas de cette manière. » Sa langue claqua contre son palais, puis il se força à lui sourire malgré son agacement. « Comment donc? » Plus tôt il y mettait du sien, plus tôt ils pourraient terminer le tournage pour qu’il rentre chez lui.
« Faudrait être stupide pour pas comprendre que t’as eu le cœur brisé. » Le cœur battant la chamade, il serra la mâchoire en plissant les yeux, le regard défiant. Il n’était pas question qu’il lui donne une once d’information à propos de ce qu’il avait vécu. Elle pouvait prétendre connaître sa vie autant qu’elle le désirait, il se tuait à se dire qu’elle ne savait rien et qu’il valait mieux que ça reste ainsi. « Faudrait être stupide pour ne pas comprendre que je n’ai pas envie de m’étendre sur le sujet. » Les paroles devaient suffire à lui faire comprendre l’ambiance recherchée. « Je te l’ai dit, je sais pas faire semblant. Mais je suis prête à essayer si t’es prêt à me guider. Et à être patient. » Il passa sa langue sur sa lèvre inférieure sans la quitter des yeux tandis qu’il considérait son « offre ». Elle semblait ouverte à vouloir y mettre du sien malgré l’attitude arrogante de l’artiste. Et s’il faisait des efforts à son tour? Peut-être arriveraient-ils à compléter le travail en obtenant un résultat satisfaisant. « Pourquoi t’es ici alors? » demanda-t-il d’une voix absence de toute animosité. « Okay… » accepta-t-il finalement avant que son attention soit attirée par une voix familière. « Mi campeón! » (mon champion) Surpris de voir sa mère débarquer sur le plateau de tournage, Cameron fronça les sourcils en regardant Dahlia, puis Ana Maria qui s’approchait d’eux. « T’as oublié le plat que je t’ai préparé pour ce soir. » Elle se pencha vers la jeune femme comme si elle s’apprêtait à lui dire un secret que son fils entendrait bien évidemment. « Il est tellement occupé… » Elle se redressa et posa son regard plein de tendresse sur son fils. « Regarde ce que j’ai trouvé pour Hannah en allant faire les courses. » Elle sortit de son sac un pyjama rose avec des licornes qu’elle agita sous le nez de son fils avec fierté. Mal à l’aise, Cameron rit nerveusement en se caressant la nuque. « Mamá, estoy trabajando… » (Maman, je travaille) Il adressa un sourire gêné à sa figurante tandis que sa mère s’agrippait à son bras pour embrasser son fils sur la joue. « Mais bien sûr! Je ne te dérange pas plus longtemps. Je vais juste… » Elle déposa le sac contenant le repas de son fils sous une chaise non loin. « Ne l’oublie pas! » Puis se croyant discrète alors qu’elle ne l’était pas du tout, elle désigna Dahlia d’un geste de la tête. « Qu’elle est belle! » murmura-t-elle, ce à quoi son fils réagit en posant une main devant ses yeux avec honte. Ana Maria ne manquait jamais l’occasion de passer quelques commentaires en public dans l’espoir que la personne qui accompagnait son fils soit une conquête potentielle. Cameron ne comptait plus les fois où sa mère l’avait embarrassé, mais il ne l’échangerait pour rien au monde pour autant. |
| | | | (#)Mar 20 Fév 2024 - 23:56 | |
| (bayside) Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices Dahlia Jakande & @Cameron Lewis « Tu n’es pas si loin de la vérité à part en ce qui concerne ma renommée, j’ai tendance à me coucher pas mal tard sauf quand ma fille est à la maison. » Une bourrasque secoua sa coiffure impeccable, projetant une mèche indocile entre ses lèvres roses, qu’elle ôta prestement de ses doigts fins. « Tu as une fille ? » Sa voix trahit sa surprise plus nettement qu’elle ne l’aurait souhaité. Jamais elle n’avait envisagé que la star montante des ‘The Sand Witches’ puisse mener une vie de famille. Cameron Lewis lui semblait à la fois si jeune et trop absorbé par sa carrière pour endosser le rôle de chef de famille, particulièrement s’il devait être réellement présent dans la vie d’un enfant. « Quel âge a-t-elle ? » L’israélienne tenta d’imaginer une petite silhouette aux côtés du choriste, candide et pas plus haute que trois pommes. — Considérant l'âge de l'artiste, sa progéniture ne devait pas être bien vieille —. La fillette tripotait le bas d'une de ses manches, semblant plutôt menue pour son âge. Elle inclinait la tête vers l'avant, ses cheveux fins dissimulant son air penaud. « Comment tu fais ? » Dahlia ne put réprimer l’impression d’avoir eu un déclic, à la manière des enquêteurs dans les romans noirs, lorsque les dernières pièces du puzzle s’assemblaient dans leur esprit et que l’image complète leur permettait de comprendre les sombres desseins du coupable pour l’appréhender. « Comment tu fais pour jongler entre ta vie privée et ta vie professionnelle ? » Ce qu’elle n’avait jamais essayé de faire avec son propre enfant, bien qu’elle ne soit pas connue à l’échelle planétaire. À l’époque, l’israélienne n’avait même pas entamé sa carrière ; elle aspirait à suivre les traces des élèves les plus talentueux dans le but de devenir une avocate de prestige. Son regard était rivé vers l'excellence, vers la voie qui la mènerait à devenir une membre du barreau respectée, dont le nom serait synonyme de compétence et d'intégrité. Mais contre toute attente, la sylphide avait dévié de sa trajectoire. Elle avait laissé derrière elle sa propre chair pour s’envoler vers Sydney, renonçant à ses ambitions professionnelles. « Elle doit terriblement te manquer quand tu pars en tournée. » Tout ce dont Dahlia se souvenait de la maternité était un accouchement aux allures de lent duel à mort ; des heures de supplice avant de terminer en salle d’opération avec une seule envie : que tout cela s’arrête. Ne plus devoir jouer un rôle quelconque.
L'attitude aimable et bienveillante du choriste avait rapidement changé dès que l’israélienne avait montré un intérêt — peut-être un peu trop intrusif — pour son travail et le personnage féminin qu'elle devait incarner. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? » Son air de véritable diva, à la fois contrarié et méprisant, l’agaçait profondément. La sylphide n’hésita pas à lever, elle aussi, les yeux au ciel pour signifier sa propre irritation. Elle veilla à les faire rouler dans leurs orbites de manière excessivement théâtrale, de sorte qu'il ne puisse pas les manquer. « J’en sais rien, c’est bien ça le problème. » Elle avait été leurrée par les boissons du Death Before Decaf qu’il avait gentiment apportées, pensant qu’il serait accessible malgré sa réussite. « Je pensais… J’ai cru que t’étais différent de tous ces gens bourrés de talent qui piétinent tous ceux qui se trouvent autour d’eux.» Ses magnifiques yeux soulignés d’une touche de mascara se figèrent durement sur les siens. « Mais t’es comme eux et t’es peut-être même pire. » La jeune femme se renfrogna, non seulement à cause de l'artiste, mais aussi en raison de cet aveu qui lui avait échappé malgré elle. Cela dit, Dahlia avait accepté un contrat de travail, pas une proposition de mariage ; ce serait un moment difficile à traverser, mais une fois achevé, elle n’aurait aucune obligation de le revivre. « T’as jamais baisé avec quelqu’un pour qui tu n’avais pas de sentiments ?! » — « Pardon ?! » s’offusqua-t-elle immédiatement. L’israélienne croisa les bras, le menton dressé, prête pour une altercation qui n’aurait pas lieu, car la star montante des ‘The Sand Witches’ fit signe de ne pas prêter attention à cette dernière remarque. « Fais juste… » Elle relâcha ses bras alors qu'il prenait sa main dans la sienne, glissait ses doigts entre les siens pour les poser sur son torse, puis les faire glisser jusqu'à sa nuque. « Quelque chose comme ça. » Bien que les joues de la sylphide ne soient que rarement teintées par ses émotions, elles s'empourprèrent toutefois lorsqu’elle sentit à nouveau le cœur de Cameron Lewis battre sous sa paume. « Sans avoir l’air de trembler de dégoût chaque fois que tu me regardes. » Elle releva progressivement les iris vers lui, sa gorge se contractant. « Je veux des excuses.» réitéra-t-elle. « Quoi ?! » Le rire amer et sarcastique de l'australien la contraria, mais ce qui lui déplut le plus fut probablement de constater qu’il s’agissait d’une hilarité franche. Le choriste n'avait jamais daigné la prendre au sérieux, que ce soit lorsqu'il lui avait proposé de choisir parmi les boissons de son enseigne préférée, ou quelques secondes plus tôt, lorsqu’elle avait exigé qu’il quémande son pardon. Le comportement railleur de l'artiste lui rappelait l'attitude méprisante des hommes envers les femmes moins d'un siècle auparavant : sérieux, écrasés par leurs obligations envers la patrie. Leurs épouses, officiellement satisfaites de leur sort — celui de superviser une armée de domestiques chargés, entre autres, de tenir la maison et l'argenterie — ne rencontraient que peu de problèmes, si ce n'est celui de l'ennui. Elles suivaient sans broncher les directives de leurs maris, même si ces derniers les écrasaient avec tendresse. Dahlia refusait de marcher dans leurs pas. « Je pense que tu m’as bien entendue. » Les yeux d’obsidienne de Cameron ne se dérobaient pas de ses prunelles, comme s’il cherchait, d’une manière inconnue, à déshabiller son âme. « Je suis désolé, si j’avais su que ça se passerait comme ça, je n’aurais pas perdu mon temps. » Un soupir s’exhala de ses lèvres roses. L’israélienne ne tirerait rien de plus de la star montante du groupe. Il lui était si facile de la mettre dos au mur. Surtout elle, qui n’était rien de plus qu’une simple opératrice téléphonique. Flatter, aduler, embellir l’image au-delà de la réalité, Dahlia ne maîtrisait pas cet art. Elle lui fit rapidement comprendre qu'il devrait modifier son comportement, peu importe son niveau de notoriété ou d'importance. « Tu me dis vraiment comment faire mon travail ? » — « Je te dis pas comment faire ton travail, je te dis comment traiter les gens avec qui tu le fais. » La pique fut reçue cinq sur cinq, et son destinataire lui adressa un rictus de façade. « Comment donc ? » — « En ajoutant dix pour cent à mon cachet pour ton odieux comportement. » Ce n'était qu'une galéjade, mais elle avait permis à la sylphide de s'approcher de lui. Pénétrer dans l'espace intime des gens les rendait plus vulnérables, moins arrogants. Surtout lorsqu'il s'agissait d'hommes de ce type.
« Faudrait être stupide pour ne pas comprendre que je n’ai pas envie de m’étendre sur le sujet. » Les muscles de sa mâchoire se crispèrent. Pourquoi devait-il toujours être en opposition avec elle ? « Je ne compte pas le faire. » Elle serra un poing, les ongles plantés dans sa paume. « Je n’avais pas l’intention de m’immiscer dans ta vie. » C'étaient de piètres excuses, la jeune femme en convenait ; tout comme celles qu'il lui avait lui-même présentées. « Pourquoi t’es ici alors ? » Elle résidait à Brisbane depuis près de trois mois, et pourtant, l’israélienne avait l’impression d’y avoir trouvé refuge depuis une éternité. Elle se souvenait encore du jour où elle avait retrouvé les terres subtropicales de la Gold Coast, hébétée, sortant de l’avion qui l’avait éloignée de la vie artificielle qu’elle avait bâtie aux abords de Sydney. Une fine bruine avait caressé son visage, effaçant la douleur des mois précédents. À part quelques billets froissés dans la poche de son jean, un pull trop grand et la certitude de n’avoir pas d’autre solution, il ne lui restait plus rien. Rien que le soulagement d’avoir réduit la distance entre elle et son passé, et un curieux plaisir à redécouvrir cette ville qui l’avait toujours subjuguée. « Parce que j’ai besoin d’argent. » Contrairement au choriste, Dahlia ne pouvait pas tout obtenir en un clic et quelques heures d'impatience. « Okay… » — « Mi campeón ! » La voix tendre et féminine qui héla la star montante des ‘The Sand Witches’ la prit au dépourvu, l'empêchant de rouvrir son poing. Les ongles de la jeune femme s’enfoncèrent un peu plus profondément dans sa chair alors qu’elle posait les yeux sur la nouvelle venue. « T’as oublié le plat que je t’ai préparé pour ce soir. » Ce soir ? Ses iris aux reflets mordorés naviguèrent du visage de l'inconnue à celui de Cameron — et vice versa —. La quinquagénaire, à supposer qu'elle évalue correctement son âge, lui ressemblait beaucoup. « Il est tellement occupé… » Un sourire authentique se forma sur les lèvres de l'israélienne. « Regarde ce que j’ai trouvé pour Hannah en allant faire les courses. » La figure maternelle de l’artiste dégoupilla un pyjama rose orné de licornes, qu'elle exhiba fièrement sous le nez de son fils. Mal à l'aise, celui-ci rit nerveusement tout en se caressant la nuque. C'était bien la première fois, depuis qu’elle avait terminé son café latte, que Dahlia le voyait agir avec autant de sincérité. « Mamá, estoy trabajando… » L’israélienne n'aurait pas tout à fait qualifié cela ainsi ; essuyer les répliques mordantes de ce fils à maman ne correspondait pas vraiment à sa conception du travail. « Mais bien sûr ! Je ne te dérange pas plus longtemps. Je vais juste… » Elle déposa le sac qui contenait le repas de Cameron sous une chaise avant de s’approcher de lui. « Ne l’oublie pas ! » Puis elle se dirigea vers le reste de l’équipe, non sans avoir glissé un compliment à l’oreille de sa progéniture : « Qu’elle est belle ! » Surprise et embarrassée par la remarque d'Ana Maria Lewis, la sylphide tourna la tête sur le côté, cherchant involontairement à éviter le regard du choriste. « Elle a l’air vraiment gentille. » Puis, elle pointa les cadeaux de sa mère d'un geste subtil du menton. « Tu devrais poser ça un peu plus loin. Je vais avoir du mal à me concentrer et poser mes mains sur ton corps si j’ai un plat de lasagnes et des licornes roses sous les yeux. »
Dernière édition par Dahlia Jakande le Lun 26 Fév 2024 - 23:44, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 22 Fév 2024 - 19:45 | |
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Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices -- @Dahlia Jakande « Tu as une fille ? » Pourquoi est-ce que tout le monde semblait surpris de savoir qu’il avait une enfant? Cameron allait avoir vingt-neuf ans dans quelques mois à peine, il n’était donc pas si jeune que ça pour fonder une famille. Sa carrière allait bon train également, si on oubliait le hiatus des dernières années. Était-ce son attitude qui était en cause? Il y avait encore beaucoup de travail à faire sur lui pour devenir quelqu’un de meilleur, certes, mais il était prêt à remuer ciel et terre lorsqu’il était question d’Hannah, la prunelle de ses yeux. « C’est si surprenant que ça? » demanda-t-il en essayant de ne pas être trop sur la défensive, un réflexe qu’il avait bien souvent. « Quel âge a-t-elle ? » Il passa sa langue sur ses lèvres pour retirer la mousse laissée par son double expresso avant de répondre. « Trois ans et demi. Ça passe tellement vite. » C’était ironique quand il avait l’impression que sa convalescence avait duré une éternité et qu’il avait eu son accident lorsque sa fille n’avait qu’un an à peine. « Comment tu fais ? » Le musicien fronça les sourcils. « Comment je fais quoi? » demanda-t-il, sans trop saisir le sens de sa question. « Comment tu fais pour jongler entre ta vie privée et ta vie professionnelle ? » Ah ça, il en avait beaucoup à dire sur le sujet, mais il n’avait pas spécialement envie de déballer le moindre détail de sa vie personnelle à quelqu’un qu’il connaissait depuis cinq minutes à peine. « Ce n’est pas toujours évident, mais on s’arrange. » se contenta-t-il de répondre malgré le casse-tête que représentait la garde d’Hannah depuis presque un an. Il n’avait pas envie de parler en mal de Lyla, c’était déjà bien assez compliqué comme ça entre eux, d’autant plus qu’il était le fautif dans cette histoire. « Elle doit terriblement te manquer quand tu pars en tournée. » Il hocha lentement la tête en se mordillant la lèvre inférieure. « C’est sûr… » Dire qu’il la voyait davantage à l’époque où le groupe était actif que maintenant, c’en était triste. « Je ne suis pas parti tant que ça depuis qu’elle est née par contre. On repart ce mois-ci pour la première fois depuis quelques années, mais ce n’est que pour une dizaine de jours et on reste au pays. » Ce serait pour une moins longue période que son séjour en cure en mars dernier. « Avec la technologie aujourd’hui, je pourrai la voir en appel vidéo. » répondit-il en haussant une épaule dans l’espoir de ne pas laisser paraître à quel point sa fille lui manquait en ce moment alors qu’il n’était même pas encore parti. « Tu as des enfants? » demanda-t-il bien loin de se douter du rapport particulier que Dahlia avait avec la parentalité.
Si de prime abord tout se déroulait à merveille entre eux, il ne suffit que Dahlia prononce le nom de Freya pour que l’attitude de Cameron change drastiquement. La figurante n’avait rien à voir avec cette histoire, pourtant, mais la plaie qu’avait laissée la suédoise dans le cœur du musicien n’était peut-être pas autant guérie qu’il le croyait. L’écriture faisait office de thérapie, mettre ses émotions par écrit l’aidait à avancer, mais parler de l’amie de sa sœur et de ce qu’elle représentait pour lui ravivait trop de douleur à son goût. La pauvre Dahlia recevait toute la frustration de Cameron qui n’en voulait au fond qu’à lui-même de donner toujours autant d’importance malgré lui à la brune qu’il n’avait pas revue depuis sept mois maintenant. Elle n’occupait plus ses pensées en permanence depuis plusieurs mois déjà. Il avait même cessé de la suivre sur les réseaux sociaux pour se protéger, car il ne faisait que se faire du mal en consultant sa page plusieurs fois par jour, tel un imbécile. Pourquoi était-il incapable de faire un trait définitif sur elle quand elle avait préféré partir à l’autre bout du monde que d’être avec lui? Outre ses sentiments pour elle, son amour-propre avait été humilié et blessé quand il était déjà fragilisé par l’accident dont le Lewis avait été victime deux ans plus tôt. Chaque fois qu’il avait été en couple, Cameron avait été celui qui avait mis un terme à la relation. Freya était la première qui comptait à lui dire non, et s’il avait le désir de rencontrer quelqu’un et d’avoir un peu de douceur dans sa vie, la peur de se faire dire non une fois de plus et d’être blessé le retenait. De toute façon, il se rendait à l’évidence qu’il se faisait davantage d’ennemis que d’amis depuis un moment. « J’en sais rien, c’est bien ça le problème. » Okay? « Je pensais… J’ai cru que t’étais différent de tous ces gens bourrés de talent qui piétinent tous ceux qui se trouvent autour d’eux.» Il n’était pas comme ça, il ne voulait pas le croire. « Mais t’es comme eux et t’es peut-être même pire. » Ses traits se contractèrent, signe de son mécontentement. Dahlia n’était qu’une inconnue dont l’opinion ne devrait pas compter, mais l’accumulation d’insultes qu’il se prenait depuis quelques mois pesait de plus en plus. Par orgueil, il tenta de reprendre contenance malgré le pincement au cœur qu’il ressenti en se faisant dénigrer. « Parce que t’as rencontré beaucoup de célébrités dans ta vie? J’en doute. » cracha-t-il en haussant les sourcils d’un air prétentieux. « Tu prétends me connaître, mais ce n’est pas le cas. » Elle n’avait aucune idée de tout ce qu’il avait vécu, il en était persuadé. « Ce n’est pas parce que je ne prends pas de pincettes pour parler à quelqu’un d’incompétent que je piétine tous ceux qui m’entourent. Je suis très capable reconnaître le bon travail de quelqu’un. » répondit-il sèchement sans décrocher son regard dur du sien. Pouvait-il encore espérer réussir à terminer le tournage du premier clip vidéo de son projet solo aujourd’hui? Considérant que Dahlia se disait incapable de faire semblant d’aimer quelqu’un, il y croyait peu. « Pardon ?! » Il était allé trop loin, il en avait conscience, il avait intérêt à se calmer s’il ne voulait pas encore se retrouver au milieu d’un scandale. « Je veux des excuses.» réitéra-t-elle. « Je pense que tu m’as bien entendue. » Oh oui, il l’avait bien entendu, mais il n’était pas pressé de lui donner ce qu’elle voulait puisque ça l’obligerait d’admettre ses torts. Il s’excusa, mais de leur faire perdre leur temps plutôt que pour son comportement. Ses excuses ne satisfaisaient pas la figurante, sans grande surprise. « Je te dis pas comment faire ton travail, je te dis comment traiter les gens avec qui tu le fais. » Il voyait les regards du reste de l’équipe dans leur direction, entendait même les chuchotements des curieux qui les écoutaient. Et si Dahlia avait raison et qu’elle n’était pas la seule à le trouver insupportable? Il grogna intérieurement, puis décida de montrer un minimum de volonté à être plus agréable. « En ajoutant dix pour cent à mon cachet pour ton odieux comportement. » Il soupira à son tour en faisant mine de réfléchir. « Seulement si tu ajoutes dix pourcents à ta performance. » Agacé, mais prêt à faire ce qu’il fallait pour que son projet avance comme il le désirait, il tendit une main vers Dahlia dans l'espoir qu'une entente puisse être trouvée entre eux.
Dahlia se disait incapable de faire semblant, comment pouvaient-ils espérer réussir à terminer le tournage maintenant que l’ambiance était lourde sur le plateau? Allaient-ils être en mesure de mettre suffisamment leur frustration de côté pour que le résultat soit crédible à l’écran? Peut-être que non, mais le musicien ne connaissait personne dans son entourage qui pouvait venir remplacer la jeune femme dans l’immédiat. « Je ne compte pas le faire. Je n’avais pas l’intention de m’immiscer dans ta vie. » Et pourtant, elle lui posait des questions sur sa fille il n’y avait pas si longtemps. « Good. » se contenta-t-il de répondre avant de lui demander ce qu’elle faisait sur le plateau si elle n’avait aucun talent pour jouer un personnage. « Parce que j’ai besoin d’argent. » Les lèvres pincées, il hocha la tête. « Tu aurais plus de chances de faire de l’argent si tu te contentais de prendre des contrats pour lesquels tu as un minimum d’expérience. » Ou de talent, puisque l’expérience devait bien se gagner quelque part. Il ne comprenait pas pourquoi elle avait accepté ce contrat quand elle savait d’avance qu’elle n'était pas en mesure de simuler des sentiments et de l’attirance envers quelqu’un. En sauveuse, Ana Maria sortit de nulle part et l’ambiance se détendit presque instantanément, laissant plutôt place à de la gêne chez son fils qui tenta poliment de la renvoyer d’où elle venait afin qu’elle ne l’embarrasse trop. « Elle a l’air vraiment gentille. » Il rit légèrement en tournant la tête vers Dahlia, les mains dans les poches. « Elle l’est. Parfois trop. » Envahissante par moment, aussi, mais elle était bien l’une des rares à l’aimer inconditionnellement malgré son attitude et ses mauvaises décisions. « Tu devrais poser ça un peu plus loin. Je vais avoir du mal à me concentrer et poser mes mains sur ton corps si j’ai un plat de lasagnes et des licornes roses sous les yeux. » Il serra la mâchoire, essayant tant bien que mal de dissimuler son malaise, mais aussi un certain amusement. Ils pouvaient remercier la matriarche des Lewis d’être venue détendre l’atmosphère. « Okay. » Il alla chercher le sac apporté par sa mère et y jeta un coup d’œil, l’estomac gargouillant comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours. « Pas de lasagne, tu devrais y arriver alors, non? » Il bougea les plats dans le sac pour en vérifier le contenu. « Gazpacho, churros et olla podrida. » Il sourit, l’air satisfait, puis il s’éloigna un court instant pour déposer les plats dans la glacière non loin, remplie de breuvages froids. Lorsqu’il se rapprocha de Dahlia, il aperçut sa mère qui espérait sans doute ne pas être vue pour pouvoir assister à la suite du tournage. « Mamá, te veo! » (Maman, je te vois!) Elle lui sourit à pleines dents, sans bouger d’un poil à part pour croiser ses mains devant elle. « Vale, puedes quedarte. » (Ok, tu peux rester) lâcha-t-il dans un soupir, ne faisant qu’agrandir le sourire déjà immense de sa mère. « C’est bon, on peut s’y remettre? » demanda-t-il d’une voix beaucoup plus douce que quelques minutes auparavant. Sa mère ne se gênerait pas de soulever son comportement s’il n’était pas approprié avec Dahlia, il espérait que la suite des choses se déroulerait sans problème, il ne tenait pas spécialement que sa mère le traite comme enfant - avec raison - devant toute l’équipe. |
| | | | (#)Mer 6 Mar 2024 - 23:25 | |
| (bayside) Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices Dahlia Jakande & @Cameron Lewis « C’est si surprenant que ça ? » Une nuance subtile dans sa voix suggéra qu'il n'avait peut-être pas apprécié sa réponse. Contrôlant ses réflexes nerveux, la sylphide refréna l'envie de mordiller sa lèvre inférieure ou de jouer avec une mèche de ses cheveux ; au lieu de cela, elle maintint ses prunelles mordorées ancrées aux siennes, dissimulant habilement le trouble qu'il venait de susciter. « Non, j’imagine que non. » Bien qu'elle ait pensé s'exprimer de manière audible, Dahlia murmura à peine. Peut-être même que la star montante des ’The Sand Witches’ ne l’avait pas entendue. C’était comme dans ces rêves où elle tentait désespérément de crier à l'aide, mais où aucun son ne franchissait la barrière de ses lèvres ; juste un gémissement pathétique venu du fond de ses entrailles. Elle donna une légère impulsion à ses hanches pour se remettre d’aplomb. Cette remarque était-elle monnaie courante dans son milieu ? Se trouvait-il souvent confronté à l'étonnement des autres face à sa paternité ? L’israélienne esquissa un sourire artificiel avant de creuser davantage, en particulier sur l’âge de l’enfant. « Trois ans et demi. Ça passe tellement vite. » En un battement de cil, et bien plus rapidement qu'il n'était concevable, en réalité. La jeune femme ferma brièvement les yeux, les rouvrant aussitôt afin d'éviter de voir la chair de sa chair peinte sur la toile sombre de ses pensées. La croissance d’Alma avait été d’une telle célérité. Six années semblaient s'être envolées en un instant, deux mille cent quatre-vingt-douze jours durant lesquels elle avait négligé les moments les plus importants de sa vie, laissant l’implacable flux du temps dévorer sa jeunesse. Elle regrettait aujourd'hui d'avoir renoncé à cette part d'elle-même, cette petite vie à façonner, à guider. Comment faisait-il, de son côté ? « Comment je fais quoi ? » Comment parvenait-il à jongler avec tous les aspects de sa vie ? Les longues journées de travail, ponctuées de répétitions interminables, les concerts enflammés qui devaient se succéder sans répit, les tournées épuisantes à travers le pays… Comment était-il possible pour lui d'être présent à chaque instant, de donner le meilleur de lui-même sur scène tout en assurant ses responsabilités familiales ? « Ce n’est pas toujours évident, mais on s’arrange. » Une poignée de secondes fila en silence avant qu'elle n'ose lui demander si sa fille lui manquait lors de ses déplacements. « C’est sûr… » Un véritable sourire se dessina sur la figure de Dahlia cette fois-ci. Sa question était stupide. « Je ne suis pas parti tant que ça depuis qu’elle est née par contre. On repart ce mois-ci pour la première fois depuis quelques années, mais ce n’est que pour une dizaine de jours et on reste au pays. » — « Où est-ce que vous allez ? » L'israélienne l'écoutait sans en perdre une miette ; parfois, il valait mieux plonger dans la vie des autres que de sonder la sienne. Un écho douloureux résonna toutefois dans le bas de son ventre ; résultante des premiers cris d'Alma. Sans y porter attention, la sylphide effleura les dix points de suture qui ornaient sa peau du bout des doigts. Elle ne pouvait les sentir à travers le tissu de son haut, mais elle savait qu’ils étaient présents. « J’ai l’impression que ça te manque de voyager. Pourquoi vous avez stoppé vos tournées ? » Est-ce que c'était lié au fait que sa seconde vie ait commencé ? Peut-être que, contrairement à elle, Cameron Lewis n'avait pas trouvé le courage d'abandonner un bébé. « Avec la technologie aujourd’hui, je pourrai la voir en appel vidéo » L’avènement de l'internet haut débit et des technologies de communication modernes. « Tu crois qu’elle comprend que c’est toi ? » Dahlia se demandait si, à cet âge, l'enfant était déjà capable de reconnaître son parent et de participer à des interactions en vidéo. Elle se représenta le visage du choriste en gros plan sur l'écran d’un smartphone et réprima aussitôt l’envie de sourire. La fillette serait-elle réactive à la voix de sa figure paternelle ? « Tu as des enfants ? » La question éroda la coque de chagrin, dure et inflexible, qui enfermait son cœur. « En quelque sorte, oui. » répondit-elle de manière évasive. « Disons que c’est... assez compliqué. »
Moins d'une heure plus tard, la bienveillance de l'artiste avait volé en éclats. Cameron Lewis se prenait pour le héros du clip d'un groupe iconique, dans une production dont le budget dépassait largement la réalité. Sur le plateau, il se comportait avec arrogance, dévoilant son caractère de diva et son incapacité à la soutenir dans les scènes les plus intimes et complexes. « Parce que t’as rencontré beaucoup de célébrités dans ta vie ? J’en doute. » La jeune femme l’affronta du regard, juste une seconde, juste assez longtemps pour saisir ce qu’il pensait tout bas. Assez pour comprendre qu'il ignorerait ses arguments, qu'il écarterait d'un geste agacé ses réserves et tout commentaire qu'elle pourrait faire. « La question n’est pas là. » — « Tu prétends me connaître, mais ce n’est pas le cas. » Dahlia n’avait pas eu le temps de digérer cette descente dans les abîmes qu’il lui envoyait déjà une nouvelle salve en plein visage. « Ce n’est pas parce que je ne prends pas de pincettes pour parler à quelqu’un d’incompétent que je piétine tous ceux qui m’entourent. Je suis très capable de reconnaître le bon travail de quelqu’un. » Toujours sournoisement dissimulées derrière ses lèvres, de nouvelles attaques émergeaient. Une autre offense, un autre moyen de la rabaisser. Et d'autres suivraient bientôt, s'ajoutant à la longue série de celles qu'il avait déjà proférées. C’était un cycle sans fin auquel son entourage s’était sans doute malgré lui résigné. « J’ai jamais dit que j’étais compétente. J’ai dit qu’on m’avait proposé ce tournage pour une question de ressemblance. » Se serait-elle engagée dans cette voie si les choses s'étaient déroulées autrement ? « J’ai joué franc-jeu dès le départ. » Chose qu'il ne pouvait pas déjà avoir oubliée ; à moins que l'hypocrisie ne soit considérée comme la norme dans le monde du spectacle et de la musique. « Je pensais que tu l’avais compris. » Les paroles dépréciatives de la star montante des ‘The Sand Witches’ tournaient en boucle dans sa tête, lui rappelant qu’elle ne valait pas grand-chose, qu’elle devait laisser la place aux professionnels et accepter passivement son sort. Mais l’israélienne était déterminée à ne pas se laisser intimider et il était hors de question qu’elle continue de courber l’échine. Elle n'endurerait pas plus longtemps la propension de Cameron Lewis à mordre un peu trop facilement. Il était temps qu'il apprenne à la contrôler et la diriger vers la concurrence. Dahlia avait donc pris une décision audacieuse : exiger des excuses de la part de l’artiste, même si cela impliquait de risquer véritablement de quitter le plateau. Elle était prête à défendre son intégrité et sa dignité, refusant de tolérer le comportement dévalorisant et intimidant de ce prétendu ‘grand’ artiste. "Il faut souffrir pour être belle", répétaient inlassablement les femmes depuis des siècles, mais rien ne prescrivait la nécessité de souffrir pour respecter les clauses d'un contrat. Si la jeune femme n'avait pas obtenu l’amende honorable tant espérée, elle avait néanmoins remarqué les efforts, modestes, du guitariste. « Seulement si tu ajoutes dix pourcents à ta performance. » Un sourire teinté d'amusement se dessina sur ses lèvres pincées. Bien qu'elle ne s'attendît pas à ce qu'une vedette mondiale s'incline devant elle, la sylphide aurait préféré que l'homme sous les feux de la rampe accorde un peu plus de respect à la femme qu’il avait en face de lui. Elle prit fermement sa main, plongeant ses iris ambrés dans les siens. « Je te promets rien. » Comme il ne faisait qu'un demi-pas vers elle, il n'y avait aucune raison pour qu'elle en fasse deux. Tout à coup, Dahlia eut le sentiment qu'il l'observait attentivement, comme s’il se souvenait enfin que c’était à sa demande qu’elle était là ; parce qu’il avait quelque chose à lui proposer. Quelque chose qu’elle ne pouvait pas refuser.
Sous les regards scrutateurs des membres de l'équipe, soulagés de ne pas avoir été au centre de la scène qui venait de se dérouler entre elle et Cameron, la jeune femme reprit sa position à l'endroit où la séquence interrompue devait être tournée à l’origine. « Tu aurais plus de chances de faire de l’argent si tu te contentais de prendre des contrats pour lesquels tu as un minimum d’expérience. » Elle redressa promptement la tête, prête à le fustiger sur place, lorsque la génitrice de celui-ci fit irruption pour couvrir son fils d’attention et de louanges. D’abord gênée d'être témoin de cette démonstration publique d'affection, l’israélienne remarqua rapidement qu’il semblait plus mal à l'aise qu'elle. Ses joues prenaient une teinte rosée, son regard esquivait parfois le sien et sa gestuelle se transformait en quelque chose de plus désordonné, de moins confiant. Même son rire était singulier ; comme s’il était resté piégé dans sa gorge. De façon curieuse, ce renversement de situation les avait apaisés, créant une sorte de complicité entre eux, dissipant leur embarras et transformant la tension ambiante en une atmosphère plus décontractée. L'israélienne esquissa même un sourire discret, se sentant subitement plus à l'aise en compagnie du choriste. Bien qu'elle feigne l'indifférence, Dahlia avait apprécié cette liberté de ton, le fait que cette figure maternelle ose s’adresser à son fils avec la même désinvolture qu'elle le faisait probablement sous leur toit. « Elle l’est. Parfois trop. » — « Ce n’est jamais trop quand ça vient d’une mère. » Cela, la brune en était bien consciente. Maddie l'avait élevée seule, avec pour seul soutien Helen, sa marraine bien-aimée. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de réfléchir à la double peine que subissaient les femmes de leur époque, peut-être similaire à celle que la génitrice de Cameron avait connue. Mères, elles l'étaient, assurément. Mais contrairement aux femmes des siècles passés qui s’ennuyaient au foyer, elles travaillaient, continuaient de faire tourner la maison, soumises à des journées à rallonge et à des bonshommes qui ne fichaient pas grand-chose lorsqu’ils rentraient à peine plus tard qu’elles le soir. Était-ce là le modèle de vie auquel Cameron avait été habitué ? Non. Impossible. « Tu es fils unique ? » Cette question lui taraudait l’esprit depuis qu'Ana Maria lui avait remis son panier repas. « Pas de lasagne, tu devrais y arriver alors, non ? » Les prunelles de l'israélienne glissèrent vers les plats qu'il tenait, observant les contenants s'entrechoquer avec une tonalité désagréable. « Qu’est-ce que c’est ? » À travers les plats en verre, tout semblait coloré et appétissant. « Gazpacho, churros et olla podrida. » Une expression d’approbation se dessina sur son minois. « Ça a l’air bon. Ça lui arrive souvent de cuisiner des spécialités espagnoles ? » À quelques mètres d'eux, la silhouette de la principale concernée surveillait attentivement chacun de leurs mouvements. Elle fit même signe à l'un des cameramans de ne pas manquer le rapprochement entre Dahlia et son précieux descendant. « On reprend ! » s’écria une voix. Avait-elle raté quelque chose ? Depuis quand la figure maternelle de l'artiste avait-elle repris le contrôle du tournage ? Toutefois, sa présence enjouée et enthousiaste rassurait la jeune femme. « C’est bon, on peut s’y remettre ? » L'israélienne promena son regard sur les silhouettes des membres de l'équipe qui se réinstallaient autour d'eux. Cette fois-ci, elle ignora la caméra située trop près de son visage et la perche positionnée juste au-dessus de son front. « Oui, je crois que je suis prête. » La sylphide sentit son cœur bondir dans sa poitrine alors qu'elle se blottissait contre le torse du choriste, sa poitrine pressée contre ses pectoraux. Du coin de l’œil, elle remarqua le visage rayonnant d'Ana Maria, qui pressait ses paumes l'une contre l'autre comme pour exprimer sa gratitude au ciel. Que savait-elle vraiment à son sujet ou de ce qui se passait sur cette plage ? « Ça ne te gêne pas ? » Ses iris aux reflets mordorés rencontrèrent ceux de Cameron. « Je veux dire… de faire ça devant elle. » Mais avant qu'elle n'ait eu le temps d'assimiler la réponse de l'australien, l'enregistrement de la séquence reprit. Elle se recula légèrement pour s'immerger dans son rôle et le contempler. C'était la première fois qu'elle pouvait vraiment le regarder, examiner chaque détail de son visage, respirer son parfum, sans que cela ne déclenche sa colère. Maniant les jeux d'ombre sur sa peau, caressant l'ovale de son visage du bout des doigts, Dahlia se pressa à nouveau contre lui pendant qu'il entonnait les dernières notes de son couplet. Elle fut soulagée de constater qu'il ne réagissait pas à son contact et ne manifestait aucune objection. Puis, sans vraiment y songer, elle posa délicatement ses lèvres sur les siennes.
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| | | | (#)Sam 9 Mar 2024 - 17:37 | |
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Perfectionists make great detectives, they always find the tiniest mistakes no one else notices -- @Dahlia Jakande « Où est-ce que vous allez ? » - « Majoritairement les grandes villes comme Perth, Melbourne, Sydney… puis on termine ça à Brisbane. Pourquoi? Tu veux venir? » Peut-être qu’elle était curieuse de voir quel type de musique The Sand Witches jouaient quand pour son projet solo, Cameron était simplement accompagné par sa guitare acoustique. Il avait dans l’idée d’ajouter du piano à certaines de ses chansons, mais encore fallait-il qu’il trouve quelqu’un pour en jouer. Considérant la relation qu’il entretenait avec le « nouveau » chanteur de son groupe, il était un peu réticent de faire affaire avec quelqu’un qu’il ne connaissait pas. L’idée de ne devoir rien à personne et de pouvoir mener son projet comme bon lui semblait lui plaisait particulièrement. « J’ai l’impression que ça te manque de voyager. Pourquoi vous avez stoppé vos tournées ? » Les mille et une question de la jeune femme l’agaçaient de plus en plus, même si elle ne pouvait pas savoir qu’elle s’engageait sur un terrain glissant. Ce n’était pas sa faute, elle ne voulait que faire la conversation avec lui pour mieux le connaître et le savait, mais ce n’était pas un sujet sur lequel il aimait vraiment s’étendre. « J’ai eu un accident. Disons que ça a été compliqué ensuite… » répondit-il simplement sans trop aller dans les détails. Il ne restait qu’à espérer qu’elle ne tenterait pas de creuser. « Tu crois qu’elle comprend que c’est toi ? » Il hocha vivement la tête. « À l’âge qu’elle, je crois oui. On se parle au téléphone de temps en temps, il y aura l’image en plus. » Du moins, il l’espérait. L’idée que Hannah puisse penser qu’il l’abandonnait lui serrait le cœur. Curieux, il lui retourna la question, à savoir si elle aussi avait des enfants. « En quelque sorte, oui. Disons que c’est... assez compliqué. » Il fronça les sourcils en l’observant, mais il n’ajouta pas un mot. Il n’était pas difficile à comprendre qu’elle n’avait pas envie d’en parler et s’il voulait qu’elle respecte son souhaite de ne pas parler de son accident, il se devait de respecter qu’elle veuille la même chose concernant sa maternité.
Si de prime abord leur relation était empreinte de respect, le vent tourna en un claquement de doigts dès qu’ils commencèrent à tourner les scènes. Cameron n’était pas la personne avec qui il était le plus facile à travailler. Il était perfectionniste, difficile à satisfaire et, surtout, désagréable si les choses ne se passaient pas comme il le désirait. Il n’était pas toujours ainsi, mais la chanson dont il était question aujourd’hui avait une valeur sentimentale très importante. Sept mois s’étaient écoulés depuis que Freya était partie, mais la douleur vive qui lui avait déchiré le cœur lorsqu’elle n’avait pas répondu à son baiser, il la revivait comme si c’était hier. Écrire sur ses peines lui accordait un certain répit, mais l’idée que la suédoise puisse tomber sur son clip vidéo et comprendre qu’elle en était la muse le rendait nerveux. « La question n’est pas là. » Il leva les yeux au ciel sans rien ajouter. Elle avait en quelque sorte raison, mais il ne voulait pas l’admettre. « J’ai jamais dit que j’étais compétente. J’ai dit qu’on m’avait proposé ce tournage pour une question de ressemblance. » À quoi Parker avait pensé d’ailleurs? La figurante aurait pu être rousse ou même blonde, ça n’aurait pas vraiment eu d’importance. Ses fans ne savaient pas à quoi ressemblait Freya, ni même qui elle était. « Je n’ai jamais dit que tu avais prétendu l’être. » Ils se chamaillaient sur des détails sans importance, tout ça parce que Cameron voulait le dernier mot. « J’ai joué franc-jeu dès le départ. Je pensais que tu l’avais compris. » Il soupira bruyamment en pinçant ses lèvres. Est-ce qu’il se devait d’accepter une prestation médiocre parce qu’elle avait été honnête sur son expérience? Ne réalisait-elle pas que le résultat final pouvait avoir un impact sur la façon dont son projet solo serait reçu par le public? Il avait tellement envie de lui répondre, mais il s’en empêcha dans l’espoir qu’ils pourraient ainsi terminer ce qu’ils avaient commencé. « Je te promets rien. » Ils se serrèrent la main sans se quitter des yeux. « Moi non plus. » Il ne restait qu’à espérer qu’ils pourraient tous les deux honorer leur partie du contrat.
Depuis que Cameron avait reçu en cadeau une guitare de son grand-père et qu’il en avait gratté les cordes la première fois, Ana Maria était sans doute sa plus grande fan. Dès le premier jour, l’Espagnole avait cru en lui et elle l’avait poussé à poursuivre ses rêves là où bien des parents auraient tenté de convaincre leur fils de choisir un autre domaine. Il fallait être féroce pour se tailler une place dans le milieu, mais les gars avaient réussi. Et malgré tous les obstacles qui s’étaient dressés sur leur chemin, le choriste était fier de l’endroit où il était rendu aujourd’hui, bien plus qu’un an plus tôt quand il remettait sa carrière en question et qu’il ne pouvait passer à travers sa journée sans se geler la face. La thérapie l’avait certainement aidé à voir clair, mais il avait aussi écouté sa mère en dressant une liste d’avantages et d’inconvénients à sa vie artiste. Aujourd’hui, il était certain de choix et ça lui faisait le plus grand bien de retrouver le plaisir d’écrire. Et s’il donnait l’impression d’être agacé par la présence de sa mère sur le plateau de tournage, ça lui faisait en réalité plaisir de la sentir derrière lui. Même si l’attitude de la matriarche des Lewis le gênait un peu devant Dahlia… « Ce n’est jamais trop quand ça vient d’une mère. » Considérant qu’il était bien loin de s’être fait un tas d’amis ces dernières années, ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose que sa mère ne soit pas bien loin. Sa gentillesse et ses marques d’affection lui faisaient le plus grand bien, malgré tout ce qu’il pouvait bien dire. « Si elle pouvait juste… se retenir parfois, ce serait bien. » Parce que c’était parfois gênant pour lui qu’elle le traite comme un enfant devant d’autres personnes, même si la maturité n’était pas toujours la plus grande qualité du fils Lewis. « Tu es fils unique ? » Les yeux écarquillés, il secoua vivement la tête en riant. « Malheureusement, non. » Il exagérait, la vie aurait été bien moins divertissante sans Zoya à embêter. « J’ai deux frères et une sœur. Ça faisait beaucoup d’action en grandissant. » Beaucoup de querelles et de hurlements entre Zoya, mais ça il ne s’en vanta pas. « Et toi? T’as eu le bonheur de connaître l’amour fraternel? » Le bonheur, mais aussi le malheur par moment. Pourtant, il ne s’en passerait pas. Tout comme les petits plats que sa mère venait de lui apporter. « Ça a l’air bon. Ça lui arrive souvent de cuisiner des spécialités espagnoles ? » Il acquiesça de la tête. « Quand même. Je crois que ça lui rappelle des souvenirs de jeunesse. Ses origines. Elle a encore de la famille en Espagne. » Cameron ne connaissait pas beaucoup cette partie de la famille, mais il avait tout de même eu la chance de les rencontrer lors d’un voyage en famille. « On reprend ! » Les paroles de sa mère lui firent froncer les sourcils, mais surtout rire qu’elle se permette de gérer le plateau comme si elle y avait toujours travaillé. « Tu crois toujours ce que tu disais? Que ce n’est jamais trop quand ça vient d’une mère? » Il reprit son sérieux et demanda à Dahlia si elle était prête à ce qu’ils reprennent le tournage. « Oui, je crois que je suis prête. » Bien plus détendu que quelques minutes auparavant, il accueillit contre lui la brune sans dire un mot. L’une de ses mains glissa dans le creux de ses reins tandis qu’il leva le pouce de son autre à l’attention de l’équipe de tournage pour leur indiquer qu’ils étaient prêts. « Ça ne te gêne pas ? Je veux dire… de faire ça devant elle. » Un peu quand même, d’autant plus qu’il était le seul artiste cette fois-ci et donc que toute l’attention était dirigée sur lui. De plus, il connaissait assez sa mère pour savoir qu’elle se ferait des idées sur sa relation avec Dahlia et qu’il en entendrait sans doute parler longtemps. C’était surtout ça qui le dérangeait. « Ce n’est quand même pas un film porno qu’on tourne. » lâcha-t-il en riant légèrement. « On recommence dans 3, 2, 1… » Au signal, Cameron reprit sa performance là où il avait arrêté quelques minutes plus tard. Il s’efforça à demeurer conciliant, conscient que Dahlia était débutante dans le métier et que ses remarques acerbes ne les aideraient en rien. Son regard glissa le long de la silhouette de l’israélienne, caressa sa peau qui brillait sous les rayons du soleil tel un joyau. Il nota chez elle quelques ressemblances avec Freya, sans doute celles qui avaient poussé Parker à la proposer pour le rôle d’ailleurs. Des détails qu’il aurait préféré ne pas remarquer, mais qui lui permirent de terminer sa performance avec émotion. La gorge nouée, il caressa la nuque de Dahlia du bout des doigts sans la quitter de son regard voilé en attendant le fameux cri de fin de tournage. Soudainement, il sentit les lèvres de sa figurante se poser délicatement sur les scènes, le prenant par surprise alors qu’ils se prenaient la tête il y avait quelques minutes à peine. S’il parut surpris, il se laissa faire avant de répondre à son baiser en refermant légèrement sa poigne dans ses cheveux. « Coupé! » Une main d’applaudissements suivie, accompagnée par de petits cris aigus poussés par la mère de Cameron qui les observait de loin sans pouvoir cacher sa joie. De son côté, Cameron rouvrit les yeux, puis reprit ses distances en constatant avec regret que ce n’était pas Freya devant lui. Ce ne le serait jamais et il était temps qu’il se fasse à l’idée. « Tu vois, avec un peu de travail tu as réussi. » Il sourit légèrement avant de pointer l’un des employés du plateau un peu plus loin. « Tu pourras aller voir le gars avec la casquette rouge, il va te donner ton argent. Tu seras libre de partir ensuite. Merci d’être venue. » La logique voudrait qu’il soit en train de célébrer la fin du tournage, mais l’artiste n’avait pas du tout le cœur à la fête étant donné les souvenirs que cette chanson faisait remonter à la surface. Tout ce qu’il voulait, c’était rentré chez lui et avoir la paix et c’est donc sans un regard derrière lui qu’il rejoignit sa mère pour lui adresser quelques mots avant de retourner chez lui avec de la nourriture plein les bras pour se remettre de ses émotions. |
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