and i feel like my castle’s crumbling down

@flora constantine

lieu: electric playground, fortitude valley.
(c): kalopsiagifs (gif), luleaby (codage).

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No question asked.

C'était en réalité aussi simple que cela, et ce fut la raison pour laquelle lorsque Flora l'appela, alors qu'il s'était pourtant promis de faire des efforts et de rester sur place plus de trois minutes, il s'était levé du fauteuil attenant au lit pour sortir du bâtiment. Ce n'était pas son père qui pourrait lui reprocher de ne pas être resté, ou de ne pas porter assistance à sa soeur - autant parce-qu'il n'était physiquement plus apte depuis des années à dire quoi que ce soit, protester pour la moindre chose, que Malone savait que son père aurait approuvé le choix qu'il était en train de faire. Aller voir sa soeur alors qu'elle l'appelait était là la façon dont il aurait voulu voir réagir son fils, il en était convaincu. De toutes façons, il n'existait que très peu de situation où il n'aurait pas accédé à la demande de Flora, et c'était si cela pouvait mettre son fils en danger - comme ce n'était pas le cas présentement, Oscar n'étant pas aux côtés de Malone, ce dernier fila de l'établissement de santé. Un jour, promis il arrêterait de fuir la situation et son père de façon générale - mais pas aujourd'hui, aujourd'hui il avait une fois de plus une bonne excuse.

La nuit avait enveloppé toutes les voitures qui se frayaient un chemin dans la circulation, laissant les lumières danser devant les yeux de Malone. Il n’avait pas eu plus d’informations que cela concernant la situation dans laquelle se trouvait Flora, si bien que maintenant qu’il était derrière le volant de sa voiture, et qu’il avait le temps de réfléchir un instant à la situation tout et rien lui passait en tête. Et pour Malone, ce n’était pas là forcément une bonne chose, puisqu’il s’imaginait surtout le pire pour que la jeune femme ait besoin qu’il se détache de là où se trouvait, sans s'enquérir avant de s'il était véritablement occupé ou non, pour venir la récupérer sur son lieu de travail alors que la soirée était entamée et que cela faisait quelques temps qu’ils ne s’étaient pas vus qui plus était.

Constantine finit par garer sa voiture le long du trottoir, du côté opposé de la route où se tenait l’Electric Playground. Il traversa la rue en vitesse sans réellement se soucier de s’il était autorisé ou non à le faire, avant de pénétrer dans le bâtiment. Déjà, son regard se baladait à travers la foule pour pouvoir se poser sur le visage de sa soeur - apparement, aujourd’hui devait être une soirée spéciale, à voir les décorations qui avaient été mises en place et surtout le monde qui pouvait se trouver sur place. Peut-être était-ce aussi à voir avec le fait qu’ils étaient samedi soir - mais Malone n’avait que peu de notion du temps, se contentant d’enchainer un planning bien trop chargé mais qui lui permettait de tenir debout sans flancher. N’arrivant pas à apercevoir sa soeur, il se rendit au bar pour alpaguer l’un des employés. « Flora, elle est où ? » Les formules de politesse seraient pour plus tard - pas qu’il était impoli, mais disons qu’il sentait qu’il y avait bien plus important sur le moment que de caresser le serveur dans le sens du poils. Ce dernier leva un sourcil dans sa direction, démontrant déjà une attitude défensive envers Malone, qui ne plaisait pas réellement à ce dernier. « T’es qui toi ? » Il dut se rappeler qu’il n’était pas là pour créer des problèmes mais parce-que Flora semblait en avoir. Il serra et desserra ses mâchoires dans la foulée. « Son frère. Flora ? » Il ne remit étonnement pas l’information en question, lui désignant une porte derrière le bar. Malone ne se fit pas prier.

« Flora ? » La musique avait au moins l’avantage d’être devenue étouffée dans son dos, une fois que la porte s’était refermée à sa suite. Avançant doucement, les yeux de Malone scrutait le moindre mouvement qui pouvait venir dans sa direction, alors qu’il n’avait pas encore posé son regard sur sa soeur. « C’est Malone, t’es où ? » Cela s’entendait qu’il était inquiet, et par la même occasion que la patience n’était pas réellement son fort.

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Il n’avait pas eu d’information concernant la situation lorsqu’il avait décroché le téléphone, si bien qu’il ne savait pas dans quoi fonçait-il tête baissée de la sorte - mais ce n’était pas un élément important ou décisif pour le jeune homme en cet instant. Sa soeur l’avait appelé, elle lui avait précisé avoir besoin de lui et il n’avait pas posé de question parce-que c’était de cette façon là que les choses se passaient entre eux; il lui devait au moins ça et mille fois plus avec tout ce qu’elle avait pu faire pour lui durant les années écoulées. Malone se retrouvait donc à arpenter l’arrière boutique de la boite de nuit, tous les sens en alerte à tenter de trouver le plus rapidement possible Flora. Après ce qui lui sembla être une éternité - et qui n’était en réalité qu’à peine une maigre minute -, il entendit une voix lui parvenir de l’une des pièces adjacente au couloir qu’il traversait en ayant une boule au ventre. Il fut cependant impossible pour lui de distinguer s’il s’agissait de celle de Flora, ou si c’était là un bruit annexe qui n’avait rien à voir avec lui; il accéléra donc le pas dans la direction qui lui semblait être la bonne, poussa la porte qui se trouvait sur son passage pour pénétrer dans la pièce cherchée.

Son regard tomba directement sur le visage de sa soeur et sans laps de temps supplémentaire, il écarquilla les yeux, incapable de prononcer la moindre parole. Ce qu’il avait sous les yeux faisait partie des choses sur lesquelles il avait peur de tomber un jour. « Hey, je suis désolée de te déranger aussi tard… » Ses pas avançaient continué de le mener vers la jeune femme, et une fois à sa hauteur il remonta l’une de ses mains pour attraper avec délicatesse son menton entre ses doigts; il ne croyait pas ce qu’il voyait. « C'est rien mais je- tu peux me ramener à la maison ? » - « Qui t’a fait ça ? » La première question logique dans ce type de situation aurait été de lui demander si elle se portait bien. Elle lui disait que c’était rien, mais il ne l’avait même pas entendu - son attention et son regard ne sauraient lâcher le sang séché sur la peau de sa soeur.

Serrant les mâchoires, son regard mit encore un instant supplémentaire avant de réussir à rejoindre le sien. Dans toute autre situation, Malone se serait aperçu que les muscles de Flora s’étaient détendus à partir de l’instant où il était arrivé à ses côtés, qu’un éclat de soulagement était désormais perceptible autant dans son regard que dans sa voix, qu’elle montrait clairement des singes de réassurance de le savoir arrivé auprès d’elle. Mais avec la vision qui lui était offerte, ce n’était pas quelque-chose dont il était capable présentement; tout ce qu’il voyait, c’était que quelque-chose lui était arrivé, et d’après les marques que portait son visage ce n’était pas en trébuchant sur la piste de danse inondée d’alcool ou en manquant une des marches menant à la réserve qu’elle s’était fait ça. « Dis moi qui t’a fait ça que j’aille lui casser la gueule en échange. » Malone avait appris à rester calme et à gérer autant que possible sa colère avec les années; l’armée avait d’ailleurs joué un grand rôle dans tout ça puisque sous les ordres de personnes plus haut gradées que lui, il ne pouvait se permettre d’agir de la sorte. Mais il s’agissait de sa petite soeur devant lui - toute logique n’avait plus lieux d’être. « Il s’est passé quoi Flora ? » Peut-être qu’à un moment donné, lorsque ses premières réactions seraient passées, il se rappellerait de lui demander comment elle se sentait; promis. Pour l’instant, il serrait les mâchoires et lâchait le visage de Flora aussi délicatement qu’il l’avait saisi - parce-que ce n’était pas contre elle qu’il avait envie de se montrer brusque en cet instant.

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Bien sur que les traits du visage de Flora réagirent alors que Malone déplaçait bien qu’avec délicatesse son visage. Les yeux de ce dernier avait pris une teinte bien trop foncée pour l’environnement, là où la fête était supposée se passer et où un bon temps se devait d’être pris. Lui ne voyait qu’une chose: quelqu’un avait porté sa main sur sa soeur et il n’était pas question pour lui de laisser ce type d’information dans le vent. « Ça n’a aucune importance » - « Pour moi si. » Elle avait répondu dans un murmure, il avait sifflé sa réponse entre ses dents de son côté. Ils n’avaient pas les mêmes idées en tête concernant les problèmes de cette situation - à commencer parce-que les problèmes n’étaient pas les mêmes pour l’un ou pour l’autre. Lui ne saurait s’attarder sur autre chose que l’idée qu’un inconnu avait levé la main sur Flora, là où elle n’attendait que l’arrivée de son grand frère pour se sentir en sécurité. « Malone, je t'en prie » - « Flora… » - « Ne me laisse pas, s'il te plaît, je veux que tu restes avec moi. »  Ce ne fut qu’à la façon dont elle implora du bout des lèvres qu’il reste à ses côtés, là en cet instant que le regard de Malone comprit ce qu’il regardait exactement depuis le début sans le voir: sa soeur effrayée et attendant qu’il reste à ses côtés. Il n’était pas le plus malin, normalement un minimum bon en observation pourtant, mais aujourd’hui face à ce qu’il pouvait voir c’était surtout la colère qui prenait le dessus pour l’ainé Constantine.

« C'était un accident, deux mecs se sont empoignés sur la piste et j'ai voulu tenir à l'écart une nana » Ses fibres musculaires se détendaient un brin, plus par obligation en remarquant les marques de détresse détectables dans le comportement de sa soeur que par envie. Mais il se devait de redescendre d’un cran, il ne pouvait se permettre de démarrer au quart de tour pour pas grand chose - et il en avait été limite. « Ça s'est passé très vite, mais le coup n'était pas pour moi, je ne pense pas. Je veux que tu restes avec moi, que tu me ramènes, qu'on parte d'ici - on s'en moque de ces types, s'il te plaît. » Le regard de Malone parcourut autant les traits du visage de sa soeur que les alentours, la pièce autour d’eux, avant de se planter de nouveau dans ses prunelles. Les sons se trouvaient être moins distordus autour de lui, son attention redevenant entière et complète pour la scène qu’il avait sous les yeux. Déglutissant avec peine, serrant encore un instant les mâchoires, il finit par détendre ses épaules à son tour et par soupirer un brin. Il ne serait pas calmé complètement avant quelques temps, mais il l’était assez pour se concentrer sur la situation actuelle. « Tu veux pas passer voir un médecin plutôt ? » Parce-que les traces qu’elle avait sur le visage pouvaient être inquiétantes - il n’était pas médecin lui, donc il ne saurait pas anticiper l’étendue des dégâts, mais il savait que ce n’était jamais bon de recevoir un coup à la tête. Ca aurait été lui à la place il ne se serait pas inquiété plus que ça, mais pour Flora les choses étaient plus délicates. « Je me calme, j’irai casser la gueule de personne promis. » Sa main se glissait sous le coude de la brune, lui permettant un meilleur appui. « Mais tu veux pas aller voir un médecin ? » Une partie de sa voix et de son regard étaient toujours empreinte d’une colère montante, mais promis il saurait gérer cette dernière et la laisser dans un coin. « Je veux juste pas te ramener chez toi et que tu sois en danger après… » Elle l’avait déjà été, ils avaient déjà trop de preuves autour d’eux de personnes entre la vie et la mort, dans des situations délicates ou autres, ce n’était pas la peine d’en rajouter une couche. Et parce-qu’il voyait bien que ce n’était peut-être qu’une question de volonté qui la tenait debout, il finit par glisser son deuxième bras autour de ses épaules pour l’attirer contre lui et la prendre dans ses bras. « Pardon, j’ai réagi trop vite. »

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Il se plierait à la décision de sa soeur, quoi qu’il advienne; mais elle lui demandait d’être davantage concentrée sur elle et de s’inquiéter plus pour elle que tout ce qui avait pu se passer avant qu’il n’arrive sur place, alors forcément qu’il allait demander à plusieurs reprises si elle jugeait non-nécessaire l’idée d’aller voir un médecin. Il ne voulait pas se retrouver à passer à côté de quelque-chose de grave, là où un tour aux urgences aurait pu tout régler. Il connaissait parfaitement bien le ressenti de Flora vis-à-vis de ces endroits, il n’était pas autant que cela à côté de la plaque; mais il se devait d’insister encore un peu. « Je suis un peu sonnée mais pas nauséeuse, et j’ai pas de vertiges non plus. Je ne pense pas que ce soit nécessaire » Il pinça les lèvres, son regard passant sur chaque parcelle de son visage pour s’assurer de ses mots. Elle était cohérente jusque maintenant et n’avait pas vomi sur ses chaussures: il se devait de prendre ça pour un signe positif. Malone finit par soupirer, lui promettant dans un premier temps qu’il n’irait refaire le portrait de personne - avec de moins jolis mots -, et qu’il pouvait effectivement la ramener chez elle. Cela ne changeait rien aux dangers potentiels et au fait qu’il s’inquiète sincèrement pour elle, mais il glissait vers l’idée de prendre son parti. « Viens passer la nuit à la maison, Millie n’est pas là. Et si jamais je me sens mal… promis, je te le dirais. » Son regard s’arrêta dans celui de sa soeur un instant, et un autre; c’était peut-être le meilleur compromis qu’il obtiendrait ici. Alors, rendant les armes, il opina du chef. « Compte sur moi pour ne pas fermer l’oeil. » Comme lorsqu’ils étaient encore enfants et qu’elle se retrouvait à tousser en pleine nuit: il passait le reste de cette dernière à vérifier qu’elle respirait encore, les heures se succédant sans défaire moindrement sa motivation. « On rentre ? » Soupirant, il opina une nouvelle fois du chef.

Le trajet en voiture se passa sans encombre, et ils furent rapidement dans l’appartement de la jeune femme. Malone se rendit compte en pénétrant dans ce dernier que cela devait faire des mois qu’il n’y avait pas mis les pieds, prétendant être toujours plus occupé ici et là; la vérité était qu’il avait toujours peur d’être un poids dans le quotidien de Flora là où elle avait pourtant tant d’importance dans le sien, sans peut-être se rendre compte que c’était le cas, qu’il préférait rester en retrait pour ne pas l’importuner. « Tu veux bien aller chercher des compresses et de l’antiseptique à la salle de bain s’il te plaît ? J’ai pas voulu qu’ils y touchent au bar. » sortant de ses pensées, il porta son regard vers sa soeur et sa blessure. « Ouais, j’y vais. » Laissant ses propres affaires trainer dans l’entrée de l’appartement, il fit l’aller-retour entre la salle de bain et le salon avant de s’installer aux côtés de Flora.

« Tu faisais quoi quand je t’ai appelé ? » Ayant un moment d’arrêt dans ses gestes, témoin visuel que la question de la jeune femme n’était pas anodine, il se concentra d’abord sur le fait qu’elle avait une blessure à panser plutôt qu’une question qui restait sans réponse. Attrapant le linge propre qu’elle avait entre ses doigts, il se servit de ce dernier pour nettoyer la blessure par la suite. S’il y avait bien quelque-chose que l’armée lui avait appris au cours de ses années là-bas et qui lui servait encore aujourd’hui, c’était comment s’occuper de blessures superficielles. Le sang était déjà séché depuis longtemps, l’entaille presque une histoire ancienne, mais il s’appliqua autant qu’il le put sur cette dernière, préférant repousser le moment où il répondrait autant que possible. « Je rentrais d’être allé voir papa. » Malone avait presque sifflé sa réponse entre ses dents, ne souhaitant pas faire toute une montagne d’un quelque-chose qui ne semblait pas tant important que ça à ses yeux. Il déglutit avec peine, changea d’élément entre ses doigts pour appliquer de la crème antiseptique sur la plaie. « J’y suis allé en milieu d’après midi et je me suis assoupi là-bas, c’est les infirmières qui m’ont réveillé en me disant qu’elle était obligées de me mettre dehors. » Ca, c’était du aux horaires affreuses qu’il faisait ici et là, tant son emploi du temps devenait celui d’un ministre quand il avait décidé d’éviter la réalité du monde qui l’entourait - ce qui était une bonne partie du temps, toutes choses considérées. « Elles m’ont dit que t’étais passée cette semaine aussi. » Mais était-ce la seule information qui circulait via les infirmières entre les membres de la fratrie, ou d’autres choses arrivaient-elles à fuiter sans que l’accord de Malone n’ait jamais été donné ? C’était une perche tendue à Flora pour savoir si elle allait la saisir parce-qu’elle savait quelque-chose qu’il ne fallait pas ou si elle n’avait pas été mise au courant, comme il avait explicitement demandé que ce soit le cas.

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Ce n’était pas là la solution parfaite, mais au moins ils rentraient quelque part où elle serait à l’abris et où il pourrait la surveiller. Il aurait préféré qu’elle voit un médecin, elle ne voulait pas et il ne pouvait aller à l’encontre de cette volonté. Au moins, elle pouvait être chez elle et se sentir en sécurité, c’était toujours cette possibilité là de prise - et puis, en regard de leur relation, il ne pouvait forcer davantage sur l’idée. A d’autres, il aurait peut-être pu tenter d’imposer son avis; à Flora il ne pouvait pas se permettre d’aller au delà d’une tentative échouée.

Dans le canapé du salon, l’attention du grand frère se porta sur la plaie qui nécessitait des premiers soins - pas grand chose, mais une touche tout de même. Heureusement, c’était quelque-chose à quoi il était encore habitué, certains réflexes et connaissances ne disparaissent pas avec le temps. Ce qu’il n’aurait pu anticipé et il tenta au maximum que cela ne se ressente pas de trop dans sa voix, c’était que sa soeur lui demande ce qu’il faisait avant de la rejoindre pour son appel de détresse. Pas qu’il était honteux quant à l’idée de rendre visite à leur père, mais plutôt qu’il ne savait jamais trop comment affronter la réalité de cette situation. Selon les personnes à qui il s’adressait, les discours variaient et n’étaient pas toujours autant encourageants; ils n’étaient pas toujours très compréhensifs envers la famille qu’ils tentaient de rester malgré tout, malgré les événements et les tragédies. Apparemment cependant, il n’était pas le seul à s’être rendu au chevet de leur père cette semaine, d’après ce que les infirmières lui avaient dit. « Oui, j’y suis allée mardi. Je… j’ai un peu du mal à aller le voir en ce moment. » Il fit glisser ses lèvres l’une sur l’autre, retira la gaze d’antiseptique de la hauteur du visage de sa soeur, laissa son regard s’y attarder un instant avant de le faire changer de direction - il ne savait pas avoir ce type de discussion en regardant sa fratrie dans les yeux, parce-qu’il ne se sentait pas toujours légitime d’avoir ce type de discussions avec eux. « J’ai du temps libre mais… Je ne sais pas trop quoi lui dire, et ça me fait plus de mal que de bien. J’ai même l’impression qu’il devient de plus en plus pâle, comme si c’était possible. » Il esquissa un sourire en rien amusé, plus par réflexe qu’autre chose. « C’est pas moi qui vais te faire un reproche sur ça, tu sais. » Elle savait, ce n’était pas vraiment une question. Malone avait mis des années avant de se mettre à voir leur père réellement, plusieurs fois par mois et non pas juste seulement quand il était en proie aux pires questions existentiels et qu’il revenait aux bases, aux racines pour savoir si les réponses y étaient cachées.

« Tu penses qu’il sait ? » Son regard changea de direction pour tomber dans celui de soeur. Il y resta plongé un instant avant d’hausser distraitement les épaules. « Je me suis toujours dit que c’est le cas. » Parce-que c’était plus simple de dire que leur père pouvait se rendre compte de tout ce qu’il se passait autour de lui, que s’il ne pouvait leur répondre ou leur prouver que c’était le cas, c’était plus rassurant de se dire que ça l’était. Sinon, beaucoup d’espoirs tombaient à l’eau à l’idée de penser le contraire - et ce n’était pas dans cette direction là qu’il avait envie d’emmener les choses, ni aujourd’hui ni un autre jour pour le moment. Alors, il préféra reporter son attention sur le pansement qu’il tenait dans le kit, par retirer l’emballage pour l’apposer sur le front de sa soeur. « Je pense qu’il sait que t’as besoin d’une bonne nuit de sommeil surtout. » Et avec un regard bienveillant, il lui glissa un nouveau petit sourire, plus tendre cette fois ci et surtout qui lui était complètement destiné. « Je t’aide à marcher jusque ta chambre, je sais que tu vas dire non mais c’est pas une question. Et promis je reste jusque demain matin dans le canapé. » Ce ne serait pas la pire des situations qu’il aurait connu, surtout que l’appartement que sa soeur partageait était un bel appartement entretenu - il était même plus accueillant que son propre chez lui.