the wound won't close

@gabrielle strange

lieu: brisbane river, spring hill.
(c): saydontgo (gif), luleaby (codage).

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Ce n’était pas comme ça que les choses étaient supposées se passer. Disons qu’elles n’auraient pas du déraper dans un premier temps, prendre cette pente glissante qui semblait ne jamais vouloir en finir - mais prendre un détour n’était pas au programme non plus. Lorsqu’Auden était venu annoncer à Ezra que la femme qu’il avait en commun, la mère de leurs deux fils étaient portée disparu, il avait su au fond de lui qu’elle ne referait jamais surface. Cela lui avait pris du temps de faire la paix avec cette idée, mais il y était parvenu - surement parce-que son inconscient s’était déjà préparé un jour à cette éventualité, et puis surtout parce-qu’il avait déjà connu cette situation là avec Ginny. La première fois, elle était partie mais il savait qu’elle était quelque-part à aller bien; cette fois-ci les choses étaient plus dramatiques mais elles prenaient un chemin que ses émotions avaient déjà emprunté la première fois. Le plus dur dans tout cela avait été Noah, bien sur: aucun enfant ne devrait à apprendre la perte de son parent, surtout pas après que cette dernière ait été portée disparue pendant de long mois, laissant un maigre espoir subsister quelque-part en silence.

Cet espoir avait disparu lorsque la police avait déclaré Ginny décédée après des mois de recherches qui ne donnaient pas suite. Cet espoir s’était vu se former sous forme d’un fantôme lorsque Ginny était apparue quelques semaines plus tard sur le pas de la porte du garage d’Ezra, alors qu’il avait déjà connu cette situation là et qu’il n’était pas préparé à la revivre. Surtout parce-que bien des choses avaient changé ces deux dernières années - des changements qui avaient été nécessaires pour le bien de tout le monde, et surtout pour celui de Noah. C’était bien avant la disparition de Ginny qu’Ezra avait du faire appel à Gabrielle pour lui donner un coup de main dans cette situation rocambolesque qu’était sa vie privée, mais c’était aussi suite à cette dernière qu’il avait du la faire travailler davantage. Avantage pour Strange d’être l’avocate d’Ezra: elle ne pourrait jamais s’ennuyer, sa vie connaissant des tournants qui n’étaient jusqu’alors visibles que dans les films.

« Sache que même si je tire la tronche, je suis quand même content de te voir. » Etirant un petit sourire alors qu’il arrivait à hauteur de la table où s’était installée la brune, il déposa un bise sur sa joue avant de prendre place face à elle. « Mais j’aurais préféré te voir dans d’autres circonstances. » Qui n’étaient pas celles où il allait devoir lui expliquer où en était présentement la situation, et parler du retour sur la surface terre de la mère de Noah. Il se doutait que rien ne changerait réellement pour la suite, mais il avait tant travaillé dur pour obtenir une certaine stabilité pour son fils qu’il ne désirait pas voir cette dernière s’envoler au moindre coup de vent. « Et… merci d’être dispo si vite. Ca te dérange pas trop ta journée ? » Ezra secoua quelque peu sa tête. « Non je commence par le début quand même: tu vas bien ? » Certes, leur échange s’en irait vers un ton professionnel rapidement, mais cela ne l’empêchait pas de prendre des nouvelles de Gabrielle avant toute autre chose.

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Au moins, la petite remarque en guise d’introduction de la part d’Ezra eut le don de tirer un petit sourire directement à Gabrielle - ce n’était peut-être pas énorme, mais étant donné que le reste de leur discussion ne risquait pas d’être apte à leur donner le sourire pour de vrai, au moins cela ne commençait pas sur les chapeaux de roues. « Bonjour, Ezra. » - « Bonjour Gabrielle. » Parce-qu’il était poli malgré tout, et qu’il n’avait pas encore prononcé une formule de politesse à ses côtés. « Je me doutes. » Il fit une petite moue: il y avait toujours meilleures circonstances pour se voir que d’avance en sachant que c’était là pour aborder des sujets qui n’étaient en rien plaisant à l’être. Il aurait préféré la voir pour tout et n’importe quelle raison qui n’en était pas une reliée au thème qui avait fait croiser leurs routes la première fois.

Avant toute chose, il prenait un temps pour lui demander comment se portait-elle de son côté, parce-que c’était de la même trempe que les rires et sourires: cela passerait malheureusement rapidement à trappe. « Je vais bien oui, merci. » C’était toujours ça de pris, au moins. « Je suppose que te retourner la question n’a pas trop d’intérêt, n’est-ce pas ? » Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, il haussa quelque peu lassement les épaules. « C’est pas si pire. » Aller bien était un concept qui n’était pas assez bien défini pour qu’il puisse s’appliquer dans sa situation actuelle. Il n’allait pas mal, mais les derniers événements en date rendaient plus compliqué de simplement dire qu’il allait bien. « Je te cache pas que mes journées sont bien remplies et que je croule sous les dossiers à charge mais je ne vais pas m’en plaindre, c’est aussi ce que je voulais. » Ezra ouvrit la bouche pour parler mais elle ne lui laissait pas le temps ou le loisir de le faire, reprenant dans la foulée. « Mais j’ai bien du temps et de la place pour toi, ne t’en fais pas. » Son sourire était rassurant - ce n’était pas pour autant qu’il n’allait pas ajouter son petit commentaire sur cette partie là de la conversation. « T’as le droit de me dire que c’est le cas tu sais. Je débarque en panique, mais t’es pas obligée de répondre présente. » Même si ça l’arrangeait, il n’allait pas le cacher, parce-qu’il avait certaines peurs dont il ne pourrait pleinement discuter qu’avec elle - puisqu’elle détenait des réponses que d’autres n’avaient pas.

« Dis-moi alors. C’est quoi cette histoire de retour de Ginny Williams ? » Inspirant longuement, Ezra expira pendant la même longueur de temps, prenant un instant pour lui. Ce n’était pas parce-qu’il s’était empressé de prendre contact avec Gabrielle qu’il avait hâte de raconter le peu d’informations qu’il avait entre ses mains. « C’est une histoire de merde. » C’était étrangement avec une certaine détresse et pourtant une certaine tendresse qu’il disait ça. Il était encore sous le choc, il était encore incertain quand à ce qu’il devait ressentir à travers toute cette situation - mais il s’agissait quand même de Ginny, et parce-que c’était elle il n’avait jamais su être totalement objectif. « Elle est pas morte, pas pour de vrai. » C’était là l’élément principal à mettre en avant; il lui avait déjà dit par message, mais le dire à haute voix n’avait pas le même effet. « Et c’est pas une rumeur ou quoi que ce soit, elle a débarqué au garage un jour sans prévenir avant bien sur. » Le petit rire était pincé et amer, et n’avait rien à voir avec le type de sourire qu’ils avaient eu alors qu’il était arrivé à ses côtés - il savait d’avance que ces derniers étaient terminés pour aujourd’hui. « Donc je l’ai vu de mes propres yeux, qu’elle était pas morte. Apparemment, elle était partie faire un retraite spirituel ou j’ai pas tout compris honnêtement, j’étais un peu énervé. » Parce-que pendant qu’elle était partie prendre l’air, lui était resté en arrière - encore une fois, mais cette fois ci avec la responsabilité de leur fils et surtout d‘annoncer les mauvaises nouvelles à ce dernier.

Remontant son regard en direction de Gabrielle, il se dit que la question était idiote mais qu’elle valait le coup d’être posée, juste au cas où. « Est-ce que… t’as déjà eu ce genre de cas toi ? Des gens qui étaient morts et qui sont plus morts finalement ? » Etait-ce quelque-chose de commun ou plutôt d’hallucinant, et une situation peu connue et commune ?

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« Je ne me sens obligée de rien, Ezra. Si je te dis que j’ai du temps à t’accorder et mon aide à t’apporter, c’est que c’est le cas » Il préférait tout de même s’en assurer; il ne savait déjà pas trop comment se sentir par rapport à toute cette situation, alors il n’était pas question pour lui de déranger quelqu’un qui n’avait rien demandé avec ses histoires tordues. Certes, Gabrielle y était mêlée légalement, mais ce n’était pas une raison pour utiliser cette excuse à tort et à travers comme bon lui semblait et quand cela lui semblait arrangeant surtout. Alors, avec un merci silencieux dans le regard, il lui accorda un petit sourire.

L’avantage de la brune, c’était qu’elle avait au moins le début de l’histoire et qu’Ezra n’avait pas besoin de lui expliquer les racines de sa relation avec Ginny - il pouvait se permettre d’aller directement à l’essentiel, d’en venir aux faits qui s’étaient déroulés ces derniers temps et qui avaient remis toute sa réalité en question. Parce-que revoir Ginny et apprendre qu’elle n’était finalement pas décédée était une chose, mais les répercutions d’une telle réapparition étaient toute une autre part qu’il avait peur de regarder même du coin de l’oeil. « Tant que tu ne l’as pas attaqué avec une clé à molette ou … un de ces outils que tu utilises pour réparer les voitures » Elle tentait, Gabrielle, et ça il ne pouvait pas lui en vouloir de tenter de jeter un brin de légèreté sur une conversation qu’il savait particulièrement épineuse. « Non pas que je n’aurai pas pu te défendre, tu sais que je fais aussi dans ce domaine-là mais bon, il vaut mieux éviter » Il ne sut s’empêcher d’afficher de nouveau un petit sourire aussi, malgré tout. « Promis, pas de coup de clef à molette dans l’histoire. » Ce n’était pas le genre d’Ezra, ou pas à l’encontre de personnes qui comptaient vraiment - certains autres mériteraient à ses yeux de prendre des coups de clefs, mais comme le disait son amie face à lui après les répercutions légales étaient part du processus et il avait assez sur le dos. « J’imagine à quel point ça a pu être un choc pour toi » Soupirant, il baissa quelque peu le regard, haussant un brin les épaules. Ca avait été un choc, bien sur, surtout qu’il avait du faire le deuil de sa présence et d’elle de façon plus générale pour la seconde fois dans sa vie; et ça ne devenait pas plus facile avec le temps. « J’ai cru que j’étais devenu fou quand je l’ai vu. » Ce n’était pas dans les plans logiques de la vie: quand une personne mourrait, elle n’était pas supposée revenir à la vie ensuite. » Je suis pas encore sur de vraiment réaliser, d’ailleurs. » N’était-ce pas qu’une mauvaise farce, comme il l’avait suggéré quand elle s’était mise à lui parler ? Mais en même temps, c’était Ginny qu’il avait devant lui, il en était sur - il l’aurait reconnu même les yeux fermés et privé de tous ses sens.

« Personnellement, non. Dans ma carrière, cependant, j’ai déjà pu rencontrer des cas du genre » Parce-que ce n’était pas uniquement pour parler des choses qui étaient un choc pour lui qu’il avait demandé à Gabrielle de se voir, mais surtout parce-qu’il savait que certains changements légaux pouvaient être amenés à apparaitre avec ce retour d’entre les morts. Ce n’était pas ce qu’il voulait, et il avait besoin d’être aiguillé sur la question. « Ca arrive souvent que des gens reviennent d’entre les morts comme ça ? » Il avait l’impression que cette situation était tout droit sortie d’un mauvais film, pourtant - existait-il d’autres personnes dans son cas ? Il espérait que la réponse à cette question soit une qui ne soit proche de la positive. « Bien souvent, ce sont des personnes qui ont disparu parce qu’ils voulaient protéger leurs proches ou sauver leur peau. Certains toutefois, c’était plus par lâcheté » A cette réponse là, Ezra plissa le bout du nez: ce n’était pas le genre de chose qu’il avait envie de connaitre, parce-qu’il avait l’impression que s’il devait associer Ginny à l’une de ces deux catégories, ce ne serait pas celle la plus reluisante. « Comment s’est passé votre rencontre ? Je veux dire… est-ce qu’elle t’a dit qu’elle était de retour dans un but précis ? Pour Noah ? » Il soupira quelque peu; ce n’était pas exactement pour ça, mais c’était ce qui s’en rapprochait le plus. « Elle a dit qu’elle revenait pour les garçons ouais. Mais bon, elle est partie alors qu’ils étaient là aussi quoi… Donc je sais pas trop quoi en retenir. » Il eut un petit rire soufflé par le nez, sans amusement bien sur. « Elle a dit qu’apparemment elle avait essayé d’entrer en contact avec nous, mais nous on a rien eu, alors bon… » Alors il avait envie de la croire et en même temps, c’était difficile dans les positons dans lesquelles ils se trouvaient tous les deux n’étaient en rien les mêmes. « Il est au courant ? » Noah - il hocha la tête. « Je pouvais pas lui cacher. J’ai jamais été comme ça avec lui, j’allais pas commencer ça. » Il inspira longuement. « Il l’aurait compris de toutes façons. Que y’avait quelque-chose qu’avait changé. » Noah était malin, il l’avait toujours été. Il avait aussi bien plus d’instinct que son père en aurait jamais et avait toujours compris avant les autres ce qu’il se passait - cela aurait été impossible pour Ezra de garder ce type d’informations pour lui sans qu’il ne le comprenne.

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Le retour de Ginny dans le paysage et dans le quotidien de façon générale n’était pas quelque-chose qu’Ezra avait envisagé, puisqu’elle avait été déclarée disparue puis décédée par les autorités de Sydney déjà plusieurs mois plus tôt. Même si cela avait créé un énorme vide et une peine considérable chez lui, il avait fini par se rendre à l’évidence et par se faire à l’idée. Cependant, désormais les cartes étaient redistribuées et il ne savait plus trop dans quelle direction il était supposé regarder pour être sur de ne manquer aucun détail qui lui avait peut-être pourtant surement déjà échappé depuis le temps. « Personne ne pourrait te le reprocher » Il esquissa une petite moue tout en haussant un brin les épaules. Peut-être que personne ne pouvait lui reprocher de prendre le temps d’assimiler les choses, mais il y avait plus d’une personne qui comptaient sur lui derrière et il ne pouvait pas se permettre de rester bien plus longtemps dans cet état d’entre deux: il se devait de remettre les deux mains sur le volant et reprendre ses repères.

Cela allait forcément passer à un moment donné par avoir besoin de l’expertise de Gabrielle, bien malgré lui - au moins pour se rassurer et comprendre dans quel pétrin il pouvait potentiellement mettre les pieds. « Elle t’a explicitement dit qu’elle comptait reprendre ses droits sur eux ? » Lentement, il secoua sa tête de gauche à droite. « On en a même pas parlé. » Parce-que la conversation qu’ils avaient eu était presque unir tant elle semblait irréelle et sortie tout droit d’un mauvais film - d’un cauchemar presque. « Mais elle a dit qu’elle était revenue pour les garçons. Alors je préfère prendre les devants. » Toutes les autres fois, à tout moment de sa vie, Ezra avait laissé cette dernière lui passer dessus sans trop anticiper ou se dire qu’il pouvait se permettre certaines et d’autres choses. Pour une fois, il souhaitait faire les choses bien, n’avait pas envie de constater les dégâts une fois les choses passées plutôt que de se préparer à l’ouragan. Ginny n’avait pas dit qu’elle voulait reprendre exactement la même place qu’elle avait pu avoir par le passé auprès de ses fils, mais elle revenait pour eux; c’était assez pour que certaines questions se mettent à trotter dans l’esprit de Beauregard. « En tout cas, cet argument qu’elle avance d’avoir tenté de rentrer en contact avec vous est bon à savoir. Elle pourrait chercher à l’utiliser et c’est quelque chose qu’on peut contrer assez aisément » Peut-être qu’une part du soupire qu’il expulsa fut du soulagement, il l’admettrait un jour. « On a aucune preuve en plus qu’elle a essayé. Comme on a rien reçu. Apparemment c’était des lettres qu’elle a envoyé. » Ce n’était en réalité pas aussi simple que cela, puisque les lettres pouvaient simplement s’être réellement perdues et être retenues en otages par les services postaux - mdm si cela semblait trop gros pour que même lui puisse y croire.

« C’est tout en ton honneur, Ezra. Son retour d’entre les morts est déjà suffisamment violent comme ça, tu as bien fait de lui en parler pour le préparer » Il soupira quelque peu. « J’aurais préféré ne pas avoir à le faire. » Bien sur qu’il était heureux de pouvoir dire à son fils que sa mère n’était finalement pas six pieds sous terre; mais il n’avait pas envie de passer sa vie à uniquement lui annoncer des nouvelles qui changeait radicalement son quotidien du jour au lendemain alors qu’il avait bien assez souffert pour son âge déjà. « Je veux dire, je suis content de lui dire que Ginny est de retour, mais bon. » A force, il comprenait bien que ce n’était pas la façon la plus saine pour lui de vivre. « Comment il a réagi ? » Il plissa quelque peu le bout du nez, tout en reportant son regard sur le gobelet devant lui. « J’ai l’impression qu’il a pas encore réagi, justement. Il a pris la nouvelle comme si je lui annonçais qu’on avait réservé les prochaines vacances. » Etonnement bien, donc; ce qui n’était pas normal pour un gamin de son âge. Il était habitué, certes, à ce type de situation, mais ce n’était pas pour autant au contraire que cela n’allait pas inquiéter son père.

« On a matière à remporter la bataille » Il soupira quelque peu. « Le pire ? C’est que je le sais. » Il eut un petit rire - pas bienvenu dans la situation, mais assez libérateur. « Mais je voulais pas de cette bataille. Y’avait pas besoin qu’elle arrive. » La bataille ou Ginny, ses paroles n’étaient pas assez précises pour que cela puisse se faire entendre à la première écoute. Mais il ne préciserait pas: lui-même ne savait pas où se tenir dans ce nouveau tableau. « Mais au moins si tu dis que si ça dérape, ça pourra le faire… » Cela laissait une porte de sortie à portée de main qui faisait du bien à connaitre et avoir; au moins, tout n’était pas gris, c’était toujours ça de pris.

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Les hochements de tête que Gabrielle pouvait lui amener au fil des mots qu’il prononçait avaient le don de le rassurer: au moins, il était sur la bonne voix et ne se trompait pas dans sa façon de réagir et de penser. Ce qui n’était pas toujours le cas, alors cela faisait du bien de savoir que c’était le cas alors que ça concernait son fils. « Il n’avait pas besoin de ça » Il secoua quelque peu son visage. « Il a pas besoin de ça non. » Parce-que son fils avait vécu plus de drames dans ses années de vie qu’un adulte lambda pouvait en vivre en moyenne, et ce n’était pas juste de devoir rajouter une ligne à cette liste.

« En soi, tu lui as annoncé une bonne nouvelle pour lui, sa maman est bel et bien vivante et même si ça peut en être perturbant pour nous adulte, il reste un enfant avant tout » Il haussa vaguement les épaules. « Il a jamais réagi comme un enfant, j’ai pas l’habitude qu’il le fasse. » Son fils avait toujours été bien plus mature que n’importe qui d’autre sur bien des points - cela valait surement à voir avec le fait que dès petit, il avait du apprendre à faire face à la mort: ça vous faisait grandir plus rapidement que n’importe quel autre événement de la vie. « Et tu sais, il vaut mieux ce cas de figure qu’un autre » Ezra releva son regard vers elle, haussant quelque peu un sourcil. « A l’âge de quatre ans, on m’a fait croire que ma mère était partie, du jour au lendemain, sans la moindre explication. J’ai toujours nourri l’espoir qu’elle revienne un jour ou l’autre, qu’en sortant de l’école, ce soit elle que je vois et non mon père ou un de mes frères. Et finalement, j’ai appris quatre ans plus tard qu’elle s’était donnée la mort en découvrant la lettre qu’elle a laissé avant de… passer à l’acte » Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, il laissa un instant supplémentaire le silence planer. « Je suis désolé. » Il n’y avait pas trop d’autre chose à rajouter: il ne pouvait rien faire à cette situation qui s’était déroulée des années et des années plus tôt. Ezra savait ce que c’était de grandir sans sa mère, mais la sienne avait connu un destin moins tragique que celle de Gabrielle apparemment. « Retrouver sa maman est finalement la plus belle des choses pour lui. Et peut-être tout ce qui compte… pour l’heure » Il soupira quelque peu. « Ouais. Si on avait pu éviter l’entre-deux où elle était morte, ça aurait été bien aussi. » Bien sur qu’il avait une pointe d’amertume dans sa voix, et bien sur que ce n’était en rien dirigé envers la brune devant lui; c’était là une trace de lassitude quand à la situation dans sa globalité.

« Je ne vais pas m’avancer trop vite et te garantir qu’on va la remporter à coup sûr. Mais, toutes les chances sont de notre côté. Il faut juste que tu sois aussi conscient que pour gagner, on sera peut-être amené à aller très loin et que ça ne sera pas une partie de plaisir. » Si seulement il n’avait pas eu à s’imaginer tout ça, il se serait davantage mieux porté. Mais il savait aussi que pour une fois, pour la première fois même, c’était lui qui avait la main mise sur la situation. Et qu’anticiper de cette sorte était bien plus simple: si quelque-chose dérapait, il n’y aurait pas de mauvaise surprise. « Si tu es prêt à aller jusque-là » - « C’est même pas une question. » Qu’il répliqua dans la foulée, remontant son regard vers celui de Gabrielle. « Hors de question que je perdre mon fils une nouvelle fois. Pas alors que j’ai pas à le faire cette fois-ci. » Les autres fois, il n’aurait pas gagné face au tribunal; aujourd’hui, il savait que les choses étaient bien différentes et qu’il avait toutes les chances de son côté pour enfin ne pas flancher. « Mais si bataille il y a, tu sais que je serai disponible pour toi » Il esquissa un semblant de sourire. « Merci. » Et parce-que la question ne se posait même pas: « De toutes façons, sans toi à mes côtés je sais pas si ça me donnerait autant de courage de partir dans cette bataille là. » Ce n’était pas pour la flatter ou quoi que ce soit, qu’il soulignait cette partie là, mais parce-que c’était l’entière vérité. « Repartir à tout réexpliquer à quelqu’un qui connait pas ce qu’on a vécu avant… Et faire subir ça à Noah aussi, surtout. » Comme il le soulignait en permanence: ce gamin n’avait pas besoin de plus. « Donc ouais, je risque d’avoir besoin de toi. »