L’idée lui est venue sur un coup de tête, alors qu’il n’en manquait déjà pas pour l’anniversaire et le Noël de Lola en vue desquels il s’emploie même à économiser depuis des mois. Dans quelques semaines sa fille soufflera sa huitième bougie et Mickey ne voit aucun mal à s’y prendre en avance, d’autant plus avec un cadeau comme celui l’amenant aujourd’hui à passer les portes de ce refuge. Il faut dire que les récents événements qui ont secoué la ville l’ont convaincu de ne pas attendre, voyant dans ce chaos qui n’a pas épargné grand monde une bonne occasion de poursuivre ses dernières actions tout en faisant le bonheur de sa fille. Car un petit chat lui fera forcément plaisir, toutes les fillettes de son âge ne doivent même rêver que de ça, c’est ce que Mickey se dit en oubliant toutefois un léger détail : demander son accord à Aliyah aurait été une bonne chose avant de prendre seul l’initiative de cette adoption, d’autant plus si l’animal doit vivre avec elles comme dans l’unique scénario que le boxeur a en tête. Les choses ne prendront pas tout à fait la tournure que Mickey se figure mais pour l’heure, il est seulement question de trouver la petite boule de poils qui fera craquer Lola – puisque lui n'a initialement pas prévu de s’y attacher, ose-t-il encore affirmer. L’ironie dans cette histoire réside sûrement dans le fait que Mickey s’apprête à offrir un toit à un animal quand lui-même n’en a plus le moindre, forcé de cohabiter chez d’illustres inconnus et cela pour le temps que ça durera. Cette situation n’a rien d’idéal et il espère d’ailleurs que son adresse temporaire ne représentera pas un frein dans les démarches du jour, ne connaissant rien au système d’adoption et exécrant les paperasses à remplir par principe, d'autant plus si elles doivent être nombreuses. Oh, ils ne feront sans doute pas les difficiles si Mickey certifie être là pour sa fille, particulièrement soucieux de la revoir sourire après le choc que cette tempête semble lui avoir causé. Lola est une enfant sensible et empathique comme sa mère, certainement même trop pour leur propre bien à toutes les deux, et ce cadeau vaut finalement tout autant pour sa femme lorsque Mickey y pense.

Et dans tout ça, il ne considère même pas que lui aussi puisse avoir besoin de la tendresse qu’un animal peut apporter, dans une vie où un tel mot n’a plus souvent le mérite d’exister. Mickey n’imagine pas un seul instant repartir avec un chat qui deviendrait aussi le sien, c’est même la barrière qu’il s’évertue déjà à mettre pour garder à l’esprit qu’il devra plaire à Lola, et cela avant toute autre chose. Mais facile à dire quand tout autour, les boxes du refuge s’avèrent remplis de petites bêtes aux bouilles adorables, des mini félins en profusion qui finiront peut-être par faire fondre un tigre comme lui et ce, qu’il le veuille ou non. Ce sont d’ailleurs bien ses doigts qui parcourent les barreaux pour attirer l’attention des quelques chatons et ses yeux qui n’arrivent déjà plus à se défaire d’eux, les trouvant un peu trop mignons pour poursuivre sa route. Au diable les barrières, il faut déjà croire. « Oh, bonjour. » formule-t-il à l’attention de la jeune femme qui se dirige vers lui et dont la tenue trahit sans mal le statut de bénévole. Le voilà donc pris en flagrant délit d’admiration devant ces chatons, de quoi l’amener à se redresser aussitôt comme s’il n’était pas aussi faible que ça. « Je ne sais pas trop si je dois voir ça avec vous, c’est au sujet d’une adoption. » Elle doit être au moins susceptible de l’aiguiller si son rôle ne consiste pas à l’accompagner, ce qui n’a pas grande importance à ses yeux tant que quelqu’un dans ce refuge reste disposé à prendre sa venue au sérieux. Il n’est pas très patient Mickey, et c’est encore plus vrai quand il sait très précisément ce qu’il veut. « De chaton, en fait. J’ai pu voir que vous n’en manquiez pas. » Et la tempête n’a possiblement fait qu’amener de nouveaux pensionnaires, ce que les écriteaux disposés à côté des boxes ne tardent pas à confirmer lorsque son regard s’y attarde un instant ou deux.

Son premier réflexe en réalisant qu’une bénévole approche lui donnerait presque l’allure d’un coupable, car ce n’est pas souvent que Mickey est amené à se redresser si vite. Que craint-il au juste, qu’on l’imagine déjà sur le point de craquer pour l’une de ces petites bêtes ? C’est un chaton pour sa fille qu’il est venu chercher, l’idée n’est pas de se projeter lui-même avec le moindre animal et c’est peut-être bien ce que le boxeur redoute en les admirant un peu trop longuement depuis la grille de leur boxe. Trop tard, pourrait-on même déjà dire. « Bonjour, ne vous déranger pas pour moi, vous pouvez continuer à les observer si vous le désirez… » C’est tout juste si Mickey ne bombe pas le torse, déterminé à montrer qu’il n’est le visiteur gaga que l’on semble voir en lui. « J’ai cru comprendre pour les chatons. » Et cela amuse la jeune bénévole face à lui, laissant indirectement entendre qu’il ne pouvait pas mieux se trahir qu’en restant planté devant le boxe, les yeux inévitablement attirés par ses petits occupants. Au moins, la raison de sa venue ne fait pas le moindre doute et il n’a pas non plus à montrer patte blanche, quand bien même décliner son identité ne serait pas une si mauvaise idée puisque la jeune femme s’y emploie en premier. « Oui on va pouvoir voir ça ensemble, je m’appelle Adèle. » – « Mickey. » il glisse à son tour, sans préciser que ce n’est pas exactement le nom sous lequel il entreprendra cette démarche d’adoption car il reste Michael sur le papier, un détail qui ne devrait pas avoir d’incidence sur la suite de cette journée. « Comme vous pouvez le voir, le choix est vaste, est-ce que vous avez déjà une petite idée de ce que vous voudriez ? » Le vif du sujet est rapidement abordé et ce n’est pas lui qui devrait s’en plaindre, si seulement l’ancien champion ne réalisait pas à cet instant qu’il n’est pas vraiment fixé. « Une race en particulier, une couleur ? Une femelle, un mâle, ou qu’importe ? » Tandis que son regard se reporte vers les chatons, les différences qu’il n’avait pas vues avant ça se dessinent : ils ne sont pas tous semblables, c’est vrai, mais il n’est pas pour autant capable de distinguer leurs races. « Vous me posez une sacrée colle, là. » il remarque alors, se sentant un peu perdu face à ces questions qu’il n’avait pas prévues. Une confusion que la bénévole semble percevoir et qui est peut-être assez commune entre ces murs, ses prochains mots laissent en tout cas penser qu’elle en a l’habitude. « Ce que je vous propose, c’est de réfléchir à tout ça, le temps que j’aille cherché la clé du boxe et ensuite on ira leur rendre visite, peut-être qu’un coup de cœur naîtra… » C’est un hochement de tête que Mickey lui offre, pas mécontent d’y gagner quelques instants de réflexion alors que la bénévole s’éclipse, le laissant seul face au boxe.

Au retour de la jeune femme, il est encore en pleine contemplation des chatons et cette fois, se faire surprendre ne semble plus vraiment figurer parmi ses préoccupations. La clé actionnée, c’est un pas supplémentaire dans l’adoption que le boxeur s’apprête à faire, et le plus déterminant sans doute. « Venez, attention à la marche. » Ce n’est pas tant la marche que Mickey prend soin de ne pas louper, ce sont surtout ses pieds qu’il pose avec précaution dans le boxe pour ne pas risquer de marcher sur l’une de ces minuscules bêtes. Lui la brute pourtant capable de douceur, quand il le veut. Peu bavard jusqu’à présent, Mickey aura attendu que les choses deviennent un peu plus concrètes pour inverser la tendance car cette bénévole n’ira pas bien loin avec un client silencieux, il le sait. « J'aurais peut-être dû préciser dès le départ que j'étais là pour ma fille. Elle va avoir huit ans et j'aimerais lui faire la surprise, alors j'avoue ne pas être fixé plus que ça. » C’est surtout sur la question du sexe de l’animal qu’il n’a pas tellement fait son choix car du reste, les choses ont le mérite de s’éclaircir. « Mais je crois que je me fiche pas mal de la race ou de la couleur, pour répondre à votre question de tout à l'heure. » Quelle importance cela peut bien avoir aux yeux d’une fillette ? Probablement aucune, et Mickey ne veut même pas savoir quelles races sont habituellement les plus populaires. Ce ne sera pas un critère pour faire son choix, voulant peut-être bien croire lui aussi à un coup de cœur, au fond de lui. « J'imagine que plusieurs de ces chatons ont été recueillis après la tempête ? Est-ce que certains doivent être adoptés ensemble, par exemple ? » Cette question soulève une évidence : il ne pourra se permettre d’en adopter qu’un seul, et souhaiterait donc ne pas séparer une éventuelle fratrie. « Et la plupart n'ont pas de problèmes de santé particuliers ? Vous comprenez, je voudrais éviter de briser le cœur de Lola car on s'attache vite à ces bêtes, surtout à son âge. » Il le suppose du moins, préférant donc miser sur un chaton qui ne serait pas réputé trop fragile, car l'idée n'est pas de rendre sa fille inconsolable dans un an ou deux. C’est peut-être bien son unique exigence en fin de compte, et c’est avec un soupçon de nervosité qu’il vient reprendre ensuite. « Ils sont tellement petits que je n'ose pas les toucher. » Il s’en amuse à moitié, pour ne pas avouer surtout qu’il n’est pas connu pour sa délicatesse alors qu’il conviendrait justement d’en redoubler aujourd’hui. Ses mains, pour l’heure, Mickey les garde donc dans son dos.

Autant avouer d'entrée de jeu que ce chaton ne sera pas pour lui, car cette bénévole sera sans doute bien mieux disposée à l'aiguiller si Mickey ne fait pas un secret du cadeau prévu pour sa fille, désireux d'offrir un petit compagnon à Lola après avoir contourné cette idée pendant des années. Certes, c'est logiquement à sa mère de décider si un animal aurait ou non sa place sous leur toit mais en songeant elle aussi au bonheur de leur fille, il veut croire qu'Aliyah approuvera sa surprise bien plus que l'inverse et que cette initiative ne donnera pas lieu à un conflit des plus inutiles. « C’est un très beau geste de votre part, et je présume qu’elle aime les animaux, les chats sans aucun doute, je suis certaine que ça la touchera. » Mickey le présume lui aussi, quand bien même Lola n'a encore jamais eu d'animal de compagnie ni même été tellement exposée au contact avec les bêtes jusqu'ici. Elle a forcément ça en elle comme la plupart des fillettes se dit-il, et pas seulement parce que le penser l'arrange bien à cet instant. « Lola est une enfant douce et sensible alors même si elle ne s'y attend pas, je sais que je ferai une heureuse et qu'un animal sera bientôt entre de très bonnes mains aussi. » Car être son père ne l'empêche pas d'être objectif, convaincu au fond de lui que la petite Lola aura de l'empathie à revendre pour un chaton alors qu'elle n'en manque déjà pas pour chaque personne qu'elle rencontre, ou presque. C'est d'ailleurs en cela que sa fille le rend fier car elle est aujourd'hui très loin d'emprunter un chemin similaire au sien, lui que personne ne parvenait déjà à canaliser au même âge car l'envie d'en découdre avec le monde entier était présente. Lola n'a de son côté aucune raison de céder à l'appel de la violence et de la destruction, pas avec toutes les précautions que ses parents peuvent prendre – et peut-être bien que Mickey espère s'en assurer un peu plus avec cette adoption, comme pour raccrocher sa fille à ce que l'on peut trouver de plus tendre et innocent dans ce monde. « Et vous savez ce qui lui plairait le plus ? » Les paroles de la bénévole le confrontent à un premier dilemme tandis que le boxeur réalise ne pas vraiment connaître les préférences de sa fille. S'il y réfléchit tout de même, ce n'est que pour mieux annoncer ensuite : « Non, pour être honnête. Mais à titre personnel, j'ai souvent entendu dire que les mâles et les femelles n'avaient pas du tout le même caractère. » Ce qui ne le rend pas pour autant certain des avantages et des inconvénients associés à chacun, contrairement à cette jeune femme qui en sait forcément plus que lui à ce sujet. « La seule chose dont je vais m'assurer c'est qu'il soit stérilisé. Je vous aurais bien demandé s'il était possible de le faire ici mais d'après ce que je sais aussi, ce n'est pas avant plusieurs mois ça. » Son regard navigue alors sur les différents chatons tout autour, supposant que la plupart n'auraient pas encore l'âge de passer par là et ce, sans certitude aucune.

Tout ce que Mickey demande, c'est que sa fille ne s'attache pas à un animal dont la santé laisserait craindre des complications futures, car c'est bien pour plusieurs années qu'il est prêt à s'engager. S'occuper d'un chat particulièrement vulnérable est une responsabilité qu'il ne veut pas prendre, et un éventuel crève-cœur qu'il veut aussi éviter à Lola compte tenu de son jeune âge. « Dans ce box, il n’y a pas vraiment de chat fragile, ses derniers sont plutôt à l’isolement ou en tout cas dans d’autres box avec moins de passage et de pensionnaires. » Et les concernés trouveront une famille susceptible de répondre à leurs besoins spécifiques, c'est en tout cas ce que Mickey leur souhaite car des bonnes âmes existent dans cette ville. « Beaucoup ont étés recueillis après la tempête, et n’ont jamais été réclamés, certains n’étaient même pas pucés. » – « Ils sont forcément mieux dans ce refuge qu'à errer dehors par les temps qui courent. » Le travail des bénévoles est admirable et Mickey se réjouit d'œuvrer lui aussi à sa petite échelle car la tempête n'a épargné personne, il suffit d'observer avec attention chacun de ces boxes pour en avoir une idée claire. « Maya et Gringer, deux siamoises, ce sont les seules qui seront réfractaires à être adoptés séparément. » C'est la raison pour laquelle il ne s'attardera sur aucune d'elles après un simple regard porté sur le duo, car les séparer sera un crime dont Mickey ne se rendra pas coupable, cette fois. Vendre de la drogue aux quatre coins de cette ville ? Fait et refait, sans le moindre scrupule. Défaire une fratrie ? Il en est étrangement bien moins capable. « J’ai également besoin de connaître votre routine, si vous cherchez un chat d’extérieur, d’intérieur, un voyageur dans l’âme, parce qu’ici, tous ne seront pas pour les longs voyages… » Et Mickey l'entend bien, hochant la tête sans pour autant retirer ses mains de son dos car ainsi, au moins, il ne se risque à toucher à rien. « Je crois qu'un chat d'intérieur serait préférable, Lola et sa mère seront sûrement rassurées s'il est du genre casanier. » Il songe alors au chat de Vinnie, son presque colocataire du moment, et à sa patte perdue à cause d'un chauffard avant de supposer que ce genre d'histoire finit parfois bien plus mal. « Et elles n'ont pas pour habitude de voyager, moi non plus d'ailleurs, mais je ne suis de toute façon pas censé m'en occuper. » C'est en tout cas ce qu'il avance aujourd'hui, loin d'imaginer que le chat en question pourrait en réalité finir par vivre à ses côtés car ce n'est pas le plan initial, et Mickey n'a aucune raison de croire que les choses suivront un tout autre schéma.

Hésitant quant au fait de trouver en lui suffisamment de délicatesse, le boxeur s'interdit encore d'approcher de trop près les boules de poils car leur petite taille laisse penser à Mickey qu'il ne saura pas les manier, comme s'il ne savait pas aussi se montrer doux derrière son épaisse carapace. « Venez… » Il fait un pas en avant puis un deuxième pendant que son regard, lui, détaille les gestes beaucoup plus assurés de la jeune bénévole. « Nous avons Mano, il est arrivé ici il y a quelques jours et s’acclimate doucement, je suis sûr qu’il est autant nerveux que vous… » Le chaton gris lui est tendu et son premier réflexe consiste à exercer un mouvement de recul, ce qu'il ne serait pas franchement fier de montrer à sa fille. Lola voudrait qu'il le prenne et il le sait, plus d’une fois témoin de cette tendresse dont Mickey ne fait pas souvent preuve sauf quand c'est avec elle car la fillette dirait beaucoup de choses de son papa, mais sûrement pas qu'il est une brute. « Ca n’engage en rien. » Ces mots combinés aux pensées qui le saisissent achèvent de le contraire et il tend alors les mains pour récupérer le chaton, calculant ses gestes pour ne surtout pas mal faire tandis qu'un sourire nait progressivement sur ses lèvres. Mano est incroyablement doux, en plus d'être sacrément petit. « Il est mignon, j'ai l'impression qu'il ronronne déjà. » Et Mickey ne croit pas se tromper en se disant que c'est une bonne chose, car il serait plus inquiétant que le chat se mette à cracher ou à s'agiter. « Est-ce que vous connaissez un peu son histoire, ou pas du tout ? » Son regard s'oriente vers la jeune femme dont la présence tend à le rassurer par principe, certainement prête à intervenir si une erreur devait être commise même si pour l'heure, Mickey a le mérite de ne pas trop mal s'en sortir. « C'est cruel ce que vous faites car je vais avoir beaucoup de mal à vous le rendre maintenant. Remarquez, il a plutôt l'air de m'apprécier et c'est assez rare dès la première rencontre. » Il en sourit de bonne foi, dernière personne sur terre susceptible d'en perdre le sommeil car faire bonne impression, lui ? Autant dire que ces choses-là n'arrivent presque jamais, le boxeur étant passé maître dans l'art de ne pas inspirer confiance au départ, un comble pour quelqu'un étoffant sans cesse sa clientèle dans un milieu où la méfiance règne. « Vous pouvez le reprendre, bien sûr. » il ajoute au cas où Mano en aurait vu assez, peu intéressé pourtant par l'idée d'en découvrir un autre car ce petit chaton lui plait, son regard posé sur l'animal tout comme l'aisance peu à peu gagnée ne trompent pas.

Ses traits s'adoucissent au même titre que sa voix dès qu'il devient question de Lola, car c'est en tant que père soucieux de la revoir sourire que le boxeur a fait le déplacement jusqu'à ce refuge aujourd'hui. Ces animaux ont sûrement été les toutes premières victimes de cette tempête mais sa fille n'est elle-même pas en reste du haut de son jeune âge, et c'est le lien que Mickey cherche à créer pour que cette adoption fasse au moins deux heureux – ou trois, s'il devait contre toute attente s'ajouter à l'équation un peu plus tard. Le chaton y gagnera une famille et la fillette ne manquera pas d'amour à lui donner comme son père en est de son côté persuadé, mais le choix de la petite bête reposera toutefois sur des critères qui demeurent assez flous aux yeux de Mickey. Ce qu'il a entendu dire, c'est que le caractère d'une femelle peut différer de celui d'un mâle mais la jeune bénévole tend à démentir cette idée reçue, précisant que la différence peut notamment se constater d'une race à une autre et sur ce point, de toute façon, l'ancien champion ne s'y connait pas le moins du monde. Rien ne ressemble plus à un chat qu'un autre chat si on l'écoute alors il ne faut pas attendre de lui qu'il ait ses préférences, sa propre fille n'ayant jamais manifesté un goût prononcé pour un pedigree en particulier – et si le chat n'en possède aucun, cela ne change strictement rien. N'ont-ils pas finalement tous les mêmes besoins ? Ce qui est sûr, c'est que Mickey ne prendra pas le risque de se retrouver avec une portée sur les bras alors la question de la stérilisation est d'ores et déjà réglée en ce qui le concerne, ce qui semble d'ailleurs faire partie des règles en vigueur dans ce refuge et autant avouer que cela l'arrange bien. « Vous verrez, vous allez voir la différence entre un chat stérilisé et celui qui ne l'est pas. » Il ne peut que le croire, ne souhaitant pas franchement que sa fille et sa femme se retrouvent à devoir gérer l'état de rut d'un animal. « Ils finissent par se calmer et par devenir un peu plus doux après la stérilisation. » Un tel choix comportera son lot d'avantages en plus d'être certainement le plus responsable, alors Mickey y mettra le prix dès que le chaton choisi aura pour ça le bon âge. La stérilisation est idéalement réalisée à partir de quatre mois s'il se fie aux affiches tout autour, une petite marge qui ne change rien à la nécessité d'un tel acte car la bénévole est formelle : la politique du refuge se veut stricte sur ce point même si le nombre de pensionnaires ne leur permet pas de s'en assurer avant chaque adoption. « J'apporterai tout ce qu'il faudra, c'est vraiment pas un problème. » Mickey y engage alors toute sa bonne foi, lui qui considère pourtant n'avoir jamais à se justifier de rien car il prend bien trop le bonheur de Lola au sérieux et tient aussi à ce que cette démarche soit faite dans les règles, pour une fois qu'il semble prêt à en respecter certaines. « Et je manquerai pas de dire à ma fille que cette adoption aura permis de faire de la place pour un autre animal, en espérant juste qu'elle ne me demandera pas de recueillir aussi tous les autres. » Une idée qui le fait malgré tout sourire, sans trop craindre en réalité que la fillette n'émette ce genre de souhait insensé car il n'a pas le souvenir d'un caprice qu'elle lui aurait déjà fait, et sait aussi qu'un seul animal l'occupera bien assez – un peu trop certain, là encore, que ce chaton ne finira pas en grande partie sous sa propre responsabilité.

Il opte après ça pour un chat d'intérieur selon ce qu'il peut en connaître, à peu près sûr qu'Aliyah se rangerait à son avis et ce, alors même qu'il n'a pas touché un mot de ce grand projet à celle-ci. Ce sera tout autant une surprise pour elle et une bonne il l'espère, hochant alors calmement la tête pour confirmer que oui, il est certain de préférer un animal du genre casanier à n'importe quelle bête susceptible de passer le plus clair de son temps dehors. Quant à savoir s'il s'en occupera aussi peu que ce qu'il peut avancer aujourd'hui, Mickey n'a aucune raison de remettre ses propres paroles en doute quand ce chat se destine avant tout à sa fille, sans imaginer une seconde que sa propre femme lui proposera sous peu une autre façon d'aborder la chose. Le courant a en tout cas le mérite de passer avec le premier chaton que la bénévole lui remet, au point où le boxeur ne tarde pas à se montrer curieux sur son histoire avant de comprendre que celle-ci n'est pas simple à connaître quand un petit animal se retrouve un beau jour à errer dehors. Sans collier ni puce, de toute évidence. « Malheureusement non, nous ne savons pas grand chose sur lui comme sur beaucoup d'entre eux. » Et Mickey accepte de ne rien en savoir, remarquant simplement que le chaton se laisse facilement caresser ce qui tend à exclure la possibilité de mauvais traitements par le passé, vient-il aussitôt supposer. Sa minuscule taille ne sous-entend d'ailleurs pas qu'il ait vécu grand-chose s'il faut être honnête et tandis qu'il s'accommode de la présence du petit animal dans ses bras, Mickey ne peut pas nier qu'un petit quelque chose commence à se tisser de son côté. La légende était donc vraie, on s'attache vite à ces bêtes et il est particulièrement difficile d'imaginer ensuite les laisser ici quand une telle connexion s'est faite. Une part du boxeur est disposée à croire que ce chaton n'a pas fini entre ses mains par hasard, même s'il se tient prêt à le remettre aux bons soins de la bénévole pour ne pas risquer de s'y prendre mal, parmi toutes les excuses qu'il peut encore se trouver. « Vous êtes certain ? Je ne voudrais pas interrompre ce moment... » Lui non plus en vérité, ne tient pas vraiment à briser ce lien si spécial qu'il vient tout juste de créer. Ses yeux se posent alors sur la petite bête qui ne semble plus vouloir quitter ses bras et c'est peut-être bien ce qui manquait à Mickey pour assumer le reste, confirmant sans attendre dans un regard entendu : « Je le garde, vous avez raison. » Et peut-être bien que ces mots suggèrent même qu'il le garde tout court, puisqu'il ne faudrait plus grand-chose pour considérer aussi que son choix est fait. Il ne cherchera pas à connaître les autres chatons car à quoi bon leur faire miroiter tout ce qu'il ne pourra pas leur offrir si c'est avec le premier qu'il estime avoir matché ? Mickey n'est pas du genre à se compliquer l'existence ni à aller à tout prix contre ce genre d'évidence. « Est-ce que vous voulez signer les papiers pour Mano ou réfléchir encore un peu ? » Ne serait-ce pas faire perdre du temps à tout le monde, quand il y pense ? « Je pourrais vous dire que ce n'est pas une petite décision à prendre et que je m'accorde un peu de temps, mais je crois que ce serait surtout vous mentir. J'ai pas besoin d'y réfléchir, c'est tout vu à vrai dire. » Il fait confiance à ses instincts de père et ceux-ci lui dictent que ce chaton sera parfait pour sa fille, autant qu'il peut se fier à son propre ressenti vis-à-vis du petit animal ici car bien sûr que Mickey est secrètement attendri, il a encore un cœur malgré ce que certains se plairaient à en dire. « Je vais signer les papiers oui, parce que je sais que c'est lui. Et visiblement, Mano le sait aussi. » Il ne peut juste pas garantir que le chaton gardera ce nom mais concrétiser son adoption ne l'empêchera sans doute pas d'en changer un peu plus tard, quand il sera certain d’en détenir un bien plus à même de parler à Lola. Désormais prêt à suivre la bénévole dans la prochaine pièce, Mickey adresse ses prochains mots à Mano tout en lui offrant une nouvelle caresse. « Bienvenue dans la famille, boule de poils. » Encore quelques papiers à remplir et à signer pour l'officialiser, et ce chaton pourra ensuite repartir avec lui – et les éventuelles griffures sur les sièges de sa 911 seront en l'occurrence un problème pour plus tard, même si une caisse de transport ne serait quand même pas de refus ici.


sujet terminé