Y’a pas à dire, tu pourrais t’habituer à voyager dans le jet privé de Carmine. Evidemment que ce vol te rappel celui qui avait relayé Brisbane à Melbourne pour le tournage du clip qui vient tout juste de sortir. Evidemment que ton esprit vagabonde ici et là sur la nuit que tu as passé avec Carmine. Evidemment que tu gardes ça pour toi. Tu n’as mentionné ce moment à personne. Ton confident pour tout ce qui est de cet ordre sexuel, c’est Carmine lui même. Il a été le top départ de pas mal d’autres moments que tu as passé avec des hommes que tu n’as jamais revu avec quelques minutes passés ensemble. Ca t’a déverrouillé un côté de toi et même si t’es pas encore tout à fait à l’aise avec tout ça, tu sens que tu foules lentement, mais sûrement, le chemin dans la bonne direction. Ce chemin pour te trouver toi même, pour t’épanouir et prendre du plaisir orgasmique autrement qu’en musique ou en repas de qualité.

Tu commences à voir pas mal de tes rêves se rapprocher bien plus rapidement. Ta carrière musicale a pris un virage incroyable. Les stream sont montés en flèche et tout votre marchandise est épuisé. Vous avez rajouté des shows acoustics et un sur une grande scène à Melbourne pendant la tournée promotionnelle. Votre album a fini 5e aux charts d’Australie ce qui est absolument incroyable. Il est aussi entré au Top 100 Billboard à la 32e place et il s’est placé en 3e position en Angleterre. Pas que tu renies ta propre patrie mais il est certain que les anglais sont un public que tu portes très haut dans ton coeur. Cette collaboration avec Carmine a attisé le tout encore plus. Tu en oublies bien tes tracas de la vie quand tout va bien comme ça au niveau du nouvel album. Tout ça c’est totalement inespéré. Tu n’aurais pas cru que ça prendrais des proportions pareilles. Ca continue de plus belle avec l’émission qui arrive, à une heure de grande écoute aux USA, vous allez jouer et puis être interviewé. Tu es présentement en train de te faire pomponner.

« Feeling nervous ? » Carmine te sort de tes pensées, tu accroches ton regard au sien. Tu fais non de la tête. « Bizarrement non. Rien de tout ça n’a l’air réel. » Tu dis avec un sourire aux lèvres. Y’a eu quelques verres de whisky pour aider faut dire. Mais tu ne le mentionnes pas. « Merci pour toutes ces opportunités. » Tu le lui as déjà dit mais c’est tellement fou, tu es obligé de le répéter. Il sait à quel point le chemin vers la célébrité dans la scène musicale alternative n’allait pas assez vite pour toi. Y’a eu un boost indéniable et c’est exactement ce dont tu avais besoin. Vous allez peut être même passer dans le mainstream aux USA vu tout ce que vous y faites là. Incroyable.

Viens le moment de chanter votre morceau qui est partout grâce à Gibson et le talent de réalisateur de Carmine. Tu fais ça comme un chef. Tu l’as chanté tellement de fois, tu as aussi bien pris soin de toi pour ne pas que ta voix s’échappe. Tu es fier de ce que tu as parcourus. Tu t’es donné et y’a tout qui paie là. C’est super important tu le sais mais avant toute chose, tu prends du plaisir. C’est sûrement pour ça que ça marche encore mieux, que les gens remarquent plus. Tu rayonnes quand tu chantes, quand tu mets ton coeur et tes émotions à nu devant tous, sur une scène avec des gens qui connaissent les paroles. Y’a vraiment pas meilleur feeling au monde. « We are Hurtwave. Thank you. Good Night. » Tu dis avant de quitter la scène, cherchant le chemin à suivre pour la suite. Cherchant Carmine ou un autre visage familier des yeux. Etrangement l’alcool tu n’as pas à le chercher pour le trouver. Te voilà avec un nouveau verre à la main. (outfit)

« Merci pour ta collaboration. » C’est sans aucun doute une affaire rondement mené entre vous. Chacun y trouve beaucoup, c’est une collaboration parfaite qui vous a rapproché énormément et dans tous les sens du terme. Tu as beaucoup de chance que Carmine ait autant ressenti ta musique pour bosser avec toi à un niveau tel que celui ci. Ces spots publicitaires sont des chefs d’oeuvres, objectivement parlant.

Tu n’avais pas réalisé que l’interview serait directement après la prestation. Tu es intérieurement tout à fait outré qu’on te retire ton verre des mains. Tu n’as donc pas le droit de boire en même temps qu’une journaliste ou présentatrice pose des questions pour en savoir un peu plus sur vous. Hurtwave. Le petit phénomène du moment. Tu espères que ce sera plus qu’un petit phénomène. Que ça va durer. Que ce n’est que le début. Il n’empêche que tout va si vite en coulisses que tu ne cherches pas à faire ton petit rebel, ta petite star mécontente. Tu sens ton coeur battre un peu plus vite alors que tu es maintenant affublé d’un micro épinglé à ta veste. Ce micro n’a plus rien à voir avec celui que tu avais sur scène.

« Ah, Carmine, Carmine, Carmine ... » Tu entends ce qui se passe sur le plateau car tu t’y approches - dangereusement. « Johnny ? » Tu dis encore en coulisse, tu cherches ton ami des yeux presque flippé de fouler ce plateau sans lui. « Bonsoir Lauren. » Une main se fait ressentir dans ton dos. « Je suis là. » Il apparait de l’autre côté et te voilà soulagé. Trop de monde dans ces coulisses, pas assez de lumière, ton ami et binôme s’était dissimulé à ta vue, mais tout va bien. Il est là. Le moment d’entrée dans la lumière des projecteurs se fait. « Et voici Johnny et AJ ! » Tu fais un petit sourire. Tu te fais discret. Tu es totalement timide et introverti, pas du tout à l’aise en interview, tu es juste là parce qu’il faut être là. Quand tu peux laisser Johnny tout seul, tu le fais, mais tu sais aussi que cette fois ci, c’est un big deal et tu n’en es pas mécontent de faire parti du moment. Juste, tu seras une jolie plante qui fait de la figuration plus qu’autre chose. Le public réagit fortement à votre entrée et damn… Ca fait s’agrandir le sourire de ton visage. Tu t’éclaires bien plus tout à coup. « Wow, quelle énergie. Gibson nous surprendra toujours par ses choix d'égéries ! » Avec l’intention de faire un fist bump à sa majesté, Johnny approche son poing de Carmine en passant devant lui avant de s’installer sur le canapé. Stratégiquement, tu laisses Johnny à côté de Carmine, histoire que la caméra puisse les avoir tous les deux plus aisément dans le champ car c’est eux deux qui vont faire toute la conversation. « Bonsoir. » Ca ne sera qu’un sourire envers la présentatrice pour toi en guise de bonsoir. Un coup d’oeil au public également avec un léger hochement de tête.

« Des images captivantes ! » Tu hoches la tête, bien d’accord, surtout après avoir vu un bout du sous vêtement de Carmine dans son grand lit. Cette image t’a hanté longtemps et t’y pense encore parfois, tu regardes cette vidéo là plus que les autres, c’est certain. Tu l’as en favoris pour la voir rapidement.

« Messieurs, nos téléspectateurs ont quelques questions pour vous. » Tu regardes la présentatrice et les différents moniteurs. Tu es carrément ici en tant que spectateur même si tu es sur le canapé qui est le centre de toutes les attentions. Ton côté introverti is showing. Tu n’es sincèrement pas dans ta zone de confort mais t’es là, tu es habitué à ces moments là malgré tout, tu fais ta part du job. « Johnny : Davina du Kentucky voudrait savoir lequel de vous trois mange le plus de Vegemite. » Tu captes très largement le Johnny car ça sous entend qu’un AJ va suivre à un moment ou un autre. Si Johnny ne répond pas pour toi, tu sais d’avance que ta réponse quelle qu’elle soit se tiendra en moins de dix mots. « Sans hésitation, c’est AJ. C’est un ventre sur pattes. Il mange tout et en quantité astronomique. Je ne sais même pas si y’a quelque chose qu’il n’aime pas manger. » Un sourire très amusé se forme sur ton visage car il n’a pas tort. « J’attendrai les recommandations de AJ pour m’y essayer. » Tu hoches la tête, amusé mais tu restes toujours aussi silencieux, spectateur du moment. « Carmine : Stacy de Seattle voudrait savoir si vous pouvez mettre le boxer utilisé pour un des clips en vente aux enchères. » Tu hausses les sourcils, assez amusé et surpris par la question qui ne laisse pas de place au doute quant aux fantasmes de cette Stacy de Seattle vis à vis de Carmine. Ton visage qui se tourne vers Carmine pour voir son expression faciale.

La réaction du public suite à la question à l’intention de Carmine te fait sourire parce que tu n’es pas le récepteur de l’interrogation. C’est plutôt très déplacé comme question à ton avis, tu n’aurais jamais envie de parler de tes sous vêtements comme ça sur un plateau de télé à une heure de grande écoute. Tu sais cependant, que Carmine est le king des entrevues et qu’il n’aura aucun problème pour répliquer. Tu te tournes un peu canapé, ton bras sur le dossier, qui se trouve du coup derrière Johnny. T’es vraiment confortable, tu regardes ton ami, Carmine, prendre la parole. « Chère Stacy. Certaines choses n'ont pas de prix. » Un sourire bien plus large et très amusé se forme sur ton visage. Mais tu ne ris pas, ni prévoit de commenter quoi que ce soit. Tu es un spectateur. « C'est ce qui en fait la valeur. » Sa réponse est vraiment belle. Tu hoches la tête alors que tu t’installes un peu plus droitement quand la suite reprend. La balle dans le camp de la présentatrice.  « On nous avait caché que vous étiez un poète ! » Pourtant ce n’est pas surprenant. Il sait parler comme personne Carmine.

« AJ ! » Tu sens une petite pointe dans ton coeur. Tu sais garder tes réponses brèves, mais tu aurais préféré quelque chose où tu n’es pas pointer du doigt si fortement. Tu aurais voulu que tes camarades, amis et collaborateurs à tes côtés répondent à tout, te laissant faire la plante verte là. « John de San Francisco se demande si l'article de People Magazine Australia signifie que Carmine et vous entretenez une relation autre que professionnelle. » Tu n’as aucune idée de quel article il s’agit et sur le moment tu ne te doutes pas une seconde de ce que ça sous entend. La réalité c’est que la réponse est oui, vous êtes amis. Sauf que y’a un visuel sur l’article qui ne laisse plus place au doute quant à ce que la question fait référence.

« Carmine Sighbury de passage à Melbourne : AJ Buckley aperçu quittant sa suite le lendemain matin. »

Le rouge te monte aux joues de manière instantanée. Tu es figé. Que ton éventuelle homosexualité soit mise sur le tapis de manière si franche à la télévision mais aussi dans un magazine people Australien, ça te court circuite totalement. Il n’avait jamais été question de tes attirances sexuelles dans tes interviews. Jamais. « Un australien sur deux soutient la couronne d'Angleterre ... What a bullshit news ! » Johnny qui vole à ton secours car il est probable que tu n’ouvriras pas la bouche pour répondre à cette question. « Can you believe that Australian gutter press talks about politic choices ? » « I can’t believe we’re talking about clickbait articles on live television. What is the next question ? » Qu’il dit sans réellement laisser le choix que de passer à la suite. Toi tu restes silencieux assis sur le canapé à essayer de réaliser ce qui vient de sortir dans la presse Australienne. Ca ne sera pas une surprise pour tes parents, ils savent. Ils ont rencontré ton ex fiancé. C’est à eux que tu penses en premier. C’est eux qui t’ont toujours terrifié vis à vis de cette information. De cette partie de toi. Tu es bien mieux loti vis à vis de ta vie privée, tes différents cercles de connaissance. Pratiquement tout le monde est déjà au courant. Cet article ne confirme pas forcément ton attirance sexuelle mais il est possible que le sujet vienne sur le tapis avec des gens qui ne sont pas encore au courant. Tu es déconnecté du moment là. Tu es dans ta tête à cogiter beaucoup trop à ce que ça va entrainer tout ça. Le silence, c’est tout ce que cette pute de présentatrice sans moral aura de ta part. Tu ne te sens plus du tout à ta place ici. Tu ne penses pas une seule seconde à Carmine et ce qu’il doit se passer dans sa tête à lui. Tu es dans ta petite spirale personnelle. Tu essaies de te rassurer mais tu n’as qu’une envie là, c’est d’aller lire tout l’article pour voir ce qu’ils ont écrit comme informations. Qui a dit ça ? Comment ils ont su ?

« Cela ne répond pas à la question de John. AJ ? Quelque chose à ajouter ? » Alors là, elle peut courir pour qu’un son ne sorte de ta bouche. Tu étais déjà silencieux quand tout semblait safe, c’est pas maintenant que tu vas sortir de ta coquille. Ton nombre de mot moyen dit pendant cette interview pourra être aisément compté : zéro. Ils n’auront pas eu la joie de t’entendre une seule seconde en dehors de la performance musicale que tu as fait juste avant. Tu aurais presque envie de te lever et partir car le ton de la présentatrice te hérisse le poil. Tu n’en reviens pas de ce qui est en train de se passer. Tu es même en train de te dire que cet article n’existe pas réellement, c’est pas possible, qui aurait pu dire ça ? Ils ont inventé ça de toute pièce via Chat GPT, c’est ta conclusion pour l’instant mais ton cerveau continue de cogiter à vitesse grand V, te moquant que la présentatrice soit en train de te regarder toujours. Ca ne te dérange pas le silence. Ça ne te dérange pas qu’ils se sentent mal à l’aise parce que tu ne répliques pas. C’est eux que ça dérange, toi tu restes dans le peu de confort qu’il te reste, dans ta bulle qu’ils viennent de percer avec leur question déplacée. « Évitons les malentendus. » Et voilà que le meilleur orateur prend la parole et tu sais qu’il va gérer, car c’est l’histoire de sa vie, Carmine, de masquer les apparences. Tu réalises doucement mais sûrement que lui aussi est bel et bien au milieu de ces gossips de merde. Que lui aussi n’est pas sorti du placard. Que lui surtout va devoir gérer ce qui va découler de ces informations qui auraient du rester public. Car toi, toute cette bataille n’est à présent qu’entre toi et toi. Lui il y a toujours sa famille au milieu. « Nous apprécions l'intérêt que nous porte le public américain et sommes reconnaissants d'avoir si chaleureusement été accueillis à New York pour clore l'année 2023. Vous comprendrez que ce genre d'attaques diffamatoires provoquent de vives réactions chez ceux qu'elles ciblent. » Déjà que tu étais introverti et timide, c’est sur toi que cette fucking question est tombée. En réalité, c’est peut être bien la meilleure chose au final, car ton mutisme n’aura pas été pris pour une quelconque réaction particulière, c’est qui tu es. Tu es silencieux et mal à l’aise sur les plateaux de télé. « J'ai rencontré AJ sur un terrain de rugby, en 2022. Il a été mon premier ami à Brisbane, m'a permis de rencontrer Johnny et de cette amitié est née le projet sur lequel vous étiez sensée nous interviewer ce soir. » Il répond à la question. C’est aussi cette réponse que tu avais en tête avant de voir l’article qui prétend un autre genre de relation. « Permettez-moi de finir. » Là tu lèves les yeux vers la présentatrice car tu as un peu - beaucoup - bloqué ton regard sur un point devant toi que tu regardes sans le voir. Tu apprécies de voir que Carmine prenne en main intégralement la situation. Qu’il ne laisse pas en placer une à cette conne. Tu tournes les yeux vers Carmine ensuite. « C'est une déception de constater les choix éditoriaux de cette emission. J'aimerais présenter à Gibson toutes mes excuses pour la médiocrité de cette entrevue et j'espère que la marque que nous représentons sera tirer les conclusions qui s'imposent dans le choix de leurs supports promotionnels, à l'avenir. » Tu hoches la tête, les mots qu’il a dit ont été si parfaitement choisit. Tu n’aurais pas mieux dit. Personne n’aurait mieux dit. Carmine a été le roi qu’il est. Imbattable dans ce domaine. La communication, les apparences, c’est l’expert et tu es content qu’il ait été là avec vous pour ce moment. Tu serais tout simplement parti si ça n’avait pas été le cas. Tu serais resté silencieux, tu te serais levé et tu serais parti.

Tout le monde a bien compris qu’il y a eu grave erreur avec cette question. La page de pub est lancée. Vous voilà libre de filer sans que ça puisse être appelé au scandale, sans que vous puissiez être qualifié de mal poli. C’est eux qui sont allés au delà de la bienséance. Pas vous. Y’a un brouhaha incroyable dans le studio. Le public qui se permet enfin de commenter entre eux sur tout ce qui vient de se produire. Tu te lèves car tu n’as aucune envie de rester ici. C’est terminé. « Let's move. » Carmine est déjà debout et vous voilà sur le départ de ce tribunal où vous avez été jeté en pâture, où ils ont voulu vous juger pour votre vie privée. Vous vous retrouvez dans la loge et tu restes silencieux car bien choqué par tout ce qui vient de se passer. « Allez on se tire. On discutera à l’hôtel. Je fais aucunement confiance à ces journalistes. » Johnny qui sous entend qu’il doit y avoir des micro ou des caméras cachés dans cette loge. Tu es déjà en train de récupérer tes affaires, tu prends la bouteille de champagne qui était là pour vous. Elle n’est pas ouverte. Faut pas gâcher. « Bonne idée. » Dit Johnny en allant prendre une autre bouteille d’alcool qui est disposée pour vous.

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Le nez dans ton téléphone tout le long du trajet jusqu’à votre hôtel, tu vois des SMS de la part de quelques potes du milieu de la musique. Y’en a aussi un d’un mec du rugby. Et d’autres de ton cercle de connaissance du milieu LGBT. Tu n’as aucune envie de répondre à qui que ce soit mais tout ça rend les choses bien plus réelles. Cet article se propage à vitesse grand v. Une fois à l’hôtel, c’est Johnny qui explose le premier. « What the fuck just happened ??? » Johnny qui n’est ni au courant de la bisexualité de Carmine, ni que cette nouvelle de la presse à scandale est en réalité tout à fait véridique. Il sait juste combien tu n’es pas encore hors du placard et que ce n’était certainement pas comme ça que tu comptais faire ton coming out au monde entier. « Fucking Americans. » Qu’il ajoute avec toute l’amertume possible. Toi tu t’es assis sur le canapé de la suite que vous avez, tu t’es pris la tête entre les mains, essayant de faire sens à tout ça…

Ca fait pas mal de « choc » en quelques semaines. La découverte de Naomi qui a eu une relation avec ton frère. Les tabloïds Australiens qui se sont emparés d’une information précieuse à ton âme. Cette nuit que tu as passé avec Carmine qui a été un déblocage de pas mal de choses dans ta cervelle. Il faut parfois des actes concrets, physique, pour passer à la suite. Les mots les plus rassurant du monde pour philosopher de qui on est, et d’où on va, ne suffisent pas. Il faut agir. Mais agir en ayant le contrôle sur toutes les choses. Pas voir l’histoire s’écrire sans ton consentement. Carmine a aisément démenti les propos en leur montrant leur connerie, mais il ne sera pas difficile de ton côté d’avoir confirmation sur tes attirances sexuelles. Tu es adhérent à une association LGBT avec qui tu passes beaucoup de tes soirées. Ces soirées là qui te font beaucoup de bien à l’âme car tu rencontres des gens avec qui tu es toi même, enfin. Tu n’as pas envie de te priver de ça car on vient de te priver de ton coming out. Tu-  « Would you like to discuss about it ? » La voix de Carmine te coupe dans la folie tourbillonnante de tes pensées. Tu redresses ton visage, cale ton dos dans le dossier du canapé de la suite. Tu es encore bien sonné par ce qui vient de se passer et de ce que ça sous entend pour la suite. Tu regardes Carmine, puis tu regardes Johnny qui fait les cent pas non loin. Un vrai lion en cage. Tu réalises doucement que Johnny ne sait pas pour Carmine et que les mots que tu risques de dire vont le mettre à découvert. Et puis, comme si l’univers était avec toi, le téléphone de Johnny sonne, il prend l’appel en allant se réfugier sur la terrasse de la chambre.

Tu prends une grande inspiration avant d’ajouter. « Looks like I’ve been pushed out the closet without any warning… » Tes yeux se reposent sur Carmine. « Do you want to discuss about it in private? Johnny doesn’t know about us. About you. » Tu te mords la lèvre, incertain. « Or do you want to talk about me only? » Car tu ne doutes pas de sa capacité à retourner le cerveau de tout le monde et démentir tout ça. « It won’t be long until they find me in gay bars or worst… » Un rire sans joie sort de tes lèvres. « … what if one of the guy I’ve been with go and confirm I’ve sucked their dick… This is fucking wonderful… » Car tu n’as fait ça qu’avec des parfaits inconnus que tu n’as jamais revu. Tu n’es pas aussi prévoyant que Carmine car tu n’es pas connu comme lui. Nope. Tu te reprends la tête dans les mains, en essayant de trouver la lumière dans ce gros bordel...

« It's our privacy. » Tu comprends qu’il n’a pas envie de parler devant Johnny ce qui est tout à fait logique quand on sait. Il est carrément dans l’œil du public et il est toujours sous l’influence de sa famille à bien des niveaux. Ils travaillent ensemble. Il n’a jamais cherché à sortir du placard lui. Il a assuré ses arrières bien mieux que toi. Toi qui a toujours eu comme plan de te libérer de ce secret un jour ou l’autre. Mais ce jour n’avait pas encore été décidé. Tu as été petit à petit dans la bonne direction. Tu as choisi la version douce naturellement. Carmine écoute tes premiers mots à propos de toute cette affaire. Ce qui ne fait que tourner ne boucle dans ta tête. « I'll adapt my strategy to yours. » Tu détestes ce mot. Stratégie. Ça n’aurait jamais dû être aussi compliqué. Ça l’était déjà naturellement. Maintenant le monde entier se sent d’avoir un droit de regard sur ta vie privée. Déjà que tu n’en parlais à personne, c’est beaucoup demander de toi d’en discuter aussi ouvertement. Carmine pose une main sur ton dos.

« I can't follow you outside ... » Tu ne saisis pas qu’il parle du placard. Mais ça ne t’entonnerait pas qu’il n’a pas envie d’être vu avec toi en extérieur. « ... but I'll support you in any decision you make. » Tu hoches la tête alors que tu es toujours en train de cogiter sur tout ça. Tu laisses un long silence passer. Ça fuse dans ton esprit. « C’est sûrement toi qui sera le plus sollicité de nous deux. » Tu annonces en essayant de garder un œil logique sur comment la suite risque de se dérouler. Tu jettes un œil à Johnny qui est toujours au téléphone sur le balcon.   « Faut qu’on en discute. Juste tous les deux. Parce que là je sais pas. » Nouveau coup d’œil à Johnny non loin. « J’ai aucune envie de confirmer ou faire un seul commentaire. C’est ma vie. Personne n’est au courant de ça à part nous deux. » Pour lui montrer que tu n’as parlé de votre nuit ensemble à personne dans ton rythme de vie habituelle, c’est pas maintenant que tu vas commencer à dire quoi que ce soit à ce propos. « Ça fonctionnerait si on dit juste rien ? Ils vont se lasser nan ? » Tu es perdu en réalité. Tu n’as aucune idée de comment la suite va se faire. Tu ne vois pas l’avenir. Tu te rends compte seulement maintenant que malgré tout, tu n’es pas en train de partir dans une crise de panique. Tu es en colère plus qu’angoissé. « On se voit demain et on en parle ? J’ai besoin de laisser la nuit passer… c’est trop… in my face là. » Et tu te sens en sécurité dans ta chambre d’hôtel que tu ne comptes pas quitter.

« C'est une posture envisageable. » Tu voudrais qu’il donne un peu plus son opinion là dessus, Carmine. C’est toi qui doit mettre le plan en place d’après ce qu’il a dit et il suivra. Mais tu ne sais pas ce qu’il y a à suivre, ni quelles possibilités sont à disposition. Tu proposes d’en reparler le lendemain car tu as besoin de bien plus de temps… Tu te sens bloqué avec toi même puisque tu ne peux parler de cette affaire dans tous ses faits à personne d’autre qu’à Carmine. « D'accord. » Au moins vous pourrez avoir une meilleure conversation le lendemain, tu espères que tu y verras plus clair d’ici là. La main de ton ami n’est plus sur ton dos, c’est aussi à ce moment là que Johnny a décidé d’entrer de nouveau dans la chambre. « Je pars fêter la nouvelle année sur Times Square. » Tu regardes Carmine qui se met sur ses deux pieds. « J'ai réservé un roof top VIP, vous êtes les bienvenus si cela vous inspire. » Tu fais non de la tête. « Je passe mon tour, j’ai pas la tête à quoi que ce soit là. » A part à te la creuser cette même tête qui est sur tes épaules.

Tu soupires. « Tu ne crains pas qu’on te parle de l’article ? » Parce que vous n’avez pas encore accordé vos violons et tu as envie de savoir dans quelle direction il se dirige naturellement. C’est bien évidemment ce qui t’empêche toi de sortir de cette chambre d’hôtel. Le seul endroit où tu te sens en sécurité à présent. Les Etats-Unis et la ville de New York sont, ce soir, le camp ennemi. C’est plus simple de mettre ça sur leur dos alors qu’en réalité l’article vient bien de ton pays, l’Australie. Tu n’as pas encore mis toutes les pièces dans le bon ordre. Tu ne sais pas à qui te confier pour trouver une solution à part Carmine. Tu vas boire, seul, c’est certain, parce que tu n’as pas envie de te retrouver à dire des choses que tu regrettes à ton ami Johnny. « Je reste avec Asher. » Ajoute Johnny en qualité de meilleur ami. Tu as l’impression d’être de retour dans un placard encore plus niche que celui de ton homosexualité. Un placard où tu gardes de nouveau des secrets que tu ne partages pas avec Johnny. En réalité, c’est ta vie privé dont il est question et c’est tout à fait légitime de garder ça pour toi.