@Mavis Barnes

(avril 2013) Il a déjà des rêves plein la tête du haut de sa quatorzième bougie tout récemment fêtée, la nouvelle année débutant doucement sous les auspices du printemps. Il a des rêves plein la tête mais la carrure d’un adolescent, parce que ce n’en est pas moins ce qu’il est, même s’il se rêve déjà grand. Il veut diriger le monde, ni plus ni moins. Être un bon dirigeant, certes, mais tout de même: il veut être celui qui donne tous les ordres et n’en reçoit aucun ; il veut être celui qui a les plein pouvoirs parce qu’il estime être le seul sachant quoi en faire de correct. Ses rêves, il les oublie bien vite lorsqu’il est avec ses amis et que ce genre de discussion n’intéresse personne, alors il préfère flaner en ville en dépensant sans outrance l’argent de poche laissé par Norman. Il veut qu’Ambrose s’amuse comme les gamins de son âge, justement parce qu’il veut qu’il soit comme tous les autres, sans jamais penser à l’histoire de sa famille. Le plan fonctionne, ou tout du moins autant qu’un plan du genre peut décemment fonctionner.

Ses pensées ne se tournent pas vers ses parents quand il est avec Dan. Il roule des mécaniques, il prouve qu’il est un homme, un vrai. Il fait des blagues douteuses parce que c’est de son âge, aussi, mais il ne précise pas qu’il retournera à ses devoirs à la seconde où il passera le pas de la porte. Néanmoins, ce n’est pas un moment qu’il attend avec impatience, encore moins alors que Dan annonce devoir rentrer chez lui et qu’il gratifie les deux amis restants d’une simple blague. Ambrose ne l’a même pas écoutée, semble-t-il. Ce n’était rien d’important ou, tout du moins, rien qui ne lui importe. Il ouvre la bouche pour parler à Mavis, la referme quand il se retrouve coupé par une voix lointaine. « Eh Rose, ton vélo est là, tu rentres pas avec moi ? » Il blémit un instant, voit sa vie défiler. « Pas de suite. Norman veut que j’achète un truc pour lui. Il va me tuer si j’oublie. » Norman n’aurait pas laissé quelque chose de véritablement important entre les mains et surtout le cerveau d’un adolescent, voilà au moins une chose de certaine mais que Dan ne peut savoir de son côté. Et quand bien même il semble etonné, il n’insite pas pour autant.

Rassuré de ne pas avoir à trouver une suite à son explication, Ambrose ose enfin déposer son regard sur l’adolescente à ses côtés. Ses joues se gonflent doucement et il sent son coeur s'accélérer doucement. « On compte rien lui dire, pas vrai ? » Et par ‘on’, il entend ‘Mavis’, évidemment. De son côté, il est clair qu’il n’a pas la moindre envie de laisser Dan savoir ce qui se trame entre eux. Le monde leur appartient, il est à leurs pieds et tout est parfait ainsi. S’il n’y a qu’eux qui savent, c’est tout aussi bien. Après tout, leur relation n’appartient qu’à eux et si ça leur convient ainsi, ils n’ont aucune raison de vouloir laisser le bruit se répandre. « Il comprendrait pas de toute façon, j’pense. » Parce que Marion est morte il y a trop tôt, parce qu’Ambrose est son ami avant d’être le petit-ami de Mavis ; parce que tout un tas d’autres choses encore. Parce que Dan n’est pas le couteau le plus aiguisé, tout simplement, et parce qu’il trouverait risible la simple idée de tomber amoureux, sûrement.

brighter days are before us
@Ambrose Constantine (crédit gif/ megedonnellygifs)

"Je te laisse t’asseoir sur le guidon, comme d’habitude ?" Son regard avait croisé celui d’Ambrose à la seconde où elle avait senti qu’il allait s’adresser à elle. Et puis Dan avait coupé court à leur velléité de s’adresser la parole, laissant Mavis au prise d’une décision qu’elle trouva raisonnable quand elle fit au jeune homme, sa tête se secouant en décalée, sa bouche se fendant d’un sourire qui, elle le savait, ressemblait trop à celui de Marion pour que Dan ne sente pas son coeur se gonfler douloureusement dans sa poitrine "Non, je passe mon tour. Je dois rejoindre mon père à l’hôpital." Une explication qui n’avait pas besoin de plus de mots ; elle allait rejoindre son père à l’hôpital, et ils rentreraient ensemble à Bayside. Il lui demanderait comment était sa journée, avec qui elle l’avait passée, ce qu’elle avait fait comme emplettes, balayant sous le tapis le fait qu’elle n’en avait fait aucune, et surtout qu’elle avait refilé son argent de poche à Dan pour que lui puisse se faire plaisir. Ce n’était plus le grand luxe chez les Sachs, et Mavis n’avait besoin de rien de toute façon. En plus, elle avait la sensation de devoir quelque chose à Dan, aussi à défaut de savoir quoi exactement, elle ne rechignait pas à lui remplir les poches. C’était une dynamique qui fonctionnait alors qu’il y a à peine cinq mois de ça encore, il n'avait d'yeux que pour Marion.

Marion dont l’ombre continuait de planer au-dessus de leurs têtes à tous ; à tous, sauf à Ambrose qui, lui aussi, s’exempta du trajet avec Dan pour une seule et unique raison qui se matérialisa sous la forme d’une question qui laissa Mavis silencieuse le temps qu’il fallait avant qu’elle ne lui réponde, continuant de regarder la silhouette de Dan et son vélo s’éloigner. Un, deux, trois poussées sur les pédales de son vélo, et ils pourraient enfin discuter "Pourquoi ? T’as envie de lui dire toi ?" Pourquoi en faire un secret, après tout ? Lui, il avait eu Marion pendant un nombre incalculables de mois. Lui, il ne s’interdisait pas de poser sur Mavis un regard qu’elle ne savait pas encore très bien déchiffrer à cette époque-là, et c’était peut-être ça le problème au fond, à propos de tout ça ; il ne comprendrait pas non, mais pas pour les raisons qu’Ambrose sous entendait et qui la fit lâcher un très léger rire qui appelait la moquerie, celle dont elle le gratifia pour de bon quand, à l’abri du regard de Dan qui avait enfin disparu, se transforma en une chatouille qu’elle fit aux environs des flancs du jeune homme à ses côtés, ses index surplombés d’opales dorées — des vraies — se plantant dans le carré de peau ferme qu’elle sentait sous son t-shirt "Norman veut que j’achète un truc pour lui, il va me tuer si j’oublie ?" le singea-t-elle en maquillant sa voix pour qu’elle tombe dans les graves, ne le laissant pas attraper ses mains et s’en dérobant d’un bond en avant et en riant franchement cette fois "Comment tu peux espérer devenir politicien si tu mens aussi mal, Constantin ?" Constantin, dans un français induit pas la bonne éducation qu’elle avait reçu, sa mère arguant que c’était la plus belle langue du monde, et qu’il fallait qu’elle en maîtrise au moins l’accent. Pas Constantine, ni Rose donc — Ambrose parfois, parce qu’elle trouvait ça classe et rare, comme l’ambition qu’il avait déjà à cet âge et qu’elle partageait déjà de moitié, ayant signé un pacte avec elle-même pour faire oublier que quand elle est née, c’était elle la seconde, et qu’elle le serait restée si elle n’avait pas pris les choses en mains.

La conversation ne débute que lorsque Dan est assez loin pour ne plus les entendre, ce qui est bien le signe de quelque chose. Ambrose ne sait pas quoi exactement, mais il sait qu’il y a quelque chose, justement. "Pourquoi ? T’as envie de lui dire toi ?" - « Toi oui ? » C’est le serpent qui se mord la queue et chaque question en devient une nouvelle. Il veut savoir ce que Mavis en pense pour pouvoir donner son avis sur la question en toute connaissance de cause mais rester imperméable au reste du monde est le super-pouvoir de l’adolescente. Elle ne laisse jamais rien l’ébranler, et des questions sont sans doute le cadet de ses soucis, tout comme parler de son couple l’est sûrement tout autant. Elle n’a peur de rien ni personne, et certainement pas de Dan. « J’ai pas peur. Je pense juste qu’on est est très bien à le savoir que nous deux. » Personne n’a sous entendu qu’il pourrait avoir peur mais enrayer une bombe qui ne semble même pas menacer est plus fort que lui: jamais il ne pourrait tolérer qu’on le prenne pour un lâche. Il n’agit pas sous le coup de la peur, simplement de la raison. Toujours.

Il redescend d’un ton et retrouve surtout une naïveté bien plus associée à son âge lorsque Mavis joue avec lui. Elle gagne même un sourire de sa part, bref mais sincère. "Norman veut que j’achète un truc pour lui, il va me tuer si j’oublie ?" Il mime de vouloir emprisonner ses mains pour lui reprocher d’agir de cette façon avec lui mais son geste est trop lent, contrairement à celui de Mavis qui est trop rapide. « Tu voudrais pas t’attirer la colère de Norman non plus. » Il fait mine de ne pas comprendre où elle veut en venir, même si l’immense sourire qu’il affiche désormais ne fait plus le moindre effort pour faire croire à quiconque qu’il est sérieux. Peut-être qu’elle craint Norman, ou disons au moins que cela serait assez naturel, mais elle sait très bien qu’il se sert surtout de son oncle comme d’une parfaite excuse pour gagner un peu de temps avec elle. "Comment tu peux espérer devenir politicien si tu mens aussi mal, Constantin ?" - « Parce que face à moi j’aurai plein de Dan. » Et que Dan a bu son mensonge comme du petit lait, sans même se demander davantage si ce qu’il venait de lui dire pourrait être un mensonge - pourquoi Ambrose lui mentirait, de toute façon ? « Et une Mavis à mes côtés. » Il anticipe un peu trop, oui, mais il est à un âge où tout lui semble être éternel: quelques mois passés à se dire qu’ils sont “ensemble” suffisent à le laisser penser qu’il en sera de même pour le restant de ses jours. Il lui passera la bague aux doigts, elle portera un enfant et un seul, pour se consacrer à son propre métier ensuite. Et ils seront puissants.

En attendant, il doit simplement faire une course pour Norman. « C’est l’anniversaire de Malone, bientôt, pour de vrai. J’aimerais bien lui trouver un cadeau. » Même s’il n’est pas son frère préféré et qu’il n’y mettra pas autant de coeur que s’il s’agissait de James, n’en reste pas moins qu’il est toujours question de la fratrie. Ambrose se sent toujours aussi coupable d’aborder le sujet de ses frères avec Mavis qui a été amputée d’une soeur mais il sait aussi et surtout qu’elle lui en voudrait s’il se censurait à ses côtés, alors il fait de son mieux pour agir de façon naturelle. « Tu veux que je demande si on le fera ensemble ? Si tu veux venir. » Il ne veut pas vraiment ébruiter le bruit de leur relation dans leur cercle d’amis mais sa famille, c’est différent. Ça ne poserait pas de problème, ça ne s’ébruiterait pas non plus.

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@Ambrose Constantine (crédit gif/ megedonnellygifs)

Il ne répondra pas à sa question, elle le sait avant même qu’il ne lui en pose une autre, et elle reconnait-là le fonctionnement des politiques qui préfèrent palabrer autour d’un sujet plutôt que de le traiter de manière efficace. Elle ne lui en veut pas, en fait elle trouve ça plutôt logique qu’il s’échine à vouloir savoir ce qu’elle en pense : que ça les regarde en l’occurence, mais aussi qu’il y a pire que d’être le secret de quelqu’un. Elle aime bien ça Mavis, les secrets, aussi devenir celui d’Ambrose, c’est presque trop romantique pour elle, mais ça lui plaît. Elle lui sourit, ses petits yeux noisettes disparaissant dans la fente rétrécie de ses paupières "Alors on lui dit rien, si c’est ce que tu penses." Elle s’en figurera sans regretter d’avoir à mentir à Dan. Elle partage tout avec lui d’ordinaire, mais elle sait que c’est parce qu’il voit en elle quelqu’un d’autre ; elle a le droit d’avoir d’autres options que les reste de sa soeur, même si ces restes sont en l’occurence ceux sur lesquels elle a bavé des mois durant. Elle n’est pas sotte au point d’ignorer que l’intérêt de Dan n’est le résultat que de la mort de Marion — il la cherche partout, et physiquement au moins, il la retrouvé en Mavis. Ce n’est pas sain, comme ce n’est pas sain de cacher à son ami qu’on batifole gentiment avec l’un de ses bon copains, mais ils n’ont que 14 ans, et pas la notion de ce qui est bon de faire ou non. Du moins les garçons, parce que Mavis, elle est déjà trop mature pour son propre bien.

Ça ne l’empêche pas d’être insouciante parfois. Comme ici, à s’amuser des excuses grotesques de celui qu’elle pourrait appeler petit-ami si ce n’était pas un peu effrayant quelque part, de jouer aux grands quand ils n’en étaient qu’aux prémices d’un vie qu’ils imaginent à la hauteur de leurs ambitions déjà énormes à leur âge. Ils se sont bien trouvés à ce sujet-là, c’est une certitude qui se cale sur celles qu’Ambrose semble déjà avoir pour eux et qui la fait pouffer doucement, sans qu’aucune méchanceté n’en ressorte pour autant "T’es dur avec lui." Elle préfère revenir sur Dan plutôt que sur le reste, ne sachant pas comment lui dire qu’il met peut-être la charrue avant les boeufs, et que des carrières comme celles qu’ils ont envie d’avoir, ça demande des sacrifices. Mavis, elle n’hésitera pas un instant à sacrifier Ambrose, qu’importe qui il est et ce qu’il représente. Elle l’adore, mais elle l’adore seulement, pas au point de l’inclure dans ses projets d’avenir qui ne comporte qu’une seule et unique entrée à ce jour : devenir chirurgienne.

Elle cesse de vouloir lui échapper, passe son bras au creux du sien pour se rapprocher de lui et examiner ce qu’il est en train de lui dire. Elle plisse le nez, tourne la tête dans sa direction pour lui demander, intéressée "Malone, c’est lequel ?" Ils sont beaucoup chez les Constantine, plus qu’ils ne le sont chez les Barnes en comptant Marion, laquelle ne compte plus vraiment de toute façon, si ce n’est dans les souvenirs de ses parents qui la regrettent sans juger bon le cacher, réagissant depuis sa mort comme s’il n’y avait jamais eu qu’elle, et seulement elle. Quand est-ce qu’elle aura droit à un peu d’attention ? Elle se le demande tous les jours. Mais pas là, pinçant les lèvres à la suite des mots d’Ambrose dont elle dévisage le profil à la recherche d’une blague sous-jacente "T’as envie que je vienne à l’anniversaire de ton frère ?" Ça lui fait quelque chose de bizarre de se rendre compte que lui, il lui accorde de l’attention, et ce n’est pas désagréable. Elle l’observe encore une seconde, et puis elle hausse les épaules "Seulement si tu me laisses t’aider à lui trouver le bon cadeau. Je le connais pas, mais tous les frères sont pareils, non ?" Elle ne connait pas plus son propre frère que celui d’Ambrose, mais Baz est suffisamment demeuré pour qu’elle sache qu’une paire de chaussettes rigolotes, ça ferait son bonheur. Elle marque une pause, ses doigts battant doucement la mesure autour du bras d’Ambrose qu’elle sent chaud sous la paume de sa main "Sur une échelle de 1 à 10, c’est ton préféré comment ? Juré que je dirais jamais rien à personne si tu le détestes." Autant que je détestais ma soeur, aurait-elle pu ajouter, mais elle ne le fait pas, faisant bondir le bout de son nez contre le bras du jeune homme comme pour l’encourager à se confier à elle.

Elle lui sourit, ses petits yeux noisettes disparaissant dans la fente rétrécie de ses paupières "Alors on lui dit rien, si c’est ce que tu penses."

Mavis passe son bras autour du sien et ça suffit pour que le Ambrose de quatorze ans se retrouve à sourire simplement. Ici, en cet instant, il a tout simplement que la vi(ll)e leur appartient et que tout ne peut que se passer selon leurs plans. Peut-être qu’il prendra le temps de partager les siens à Mavis de façon exhaustive ; peut-être pas. "Malone, c’est lequel ?" Et très franchement, il n’a aucune idée de comment répondre à ça. Malone, il ne sait pas comment le définir par des faits, mais il sait au moins comment ne pas le définir. « C’est pas James, et c’est pas un des jumeaux non plus. » Tout est plus simple vu sous cet angle, non ? Ambrose n’a de mots que pour son grand-frère (cousin) qui prendra un jour la tête de la maison Weatherton et il parle toujours d’August et Flora comme “des jumeaux”, alors ne reste de la place que pour Malone ensuite. Il n’est pas voué à un grand avenir, il n’est pas réellement doué pour quoi que ce soit, et il n’attire pas toute la curiosité ou l’amour fraternel d’Ambrose non plus. Il est simplement Malone, mais il n’en reste pas moins son frère qu’il apprécie - et ce malgré tous les non-compliments qu’il peut avoir à son égard. "T’as envie que je vienne à l’anniversaire de ton frère ?" - « Pourquoi pas ? » Il n’en fera pas une montagne, de cet anniversaire. Il s’agit d’une excuse pour se retrouver en famille le temps de quelques heures, événement duquel Norman et James se soustrairont sans doute pour rapidement retourner travailler. Mais il aime bien cette excuse, et il aime l’idée de ne jamais manquer un seul anniversaire des membres de sa fratrie, sans doute parce qu’il n’aimerait pas qu’ils ratent le sien en retour. « J’en ai parlé à personne. Tu peux encore dire non. » A quatorze ans, il a encore de l’empathie et il veut le bien-être de Mavis avant de nourrir son désir d’ascension professionnelle.

L’adolescente à son bras ne semble pas réfléchir à lui répondre par la négative, pourtant. "Seulement si tu me laisses t’aider à lui trouver le bon cadeau. Je le connais pas, mais tous les frères sont pareils, non ?" Il comptait sûrement lui offrir une chemise, une cravate ou des chaussettes, parce qu’il n’a de toute façon pas d’autres idées et qu’il ne parle pas assez à Malone pour avoir la moindre foutue idée de ce qu’il aime dans la vie. Des habits, au moins, ça devrait toujours lui être utile. « J’imagine que oui. Je comptais demander aux jumeaux s’ils ont pas des idées. » Et peut-être même qu’il comptait leur murmurer l’idée d’un cadeau commun, pour se rendre un brin plus anonyme derrière le cadeau en lui-même. Mais si ce dernier devient une excuse pour passer un peu de temps avec Mavis à flâner dans les boutiques, alors la donne change rapidement. « Même si je suis sûr que y’a pas à se prendre la tête, il est pas compliqué mais y’a rien qui lui ferait vraiment plaisir, je crois. » Est-ce qu’il a un jour vu Malone être vraiment heureux ? Rien n’est moins sûr. "Sur une échelle de 1 à 10, c’est ton préféré comment ? Juré que je dirais jamais rien à personne si tu le détestes." S’il devait donner des chiffres à sa fratrie, James en aurait neuf. Les jumeaux s’en partageraient un. Et Malone, il l’aurait sans doute oublié dans l’équation. « Tu sais… Je sais pas, il a toujours été distant avec moi. Et puis maintenant il va être père, alors je crois qu’il en a un peu rien à faire. » De moi est ce qu’il ne rajoute pas mais qu’il sous-entend néanmoins: il ne veut pas paraître trop larmoyant mais ne se voit pas mentir face à Mavis non plus. Il faut appeler un chat un chat, pas vrai ? Malone s’en moque de son petit frère avec qui il a presque une décennie d’écart et il a plutôt préféré avoir son propre enfant à lui, comme si devenir père à peine la vingtaine passée pouvait être une bonne idée. « Je voulais pas t’embêter avec mes histoires de famille. Personne en parle à table, si ça peut te rassurer - et on mange bien, à la maison. » Pas parce que qui que ce soit cuisine bien, mais parce qu’ils ont les bonnes adresses où commander et Norman un compte en banque bien rempli.

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@Ambrose Constantine (crédit gif/ megedonnellygifs)

Elle ne s’intéresse à la famille d’Ambrose que pour faire la conversation, elle sait qu’elle oubliera ce qu’il lui répondra à propos de son frère jusqu’à ce que ce fameux anniversaire arrive, où là elle pourra se comporter comme la gentille fille bien élevée qu’elle est, et faire tomber amoureuse d’elle quiconque viendra se confronter à sa finesse et à ses bonnes manières. Elle choisit ses moments quand il s’agit de faire semblant, et elle fait semblant depuis assez longtemps maintenant pour que personne ne s’en rende compte. Avec Ambrose, elle fait peut-être moins semblant qu’avec les autres simplement parce qu’elle le sait inoffensif et qu’avec lui, elle n’a pas envie d’être quelqu’un d’autre que la jeune fille ambitieuse qu’elle est devenue à la seconde où sa soeur a franchi la surface de l’eau pour ne jamais en revenir. Avant, c’était Marion l’ambitieuse. Mais ça, c’était avant "Je vais venir." Elle le dit sans plus aucune hésitation. Ce n’est qu’une invitation, une invitation qu’elle accepte avec un sourire parce que ça lui fait plaisir d’être importante aux yeux d’Ambrose au point qu’il veuille la faire participer à quelque chose de ce genre. Ce ne ce sera pas la fête de l’année, mais elle s’en fiche : il manifeste son envie qu’elle soit à ses côtés, et ça remue quelque chose en elle d’être désirée de cette manière, aussi innocemment que son esprit bien trop adulte peut se rappeler qu’à cette époque de sa vie, elle ne peut aspirer qu’à être courtisée de la sorte parce qu’elle est jeune.

Et ça lui va "Tu devrais pas faire ça." Elle s’interpose dans les explications du jeune homme dont elle tient le bras en remontant main street à ses côtés, perdant un instant son sourire quand ses yeux trouvent les siens et qu’à défaut d’une illumination à propos du cadeau de son frère, elle peut lui conseiller quelque chose qui la heurte sans que ça ne lui fasse du mal pourtant. Elle s’explique "Tu devrais pas les appeler les jumeaux tout le temps." Parce que c’est impersonnel, dégradant, surtout quand on grandi et qu’on essaie d’être soi-même. Elle en sait quelque chose, c’est pour ça qu’elle le lui dit aussi sérieusement, bien qu’après un instant à se dire qu’elle l’est trop — sérieuse — un sourire fend son visage et elle ajoute "Ils sont surement très différents l’un de l’autre, c’est pas toujours facile d’être réduit à un tout." Elle n’en dira pas plus sur le sujet. Ça la touche de trop près. Ça ne lui fait pas mal de pouvoir comprendre ce que ça fait d’être vue comme un ensemble, mais ça ne lui fait pas du bien non plus de mettre en perspective — sans le faire vraiment — ce qu’elle a vécu avec sa soeur alors que d’ordinaire, elle s’abstient de tout commentaire à ce sujet. Rapidement, elle se recentre sur ce qu’il lui dit, faisant glisser sa main de son bras à la sienne pour intercaler ses doigts entre les siens et faire comme si cet interlude n’avait pas existé "On va lui trouver quelque chose. Avec un peu de chance on tombera sur le cadeau de ses rêves." Même si elle n’y croyait pas puisque d’après ce qu’elle entendait là, l’indifférence régentait la relation qu’il entretenait avec son aîné "C’est pas obligé d’être proche de ses frères et soeurs tu sais." Elle veut le rassurer à ce sujet. Elle le sent touché sans qu’elle ne sache tout à fait comment elle parvient à le savoir ; à cause de la manière dont il lui tient la main, dont il s’excuse presque ensuite de parler de tout ça ? Elle hausse les épaules "J’ai pas besoin d’être rassurée, et t’as le droit de parler de ta famille si t’en as envie." Elle laisse un rire lui échapper, sa tête s’inclinant sur le côté alors qu’elle la détourne de son visage pour regarder devant elle et ajouter "J’espère juste que tu t’attends pas à ce que je parle de la mienne en retour parce que y a pas grand-chose à en dire." Et en le disant, son pouce trouve l’arrondi de l’index d’Ambrose qu’elle esquisse doucement sans en avoir l’air, ses lèvres roulant l’une sur l’autre en se mettant à espérer qu’il ne lui demande pas de parler de sa propre famille, en effet.

"Je vais venir." Elle n’hésite plus une seule seconde à lui répondre et il sourit simplement, heureux par avance de savoir qu’elle sera présente à un repas qui, en son absence, aurait pu contenir des longueurs. La simplicité de l’instant ne perdure pas longtemps alors que Mavis la reprend aussitôt la mention des jumeaux lui échappe. En réalité, elle ne lui échappe pas réellement: il parle toujours de ses aînés de cette façon, depuis toujours. Il y a James, il y a Malone, et il y a les jumeaux. « Je suis désolé. Je voulais pas te blesser. » Ils discutent pas vraiment d’August et Flora, pas vrai ? Ce n’est pas un hasard si elle le reprend sur le sujet alors que sa propre jumelle est morte et qu’elle a, à son tour, toujours été qualifiée d’un tout s’appelant les jumelles. « C’est pas comme ça que je parle de toi, tu sais. » Et ce n’est qu’un demi-mensonge: il l’a sans aucun doute appelée par cette étiquette à de nombreuses reprises, mais cela remonte à une époque où il ne la connaissait pas réellement et ne s’intéressait pas réellement à elle. Il entendait parler d’elle à travers de Dan, et rien de plus. Tout comme il entendait surtout parler de Marion, en réalité. Sur ce point, il ne fait pas semblant de se reprendre au sujet de sa propre famille, bien conscient qu’elle ne s’est soudainement pas trouvée un objectif à ainsi défendre la veuve et l’orphelin.

Sa main glisse le long de son bras jusqu’à trouver les doigts d’Ambrose, qui les noue naturellement aux siens sans se poser davantage de questions. Il aurait tôt fait de les retirer si Dan revenait de nulle part, mais sinon il n’a pas honte de lui tenir la main en public. "On va lui trouver quelque chose. Avec un peu de chance on tombera sur le cadeau de ses rêves." Est-ce que Malone a des rêves, même ? Ambrose en doute. Il se lève chaque matin sans savoir de quoi sa journée sera faite. Il avait des objectifs, avant. Aujourd’hui, il en doute. Il ne sait plus quoi penser de son aîné. C’est comme s’il se contentait de subir la vie, au final. "C’est pas obligé d’être proche de ses frères et sœurs tu sais." - « Tu crois ? » Ils ont le même âge, et Ambrose est même un brin plus âgé, mais c’est Mavis qui semble avoir la connaissance universelle. Il l’envie presque. Il envie l’assurance avec laquelle elle parle de tout, comme il envie la capacité qu’elle a de ne pas laisser rien ni personne l’atteindre. Au bout de la langue se tient la question de lui demander si elle était proche de Marion, mais il garde ça pour lui, conscient de l’égoïsme que ce serait de le lui imposer. Parfois, Ambrose explique la distance avec Malone à cause de leur différence d’âge ; mais il prend en parallèle l’exemple de James et ce dernier ne peut pas lui permettre de corroborer l’hypothèse. "J’ai pas besoin d’être rassurée, et t’as le droit de parler de ta famille si t’en as envie." Elle lui sourit un instant et il hoche simplement la tête. Elle a raison, il le sait. Elle est grande. Elle est jeune, mais elle est forte. Elle a vécu des traumatismes qu’elle a su affronter et outrepasser. « J’ai pas tant que ça envie de parler d’elle, de toute façon. » Sur ce sujet au moins, elle peut en être rassurée. Il ne se censure pas, mais il n’en fera pas le centre de son monde non plus. "J’espère juste que tu t’attends pas à ce que je parle de la mienne en retour parce que y a pas grand-chose à en dire." Ironiquement, il y a encore une raison de moins d’en parler maintenant et puisqu’il comprend qu’elle n’a aucune envie de remuer le couteau dans la plaie. « Non, c’est pas ce que je t’attends. » Il prend le temps de dire les mots. Elle ne parlera pas beaucoup de sa famille, il ne parlera pas beaucoup de la sienne non plus, et peut-être que de cette manière ils pourront se concentrer sur eux, pas vrai ? « Mais j'ai grandi en faisant le deuil, alors tu sais, je connais. Si jamais... » Si jamais un jour elle veut déroger à la règle de ne pas parler de sa famille, il ne lui en voudra pas, et, au contraire, il sera aussi présent pour elle que possible. « Mais on peut entrer dans cette boutique et trouver n'importe quel cadeau pour mon frère, aussi. » Des chaussettes, un mug, un t-shirt ou une cravate. Peu importe. N'importe quoi fera l'affaire et tout rendra à peine Malone heureux, alors cela ne sert à rien de se prendre la tête. « Et trouver ce que Norman voulait que je ramène, évidemment. » Ce mensonge là, il l'avance dans un sourire parfaitement amusé.

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@Ambrose Constantine (crédit gif/ megedonnellygifs)

Elle n’est pas blessée. Pas vraiment en tout cas. Mais au lieu de le dire à Ambrose qui a le chic pour tout prendre à coeur, elle lui offre un sourire au travers duquel se creuse des fossettes de chaque côté de ses joues. Elle ne veut pas s’attarder sur la manière dont elle l’a repris au sujet de ses propres frère et soeur, elle ne veut pas qu’il se mette à lui poser des questions du genre elle te manque parfois ? parce que la réponse qu’elle lui apporterait lui ferait hausser les sourcils et s’enfoncer dans une réflexion qui, sans aucun doute, le mènerait à remettre en perspective ce qu’il pensait d’elle. Elle ne voulait pas que ce qu’elle voyait briller dans ses yeux évolue en quelque chose qui ressemblerait à de la suspicion, ou même du jugement, alors elle en rit finalement, de son conseil, rebondissant sur la manière dont il voulait la rassurer, encore. Sa facétie est évidente, mais le fond de la révélation est triste à pleurer "Ce serait pas la pire manière de parler de moi. Y a des gens qui m’appellent Marion parfois." Juste un peu plus, elle en rit, mais ça lui serre le coeur de faire l’ajout qu’elle balance comme si de rien, sa main dans celle d’Ambrose "Mon propre père m’appelle Marion parfois." Elle garde son sourire un instant encore, sa tête détournée de celle du jeune homme qu’elle tient par la main en espérant encore une fois que dire ce genre de chose ne lui donnera pas envie de creuser, ou de s’excuser, puisqu’il n’y est absolument pour rien.

Elle se concentre sur autre chose. Sur la cadeau d’anniversaire de Malone, sur le rapport qu’Ambrose entretient avec lui et qu’elle imagine compliqué sans avoir besoin de le faire approfondir son discours ; et c’est à son tour de le rassurer. Elle tourne la tête pour le regarder, s’étonne de la douceur de son ton quand il profite de ses mots pour la questionner l’air de rien, et elle confirme sans aucune hésitation "Je parle d’expérience. Je suis pas très proche de mon frère, et je m’en porte très bien." Baz était un demeuré en même temps, elle ne gagnerait rien à rester proche de quelque comme lui "Si ça te fait pas du bien de rester proche de ta famille, t’as le droit de pas vouloir en faire partie, et t’as encore plus le droit de leur montrer qu’ils ont tort de te sous-estimer, si jamais c’est le cas." Elle n’imaginait pas une seconde qu’on puisse sous-estimer Ambrose. Elle lui donnait le bon Dieu sans confession, elle avait foi en ce qu’il mûrissait sous l’épaisseur de ses mèches sombres. Mais elle savait que ça arrivait, qu’on ne laisse pas vraiment le bénéfice du doute à un membre d’une famille plus discret que les autres. Encore une fois, ça tapait trop proche de la maison, alors elle essaye subtilement d’en réchapper en hochant la tête à l’affirmation qu’il lui faisait qu’il n’avait pas envie de parler de sa famille ; tant mieux, parce qu’elle non plus, et elle saurait se tenir à ce besoin de ne pas tout mélanger en étant seulement Mavis quand elle était avec Ambrose dont la gentillesse ne méritait certainement pas quelqu’un comme elle. Elle s’en moquait un peu pour l’instant, trouvant que tout prenait des airs de vraies conversations quand ils n’étaient encore que des gamins, à jouer aux adultes en se tenant innocemment par la main.

Ça lui fait songer à quelque chose "J’ai une meilleure idée." Pas de cadeau, ça allait sans dire. Jetant un regard par-dessus son épaule à la boutique désignée par Ambrose, Mavis se dit qu’ils y trouveront sans doute de quoi faire, mais sur l’instant, elle à une autre idée en tête. Elle ne la partage pas tout de suite avec le jeune homme, elle reprend son chemin avec lui au bout de son bras, et attend l’angle de la rue pour se poser dos contre le mur, et lui demander en attendant qu’il s’approche "Je me demandais quelque chose tout à l’heure." Tout à l’heure, ou hier peut-être. L’espace-temps n’avait pas d’importance, elle tenait juste à faire de ce moment quelque chose de spécial sans que leur famille respective ne vienne s’inviter au milieu. Elle reste à sa place, lui ayant lâché la main avant de s’adosser au mur qui est chaud derrière elle, sa tête légèrement inclinée sur le côté alors que ses yeux rencontrent les siens et qu’elle ose verbaliser sa pensée par une question somme toute banale et qui ne la fait pas rougir un seul instant "Tu comptes m’embrasser bientôt, ou tu préfères qu’on fasse notre shopping avant ?"

"Ce serait pas la pire manière de parler de moi. Y a des gens qui m’appellent Marion parfois." Il fait de son mieux pour ne pas laisser sa réaction être vue trop facilement mais il n’est pas sans laisser échapper un certain rictus de dégoût. Avoir la langue qui fourche est une chose, mais confondre une sœur avec l’autre alors que la première est morte ; vraiment ? Il se promet en son for intérieur de ne jamais faire une erreur du genre, parce qu’il sait qu’il ne pourrait pas se pardonner que d’être sur un plan d’égalité avec tous ceux qui l’ont fait avant lui. "Mon propre père m’appelle Marion parfois." - « J’ai toujours préféré Mavis. » Il ne sait pas comment alléger la discussion alors il hésite, il fait de son mieux. Il n’a jamais eu d’avis tranché sur aucune des deux, sûrement parce qu’il était l’ami de Dan avant d’avoir la moindre connaissance de l’existence des jumelles. Ensuite, c’est arrivé de fil en aiguille sans qu’il puisse être capable de totalement expliquer la situation. Simplement, c’est arrivé et maintenant il n’y a plus de raison qu’on la confonde avec Marion. Elle appartient au passé, et Mavis a tout l’avenir devant elle.

"Je parle d’expérience. Je suis pas très proche de mon frère, et je m’en porte très bien." - « J’ai pas cherché à être loin de lui non plus. C’est juste qu’on est différents. » La précision n’est sûrement pas importante mais il voulait quand même qu’elle le sache, parce que c’est important pour lui. Malone a ses défauts, il ne prétendra pas le contraire, mais il ne compte pas non plus laisser tous les maux du monde se reposer sur un aîné en particulier. Simplement, ils n’ont pas de raison de s’entendre en particulier, comme elle n’en a apparemment pas non plus avec son frère. Sur ça, comme sur bien d’autres sujets, ils arrivent à se comprendre sans même avoir à faire des efforts. "Si ça te fait pas du bien de rester proche de ta famille, t’as le droit de pas vouloir en faire partie, et t’as encore plus le droit de leur montrer qu’ils ont tort de te sous-estimer, si jamais c’est le cas." Ce dernier point, il le leur prouvera par son avenir glorieux. Il n’y aura plus aucun doute quant à ses capacités et ses rêves quand il sera haut placé dans les échelons politiques et qu’il sera celui à prendre des décisions pouvant changer le quotidien de millions de gens. Rien de moins. Il ne se contentera jamais de moins, comme Mavis ne verra pas non plus à la baisse ses propres ambitions.

"J’ai une meilleure idée." Il est vrai que beaucoup d’idées sont meilleures que la perspective d’une longue recherche de cadeaux pour Malone, il ne risque pas de prétendre le contraire. Ambrose, trop curieux pour l’arrêter dans sa lancée, se laisse mener un peu plus loin que l’axe principal de la rue passante. "Je me demandais quelque chose tout à l’heure." Elle prend le temps, elle laisse les secondes s’écouler, elle sait qu’il ne peut qu’attendre la suite de son explication. "Tu comptes m’embrasser bientôt, ou tu préfères qu’on fasse notre shopping avant ?" Et si Mavis se montre moins assurée l’espace d’une seconde, Ambrose n’est pas sans esquisser un sourire amusé. « T’as pensé à toute cette mise en place au lieu de me le demander aussitôt ? » Il admire son sens du détail. Il l’aime pour ça, notamment, pour son éternel besoin de tout contrôler jusqu’aux moindres détails, à commencer par le fait que personne ne soit témoin de ce baiser - parce que sinon, pourquoi aurait-elle voulu trouver une ruelle un brin moins fréquentée ? Tout le monde connaît tout le monde, ici, malgré la taille apparemment large de la ville. Malgré ses questions et son amusement sincère, il n’attend pas davantage avant de s’approcher d’elle pour l’embrasser, comme demandé, comme désiré aussi. Une main un brin mal assurée reste même posée contre sa joue. « C’est vrai que c’est plus intéressant que de faire des courses pour Norman. » Jouer aux adultes, jouer aux amants, c’est amusant. Ça lui donne l’impression d’être quelqu’un, d’être important. Ça lui donne l’impression de pouvoir outrepasser les règles sans compromettre l’avenir de l’un ou de l’autre, et c’est la meilleure partie à tout ça. « N’hésite pas si t’as d’autres idées dans le genre. » Il le lui annonce dans un rire, cette fois, sans pour autant vouloir faire d’eux des clichés qui passent tout leur temps ensemble à se galocher. Il aime bien refaire le monde à ses côtés, aussi. Il aime vraiment bien.

brighter days are before us
@Ambrose Constantine (crédit gif/ megedonnellygifs)

Elle lui donne un regard qui signifie à d’autres, Constantin, avant d’oser ajouter sur le même ton "T’es bien le seul." Mais ce n’est pas grave, voilà ce que veut dire la manière dont elle reprend vite pied, ne lâchant pas la main d’Ambrose qu’elle sent peut-être un peu gêné d’être soumis à une discussion pareille quand tout ce qu’il veut au fond, c’est qu’elle l’aide à trouver un cadeau pour son frère qu’il connaît à peine. Elle ne lui en impose pas plus, elle se contente de marcher à ses côtés en jugeant bon lui donner des conseils parce qu’elle sait de quoi elle parle quand les relations entre frère et soeur sont impliqués. Elle ne dit pas qu’elle est une experte, mais elle sait que ce n’est pas aussi facile que ça de faire partie de la même famille, et que même si ça égratigne les bons sentiments qu’on rapporte à l’idée de partager le même sang, on n’est pas obligé d’aimer notre famille. C’est extrême, mais Mavis l’est un peu, sinon elle aurait trouvé une autre solution pour gérer l’omniscience d’une soeur dont elle a été l’ombre depuis leur premier souffle "Peut-être que quand vous serez plus vieux, vous serez plus proches." Il devait bien y avoir un dicton qui disait qu’avec l’âge vient l’envie de se rapprocher des siens. Mavis ne le ressentira jamais, mais si Ambrose veut apprendre à connaître sa fratrie, surement que l’envie lui viendra plus tard, quand il deviendra sage et raisonné. Elle n’a pas moyen de le savoir, elle se dit juste que si ça le touche autant que ça en a l’air, se faire un peu violence pour apprendre à connaître son frère, c’est forcément à sa portée. Elle n’en sait rien, mais elle ressert sa main dans la sienne en voulant lui montrer pudiquement qu’elle le soutient malgré tout. Quand ils seront plus vieux, qu’ils auront terminés leurs études et qu’ils seront de vrais adultes, elle lui rappellera qu’elle est là pour lui, et que s’il en a besoin, elle peut être sa seconde pour supporter le poids que c’est de faire amende honorable en face de ses proches. Elle se le promet parce qu’elle l’adore Ambrose, qu’elle veut croire malgré tout que, dans quelques temps, elle sera capable de voir plus loin que le bout de son nez dans ce domaine, et qu’il est peut-être bien celui qu’elle gardera à ses côtés.

Pour l’heure, elle ne pense pas aussi loin, même si l’emmenant au loin du tumulte de la rue principale, elle a bel et bien une idée en tête. Elle se mord l’intérieur de la joue quand il répond à sa question, haussant une épaule en même temps que ses yeux s’accrochent aux siens, et que son coeur se met à cogner dans sa poitrine si fort qu’elle est sûre qu’il est capable de l’entendre "Je fais de mon mieux J’aurais pu prétendre que j’avais besoin de toi pour acheter un truc pour Norman." Elle se moque de lui pour adoucir l’impression qu’elle a que dans quelques secondes à peine, elle va passer l’arme à gauche tant son coeur bat dans sa poitrine ; la sensation s’amoindrit à peine quand les lèvres d’Ambrose rentrent contact avec les siennes, et que les yeux ouverts, elle réalise qu’elle n’aurait pas voulu que ce baiser se passe autrement que comme ça, entre deux blagues qui passent l’air de rien, à l’abri des yeux indiscrets pour garder leur secret intact encore quelques temps. Cette fois, quand il rompt le contact, c’est sa propre lèvre qu’elle mord, et elle hausse les sourcils en hochant la tête, son nez se fronçant doucement en même temps qu’Ambrose se recule "Hm, je trouve aussi que ça a toutes les chances de devenir mon nouveau passe-temps préféré." Elle exagère, mais il a raison : c’est mieux que de se casser la tête à trouver un cadeau pour quelqu’un qu’ils ne connaissent pas vraiment tous les deux. Pourtant, elle y revient, posant une main sur l’abdomen d’Ambrose pour le faire reculer d’un pas histoire qu’elle se décolle du mur, et reprend sa main en se sentant soulagée que ce moment soit passé "Alors, chaussettes, ou mug ?" Elle le lui demande en espérant que leur baiser lui a donné des idées pour le cadeau de Malone, mais la vérité, c’est qu’elle s’en moque un peu, et qu’elle espère qu’au plus il aurait du mal à arrêter son choix, au plus leur petit moment ensemble s’allongerait dans le temps.