@Arthur Coventry

(les fleurs du mal) Il a le cœur lourd, oui, bien sûr. Il a d’autant plus le cœur lourd de ne pas avoir tenu sa seule promesse, laquelle se résumait à un simple on parle demain. Il a ruminé, Swann, comme il ne le fait généralement jamais. Cela ne lui ressemble pas, mais faire face à des reproches quant à une infidélité qu’il ne commet évidemment pas, cela n’est pas non plus dans ses habitudes. Du retour de Ginny aux premières annonces au sujet de la tempête, tout est allé trop vite et les auto-promesses d’envoyer un message à Arthur dans la journée se sont finalement toutes retrouvées vaines et repoussées au lendemain. Ce n’est pas qu’il oubliait, c’est surtout qu’il n’en avait pas le courage, le visage déçu de son ami de toujours étant un peu trop imprégné dans ses souvenirs.

Finalement, il a tapé le message aussi vite qu’il a remis son téléphone sous silencieux, pour ne pas avoir à faire face à sa réponse aussitôt. Il a proposé un salon de thé, et il n’a pas réellement laissé place à une quelconque discussion pour convenir d’un jour ou d’une heure à deux: il a précisé les deux dès le départ. Le salon de thé est une zone neutre, il est une zone où Arthur ne sera pas tenté par de l’alcool et où il n’aura pas à se battre sur ce point ni à se la jouer voix de la raison. Swann est dans le tort au point où il n’a que très peu parlé de cette histoire à Rory, incapable de ruiner ses quelques jours de retour au pays avec des histoires qui ne le concernent pas en premier lieu.

Après des salutations plus froides qu’à leur habitude, Swann n’en invite pas moins son ami à s’installer à la table, son regard longuement posé sur son profilqu’il trouve amaigri. « J’ai voulu appeler après la tempête. » Et même après avoir réfléchi une éternité à tout ce qu’il voulait lui dire, il trouve encore l’occasion de réfléchir à une parade de dernière minute qui implique des excuses de sa part plutôt que de demander les explications qu’il a besoin d’entendre pour savoir dans quel monde son meilleur ami pense qu’il aurait demandé à faire garder sa fille en dernière minute pour s’envoyer en l’air à Sydney. « Greta m’a dit qu’elle allait bien. » Et qu’il n’y avait rien de particulier dont il devrait se soucier au sujet d’Arthur, à cause d’Olga du moins. Les deux thés qu’il a commandé arrivent juste ensuite, le faisant prendre le temps de remercier le serveur sans pour autant déporter son regard des yeux d’Arthur un seul instant. « Tu peux commander autre chose si tu veux. » Il pensait boire les deux tasses, à vrai dire, et il anticipe déjà qu’Arthur n’a aucune envie de boire du jus de chaussette. « J’ai pensé qu’avec le temps, ta curiosité l’aurait emportée. » Et que s’il n’envoyait pas lui-même un premier message alors Arthur le ferait, mais force est de constater que cela n’a jamais été le cas et il ne cherche même pas à cacher l'amertume qu'amène sa conclusion.

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SWANN & ARTHUR

lieu: les fleurs du mal, spring hill

Il était en retard, comme toujours, mais il prit délibérément le temps d’allumer la cigarette avec laquelle il jouait depuis qu’il avait garé sa voiture. Naïvement, il espérait encore qu’une dose de nicotine viendrait calmer cette crise de manque qui menaçait de faire surface. Il en connaissait les moindres signes désormais et le simple fait de ne savoir se tenir immobile en était un. Il était retourné dans ce bar, une fois, pour se fournir un peu de cocaïne. Assez pour prétendre encore à un contrôle de soi, mais suffisamment pour s’autoriser une consommation qui n’avait déjà plus grand-chose d’occasionnelle. Et juste comme ça, les insomnies étaient revenues, son appétit avait disparu et Arthur avait à nouveau bien du mal à se concentrer sur une seule tâche à la fois dès qu’il se trouvait sobre. Tout en fumant sa cigarette à la vitesse de l’éclair, il avait envoyé trois messages à Greta, conclus une note dont il allait se servir pour la prochaine réunion sur son dossier et avait arpenter le trottoir assez de fois pour que la dame qui tenait l’accueil du salon de thé ne cesse de l’observer curieusement. Ce n’est pas qu’il était nerveux, mais tout de même. On se parle demain s’était transformé en des semaines de silence, à peine brisé le temps de prendre des nouvelles post tempête, puis le néant à nouveau. Il n’avait aucune idée de ce pourquoi Swann avait tant tenu à la voir dans un lieu public, mais savait par avance que son ami serait seul et prendrait toute l’attention du monde pour sonder la moindre de ses réactions.

Mais Swann l’attendait et il n’avait pas l’intention de se dérober alors que l’occasion de discuter s’offrait à lui. Arthur avait bien des choses à dire, mais n’était pas certain de trouver les mots adéquats pour tout formuler. Ils auraient pu se serrer la main comme deux inconnus qu’il n’en aurait pas vu la différence. Swann se tenait à distance et le simple fait qu’il lui demande de s’asseoir s’apparentait à un début de torture pour Arthur. Il allait devoir se tenir, ne pas se lever cent fois et s’efforcer de garder toute sa concentration sur son ami. « J’ai voulu appeler après la tempête. » Mais il ne l’avait pas fait. Arthur avait une bonne idée de la raison, mais Swann ne lui laissa pas le temps de rediriger la conversation. « Greta m’a dit qu’elle allait bien. » Autrement dit, il avait eu de ses nouvelles par un tiers. Un long soupir lui échappa alors que son regard vint chercher celui de son ami de toujours. « Est-ce qu’on peut éviter de se servir d’elle comme d’un drapeau blanc ? » Greta n’avait rien à voir dans tout cela. Il ne voulait pas la mêler à la conversation, il n’était même pas certain de vouloir parler de Greta tout court. Il ne savait plus sur quel pied danser avec elle. En réalité, Arthur ne savait plus sur quel pied danser avec tout le monde, ce qui avait tendance à le stresser plus que de raison. « Tu peux commander autre chose si tu veux. » Relevant les yeux vers le serveur qui avait apporté deux tasses de thé fumantes, il lui adressa un sourire poli. « Je vais prendre un café, noir, s’il vous plaît. » Comme si une overdose de caféine allait pouvoir l’aider à contrôler le mouvement incessant de sa jambe sous la table.

« J’ai pensé qu’avec le temps, ta curiosité l’aurait emportée. » Il avait laissé Swann avec la simple information qu’il rejoignait quelqu’un à Sydney. Blessé par la froideur de son ami, il s’était permis une remarque affligeante. Arthur n’était pas fier de lui, mais l’amertume de ce moment l’emportait encore sur sa raison. « J’ai plus vraiment de curiosité quand je suis relégué dernier de la liste en cas de problème. » De tout ce qui s’était passé ce jour-là, Arthur ne pouvait passer outre le fait que Swann aurait préféré infliger douze heures de voiture à son bébé plutôt que de la laisser auprès de lui. « T’es pas juste parti voir un ami sur un coup de tête. » Le constat se tenait là. Et si Arthur avait laissé traîner les choses, ce n’est pas par manque de curiosité, mais bel et bien parce qu’il avait quelque chose à cacher. Quelque chose que Swann serait capable de comprendre en un regard. Dans son égoïsme constant, cherchant à manipuler la situation, Arthur releva les yeux, étirant ses lèvres dans une moue timide. « Ma remarque était déplacée. » Est-ce que Swann allait admettre qu’il n’avait pas été tendre à son tour ?

« Est-ce qu’on peut éviter de se servir d’elle comme d’un drapeau blanc ? » Rares sont les moments où il trouve les arguments d’Arthur sincèrement louables, pour ce qu’ils sont et non pour l’amitié qu’il a noué avec le brun. Aujourd’hui, pourtant, il avoue sans le moindre mal que son ami a raison et que jamais Greta ne devrait être utilisée comme un drapeau blanc, tel qu’il l’a fait avec un naturel déconcertant. L’habitude a parlé avant la raison. « On peut. » Il se contente d’accepter l’idée sans en faire plus, ni tomber dans le dramatique. L’affection qu’Arthur porte à leur amie commune est particulièrement sincère et Swann ne lui enlèvera jamais ça, au moins. Face à lui, Arthur change le thé en café et Swann se garde de tout commentaire à nouveau, son regard simplement posé sur son ami et sur tous les gestes qui sont les siens. « J’ai plus vraiment de curiosité quand je suis relégué dernier de la liste en cas de problème. » Et il le comprend sans mal, Swann. Il comprend sans mal que ce soit la façon dont Arthur ait pu ressentir les choses, tout comme il est très bien placé pour savoir que de son côté, l’objectif recherché n’a jamais été de le faire ressentir un tel sentiment, ou de le reléguer au second plan. Son amitié pour lui a toujours été pleine et entière, mais elle vient avec toute la personnalité et les excès d’Arthur, lesquels sont confrontés à la morale immuable de Swann. « Je pensais pas que tu serais là-bas, c’est tout. » Mais Arthur n’était pas sur la liste des personnes à contacter en cas d’urgence s’il est question de sa fille, en effet.

Lorsqu’Arthur change de sujet, son ami tente de voir en ça l’envie d’aller de l’avant et de construire un dialogue solide. « T’es pas juste parti voir un ami sur un coup de tête. » Non, en effet. Il n’a pas donné les raisons exactes de son voyage, mais il était évident qu’il n’avait pas décidé sur un coup de tête de rendre visite à un ami. Il était encore moins évident qu’il allait trouver un amant, tel qu’Arthur n’a pas hésité à le dire dans les maigres messages qu’ils se sont échangés. « Ma remarque était déplacée. » - « Je veux plus t’entendre sous-entendre que je trompe Rory. » Il ne peut pas se contenter d’en parler à demi-mots, parce qu’il ne veut pas continuer une conversation sans reprendre sur des bases pleinement saines: il l’a dit, il l’a pensé, et Swann est profondément attristé que son ami puisse penser de telles choses de lui autant que de son mariage. Il n’est pas parfait, ils ont leurs sujets de discordes, mais ils se sont toujours suffits l’un l’autre sans que cela ne soit un sacrifice d’une quelconque manière. « Je suis désolé, j’étais pas moi-même. » Il a agi avec Arthur comme s’il était un paria et il le sait très bien, raison pour laquelle ses excuses ne tardent pas à prendre forme, malgré les reproches qu’il tient encore à Arthur. L’un ne peut empêcher l’autre d’exister.

Cependant, il ne sait faire autrement qu’observer l’attitude de son ami qui, lui non plus, n’est pas lui-même. Il est agité, nerveux. Il est d’une pâleur à faire peur au corps médical, et ce sont autant d’indices que Swann ne sait que trop bien comment interpréter, et ce bien malgré lui. « Tu as recommencé ? » La question n’en est pas vraiment une, en réalité. Il a recommencé. Il a consommé, à nouveau. Il a fait s’envoler en fumée tous ses efforts. « C’est pour ça que je protège ma fille, Arthur. » Parce qu’il est trop instable et parce qu’elle n’est qu’un bébé. Parce que ses amitiés sont immuables malgré les obstacles qu’elles connaissent, mais aussi parce qu’il refuse que sa fille en souffre d’une quelconque manière. « J’aurais voulu te la présenter autrement. » Il aurait voulu la présenter à la hauteur de l’amitié qu’il lui porte, parce qu’il méritait au moins ça. « Mais comment tu voudrais être la première personne à laquelle je pense pour s’occuper d’elle quand tu as du mal à t’occuper de toi déjà ? » Et elle est sincère, cette question, parce que Swann aimerait trouver une réponse à tous ces problèmes.

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SWANN & ARTHUR

« Je pensais pas que tu serais là-bas, c’est tout. » Il l’avait bien compris. Swann avait été assez clair lorsqu’il était venu lui ouvrir la porte. Ce n’est pas quelque chose qu’Arthur avait oublié. Il ne s’était pas attendu à le trouver là et il n’avait aucunement eu à cœur de lui adresser la moindre parole. « J’ai bien compris. » Il se devait de le souligner. Comme il se sentit presque obligé d’ajouter. « J’ai pas couché avec elle. Je m’étais endormi sur son canapé. » La précision se voulait pratiquement inutile, mais Arthur eut besoin de remettre les points sur les i. Qu’importe les idées que Swann pouvait se faire, il tenait à lui démontrer qu’il cherchait encore à faire les choses de manière correcte. Le reste ? Cela ne regardait que Greta et ce qu’elle pouvait bien raconter à leur ami en commun, puisqu’ils paraissaient être en contact permanent.

Il y avait bien des choses à dire sur cette rencontre inopinée. S’il avait pu comprendre la surprise que sa présence avait provoqué, Arthur ne parvenait à passer au-dessus de l’accueil froid que Swann lui avait réservé. Il avait conscience de ne pas être la meilleure personne au monde, il n’avait pas besoin que son ami lui répète constamment, mais il avait innocemment pensé être encore assez haut dans la liste pour que Swann l’appelle s’il se retrouvait dans une galère. Il avait laissé sa colère parler et cela n’avait strictement rien à voir avec le sujet de sa rencontre avec la fille de son meilleur ami. « Je veux plus t’entendre sous-entendre que je trompe Rory. » Il s’en voulait. Cela était assez rare pour le souligner, mais Arthur s’en voulait sincèrement d’avoir sous-entendu cela. « Mes mots ont dépassé ma pensée. » Ce n’était pas quelque chose de rare, mais il savait également reconnaître quand il dépassait les limites. Surtout lorsqu’il s’agissait de Swann. « Je sais très bien que tu ferais jamais une chose pareille. » Il prenait la coupe du goujat sans le moindre commentaire, mais jamais il ne s’était imaginé décrire Swann sous cet angle. Il ne prononça pas d’excuse en soi, mais c’était sa façon à lui d’admettre son erreur. Est-ce que cela serait suffisant ? Il ne savait plus réellement ce que Swann attendait de sa part. « Je suis désolé, j’étais pas moi-même. » C’était plus ce qu’il avait imaginé entendre et Arthur hausse les épaules pour lui assurer qu’il avait connu pire. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Pourquoi est-ce qu’il s'était retrouvé dans cet état à vouloir confier sa fille en urgence ? Il ne pourrait pas continuer à prétendre avoir eu un simple rendez-vous à des milliers de kilomètres de là.

Il sentait le regard de Swann sur lui. Il s’efforçait à ne pas croiser son regard, serrant ses mains autour de sa tasse à café, dissimulant sa nervosité en quelques paroles savamment placées. Mais ce n’était pas suffisant pour cacher quoi que ce soit à l’homme qui lui faisait face. « Tu as recommencé ? » La question n’en était pas une, mais Arthur se mit immédiatement sur la défensive. « Non. » Il mentait tel un arracheur de dents. Swann avait déjà repéré tous les signes, alors à quoi bon ? Il cherchait à garder la face quand il était bien incapable de mentir à son ami qui n’avait pas fini de lui dire ses quatre vérités. « C’est pour ça que je protège ma fille, Arthur. » Parce qu’il était un drogué ? La remarque se voulut bien plus blessante qu’Arthur n’aurait pu l’imaginer. « J’aurais voulu te la présenter autrement. » Il aurait voulu ne jamais avoir à lui présenter, surtout. Il sentait son impatience grandir face à cette conversation qui ne lui convenait plus. « Mais comment tu voudrais être la première personne à laquelle je pense pour s’occuper d’elle quand tu as du mal à t’occuper de toi déjà ? » Il eut un rire agacé. « Je suis peut-être con parfois, mais je sais parfaitement que personne ne viendrait me confier un bébé. » Et il n'était pas vexé pour cela. Bien sûr, que Greta était mille fois plus apte que lui à prendre soin de la petite. Ce n’était pas cela le problème, ça ne l’avait jamais été. « Y’a un truc qui allait pas. » Swann ne pouvait plus le nier, il l’avait deviné à la seconde où il lui avait ouvert la porte ce jour-là. « Je t’ai demandé ce qui se passait, tu m’as dit d’attendre. » Il avait respecté le souhait de son ami. « Et après, t'as juste choisi le silence, Swann. » Est-ce qu’il n’était pas au courant, depuis tout ce temps, qu’Arthur n’était pas capable de gérer un tel silence ? « Que tu veuille pas me présenter ta fille, je peux encore m’en faire une raison. » C’était blessant, mais Arthur essayait de ne pas penser à cela depuis que Greta lui avait dit avoir déjà passé plusieurs moments en compagnie de la petite fille et de son père. « Mais je pensais que tu savais encore que si tu m’appelais avec un problème qui te concerne, je saurais répondre présent. » Il aurait pu l’accompagner, lui payer un billet d’avion même. Arthur pensait souvent à tort que son argent pouvait régler bien des problèmes, mais c’était sa façon de prouver aux autres qu’il serait présent pour eux. Et pour Swann. Il serait capable de tout laisser tomber si son ami l’appelait pour n’importe quelle raison, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. « Et j’essaye de gérer comme je peux, okay ? » Il se cachait derrière une semi-agressivité qui n’avait rien à faire dans cette conversation, mais qui lui servait de protection malgré tout. Il avait recommencé à consommer, il n’en était pas fier, mais Arthur n'était plus certain de savoir faire pour se sortir de cette spirale dans laquelle il ne cessait de replonger à la moindre contrariété.

« J’ai bien compris. J’ai pas couché avec elle. Je m’étais endormi sur son canapé. » Tout en passant ses doigts sur ses yeux pour les frotter un instant, Swann souffle doucement. « Je te demande pas des comptes. » Et il est sincère sur ce point: il n’a jamais cherché à leur demander comment ils ont occupé leur nuit et cela ne lui est pas venu à l’esprit non plus. S’il tient à connaître l’état de leur lien, qui n’a de cesse de changer, il n’a pas à cœur d’avoir plus de détails et d’explications que les simples grandes lignes. C’est justement parce qu’il ne cherche pas à obtenir trop d’informations quant à sa vie privée qu’il pensait naturellement qu’Arthur ne s’intéresserait pas à la sienne non plus: une vie de marié et désormais père de famille, cela n’a rien d’amusant pour lui. Il a été jusqu’à lui inventer une aventure qui n’existe pas et n’existera jamais, ce qui est un point qui a largement contribué à vexer Swann. L’anglais lui en fait part sans détour, peu enclin à rire au détriment de son couple. « Mes mots ont dépassé ma pensée. Je sais très bien que tu ferais jamais une chose pareille. » Et Swann hoche la tête tout en comprenant que c’est sa façon de lui présenter ses excuses. Il les accepte et n’enfonce pas davantage le couteau dans la plaie, ni ne cherche d’autres explications. Arthur s’est expliqué, et c’est tout ce qui importe: il ne le pensait pas non plus ; c’est ce qui importe aussi. A son tour, il s’excuse pour son propre comportement, conscient d’avoir tout autant dépassé les bornes à sa façon. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » La question est plus large et il n’a aucun mal à comprendre qu’il est surtout en train de lui demander qui il allait voir, si ce n’était pas un amant, ni même une amante. « J’ai reçu un message de Ginny. Juste comme ça, du jour au lendemain. » Il ne précise pas qui est Ginny pour lui puisque malgré le peu d’attention qu’il porte à autrui, Swann veut tout de même penser qu’il se souvient du prénom de sa famille supposée. « Elle m’a demandé d’aller la chercher à Sydney. Et c’est ce que j’ai fait. » C’est ce qui explique aussi pourquoi il ne voulait pas faire le chemin avec Robin et a préféré la laisser à la bonne garde de Greta.

« Non. »
Oui.

Il a recommencé, et Swann se contente de grommeler un « Ok. » qui laisse aisément comprendre qu’il ne croit pas un traître mot qui sort de sa bouche. « Je suis peut-être con parfois, mais je sais parfaitement que personne ne viendrait me confier un bébé. » Et bien qu’il ne défende pas les mots employés par Arthur, il est néanmoins d’accord avec le fond. Lui confier Robin n’est pas une idée qu’il aurait pu avoir de lui-même, et il ne l’aurait toujours pas eu s’il avait été question d’un autre enfant n’étant même pas le sien. Arthur a des qualités, des belles qualités, mais Swann a du mal à lui faire confiance dès qu’il s’agit de s’occuper d’un petit être maladroit et sans aucun instinct de survie. « Y’a un truc qui allait pas. Je t’ai demandé ce qui se passait, tu m’as dit d’attendre. Et après, t'as juste choisi le silence, Swann. » Conscient de sa part d’erreur dans cette histoire, Swann souffle doucement. Il n’a pas eu la meilleure réaction qui soit, c’est un fait, mais il n’était pas lui-même non plus et avait la tête ailleurs. Il se voyait déjà à Sydney, sans pour autant arriver à anticiper si Ginny serait bel et bien présente aussi. « Je pouvais pas tout t’expliquer en deux minutes. » Ce n’est pas une discussion qu’il voulait avoir à la volée, encore moins alors qu’il était incapable de répondre à toutes les questions tant il était le premier à ne pas avoir connaissance de l’entièreté du tableau. « C’est une discussion qui méritait plus de temps et je le prends là. » Et il se trouve aussi quelques excuses au passage, sans doute, mais il a bel et bien réfléchi à la situation sous cet angle: Ginny mérite une discussion digne de ce nom.

« Mais je pensais que tu savais encore que si tu m’appelais avec un problème qui te concerne, je saurais répondre présent. »
« Je suis pas un oiseau tombé du nid. Je peux me débrouiller seul. »

Il répond désormais avec un brin d’agacement, sa patience mise à mal par l’éternel besoin de ses proches de le protéger de tout et son contraire, même dans une situation où il n’y avait rien dont il devait se protéger. Personne n’aurait pu aider non plus, et même si Rory avait été à Brisbane à ce moment-là, il aurait pu accepter son aide au seul titre de se relayer pour conduire. Du reste, il devait gérer seul. « Et j’essaye de gérer comme je peux, okay ? » Le ton monte aussi peu à peu de son côté et Swann s’enfonce dans son dossier pour ne pas jouer le jeu de l’escalade. Ce serait la dernière chose qu’il voudrait. « Tu as repris après ma visite ? » Il demande, ses dents autour de sa lèvre inférieure. Est-ce que tout est de sa faute, en réalité ? Il ne se le pardonnerait jamais, c’est un fait, mais il a tout de même besoin de connaître la réponse. « Avec quoi ? » Cocaïne, héroïne ? Une petite nouveauté ? Quel sera son poison, cette fois ?

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SWANN & ARTHUR

« Je te demande pas des comptes. » Et pourtant chacun paraît se justifier pour les bons comptes. Dans la tension qui n’avait de cesse de s’étirer entre eux, les deux hommes tentaient de s’excuser au détour de quelques phrases sélectionné avec prudence. Arthur ne prenait jamais la peine de reconnaître une erreur, l’exception se voulant toujours d’être Swann. Il avait conscience, malgré tout, d’avoir franchi une certaine limite et surtout, s’il se faisait son avis sur tout et n’importe quoi, il savait Swann incapable du comportement dont il l’avait si injustement accusé. Néanmoins, il n’abandonnait en rien le désir de comprendre ce qui avait bien pu se dérouler ce jour-là. « J’ai reçu un message de Ginny. Juste comme ça, du jour au lendemain. » Il eut un temps d’arrêt. « Elle m’a demandé d’aller la chercher à Sydney. Et c’est ce que j’ai fait. » Quelques secondes pour réaliser à quel point le prénom lui paraissaient familiers. Arthur avala sa gorgée de café dans un toussotement. « Ginny ? Comme dans ta demi-sœur, Ginny ? » Il ne pouvait s’agir que d’elle, il en avait pleinement conscience, mais la réalisation lui paraissait folle. Et comme ça, elle lui avait envoyer un message sorti de nulle part ? Arthur sentait un million de questions s’armer sur le bord de ses lèvres, mais comme toujours Swann démontrait une parfaite maîtrise dans l’art de détourner l’attention. Ses propres questions se voulant plus pointues que ce qu’Arthur était prêt à admettre.

Et comme ça, sans prévenir, la tension s’étirait encore un peu plus, la corde prête à céder à chacun nouvelle inspiration de l’un ou de l’autre. « Je pouvais pas tout t’expliquer en deux minutes. » Non, clairement. Comment justifier la réapparition d’un fantôme en une seule phrase ? Mais il aurait pu dire quelque chose malgré tout, Arthur ne pouvait pas en démordre. « C’est une discussion qui méritait plus de temps et je le prends là. » Après des semaines de silence et assez temps pour détourner la conversation autour d’Arthur à de multiples reprises. « Je t’en prie, ne te force pas pour moi. » Après tout, à quoi bon revenir là-dessus lorsqu’il paraissait clair que Swann n’en avait pas vraiment le cœur. Et si Arthur avait laissé les vannes s’ouvrir, multipliant les remarques, et les reproches, il n’était plus certain de se trouver sur un niveau de compréhension avec l’anglais. « Je suis pas un oiseau tombé du nid. Je peux me débrouiller seul. » Par politesse, il hocha la tête, laissa le temps aux paroles de Swann de flotter dans l’air, avant de trancher dans le vif. « Et quand elle disparaîtra, encore une fois, tu te débrouilleras tout seul ? » A son souvenir, cela n’avait pas été un franc succès la première fois. Arthur se demandait bien pourquoi il s’épuisait à vouloir faire mieux quand Swann l’accueillait ainsi.

Et de son côté, Swann paraissait déterminé à déterrer une autre vérité. Leur agacement mutuel venait tinter la direction de leur conversation, tout se voulait à atteindre un certain point de rupture. Comme s’ils avaient réellement besoin de cela. « Tu as repris après ma visite ? » Il en avait conscience, il aurait pu protéger Swann, détourner la vérité, pour ne pas le voir torturer sa lèvre de cette manière, mais son ami lui avait demander la vérité. « Oui. » C’était le cas. Arthur avait repris après la débâcle de cette visite et après que Greta ait cherché à poser des mots sur leur relation. Il s’était laissé bouffer par ses angoisses et avait choisi de retomber dans ce qui lui avait toujours servi de diversion. « Avec quoi ? » Il n’était plus question de défier qui que ce soit ou d’employer un ton tranchant pour dissimuler la vérité. « Cocaïne. » Toujours. Son poison favori, celui qui aura sa peau un jour ou l’autre. « C’était pas… » Ce n’était pas quoi ? De sa faute ? Volontaire ? Pas une fin en soi ? Arthur n’était pas certain de trouver les mots qui pourraient définir cette chute dans son parcours. Loin d’être fier de ses actions, il garda les yeux baissés sur la nappe, ses doigts jouant nerveusement avec sa cuillère. Il n’était pas désolé, mais n’avait jamais voulu trahir la faible confiance de ceux qui avait maigrement cru en lui. « Le dis pas à Greta. » Parce qu’à la fin de la journée, c’est bien tout ce qui l’inquiétait, que Swann aille cafter. « S’il te plaît. » Qu’il n’aille pas ruiner la seule chose à laquelle Arthur s’attachait réellement.

« Ginny ? Comme dans ta demi-sœur, Ginny ? » Silencieusement, il hoche la tête. Ginny, comme celle qu’il ne connaissait pas et qui est devenue sa sœur du jour au lendemain, avant de retrouver le statut d’inconnue sans qu’il ne l’ait jamais voulu. Ginny, dont il n’avait que le prénom à la bouche pendant des années tant il l’aime, tant il se sent à sa place à ses côtés, tant il pensait qu’elle ne l’abandonnerait jamais. « Je t’en prie, ne te force pas pour moi. » - « Arrête Arthur. » Il souffle, fatigué d’avoir aussi souvent l’impression de faire face à un adolescent en éternelle rébellion contre le monde entier, ne pouvant parler qu’avec ironie et jamais autrement. Il l’aime sincèrement lui aussi, mais il a parfois besoin de se remémorer la liste des pourquoi en ce sens quand Arthur est occupé à se rendre détestable. « Et quand elle disparaîtra, encore une fois, tu te débrouilleras tout seul ? » Arthur ne semble pas vouloir y mettre du sien ce soir et bien que Swann soit effectivement habitué à ce genre d’agissement, il accuse néanmoins le coup. Il joue bas aujourd’hui, bien plus que ce à quoi l’anglais s’attendait, et la remarque au sujet de Ginny l’ébranle sincèrement. L’habitude ne fait pas de miracles, et les mots continuent de blesser. « Ne me le demande pas comme si tu t’en souciais. » Il souffle plus bas, bien plus triste qu’en colère. Ses problèmes ne seront jamais totalement ceux d’Arthur, et ce n’est un secret pour personne. Il œuvre pour son propre bien en premier, et celui des autres possiblement ensuite. Possiblement.

Une autre question s’avère être bien plus urgente à l’esprit de Swann, raison pour laquelle il ne tarde pas davantage avant de la formuler et ainsi lui demander s’il a repris la consommation de drogue. « Oui. Cocaïne. » Swann se pince la lèvre. Il s’attendait à ces deux réponses, mais l’entendre est une chose bien différente. Arthur ne tente pas de mentir, et c’est sûrement déjà une bonne chose. « C’était pas… » Volontaire ? Si, bien sûr que si. Swann lui trouve de nombreuses excuses (trop, diraient ses proches) mais il ne pourra pas le faire sur ce point bien précis: Arthur voulait reprendre. Il voulait noyer ses sentiments dans quelque chose d’autre, et il connaissait un remède à tout ça. Il a plongé en connaissant les abysses. « Le dis pas à Greta. S’il te plaît. » Le blond souffle doucement et passe une main dans ses cheveux, en train de réfléchir à sa propre vie et surtout à sa famille ; en train de se demander, surtout, si Arthur vaut la peine d’autant d’implication de sa part, dans une amitié inégale où des miettes lui sont parfois distribuées en retour seulement. « Elle va s’en rendre compte. » Il ne lui dira rien, la promesse est déjà implicite, mais il tient quand même à lui faire comprendre que ça serait une bonne idée de l’en informer. Il peut comprendre ne pas vouloir qu’elle l’apprenne par un autre, mais elle devrait tout de même l’apprendre tout court. Avant d’être mise au pied du mur. « Les NA ? » Est-ce qu’il a arrêté d’y aller ? Est-ce qu’il leur a dit ? Est-ce qu’il veut qu’ils retrouvent le chemin de l’organisation ensemble ? « Je sais même plus quoi te dire Arthur. J’ai l’impression d’avoir déjà vécu la scène dix fois. » A la seule différence qu’il ressent une certaine culpabilité pour aujourd’hui, mais il sait au moins que le fond du problème n’est pas de son ressort. Ce dont il se rend compte, aussi, c’est que toutes les solutions qu’il tente de trouver se heurtent à l’incroyable capacité d’Arthur à tout foutre en l’air. Et Dieu sait qu’il est doué pour ça. « Je pensais que tu commençais vraiment à être heureux, maintenant. » Il l’a lui, il a retrouvé Greta, il a fait un semblant d’ordre dans son quotidien. Il avait tout pour être heureux, bon sang, et il a fallu qu’il foute tout en l’air.

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SWANN & ARTHUR

« Ne me le demande pas comme si tu t’en souciais. » La réplique de Swann se voulait aussi légitime qu’elle pouvait être blessante. Arthur ne le formulerait jamais ainsi, mais il s’en souciait malgré tout. Il avait vu, bien après, bien trop tard même, mais il avait vu ce que cela avait donné la première fois. Il n’était pas passé à côté quand bien même il n’avait pas su agir comme un véritable ami se devrait de le faire. Si Arthur savait acheter l’affection des autres, son argent ne pouvait pas toujours servir pour démontrer l’intérêt qu’il portait à ses proches. Alors si une part de lui se voulait de répondre d’une manière bien plus sarcastique encore, il se contenta de hausser les épaules. Ce n’était pas un geste d’ignorance, mais plutôt le seul rempart qu’il avait trouvé pour ne pas montrer à quel point les mots de Swann savait également le blesser. Et tout le reste passa sous silence, alors qu’il lui serait si simple, pourtant, de marmonner qu’il se soucie de son bien-être. « C’est pas ce que je te souhaite. » Il n’oserait jamais espérer une deuxième déception pour son ami, mais est-ce que ses mots avaient encore de la valeur aux yeux du blond ?

Arthur n’était plus certain de vouloir poursuivre cette discussion. Encore moins quand Swann paraissait s’acharner à lui arracher la vérité d’une situation dont il ne pouvait être fier. Il avait su retrouver le chemin de ses vieux démons, incapable de dire non à la facilité que lui offrait la cocaïne. Une illusion qui venait à dompter ses angoisses sans jamais réellement lui venir en aide. « Elle va s’en rendre compte. » Il l’avait lu sur ses traits dès qu’il avait passé le pas de la porte, en quoi cela pourrait bien être différent avec Greta. Elle qui connaît tous les signes avant-coureurs, elle qui restait la seule à pouvoir l’approcher d’aussi près. « Je sais. » Bien sûr qu’il sait. Il va devoir lui en parler, mais trouver les mots s’apparentait à vouloir grimper l’Everest à main nue. Le regard fixé sur la table, les mains se tordant sur ses cuisses, Arthur rêvait de se faire avaler tout entier par la nappe. « Les NA ? » Il voudrait lui demander de l’y accompagner encore une fois, mais les mots se retrouvèrent bloqués dans le fond de sa gorge. « J’y suis allé hier, mais Malone était pas là. » Et Dieu sait qu’Arthur ne parlera à personne d’autre. Un inconnu au courant de sa situation, c’était déjà une personne de trop. On lui avait proposé de rester, il avait retrouvé sa chaise au fond de la salle et son silence éternel. Personne n’avait entendu le son de sa voix et il n’avait rien écouté de ce qui avait pu se dire au cours de la séance de groupe. « Je sais même plus quoi te dire Arthur. J’ai l’impression d’avoir déjà vécu la scène dix fois. » Par instinct, pour sauver la face, il haussa des épaules encore une fois, sans pour autant trouver le courage de croiser le regard de son ami. Il n’y avait rien à dire, tout simplement. Swann allait se lasser plus vite encore que les dernières fois et Arthur sentait sa gorge se verrouiller à l’idée même. Un éléphant venait de prendre place contre son plexus, usant de tout son poids pour écraser ses poumons. « Je pensais que tu commençais vraiment à être heureux, maintenant. » Cette fois, le haussement d’épaule se voulait un automatisme bien plus qu’un biais de réponse. Il en était désormais sûr, il ne croiserait plus le regard de Swann pour le reste de cette conversation. Comment lui dire que lui, Arthur Coventry toujours sûr de lui, se voyait paniquer à la moindre intention d’affection que lui présentait Greta ? Il avait paniqué. Celui qu’il considérait comme son meilleur ami ne voulait plus se tourner vers lui et en contrepartie la femme qu’il pensait ne jamais revoir lui ouvrait de nouveau les bras. Arthur avait pris peur, submerger par des sentiments qu’il pensait avoir enterrés avec son overdose et tous les échecs qui l’avaient précédé. Avec l’esprit clair, il s’était mis à laisser ses pensées l’assaillir de nouveau, il avait repris les hypothèses et les plans sur la comète. « J’ai pas su… » Pas su quoi ? Il n’était même pas sûr de savoir formuler ce qui avait bien pu foirer dans son putain de cerveau pour y retourner aussi facilement. Il avait voulu que le tourbillon de pensées se calme, il ne voulait plus subir la pression que son père mettait sur ses épaules avec ce fichu projet et il était allé chercher le seul anesthésiant qui faisait encore de l’effet. « J'avais besoin d'une pause. » qu’il marmonna dans sa barbe, le regard rivé sur sa tasse à café désormais froid. Il ne sait pas dire, qu’il ne voulait pas le décevoir, qu’il ne voulait pas voir des regrets dans les prunelles de Greta.

Arthur n’était pas du genre à se justifier. Ses actions, ils les avaient toujours assumés la tête haute et avec son sarcasme comme seule arme de défense. Mais face à l’évidente déception de Swann, il ne pouvait que ressentir à nouveau cette haine qui s’était accaparée de lui le soir où il avait craqué. Son père lui avait jeté une pression monstre, Greta lui avait demander de définir leur relation, et l’anxiété avait gagner le combat. « Je voulais juste aller à UNE soirée pour décompresser. » Il savait à quel point Arthur était un fêtard dans l’âme et que sortir après une longue journée se voulait d’être son sas de décompression préféré. « J’ai retrouvé un pote qui consomme même pas, il m’a entraîné dans un bar. On devait juste boire un whisky, pas se retrouver à côté d’une table où ça s’enfilait des lignes sans discrétion. » Arthur s’abstiendra de mentionner que la personne qui lui avait servi de la poudre sur un plateau se trouvait être parmi la liste des invités du mariage du blond. Arthur était en colère, mais pas contre Swann, non contre lui-même. D’avoir cédé aussi facilement, de ne même pas avoir cherché à lutter. « Je sais même pas pourquoi je te dis tout ça… » Swann l’avait dit lui-même, il se lassait de revivre cette conversation. Arthur n’avait jamais cherché à lui expliquer auparavant, mais il n’était même pas sûr que l’anglais aller l’écouter réellement. « Tu vas me dire que je pouvais tout simplement m’en aller. » Il l’avait pensé lui aussi, avant de parler avec Mickey, avant de jouer avec sa curiosité. Arthur avait hésité, quelques minutes, mais l’autre avait su se montrer convainquant et dans un élan d’entêtement, il avait voulu se prouver qu’il était capable de se limiter. Tout s’était cassé la gueule à la seconde où il avait retrouvé les sensations de la poudre. Et il avait remis la main dans l’engrenage sans savoir comment s’en sortir à nouveau. En parler se voulait un cri du cœur, même si Arthur n’en avait pas pleinement conscience en cet instant.

« J’y suis allé hier, mais Malone était pas là. » Il ne peut donc pas reprocher à Arthur de ne pas avoir fait d’efforts, tout comme il ne peut pas reprocher à Malone d’avoir lui-même une vie et de ne pas pouvoir se rendre à toutes les réunions. En réalité, cela n’aide en rien sa compréhension de la situation, ou tout simplement de son ami. Face à son ami, il se montre plus transparent que jamais lorsqu’il lui avoue ne plus savoir quoi lui répondre, ni même comment agir. Swann continue de croire qu’il existe une résolution possible à toute cette histoire, mais il ne sait pas laquelle. « J’ai pas su… J'avais besoin d'une pause. » Une pause de quoi ? De bonheur ? Cela ne se peut. « De quoi ? » Il demande, non pour piéger Arthur mais simplement pour arriver à le comprendre un minimum. Il continue de penser que s’il peut arriver à le croire, alors il pourra arriver à trouver une solution à ses côtés, pour lui.

Face à sa nouvelle justification, pourtant, Swann roule des yeux. « Je voulais juste aller à UNE soirée pour décompresser. » Lentement, bruyamment, il souffle. « T’es sérieux ? » Est-ce qu’il vient d’anéantir des mois entiers d’efforts, tout ça pour une soirée comme il le dit lui-même ? Est-ce qu’il a été à ce point égoïste, à prioriser quelques heures d’amusement contre une vie entière qui aurait pu être bien plus saine et stable ? Parfois, Swann oublie à quel point son ami arrive à se montrer égoïste sans même s’en rendre compte. « J’ai retrouvé un pote qui consomme même pas, il m’a entraîné dans un bar. On devait juste boire un whisky, pas se retrouver à côté d’une table où ça s’enfilait des lignes sans discrétion. » D’un signe de la main, il lui demande de se taire tout en lui faisant comprendre qu’il ne veut pas entendre davantage de cette histoire. Arthur s’est laissé emporter et même en voyant la finalité arriver, il n’a pas eu la force de dire non. Il a pensé à son amusement et à son amusement seul: il précise qu’il n’a pas été forcé et qu’il a simplement suivi son instinct et ses envies. « Tu vas me dire que je pouvais tout simplement m’en aller. » C’est exactement ce qu’il pense, en effet. Malgré toute son empathie, il a du mal à comprendre comment Arthur peut reproduire les mêmes erreurs encore et encore sans jamais entrevoir les prémices d’un début de mauvaise idée. A moins qu’il sache parfaitement les lire, justement. « Qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ? » Il replace son dos contre le siège et s’écarte un peu, plus sincère que jamais: aucune de ses méthodes n’a fonctionné jusqu’à maintenant, alors il s’en remet à Arthur. Après tout, il est bien placé pour comprendre la situation. « Je veux t’aider, tu le sais, mais s’il suffit d’un ami pour en arriver là… » Il ne peut pas lutter, tout simplement, pas alors que céder est simple comme bonjour mais que remonter la pente est une véritable épreuve. Tout est inégal. « Je vais pas te répéter le même discours, Arthur, mais je sais plus quoi te dire. » Il a l’impression de tout avoir essayé, tout comme il a l’impression que cela ne suffit toujours pas, et ça le fout en l’air à son tour puisqu’il nourrit une impression qu’il pensait vaincue: celle de ne pas être suffisant.

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frequency of trouble

SWANN & ARTHUR

Ils n’étaient pas faits pour se comprendre. C’est la conclusion qui lui sauta à l’esprit tandis que Swann paraissait perdre patience face à lui. « De quoi ? » Est-ce qu’il ne voyait pas la pression qu’Arthur s’auto infligeait ? Pourtant, il serait de ceux aptes à comprendre. Pour beaucoup cela ne justifiait en rien les consommations de drogue dure, pour Arthur c’était la porte ouverte à toutes les permissions. Une angoisse ? Trop de boulot, pas assez de temps pour dormir ? Trop de changement dans sa vie ? Tout se voulait être la justification parfaite à ses yeux. Et si participer à cette soirée n’avait pas été la plus brillante des idées, Arthur ne comprenait pas l’excès de colère qui irradiait de son ami. « T’es sérieux ? » La conversation commençait à l’agacer. « Tu veux quoi, que je reste enfermé chez moi ? » Il devenait la pire version de lui-même dès que l’on venait à contredire ses actions. Arthur refusait de s’entendre dire que sa condition le vouait à toujours devoir faire attention.

La tension se voulait désormais palpable. Un face à face inéquitable entre le justicier qui se voulait de trouver du bon derrière la façade égoïste de celui qui ne voulait être sauver. C’est bien là que résidait tout le paradoxe qui faisait d’Arthur une personnalité ô combien complexe. Il refusait la main tendue de Swann tout en restant terrorisé à l’idée même que ce dernier lui tourne le dos pour de bon. « Qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ? » Rien. Ou tout. Arthur n’était plus certain de ce qu’il voulait dire, de ce qu’il pouvait encore réclamer. Il voulait toute l’attention sans jamais devoir rendre des comptes. Il voulait l’amitié sans réellement avoir besoin de faire le moindre effort. Et une part de lui avait conscience que rien ne pouvait fonctionner dans une telle dynamique. « Je veux t’aider, tu le sais, mais s’il suffit d’un ami pour en arriver là… » D’une soirée, d’une tentation. Il avait cédé comme un enfant que l’on aurait laissé seul dans un magasin de bonbons. Arthur n’était pas fier de lui et pourtant il s’évertuait à bomber le torse, incapable d’avouer qu’il avait flanché avec trop d’aisance. « Je vais pas te répéter le même discours, Arthur, mais je sais plus quoi te dire. » Et dans tout cela, Arthur lu ce qu’il n’avait peut-être jamais réellement pris le temps de déceler auparavant. Dans un élan de confession, voulant garder la conversation entre eux, il se pencha vers Swann. « Ne deviens pas un étranger. » C’est bien tout ce qu’il pouvait encore lui demander. « S’il te plaît ? » Est-ce qui lui accorderait encore son amitié malgré ses failles ? Il n’avait jamais été question de faire ressentir la moindre culpabilité à Swann. Pour cela, Arthur préférait taire le nom de celui qui lui avait donné accès à la drogue. Il ne joue pas cette carte, pas alors que Swann paraissait à bout de force. « J’ai pas besoin que tu me sauve, j’ai juste besoin d’un ami. » Qu’importe la définition que chacun semblait donner à ce mot.

Et si la conversation à perdurer quelques minutes encore, Arthur ne voulait pas abuser du temps de Swann. Il avait sorti quelques billets de sa poche avant de se pencher à nouveau vers lui. « Prends soin de ta famille. » Il lui adressa un sourire, celui de façade, celui qu’Arthur dégaine à tout va. « On s’appelle. » Il gardera contact, il l’espérait en tout cas.