catastrophic blues

@rhett hartfield

lieu: flashbacks.
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Heathrow grouillait de monde, de gens pressés et n’avaient pas spécialement le temps de se poser pour permettre au reste de la planète de prendre le temps de tourner - contrairement à la tête de Ruben qui, avait le décalage horaire, avait un brin tendance à le faire souffrir en cet instant. C’était ça, où les trois coupes de champagne qu’il avait pris à la fin du vol avant qu’ils ne servent le petit déjeuner qui n’aidait pas - mais il préférait se dire que c’était les heures remontées sur le cadran qui avaient cet effet. Attrapant sa valise alors qu’il la repérait sur le tapis roulant, il ne prit qu’un instant pour se rendre en direction des transports en commun; il avait beau être le frère de l’une des raisons pourquoi l’aéroport était autant fréquenté en cette période, ce n’était pas pour autant qu’il avait le droit à un traitement de faveur. Qui plus était, il l’aurait surement refusé si cela lui avait été proposé - cela lui laissait davantage de temps pour ruminer seul dans son coin quand à l’idée même d’être venu jusqu’ici conformément au plan de base alors qu’il n’y voyait plus grand intérêt. D’accord, il allait assister à un événement sportif mondial important, et accessoirement voir son frère jouer dans ce dernier, mais ce n’était pas pour cette raison là initialement qu’il avait décidé de se rendre à Londres, et il ne pouvait réparer cette partie là de l’histoire.

Le point qui serait rendu positif dans les jours à venir en revanche, c’était le fait que c’était la première fois que Ruben se rendait en Angleterre - les quelques jours de congés qu’il avait pris cette semaine serviraient à découvrir ce pays de l’autre côté de la planète où apparemment le soleil n’avait pas encore été invité. Comme au sein de l’aéroport, dans les transports et dans la ville, les gens avaient l’air pressés et se pressaient pour arriver plus vite à leur destination. Bien qu’il parle la même langue, Ben savait que tout dans son allure et dans son regard soulignait qu’il était un touriste ici ne sachant trop quoi faire de sa présence - ce n’était pas pour le rendre ravi, lui qui avait l’habitude de se sentir chez lui à peu près partout, pour n’importe quelle raison. Une fois de plus, il confirmait silencieusement que ce n’était peut-être pas une si bonne idée d’être venu ici. Il récupéra les clefs de sa chambre d’hôtel, posa ses affaires en chambre, passa rapidement sous la douche avant de repartir dans les transports pour atteindre une autre adresse.

Il n’avait même pas pris le temps de prévenir ses parents - surtout sa mère - qu’il était arrivé sur place, et cela commençait à se voir sur son téléphone puisque ce dernier recevait un message toutes les vingt minutes en moyenne lui demandant s’il était toujours en vie. Il prit le temps d’écrire à la matriarche Hartfield avant de sortir du métro pour atterrir à l’adresse qui consistait en un lieu de rendez-vous pour lui et Rhett. Il n’avait pas prévenu ce dernier non plus qu’il était bien arrivé en Angleterre, mais ils avaient établi ce rendez-vous là depuis des jours, alors il ne voyait pas l’intérêt d’en faire des caisses là où son frère se tenait déjà assis à l’une des tables du restaurant. Le ventre de Ben fut le premier ravi de ce choix d’endroit, lui qui ne savait plus trop s’il avait faim ou si le décalage horaire lui faisait perdre la tête. « Salut. » Qu’il lança en se glissant derrière la table du côté opposé à celui où son frère s’était installé. Pas d’accolade, encore moins une bise: ils n’étaient pas dans une période de leur relation où ce genre de geste se trouvait être normal. « T’as le bonjour de papa et maman. Enfin, surtout de maman. » Comme s’ils s’étaient vus la veille et qu’ils prenaient des nouvelles l’un de l’autre tous les quatre matins alors que leurs chemins ne s’étaient pas croisés depuis des semaines et des mois surtout. Parce-qu’ils n’étaient pas des frères à prendre des nouvelles l’un de l’autre régulièrement - pas assez en tous cas pour que Garrett soit au courant que là où Ben lui avait dit venir accompagné pour cette semaine à Londres, il viendrait finalement seul depuis l’Australie. « J’espère que ce resto est bon, j’ai faim. »

(londres, 2016) La ville est en ébullition. Plus encore qu’à son habitude, en réalité. La finale de la coupe du monde arrive à grand pas et l’équipe de Rhett est toujours en lice. Qui plus est, les matchs ont lieu dans ce pays qu’il considère désormais comme sien. Bientôt, très bientôt, la finale se déroulera à Eccles et il est persuadé qu’ils remporteront un titre face à l’Irlande. Le temps lui donnera raison, surtout alors que son frère a prévenu venir lui rendre visite pour l’occasion - bien sûr qu’il n’y avait qu’une finale de coupe du monde qui aurait pu amener Ruben à quitter sa très chère Australie. Moins lui a toujours paru insignifiant, et il n’a jamais fait l’effort de cacher le fond de sa pensée à ce sujet. Aujourd’hui est pourtant un jour différent.

Ils ont convenu d’un rendez-vous dans un restaurant choisi par Rhett, assez élitiste pour qu’ils ne risquent pas d’être importunés par qui que ce soit. Le genre de lieu qui prouvera à Ruben que son grand frère a réussi, quoiqu’il en pense et quoique l’absence de diplôme de médecine puisse laisser penser. Il peut s’offrir ce genre d’endroits ; il a réussi. « Salut. » Il arrive comme s’ils s’étaient quittés le matin même, ou tout au pire au dernier repas de famille survenu la semaine passé. Si Rhett assimile sans mal sa fatigue au vol et au décalage horaire, il en profite pour ajouter sa mauvaise humeur à l’équation aussi. « T’as le bonjour de papa et maman. Enfin, surtout de maman. » - « Je sais. Je l’ai eu au téléphone, parce que tu ne répondais pas au tien. » Parce qu’elle continue de les traiter comme s’ils étaient de véritables enfants alors que même Ruben a fini par devenir majeur à son tour. « J’espère que ce resto est bon, j’ai faim. » Rhett accuse une seconde de silence, pas vraiment déçu par l’attitude de son frère mais tout de même déboussolé qu’il ne fasse pas semblant d’être heureux de le revoir. Au moins un minimum. « C’est le préféré de Mabel. » Et puisque sa petite-amie a des goûts particulièrement demandeurs, cela explique que le restaurant est particulièrement réputé à son tour. Il y mangera bien, donc. « On attend ton ami pour commander, non ? » Ruben semble impatient et Rhett peut le comprendre, mais il tente au moins de ne pas sembler impoli face à un homme qu’il ne connaît pas mais à qui son frère a fait traverser la moitié du globe pour venir le voir. Cela peut excuser que, même s’il a lui aussi faim, ils peuvent l’attendre quelques minutes. « Il fume ? » Première hypothèse lui venant donc à l’esprit pour expliquer son retard. « Tu sais que t’as pas de correspondance à choper, pas vrai ? Parce que t’as l’air prêt à repartir d’une seconde à l’autre, enlève au moins ta veste. » Il semble agité et ce n’est pas un état qu’il assimile facilement à son petit-frère, raison pour laquelle il tente d’apaiser les choses, sans pour autant avoir la moindre idée du contexte derrière son attitude.

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« Je sais. Je l’ai eu au téléphone, parce que tu ne répondais pas au tien. » Relevant son regard vers son ainé, Ben fronça quelque peu le bout du nez. Il savait que de laisser de côté son téléphone en arrivant en Angleterre n’était pas une bonne idée - bien sur que leur mère allait décrocher le sien pour contacter l’autre fils sur place pour savoir si le petit dernier était arrivé sans encombre. « Elle fait trop confiance aux compagnies aériennes pour partir du principe que je suis arrivé ici sans aucun retard. » Il aurait, sinon, pu aussi l’appeler à peine un pied mis sur le sol britannique; mais ce n’était pas la chose principale qu’il avait eu en tête, et un message envoyé une fois qu’il était dans le métro était autant recevable qu’un appel alors qu’il n’avait même pas encore pris le temps de calculer l’heure qu’il pouvait bien être en Australie à ce moment là. Il était davantage ravi surtout par l’idée de manger quelque-chose, alors que son ventre criait famine comme s’il l’avait abandonné pendant des jours - ensuite viendrait le moment où il pourrait retrouver son lit et dormir pour la première fois en il ne savait combine de temps une dizaine d’heures d’affilé. « C’est le préféré de Mabel. » Qu’il entendit Rhett lui répondrait presque machinalement, alors qu’il s’installait à sa place, déjà prêt à attraper la carte pour faire sa sélection. « J’espère qu’elle a de bons gouts alors. »

« On attend ton ami pour commander, non ? » A ces mots là cependant, toute l’anticipation positive quand à ce moment chez Ruben s’évapora; peut-être aurait-il du mentionner le fait que Louis ne serait pas des leurs avant d’arriver sur place, finalement. Ses gestes se virent être ralentis, et son regard fuyant alors que jusque maintenant, il n’empêchait pas ce dernier de se poser sur le visage de son frère. « Il fume ? » Ta gueule, Rhett - il ne jurait déjà pas à l’époque, ce n’était donc pas quelque-chose qui allait se faire entendre en cet instant. « Tu sais que t’as pas de correspondance à choper, pas vrai ? Parce que t’as l’air prêt à repartir d’une seconde à l’autre, enlève au moins ta veste. » Un rire gras se fit entendre côté cadet. « J’aurais préféré être en correspondance crois moi. » Et même lui entendit la dureté de ses mots, alors que cette dernière n’était pas justifiée. Pour une fois, Rhett n’était rien d’autre que bienveillant avec lui - il n’était cependant pas disposé à entendre de telles paroles et de voir un tel comportement, surtout pas venant de lui.

Soupirant longuement et lassement, Ruben se frotta les yeux avec l’une de ses mains, alors que l’autre était posée sur sa hanche. Ce n’était pas de cette façon là que les autres auraient du se passer pour ce voyage en Europe, et il se rendait bien compte que d’avoir continué à penser que cela pouvait quand même se faire malgré les circonstances changées, ça avait été idiot de sa part. Surtout que s’il y avait bien quelque-chose qu’il ne supportait pas, c’était de montrer la moindre faiblesse face à ce frère qui n’en avait que peu à faire des personnes qu’il avait en arrière. « Qui, exactement, on attend pour commander ? » Son ami, comme disait-il; c’était tellement une façon bien à Garrett d’expliciter la situation. Relevant son regard vers l’autre Hartfield de l’autre côté de la table, attrapant les cartes du restaurant au passage, il lui en tendit une. « Je suis curieux de savoir quelles informations maman donne dans mon dos, alors je t’en prie. » Bien sur que ses paroles étaient trop sèches, trop sarcastiques aussi pour la situation. Il n’avait pas besoin de réagir comme il le faisait - et en même temps, Rhett était bien l’une des rares personnes face à qui il pouvait se permettre de réagir de la sorte. Autant parce-qu’ils étaient frères et que tout pouvait plus ou moins se faire pardonner dans cette configuration là, que de toutes façons leur relation n’avait jamais été au beau fixe et qu’il était simple de le faire partir au quart de tour quand il y avait besoin de faire sortir ses propres émotions de son côté. Pour Ruben, c’était forcément une situation gagnante que de continuer à insuffler de l’énergie dans cette faille qui représentait en réalité la détresse de son coeur face à une situation qu’il avait anticipé comme étant un point important de son année.

Tout ce qu’il se dit, c’est que ça lui apprendra à se montrer patient et avenant, parce que tout ce qu’il récolte de la part de son frère sont des rires gras et des œillades lourdes de reproches. Après des années sans s’être vus, il avait espéré quelque chose d’un peu plus ambitieux, mais il se rend maintenant compte que c’était sans doute bien trop optimiste de sa part. Un chien restera toujours un chien ; et s’il a la rage, tout est bien pire encore. « J’aurais préféré être en correspondance crois moi. » - « Personne te retient. » Il grogne à son tour, après avoir passé des heures à tenter de négocier auprès de Mabel qu’elle soit présente à ce repas, pour enfin rencontrer son frère et lui parler au moins une fois dans sa vie. Un repas, juste un repas ; mais elle a refusé, éternellement trop occupée et proche de son strict régime de star des podiums. Maintenant, il est soulagé qu’elle n’assiste pas à ce combat de coq, qui a apparemment débuté avant même qu’ils se retrouvent. Ruben est d’humeur massacrante, plus encore qu’à son habitude, et il doute que tous les reproches puissent incomber au décalage horaire.

Lorsque Ruben souffle longuement, Rhett se retrouve avec l’espoir qu’il compte prendre sur lui et arrêter de jouer au plus con. Une fois encore, cela a pourtant ressemblé à un espoir utopique. « Qui, exactement, on attend pour commander ? » - « Bah… » Et il hésite, finalement. Il se demande s’il n’a pas rêvé que son ami devait venir, il se demande s’il ne s’est peut-être pas trompé dans les dates de sa visite. Mais il en est sûr: il a vérifié à deux fois avant de réserver une table pour trois. C’est à peine s’il pose un regard sur la carte du menu, maintenant. « T’étais pas supposé venir avec ce gars ? » Il dit ami parce qu’il ne veut pas aller plus vite que la musique, mais sa mère lui a bien fait comprendre qu’ils étaient ensembles et, qui plus est, heureux - et si Rhett est étonné que son frère soit en couple, il ne l’est pas parce qu’il l’est avec un homme. Il est sincèrement étonné que quelqu’un sur cette Terre soit capable de le supporter, déjà, mais surtout qu’il le fasse volontairement et même de bon cœur. L’adage de tous les frères, sûrement. « Je suis curieux de savoir quelles informations maman donne dans mon dos, alors je t’en prie. » - « Oh arrête, tu sais qu’elle est comme ça avec tout le monde. » Ils ont des nouvelles de l’un l’autre au travers des récits de leur mère. Cela a toujours été le cas et ça l’est d’autant plus depuis que Rhett ne vit plus sur le même continent qu’eux et qu’il oublie assez souvent de donner la moindre nouvelle. « Pourquoi tu commences pas par me dire pourquoi t’es d’aussi mauvais poil ? » Il l’est toujours sur une certaine base en temps normal mais, ce soir, il faut bien l’avouer qu’il bat tous les records.

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« Personne te retient. » - « C’est tout comme. » Ils marmonnaient tous les deux dans leur coin, ils grognaient comme s’ils étaient dans un combat silencieux d’ours - alors qu’en réalité, Ruben savait parfaitement que son frère avait raison: personne ne le retenait d’être ici et personne ne l’avait forcé à monter dans l’avion. Peut-être avait-il eu une discussion avec Jackson qui l’avait convaincu de venir tout de même, même si clairement l’envie d’être présent était absente, mais personne ne l’avait poussé à monter dans l’avion à l’aéroport de Brisbane.

La mauvaise humeur et la mauvais foi surtout de Ben n’étaient dues qu’à l’absence de celui qui, effectivement, ils auraient eu besoin d’attendre pour commander dans d’autres circonstances. Et puisque prévenir avant d’arriver son frère qu’il ne serait finalement pas accompagné avait été quelque-chose d’apparement trop compliqué pour lui à faire, il se devait de faire face à la surprise de Rhett et à ses questions - il voyait ces dernières dans son regard avant même qu’il ne formule la moindre parole à haute voix. « Bah… » Il haussa un sourcil, provocateur bien sur. « T’étais pas supposé venir avec ce gars ? » Il souffla un rire exaspéré par le nez. « Ce gars. » Comme s’il s’agissait du premier venu qu’il avait rencontré dans la rue et qu’il ne lui apportait qu’une maigre importance. Il n’aurait pas du normalement être étonné, là était la façon de Rhett de considérer les choses. Et puis en réalité, ce dernier était parti depuis trop longtemps pour avoir vu à quel point son petit frère pouvait être heureux - et il ne se demandait surement même pas si c’était le cas. Ruben savait bien que leur mère leur donnait à tous les deux des informations sur l’autre - lui les demandait malgré lui régulièrement à leur intermédiaire en commun, il mettait sa main à couper que l’inverse était loin d’être vrai.

« Oh arrête, tu sais qu’elle est comme ça avec tout le monde. » - « Je sais, justement, dis moi. » - « Pourquoi tu commences pas par me dire pourquoi t’es d’aussi mauvais poil ? »

Peut-être que jouer nerveusement avec le bout du couteau posé à côté de son assiette n’était pas une idée de génie alors qu’il sentait l’énervement monter en lui petit à petit - ce ne fut pas une grosse entaille, juste de quoi qu’une ou deux gouttes de sang s’échappent de la pulpe de son pouce. Il jura en silence dans sa barbe inexistante avant de porter le doigt à sa bouche pour effacer la trace de son imbécilité. Mais rien qu’à voir la façon dont il réagissait et à quel point il arrivait à s’énerver plus rapidement que d’habitude, il était plutôt simple de comprendre ce vers quoi sa réponse allait tendre. Il soupira lassement, longuement aussi. « Parce-que c’était lui qui aurait été heureux de venir ici. » Ici désignant en réalité l’événement plutôt que de le lieu réel, mais la précision n’était que détail dans cette histoire. « Et que j’avais hâte de lui faire la surprise. » Parce-qu’il n’était pas romantique mais qu’il était amoureux, alors la différence était devenue floue pendant un instant, un temps. « Et qu’il s’est barré du jour au lendemain sans donner de nouvelles après. Et qu’il m’a abandonné. » Et qu’il m’a brisé le coeur aurait été une bonne façon de terminer son explication, mais qu’il ne saurait avouer ce genre de chose à haute voix et surtout pas devant Rhett. Il le faisait, face à d’autres personnes - il n’avait pas eu trop de mal à le faire face à Ambrose bizarrement, alors qu’ils ne se connaissaient pas depuis aussi longtemps que cela pouvait être le cas pour Rhett et son frère -, mais il n’avouerait pas mêmes les faiblesses les plus voyantes à son ainé. « Jackson m’a assuré que ça me ferait quand même du bien de venir, sauf que j’arrête pas de me dire que tout ce que je vois, c’est Louis qu’aurait été content de les voir. » Même Rhett: pour sur des deux, ce n’était pas Ruben qui aurait été le plus ravi de le voir, malheureusement.

Observer des signes d’anxiété chez Ruben a tout d’inhabituel, si bien que Rhett ne sait même pas réagir avant qu’il finisse par véritablement se blesser en jouant avec son couteau. Lorsque son petit-frère porte son index à sa bouche pour que le sang ne coule pas davantage, Rhett soupire et lui retire le couteau, comme un adulte l’aurait fait face à un enfant incapable de se contrôler. De toute évidence, ce n’est pas ce dernier qui pourrait l’aider à lui expliquer ce qu’il se passe avec ce gars qui ne semble pas pressé de se montrer. « Parce-que c’était lui qui aurait été heureux de venir ici. » Alors Rhett comprend qu’il ne s’agit pas d’un retard, mais bien d’une absence tout court, ce qui pourtant ne peut pas aider Rhett à y voir plus clair. On lui a dit qu’ils viendraient à deux, mais tout ce à quoi il fait face, c’est un Ruben particulièrement de mauvais poil. « Et que j’avais hâte de lui faire la surprise. » - « Mais ? » Il en a marre d’être un enfant face à qui on tourne du pot sans jamais dire les mots, raison pour laquelle il presse Ruben pour qu’il en vienne au fait.

« Et qu’il s’est barré du jour au lendemain sans donner de nouvelles après. Et qu’il m’a abandonné. »

Et cette fois-ci, effectivement, Rhett n’a plus aucune envie de s’amuser de la situation. Il comprend par la même occasion que son attachement était sincère, tout comme il comprend que son chagrin l’est tout autant, même pour un homme aussi peu apte à aimer que l’est Ruben. « Je suis désolé. » Il l’est sincèrement, au point où il n’a pas envie de se moquer de lui ou même de rigoler de la situation. Ruben est ce qu’il est, mais même les connards arrogants dans son genre méritent d’être heureux. « Jackson m’a assuré que ça me ferait quand même du bien de venir, sauf que j’arrête pas de me dire que tout ce que je vois, c’est Louis qu’aurait été content de les voir. » Louis, alors. Cette fois-ci, il se promet de noter le prénom en question et de ne plus l’oublier. « Je suis étonné que tu sois quand même venu. » Parce qu’apparemment, il a proposé ce voyage uniquement pour faire plaisir à son (ex-)copain, et Rhett mentirait s’il disait que ça ne le blessait, surtout alors qu’il est question d’un match d’une importance infinie. « Même si on écoute toujours les conseils de Jackson. » Lui, Rhett, Ethel. Même leurs parents écoutent Jackson, parce qu’il est de bons conseils et que Rhett pense encore qu’il a été sur cet exemple bien précis. « Tu crois que c’est vraiment fini ? C’était pas… une dispute ? » Parce que Ruben a sûrement merdé quelque part, non ? Il n’en serait pas étonné et il ne sait faire autrement que d’en faire sa supposition première tant elle lui semble évidente. Il a sans doute été un brin dramatique alors que Louis attend sûrement impatiemment son retour au pays pour qu’ils s’excusent tous deux et reprennent les choses là où ils les avaient laissées.

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Dans d’autres circonstances, il se serait vexé et aurait exprimé son mécontentement sur le fait que Rhett lui retire le couteau avec lequel il ne s’était même pas aperçu jouer jusqu’à s’en faire mal. En cet instant, il était davantage concentré sur le fait que du sang s’échappait de la pulpe de son index plutôt que sur l’auteur du crime en question. Il était aussi bien trop concentré sur ses pensées et sur les émotions que ces dernières lui procuraient pour dire quoi que ce soit à l’encontre de Rhett. Ce n’était même pas contre lui qu’il était en colère aujourd’hui, mais c’était bien contre lui qu’il dirigeait cette dernière parce-que c’était bien plus simple. « Mais ? » Mais la personne qui aurait du se retrouver en face de lui pour ce type de conversation, qui aurait du l’accompagner à ce dîner ce soir n’était pas présente.

Louis n’était plus dans le paysage et c’était là la raison de la mauvaise humeur du cadet Hartfield. « Je suis désolé. » La sincérité et le manque de jugement dans la voix de Rhett firent relever le regard de Ben dans sa direction - ce dernier se trouvant bien plus troublé et empli d’une tristesse qui n’était pas commune chez lui. « C’est pas ta faute t’as pas à être désolé. » Qu’il souffla d’une voix moins revancharde, quelque peu pris de court par le changement de comportement de son aîné. Il n’était pas habitué à être face à cette version là de Garrett, là où les dernières interactions qu’ils avaient eu n’étaient pas des plus amicales. Quand s’étaient-ils d’ailleurs adressés la parole ?

« Je suis étonné que tu sois quand même venu. » Un jour, en repensant à cette discussion, Ruben se rendrait compte d’à quel point il avait été des plus maladroits avec son frère et que ce dernier ne méritait pas tous les sous-entendus que ses mots laissaient derrière eux. Un jour il se rappelait peut être aussi de la bienveillance dont son aîné faisait preuve en cet instant, malgré les circonstances autour et une discussion qu’il avait aussi peu envie d’avoir que lui. Ce jour là n’était pas encore arrivé, si bien qu’aux mots de Rhett, Ben expira un petit rire sans amusement par le nez. « Je suis étonné aussi. » - « Même si on écoute toujours les conseils de Jackson. » - « Même si on écoute toujours les conseils de Jackson. » Qu’il répéta sur un ton davantage las. Il ne serait pas venu s’il n’avait pas insisté que ce serait quand même une bonne idée qu’il prenne l’air, qu’il aille voir du paysage et qu’il s’éloigne quelque peu de Brisbane.

« Tu crois que c’est vraiment fini ? C’était pas… une dispute ? » Pendant un instant, et un autre après, Ruben garda le silence tant la question de Garrett lui semblait autant pertinente, idiote et déplacée - tout à la fois. Et parce-que ce n’était normalement pas le type de discussions qu’ils pouvaient avoir entre eux; une fois encore, il ne se rappelait même pas simplement la dernière fois qu’ils s’étaient parlés sans que ce soit pour s’envoyer des reproches en pleine figure. Et si cela lui avait fait du bien d’échanger sur la question et sur d’autres avec Jackson, le besoin et l’envie n’étaient pas tout à fait les mêmes lorsqu’il se retrouvait avec son autre frère devant lui. « J’ai pas de nouvelles de lui depuis plusieurs mois, il a quitté la ville et réponds même plus au téléphone à ses parents. Tu penses que c’est pas vraiment fini ? » Bien sûr qu’il avait repris son ton sarcastique, disparu momentanément lorsqu’il avait été surpris de voir cet élan de compassion chez Garrett. « C’est pas qu’une dispute. » Il eut un petit rire toujours en rien amusé qui lui échappa alors qu’il secouait sa tête quelque peu de gauche à droite. « Et si c’est ce qu’il en pense, qu’il vienne me voir il va bien être reçu. » Parce-que briser le cœur de Ruben n’était pas donné à tout le monde - tant il le donnait à peu de personnes. Tant était qu’il avait décidé de mettre ce problème de côté pour passer à autre chose, mais visiblement les dégâts étaient plus importants que tout ce qu’il pouvait prétendre et laisser voir.

« C’est pas ta faute t’as pas à être désolé. »
« Merde Ben, laisse moi être désolé. »

Son ton est plus dur mais ce ne sont pas de véritables reproches. Tout ce qu’il tente de lui faire comprendre, c’est qu’il veut être là pour lui et qu’il le sera, surtout maintenant qu’il n’existe plus plusieurs milliers de kilomètres entre eux. Si Ruben refusait catégoriquement d’aborder le sujet, alors il n’aurait pas fait tout ce chemin seul. « Je suis étonné aussi. Même si on écoute toujours les conseils de Jackson. » Rhett ne saurait dire s’il doit la présence de son petit frère uniquement grâce aux conseils de l’aîné, mais n’en reste pas moins qu’il est heureux de voir son profil. Il ne rentre pas souvent à Brisbane, distance oblige, et les occasions de retrouver des membres de sa famille sont rares. Malgré son nouveau rythme de vie et tout le bonheur qui est le sien face à la vie qui lui sourit et lui tend les bras, Rhett n’oublie pas d’où il vient et qui sont ceux qui seront toujours là pour lui.

Avec un brin d’espoir, et tout en connaissant le caractère parfois volcanique de Ruben, son frère se permet de lui demander si tout n’est finalement pas une simple dispute dont ils pourraient rapidement trouver la solution à deux, à son retour. Une vilaine dispute, mais rien de plus. « J’ai pas de nouvelles de lui depuis plusieurs mois, il a quitté la ville et réponds même plus au téléphone à ses parents. Tu penses que c’est pas vraiment fini ? » Rhett grommelle. Ruben s’était bien gardé de lui préciser tous ces points qui, effectivement, n’ont rien de prometteurs et, au contraire, tout pour signifier que le glas de fin a sonné il y a bien longtemps. « Pourquoi est-ce qu’il répond plus à ses parents ? » est surtout la question que Rhett se pose, déjà occupé à s’imaginer un bon millier de scénarios pour expliquer que Ruben puisse avoir merdé dans la relation qu’il entretient avec sa propre famille. Rien de probant ne semble pourtant lui venir à l’esprit. Comment est-ce qu’il a pu faire son coup, et pourquoi son (ex) copain semble avoir préféré s’évaporer de la surface de la Terre ? « C’est pas qu’une dispute. » De toute évidence, non. « Et si c’est ce qu’il en pense, qu’il vienne me voir il va bien être reçu. » Rhett lui répond par un simple coup de pied contre son genou pour lui signifier qu’il agit comme un con. « Mais y’a bien eu dispute, alors. » Ce n’est même pas une question. Les mots de Ruben lui font bien comprendre que oui, dispute il y a eu. « A quel propos ? » La question n’est pas posée dans l’objectif d’assouvir une éternelle curiosité maladive mais bien parce qu’il est persuadé que la raison même de la dispute pourrait expliquer, en partie au moins, les conséquences qu’elles ont amenées. Et il veut savoir comment Ruben a pu merder une relation qui semblait le rendre particulièrement heureux, comme l’avouait leur mère à Rhett, au téléphone.

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« Merde Ben, laisse moi être désolé. » Ce n’était pas de cette façon là qu’il s’attendait à voir cette discussion se passer, il mentirait en disant que c’était le cas. Dans son esprit, il avait imaginé la façon dont le peu de discussions qu’il aurait avec son frère pendant son séjour allaient se passer, et il n’en existait pas une seule où Rhett en venait à être désolé pour lui et ses histoires de coeur. Il n’avait même pas imaginé discuter de ses problèmes de coeur avec lui tout court, s’il poussait l’honnêteté jusqu’au bout. Alors à ces mots là, il ne sut faire autre chose que de serrer un brin davantage les mâchoires là où ses yeux étaient déjà de toutes façons emplis d’émotions qu’il n’arrivait pas à ignorer et à cacher. Ce n’était pas de cette façon là qu’il aurait aimé se présenter, ce n’était pas de cette manière qu’il appréciait être vu non plus, mais avec la fatigue et face à ce frère à qui il préférait reprocher des choses que de le féliciter pour les exploits qu’il accomplissait ces dernières semaines, il ne savait ajouter le moindre commentaire sur l’idée qu’il soit véritablement désolé pour lui en cet instant.

Ce n’était pas qu’un événement qui pourrait être effacé du tableau comme le suggérait Rhett, que Louis ne soit pas présent à ses côtés; ce n’était pas juste qu’ils s’étaient tous les deux pris la tête avant que Ruben ne monte dans l’avion sans lui. S’ils avaient été davantage proches - et si Ruben donnait un peu plus d’informations sur sa vie privée à sa mère, ce qui n’était pas le cas -, son frère aurait su plus tôt que cela faisait en réalité des semaines et des mois qu’il s’était fait larguer. Alors que Rhett râle dans sa barbe aux informations qu’il rajoutait pour éclairer sa lanterne, il pouvait le concevoir - même si dans la réalité actuelle il avait davantage envie de lui jeter des insultes au visage plutôt que de comprendre le point de vue de son frère qui tentait d’arrondir les angles pour rassurer son cadet. « Pourquoi est-ce qu’il répond plus à ses parents ? » Cette partie là, Ruben pouvait y répondre sans trop de mal puisqu’il n’en était pas responsable. « Parce-qu’il a coupé les ponts avec eux y’a plusieurs années déjà. » Il laissa échapper un petit rire amer. « On a pas tous la chance d’avoir de vrais bons parents. » Sur ce point là, qu’importait le sujet, les parents Hartfield avaient toujours été un soutien pour leurs enfants. « Et quand il leur a annoncé qu’il fréquentait des hommes, ça c’est pas bien passé. » Il inspira longuement: ce n’était pas le genre de conversation qu’il avait l’habitude d’avoir avec Rhett - avaient-ils des conversations même ? - et là où ce n’était pas un sujet qui le dérangeait à être abordé loin de là, il n’était pas des plus à l’aise à l’idée d’en parler avec le brun face à lui aujourd’hui. Plus tard dans le temps, les choses seraient différentes; aujourd’hui tout était fait pour aller de travers.

Au dernier commentaire qu’il fit, Ruben reçut un coup de bien dans le genou depuis l’autre côté de la table qui lui fit faire un bond sur sa chaise. « Aïe, t’es pas bien ! » Ses deux mains agrippèrent la jointure alors qu’il tentait d’écarquiller les yeux tout en fronçant les sourcils. « Mais y’a bien eu dispute, alors. » Il grogna de son côté - autant de douleur que de désaccord quand au fait de discuter de tout ça. Mais ils étaient lancés dans le sujet et peut-être qu’il avait effectivement besoin d’en discuter. « Plus désaccord que dispute. » Dans lequel il n’avait pas tort, bien entendu. « A quel propos ? » - « Pourquoi ça t’intéresse ? » Bien sur qu’il répondait de façon bien trop vindicative alors que ce n’était pas nécessaire, mais là était le résultat d’un coeur brisé qui n’avait pas l’habitude que quelqu’un essaie de le panser à propos de ce sujet là. Il avait laissé le peu d’amour restant en lui se rediriger ailleurs déjà, Ruben - il n’en produisait pas beaucoup alors quand il en avait en réserve, il ne le gaspillait pas -; mais il n’était pas habitué à ce que quelqu’un tente de guérir la partie blessée de lui pour de vrai, dans cet unique but. Il déglutit, soupira, fronça le bout de son nez. « Je bosse trop. » Le pire ? Il était tout à fait lucide sur tout ce qui était responsable de la disparition de Louis dans sa vie. Et bien sur qu’il s’en voulait - mais ça il le garderait pour lui. « Il m’a reproché de pas lui accorder assez de temps. » Et c’était là avoué avec une voie péniblement teintée d’une tristesse qu’il dissimulait autant que cela était possible, et avec un certain détachement de celui qui n’avait pas envie d’accorder plus d’importance à quelque-chose qui lui faisait du mal là où il pourrait tout simplement mettre de ce sujet de côté et ne plus l’aborder du tout.

Peu de questions peuvent offrir des réponses simples mais au sujet de la relation entre Louis et ses parents, c’est au moins le cas. « Parce-qu’il a coupé les ponts avec eux y’a plusieurs années déjà. » Ce qui fait rire Ruben avec amertume alors que Rhett, face à lui, reste de marbre. Il ne sait pas quoi faire de plus de cette information qui ne le regarde pas vraiment, et qui ne change rien non plus. Il sait que leurs parents sont de bonnes personnes et qu’ils ont de la chance de les avoir, notamment parce que beaucoup d’autres sont atroces dans le rôle. Il n’avait pas besoin d’une comparaison pour ça. « Et quand il leur a annoncé qu’il fréquentait des hommes, ça c’est pas bien passé. » Et cette fois, Rhett grimace. Il n’y a rien qu’il compte faire de plus avec cette information non plus mais tout de même, il pense qu’être jugé pour une orientation sexuelle est un fait particulièrement important. Comme pour toutes les luttes qui ne le concernent pas, pourtant, il n’en fait pas sa bataille. Il n’a jamais jugé Ruben pour ça - outre quelques blagues ci et là, c’est bien vrai - mais le sort des autres ne l’intéresse pas vraiment. « Alors il eu raison de couper les ponts. » qu’il répond simplement et sincèrement.

Après avoir remis les idées de son cadet en place grâce à un coup de genou bien placé, il le pousse à étayer ses explications et à rendre un compte à Rhett de tout ce qui s’est passé. « Plus désaccord que dispute. Pourquoi ça t’intéresse ? » - « Parce que ça m’intéresse. Réponds. » Parce qu’il s’en fait pour lui et qu’il est désolé de tout apprendre avec plusieurs mois de retard, parce qu’il n’a jamais jugé nécessaire de demander à son frère comment il allait, ou comment allait sa vie amoureuse. Voilà pourquoi. Il a merdé, il tente de réparer comme il peut, tout en étant certain qu’il ne réparera jamais entièrement la fissure entre eux. « Je bosse trop. » La moue que Rhett esquisse est bien trop évidente pour être niée. Il aurait dû anticiper sa réponse. « Il m’a reproché de pas lui accorder assez de temps. » La réponse de son petit-frère fait face au silence que Rhett lui impose, lui-même soudainement submergé par ses propres souvenirs. « Mais si c’était à refaire, t’abandonnerais pas ta carrière pour autant. » Ce n’est même pas une question. Il sait au moins ça de son frère. A vrai dire, tout le monde sait ça de Ruben tant c’est une évidence même. Avec Ruben, il n’existe pas d’entre-deux et il n’existe pas un monde dans lequel sa relation peut exister autant que son couple. « C’est ce qui s’est passé avec Jenna. » Il souffle à son tour, avec la même tristesse que son frère avait eu juste avant dans la voix. Il a aimé Jenna et il continue sans doute de l’aimer, c’est aussi évident pour tout le monde. Il l’a aimé, mais cela ne l’a pas empêché de se faire passer pour un célibataire au moment de trouver des sponsors. « Tu finiras par trouver quelqu’un qui pense comme toi. » C’est ce qu’il devrait faire, du moins. Comme lui a trouvé Mabel. Elle n’est pas l’amour de sa vie, mais elle le rend heureux, et ils se comprennent dans le travail de l’un l’autre. Ruben devrait sans doute prendre exemple sur lui ; c’est ce qu’il a de mieux à lui dire, en tout cas.

catastrophic blues

@rhett hartfield

lieu: flashbacks.
(c): ssoveia (gif), luleaby (codage).

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Les raisons qui avaient poussé les ponts à être coupés entre Louis et ses parents, étaient malheureusement de celles qui étaient encore de trop entendues dans sa situation. Ruben savait qu’il avait été chanceux sur la question et que justement question il n’y avait pas eux; même Rhett face à lui qui ne devait pas en penser moins n’avait jamais renié son petit frère pour cette partie là de lui. Et pour cela, bien sur qu’il les remerciait silencieusement tous tous les jours - il ne le dirait pas car il était le premier à dire à haute voix que c’était là la réaction normale à avoir, mais ce n’était pas pour autant qu’il n’y pensait pas très fort en silence. « Alors il eu raison de couper les ponts. » Et si la conversation n’avait pas initialement été autant douloureuse pour Ruben, il aurait esquissé un petit sourire amusé et attendri à la fois à entendre la sincérité dans les paroles de son frère. Aujourd’hui, il se contenta de serrer encore plus les mâchoires - parce-que si cette partie là était vraie et qu’il appuyait les choix de Louis de ce côté là, ce n’était pas pour autant que cela expliquait la totalité de sa disparition du jour au lendemain et que cela la justifiait encore moins.

« Parce que ça m’intéresse. Réponds. » - « T’es pas obligé de me donner des coups de pied comme un sauvage. » Et c’était dans ce type d’échange là qu’il était possible de voir qu’ils étaient frères et que c’était indéniable.

Cela ne changerait pas malheureusement la réponse que donnerait Ruben à Rhett en cet instant, qu’importe la façon dont ce dernier la demandait. Si son petit frère avait été laissé sur le carreau, c’était parce-qu’il privilégiait de trop sa carrière au reste de sa vie à côté. Si la question était posée à Ben, il n’y avait jamais moyen de trop mettre sa carrière avant le reste de sa vie surtout quand c’était une comme la sienne qui avait besoin d’autant d’attention. Mais il avait entendu les fois où Louis avait reproché à haute voix que c’était le cas, il n’était pas sourd - il n’avait cependant jamais eu l’intention de changer quoi que ce soit. « Mais si c’était à refaire, t’abandonnerais pas ta carrière pour autant. » Et ce n’était pas une question que Rhett lui posait, mais une constatation des faits et cela semblait on ne pouvait plus logique en cet instant. Il secoua quelque peu la tête. « Je changerais rien non. » Parce-que pour lui, il n’y avait rien de plus important que de réussir ce pour quoi il était engagé depuis tant d’années, ce qui le motivait à sortir de son lit le matin et pour quoi il faisait en sorte d’acquérir toujours davantage de connaissances. « C’est ce qui s’est passé avec Jenna. » Aux paroles de son aîné, il fronça quelque peu les sourcils: il ne lui avait jamais posé la question. Leur mère avait du en parler, il avait du avoir des échos de la part de la principale intéressée, mais ils n’en avaient jamais parlé entre eux. « Et peut-être le fait que tu sois parti à l’autre bout du globe ? » Ce n’était pas là un reproche ou une façon d’appuyer davantage sur une plaie qui se devait d’être encore ouverte, simplement une constatation de faits: c’était certes la carrière de Rhett qui l’avait amené ici, mais disons que de partir à l’autre bout du monde était quand même une dimension bien plus importante. Ruben au moins ne bougeait pas de ville lui de son côté.

« Tu finiras par trouver quelqu’un qui pense comme toi. » Il pinça ses lèvres entre elles, les faisant rouler dans la foulée l’une sur l’autre. « Je sais. » Ce n’était pas pour autant que ce qu’il s’était passé avec Louis ne laissait pas de cicatrices profondes dans son coeur et qui resteraient surement pendant des mois et des années encore. Il n’y avait qu’à voir la façon dont il réagissait aujourd’hui face à Rhett alors qu’il n’appréciait pas spécialement se confier à lui ou se montrer vulnérable face à lui: cela prouvait qu’il était plus atteint qu’il ne pouvait l’être par d’autres histoires. Et en parlant de d’autres histoires… « Ambrose, celui qui pense comme moi. » Ben remonta son regard dans celui de son frère, un voile de sérieux sur ce dernier. « C’est tout récent et si t’en parles à maman je reprends l’avion pour te donner des coups de pied. » Parce-qu’il s’avait d’avance qu’il s’attacherait à ce gars là - il ne savait juste pas à quel point encore -, et il savait aussi que Constantine accordait autant d’importance à son futur et à sa carrière que pouvait le faire Ruben de son côté.

« T’es pas obligé de me donner des coups de pied comme un sauvage. »
« Arrête de chouiner comme une fillette, j’ai même pas tapé fort. »

Il verra, pendant le match, à quel point il a été délicat avec Ruben en comparaison de ce qu’il réserve à l’équipe adverse. Si leur mère était présente, elle soufflerait et leur rappelerait à tous les deux à quel point ils sont mal placés pour se plaindre, chacun pour leurs propres raisons. Néanmoins, et comme ils en ont tant l’habitude, cela ne les empêche pas de reprendre leur discussion avec un brin plus de sérieux. « Je changerais rien non. » Effectivement, c’est ce qu’il avait imaginé. Ruben aurait espéré voir son couple s’épanouir, mais cela ne se serait pas fait au détriment de son travail et de toutes ses ambitions à ce niveau. Rhett lui a posé la question, mais il en connaissait déjà la réponse. « Et peut-être le fait que tu sois partie à l’autre bout du globe ? » - « Non, si c’était que ça elle aurait pu venir. » La distance n’a pas été le problème. Cela ne l’aurait pas été, s’il n’y avait eu que ça ; Jenna aurait à son tour pu trouver du travail à Londres et ce sans mal. Elle est compréhensive, elle aurait continué à l’être - il le sait, et il en asans doute joué sans même s’en rendre compte. « C’est à cause des sponsors. » Et donc, de son travail. Cela fait longtemps que Rhett a compris qu’il ne se résume pas à jouer, et Ruben l’a sans doute compris à son tour aussi. Les sponsors voulaient un homme célibataire, il a donc été un homme célibataire. Et à terme, il l’est devenu plus bien qu’il ne le souhaitait initialement.

« Je sais. » Il sait ce qu’il vaut, il sait qu’il n’est pas horrible, et il sait que quelqu’un finira par l’aimer malgré ses (nombreux) défauts. Evidemment que Ruben sait tout ça, sinon il ne serait pas Ruben. Sa répartie fait sourire son aîné, qui n’est pas etonné de sa réaction, une fois de plus. « Ambrose, celui qui pense comme moi. » Ces mots-là, enfin, il n’avait pas su les anticiper d’une quelconque manière. La surprise se lit dans le regard qu’il plonge dans celui de son petit-frère. « C’est tout récent et si t’en parles à maman je reprends l’avion pour te donner des coups de pied. » Un sourire infiniment amusé finit par naître sur le visage de Rhett. Il n’existe pas longtemps, avant qu’il opte pour une colère particulièrement mal jouée. « T’es chiant, j’avais à peine retenu le premier prénom. » Ce qui est vrai, mais ce qui ne l’empêche pas moins d’être heureux pour son frère. Il pense déjà qu’il passe plutôt rapidement à autre chose pour quelqu’un lui ayant pompé l’air au sujet de son amour perdu, mais peu importe. Tout est sans doute plus simple de cette manière. « Ambrose, alors. » Il répète, toujours occupé à sourire avec amusement. « Je le verrai peut-être à la prochaine Coupe du Monde. » Bien sûr qu’il se qualifiera à nouveau, c’est certain. Il en a les capacités, et Ruben n’a qu’à faire assez d’efforts pour que son couple perdure d’ici là.

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@rhett hartfield

lieu: flashbacks.
(c): ssoveia (gif), luleaby (codage).

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« Arrête de chouiner comme une fillette, j’ai même pas tapé fort. » Il fronçait les sourcils, le regard un brin plus noir qu’à l’accoutumé. Cela se voyait que ce n’était pas lui qui avait reçu le coup, pour dire une chose pareille.

S’il y avait quelque-chose sur quoi Ruben était sur dans toute cette situation, c’était qu’il ne changerait malheureusement pas le comportement qu’il avait eu et ne prendrait pas d’autres décisions. Il savait pertinemment que ces dernières auraient des conséquences considérables, mais avec le temps ces dernières avaient eu tendance à être perdues de vue au profit du confort de sa relation établie et de l’amour qui émanait de cette dernière - si bien qu’encore aujourd’hui, même à distance du départ de Louis, il était toujours affecté par toute cette situation. Apparement et c’était là une chose à laquelle il n’avait pas pensé, une situation avec laquelle il n’avait pas fait le rapprochement aussi, son frère n’avait aucun mal à comprendre comment il se sentait puisqu’il avait vécu une chose similaire avec Jenna. « Non, si c’était que ça elle aurait pu venir. » Déménager à l’autre bout du globe n’avait donc pas été le point de rupture pour eux; pourtant cela semblait être servi sur un plateau d’argent, à première vue. « C’est à cause des sponsors. » S’il fronça d’abord les sourcils, ne comprenant pas où il souhaitait exactement en venir, il finit par hausser l’un des deux sourcils pour souligner son interrogation. « Ils voulaient pas qu’elle soit avec toi ? » Il ne serait pas véritablement étonné si c’était effectivement par la positive qu’il lui répondait là. Il fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre. « Désolé. T’aurais mérité de partir avec elle à tes côtés. » Parce-qu’après tout, Rhett était parti à l’autre bout du monde et même si Ben continuerait de lui reprocher de l’avoir fait sans un regard en arrière, peut-être que d’ici à quelques années quand il repenserait à cette discussion, il ressentait un peu moins d’amertume à l’égard de Rhett.

Le regard que lui accorda son ainé à la suite de ses paroles suivantes fut empli de surprise, et Ruben ne put l’être de son côté; c’était presque évident que c’était de cette manière là qu’il allait le regarder après qu’il lui ait soufflé qu’il avait déjà une autre personne à ses côtés malgré tout. Passant de l’étonnement à l’amusement, il laissa une fausse colère étirer ses traits l’espace d’un instant à la suite. « T’es chiant, j’avais à peine retenu le premier prénom. » Bien sur qu’il leva les yeux au ciel. « Je vais te casser les genoux avant la finale Garrett, tu te moqueras moins. » D’ici à quelques mois, il n’aurait pas besoin de son petit frère pour se retrouver sur un brancard malheureusement. « Ambrose, alors. » - « Je maintiens que si t’en parles à qui que ce soit… » Ben n’allait pas lui répéter le sort que ses genoux subiraient à ce moment là. « Je le verrai peut-être à la prochaine Coupe du Monde. » Ce fut la première fois dans cette discussion qu’il esquissa un petit sourire, haussa un de ses sourcils. « Je le vois mal assister à un match, lui. » Les deux bruns qui avaient et partageaient son quotidien n’étaient pas du tout fait du même moule. « Il est branché politique, c’est loin des terrains. »

Parlant de coupe du monde et de terrains… « Comment tu te sens ? A l’approche de la grande finale ? » Promis, il avait assez pleurniché comme une fillette comme disait Rhett, il se recentrait désormais et remettait son esprit en ordre. Le décalage horaire ne l’aidait pas à agir de la sorte, la fatigue de s’être montré tant énervé face à son ainé n’aidant pas à maintenir contenance; mais il essayait de faire les meilleurs efforts alors que même lui était apte à se rendre compte qu’il avait peut-être fait une entrée en matière assez chaotique. Ruben Hartfield se laissant emporter par ses émotions et sentiments n’était pas commun et pas forcément des plus plaisants à côtoyer - cela le laissait avec trop de plaies ouvertes pour que ce soit bon pour quiconque.

« Ils voulaient pas qu’elle soit avec toi ? »
« Ils voulaient pas que je sois avec qui que ce soit. »

Ce n’était pas Jenna le problème, c’était n’importe quelle personne appartenant à la gente féminine. Il devait être un célibataire désiré, et on devait sinon lui attribuer un couple idéal - ce n’est que plus tard, bien plus tard qu’il a finalement compris que Mabel ne collait pas à cette idée uniquement par pur hasard. Tout était calculé, réfléchi. Sans lui. « Désolé. T’aurais mérité de partir avec elle à tes côtés. » Il le sait sincère, et c’est justement pour cette raison qu’il finit par faire le choix de ne rien ajouter à la conversation. Il l’aurait mérité, oui, mais Jenna aurait surtout mérité d’être heureuse, et c’est sans doute la finalité qu’elle arrivera à trouver. C’est tout ce qu’il lui souhaite. « Je vais te casser les genoux avant la finale Garrett, tu te moqueras moins. » Dans ces mots-là, il reconnaît bien plus son petit frère et leurs échanges habituels, ce qui le fait sourire. En retour, il aussi l’impression d’avoir aidé à retirer un certain poids des épaules de Ruben.

« Je maintiens que si t’en parles à qui que ce soit… » - « Range tes griffes. » Leur lien fraternel n’est sans doute pas le plus important qui existe, mais une promesse reste une promesse et il jure qu’il ne dira rien à leurs parents, ou même à qui que ce soit. Si Ruben a ses raisons pour garder pour lui les prémices de cette autre histoire, alors il ne sera pas celui allant contre cette idée. Il ne le trahira pas, même s’il pense que leurs parents seraient heureux de le savoir heureux, justement. « Je le vois mal assister à un match, lui. Il est branché politique, c’est loin des terrains. » Dans un élan dramatique, Rhett esquisse une moue. « Je préférais l’ancien. » Il avoue, dans un rire qui n’en cache pas moins une certaine vérité: il préférait bien évidemment un beau-frère qui l’admirait plutôt qu’un autre voulant se la jouer Premier Ministre, ce qui est franchement chiant à crever. Mais pour Ruben, il n’ira pas plus loin dans ses propos et se contente de cette simple moue.

Finalement, et justement parce qu’il a bien plus l’habitude de se disputer avec son frère plutôt que de réellement parler avec lui (de quoi que ce soit), il se retrouve assez décontenancé lorsque le plus jeune Hartfield reprend. « Comment tu te sens ? A l’approche de la grande finale ? » Et d’un geste de la main, il lui fait comprendre que cela n’importe pas réellement et que ce n’est de toute façon pas ce dont il cherche à parler avec lui. Pas ce soir. « Peu importe. On verra ça plus tard. » Il est stressé jusqu’à l’os, mais il ne veut pas en parler avec son frère parce qu’il ne veut pas gâcher cet instant. Qu’il soit stressé ou non ne changera rien au résultat final du match et seules les compétences de l’équipe seront prises en compte. Rien qui ne puisse être modifié par Ruben, et ce peu importe à quel point il le désire.