It was a another world
@Lucas Allen  ☆ crédit/ gregsprinkles

C'était sa première histoire d'amour, son premier coup de cœur pour un homme, mais c'était surtout la dernière fois qu'elle se promettait de se rendre triste pour quelqu'un qui venait de lui briser le cœur. Olive était jeune, mais elle était certaine de ne plus jamais ouvrir son cœur à quelqu'un d'autre. Bien sûr la vie était ainsi faite, et rien n'aurait pu prédire que cette amourette ne dure qu'un temps, mais elle avait fini par s'accrocher Olive à ce jeune homme, elle avait fini par lui donner de l'importance et lui avait filé dès que l'occasion s'était présentée. Elle lui en voulait, c'était évident, mais elle savait aussi qu'elle n'y pouvait rien et que c'est peut-être mieux de souffrir maintenant que plus tard. Au moins maintenant elle savait à quoi s'attendre, du moins, elle voulait s'en persuader. Olive avait un but précis en tête, et c'était son objectif le plus précieux, ce n'était certainement pas un chagrin d'amour qui allait lui faire oublier cela. Même si les larmes n'avaient séchées que récemment sur son visage de porcelaine, ce qu'elle gardera bien sûr pour elle. Elle tentait de faire face en oubliant le plus difficile, en faisant comme si rien ne pouvait l'atteindre. Sauf que ce n'était pas facile du tout, Olive était un petit être fragile que le vent pouvait briser à lui seul, donc forcément, ça demandait du courage d'aller bien. Olive avait décidé qu'elle ne le dirait à personne et que si on lui posait la question, elle répondrait que tout va bien, cela même si c'était faux. Peu importe, aujourd'hui elle ne veut pas y penser Olive, elle veut sortir et se changer les idées. Ne pas se demander pourquoi il est partit, et pourquoi cette histoire lui semble rocambolesque au plus haut point.

Les rues sont presque vides, mais Olive ne change pas d'avis alors qu'elle passe de rues en rues à la recherche d'un magasin bien précis. Elle sait qu'il y a une chose qui a la facilité d'apaiser sa tristesse, et c'est la musique. Il y a pleins de façons de vivre pleinement la musique, mais Olive ce qu'elle aime par dessus tout, ce sont les vinyles. Elle pourrait passer des heures et des heures à en écouter, à changer le disque et à recommencer. C'était son petit péché mignon en outre, ce qu'elle eut bien envie de faire aujourd'hui. Sa discographie manquait de quelques titres et il était temps qu'elle remette cela à jour. Un air léger cachant bien des tristesses se dessina sur son visage alors qu'elle pénétra chez le disquaire de la ville. « Bonjour. » Un sourire sur ses lèvres, Olive ne se démonta pas même si elle en avait très envie. Ce serait une bonne journée, elle en était persuadée. Elle se dirigea vers une registre particulier et commença à fouiller à travers les reliques de la musique à la recherche de ce qui ferait battre son cœur aujourd'hui.

C'était le bazar dans sa vie, mais Lucas retrouvait son équilibre, petit à petit. Cela faisait plusieurs semaines qu’il avait tout quitté. Pas vraiment sur un coup de tête, mais il n’avait pas tout à fait prévu son coup. Heureusement, Anna, la gouvernante des Allen, avait été sa complice et lui avait donné le contact de son frère, qui pourrait l’aider. Après la dispute de trop, il avait claqué la porte du domicile familial, définitivement. Puis, il était arrivé de nuit, dans ce quartier de Brisbane, près de la caserne des pompiers. Le frère d’Anna, Marc, était pompier. Il n’était pas souvent là, mais il lui offrait le gîte et le couvert. Lucas ne savait pas bien combien de temps cette situation allait durer mais son objectif était clair : il devait trouver un travail rapidement, pour pouvoir aider Marc. Il refusait de vivre à son crochet, il voulait devenir indépendant, et surtout se prouver qu’il n’avait pas besoin de ses parents pour vivre. C’est ainsi qu’il avait fini par se faire embaucher en tant que vendeur chez un disquaire. Lucas avait toujours aimé la musique, il pratiquait le trombone depuis plusieurs années maintenant et son charme naturel avait opéré auprès du gérant, malgré son manque d’expérience professionnelle. Ainsi, le bazar qu’était devenu sa vie semblait s’organiser petit à petit. Ou presque.
Lucas n’avait pas laissé que ses parents derrière lui. Il avait quitté le lycée en cours d’année et ses amis, ses professeurs allaient certainement se demander où il était passé. Ses parents allaient devoir inventer une bonne excuse - ils n’oseront jamais avouer les raisons pour lesquelles Lucas n’allait plus en cours. Mais il avait aussi laissé sa petite amie, Olive. Une histoire plutôt compliquée pour leur jeune âge. Deux enfants de bonne famille qui se mettent d’accord pour sortir ensemble, pour les apparences. Mais ils s’étaient laissés prendre au jeu, surtout Olive, plus jeune que lui. Lucas ne dirait pas qu’il était indifférent à son égard : évidemment, il avait développé des sentiments pour elle au fil des mois, mais il avait bien vu que ce n’était pas aussi intense que ce que la jeune adolescente ressentait pour lui. Il s’en voulait d’être parti sans rien lui dire, mais il n’avait pas eu le choix. Il devait couper les ponts, pour son bien, et ne pas risquer que sa famille ne finisse par retrouver sa trace pour le ramener à la maison. Il devait se faire discret, au moins jusqu’à ce qu’il soit majeur.
Ce jour-là, le disquaire est calme. Les clients ne se sont pas bousculés, loin de là, alors Lucas avait passé la journée à faire l’inventaire du magasin, demandé par son patron. Il a le nez dans un carton dans l’arrière boutique, quand il entend la petite sonnette de la porte d’entrée tintinnabuler. Il entend une voix féminine dire bonjour, alors il se presse pour rejoindre l’avant du magasin, après avoir secoué ses cheveux de la poussière qui y était retenue prisonnière. Il y voit une petite brune fouiller dans les étagères, visiblement à la recherche de quelque chose en particulier. Il s’avance vers elle, prêt à la conseiller. « Bonjour, je peux vous aider ? », demande-t-il, en arborant son meilleur sourire. Sourire qui laisse place à la confusion et la surprise. Cette petite brune, c’est… « Olive ? » Son regard se plante dans le sien et il y voit l’exact reflet de ce que le sien doit exprimer, si ce n’est avec… de la tristesse, en plus. Son coeur se serre un peu. Elle ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais il l’en empêche. « Non, pas ici. », l’intime-t-il, avant de l’attraper par le poignet. Il jette un oeil par la grande fenêtre de la devanture : pas un chat dans les rues, les clients ne devraient pas se presser devrait l’entrée. « Viens. » Il l’entraîne rapidement avec lui dans l’arrière boutique, avant de passer la porte de derrière, donnant sur une petite ruelle calme et surtout à l’abri des oreilles et des regards indiscrets. Une fois seuls, Lucas se rend compte que sa main serre toujours le poignet de l’adolescente. Ils n’avaient pas eu de contacts physiques depuis plusieurs semaines maintenant, et retrouver sa petite amie le trouble plus que ce qu’il n’aurait imaginé. Il se ressaisit, avant plonger ses prunelles sombres dans les siennes. « Qu’est-ce que tu fais ici ? », lui demande-t-il. Son ton est presque accusateur, alors que la pauvre jeune fille n’y est pour rien. Comment aurait-elle pu savoir qu’il travaillait ici ? Mais sa présence, et ce qu’elle pourrait rapporter à ses amis ou sa famille pouvait mettre en péril l’avenir qu’il pensait se construire, et il ne pouvait pas se permettre, après tous ses efforts, de voir ses plans s’effondrer.

@Olive Sterling

It was a another world
@Lucas Allen  ☆ crédit/ gregsprinkles

Cette sortie était le meilleur moyen pour Olive de se changer les idées, de retrouver un peu de réconfort dans les choses du quotidien. Encore une fois, elle s'était trop vite accrocher à quelque chose qui était de toute évidence perdue d'avance. Elle ne comprenait pas pourquoi les choses étaient si rapide chez elle. Pourquoi trop rapidement, elle pouvait tomber amoureuse d'un homme qui pourtant ne lui avait fait aucune promesse, qui lui avait toujours dit que ce serait perdu d'avance et que cette relation n'était que le fruit d'un accord commun. Pas de sentiments, jamais. Mais Olive restait Olive, et la passion prenait trop rapidement le dessus sur le reste. A regrets maintenant. Son petit cœur en faisait les frais ce qui n'était qu'une complication de plus à cette histoire. Elle valait mieux la jeune australienne que de se soucier d'un homme qu'elle ne reverrait plus de toute manière. Un homme qui avait pris le large aussitôt les sentiments d'Olive sur le tapis, enfin ça et pour d'autres raisons bien sûr. C'est juste que la vérité de la situation lui avait fait plus de mal que prévu et qu'il lui faudrait maintenant du temps pour s'en remettre. Mais d'abord, elle se changerait les idées, il n'était pas question qu'elle s’apitoie sur son sort pour un garçon.

Son entrée dans le disquaire lui apporta l’apaisement nécessaire à son esprit comme elle l'aurait espéré. Ce n'était pas grand chose, mais la musique avait un don particulier, surtout sur Olive. Dès que son monde basculait, elle enfilait son casque et attendait que le mal passe. Voilà que cela ne changerait pas aujourd'hui car la musique avait ce don et elle le retrouva alors que ses mains fouillaient mécaniquement dans les différents rangements. Elle ne capta pas tout de suite la silhouette qui venait vers elle jusqu'à cette petite voix. « Bonjour, je peux vous aider ? » Un visage de surprise et de doutes se tourna vers le nouveau venu. Elle n'était donc pas en train de rêver. Lucas Allen se tenait bien devant elle et visiblement la confusion régnait chez eux. Elle resta bouche-bée à ce revenant avant qu'il n'intime le reste de la conversation. « Olive ? » Elle n'avait aucune idée de comment réagir, mais il était clair qu'elle ne pouvait rester là, ce qu'elle s'apprêtait à lui dire en s'excusant avant qu'il ne la coupe. « Non, pas ici. » Cette réaction la surprend davantage, et elle se laisse pourtant embarquer par le jeune homme. « Viens. » De toute évidence, il ne lui laisse pas beaucoup le choix ce qu'elle aurait aimé se défendre mais tout alla bien trop vite. Le choc est pareil à un tremblement puissant dans son corps. Olive ne comprend pas ce qui se passe, mais surtout de comment elle a pu se retrouver avec lui. Elle tente tant bien que mal de reprendre ses esprits alors que la porte de l'arrière boutique se referme sur eux. La main de Lucas sur son poignet la paralysie quelque peu alors qu'il reprend enfin la parole. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Ses yeux cherchent une échappatoire dans ce bordel fourmillant dans son esprit. « J'ai.. j'ai l'impression que je peux te retourner la même question. » Elle est mal à l'aise Olive, pas à sa place près de cet homme mais pourtant, elle n'arrive pas à faire demi-tour.

Elle prend une grande inspiration avant d'enfin oser se séparer de lui. A contre cœur bien évidement car elle a rêvé de ce nouveau contact. Mais ce n'est ni l'endroit, ni le moment et son cœur souffre déjà assez comme ça. « Je pensais clairement pas te revoir. Jamais à vrai dire. » Et cela aurait été plus facile pour oublier. « Navrée, j'savais pas que tu serais là. J'y avais même pas songer tu vois. » Elle aurait jamais cru le revoir de toute évidence, même pas dans ce monde finalement. Mais il était bien là, devant elle, la bouche ouverte et hébété comme un gamin prit en flagrant délit. « Mais t'sais, on est clairement pas obligés de s'en dire plus. J'peux partir maintenant et faire comme si t'étais que l'ombre d'un fantôme. Visiblement, ça t'arrangerais aussi, donc à quoi bon m'embarquer ici? » Y avait-il tant de secrets que cela entre eux? Olive ne l'aurait jamais penser, mais à voir le visage de Lucas pleins de tracas, il était clair qu'elle n'aurait jamais du retomber sur lui. Pas de si tôt en tout cas. Après tout, elle pouvait faire demi-tour, ce ne serait qu'une déchirure de plus, mais c'était mieux que de l'affronter lui maintenant.

Ses yeux, plongés dans les siens, cherchent une raison à sa présence ici, mais ils ne trouvent rien, si ce n’est de la confusion. Évidemment, elle se pose la même question que lui et lui fait savoir. Elle se libère de son étreinte, après avoir pris une grande inspiration, comme pour se donner un peu de courage. Elle ne pensait jamais le revoir. Il se demande bien ce que ses parents ont pu inventer comme bobard pour justifier son absence soudaine. « Olive… », souffle-t-il. Il ne sait pas par où commencer. Il entend dans sa voix les reproches qu’elle lui fait, lui occasionnant un pincement au coeur. « Olive, c’était pas prévu, je… » Le jeune Allen se trouve pris au dépourvu, n’ayant pas prévu de la revoir, surtout si tôt après avoir quitté le domicile familial sans un mot pour personne. Et le quartier où il vivait maintenant était plutôt loin des quartiers où vivaient les riches familles de Brisbane, comme les leurs. Sa présence ici ne faisait aucun sens. Mais en la voyant dans la boutique, il ne pouvait pas simplement se résoudre à faire comme si de rien n’était et la laisser partir sans une explication. « Je suis désolé… », finit-il par dire. C’est bien maigre, il en a conscience. Et cela ne suffirait sans doute pas pour l’adolescente. « Je sais que je suis parti sans rien dire, mais il le fallait. » Il parle comme s’il avait tout prévu depuis longtemps, alors qu’en réalité, c’était une énième dispute avec ses parents qui avait mis en marche les engrenages de son destin, aidé par la complicité d’Anna, la gouvernante de la famille qui le connaissait depuis tout petit. « Il ne faut pas qu’on sache que je suis encore à Brisbane. Tu ne peux en parler à personne. », l’intime-t-il. S’il avait merdé avec elle et que cela le préoccupait, il craignait encore plus qu’elle ne balance tout à ses parents. Elle devait certainement être en colère contre lui, et il avait peur qu’elle ne serve de cette colère pour le mettre dans l’embarras. C’était mal, ce qu’il s’apprêtait à faire, mais il comptait sur les sentiments qu’elle avait eu à son égard - et qu’elle avait certainement encore - pour qu’elle garde son secret. « Fais-le pour moi, s’il te plaît. » Il la supplie presque, impuissant. Après tout, il ne pourrait pas l’empêcher de faire quoi que ce soit, mais il espérait que le geste qu’il s’apprêtait à faire suffirait à la convaincre. Il s’approche doucement d’elle, avant d’emprisonner les lèvres de l'adolescente entre les siennes. Cela serait certainement le dernier geste de tendresse qu’il aurait envers elle, et même s’il était calculé, il n’en restait pas moins sincère.

@Olive Sterling

It was a another world
@Lucas Allen  ☆ crédit/ gregsprinkles

C'était donc officiellement une très mauvaise journée. Décidément, Olive Sterling aurait mieux fait de rester dans son lit à pleurer toutes les larmes de son corps que de sortir en plein jour pour une chanson. Il est là devant elle et elle devrait le détester au plus au point et pourtant, elle n'y arrive pas, elle n'y arrive plus. Tout ce qu'il reflétait de mauvais foutait le camps alors qu'il battait des cils comme si tout était de sa faute. Enfin oui, pour beaucoup, mais Olive était la deuxième personne de cette histoire, alors elle avait sûrement ses torts également. « Olive… » Comment ose t-il ? Elle aimerait passer ses mains autour de son cou et l'étreindre d'un amour sans limite, mais non, il ne le mérite pas, il ne la mérite pas. C'est ce qu'elle aimerait lui dire à cet instant, mais elle reste figée, hébétée. « Olive, c’était pas prévu, je… » - « Le côté où tu souhaitais ne pas être franc avec moi, ou le fait que t'as disparu sans un mot? » Ce n'était pas grand chose après tout et ça aurait sûrement été plus suffisant que le silence. Peu importe ce qu'il dirait, elle aurait de toute évidence du mal à le croire. Il ne méritait pas le pardon dont elle avait tant envie de lui balancer au visage, non. Il méritait qu'elle parte et sur le champs, comme il l'avait fait avant elle. Au moins, ainsi, elle aurait l'impression d'être quitte avec lui. « Je suis désolé… » Olive soupira. C'était peu, et ça ne suffirait pas c'était certain, mais avait-elle vraiment envie d'avoir une autre explication ? Elle n'en était plus certaine maintenant. « Je sais que je suis parti sans rien dire, mais il le fallait. » Olive balaie l'espace entre eux de sa main. « Et visiblement être une dernière fois cordiale avec moi ne faisait pas partie de ton plan. » Elle aurait au moins aimé recevoir un simple au revoir, juste ça. Pas une explication bancale par une famille qui avait l'air tout aussi perdu par le choix de Lucas. « Mais t'avais sûrement une très bonne raison à n'en pas douter. » Elle en doutait complètement. Ça la mettait même folle de rage de ne pas comprendre pourquoi il n'avait pas eu envie de lui dire la vérité. Juste cette fois, elle aurait compris et elle aurait sûrement eu moins mal qu'à l'instant. « Il ne faut pas qu’on sache que je suis encore à Brisbane. Tu ne peux en parler à personne. » Olive n'était pas la méchante de l'histoire, et d'ailleurs ça ne la regardait même plus à ce moment. Même si l'idée de toute dire aux parents Allen était intéressante, jamais elle ne se permettrait de le faire. Ce qu'elle tenterait bien de lui faire comprendre s'il n'insistait pas encore. « Fais-le pour moi, s’il te plaît. » C'était un poil pathétique à voir et Olive ne pensait pas avoir autant de pouvoir sur lui. Mais elle était anéantie Olive, et elle ne voulait plus souffrir de cette manière, pas avec lui. Sauf que le geste de Lucas lui fait perdre ses moyens et son latin. Elle ne s'était pas attendu à ça mais ce baiser venait de la paralysée sur place. Il n'avait pas le droit de faire ça, pas le droit de jouer avec elle de cette manière. Olive était faible et amoureuse et ce traitement était pire que le reste. Péniblement elle se décolla de lui en reculant. Honteuse d'avoir céder, honteuse d'avoir apprécier. Elle plongea son regard dans celui du jeune homme, terrifiée. « A quoi tu joues bordel ? » La colère s'empara d'elle trop rapidement. « J'suis plus ton putain de jouet Lucas. T'es parti, comme si je comptais pas un minimum et tu viens me baver dessus pour te faire pardonner ? » Ce n'était pas la bonne solution, pas le bon endroit, pas le bon moment. Enfin s'il y en avait un d’ailleurs. « Tu pouvais pas juste attendre que je te dise que je comptais rien dire, non tu penses que ta manipulation est suffisante pour te coller de moi et abuser de ma gentillesse encore. » Olive n'avait pas à rougir de ses mots, et elle n'avait plus à se laisser faire après tant de souffrance. « T'es juste un toquard. » Et encore le mot était faible.

Il tente de lui expliquer, maladroitement, ce qu’il s’est passé, pourquoi il est parti soudainement sans rien dire. Mais ses excuses et ses quelques mots, vagues, ne suffisent guère à la convaincre, au contraire. Il voit dans son regard toute la confusion et la déception qu’elle ressent, par sa faute. Il sort alors les rames et se fait implorant, la suppliant de ne pas dévoiler à qui que ce soit sa présence ici. Son absence de réponse le fait paniquer légèrement, alors il insiste et se permet un geste désespéré, en l’embrassant. Il profite des sentiments qu’elle a certainement toujours un peu à son égard, c’est mal, mais il a besoin de savoir qu’elle gardera cette rencontre pour elle. Grave erreur, puisque au bout de quelques secondes, elle se sépare de lui, avant de plonger ses yeux dans les siens. Il s’attend à prendre une énorme claque. Mais ce qui l’attend est bien pire. La colère fait dire à l’adolescente des paroles qu’il n’aurait jamais cru entendre dans sa bouche - elle qui a toujours été si douce avec lui. Il la laisse l’incendier, sans rien dire. Après tout, il l’avait bien mérité. Il regarde le bout de ses chaussures, comme un enfant en train de se faire disputer. Son temps de parole était bientôt écoulé et il n’en avait pas fait bon usage. D’autant qu’il était sur son lieu de travail et que son absence risquait de se faire remarquer bientôt. Il aimerait avoir plus de temps, être seul avec elle pour lui donner les explications qu’elle mérite. « Je sais, tu as raison. », lui concède-t-il. « Je mérite tout ce que tu viens de me dire. » Il ne peut rien faire d’autre que de le reconnaître. Sa situation est bien plus compliquée qu’elle n’en a l’air, mais il ne peut pas en vouloir à Olive de ne pas en avoir conscience. Il lui reste une dernière carte à jouer. Ça ne fonctionnera certainement pas, mais il s’en voudrait de ne pas essayer. Il se saisit d’un petit calepin et d’un stylo qui étaient logés dans la poche arrière de son jean. Il y griffonne l’adresse de son logeur, Marc, avant d’arracher la feuille de la lui tendre. « Je sais que j’ai vraiment merdé. », commence-t-il. « Tu méritais pas que ça se termine comme ça. » Il fait une pause, plongeant son regard dans le sien, tentant d’y transmettre toute la sincérité qu’il peut. « J’ai pas beaucoup de temps, là et il faut vraiment que je retourne bosser, mais… Viens à cette adresse ce soir. Je finis vers dix-huit heures. Je t’expliquerai tout. » Et avec ça, il disparait à nouveau par la porte de l’arrière-boutique, espérant avoir été assez convaincant pour qu’elle honore le rendez-vous qu’il lui avait proposé.

***

Lucas se sent nerveux. Heureusement, Marc n’est pas là pour voir ça. Il fait les cent pas dans l’appartement, qu’il a soigneusement rangé et nettoyé. Il est dix-huit heures trente et il ne sait pas si Olive se montrera ou non. Il avait ressassé leur conversation dans sa tête toute l’après-midi. Il ne s’attendait réellement pas à la voir débarquer chez le disquaire et son apparition l’avait distrait jusque’à ce qu’il quitte son travail. Il avait pris des risques en lui donnant son adresse. Si elle pouvait honorer leur rendez-vous, elle aurait tout aussi bien pu foncer à la demeure des Allen pour tout balancer. La perspective de voir sa mère, ou pire encore, son père, toquer à la porte dans quelques minutes à la place d’Olive l’effrayait au plus haut point. Il avait assez énervé l’adolescente pour qu’elle ait envie de se venger. Il soupire, réalisant qu’il avait peut-être fait une erreur. Pour se calmer, il décide de fumer une cigarette, à la fenêtre de la cuisine. Il ne fumait pas depuis très longtemps, mais sa consommation se faisait de plus en plus régulière depuis qu’il vivait ici. Il profite des potentiels derniers instants de calme, jouant nerveusement avec le mégot qu’il tenait au bout de ses doigts. Puis, deux coups secs sur la porte d’entrée le font sursauter. Il écrase sa cigarette dans le cendrier, avant de se diriger vers l’entrée. Il prend une grande inspiration, se préparant au pire. Il l'ouvre la porte et ne peut s’empêcher d’arborer un air soulagé. « Merci d’être venue. », finit-il par dire. Il voit sur le visage d’Olive que celle-ci n’est pas forcément ravie d’être ici et qu’elle est sûrement venue à contre coeur. « Entre, je t’en prie. » Il ferme derrière elle, avant de la suivre jusqu’au salon. « Euh… je peux te proposer un truc à boire ? », demande-t-il, maladroit. Il y avait pensé toute l’après-midi, mais maintenant qu’elle est là, il se trouve pris au dépourvu. Il espérait ne pas merder à nouveau et que tout se passerait un peu mieux cette fois.

@Olive Sterling

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@Lucas Allen  ☆ crédit/ gregsprinkles

Quel doux euphémisme que cette rencontre finalement. Sauf que la jeune Australienne, elle n'aime pas ça du tout. La présence de Lucas ne lui apporte rien de bon et elle se sent maintenant prise au piège de sentiments trop fort à son goût. Olive, elle devrait le haïr plus qu'autre chose et pourtant, elle n'y arrive qu'à moitié. Parce que ce n'est pas si vieux, parce qu'il a amené une petite éclairci dans sa vie qui lui a fait du bien, même si au début tout ça ce n'était qu'un jeu. Un truc pour emmerder les parents du brun, sauf qu'Olive, ses sentiments ont pris le dessus. Malheureusement. « Je sais, tu as raison. Je mérite tout ce que tu viens de me dire.  » Et encore, cela n'est que si peu par rapport à tout ce qu'elle pense, mais ça, elle le gardera jalousement pour elle. C'est mieux ainsi. Cela ne sert à rien de s'emporter dans un combat qui n'aura de toute manière pas d'issu. Olive aujourd'hui, elle aimerait juste mettre un terme à cette idylle qui lui brise le cœur. Oublier le visage de Lucas pour de bon, c'était tout.  Mais Olive, elle aurait pu comprendre surtout, comme elle avait toujours réussi à le faire avec lui, même si ce n'était pas simple, même si ça pouvait dépasser ses habitudes. Parce que le garçon lui donnait du bonheur, et c'était suffisant. Parce qu'Olive, elle est gentille, peut-être trop d'ailleurs. « Je sais que j’ai vraiment merdé. » Elle l'aurait bien coupé pour concéder que oui, mais il le savait alors à quoi bon rajouter son accord. « Tu méritais pas que ça se termine comme ça. » Olive était au moins d'accord avec lui là-dessus. « Après tout, c'était peut-être mérité non? » Peut-être qu'elle n'avait juste pas su être la bonne personne pour Lucas et c'était tout. Voilà pourquoi tout était un grand secret d'état aujourd'hui.  J’ai pas beaucoup de temps, là et il faut vraiment que je retourne bosser, mais… Viens à cette adresse ce soir. Je finis vers dix-huit heures. Je t’expliquerai tout. » Olive hocha la tête, surprise de cette demande. Pourtant, ce fut sa curiosité qui la poussa à ne pas réfléchir davantage et à accepter de le retrouver plus tard. Olive quitta alors la boutique avec encore plus de questions en tête.

Le temps lui avait semblé être une éternité avant que l'heure du rendez-vous ne se pointe. Olive n'avait aucune idée de l'attitude à aborder, ni de comment tout cela allait se finir, ce qu'elle savait au fond d'elle, c'est qu'elle ne serait pas satisfaite de cet échange qui ne pouvait rien lui apporter de bon. Pourtant elle était là, à attendre que le brun ne vienne lui ouvrir. Naïvement. « Merci d’être venue. » La brune soupira. « Entre, je t’en prie. » Elle accepte et se faufile à l'intérieur de l'endroit où loge son ancien amant. C'est étrange comme elle ne se sent pas du tout à sa place dans cet environnement. « Euh… je peux te proposer un truc à boire ? » Olive fronça les sourcils. « Oui, je veux bien un verre d'eau s'il te plait. » La jeune Australienne fit le tour du propriétaire avec ses yeux, ne se sentant pas à sa place de naviguer entre les meubles de la demeure. « C'est donc ici que tu te caches? J'aurai imaginé une grotte plutôt, mais c'est sympa. » Elle était mal à l'aise, mais tenta un brin d'humour pour décompresser l'atmosphère. La brune, elle compte pas s'éterniser ici, elle n'en a pas envie de toute manière alors elle laisse Lucas lui offrir un verre d'eau avant de plonger ses yeux dans les siens. « J'ai pas envie de tourner autour du pot et de faire comme si toute cette situation n'était pas étrange. » Olive se racla la gorge le temps de remettre ses idées en place. « Tu veux bien m'expliquer, je te demande pas les détails, mais juste une bonne raison de pas t'en vouloir plus que nécessaire. » Parce que pour l'instant, il était clairement mal barré le brun pour qu'elle accepte la moindre explication comme ça. Comme il l'avait dit plus tôt, elle ne méritait pas ça, elle méritait mieux.

Il pensait que sa nervosité allait retomber lorsque’Olive passerait le pas de la porte, mais c’était finalement le contraire. Il allait devoir plaider sa cause, et correctement, cette fois. Son essai cet après-midi avait été une catastrophe, faisant tous les pires choix possibles, et les raisons qui l’avaient poussé à accepter ce rendez-vous devaient être maigres. Il lui propose quelque chose à boire, pour se donner encore un peu de temps pour réfléchir à ce qu’il allait lui dire et comment. Lorsqu’il revient avec un verre d’eau entre les mains, il la surprend en train de balayer la pièce du regard. « C’est pas vraiment chez moi, ici. Enfin, disons que c’est une solution temporaire. », lui explique-t-il. S’il avait pris ce travail chez le disquaire, c’était aussi pour mettre de l’argent de côté, jusqu’à sa majorité et pouvoir louer son propre appartement ensuite. Il tend le verre à la brune, qui le prend dans ses mains, avant de revenir aux raisons précises qui l’ont amenée ici. « Tu perds pas ton temps… », fait-il remarquer, avec un petit sourire nerveux. Mais après, tout c’est bien pourquoi elle était venue : avoir les explications que Lucas lui avait promis. Il aurait aimé avoir un peu plus de temps pour réfléchir, mais de toute évidence, Olive n’avait pas la patience, ni forcément l’envie d’attendre davantage - et il ne pouvait l’en blâmer. Il lui désigne un des fauteuils du salon du regard. « Tu peux t’asseoir. », lui propose-t-il. Il s’installe en face, avant de mordiller le bout de son pouce. « Déjà, encore merci d’être venue. Je sais que je mérite pas ton temps et que… », commence-t-il, mais le regard d’Olive posé sur lui lui fait comprendre qu’il doit en venir aux faits rapidement et qu’elle a bien vu sa stratégie pour gagner du temps. Il se tait alors quelques instants puis se racle la gorge, nerveux. « Tu n’es pas la seule que je n’ai pas prévenue, tu sais. En fait, je n’ai prévenu personne. », explique-t-il. C’était certainement difficile à croire pour l’adolescente, mais c'était pourtant la stricte vérité. Néanmoins, il n’était pas sûr que cela l’excusait pour autant. « C’est arrivé un soir. On s’est encore disputé, avec mon père. Il voulait que je parte à Londres, après le lycée, comme mon frère. Déjà qu’avant que Joshua parte, c’était pas simple, mais depuis qu'il est parti, ça été de pire en pire, comme tu sais. » Lucas avait déjà parlé à Olive des rapports conflictuels avec ses parents, et surtout avec son père. Rien qu’elle ne savait pas déjà. « Mais ce soir-là, j’ai vrillé. D’habitude, je dis rien, j’exécute, je fais ce qu’on me demande de faire. Je me disais qu'après le lycée, toute cette merde serait terminée, je partirais faire mes études à l'autre bout du pays. Mais non, ils voulaient encore décider à ma place. J’ai complètement pété les plombs. » La colère qu’il a éprouvé ce soir-là se ressent encore dans ses paroles, et il sent ses muscles se tendre un par un, jusqu’à la base de son cou. « J’ai préparé mes affaires sur un coup de tête. J’étais prêt à me casser loin d’eux, j’étais tellement en colère. Je pouvais plus supporter cette vie qu’ils m’imposaient. Mais une fois que j’avais fait mon sac, je me suis senti trop con. », continue-t-il. Il ne peut s’empêcher de rire, en se remémorant la scène : lui, un gosse de riche qui n’avait jamais rien fait par lui-même, pliant bagage sans savoir où aller. « J’ai failli tout défaire et rester. Tu te souviens d’Anna, notre gouvernante ? C’est elle qui m’a convaincu de partir. Elle m’a donné le numéro du gars qui m’héberge, son frère. C’est un pompier, alors il est pas souvent là, j’avoue que ça m’arrange un peu. » Il sent l’émotion le gagner un peu en pensant à son ancienne gouvernante, qu’il connait depuis qu'il est né. Il sait qu’elle gardera son secret, même si cela signifiait qu’elle perde son travail. Heureusement, Marc, son logeur, lui donne de ses nouvelles quand il peut. Pour son bien, pour ne pas faire en sorte que les risques qu’elle a pris pour lui n’aient pas été inutiles, il ne doit pas avoir de contacter avec elle. Il capte à nouveau le regard d’Olive qui le jauge de l’autre côté de la table basse du salon. « Si j’avais pu te prévenir, je l’aurais fait, Oli. » Il l’appelle par son surnom, réflexe d’un temps qui lui semble lointain maintenant. Il espère que ce geste familier ne va pas foutre en l’air tous ses efforts, mais il est peut-être trop tard.

@Olive Sterling

It was a another world
@Lucas Allen  ☆ crédit/ gregsprinkles

Olive n'arrive pas à comprendre ce qu'elle fait là et pourquoi elle accorde autant d'importance à cet homme qui lui a pourtant fait bien du mal. Mais au fond, elle sait que ce n'est pas en fuyant le problème qu'elle trouve la solution. Alors oui, bêtement elle a envie d'en savoir plus, d'entendre ce qu'il a fait fuir Lucas de son propre quotidien. En attendant, elle tente de faire la conversation, de trouver quelque chose de naturelle dans ce qui ne l'est clairement pas, parce que c'est plus facile que de ne pas décider de partir tout de suite sans attendre rien en retour. Comme il l'a fait finalement. « C’est pas vraiment chez moi, ici. Enfin, disons que c’est une solution temporaire. » Olive haussa un sourcil, ce n'était pas vraiment ce qui lui posait problème de savoir si oui ou non Lucas avait un toit convenable sur la tête. Ce qu'elle aimerait surtout, c'est comprendre pourquoi après ce deal qu'ils avaient passés, il n'avait pas tenu à lui dire qu'il partait. « Tu perds pas ton temps… » C'est pourtant l'impression qu'elle a, ce qu'elle se retient de lui dire. « Tu peux t’asseoir. » Elle accepte en se positionnant sur l'un des fauteuils, attendant de toute manière que Lucas se lance enfin dans des explications plausibles. « Déjà, encore merci d’être venue. Je sais que je mérite pas ton temps et que… » Elle l'invite à continuer. A ne pas perdre plus de temps que nécessaire. « Tu n’es pas la seule que je n’ai pas prévenue, tu sais. En fait, je n’ai prévenu personne. » - « Donc personne ne sait que tu es ici? » Cette réponse ne lui fournit que des questions supplémentaires. Question qu'elle n'arrive pas à retenir malgré tout. Pourtant, elle le laisse continuer tout de même. « C’est arrivé un soir. On s’est encore disputé, avec mon père. Il voulait que je parte à Londres, après le lycée, comme mon frère. Déjà qu’avant que Joshua parte, c’était pas simple, mais depuis qu'il est parti, ça été de pire en pire, comme tu sais. » Olive hocha la tête. Oui, cette situation elle la connaissait, mais où voulait-il en venir? « Mais ce soir-là, j’ai vrillé. D’habitude, je dis rien, j’exécute, je fais ce qu’on me demande de faire. Je me disais qu'après le lycée, toute cette merde serait terminée, je partirais faire mes études à l'autre bout du pays. Mais non, ils voulaient encore décider à ma place. J’ai complètement pété les plombs. » Olive émet un O de surprise, comprenant à quel point elle avait loupé des épisodes sur la vie de Lucas. « J’ai préparé mes affaires sur un coup de tête. J’étais prêt à me casser loin d’eux, j’étais tellement en colère. Je pouvais plus supporter cette vie qu’ils m’imposaient. Mais une fois que j’avais fait mon sac, je me suis senti trop con. [...] J’ai failli tout défaire et rester. Tu te souviens d’Anna, notre gouvernante ? C’est elle qui m’a convaincu de partir. Elle m’a donné le numéro du gars qui m’héberge, son frère. C’est un pompier, alors il est pas souvent là, j’avoue que ça m’arrange un peu. » Dans toute cette histoire, Olive ne comprenait malgré tout pas pourquoi il n'avait pas pris la peine de la prévenir. Certes à la base, leur relation n'était qu'une comédie mise en place pour les parents du jeune homme, mais Olive avait eu au moins l'impression qu'il l'appréciait. Or maintenant, elle ne savait pas quoi en penser. « Si j’avais pu te prévenir, je l’aurais fait, Oli. » La jeune adolescente hoche la tête de haut en bas, cherchant les mots. « Je le comprends tout ça tu sais. » Elle marqua une pause, buvant une gorgée de l'eau. « Mais sincèrement, tu pensais vraiment que ça ne m'attendrait pas? Que je finirai par simplement me dire que t'en valais pas la peine? » Elle soupira avant de plonger son regard dans celui de son ancien amant. « Je suis d'accord, au début ce n'était qu'un pacte entre toi et moi pour embêter tes parents. Mais ne ressens-tu donc rien à ce point? » Et il n'était pas forcément question d'amour, mais d'un minimum d'attachement. Après tout, ils en avaient eu du temps ensemble pendant cette mascarade. « Naïvement, j'aurai pensé que oui. Mais j'ai été bête, je le reconnais. » Parce que c'était bien le problème de la brune. Elle pensait toujours naïvement que les autres étaient bons et bienveillants à son égard, alors que pas du tout. « Au moins, j'en retiendrai la leçon cette fois. » Et c'était une promesse qu'elle se faisait avant tout à elle-même.

Une fois son récit terminé, Lucas ne sait pas trop à quoi s’attendre. Il a tout expliqué, fait preuve de toute la sincérité dont il est capable. Il n’a jamais voulu qu’Olive souffre ou qu’elle se sente lésée. Les premiers mots qu’elle prononce le soulagent un peu. Mais la suite lui fait ressentir à quel point l’adolescente a été affectée par son départ soudain et inexpliqué. « Bien sûr que non… », lui répond-il. Il se sent un peu attristé à l’idée que la brune le pense qu’il se fichait de ses sentiments. Son soupire en dit long, comme si elle ne croyait pas en ses paroles. Les reproches qu’elle lui fait sont justifiés et il a envie de se dire qu’elle se trompe, qu’il n’est pas indifférent à son égard. Mais à quoi bon ? S’il veut pouvoir tourner la page pour de bon et ne pas mettre en l’air tous ses efforts pour rester à l’écart de sa famille, il ne pouvait pas rester proche d’Olive. Mais si cette conversation était la dernière qu’il allait avoir avec la jeune femme, il ne pouvait pas ne pas être sincère avec elle. « Je ne ressens pas rien. », finit-il par dire. « Tu as été l’une des premières personnes à laquelle j’ai pensé, en arrivant ici. », lui avoue-t-il, en regardant le bout de ses chaussures, trop embarrassé pour la regarder en face. Il aimerait lui dire qu’il a voulu plusieurs fois venir la retrouver, en cachette, pour tout lui expliquer, mais qu’il a eu trop peur de se faire griller. « Je sais qu’on a fait un pacte, et tout ça. Mais tu comptes pour moi, quand même. » Il ne pouvait pas faire mieux : dire qu’il avait des sentiments amoureux pour elle aurait été mentir. Mais il tenait sincèrement à la brune et il s’en voulait aussi beaucoup de la voir souffrir à cause de lui. « Si j’étais revenu te voir, quelqu’un aurait pu me reconnaître et savoir que je suis toujours dans le coin. » Et c’était bien l’une de ses plus grandes craintes, de devoir retourner vivre chez ses parents, tout penaud, et dire adieu à ce petit bout de liberté qu’il touche du doigt depuis plusieurs semaines maintenant. « Je sais que ça n’excuse rien… Mais je peux vraiment pas y retourner, Olive. Je sais que c’est égoïste, que tu m’en veux certainement pour ça, mais tu ne peux pas dire où je suis. Tu penses que tu pourrais garder ça pour toi ? », lui demande-t-il, osant enfin affronter son regard. Il espérait qu’avec davantage d’explications, Olive saurait mettre sa rancune et sa colère de côté et lui accorder cette dernière requête.

@Olive Sterling

It was a another world
@Lucas Allen  ☆ crédit/ gregsprinkles

L'adolescente souffrait de cette situation, et ce n'était pas facile pour elle de comprendre pourquoi il était si simple qu'on lui fasse du mal alors qu'elle donnait tout pour l'autre. Elle est peinée au plus haut point Olive, et malgré les explications du brun elle n'arrive pas à saisir le pourquoi elle a été mise autant à l'écart de ce projet, cela même si c'était sur un coup de tête. « Bien sûr que non… » C'est pourtant l'impression étrange qu'elle en a. Que ce jeu ait pris des proportions désagréables. « Je ne ressens pas rien. Tu as été l’une des premières personnes à laquelle j’ai pensé, en arrivant ici. » Cela ne suffit pourtant pas à lui faire ressentir moins de peine. Olive se sent trahis par cet homme comme elle ne l'a jamais été auparavant. Sa première peine de cœur la fait atrocement souffrir, plus qu'elle ne l'aurait voulu. « Ne me flatte pas s'il te plait, je n'ai pas besoin d'entendre ça. Je n'ai pas besoin d'entendre quoi que ce soit de toute manière. Le mal a été fait. » Et c'était sûrement ça le plus déstabilisant finalement dans cet orage. Le fait que peu importe ce qu'il ferait, peu importe ce qu'il dirait, Olive serait anéantie. Parce qu'elle avait misé trop gros sur cet homme qui ne lui avait apporté qu'un tourbillon de désespoir. « Je sais qu’on a fait un pacte, et tout ça. Mais tu comptes pour moi, quand même. » - « Et pourtant, tu étais terrorisée en me voyance dans ce magasin. Comme si tout ton monde venait de s'écrouler par le simple fait que quelqu'un savait que tu étais là. Quelqu'un de lambda. » Quelqu'un qui aurait pu être n'importe qui, mais par chance il était tombé sur Olive. N'était-ce pas un signe ? Olive se fourvoyait sur toute la ligne évidement, mais c’était pénible de comprendre qu'elle n'était qu'un pion dans le jeu de Lucas. Elle aurait aimé qu'il en soit autrement, elle aurait aimé qu'il ait un minimum de compassion pour elle, mais non. « Si j’étais revenu te voir, quelqu’un aurait pu me reconnaître et savoir que je suis toujours dans le coin. » Olive hausse les épaules. « Même un simple sms était trop onéreux?  » Ce n'était pas grand-chose. Juste un mot pour qu'elle ne s'inquiète pas. Juste un message pour qu'elle ne se pose pas tant de questions. Elle a l'impression d'avoir été en faute sur toute la ligne Olive, alors que non, elle n'y est pour rien dans tout ça. C'est entièrement de la faute de son compagnon. « Je sais que ça n’excuse rien… Mais je peux vraiment pas y retourner, Olive. Je sais que c’est égoïste, que tu m’en veux certainement pour ça, mais tu ne peux pas dire où je suis. Tu penses que tu pourrais garder ça pour toi ? » La jeune Australienne soupire. Incapable de réclamer quoi que ce soit à cet homme. Elle ne peut qu'accepter sa demande et repartir à contre-sens comme si elle n'avait jamais recroisé son chemin. C'était le mieux à faire, et au pire, elle ne guérirait jamais de cette première blessure. « C'est d'accord, je garderai ton secret Lucas. » Elle marqua une légère pause. « Pour mon propre bien uniquement. » Mais à cet effet, elle ne lui souhaiterait pas bonne chance dans cette aventure. Il ne le méritait pas.