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@ruben hartfield

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Bien sûr qu’à la seconde où Ruben lui avait proposé de quitter la maison de ses parents pour rouler jusque la côte, Mavis avait accepté sans rechigner. Son plan de départ, ce n’était pas de partir aussi loin, c’était juste de passer le reste de la soirée avec lui sans avoir l’impression d’être scrutée par les curieux. Par le curieux en l’occurence. Ce père dont elle ne voulait plus avoir à supporter le regard après qu’il eut outrepassé ses droits la concernant. Elle en faisait peut-être des tonnes, mais elle s’en fichait pour l’heure. Là où elle avait donné l’autorisation à Ruben de mettre son nez dans ses affaires personnelles, elle avait tenu à ce que Leon en reste éloigné, se sentant alors obligé de prendre le gauche de quelque chose qu’elle aurait du mal à lui pardonner, trouvant ça bien opportun comme excuse pour enfin se départir de ce besoin qu’elle avait toujours couvé de lui plaire à outrance à lui, ce père qui ne verrait jamais en elle rien d’autre que la fausse copie d’une version plus élaborée de sa progéniture "J’en pense qu’on devrait partir tout de suite." avait-elle répondu à Ben avant de décider de prendre la voiture du docteur et de laisser la sienne ici, où elle viendrait la récupérer quand elle s’en sentirait le courage. Elle ne voulait pas le quitter après tout ce qu’ils s’étaient dit, et elle ne lâcha pas sa main même quand il prit le volant, suivant ses mouvements avec ses doigts accrochés aux siens, le regard rivé droit sur la route. Elle lui faisait confiance pour l’emmener là où bon lui semblait. Elle avait laissé ses affaires derrière elle, n’ayant même pas pris le temps de récupérer son téléphone portable. Sans doute que quelqu’un finirait par s’inquiéter, Dan le premier et certainement même le seul, mais elle lui servirait une excuse qu’il goberait sans se demander pourquoi elle lui mentait. De toute façon, elle voulait rester avec Ruben, avec personne d’autre, et tant pis dans le fond si ça les forçait à mentir un peu plus.

Il y avait eu une longue balade une fois arrivés sur la côte, il y avait eu un dîner frugale qu’elle avait commencé par le dessert pour se réconforter, et un débat intérieur alors qu’elle se demandait si elle était capable de supporter une étreinte passionnée avec le docteur ; elle avait fini par solennellement lui demander s’ils ne pouvaient faire que dormir ce soir, dans ce lit aussi impersonnel qu’il était assez grand pour qu’ils tiennent l’un contre l’autre. Ça lui avait suffi à Mavis qui avait proposé à Ben de faire de cette escapade imprévue une bonne occasion de continuer à discuter de tout ce qui s’était passé. Elle n’avait plus pleuré, elle était certaine de l’avoir assez fait, mais elle s’était répandue sur les détails de sa condition durant les douze dernières semaines — sur ce que ça lui avait fait de sentir quelque chose grandir en elle sans réussir à le visualiser, ce que ça lui avait fait de sentir le soutien de ceux qui s’étaient occupés d’elle quand elle avait pris la décision de mettre un terme à tout ça sans regret, mais avec la sensation désagréable d’être officiellement quelqu’un de pas très bien. Elle ne l’expliquait pas, ce qui la poussait à considérer cet événement en particulier comme la preuve irréfutable de sa morale branlante, d’autant qu’elle était en passe de devenir médecin, que ce genre de considération ne devait pas entacher les faits scientifiques et les interventions banales comme celle-ci, mais elle était incroyablement touchée par ce qu’elle avait fait, et elle l’avait confié à Ruben ; avant de s’endormir peu à peu sans vouloir le lâcher, une main posée sur le côté de son cou, son index traçant la ligne affûté de sa mâchoire du même côté, encore engoncée dans sa robe bleu foncé, ses tresses blondes collées à son crâne souffrant à peine des kilomètres qu’ils avaient parcouru et de sa tête qui finit par se poser tout contre la poitrine du jeune homme qu’elle entendit respirer plus lourdement au fil de la nuit.

Un genou doucement remonté contre la hanche de Ruben, elle fut la première à ouvrir les yeux. L’opalescence du lever du soleil se fraya un chemin sous la barrière de ses paupières maquillées, et elle consentit à en soulever une en se frottant le bout du nez avec le dos de sa main. Sans se sentir d’humeur à se décoller de Ben, elle recula pourtant légèrement la tête pour le regarder, et se retrouva à batailler avec la pensée envieuse que Nina, elle, elle avait la chance de pouvoir assister au tableau qu’elle avait sous les yeux tous les matins — et qu’elle l’aurait jusqu’à la fin de sa vie si jamais elle ne découvrait les affronts que lui faisaient son fiancé chaque fois qu’il en avait l’occasion. Comme surprise par le léger mouvement que fit le jeune homme dans son sommeil, Mavis se reprit et cligna des yeux, sa tête s’enfonçant un peu plus dans son oreiller alors qu’elle se rendait compte qu’il était en train de se réveiller, lui aussi. Dormir dans ses vêtements de la veille, ce n’était pas le plus confortable, mais se tenir près de lui au point de sentir les battements ensommeillés de son coeur sous sa paume, ça valait nettement le sacrifice de ne pas avoir pris le temps d’embarquer quelques affaires pour la nuit. Elle lui sourit quand ses yeux humides de sommeil rencontrèrent les siens "Hey. Je voulais pas te réveiller, tu peux te rendormir si tu veux." lui fit-elle, pensant que ses mouvements avaient pu l’alerter. Elle ne savait même pas quelle heure il pouvait être, elle avait juste la certitude qu’ils ne s’étaient pas lâchés de toute la nuit et qu’elle aurait mal de devoir le faire une fois qu’ils décideraient de rentrer à Brisbane. Là où les attendraient un tas de question, elle le savait, aussi la toute première lui traversa l’esprit comme elle avait vu le docteur pianoter sur son téléphone portable quand ils avaient investi les lieux, plusieurs heures plus tôt "Qu’est-ce que tu lui as dit ?" Qu’avait-il donné comme excuse à Nina pour expliquer qu’il ne rentrerait pas ce soir ? Elle s’en moquait la plupart du temps, mais s’il avait besoin d’aide pour mettre sur pied un alibi en béton, elle était prête à donner de sa matière grise et à lui prêter main forte.

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@mavis barnes

lieu: flashback.
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« J’en pense qu’on devrait partir tout de suite. » Alors ils étaient partis de suite - Ruben n’avait pas pris le temps de repenser à deux fois à la situation autour d’eux. Qu’importait en réalité ce qu’il pouvait se passer dans le salon de la demeure des Barnes, si Mavis avait envie de partir de suite alors il ouvrait la marche. Ils avaient de toutes façons l’excuse parfaitement trouvée à donner à Leon si jamais ce dernier se mettait de nouveau à mettre son nez dans des affaires qui ne le regardaient pas - il ne savait pas à quel point c’était pour le coup doublement le cas, puisque pas uniquement sa fille mais son poulain était concerné par la situation. De tout le trajet en voiture, elle ne lui avait lâché la main à aucun moment; de la balade qu’ils firent le long de la côte, il n’avait défait ses doigts entrelacés aux siens. Cela faisait du bien, pour une fois, d’avoir un semblant de normalité dans cette relation qui ne l’était en rien, de pouvoir se comporter comme son envie et son instinct lui dictait sans penser à deux fois à l’interprétation que les gens autour d’eux pouvaient avoir de leurs gestes. En s’éloignant de la ville, en allant sur un territoire qui n’était pas le leur habituel, ils se protégeaient de tout ça. Alors si pendant le diner, il avait eu envie de glisser sa main sur la nappe pour attraper de nouveau sa main, pour caresser l’épiderme de cette dernière du pouce: il avait pu se le permettre.

Ils avaient discuté aussi, beaucoup. Ruben avait davantage écouté que parlé, l’inverse était de mise pour Mavis, mais le dialogue avait été presque continu pendant la soirée et le début de la nuit. Elle avait évoqué toutes les choses qu’elle avait gardé pour elle durant les dernières semaines, toutes les pensées et les ressentis qu’elle lui avait caché alors qu’il aurait pu se montrer présent pour les réceptionner plus tôt. Ils avaient discuté, ils avaient discuté et encore discuté et pendant un moment où le regard de Ben s’attardait sur la moindre nuance de couleur de la peau du visage de Mavis, attentif toujours à ses moindres mots, il se rendit compte d’à quel point il avait eu besoin d’avoir ce type de conversation de son côté aussi - pas uniquement pour la situation de la blonde qu’il avait à ses côtés en cet instant, mais également par rapport à Nina. Avec sa fiancée, les discussions s’étaient soldées par un renvoi du docteur de leur appartement et une volonté de ne plus le croiser pendant de trop longues semaines. Au moins, avec Mavis, il pouvait se permettre d’écouter comment elle se sentait et quels étaient les éléments que lui apportait ce type de situation à elle, et il avait tout l’espace nécessaire pour exprimer ce qu’il pensait de son côté sans que cela ne soit directement mal interprété ou rejeté telle une faute honteuse sur ses épaules. Ils étaient ainsi restés un bon bout de temps à discuter, et ce ne fut que lorsque le sommeil commença à les gagner que de son côté Ruben s’était débarrassé de sa chemise et de son pantalon - simplement qu’il n’appréciait pas dormir avec le moindre vêtement déjà de base mais qu’il n’était pas question de garder une tenue si formelle pendant ces quelques heures de récupération. Mavis avait préféré rester avec sa robe, et ce n’était pas grave si c’était là quelque-chose qui la rendait plus à l’aise dans cette situation; ce n’était pas pour autant que Ben n’avait pas passé son bras autour d’elle pour la garder tout près de lui toute la nuit, déposant un baiser sur son front alors que le soleil les emportait doucement.

Même s’il dormait bien, avec l’expérience et le temps il avait fini par avoir un sommeil léger - si bien que Mavis avait à peine commencé à bouger contre lui qu’il s’était mis à doucement se réveiller de son côté également. Soupirant un brin, la main de Ben se glissa le long de la jambe de la blonde remonté contre sa hanche alors qu’il ouvrait péniblement ses yeux. « Hey. Je voulais pas te réveiller, tu peux te rendormir si tu veux. » Il esquissa un petit sourire. « J’aurais fini par me réveiller de toutes façons. » Il y avait assez de lumière dans la chambre pour savoir qu’il était déjà le matin - pas avancé, mais tout de même - et qu’il était grand temps surement déjà malheureusement de songer à la suite des événements de la journée. Mavis avait les idées bien plus réveillées que lui, car elle anticipait déjà la suite et n’hésitait pas à le formuler à sa façon à haute voix. « Qu’est-ce que tu lui as dit ? » Inspirant un instant, Ben referma les yeux avant d’aller réfugier son visage dans le creux du coup de la blonde, laissant son souffle chaud rebondir contre ce dernier lorsqu’il soupira. « Que j’avais trop bu pour reprendre la voiture et rentrer de chez Leon, que je restais sur place. » C’était une réponse dangereuse, il le savait - mais sur le moment, il ne s’était pas dit qu’il existait surement d’autres excuses qui sonneraient mieux et s’était contenté de donner la première qui lui était venue. « J’ai éteint mon téléphone après. » Comme ça, il était sur qu’il n’aurait pas besoin de répondre au moindre message ou appel entrant - autant de Nina que de n’importe qui d’autre, d’ailleurs, l’hôpital pouvant être un élément perturbateur plutôt persuasif sur Ruben. « Elle lui posera pas de question. » Il inspira longuement. « Et il y a de fortes chances qu’il comprenne à quel point il a agi bêtement à nous voir partir sans même dire au revoir, donc si elle en vient à lui poser des questions je compte sur le fait qu’il me couvre inconsciemment. » Il ne disait pas que c’était une excellente idée ou une science exacte, juste qu’il comptait sur cette bonne étoile qui semblait prendre soin de lui depuis de longs mois.

Laissant glisser le bout de son nez sur la peau de la jeune femme, de son cou à ses lèvres, il déposa les siennes délicatement sur ces dernières un instant - presque de façon chaste - avant d’ouvrir de nouveau les yeux. « Pourquoi t’es réveillée si tôt, toi ? » Ben était tout à fait conscient qu’ils n’allaient pouvoir rester éternellement ici, mais ils n’étaient pas pressés au point de se lever en même temps que le soleil - pourquoi l’était-elle, alors ? Rien que par rapport à l’état émotionnel dans lequel elle s’était retrouvée la veille, elle méritait de grappiller encore quelques heures de sommeil et de ne pas être autant en forme qu’elle prétendait l’être depuis des semaines pour au moins une journée supplémentaire.

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@ruben hartfield

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Ça avait l’air d’un tableau parfaitement normal, celui du charmant petit couple qui, sur un coup de tête, et en plein milieu de la soirée, décide de prendre la tangente pour prendre un peu de temps pour eux l’espace de quelques heures seulement, et ce sans réfléchir à rien d’autre que leur destination. Sauf que ce n’était pas un tableau normal. Mavis avait beau exceller dans la pratique du déni, elle gardait pourtant à l’esprit que ce qui se passait ici en ce moment-même, ce n’était qu’un songe qu’il faudrait qu’elle balaye rapidement pour, dans quelques heures à peine, retourner à la réalité qui était la sienne, mais aussi celle de Ruben. Elle appréciait ses caresses ensommeillées, se rapprochant de lui sans se faire prier pendant que sous ses doigts, elle sentait sa peau chaude d’une nuit passée à ses côtés, mais elle prenait la responsabilité de faire éclater leur bulle pour remettre les choses à leur place, et ne pas trop s’enfoncer dans l’expectative de moments comme celui-ci qui n’arriveraient probablement plus de sitôt. Elle ne s’en voulait pas outre mesure, il fallait bien que l’un d’entre eux reste rationnel sur ce coup-ci, et c’était elle qui, déjà réveillée depuis quelques minutes, avait les idées mieux en place que le jeune homme qu’elle sentait réfractaire quant à l’éventualité de décider de la suite des événements, tiré de son sommeil confortable.

Comment serait-il accueillit une fois rentré chez lui ? Elle ne s’en inquiétait pas vraiment Mavis, elle voulait juste savoir quel trésor d’ingéniosité lui avait permis de faire avaler pour la énième fois des couleuvres à sa fiancée qu’à nouveau, bien qu’elle le garda pour elle, elle jugeait comme la dernière des idiotes de ne pas trouver ça suspect, toutes ces fois où elle ne l’avait pas vu rentrer. C’était surement un problème pour un autre moment, puisque suspendu aux lèvres de Ruben dont la caresse du nez contre son cou lui fit fermer les yeux également, lui répondait presque directement dans son oreille, sa voix murmurée lui collant des frissons sur chaque centimètre carré de sa peau. Ça lui faisait du bien de se sentir aussi proche de lui "J’ai laissé le mien à Brisbane. Je suis certaine que Dan a dû paniquer de ne recevoir aucune réponse à ses textos." Ou à ses appels, parce qu’au bout d’un moment, il avait dû employer les grands moyens. Peut-être s’était-il embarqué dans une visite chez les Barnes pour s’assurer que tout allait bien ? Qu’est-ce que Leon lui avait répondu si c’était le cas ? Ça aussi, c’était un problème pour un autre moment, la mention de son père faite par Ruben lui donnant mal au ventre et l’envie de soupirer en même temps — ce qu’elle fit finalement, lançant à la volée alors, qu’encore un peu, elle se rapprochait de lui, son bassin fusionnant avec la hanche de Ruben contre lequel son genou était solidement amarré "Tu vas me juger si je te dis que j’espère qu’il se sent atrocement coupable ?" Certainement pas, mais elle avait envie qu’il prenne la mesure du sentiment négatif qui l’animait depuis la veille quand il était question de son père.

Encore un peu, le nez de Ruben remonta sa peau pour que ses lèvres atteignent les siennes qu’elle le laissa embrasser sans renchérir sur l’instant, posant simplement une main sur son visage pour y balayer les cheveux désordonnés qui lui barrait le front. Elle attendit qu’il rouvre les yeux pour lui sourire, son propre nez venant doucement rebondir contre le sien quand il lui posa une question à son tour "L’habitude, je pense." Elle ne savait pas quelle heure il était exactement, mais ce n’était pas difficile de savoir qu’il était tôt, très tôt "Je suis déjà en train de courir à cette heure-ci d’habitude." Dans le sens premier du terme, Mavis ne commençait pas une journée sans un peu d’exercice, ça l’aidait à remettre en place ce qu’elle avait dans la tête ; ce matin ce serait Ruben qui l’y aiderait tandis qu’elle continuait de le regarder avec une tendresse qui n’était pas habituelle entre eux, mais à nouveau il semblait que les cartes avaient été redistribuées "Merci." finit-elle par murmurer dans le court silence qui s’était installé, et s’il ne comprenait pas où elle voulait en venir, elle ne le laissa pas le lui dire, lui expliquant la seconde d’après "De m’avoir écouté, et surtout de pas avoir dit que c’était de ma faute." D’être tombée enceinte de lui. Elle en connaissait qui n’aurait pas hésité un seul instant à la juger responsable quand dans les faits, il fallait être deux pour commettre cette erreur dont elle ne voulait plus vraiment parler, l’illustrait le baiser qu’elle lui donna enfin et qui, comme le sien tout à l’heure, était presque chaste alors que la main qu’elle avait posé sur son visage l’était un peu moins, et qu’elle fila sous la couverture pour s’attarder sur le haut de son torse qu’elle caressa du bout des doigts en reculant un peu le visage pour le regarder un moment encore. Cette observation, elle lui fit penser à une question que Millie lui avait posé, et qu’elle verbalisa avec un léger sourire quand elle rouvrit la bouche pour lui parler "Ma copine, celle qui m’a accompagnée —" Elle ne préciserait pas pourquoi, elle lui avait avoué avoir eu besoin d’être soutenue le matin de son intervention "— elle m’a demandée quelque chose à quoi j’ai su répondre de mon point de vue, mais je suis curieuse de connaître le tien." Pour ne pas le laisser trop longtemps dans le flou, elle en vint rapidement au fait "T’avais déjà pensé à moi comme ça avant qu’on commence à se voir, ou je t’ai pris au dépourvu ?" Est-ce qu’il y avait une infime chance pour que Ruben soit tombé dans ses filets à l’époque parce qu’il la gardait à l’oeil depuis un moment, ou c’était la propension de Mavis à manipuler son monde qui avait fait des miracles ? Ça ne changerait pas le cours de l’histoire, mais elle avait envie de savoir.

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@mavis barnes

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« J’ai laissé le mien à Brisbane. Je suis certaine que Dan a dû paniquer de ne recevoir aucune réponse à ses textos. » Il resserra ses mâchoires à la mention du jeune homme - mais de façon imperceptible, et si rapidement que même Mavis qui était littéralement peau à peau contre lui ne pourrait s’en apercevoir. Il n’en avait rien à faire de Daniel, et si ce dernier avait passé le reste de la soirée et la nuit dans la foulée à se demander ce que fichait Mavis et si elle allait bien, c’était bien fait pour lui: il n’avait pas été choisi pour rester à ses côtés, mais Ben oui. Il garda cependant le fond de sa pensée pour lui, elle devait bien le deviner d’une façon ou d’une autre - mais il avait promis d’arrêter d’en parler de cette sorte, alors il se rappela que justement c’était le cas, glissant le bout de son contre le cou de Mavis un brin plus lentement. « Tu vas me juger si je te dis que j’espère qu’il se sent atrocement coupable ? » - « Non. Parce-que j’espère que c’est le cas. » Et pour que lui en vienne à penser ça de son mentor, de celui qu’il respectait le plus parmi leurs paires, ce n’était pas rien: il admettait qu’il avait pris le mauvais chemin sur cette situation. Leon n’aurait jamais du mettre son nez dans les affaires de sa fille, et il devrait se sentir honteusement responsable que ce soit le cas.

« L’habitude, je pense. » De se lever tôt. « Je suis déjà en train de courir à cette heure-ci d’habitude. » Il eut un petit rire soufflé par les narines. « Touché. » Par rapport au soleil qui pointait le bout de son nez, sans avoir jeté un coup d’oeil à l’heure exacte, Ruben pouvait savoir au moins que c’était effectivement à peu près vers cette heure là que lui aussi laissait ses basket heurter le macadam en petites foulées. « Je t’aurais bien proposé d’y aller, courir, mais j’ai pas de tenue pour toi dans la voiture. » Il avait la sienne, mais ça ne donnerait pas de change pour Mavis - elle avait laissé voitures et affaires chez ses parents avant de partir.

Un léger silence, en rien oppressant, les enveloppa pendant un instant alors que leurs regards ne se lâchaient pas - celui de la jeune femme portant une tendresse inhabituelle mais que Ruben ne rechignerait pas pour autant. « Merci. » De ? « De m’avoir écouté, et surtout de pas avoir dit que c’était de ma faute. » Et à cet instant là, il n’y avait pas que dans le regard de Mavis que pouvait être perçue une certaine tendresse - dans celui de Ben aussi. « Je te l’ai pas dit parce-que c’est pas ta faute. » Ca l’aurait été si elle avait cherché à ce que ce soit le cas, qu’elle avait essayé de jouer avec lui encore une fois. Mais il savait que cette fois-ci ce n’était pas le cas, et que les réactions qu’elle avait eu à ce sujet étaient on ne pouvait plus véritables. « Presque: la personne à blâmer serait moi plutôt que toi. » Même s’ils savaient pertinemment tous les deux qu’ils étaient autant responsables à parts égales qu’ils ne l’étaient pas du tout, ce n’était pas là quelque-chose qui pouvait se décider. Les paroles qu’il ajouta par la suite étant prononcées à voix basse, mais elles portaient une part de véracité qui aurait pu terrasser le pire de ses arguments pour expliquer ses mensonges. « Et je suis toujours disponible si tu as besoin d’être écoutée. »

Si elle voulait l’être pleinement en revanche, elle devrait se retenir de laisser l’une de ses mains glisser le long de l’épiderme de Ben - car s’il était ouvert à passer du temps à discuter pour de vrai, il restait fragile face à elle et bien sur que le contact de ses doigts sur son torse lui tira un frisson le long de la colonne. « Ma copine, celle qui m’a accompagnée — » La précision n’était pas nécessaire et calma rapidement les moindres ardeurs qui avaient fait leur bout de chemin chez Ben. « — elle m’a demandée quelque chose à quoi j’ai su répondre de mon point de vue, mais je suis curieuse de connaître le tien. » Un mince sourire presque amusé au coin de ses lèvres, il haussa quelque peu un sourcil. « Je t’écoute. » - « T’avais déjà pensé à moi comme ça avant qu’on commence à se voir, ou je t’ai pris au dépourvu ? » Et qu’importait si cela avait effectivement le cas par le passé, ça l’était en ce moment - assez pour qu’il se mit à hausser ses deux sourcils à la fois de surprise, avant de laisser échapper un petit rire franc. « Tu me prends là au dépourvu, c’est sur. » Il ferma un instant les yeux, laissant son rire se faire étendre encore une poignée de secondes supplémentaires; et chose rare, mais peut-être que les pommettes de Ruben prirent une légère teinte rosée en cet instant. « Oh, c’est gênant. » Et ce qui était idiot, c’était que cette partie là le soit alors qu’ils avaient bien plus gênant d’un point de vue plus commun du terme à leur palmarès. Mais étant donné qu’elle connaissait déjà le pire de lui, cette réponse là n’entrant pas dans cette catégorie, il n’avait aucune raison d’éviter la question. « Je m’étais pas permis de le faire, non. » Il avait rouvert les yeux entre temps. « Parce-que c’était pas imaginable pour moi de te voir autrement que comme sa fille, alors je me suis pas autorisé à aller sur ce terrain là. » Bien sur que c’était toujours quelque-chose dont il n’était pas fier, mais c’était aussi quelque-chose qu’il avait mis de côté désormais - et d’autant plus avec ce qu’il s’était passé la veille au soir, pour le coup. Il inspira longuement. « Mais dès que tu t’es approché de moi j’ai pas résisté longtemps, alors faut croire que j’avais pas été si bon que ça à ce jeu là. » Puisqu’il n’avait pas hésité bien longtemps avant de mettre de côté le moindre bon côté de sa personnalité pour profiter d’une forme ou d’une autre de comment ils se trouvaient être aujourd’hui, entrelacés dans les bras de l’autre.

Il hésita un instant, mais se dit que si la question avait été posée dans un sens il pouvait se permettre de le faire dans l’autre. « Tu lui as répondu quoi, toi ? » Ruben savait être le genre de tout le monde, mais c’était quelque-chose d’un brin plus complexe à imaginer et à se dire quand vous saviez que vous étiez celui s’étant pris les pieds dans le tapis dans une relation - surtout dans une du type qu’il entretenait avec Mavis. « Est-ce que t’avais déjà rejoint le fan club du docteur Hartfield à l’époque ? » Oh, il était persuadé que ce dernier existait véritablement quelque-part à couvert de ses yeux à lui.

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@ruben hartfield

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Ça ne la surprenait pas tant que ça, que Ruben ressente la même déception qu’elle à propos de son père, mais ça la rassurait un peu. Sur l’instant, elle avait eu le sentiment d’en faire trop à ce sujet, seulement maintenant qu’il lui disait que, lui aussi, espérait que Leon se sente atrocement coupable, elle savait qu’elle avait tous les droits de lui en vouloir "Qu’est-ce que tu lui diras quand il te questionnera à propos de tout ça ?" Ils s’étaient dit tellement de choses ces dernières heures qu’elle n’était plus sûre qu’ils avaient soulevé la question. Il faudrait peut-être quelques minutes de réflexion à Ruben, et elle les lui donnerait sans juger bon de le presser pour qu’il la renseigne à ce propos, profitant de sa proximité comme elle ne l’avait jamais vraiment fait, sauf une fois seulement, et c’était à Sydney. Comme là-bas, ils partageaient une intimité différente d’ordinaire,  où ils pouvaient s’autoriser d’être tendres l’un envers l’autre sans craindre d’être surpris, et c’était trop appréciable pour qu’en son for intérieur, Mavis ne sache pas déjà que quand leur marché prendrait fin, ça lui manquerait au moins un peu. Rien ne pressait ce matin cependant, ils devraient quitter les lieux, c’était une certitude que chacun d’eux gardaient à l’esprit, mais ils n’étaient pas forcés de le faire dans la minute, alors si Ben avait effectivement besoin de mieux se réveiller pour affronter la question que Mavis venait de lui poser, elle le laisserait faire en continuant de caresser sa peau sans avoir l’impression d’abuser de quoi que ce soit si ce n’était de son droit éphémère de se comporter avec lui comme s’il lui appartenait "Même si t’avais une tenue pour moi dans ta voiture, j’aurais préféré rester au lit." lui avoua-t-elle sans rougir, son menton venant brièvement trouver son épaule nue qui était déjà proche d’elle, ses lèvres esquissant un poinçon furtif sur sa clavicule qu’elle effleura du bout de son nez avant de se reculer pour le regarder en silence.

Elle le rompit pour le remercier d’avoir détruit toutes ses craintes à propos de la réaction qu’il aurait pu lui fournir si elle lui avait parlé plus tôt de sa grossesse. C’était les défauts de Ben qui lui avaient fait peur en vérité, mais il était un homme plein de surprises, qui cachait des trésors de nuances qui lui permettaient de se rendre compte que, si elle savait parfaitement qu’il n’était pas sans failles, il était certainement un homme bien meilleur que celui qu’elle l’avait parfois accusé d’être quand, en pleine dispute, elle lui rappelait qu’il se comportait mal, et que ça jouait en sa défaveur auprès des pontes qu'il admirait tant. Avec elle, il ne s’était pas comporté si mal que ça depuis quelques heures, bien au contraire ; alors c’était inutile d’un côté, de le remercier de se comporter comme c’était d’usage de le faire, mais elle en avait besoin "On va pas faire le tour des fautes aujourd’hui ni même plus tard, Ben." lui fit-elle, doucement, son murmure se répercutant en souffle léger sur ses lèvres qu’elle avait embrassées chastement "J’ai plus besoin de parler de tout ça." Plus maintenant en tout cas. En le regardant d’aussi près, elle se demanda si la réciproque était vraie, et l’exprima à voix haute pendant que ses doigts se perdaient du côté de son torse qu’elle sentait presque vibrer sous leur pulpe "Toi, si ?" Elle se souvenait qu’avec Nina, il avait tellement eu l’air de mal gérer les choses, que le voir presque fragile l’avait beaucoup déstabilisée. Elle ne voulait en aucun cas que toute cette histoire, la leur, ne vienne davantage écorner l’image qu’elle se faisait de lui, et qui se devait d’être aussi stoïque qu’au bloc, de fait même si ce serait compliqué pour elle d’à nouveau faire face à sa vulnérabilité, elle lui proposa néanmoins "Si t’en as besoin, je suis là pour t’écouter aussi." Elle le ferait malgré tout, elle ne se défilerait pas.

Lui ne se défilait pas non plus, pas même quand elle le déstabilisa avec une autre question. Elle le vit rougir, et ça lui fit froncer les sourcils en même temps qu’un léger sourire venait effiler ses lèvres dont la moue prouvait qu’elle s’apprêtait à se moquer de lui. Dans le même temps, elle abandonna son torse de ses doigts, ces derniers les quittant dans une dernière caresse gracile qui mettait en avant la dextérité de son toucher qui ferait des miracles au bloc "Je t’ai jamais vu être autant déstabilisé." Et ça la fit rire, parce que ce n’était pas très sérieux finalement, qu’elle ne lui posait cette question que par curiosité un peu malsaine, sentant que son propre ego avait besoin d’être caressé dans le sens du poil. Lorsqu’il prétendit que c’était gênant, elle préféra le rassurer en lui disant et en se décalant juste un peu de lui pour qu’il prenne de la distance s’il en avait besoin histoire de reprendre ses esprits "T’es pas obligé de répondre si tu trouves ça gênant. Ça changera pas grand-chose pour moi de le savoir, je suis curieuse, c’est tout." Comme ils l’étaient en tant que médecins qui avaient besoin d’avoir toutes les informations en main pour traiter au mieux un cas particulier. Il ne s’agissait pas d'un cas particulier ici… encore qu’elle n’en était pas tellement sûre d’un côté tant tout ce qui touchait à leur relation était particulier. Se relevant juste un peu pour se décoller pour de bon de Ruben et venir appuyer son dos contre l’oreiller confortable posé tout contre la tête de lit, Mavis retourna la tête vers lui pour affronter ses yeux, et opina doucement à ce qu’il lui disait ; c’était presque comique que son discours soit quasiment le même que celui de Simon à qui elle pensait à ce moment-là, mettant en parallèle l'obsession qu’il semblait avoir pour son père, et l’obligeant à juger ça inconvenant de la fréquenter en dehors de l’hôpital quand du point de vue de Mavis, ce qui était inconvenant, c’était d’essayer de lui faire croire que c’était important. Elle eut un léger sourire "Alors tu pensais pas à moi comme ça à cause de lui, pas à cause de Nina ?" Elle ne tenait pas à le piéger, elle voulait juste comprendre pourquoi les hommes qu’elle avait dans son sillage étaient si impressionnés par son père ; c’était sans doute le cliché du père protecteur qui provoquait cette réticence, mais Ruben était le mieux placé pour savoir que Leon n’était pas protecteur avec elle. Il ne voyait en elle qu’une suppléante qui se pliait en quatre pour gratter le peu de reconnaissance qu'il daignait lui accorder "Ça veut dire que t’y pensais quand même un peu parce que oui, je me souviens que t’as pas résisté très longtemps quand je t'ai embrassé la première fois." Ni les fois suivantes, jusqu’à devenir une habitude dans laquelle elle se complaisait sans mal, venant là aussi lui voler un baiser. Il se termina par un petit rire, sa question lui étant retournée sans que là encore, ça ne la surprenne vraiment "Tu veux la vérité ?" Elle ne le laissa pas répondre, enchaînant en inclinant la tête contre son oreiller "Je crois que l’intérêt que j’avais pour toi à l’époque, elle m’a été soufflée par le fait que ça me rendait malade de le voir agir avec toi comme si t’étais son fils." C’était donc un aveu que, peut-être oui, elle avait été la première adhérente du fan-club du docteur Hartfield. Mais pas pour les bonnes raisons "Je me fichais un peu d’apprendre à te connaître au début, je voulais juste comprendre pourquoi c’était à toi qu'il s’intéressait, et pas à moi." Et c’était triste, bien sûr que c’était triste, pas assez cependant pour qu’elle veuille s’y attarder plus longtemps, choisissant plutôt de lui faire part de ses observations, et de lui en donner la conclusion finale en sondant ses yeux des siens "Et je crois que je comprends mieux maintenant."

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@mavis barnes

lieu: flashback.
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***
Bien sur qu’il s’en voulait de penser de la sorte de son mentor, mais effectivement il était très déçu du comportement que ce dernier avait eu à l’égard de sa fille - et indirectement du sien, même s’il ne serait jamais au courant de cette partie là. « Qu’est-ce que tu lui diras quand il te questionnera à propos de tout ça ? » Soupirant longuement, il fit une petite moue. C’était une question qui lui avait traversé l’esprit à travers les différentes discussions qu’ils avaient pu avoir à partir du moment où ils s’étaient isolés du reste des convives chez les Barnes, mais c’était aussi une question à laquelle il avait peur de répondre. Alors peut-être que pour une fois, il laissa un silence un peu plus long qu’à l’accoutumé s’installer entre eux; il n’avait pas la réponse à la question posée à donner de manière spontanée, mais il ne ressentait pas cela comme un échec et c’était là la différence de l’échange qu’ils avaient depuis la veille au soir: il laissait place à la réflexion et l’introspection bien plus que cela avait pu l’être à d’autres moments. « Que je suis déçu. » C’était la chose qu’il était sur et certain d’exprimer à haute voix si Leon abordait le sujet avec lui: qu’il était déçu de savoir qu’il avait agi de la sorte. E autant que l’inverse était vraie, Ruben savait que ce n’était pas quelque-chose de souhaité de la part de Leon que son poulain soit déçu de lui. « J’aurais jamais pensé que ça puisse être le cas mais oui, je suis déçu de lui alors c’est surement la première chose que je lui dirai. » Pour commencer, en guise d’entrée en matière si cela pouvait être dit de cette sortie. « Et que j'ai rien à échanger à propos de tout ça avec lui. » Son regard ne lâchait pas celui de Mavis, avec une tranquillité et une douceur qui était spécifique à ces rares moments qu’ils partageaient. Qui faisait du bien, en réalité, malgré tout - il ne le dirait pas à voix haute. « Il a mis son nez dans des affaires qui le concernent pas. » Il était le premier à le faire et il en était parfaitement conscient; alors il reprit rapidement: « Ca me concerne aussi au final, alors forcément que j’en fais une affaire personnelle et que je trouve ça intolérable. Mais j’aurais été dans le même cas sans ça je crois. » Il le lui avait déjà dit: la retrouver dans cet état émotionnel là n’était pas habituel et n’était pas quelque-chose à laquelle il avait envie de s’habituer. Elle était forte Mavis, bien plus que lui et c’était là l’image qu’il avait envie d’avoir d’elle. « Il avait pas à te rendre comme ça. » Par sa manière d’agir et les décisions qu’il avait pu prendre ces derniers jours.

« Même si t’avais une tenue pour moi dans ta voiture, j’aurais préféré rester au lit. » Bien sur que la prise de la main de Ruben sur la cuisse de la jeune femme était telle que sa réponse était en adéquation avec ce qu’il préférait lui aussi. « Dommage alors. » Piètre menteur, avec son maigre sourire aux coins des lèvres.

Il n’existait pas une seule version de cette situation où il la pointait du doigt, puisque les torts ne devaient pas être apposés sur ses épaules comme si c’était effectivement ce qu’il s’était passé. Il n’en était rien: ils étaient autant l’un que l’autre responsable de ce qu’il s’était passé. Il pouvait cependant voir que Mavis avait soupçonné pendant au moins un instant que c’était de cette façon là qu’il allait réagir en lui annonçant ce qui se tramait - pourtant, il n’en était rien et ce n’était pas du tout de cette façon là qu’il aurait accueilli les choses et le sujet. Certes, il ne désirait pas que ce soit quelque-chose qui voit le jour de façon littérale qui plus était, mais ce n’était pas pour autant qu’il aurait fui. L’histoire poussait à imaginer le contraire, mais lorsque c’était arrivé la première fois, c’était Nina qui l’avait mis à la porte et lui avait fait porter une casquette qu’il ne voulait pas récupérer. Ben lui avait demandé de mettre fin à cette grossesse et il campait sur des positions desquelles il n’avait aucun désir d’être délogé, certes - mais il ne lui avait jamais forcé la main pour en arriver à une telle finalité, pas de façon concrète. Il portait le mauvais rôle parce-que c’était plus simple, là où il n’avait fait qu’exprimer son ressenti sur la question. Avec Mavis, les choses étaient différentes: ils étaient de base tous les deux d’accord pour s’accorder sur l’idée que faire naitre un enfant dans de tels conditions n’était en rien une idée à concrétiser. « On va pas faire le tour des fautes aujourd’hui ni même plus tard, Ben. » Une fois de plus, sur cette question là ils réussiraient de toutes façons à se mettre d’accord rapidement. « J’ai plus besoin de parler de tout ça. » Les yeux de Ruben passaient de l’un à l’autre de ceux de la jeune femme, tentant de détecter si c’était là l’entière vérité ou si elle désirait juste changer de sujet et passer à autre chose au moins pour aujourd’hui - mais il n’arriva pas à détecter la moindre trace de malice dans les reflets noisette. [color:1601=A95c68]« Toi, si ? » Il ne s’attendait pas à un tel retour de question, en réalité; il ne s’attendait pas à ce qu’ils s’attardent un instant sur ce que lui pouvait en penser ou ressentir tant il n’était pas celui subissant tout le reste de la situation - et parce-que ce n’était pas la première fois qu’il passait par là, une fois de plus, et que la dernière fois son avis n’avait pas véritablement été pris en compte, son ressenti surtout avait été mis de côté. « Si t’en as besoin, je suis là pour t’écouter aussi. » Il secoua doucement sa tête de gauche à droite. « J’ai plus besoin d’en parler, t’en fais pas. » Il pinça ses lèvres un instant, sa main libre venant frôler du bout des doigts la joue de la jeune femme. « Tout ce qui a besoin d’être dit entre nous a été dit, et franchement je ressens pas le besoin qu’on en discute plus longtemps. » Il soupira quelque peu; c’était la réalité de cette simplicité là qu’il lui faisait remettre en question d’autres choses, en revanche et bien sur - mais ce n’était pas là des choses qui avaient besoin d’être mises en avant avec Mavis. « Je me rends juste compte de comment aurait du se passer la discussion la première fois et comment ça a jamais ressemblé à ça. C’est pas avec toi que j’ai besoin d’en parler, je pense. » Parce-qu’il y avait encore des points qui étaient restés dans l’ombre entre Nina et lui, et Ben ne s’en serait peut-être pas aperçu avec autant de clarté si Mavis n’en avait pas discuté avec lui de son côté aussi longuement, de façon aussi ouverte.

La suite de leur discussion s’inscrivait en réalité dans une lignée qui était proche de celle qu’ils avaient mis sans effort en place depuis la veille au soir; les sujets se suivaient sans qu’ils ne soient évités, qu’importait le degré de sentiments personnels qui était nécessaire d’impliquer. Alors effectivement, la question de la jeune femme prit Ruben de court et il ne le cacha pas, ne chercha même pas à dissimuler que ses joues prirent une teinte un peu plus rosée sur l’instant. « Je t’ai jamais vu être autant déstabilisé. » Le rire qui échappa d’entre les !lèvres de Mavis ne fit qu’agrandit un brin davantage le sourire sur celles du docteur. « T’es pas obligé de répondre si tu trouves ça gênant. Ça changera pas grand-chose pour moi de le savoir, je suis curieuse, c’est tout. » La vérité était qu’il n’était pas habitué à ce qu’ils aient des conversations ouvertes pendant si longtemps, qu’ils se permettent d’affronter des sujets si personnels. Certes, c’était là une habitude qui semblait s’installer progressivement ces dernières semaines, mais ce n’était pas quelque-chose à laquelle Ruben arrivait à s’habituer. Lentement, il secoua quelque peu son visage.« C’est pas moi qui vais te dire que c’est mauvais de se montrer curieuse. » Loin de là: il était le pire dans ce domaine. Et ce n’était pas parce-qu’elle se montrait à l’être présentement qu’il ne répondrait pas à ses questions, encore une fois: ce n’était pas parce-qu’il trouvait ça gênant de se retrouver à y répondre qu’il ne le ferait pas. Il n’était pas vraiment du genre à fuir devant le combat, mais simplement il rassemblait ses armes avant d’y participer pour savoir quel était l’état des lieux avant de se lancer. « Alors tu pensais pas à moi comme ça à cause de lui, pas à cause de Nina ? » Coupé dans son élan avec une seconde question qu’il n’avait su anticiper - et surtout un point de vue que peu pouvait avoir face à lui, tant il n’avait jamais cette discussion là avec d’autres -, il eut un instant de silence avant de pincer ses lèvres dans une petite moue un brin boudeuse; il se retenait pour que cette dernière ne soit pas également amusée surtout. « T’as le don de pointer le pire qui peut ressortir de mon comportement, tu le sais ça j’espère ? » Parce-que c’était là une façon de voir les choses qu’il n’avait même pas imaginé, même pas envisagé, alors qu’elle semblait plutôt évidente. Il fit claquer sa langue contre son palais. Face à elle, il n’était de toutes façons plus à ça près. « A cause de lui, oui. » Ben inspira longuement. « Parce-que c’était nécessaire pour moi de faire tout parfaitement, pour qu’il voit surtout mon potentiel et qu’il se concentre pas sur le reste à côté. Des choses perso qui avaient pas leur place dans le boulot. » Il plissa quelque peu le bout du nez, se rendit compte qu’il parlait au passé et que quelque-chose était en train de changer en silence en lui - décida d’en faire fi et de continuer sur sa lancée initiale, bien qu’elle ne soit pas plus réjouissante. « Et que… J’avais pas notion à l’époque que lui ne laisserait pas certains choses de sa vie personnelle avoir un impact comme je pouvais le penser. » Leon ne serait surement pas tant déçu de lui s’il savait qu’il se tapait sa fille en cachette, contrairement à ce qu’il pensait depuis le début; pas par rapport à Ruben, mais par rapport à Mavis et c’était une conclusion qu’ils connaissaient tous les deux mais qu’il ne formulerait pas à haute voix.

« Ça veut dire que t’y pensais quand même un peu parce que oui, je me souviens que t’as pas résisté très longtemps quand je t'ai embrassé la première fois. » Il grogna un instant - mais qu’un seul, parce-que le suivant elle lui volait un baiser. « Arrête de voir aussi clair dans mon comportement s’il te plait, ça fait presque peur. » Là où en réalité le ton qu’il employait la suppliait de continuer sur cette voie là; ce n’était pas tant d’être finalement si facile à lire qui lui plaisait, mais le fait de se retrouver dans une situation où une autre personne arrivait à avoir la main sur lui. C’était rare, mais parfois cela faisait du bien - en quelques sortes cela polissait davantage même son égo.

« Tu veux la vérité ? » Toujours, que disait son regard. « Je crois que l’intérêt que j’avais pour toi à l’époque, elle m’a été soufflée par le fait que ça me rendait malade de le voir agir avec toi comme si t’étais son fils. » Le regard de Ruben ne lâchait pas le moindre trait de visage de la blonde en cet instant. Pas que sa réponse le rendait satisfait, mais il n’était pas tant étonné que cela en réalité: c’était là tout à fait le type de comportement qui incombait à Mavis, maintenant qu’il la connaissait davantage et qu’il voyait de plus en plus au delà de la façade fissurée qu’elle donnait au reste du monde. « Je me fichais un peu d’apprendre à te connaître au début, je voulais juste comprendre pourquoi c’était à toi qu'il s’intéressait, et pas à moi. » Peut-être qu’il existait une pointe d’excitation dans le regard autant que dans le sourire de Ben en cet instant - pas à propos du fait qu’elle n’avait pas eu vocation à avoir envie de le connaître au début, mais pour tout le reste. « Et je crois que je comprends mieux maintenant. » Oh, comme elle savait manier parfaitement l’art de lui mettre du baume au coeur dans une situation et une conversation où pourtant, elle pointait du doigt les choses qui n’allaient pas. Se relevant quelque peu à son tour sur son coude, tirant la nuque pour approcher son visage au maximum de celui de la jeune femme, il arrêta ses lèvres à quelques centimètres des siennes en glissant un sourire amusé sur ces dernières. « Je croyais que la jalousie était un vilain défaut, mademoiselle ? » Parce-que c’était ce qu’elle lui reprochait de trop, trop souvent, depuis des mois désormais: Ruben était trop jaloux du reste du monde qui tournait autour d’elle, et il ne s’en était pas caché le moins du monde. Il était jaloux tout le temps, avec tous ceux pour qui il avait une accroche particulière. Mais étant donné qu’elle avait été la première à lui jeter fort la pierre, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle lui avoue que l’inverse et la pareille avaient été de mise pour elle aussi à un moment donné. « Il a eu tort, de pas s’intéresser à toi autant qu’il le fait avec moi. » Cette vérité là était toujours à conjuguer au présent, il n’était pas dupe. « Pas que j’apprécie pas l’attention qu’il me donne, j’ai pas besoin de t’expliquer que c’est le cas. » Elle connaissait assez chaque configuration de toute cette situation pour savoir que c’était le cas. « Mais il a tort, moi je le vois bien. » Parce-que Leon n’avait jamais eu besoin d’aller chercher plus loin que le bout de son propre jardin pour trouver le futur de l’excellence en neurochirurgie. Ben était ravi qu’il l’ait fait, car il n’aurait jamais été si loin sans lui dans sa propre carrière; mais ce serait mentir que de dire qu’il n’avait jamais vu le talent en devenir de Mavis alors qu’il travaillait depuis plus d’un an tous les jours à le mettre en avant de son côté autant qu’il le pouvait.

Frottant le bout de son nez contre celui de la blonde l’instant d’après, il hésita un instant - pas un de plus - pour poser la question qui était venue gratter à la porte à entendre les dernières paroles que elle avait prononcé. « Est-ce que… » Il inspira: quitte à se montrer un brin plus vulnérable depuis le début de leur longue discussion, autant le faire jusqu’au bout. « A gratter la surface pour connaitre celui auquel ton père s’intéressait, t’as été déçue ? » Ruben était tout à fait au courant que l’image qu’il renvoyait de lui auprès du reste de la population n’était pas exactement ce qu’il était et comportait ici et là des tâches qui ne pouvaient être effacées. Certaines personnes n’en avaient que peu à faire de ces défauts de parcours, mais il savait pertinemment que ce n’étiat pas le cas pour tout le monde et c’était d’ailleurs pour cette raison là qu’il continuait de maintenir cette image en apparence parfaite de sa propre personne. Mais la question qu’il posait à Mavis allait bien sur bien au delà de tout ça: avait-elle été déçue de tomber nez à nez avec la version la plus crue, la plus véritable du docteur Hartfield ? « T’as du te faire des idées avant d’en arriver à ce premier soir où tu m’as embrassé. » Il n’était pas dupe, il était le premier à se forger des idées des autres dans son esprit avant de les rencontre. « Est-ce que percer à jour ce mystère là, ça t’a déçue ? » Et oui, la réponse qu’elle aurait à lui fournir était on ne pouvait plus importante pour lui, petit homme s’accrochant de trop à la façon dont le monde le percevait afin d’aller toujours plus loin dans sa quête de reconnaissance. Mais aujourd’hui, c’était différent: il voulait véritablement connaître ce qu’elle en pensait, sans artifice et sans façade à garder intacte - en témoignait son regard qui s’accrochait à celui de la blonde, ses yeux passant de l’un à l’autre des siens, son souffle se faisant presque retenu comme s’il avait besoin d’une certaine apnée pour réceptionner la réponse qu’elle lui donnerait. Il revenait l’enfant ayant besoin d’approbation, et s’ils n’étaient pas dans ce cadre très privé il s’en voudrait de se retrouver suspendu littéralement à ses lèvres et à ses paroles de la sorte.

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@ruben hartfield

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***
Le silence que Ruben laissa s’installer suite à sa question était un aveu de quelque chose que Mavis n’essaya pas de décortiquer par elle-même. Elle préférait le laisser s’exprimer, ne pas se rendre aux conclusions hâtives pour tenter de deviner son point de vue sur la question de Leon dont l’omniscience pouvait désormais être considérée comme un véritable affront par le duo qu’ils formaient. Elle faisait comme quand il débattait du cas sensible d’un nouveau patient, et qu’il était le seul à pouvoir lui apporter toutes les notions nécessaires pour étoffer ses connaissances : elle le laissait réfléchir, prendre le temps, et réunir le moindre détail de son raisonnement pour qu’ils réussissent ensemble à s’accorder sur la marche à suivre. Si les circonstances n’étaient pas propices à se réjouir de ce genre de choses, Mavis ne pouvait cependant pas ne pas se sentir regonflée par la complicité qu’il y avait entre eux, même dans ces circonstances ; et quand il s’accorda à sa propre pensée en révélant que la première chose qu’il dirait à Leon, c’est qu'il était déçu la manière dont il avait géré les choses au sujet de tout ça, un petit frisson de contentement surement malvenu la força à se rapprocher de lui pour le sentir au plus proche, le contact de sa peau contre la sienne faisant mûrir un besoin évident de ne pas briser ce moment. À nouveau, ils étaient sur la même longueur d’onde, ça n’aurait pas dû la surprendre, pourtant elle se laissa cueillir par cette affirmation, disant en retour à Ben "T’es conscient qu’il va vouloir t’éviter pendant quelques temps ? Je le connais bien malgré tout, il va trouver ça insupportable que l’image parfaite que t’as toujours eu de lui se retrouve écornée à cause de ça." A cause de moi "C’est la première fois que tu prends ma défense." lui fit-elle remarquer dans la foulée, un très léger sourire fendant brièvement son visage. Certes, il ne le faisait pas tout à fait directement, mais en lui disant que, même sans qu’il ne soit impliqué, il aurait eu la même réaction que maintenant, ça lui faisait réaliser que, peut-être, il était moins prompt à la pousser sous un bus qu’elle ne le pensait jusqu’alors, et elle savait pourquoi : elle l’avait touché en se montrant vulnérable devant lui "J’aurais plus jamais aucune raison d’être comme ça." Comme ça, aussi fragile, malheureuse et pathétique. Sa main remontant la poitrine de Ruben pour se poser contre sa joue dont sa paume épousa délicatement la courbe, elle enfonça son regard profondément dans le sien en lui conseillant avec douceur "Tu peux oublier —" Ce qu'il avait vu d’elle, la manière dont elle avait craqué devant lui pour lui révéler sans le vouloir qu’elle n’était pas le robot qu’elle prétendrait être d’ordinaire "—c’est derrière nous maintenant." Ils feraient plus attention, c’est ce qu’ils s’étaient dit la veille, et Mavis ne comptait pas déroger à cette promesse indirecte.

Il ne s’agissait pas que d’elle au fond. Compte tenu des antécédents de Ben au sujet des avortements, lui laisser à nouveau la place de s’exprimer s’il en avait envie devint de plus en plus prégnante alors que leur conversation ne se tarissait pas vraiment, les pauses devenant juste des instants pour mieux réfléchir au meilleur moyen d’exprimer plus justement leurs pensées. Elle ne voulait pas lui retirer le besoin potentiel qu’il ressentait de parler du choix qu’elle avait fait pour eux, lequel ne lui était pas reproché par le principal concerné, et elle mesurait sa chance à ce sujet Mavis "Si bientôt, tu veux encore en parler quand même, je veux pas que tu tournes autour du pot, d’accord ?" Elle n’était pas fin psychologue, elle n’était pas sa mère qui savait trifouiller les sentiments humains pour mettre des termes clairs dessus. Mais elle osait espérer que parfois, quand elle en avait vraiment envie, quand elle tenait à la personne en face d’elle, elle pouvait faire un effort et ne pas être trop mauvaise pour écouter au moins ; et comme Ruben en faisait avec elle depuis qu’il avait pris conscience de la situation, des efforts, elle voulait lui renvoyer l’ascenseur, c’était aussi simple que ça, alors elle lui faisait comprendre que la porte serait toujours ouverte. Elle, elle la refermait parce qu’elle avait fait le tour du sujet, mais elle ne lui enlèverait pas l’éventualité de vouloir la questionner encore et encore s’il le désirait. Peut-être qu’elle aurait dû se montrer plus ferme étant donné ce qu’il lui dit dans la continuité de cette discussion sur l’oreiller cela dit. Vu la portée de ses paroles, elle ne sut quoi lui répondre "Je vois." fit-elle seulement. Il ne citait pas Nina, il ne le faisait jamais vraiment face à elle, mais la première fois dont il parlait, c’était l’avortement de sa fiancée, il ne fallait pas être Einstein pour le deviner ; et bien sûr que ça lui pinça le coeur qu’il ose faire le comparatif maintenant, et bien sûr que dans un autre contexte, elle l’aurait mal pris en lui faisant remarquer à quel point c’était indélicat de presque lui dire que ce qui s’était passé pour elle, ça avait moindre impact sur lui en comparaison à ce qui s’était passé pour Nina. Mais elle rongea son frein, ressentant tout de même le besoin, d’un instant seulement, rompre enfin leur contact pour se redresser contre la tête de lit, et reprendre la main sur la conversation.

Elle le fit avec brio, réussissant à le déstabiliser dans la foulée. A nouveau, il ne lui reprocha rien de ce qu’elle soulevait, bien qu’il semblait légèrement froissé qu’elle lui fasse remarquer que dans son discours, la place de Leon prenait davantage d’importance que celle de Nina. Comme il s’en offusquait adorablement, elle lui répondit sur le même ton, un murmure s’échappant de ses lèvres effilées par le sourire qu’elle lui offrit en retour alors qu’il lui faisait remarquer qu’elle avait le chic de pointer la malhonnêteté de son comportement "Je suis ton Enfer sur Terre, tu te souviens ? C’est mon rôle de te mettre face à tes erreurs, et je sais que t’adores ça." Elle était certaine que c’était à peu près ce qu’elle lui avait dit avant d’officialiser son statut de maîtresse, il y avait plus d’un an de ça maintenant, et ça la fit rire de creuser leur légende en se basant sur des souvenirs qu’ils avaient en commun. Elle pinça les lèvres, lui accordant de nouveau son attention toute sérieuse, et haussa les sourcils en prenant sens de ce qui lui répondit "Hm, tu voulais pas prendre le risque de le décevoir en te comportant comme un simple mortel." Leon avait un talent monstrueux, tout le monde dans son entourage en était conscient au point que, depuis des années maintenant, personne ne le voyait plus comme un mortel. Elle comprenait l’impact que ça pouvait avoir sur un tout jeune médecin, elle comprenait le besoin relatif à une envie de se hisser à son niveau, alors dans le fond, elle ne jugeait pas Ruben d’avoir remisé ses envies pour lui plaire — elle faisait quasiment la même chose. Se mordant très fort l’intérieur de la joue, elle finit par rire légèrement en levant les yeux au plafond, se saisissant de la main de Ben pour intercaler ses doigts entre les siens, le dos nonchalamment posé contre la tête de lit, et l’esprit divaguant brièvement vers l’une des réalités alternatives dans lesquelles elle se perdait souvent en ce moment "Le plus drôle dans tout ça, c’est que je suis convaincue que ça représenterait pas la pire des offenses à ses yeux d’apprendre qu’il y a quelque chose entre nous." Mais comme il y avait Nina, il serait obligé de faire semblant que c’était honteux quand au fond, que la fille dont il ne savait pas quoi faire tombe dans les bras de son poulain, ce serait une sorte de conclusion parfaite à l’histoire qu’ils avaient écrite en tant que mentor et élève. Elle ajouta "Il dirait surement que c’est la suite logique des choses." Même s’il n’y avait pas grand-chose de logique, puisque Ben était amoureux d’une autre, et qu’elle n’était là que pour répondre à un besoin insatiable sans se sentir mal à l’aise de l’assouvir à chaque fois qu’il en avait besoin. Elle ne dit rien de plus à ce sujet, se contentant de retourner la tête vers Ruben pour le regarder ; mais ce fût plus fort qu’elle, et elle finit par lui demander "S’il n’y avait pas Nina, tu crois qu’on serait ensemble pour de vrai, toi et moi ?" Elle ne lui posait pas la question parce que c’était un regret pour elle de ne pas avoir complètement accès à Ruben, elle lui posait la question parce qu’à nouveau, sa curiosité se rappelait à son entendement.

Comme celle de Ruben, d’ailleurs. Au jeu des confidences, ils jouaient à égalité à ce moment-là, et alors qu’elle lui exprimait une partie des tenants et aboutissants de son raisonnement de l’époque, quand elle avait enfin osé faire un pas dans sa direction pour autre chose que contempler sa relation avec Leon, elle récolta une moquerie qui la frustra juste un peu étant donné que, ayant rapproché ses lèvres des siennes sans faire un mouvement de plus pourtant, il s’amusait de la jalousie qu’elle lui avouait avoir ressenti. Elle le fixa en donnant l’impression d’être en colère quand, vraiment, elle ne l’était pas, et qu’au contraire, prenant son visage entre ses mains pour l’immobiliser une nanoseconde, elle planter un baiser sur ses lèvres, les siennes s’étirant graduellement quand elle lui répondit "Je te rappelle que si j’avais pas été un peu jalouse, on en serait même pas là aujourd’hui." Et peut-être que les choses auraient été plus simples, peut-être qu’ils n’auraient pas presque quotidiennement creusé leur tombe. Elle tut cette partie-là, le laissant prendre du recul tandis qu’elle, elle ne cessait de le regarder et d’être touchée par ce qu’il lui renvoyait avec sincérité "J’ai pas besoin que tu me réconfortes à ce sujet-là tu sais ?" Elle haussa les épaules "Je vais réussir à me faire à l’idée que je compte pas vraiment à ses yeux, même si j’ai tout fait jusqu’à présent pour que ce soit le cas." Elle ne le disait pas avec tristesse, mais avec une lucidité qui lui fit ajouter "Avec ce qui vient de se passer, je crois que je vais de plus en plus réussir à me détacher du besoin que je ressens de lui plaire." C’était peut-être la première fois qu’elle avouait ça à voix haute, et elle s’en rendit compte, alors dans une expression où l’espièglerie se mêlait à la certitude anticipée qu’elle avait de toucher un point sensible chez Ben, elle lui dit "Je préfère te plaire à toi." Sur tout un tas de critères qui comprenaient aussi l’idée qu’il la considérait comme le futur de la neurochirurgie, et à quoi elle avait envie de lui répondre un merci qu’il lui vola en venant frotter le bout de son nez avec le sien.

Ses deux mains se posant à nouveau sur son visage, elle espérait qu’à un moment où un autre, la conversation se tarirait pour multiplier ce genre de gestes, et passer à autre chose. Elle s’était montrée réticente au contact physique la veille, mais la tendresse appelait le désir, et celui qu’elle ressentait maintenant la poussa à laisser à nouveau ses mains parcourir la peau de Ruben dont l’hésitation à lui poser sa prochaine question ne la dissuada pas de reprendre ses caresses. Elle eut un léger rire quand il réussit enfin à la formuler comme il l’entendait en venant poser son front conte le sien tandis que, avec lenteur, elle se muait jusqu’à lui pour s’asseoir sur lui à califourchon, et enfin lui répondre en faisant mine de réfléchir "Au début, quand je te voyais avec lui, je me disais que t’étais le genre d’étudiant en mal de reconnaissance, trop imbu de lui-même, qui finirait par descendre de son piédestal quand il se rendrait compte qu'il ne réussira jamais à atteindre le niveau que son mentor attend de lui. C’était pas un beau tableau, j’ai été un peu dure, mais t’étais tellement agaçant." Autant jouer l’honnêteté jusqu’au bout, et même si elle en riait aujourd’hui, à l’époque, elle était persuadée qu’en effet, Ruben Hartfield était le genre de cliché qu’on voyait dans les séries télévisées, et qui n’irait très loin tant il semblait porté sur le besoin compulsif de plaire "Et puis quand j’ai vu qu’après des années, t’étais toujours dans son sillage, qu’il commençait à t’apprécier et que ton nom était sur toutes les lèvres, je me suis dit que j’avais surement eu tort de te sous-estimer." Ses mains descendant le long de la poitrine de Ruben, ses ongles courts se joignant à la partie, elle resserra juste un peu ses genoux sur ses hanches pour sécuriser la place qu’elle avait prise, et pinça les lèvres un instant en ne lâchant par son regard du sien, consciente qu’il était suspendu à ses paroles. Elle ne répondait pas tout à fait à sa question, et elle ne le fit pas pendant quelques secondes encore, jusqu’à ce que, sa tête se secouant négativement, elle mit fin au supplice de son silence pour lui dire, sûre d’elle "Non, j’ai pas été déçue." Elle ne l’était pas aujourd’hui non plus "Au contraire. J’ai été surprise de découvrir ce que tu cachais derrière ton manque d’humilité." Ça la fit sourire de dire les choses de cette manière, son nez se fronçant doucement alors qu’elle continuait "Et tu réussis encore à me surprendre aujourd’hui, pas seulement avec ton talent que j’oserai plus jamais remettre en doute, mais avec ce que je découvre de l’homme que t’es vraiment quand tu raccroches la blouse." Et qui n’était pas parfait, malgré ce qu’il tentait de faire croire au reste du monde, et ça lui allait. C’était presque touchant comme confidence, tellement d’ailleurs qu’elle se rendit compte du signal que ça pouvait renvoyer, et du message sous-jacent qu’on serait tenté d’y déceler, alors même si elle le fit avec un sourire malicieux, elle eut à coeur de remettre les choses à leur place, et de terminer en disant au jeune homme "Je suis pas amoureuse de toi." Vraiment, ce n’était pas un mensonge qu’elle se racontait pour mieux dormir la nuit, c’est promis.

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@mavis barnes

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***
« T’es conscient qu’il va vouloir t’éviter pendant quelques temps ? Je le connais bien malgré tout, il va trouver ça insupportable que l’image parfaite que t’as toujours eu de lui se retrouve écornée à cause de ça. » Il pinça ses lèvres fort l’une contre l’autre. « Je sais. » Ce n’était pas là le genre de chose dont il avait sciemment pris déjà conscience, mais il savait que c’était de cette façon là que les choses tourneraient s’il agissait de la sorte. « Mais comme c’est lui qu’est en tort pour une fois, j’irai pas ramper pour qu’il change son comportement. » Parce-qu’il se connaissait assez pour savoir que c’était de cette façon là qu’il aurait agi si les circonstances avaient été différentes et avaient été comme elle l’étaient d’ordinaire. Qui plus était, il était personnellement impliqué dans cette situation pour une fois - même si Leon n’était pas au courant, cela changeait la façon de voir les choses pour Ben. « C’est la première fois que tu prends ma défense. » Il remonta son regard vers elle. « Je sais. » Qu’il répondit calmement: il s’en était rendu compte sans qu’elle ne le fasse remarquer, ça, en revanche. Et c’était peut-être et surement pour cette raison là que Leon comprendrait d’autant plus qu’il avait dépassé les bornes, parce-que normalement Ruben aurait pris sa défense à lui pour n’importe quelle raison même la plus idiote qu’il soit. « J’aurais plus jamais aucune raison d’être comme ça. Tu peux oublier — » Il décala légèrement son visage pour déposer un baiser dans le creux de la main de Mavis qui se situait sur sa joue. « —c’est derrière nous maintenant. » Et parce-qu’il ne comptait pas répéter les mêmes erreurs, il ne comptait pas se retrouver une fois de plus dans cette situation il n’était pas question. Une fois, c’était déjà de trop. Deux fois, c’était presque une mauvaise blague - surtout quand ce n’était pas avec la même personne. Il n’était pas question qu’effectivement Mavis se retrouve dans l’état dans lequel elle avait été ces dernières semaines, que ce soit autant physiquement qu’émotionnellement.

« Si bientôt, tu veux encore en parler quand même, je veux pas que tu tournes autour du pot, d’accord ? » Il secoua quelque peu son visage. « Je tournerai pas autour du pot. » Ce n’était pas dans ses habitudes ni dans les choses qu’il appréciait faire, donc si c’était effectivement le cas il n’hésiterait pas. Cependant, il savait pertinemment que ce n’était pas avec cette blonde là que le sujet aurait le mérite d’être abordé de nouveau - parce-qu’avec Mavis, la discussion était ouverte et avait été abordée déjà, pour qu’ils se rendent compte qui plus était qu’ils étaient sur la même longueur d’onde sur la question. Sur un autre pan de ce sujet là, Ruben savait que ce n’était pas la même chose avec Nina - et c’était avec cette dernière qu’il aurait mérite à engager de nouveau le sujet. « Je vois. » Il savait que ce n’était pas vraiment délicat de sa part d’aborder les choses de cette sorte alors que c’était avec Mavis qu’il se tenait présentement, mais comme c’était dit: il ne tournait pas autour du moindre pot, pas avec elle. Ils n’avaient pas besoin de cette difficulté là.

Et puis, le reste de leur conversation prenait un tournant plus plaisant, plus léger aussi en quelques sortes, même si cela déstabilisa Ruben la façon qu’elle eut de le prendre de court. Il n’était pas habitué, mais il ne fuyait pas pour autant. « Je suis ton Enfer sur Terre, tu te souviens ? C’est mon rôle de te mettre face à tes erreurs, et je sais que t’adores ça. » Il eut un petit rire. « Arrête j’ai dit. » Continue s’il te plait disaient son sourire et son regard.

« Hm, tu voulais pas prendre le risque de le décevoir en te comportant comme un simple mortel. » Il plissa le bout du nez; ce qui était le plus étrange, c’était que Leon ne lui avait jamais demandé de se comporter de cette sorte, ou n’avait jamais attendu de lui que ce soit le cas. Mais c’était tout de même parce-qu’il réussissait à le faire que l’attention de ce dernier à son égard avait grandi de façon exponentielle au fil du temps. « Le plus drôle dans tout ça, c’est que je suis convaincue que ça représenterait pas la pire des offenses à ses yeux d’apprendre qu’il y a quelque chose entre nous. » Il haussa un sourcil - ce n’était pas la façon dont lui voyait les choses, loin de là, puisqu’une grande partie du comportement qu’il adoptait était basé sur ça justement. « Il dirait surement que c’est la suite logique des choses. » Il eut un petit rire étranglé, tout autant nerveux. « Dis pas ça, tu peux pas en être sure. » Et il ne désirait pas qu’elle le soit - parce-que cela remettrait bien trop de choses en cause et cela pourrait de trop souligner que certaines de ses décisions avaient été basées sur des choses qu’il aurait mal jugé. Ce n’était pas ce qui souhaitait entendre - il ne niait pas que toute la partie concernant le fait qu’il ne souhaitait pas que Leon apprenne qu’il était infidèle restait vraie, mais peut-être qu’il n’aurait pas eu une réaction comme celle que Ben imaginait s’il avait appris que c’était avec sa fille que cela arrivait. Peut-être qu’en cet instant, il eut un frisson qui parcourut sa colonne vertébrale - et pas de ceux qui étaient agréables à avoir, ou provoqués par le contact de la peau de Mavis contre la sienne. « S’il n’y avait pas Nina, tu crois qu’on serait ensemble pour de vrai, toi et moi ? » Encore une fois, elle réussit à le prendre de court et la surprise provoquée par la question, Ben ne sut pas la cacher dans son regard. « Je me suis pas posé la question. » Parce-qu’il se refusait de le faire, cela éviterait de se faire des noeuds au cerveau avec des et si qui n’apportaient pas forcément de bonnes choses. Il fronça quelque peu les sourcils, reposa sa tête sur l’oreiller un instant pour donner un instant de réflexion à la question; il ne se défilait pas, il prenait simplement le temps. « On aurait pu, en vrai. » Parce-que cela resterait toujours des suppositions. « Ca aurait pu fonctionner. » Sur bien des points, ils n’avaient plus besoin de les nommer maintenant. « Aujourd’hui je te dirai que j’aurais assumé l’image que ça m’aurait donné - » Il n’était pas dupe ou idiot, tout de même. « - y’a un an de ça, je sais pas si j’en aurais été capable par contre. C’est surement ça qui aurait bloqué. »

Le semblant de colère qui passa dans son regard ne le fit qu’un seul instant. « Je te rappelle que si j’avais pas été un peu jalouse, on en serait même pas là aujourd’hui. » Il plissa le bout de son nez, un regard rieur. « Certes, oui. »

« J’ai pas besoin que tu me réconfortes à ce sujet-là tu sais ? Je vais réussir à me faire à l’idée que je compte pas vraiment à ses yeux, même si j’ai tout fait jusqu’à présent pour que ce soit le cas. Avec ce qui vient de se passer, je crois que je vais de plus en plus réussir à me détacher du besoin que je ressens de lui plaire. » Il y avait de fortes chances pour que ce soit le cas de Ruben aussi - mais il ne l’avouerait pas car en rien prêt à se l’avouer à lui même dans un premier temps. Le sourire espiègle de Mavis lui fit plisser rapidement les yeux - elle fut cependant plus rapide à prendre la parole. « Je préfère te plaire à toi. » A ces mots là, il eut une inspiration quelque peu saccadée - elle savait parfaitement ce qu’elle faisait. « Je préfère aussi. » Mais le regard de Ruben parlait pour lui sans qu’il ait besoin de dire la moindre chose: il préférait largement que ce soit à lui qu’elle désire plaire parce-que de toutes façons, elle lui plaisait déjà, alors autant continuer sur ce chemin là.

Et ce n’était pas en multipliant les contacts physiques qu’elle avait jusqu’alors mis de côté pendant des semaines et des semaines que cela allait changer - il n’y avait que les nuances de couleur du regard du docteur qui changeaient en cet instant, allant de l’hésitation à un désir allant à l’encontre de Mavis qu’il ne cacherait jamais à la principale intéressée alors qu’elle se mit avec une lenteur digne d’une torture sur lui, ses jambes de part et d’autres de son bassin. Si ses mains avaient été chastes et hésitantes à leur tour jusque là, cette fois-ci c’était terminé: elles allèrent se placer sur les fesses de la jeune femme sans une hésitation et sans aucune honte non plus. Il attendait tout de même sa réponse, car elle était importante pour lui. « Au début, quand je te voyais avec lui, je me disais que t’étais le genre d’étudiant en mal de reconnaissance, trop imbu de lui-même, qui finirait par descendre de son piédestal quand il se rendrait compte qu'il ne réussira jamais à atteindre le niveau que son mentor attend de lui. C’était pas un beau tableau, j’ai été un peu dure, mais t’étais tellement agaçant. » Il grogna, resserra la prise de ses paumes pour appuyer son mécontentement. « Et puis quand j’ai vu qu’après des années, t’étais toujours dans son sillage, qu’il commençait à t’apprécier et que ton nom était sur toutes les lèvres, je me suis dit que j’avais surement eu tort de te sous-estimer. » Elle le torturait, autant en mettant un temps monstrueux à répondre qu’ajoutant là des gestes qu’elle savait pertinemment ne sauraient le laisser de marbre. Elle était son enfer sur terre, si c’était encore à prouver cela ne l’était plus en cet instant. Il fit glisser sa langue sur sa lèvre inférieur, appuyant de ses dents sur cette dernière alors que son regard gagnait en intensité tant le désir en lui était de nouveau à fleur de peau. Lui dire accouche Mavis en cet instant aurait été malvenu - il se contenta de la regarder avec un peu plus d’intensité pour lui faire comprendre qu’il attendait la fin de sa réponse. « Non, j’ai pas été déçue. » Et bien sur que le long soupire qu’il laissa entendre fut chargé de soulagement. « Au contraire. J’ai été surprise de découvrir ce que tu cachais derrière ton manque d’humilité. » Le sourire de Ruben fut provoqué par l’effet miroir de celui de Mavis. « Et tu réussis encore à me surprendre aujourd’hui, pas seulement avec ton talent que j’oserai plus jamais remettre en doute, mais avec ce que je découvre de l’homme que t’es vraiment quand tu raccroches la blouse. »

« Je suis pas amoureuse de toi. » Laissant un petit rire s’échapper, Ruben finit par se relever pour s’asseoir sur le lit, entourant le corps de Mavis de ses bras, resserrant ce dernier contre lui avec tendresse de ses mains. Relevant son visage en direction du sien, il respira profondément l’odeur de son parfum avant de laisser son nez glisser le long de l’arête de sa mâchoire. Ce fut sans une once d’hésitation dans la voix, ni dans le regard qu’il porta dans sa direction ensuite, qu’il lui répondit. « Mais moi je pourrais le devenir de toi si tu me parles comme ça. » Parce-qu’elle avait une admiration pour lui qui déversait la quantité suffisante à son égo pour que ce dernier ne sache plus ou donner de la tête. « Je sais que tu dis la vérité, mais je sais aussi que tu sais comment la dire pour que ça me plaise. » Glissant ses lèvres contre les siennes, le souffle chaud se mêlant au sien, il se retint de les prendre d’assaut de suite. Parce-qu’il lui manquait une étape importante avant tout ça. « Merci. » Qu’il murmura. « D’avoir su voir au delà de tout ça. » Parce-qu’il savait que ce n’était pas évident et qu’il ne rendait pas les choses simples dans ce domaine tant il n’acceptait que peu que les autres voient au delà de l’image qu’il souhaitait donner.

« Est-ce que je peux t’embrasser pour de vrai, s’il te plait ? » Il remonta un regard suppliant dans le sien à cet instant, parce-que c’était là quelque-chose qu’il mourrait bien sur d’envie de faire depuis de longues heures mais parce-qu’il savait aussi qu’il ne pouvait se permettre d’assouvir ses désirs comme bon lui semblait, il avait gardé tout ça de côté sans le mentionner. « Je suis pas amoureux de toi non plus, mais c’est pas pour autant que j’ai pas envie de toi et je rêve de t’embrasser depuis qu’on est arrivés ici hier soir. » Il inspira de façon saccadée. « Mais je le ferais pas si tu m’en donnes pas l’autorisation. »

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@ruben hartfield

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***
Ruben savait à quoi s’attendre pour la suite. Est-ce que sa relation avec Leon pâtirait de toute cette histoire ? C’était une évidence que Mavis pointa du doigt. D’une certaine façon, le rapport que les deux chirurgiens entretenaient étaient aussi ambiguës que celle qu’eux deux entretenaient, mais les ramifications étaient encore plus complexes selon le point de vue de la blonde qui, le regard perdu dans la contemplation des traits du jeune homme, remarqua la déception dans ses yeux. Là où entre Ben et Mavis, il y avait une dimension charnelle à prendre en compte, le désir qu’ils ressentaient l’un pour l’autre régentant une partie de ce qu’ils vivaient, entre Ben et Leon, ça paraissait plus alambiqué encore, comme si l’un se voyait dans l’autre, et inversement. Elle n’était pas certaine de vouloir détruire ça Mavis, mais elle n’était pas non plus certaine que sur la durée, ça la servirait vraiment de vouloir préserver cette osmose qu’il y avait entre les deux hommes. Il y avait quelque chose qu’elle ne comprenait pas tout à fait, et c’était cette sensation d’exclusion qui l’avait déjà poussée à l’époque à vouloir se rapprocher de Ruben. Maintenant qu’elle était plus proche de lui que ne le serait jamais son père, que devait-elle envisager, elle, pour la suite ? Elle l’ignorait encore, mais une chose était certaine : elle ne voulait pas renoncer au temps qu’il leur restait, et il lui paraissait plutôt évident que c’était la même chose pour Ben.

Elle le sentait, qu’au plus le temps passait, au plus ils s’attachaient l’un à l’autre, et ce qu’elle ne jugeait pas comme un problème jusqu’à maintenant lui faisait redouter une déroute plus significative encore que tout ce qui s’était passé ces dernières semaines. Ils avaient été clairs l’un envers l’autre à l’époque, ils devaient toujours garder à l’esprit que ça ne pourrait pas durer, mais comment ne pas y croire un peu quand ils se comportaient comme ils étaient en train de le faire ? Si elle fermait les yeux une minute, Mavis pourrait s’imaginer se réveiller tous les matins aux côtés d’un Ruben qui la couvrirait de caresses et de baisers sans donner l’air de songer un instant à les attribuer à une autre. Elle pourrait se réjouir de le retrouver quelques heures après au bloc, et leur vie, ils la mèneraient en duo jusqu’à ce que s’invitent d’autres velléités, plus tard, quand ils se lasseraient de leur statut de Dieux vivants. Elle n’était pas idiote, elle savait que Nina devait se dire exactement la même chose chaque fois qu’elle posait ses yeux sur lui, et ça la tortura un instant d’imaginer qu’elle pouvait être aussi naïve. Il fallait qu’elle se reprenne au moins un peu… mais pas en lui posant les questions qu’elle lui posait, et qui soulevait des possibilités alléchantes "Tu craignais que ça te donne quelle image au juste ?" Elle savait laquelle, elle voulait juste se rendre compte à quel point il tenait à sa réputation, voulant faire taire les battements de son coeur qui cogna dans sa poitrine quand il lui dit que si Nina n’avait pas fait partie de sa vie, il y aurait eu des chances que ça fonctionne entre eux. Pourquoi ça lui plaisait autant de l’entendre, pourquoi elle trouvait ça charmant de pouvoir prétendre à la place d'une autre quand cette autre ne jouait pas à bataille égale ? Elle pinça les lèvres, son regard continuant à détailler les traits du jeune homme allongé à ses côtés "Tu m’aurais trompée si j’avais été à sa place ? Sois honnête, j’ai pas besoin que tu me caresses dans le sens du poil, je peux gérer." Je te connais, voulut-elle ajouter, mais la question qu’il lui posa en retour la fit pencher vers un soin tout particulier à vouloir lui accorder une réponse à la hauteur de ses espérances.

Elle se retrouva au-dessus de lui, presque à lui susurrer ce qu’il voulait entendre sans pour autant que ça ne parte d’un mensonge ; tout ce qu’elle lui disait, c’était la stricte vérité. De la manière dont elle ne se cachait pas vouloir lui plaire, à celle qui la poussait à lui avouer qu’elle l’avait trouvé insupportable à une époque, elle déroula le fil de ce qu’elle ressentait pour lui, et qui s’était mut en quelque chose d’assez déroutant à ses yeux pour que, si elle n’aimait pas autant flotter dans le déni, la troublerait au point de lui faire peur. Elle n’avait pas peur Mavis, pas souvent en tout cas ; mais elle en ressentit une pointe quand s’évertuant à vouloir rebondir sur ce qu’elle lui disait, appuyant sur le fait qu’elle n’était pas amoureuse de lui, Ruben la prit par surprise en lui disant quelque chose qui la laissa pantoise. Elle le dévisagea, sentant la pression de ses mains sur ses fesses, la courbe de ses reins se mouvoir sous la chaleur de ses paumes, et l’approche d’un désir évident l’envahir lorsque son nez esquissa l’arête de sa mâchoire pendant qu'elle essayait de faire le point sur ce que ça voulait dire. Elle lui recula doucement le visage en posant ses deux mains de part et d’autre de son cou, affrontant en même temps ses yeux avec une urgence résolue "Dis pas ça. Je veux pas que tu nourrisses des espoirs que j’ai pas encore, mais que je pourrais avoir si toi, tu continues à me parler comme ça." Elle aimait l’idée qu’il couve des sentiments pour elle, des vrais, et c’était terrifiant "Je veux pas tomber amoureuse de toi." La nuance fit son apparition, mais elle ne le laissa pas s’y attarder "Joue pas avec ce genre de choses. Je suis pas elle, je pourrais te détruire demain si tu me trahis en me racontant des salades aujourd'hui." C’était un rappel de ce qu’elle lui avait dit l’an dernier, quand ils avaient remis le couvert, et qu’elle l’avait menacé en lui rappelant qu’elle le détruirait s’il l’ignorait. Maintenant, elle pourrait le détruire s’il lui faisait croire que l’attention qu’il lui portait était le fruit de sentiments qu’ils lui réservaient juste parce qu’elle polissait son ego en répondant à ses désirs, et en le comprenant assez pour lui parler comme il le voulait.

Elle s’entendit soupirer lorsqu’il glissa ses lèvres contre les siennes sans l’embrasser, ses genoux se resserrant autour de sa taille et son bassin vibrant de fusionner avec le sien alors qu’elle sentait la tension monter et son besoin d’être proche de lui s’amonceler au manque de lui qu’elle ressentait depuis qu’elle lui avait imposé de la distance. Quand il lui dit merci, elle passa ses deux bras sur ses épaules et se rapprocha encore, forçant les mains de Ruben à plonger plus loin sous le jupon de cette robe qu’elle portait depuis la veille, et qui avait beau lui aller à la perfection, paraissait de plus en plus inconfortable au fil de cette montée de tension qui raidissait son corps et anesthésiait sa raison. Elle ouvrit les yeux en même temps que les yeux suppliant de Ben remontaient, et s’immobilisa à la seconde où il lui quémanda un baiser. Elle voulait contrôler sa respiration, mais elle la relâcha avec pesanteur quand elle lui répondit "Je veux que tu fasses plus que m’embrasser." Ça lui donnait un champ d’action plus vaste que ce à quoi il s’imaginait sans doute étant donné sa réticence de la veille. Doucement, elle murmura contre sa bouche, ne lui dérobant par la priorité de ce qu’il semblait attendre depuis des lustres de pouvoir faire "Ça te va comme réponse ?" Et comme elle était certaine que oui, que ce genre de paroles s’apparentaient à celles qui pourraient le faire tomber amoureux d’elle, elle ajouta à sa suite "C’est pas une invitation à tomber amoureux, d’accord ? Mais tu me manques, Ben" Un aveu effrayant là encore, qu’elle fit sur le ton de la complainte lourde, sentant de plus en plus qu’elle avait besoin de sentir la peau de Ruben contre la sienne ; ça la fit soulever le bas de sa robe elle-même, d’une main impatiente, mais précise, pendant qu’elle reprenait avec une résolution galvaudée par le désir qu’elle ressentait pour lui à ce moment-là "On doit plus céder à l’imprévu. On doit suivre ce qu’on s’est dits à l’époque, et plus faire aucune erreur." Son souffle chaud se mêlant au sien, elle raffermit la pression de ses mains contre son cou, et celle de ses jambes autour de hanches, et compléta contre sa bouche dont elle attendait toujours qu’elle rentre en fusion avec la sienne "Je vais me trouver quelqu’un. Je sais pas qui, je sais pas comment je vais m’y prendre non plus. Mais si mon père est capable de mettre le nez dans mes affaires, j’ose pas imaginer ce que les autres seraient capables de faire."

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« Tu craignais que ça te donne quelle image au juste ? » Haussant à peine perceptiblement un sourcil sur son visage, il pencha quelque peu sa tête sur le côté. Elle savait très bien l’image dont il parlait, et même si elle ne l’avait pas connu avant de poser la question elle aurait parfaitement pu l’imaginer toute seule sans lui demander à lui. Elle appuyait là où ça faisait mal, elle le poussait dans des retranchements où il n’était pas maitre de la situation - et c'était ce qu’il demandait, après tout, il n’aurait pas du ressentir tant de surprise dans le processus. Soupirant, il fit une petite moue. « L’image du titulaire qui courtise ses étudiantes pour les mettre dans son lit. De celui qui abuse de son titre et de son pouvoir. » Parce-que même s’il adorait effectivement ce que tout ça lui donnait au niveau professionnel, cela n’avait jamais été pour s’en servir en dehors de ce domaine là. Et dans leur histoire, c’était Mavis qui était venue vers lui, pas l’inverse. « Tu m’aurais trompée si j’avais été à sa place ? Sois honnête, j’ai pas besoin que tu me caresses dans le sens du poil, je peux gérer. » Il haussa un sourcil. « T’as décidé de me poser toutes les questions qui portent sur mes pires défauts aujourd’hui ? » Encore une fois, c’était là des situations qu’il ne s’était pas imaginé discuté, et il était quelque peu pris de court - mais il commençait à reprendre composition dans cette discussion, alors après avoir pris quelques instants de réflexion, il tourna de nouveau son regard vers elle. « Je sais pas. » Il ne s’arrêta pas là, sachant parfaitement que ce n’était pas une véritable réponse. « Ce que je veux dire, c’est que je m’en pensais pas capable avant toi, et j’avais jamais trompé mes partenaires. » Ca avait beau être monnaie courante ces derniers temps, c’était pourtant on ne pouvait plus vrai; c’était ces dernières années qui avaient été difficiles pour le comportement de Ruben, il n’avait pas de pêchés à se faire pardonner de la sorte avant. « Je peux pas te dire avec certitude que non, mais j’en sais vraiment rien. »

Et ce n’était pas une question qu’il serait amené à se reposer de si tôt, puisque Mavis n’était pas celle avec qui il s’apprêtait à partager le reste de sa vie de façon officielle et officialisée devant la loi - et il fallait dire que son attention était bien moins dirigée vers cette partie là de la discussion alors qu’elle s’appliquait à passer de la pommade en couche épaisse sur son égo. Il aurait pu rester des heures à l’écouter parler de la sorte, le docteur Hartfield; et il n’y avait qu’avec elle qu’il se permettait d’être autant honnête sur cette partie là de lui. Tout le monde savait qu’il était fier, mais peu pouvaient se rendre compte à quel point c’était effectivement le cas. Mais même avec Mavis, parfois, être totalement honnête arrivait avec quelques claques à l’arrière de la tête pour lui remettre les idées en place. « Dis pas ça. Je veux pas que tu nourrisses des espoirs que j’ai pas encore, mais que je pourrais avoir si toi, tu continues à me parler comme ça. » Ses prunelles s’ancraient aux siennes. « Je veux pas tomber amoureuse de toi. » - « Je veux pas que tu le fasses non plus. » Parce-que ce n’était pas le but de la manoeuvre, et que cela ne le serait jamais; ils étaient on ne pouvaient plus d’accord depuis le début sur ce point là. « Joue pas avec ce genre de choses. Je suis pas elle, je pourrais te détruire demain si tu me trahis en me racontant des salades aujourd’hui. » Et à ces mots là, bien sur qu’il serra les mâchoires - autant qu’il resserra de façon moins significative sa prise autour de son corps à elle. C’était là, autant le point de pression que de fracture, la ligne à ne pas franchir mais par dessus laquelle ils ne cessaient de regarder. Mavis avait un pouvoir sur lui qu’il connaissait, mais qu’il avait tendance ces derniers temps à mettre de côté parce-qu’ils avaient passé le moment où il n’était que question de pouvoir entre eux. C’était toujours présent, mais ce n’était plus avoir quoi ils jouaient la plupart du temps. « Je sais, Mavis, je connais les règles du jeu. » Qu’il siffla presque entre ses dents, sans pouvoir autant déloger son regard du sien. Il connaissait les règles du jeu, même si ce dernier avait tendance à évoluer ces derniers temps; en témoignait la retenue donc il faisait preuve alors qu’à la sentir se mouvoir entre ses mains, il avait de plus en plus envie de faire en sorte que la chaleur de sa peau puisse être perceptible contre ses lèvres. « Je veux que tu fasses plus que m’embrasser. » Cette réponse eut le don à la fois de réussir à raviver une flamme déjà bien vivante dans le regard du docteur, qu’une certaine forme d’attention qu’il ne lui avait pas accordé jusque maintenant; parce-qu’il n’était pas idiot et avait très bien compris à quel point son corps à elle avait été mis à rude épreuve ces dernières semaines - à cause de lui, involontairement certes mais les faits restaient les faits. « Ça te va comme réponse ? » - « Bien sur que ça me va comme réponse. » - « C’est pas une invitation à tomber amoureux, d’accord ? Mais tu me manques, Ben. » Il secoua quelque peu sa tête de gauche à droite, sans pour autant lâcher le regard de la blonde. « J’ai pas l’intention de le faire, t’en fais pas. » Et alors qu’elle remontait elle-même la partie basse de sa robe qui ne serait bientôt qu’un lointain souvenir, la pulpe des doigts de Ben remontait contre son épiderme, dérapant quelque peu sur ce dernier temps il se forçait à ralentir son désir. « Tu me manques aussi Mav. » Son souffle se mêlant au sien, sans que leurs lèvres ne cèdent au baiser qu’il ne cachait pas attendre pourtant.

« On doit plus céder à l’imprévu. On doit suivre ce qu’on s’est dits à l’époque, et plus faire aucune erreur. » Il savait qu’elle avait raison - c’était cela le pire dans cette histoire. Depuis le début, elle avait eu raison sur bien des choses et c’était ça qui était d’autant plus frustrant pour lui. Mais c’était quelque peu cocasse de se permettre de telles paroles alors qu’ils se trouvaient à des kilomètres de leur ville sur un coup de tête - c’était l’imprévu dans son meilleur exemple. Ruben chassa mentalement cette partie là de la réalité, il affronterait tout cela plus tard. « Je vais me trouver quelqu’un. Je sais pas qui, je sais pas comment je vais m’y prendre non plus. Mais si mon père est capable de mettre le nez dans mes affaires, j’ose pas imaginer ce que les autres seraient capables de faire. » A ces mots là en revanche, il émit un grognement qu’il ne tenta pas de minimiser, alors que c’était tout à fait le type de paroles et de situation qui pourrait le mené à perdre sa sanité. « Pas Dan s’il te plait. » C’en devenait presque une obsession, sa rancoeur à l‘encontre d’un quelqu’un qu’il ne connaissait même pas qui plus était. « N’importe qui mais pas lui. » L’arrondi de ses lèvres glissait contre celui de celles de Mavis. « J’ai pas envie que t’aies quelqu’un d’autre, tu le sais je vais pas le cacher. Mais je sais aussi que j’ai pas mon mot à dire et que ce serait pour le mieux. » Lentement, l’une de ses mains remonta dans le dos de Mavis, par dessus le tissu de sa robe cette fois-ci, pour aller défaire la fermeture qui gênait clairement le processus à son humble avis. Avec la même précision chirurgicale sans avoir besoin de jeter le moindre coup d’oeil à ce qu’il faisait, il abaissa cette dernière avant de laisser sa main entre en contact avec la chaleur de la peau de Mavis. « Mais choisis-le bien s’il te plait. Pas trop non plus pour qu’il arrive pas à te satisfaire plus que moi quand même. » Il attendit à peine d’avoir terminé sa phrase pour enfin déposer ses lèvres sur celles de la jeune femme; parce-que c’était de ça dont il avait rêvé cette nuit, il ne le cacherait pas non plus. C’était de ça dont il avait envie depuis qu’ils étaient montés dans sa voiture pour disparaitre de la demeure Barnes. C’était comme reprendre une bouffée d’oxygène après être resté en apnée trop longtemps, et peut-être que c’était ce qui était dangereux depuis le début entre eux - ce sur quoi il n’avait pas envie d’accorder d’importance pour le moment.

Gardant le corps de Mavis contre le sien pour l’emporter avec délicatesse dans le mouvement, il la déposa sur le lit, le dos à plat, reprenant un peu le contrôle sur la situation. Son regard ne lâchait pas les yeux noisettes alors qu’il attrapait du bout des doigts le tissu de la robe pour la retirer et s’en débarrasser - elle finit au pied du lit sans aucune cérémonie. Avec lenteur et délicatesse, il remonta le long de son corps d’une longue caresse, des cuisses à ses mains, pour glisser ses doigts entre les siens; il finit par remonter leurs mains jointes au dessus de la tête de Mavis, contre le matelas, alors qu’il se penchait et s’appuyait par dessus elle. « J’adore que tu flattes mon égo et j’ai envie de toi comme d’un fou là… » Toutes les fibres musculaires de son corps à l’épiderme réchauffé pourraient prouver que c’était le cas. « Mais si à un moment donné, tu veux qu’on arrête tout, ou si y’a des choses dont tu te sens pas capable, tu me le dis. » Ce n’était pas une question, c’était une affirmation et même plutôt un ordre venant de la part de Ben. Quelques mois plus tôt, il ne serait pas allé sur ce chemin là, parce-qu’ils avaient toujours été d’accord que leur relation s’appuyait sur une partie d’échanges de contacts physiques en quantité qui n’était pas négligeable; aujourd’hui, les choses étaient bien différentes. « Après aujourd’hui, tu te trouveras quelqu’un qui sera pas moi, parce-que y’en a plein en dehors d’ici qui rêveraient de nous détruire s’ils savaient ce qu’il se passait ici. » D’un geste lent du genou, il remonta la cuisse de Mavis le long de la sienne pour qu’elle puisse ancrer sa jambe le long de sa hanche. « Mais aujourd’hui je te garde que pour moi. Rien qu’à moi. »

remind myself the more i gave you'd want me less

@ruben hartfield

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Bien sûr qu’elle savait parfaitement pourquoi Ruben craignait l’image que lui donnerait leur histoire s’il l’avait assumée au grand jour, dans cette réalité comme dans une autre. A un moment donné, elle avait été tenté d’en jouer un peu pour s’attirer la sympathie et se faire plaindre par ceux qui la prendraient pour une étudiante sage qui se laisse berner par le pouvoir et la carrière d’un ponte, seulement elle avait pris conscience que l’image qu’on lui donnerait à elle la débecterait. C’est pourquoi aujourd’hui, l’écoutant lui dire les choses sans détour, elle, elle pouvait lui répondre avec au moins autant d’honnêteté "C’est pas comme ça que ça s’est passé entre nous. C’est moi qui te suis tombée dessus en premier, pas l’inverse." Elle eut un sourire presque carnassier quand elle compléta, ses yeux dans les siens "En fait, t’as presque rien à te reprocher sur cette partie-là de l’histoire." Il n’avait franchement pas résisté, mais elle ne reviendrait pas là-dessus, ils en avaient déjà vaguement discuté tout à l’heure. Ses lèvres se pinçant brièvement, elle hésita un instant avant d’oser reprendre, plus sérieuse "On se fiche de ce que pense les autres, tu sais. On sait comment tout ça a commencé, et ce qui s’est passé — ce qui se passe." Les rumeurs, les conclusions hâtives, et tout le reste ? Ils pouvaient s’en inquiéter, il fallait même qu’ils s’en inquiètent pour que jamais leur secret n’éclate au grand jour, mais ça n’avait pas autant d’importance que le pensait Ben. Ce qui l’était en revanche, c’était bel et bien ce qu’ils se donnaient, ce qu’ils s’apportaient, et ce qui était l’essence même de ce qu’ils partageaient : leur honnêteté l’un envers l’autre, qu’elle quémanda à nouveau en lui posant une question délicate de laquelle il sembla s’offusquer. Elle, elle en rit juste un peu, sa tête retombant sur le côté alors que ses sourcils se haussaient pour appuyer sa réflexion qu’elle verbalisa après une seconde à peine "Non, je te laisse juste l’occasion d’être honnête sans craindre les conséquences. Je te juge pas, je suis pas la mieux placée pour ça." Ses grands yeux noisettes retrouvèrent les siens bleu-vert, et d'un signe de tête, elle l’encouragea à lui dire ce qu’il pensait de l’éventualité de la trahir si elle avait été à la place de Nina. Elle aimait se dire qu’à la place de Nina, elle donnerait assez de grain à moudre à Ruben pour ne pas  lui donner envie d’aller voir ailleurs, son ego se basant sur la manière dont il la regardait, dont il l’embrassait, dont il la désirait toute entière en se disant que c’était une donnée immuable et que c’était le gage d’une fidélité certaine. Mais en même temps, elle n’oubliait pas qu’il lui avait dit aimer Nina, pourtant ça ne l’empêchait pas d’être là, de fait comment savoir ? Elle l’écouta, suivant les mouvements de ses lèvres des yeux, les siennes s’étirant en léger sourire quand elle conclut d’elle-même "Hm, ça veut dire que oui." Un résumé trop grossier certainement, sauf qu’elle n’avait pas besoin qu’il tente de la préserver en prétendant ne pas savoir.

Est-ce que ça avait vraiment de l’importance d’ailleurs, quand tout autour devint trop dense, et que son corps se mit à peser contre celui de Ruben dont elle sentait le désir l’envahir jusqu’à son âme. Ils n’avaient pas été très proches ces derniers temps, des contacts dérobés, des baisers tièdes, et le besoin évident qu’elle alimentait qu’il ne la touche pas pour ne pas se rendre compte que son corps était en train de changer. Néanmoins, le désir avait toujours été là ; repoussé pour l’aider à réussir à gérer son état, ne demandant qu’à pouvoir se libérer depuis que la veille, il avait posé ses lèvres sur les siennes pour la réconforter. Elle ne voulait pas de douceur comme à ce moment-là, elle n’en avait pas besoin : elle avait besoin de sentir qu’elle n’était pas la seule à tout ressentir trop fort quand il la tenait comme ça, à garder une marque de ce quelque chose qu’elle sentait grouiller dans chaque cellule de son être, et qu’elle refusait d’étiqueter comme des sentiments sincères à l’encontre d’un homme qui avait tout pourtant. Elle ne voulait pas tomber amoureuse de lui, il en voulait pas tomber amoureux d’elle, et la contradiction de ces deux souhaits mêlés à ce qu’ils s’apprêtaient à faire était assez comique dans le fond pour que, pour la première fois peut-être, une petite voix au fond de Mavis lui susurre qu’ils étaient tous les deux des hypocrites patentés. Elle s’en moquait, elle voulait faire l’impasse sur le fait que plus ils continuaient leur petit manège, plus ils s’attachaient ; elle ne voulait se concentrer que sur une seule chose maintenant, et c’était de le sentir au plus près d’elle pour qu’il prenne ce qu’il désirait, et de ne la lâche que quand elle, elle l’aurait décidé.

Mais elle continua de parler tout en se préparant à l’imminence de ce qui faisait crépiter sa peau et bouillir son sang, les doigts de Ruben se mouvant contre elle pour la toucher, les siens s’enfonçant dans la masse épaisse de ses cheveux auxquels elle s’accrochait avec douceur et fermeté à la fois ; elle continua de vouloir un instant préparer la suite de ce qui les attendrait une fois qu’ils seraient sortis d’ici, et qu’il faudrait qu’ils donnent le change en préservant ce qui se passait entre eux, prenant une décision dans l’intervalle des gestes tendres qu’ils échangeaient, leurs bouches rentrant enfin en fusion pour un baiser haletant qui lui coupa l’envie de parler l’espace d’un moment, sa langue occupée à autre chose qu’à formuler une réponse claire à la supplication faite par Ruben sur son choix de prétendant. Pas Dan. Elle décolla sa bouche de la sienne, resserrant l’étreinte de ses genoux autour de son bassin quand, front à front, elle lui promit "Pas Dan." Mais quelqu’un d’autre, elle en trouverait bien un qui ferait l’affaire et avec qui elle ne s’impliquerait que par intermittence. Elle savait faire, elle n’était pas une sentimentale qui tombe amoureuse du premier beau garçon qui passait à sa proximité, elle avait des standards qui impliquaient l’ambition. Et des ambitieux, Mavis n’en connaissait pas beaucoup, alors là encore, elle ne tomberait pas amoureuse "J’ai pas vraiment envie d’avoir quelqu’un d’autre non plus, mais c’est la seule solution raisonnable pour l’instant." Et enfin, elle répéta après lui, sentant ses mains défaire la fermeture éclair de sa robe et la paume de sa main esquisser un poinçon chaud sur la peau lisse de son dos "C’est pour le mieux." Elle en était convaincue, et elle était forte comme personne : elle ferait son affaire de tout ça sans que ça ne tourne à la catastrophe pour leur histoire à eux, dont le souffle se mêlait pour de bon dans le petit rire que Mavis laissa filer à l’ajout que Ruben fit en même temps "T’aimerais que je te dise que je trouverais personne qui me satisfera plus que toi, avoue-le ?" Elle ne lui en laissa même pas le temps finalement, sa bouche retrouvant la sienne pour laisser flotter la possibilité qu’il existait quelqu’un capable de voler le titre au jeune homme.

Pas maintenant en tout cas. Il répondait parfaitement aux besoins de Mavis sans juger nécessaire de la consulter au préalable, la serrant plus fort contre lui pour ne surtout pas rompre le contact, alors qu’il la déplaçait dans la foulée pour reprendre le contrôle de la situation et la déshabiller pour de bon après l’avoir délicatement posée dos contre le matelas. Elle ne le lâcha pas du regard, ses mains le caressant de long en large de sa peau qu’elle finit par embrasser en se relevant légèrement pour l’atteindre au plus près, sentant sa clavicule rouler sous ses lèvres qui le caressèrent en même temps, l’impatience commençant à se faire ressentir tandis que la langueur des gestes de Ruben était réfléchie pour la torturer un peu. Elle le laissa s’emparer de ses mains, mais émit une brève protestation quand ça mit à l’épreuve son envie irrépressible de le toucher "Alors laisse-moi te toucher." murmura-t-elle en ne voulant pas paraître trop suppliante, mais c’était trop tard, quand il lui avoir envie d’elle comme un fou ; la manière dont il termina sa phrase pendant que les doigts de Mavis tentaient d’échapper aux siens, elle la fit plonger ses yeux loin dans les siens et rester silencieuse un instant de trop sans doute "Je suis pas fragile, je peux tout supporter." Elle le lui disait sans fléchir. Elle comprenait pourquoi il prenait le temps de lui dire ça, mais dans la présente, elle ne pensait qu’à une chose, et ce n’était pas à préserver son corps qui se tortillait de retrouver celui de son amant à qui elle chuchota encore, comme un aveu honteux qui trouvait sa source dans le côté le plus malsain de leur relation "Je veux pas que tu fasses doucement." Loin de là. Elle voulait le sentir, elle voulait se sentir pleine de ce qu’elle savait qu’il lui donnerait sans concession, et il fallait qu’il le sache pour lui donner satisfaction comme il le faisait avant. Elle ne lâcha pas son regard du sien quand il reprit la parole, et se laissa conduire sans protester quand il l’incita à ancrer sa jambe le long de sa hanche pendant qu’elle réussissait enfin à détacher ses mains des siennes, et qu’au genou qu’elle raffermit autour de sa prise, le faisant basculer encore un peu plus sur elle, elle ajouta ses mains qui sentirent la chaleur de la peau de Ruben sous leurs paumes. Son nez trouva la courbe de la mâchoire du jeune homme, ses lèvres tracèrent plusieurs baisers aléatoires contre son visage, sur sa bouche qu’elle effleura avec la sienne, et son souffle conclut le dialogue par une l’affirmation que pour les prochaines minutes, personne ne pourrait prétendre à la posséder comme Ruben savait le faire "Rien qu’à toi." finit-elle par lui retourner dans un murmure, mettant un terme au débat pour que leurs ébats prennent place sans douceur ni fausseté.

rp terminé.