Rumors fly through new skies
@Olivia Welch  ☆ crédit/ lunaspacks

Il fallait bien reconnaître que peu à peu, Olive reprenait doucement confiance en elle. Elle apprenait à revivre sans trop s'en faire de ce que l'on pourrait penser d'elle si elle agissait de telle ou telle manière. Elle tentait au moins de garder le contrôle sur la vie qu'elle construisait avec difficultés depuis quelques mois. C'était nouveau pour elle, et ce n'était pas parfait bien évidement, mais c'était toujours mieux que de broyer du noir en attendant une étincelle qui ne viendrait jamais. Parce que c'est ce qu'elle avait fait pendant presque trois ans, et malheureusement, sans une once de motivation et un bon coup de pieds au derrière, elle n'avait pas avancer d'un pouce. Ressassant encore et encore les erreurs de son passé comme si c'était la seule et unique chose à faire. Entre temps, Olive a eu la chance de rencontrer de nouveaux visages, qui lui ont permis de comprendre qu'elle valait mieux que ça et qu'elle finirait un jour par trouver sa voie. Il y avait aussi les anciens visages, comme celui d'Olivia qui ont pu lui faire comprendre qu'elle n'était pas qu'une moins que rien et que ce n'était pas parce qu'elle avait échoué une fois, qu'elle échouerait pour tout. Ce que jusqu'à présent, elle avait eu bien du mal à cerner. Olive avait toujours eu l'impression d'être une lâche et qu'elle ne pourrait jamais changer cela. Mais ce n'était pas la réalité et cela commençait à rentrer dans son crâne. Olive pouvait réussir avec l'impulsion qu'elle venait de retrouver et ça faisait un bien fou. Et pour concrétiser tout cela, et sous les conseils de son amie, l'Australienne avait décidé d'accepter de retourner au dispensaire. Ce n'était qu'un petit pas dans l'édifice de peur de son passé, mais c'était déjà ça. Olive, elle reconnaissait que ça lui faisait du bien de sortir enfin de chez elle. De revoir du monde, et de renouer un peu avec la médecine mais sans attente. Elle n'avait pas besoin de devenir le prochain grand chirurgien de l'hôpital, non. Elle avait juste besoin de venir en aide à des patients et de se sentir en accord avec cela et c'était plus que plaisant.

Même si ce n'était pas encore évident, Olive avait accepté avec plaisir le rendez-vous avec l'infirmière. Boire un café en sa compagnie lui ferait du bien et il ne fallait pas qu'elle flanche là-dessus. Reprendre un courant de vie normale en trainant dans les cafés était une étape importante du projet de remise en forme d'Olive. Par habitude, la jeune femme arriva bien tôt au lieu du rendez-vous, commandant un thé à la menthe en attendant l'arrivée de son amie. Si ce n'était pas le cas, elle aurait tourné des heures et des heures chez-elle jusqu'à trouver une excuse pour ne plus venir. Au moins ainsi, elle était sur place et l'attente n'était pas un problème pour elle tant qu'elle avait un bon livre sous la main, comme à cet instant. Olivia s'impose à elle, essoufflée et sans dessus-dessous ce qui soulève un sourire chez Olive. « Je suis désolée, j'ai été retenue » La jeune Australienne lui fait signe de la rejoindre. « Mon dernier patient m'a pris plus longtemps que prévu. » - « Oh, ce n'est rien ne t'en fais pas. Il n'y avait rien qui presse. » Elle ne comptait pas bouger de suite, trop happé par son livre pour se soucier du temps qui passe. Olive laissa la jeune femme commander sa boisson et se concentra enfin sur elle, repliant son livre sur la table. « Comment tu vas ? » Olive grimaça. Cette question, elle la redoutait constamment, mais elle ne pouvait pas l'esquiver. « Je vais bien. » Elle marqua une pause avant de se focaliser de nouveau sur la nouvelle venue. « Avec tes précieux conseils, je suis revenue donner de mon temps au dispensaire, et j'dois dire que ça me fait le plus grand bien, ce que je n'aurai pas cru possible. » Une grimace se dessine de nouveau sur son visage à cette révélation. « Et toi, comment tu-vas? Tu as l'air épuisée. » Olive n'avait pas envie de parler d'elle pendant des heures, ce n'était de toute évidence pas le but de cette rencontre, alors il était important qu'elle s'intéresse également à Olivia. Lui relançant ainsi toute la lumière.

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L'important, c'était d'aller de l'avant et c'est ce que comptait faire Olive à partir de maintenant. Bien sûr, la pente était raide, et le chemin très long, mais elle y arriverait. A force d'une bonne volonté et d'un courage sans faille. Peut-être que oui, ce ne serait pas facile et que parfois, elle retomberait, mais elle savait que le pire était derrière elle et que maintenant, il n'y avait plus qu'à foncer. Elle espérait sincèrement ne plus avoir à en parler et garder cela comme un mauvais souvenir dans les années à venir. Ce serait au moins une petite victoire personnelle agréable. Aujourd'hui, elle pouvait au moins admettre à la nouvelle venue que tout allait bien et que c'était la vérité. Il fallait que la vie reprenne, et qu'elle cesse de s'apitoyer sur son sort. Commencer par discuter de tout et de rien avec Olivia était un bon début. « Je suis contente que ça te plaise, ce bénévolat ! Les patients aiment bien avoir une présence, même de quelques minutes, juste pour se sentir moins seuls. » - « J'suis totalement d'accord, et puis, ils me tiennent compagnie à moi aussi finalement, donc c'est donnant-donnant. » Olive émit un petit rire. Après tout, elle donnait de son temps, mais les patients lui accordaient aussi du temps. C'était un bon service, et elle aimait le rendre. Ce n'était que le début, donc bien sûr, elle a besoin de reprendre ses marques, de connaître ses tâches et son rôle, mais elle savait que ce retour au dispensaire serait bénéfique. Cela même si ça n'avait pas été un bon début avec le retour de Diane dans sa vie. Mais elle ferait attraction de cette femme, parce qu'elle avait besoin de se trouver une occupation et que pour tout le reste, elle avait échoué. « Je cours toujours un peu partout, entre le boulot et les enfants. Disons que mon sommeil a pas été une priorité ces derniers temps » Olive grimaça. « Tu devrais quand même tenter de lever le pieds. Enfin, j'sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais ça vaut pas la peine de se ruiner la santé, crois-moi. » Olive n'avait pas d'enfant, mais elle savait ce que c'était de donner trop de son temps à son travail et d'en perdre le sommeil, alors forcément, elle ne pouvait que compatir. «J'essaye de tout caser dans une journée mais ça passe pas toujours. » Peut-être qu'il était temps que les journées dures plus longtemps que 24H. « Si tu as besoin, faut pas hésiter. On peut pas dire que je sois bien prise en ce moment, donc ça me ferait plaisir de t'aider un peu pour que tu te reposes. » Olivia le méritait, après tout ce qu'elle faisait pour les autres, Olive pouvait lui rendre la pareille un moment. « Mais je me dis que d'ici quelques années, ils iront à la fac et que ça me manquera de plus les avoir à me réveiller le matin même quand ils essayent d'être discrets. » Olive émit un petit rire à cette remarque. Il est vrai que les années défilent et que tout change à vitesse grand v. Mais il parait que ce sont aussi les petits moments du quotidien qu'on retient le plus, alors forcément, on a envie que ça dure pour toujours. « Il est sur quoi, ton livre ? » Le changement d'orientation de la conversation fut une surprise. Mais une surprise peu déplaisante. Au moins, cela permettrait de s'adonner à un autre sujet que le travail et les enfants. Non pas que cela déplaisait le moins du monde à Olive d'entendre les récits palpitants des aventures des enfants d'Olivia, bien au contraire. « Oh, c'est un roman de Charles Dickens qui traine dans ma bibliothèque depuis un moment, c'était l'occasion de sortir cette œuvre du placard. » Olive pouvait passer des heures et des heures le nez dans un bouquin. Alors forcément, il était rare de savoir qu'un livre trainait là depuis des années. « L'Ami commun C'est pas si mal, mais je n'en suis qu'au début. » L'Australienne hausse les épaules. Elle n'aurait malheureusement pas grand avis sur le sujet pour l'instant. Cela même si le sujet du livre était passionnant.

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Au moins de cette façon, Olive avait l'impression de redonner un peu de sens à son quotidien, et sincèrement ce n'était pas déplaisant. Parce que justement, pendant trop longtemps elle avait été dans l'attente d'un jour meilleur, et enfin, il était là. Retourner dans ses vieux démons étaient quitte ou double, mais pour l'instant, c'était plutôt efficace et bon pour elle. Du moins, Olive avait l'impression de moins réfléchir et de faire les choses par bonheur et non par obligation, ce qui amenait une grande différence avec son passé. Le calme était bien plus présent en outre et elle n'avait de compte à rendre à personne. Enfin, moins directement du moins. « Toi aussi, ça te fait passer le temps ? » Olive gloussa à son tour. « En fait oui, y'a beaucoup de ça aussi. » Les patients amenaient aussi quelque chose de bon chez Olive. De cette façon, elle n'avait plus l'impression d'être totalement seule. « Tu revois les mêmes patients ou tu changes chaque fois que tu viens à l'hôpital ? » - « Non, c'est totalement différent. L'avantage du dispensaire, c'est qu'on sait jamais qui poussera la porte. Alors forcément, et comme partout, y a les habitués, ces personnes qui cherchent surtout un endroit chaud, mais ça change des couloirs du Saint-Vincent sincèrement. » Le dispensaire accueil tout le monde, et cela peu importe la situation de la personne. Donc forcément, on y trouve de tout, mais surtout des personnes qui n'ont plus personne et qui ont besoin d'un peu de réconfort, parfois avec des bobos imaginaires. Mais cela n'a jamais dérangé Olive qui tendra toujours sa main à celui qui en a besoin. C'était un boulot intéressant et surtout très pédagogue. Un bon mix de ce qui avait manqué à Olive pendant son internat. « Je me dis que je finirai bien par dormir comme je veux quand ce seront des ados qui refuseront de sortir du lit ! » - « Mais tu tiendras jusque là? » Parce que les enfants d'Olivia étaient encore jeunes, assez en tout cas pour avoir besoin de leur mère et ne pas faciliter lui quotidien. Donc forcément, Olive s'interrogeait sur la santé de son amie, et surtout sa longévité à tenir dans le temps. Olivia finirait par être épuisée plus rapidement que prévue si ça continuait ainsi. « C'est important aussi de prendre du temps pour soi. » Ce qu'Olive faisait un peu trop d'ailleurs, mais elle savait que ce fameux temps était précieux et surtout nécessaire pour retrouver une stabilité. C'était de prendre du temps pour elle qui avait sauvé son esprit, elle ne le regrettait pas du tout, même si ça avait été long. « J'ai jamais vraiment accroché à Dickens, je trouve le style lourd. Le fait qu'une de mes profs du collège voue un culte à Oliver Twist n'a pas dû aider... » Olive émit un petit rire. Dickens était un auteur assez connu, mais elle comprenait que son style ne convienne pas à tout le monde. Elle-même avait eu du mal au début et petit à petit, elle s'était habituée et avait trouvé ses écrits bien en phase de la réalité du monde et de l'époque à laquelle Dickens vivait. « Mais tant mieux si ça te plait et qu'il a arrêté de prendre la poussière sur ta bibliothèque ! » - « Chaque style est différent, mais je regrette pas de l'avoir en main. » Au moins, ce livre occupait bien de son temps quand elle ne savait quoi faire d'autre et c'était là l'importance. « Tu devrais essayer de te trouver quelque chose autour des livres ? Y a une conteuse à la bibliothèque, les enfants adorent. » Olive réfléchit un instant à cette hypothèse, comme elle pourrait réfléchir à n'importe quelle autre monde loin de la médecine. Pourtant, tout lui semblait hors de sa portée, comme si rien n'était fait pour elle. « Mh, je ne sais pas. Peut-être oui. » Elle savait que tôt ou tard, elle n'aurait de toute manière pas vraiment le choix que de se trouver une vraie activité qui lui rapporte de l'argent. Donner de son temps n'avait pas de prix, mais son porte-monnaie finirait par être bien vide, même si elle avait de quoi tenir. Olive n'était pas bien dépensière et heureusement, mais sans revenue, elle n'irait pas très loin non-plus. « Je pense que j'ai besoin d'encore un peu de temps pour savoir quoi faire. » Trois ans n'avaient pas été suffisant, quatre ne le serait sûrement pas non plus. La perspective de faire autre chose de sa vie l'effrayait pourtant réellement et elle avait l'impression de se perdre en s'imaginant faire autre chose de ses mains. Que deviendrait-elle? Cette pensée la hantait continuellement.

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« Ça a l'air d'être un bon endroit pour être bénévole. Tu dois entendre de sacrées histoires ! » Aucun doute à ce sujet. Malgré ses appréhensions, Olive avait trouvé un bon équilibre dans cette remise en route de sa vie. Revenir au Saint-Vincent lui semblait l'épreuve la plus insurmontable de toute, parce qu'il y avait eu tant d'épreuves dans ce lieu qui avait poussé la brune à se reculer de tout cela. « Tu ne sais pas à quel point. C'est toujours impressionnant de voir comment les patients se libèrent facilement sur beaucoup de choses. » Des histoires folklo, inédite, imaginaire ou non d'ailleurs. C'était sûrement ça qui lui faisait le plus de bien finalement, de pouvoir s'échapper de ses propres pensées grâce aux autres. Ce qu'elle n'aurait jamais cru possible, mais le temps lui apprenait à bien changer sa propre vision du monde. Olive n'était pas le genre à s'imposer, bien au contraire, elle avait plus tendance à avoir peur de déranger, d'être de trop dans la pièce que les autres, alors forcément ce boulot lui permettait également de se retrouver dans une autre posture que celle de son quotidien. Mais il n'était pas question que d'elle, parce que ça, elle n'était pas encore très douée pour parler que d'elle. Alors ça lui vient tout naturellement de retourner la conversation vers le quotidien de son amie. « Ils vont avoir sept ans, on est déjà plus proches des ados que des nouveaux-nés »  - « Oh, mais ils ont encore pleins de temps pour squatter ton lit. » Olive émit un petit rire en imaginant la scène. « Et le dire comme ça me donne un putain de coup de vieux... » La jeune femme fit une grimace. « Mais ce n'est encore que le début Olivia. » Elle avait encore pleins de belles choses à vivre avec ses enfants. Ils étaient encore jeunes et insouciants. Ses enfants pourraient encore lui casser les pieds pendant longtemps. « Puis, peut-être même qu'à vingt-ans ils auront toujours besoin de venir t'embêter de bon matin. » Rien n'était perdu, tout était à venir justement. Certes, les années défilaient à grande vitesse mais pas au point que ça file non-plus. « Ils jouent un peu plus de façon autonome, et avec moins de disputes, alors j'ai un peu plus de temps pour moi » Même si Olivia se voulait rassurante, l'Australienne avait du mal à y croire parce que son amie semblait vraiment épuisée. Mais Olive comprit qu'elle n'avait pas besoin d'insister plus que de raison, son amie finirait par lever le pied quand elle le voudrait. Après tout, elle ne pouvait pas la forcer du tout. Elle lui souhaitait simplement d'être bien dans son quotidien. « C'est pas toujours évident de savoir quoi faire de sa vie... Et les formations en santé ne permettent pas vraiment de se réorienter ailleurs, contrairement à beaucoup de diplômes. » Olive partageait effectivement cet avis. Ses années de médecine avaient été courte, et pas assez pour qu'elle puisse obtenir un diplôme. Ce qui bien sûr avait été un choix, pas mûrement réfléchie mais sur lequel elle ne pouvait clairement pas revenir. Donc elle était consciente de devoir faire avec. Jusqu'à présent, ce n'était pas du tout un problème puisque la jeune femme passait plus de temps dans son domicile qu'à l'extérieur. Mais aujourd'hui, elle remettait un peu sa vie en question. « Je suis d'accord oui, mais je suis persuadée que je vais finir par trouver quelque chose. Ce n'est qu'une question de réflexion et de temps. » Le temps qu'elle trouve quoi faire de sa vie finalement. Ce qui oui, lui faisait énormément peur mais elle n'avait pas vraiment le choix. Olive ne pouvait pas vivre de bénévolat toute sa vie, et elle ne pouvait pas demander de l'aide à ses parents. « Est-ce que tu as des centres d'intérêt que tu voudrais étudier ? Visiblement, tu préfères garder la lecture en hobby, mais il y a sans doute d'autres choses qui t'intéressent. » - « Oui sûrement, mais à vrai je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir, c'est tout nouveau déjà. » Olive hausse lentement les épaules. « J'essaie déjà de remettre de l'ordre dans ma vie, je verrai plus tard pour le boulot. » Elle ne voulait pas se mettre la pression, encore moins qu'on lui mette. Le temps ferait les choses, Olive en était persuadée. Chaque chose en son temps.

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Olive admet sans mal que la présence d'Olivia à cet instant lui fait beaucoup de bien malgré la tournure que prend la conversation. Parce que l'Australienne n'est pas du tout à l'aise avec l'idée qu'on parle boulot. Qu'on lui parle de ce qu'elle pourrait entreprendre ou non. Elle sait qu'elle ne doit pas en tenir rigueur à Olivia, qu'à la différence de sa propre mère, la rousse s'intéresse vraiment à son avenir professionnel et pas juste à l'image qu'elle pourrait avoir en faisant tel ou tel métier. « J'imagine... Et en tant que soignants, on a pas toujours le temps de les écouter, alors ils doivent être ravis d'avoir des oreilles attentives et qui ont le temps ! » Ce n'est pas un métier facile, surtout quand les effectifs ne sont pas nombreux. Olive connait ça un peu trop par cœur. C'est pour cette raison qu'elle a renoué un peu avec le dispensaire, avec la médecine. Pour agir autrement qu'un médecin trop presser pour vraiment s'intéresser aux patients. Même si elle n'en tient rigueur à personne bien évidement. « Beaucoup même. Ils ont toujours une histoire à partager. Un moment important de leur vie à décrire. » Et Olive aimait beaucoup cela. Perdre pendant quelques minutes la notion du temps pour écouter l'histoire d'un parfait inconnu qui ne sera que de passage dans sa vie. Parce qu'Olive, elle s'intéresse toujours très profondément aux autres. Parfois trop. « A vingt ans, je vivais à des centaines de kilomètres de chez mes parents, et je me préparais à partir en voyage humanitaire à la fin de mes études... Je me dis qu'au moins, en vivant à Brisbane, je pourrais peut-être les garder un peu plus longtemps avec moi ! » Olive sourit à son ami tendrement. « Peut-être qu'eux auront envie de rester avec toi pour toujours. » Et que l'exemple de leur mère, incroyable soit-elle ne serait pas un accomplissement pour eux. Les enfants avaient le temps de grandir et de décider de leurs propres sorts bien plus qu'on ne le pense. Il suffit de quelques occasions, de quelques possibilités finalement. Olive, elle aurait rêvé de faire le tour du monde si elle n’avait pas eu d'autres obligations, mais les choses avaient été ainsi et pendant longtemps elle était restée auprès de ses parents, avant de finalement débarquer chez son ainé. Rien n'était prédit et tout était à écrire. « C'est la partie la plus compliquée, tout remettre en ordre » Olive hoche vigoureusement la tête pour souligner son approbation. « Es-ce que ta famille te laisse le temps de le faire ? Je crois que mes parents seraient assez inquiets pour m'embaucher à la ferme pour que je continue de toucher un salaire. » La jeune femme grimace à cette question. « Disons qu'ils viennent tout juste d'apprendre que j'ai mis un terme à mes études, alors pour l'instant ma mère préfère ne pas répondre à mes appels. » Ce qu'Olive avait sûrement mérité finalement. Parce qu'elle avait gardé ce secret pendant de trop nombreuses années, n'ayant jamais eu le courage d'admettre la vérité à ses parents. Maintenant que c'était fait, tout était étrange. Alors non, pour l'instant ses parents n'avaient cure de ce qu'elle deviendrait. « Tu arrives à bien occuper tes journées ? Ou c'est peut-être moi qui en fais tellement trop que je n'imagine pas ce que je ferai avec autant de temps libre... Va falloir que je réapprenne à ne rien faire » - « Oh oui. Par chance, il y a toujours quelque chose à faire, du moins qui m'occupe. » Olive n'avait presque pas un moment à elle. Parce qu'elle n'avait pas envie de tourner en rond, pas envie d'être seule avec ses pensées, alors elle faisait toujours en sorte d'être occupée. « Si tu as besoin d'un coach pour apprendre à rien faire, hésite pas à me faire signe. Nous pourrons nous ennuyer à deux. » Elle rit doucement à cette proposition complètement folle, sachant pertinemment qu'Olivia ne serait pas très encline à ne pas bouger le temps d'une journée. « Et même si ce n'est que quelques minutes, c'est important de souffler. » Olive parle en connaissance de cause, parce qu'à un moment de sa vie, elle a trop donner et maintenant, elle s’essouffle.

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Retrouver ses amis lui procure le plus grand bien possible. Reprendre goût au partage du quotidien était plus qu’agréable elle qui avait passé tant de temps à broyer du noir toute seule. Et puis, elle avait repris la direction de l’hôpital, plus ou moins dans ses premiers amours, dans ce qui la faisait vibrer réellement, ce n’était pas grand-chose, au mieux un petit pas dans ce qu’elle avait toujours connu mais ça aussi, c’était un petit bonheur. « Dans mon village, il y avait une femme qui allait chez les personnes âgées, pour écrire leurs mémoires et ce qu'ils voulaient transmettre à leurs enfants. Je sais pas si elle le fait toujours, mais je sais que la plupart des gens aimaient bien quand elle venait, juste pour avoir le temps de parler, et l'espoir que ce qu'ils aient à dire puisse arriver à leurs enfants. » Elle écoutait attentivement Olive, heureuse d’entendre les révélations de son amie. « Wahou, ça devait être tellement passionnant ! » Olive n’aurait sûrement jamais le courage de faire ça à ce niveau, mais elle était impressionnée. Ce n’était pas le genre de chose qu’on entendait tous les jours, et Olive savait que c’était important de garder près de nous les histoires des autres. Comme elle aimerait garder en mémoire les histoires des autres. C’était ce qui l’animait quand elle se rendait au dispensaire pour la journée. Pouvoir échanger de tout et rien avec ses patients, pouvoir en apprendre plus sur eux. Elle ne jugeait pas Olive, elle était simplement une oreille attentive, celle dont ils avaient tous besoins qu’ils le reconnaissent ou non. Au moins, tout ce beau monde permettait à Olive de se débarrasser des pensées qui l’accablaient nuit et jour, peu à peu tout cela lui donnait l’air plus sereine. Les premiers mois, elle avait eu une boule à l’estomac à l’idée de remettre les pieds au dispensaire, à l’idée de retomber sur les mauvaises personnes, mais peu à peu, cette charge émotionnelle avait pris la fuite pour son plus grand bonheur. Maintenant, ce n’était qu’un plaisir certain. Même si oui, il y avait encore des tas de choses qu’elle devait régler dans sa propre vie, le reste lui permettait de passer à autre chose pour un petit temps. Ce qu’elle confia le cœur lourd à son amie. .« C'est dommage que ta mère ne puisse pas être là pour toi... Je n'aurai sans doute pas la meilleure réaction du monde, et à sa place, je serai sur ton dos à te mettre un peu trop la pression, mais je serai incapable de juste arrêter de répondre à tes appels. Peut-être parce que c'est déjà ce que mes parents font quand ils sont inquiets pour nous. Ils nous appellent pour tout et pour rien, juste pour vérifier qu'on va bien, quitte à ce que ce soit dix fois par jour ! » - « Oh ne t’en fais pas, la pression elle a su me la mettre sur le dos pendant près de vingt-cinq ans. Pour elle, ce n’est qu’un truc de plus pour me faire comprendre qu’elle n’est pas d’accord avec ma décision et que je suis une fille ingrate. » Après tout, elle commençait à avoir l’habitude d’être le vilain petit canard de la famille. « Je pense qu’elle attend simplement que j’atteste que c’était une erreur d’arrêter mes études. Qu’elle attend que je lui dise que je me suis réinscrite à la fac pour reprendre le chemin d’être un grand chirurgien. » Olive soupire. « J’aimerai qu’elle comprenne simplement que le destin qu’elle attendait pour moi, n’est pas celui que je veux. Tout simplement. » Mais c’était sûrement plus facile à dire qu’à faire, car Madame Sterling était têtue et n’aimait pas qu’on puisse aller à l’encontre de ses attentes. Elle n’aimait pas qu’on puisse lui dire non, ou refuser de suivre la voie qu’elle avait décidé pour soi-disant le bien de ses enfants. Cela avait été le cas pour Oscar, comme pour Midas qui à la différence des autres avaient réussi à lui tenir tête dès le début et à faire ce qu’il avait envie de faire tout en subissant les conséquences de son affront, et puis il y avait eu Olive qui n’avait pu échapper à ce rituel. « C'est surtout qu'avec des enfants, c'est impossible de ne rien faire. Surtout que les miens ne sont pas encore autonomes pour tout. Mais d'ici quelques années, ils seront capables de faire le ménage sans que j'ai besoin de le leur dire quinze fois, ou de gérer des repas sans que je sois inquiète qu'ils utilisent le four ou je ne sais quoi... Je crois que je vais savourer mes dernières années à devoir toujours chapeauter ce qu'ils font, avant qu'ils ne deviennent des adolescents qui veulent que je les laisse tranquille ! » Olive ne pouvait que croire son amie face à ses dires. Après tout, elle n’avait aucune idée de la charge mentale que pouvait être l’éducation d’un enfant, alors de deux en même temps. La brune, elle reconnaissait volontiers que la jolie rousse avait un mental de fer pour aborder chaque journée avec le sourire. Cela ne devait vraiment pas être de la tarder d’élever des enfants, et en plus seule. Quand est-ce qu’elle pouvait véritablement trouver du temps pour elle ? Comme un écho aux pensées d’Olive, la rousse reprit sa question. « J'imagine que je ne souffle pas vraiment, mais j'ai des activités diversifiées qui me permettent de me poser quand même ? J'ai le travail quand je suis à l'hôpital, mais quand j'en sors, j'ai les enfants, l'entretien de la maison, tout ces trucs-là. Je m'arrête pas mais j'arrive à passer d'un truc à l'autre sans rester bloquer en me disant que je passe à côté de quelque chose ou que j'ai oublié un truc au travail. » - « Et bah franchement, tu es une battante Olivia. J’suis impressionnée par tout ça. J’pense sincèrement que je ne pourrais jamais faire un quart de ton quotidien. » Olive grimaça tout en terminant sa phrase. Olivia était décidément une femme forte et indépendante qui n’avait rien à envier à personne. « Finalement, tant que tu trouves ton compte dans ce quotidien, c’est entièrement le principal » Parce que personne ne pourrait lui dire le contraire si elle était heureuse et épanouie dans sa vie. Olive en prenait fortement exemple et c’était une joie que de pouvoir partager le quotidien de l’infirmière. Elle était épatante dans tous les aspects et Olive l’admirait grandement. La brune jeta un coup d’œil à son téléphone, remarquant qu'elle avait cinq appels manqués. « Mince, c'est le dispensaire, j'vais devoir te laisser. » Elle se releva avec peine pour venir déposer un baiser sur la joue de son amie. « J'ai passé un très bon moment et je remercie pour le temps que tu m'as accordé, ça m'a fait un bien fou t'imagines même pas. » L'Australienne afficha son plus beau sourire sincère sur son visage avant de faire passer son sac à main sur son épaule. Cela lui brisait le coeur de devoir partir ainsi, mais elle ne pouvait pas négliger sa présence attendue au dispensaire. Elle savait que de toute manière, ce n'était que partie remise de revoir Olivia.