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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

Il n’était pas question du moindre effort lorsque j’ai accepté de participer à cet évènement, pas plus qu’il n’était question de coup de boost à mon image ou de manœuvre médiatique. Mon équipe, certainement malgré tout ravie que je participe à ce genre de happening caritatif, sait de quel bois je suis fait et a parfaitement consciente du fait que je suis là parce que je ne pouvais pas faire autrement après avoir été sollicité pour jouer le père noël auprès d’enfants qui n’ont pas la chance d’être enseveli sous des montages de cadeaux pour les fêtes et de participer à un faste festin. J’avais signé d’autant plus les yeux fermés que le nom associé au mien pour jouer mon pendant féminin est celui de Jo et qu’au-delà du fantasme de la voir vêtue de la tête au pied d’une tenue d’elfe ou de mère noël, au-delà du fait que toute soirée passée en sa compagnie est la bienvenue, depuis ses révélations, je me sens comme investi de la mission de la protéger de son père.

Sauf que ce que je n’avais pas prévu, c’est que ma lèvre soit tuméfiée et ma mâchoire gonflée suite à mon altercation avec Micah où, en plus de se poser en parfait stéréotype de l’acteur hollywoodien dont l’égo ne passe plus les portes, s’est posé en parfait connard. Pour une raison qui m’échappe, il s’est mis en tête de laver l’honneur de Jo d’une offense que je n’ai pas commise. Parce qu’il semble à Tomlinson impensable que la brune soit heureuse en ménage et désireuse de grandir pour construire quelque chose avec quelqu’un sans être ramenée aux fantômes de ses ex, il s’est imaginé que je la manipulais ou, pire, que je lui dictais tout bonnement sa conduite. C’est mal connaître la chanteuse. Mais me cogner aussi, puisque s’il y a une chose que je sais et dont j’ai découvert la cause récemment, c’est la crainte, le mépris et le dégoût que lui inspirent les hommes violents et les tyrans dans le genre de l’acteur. Ce qu’il vient de s’acheter, c’est certainement un aller simple pour la fureur de la brune et, pourtant, je n’avais pas hâte d’être ce soir et de pouvoir balancer au visage de ma petite amie que j’avais raison. Je ne suis pas un homme mesquin, et pour abattre mon rival, je n’aspire pas pour autant à blesser la femme que j’aime. Elle le sera sans l’ombre d’un doute lorsqu’elle comprendra la façon dont son ex et ami s’est comporté et si je suis au fond ravi qu’il sorte de sa vie, cela ne veut pas dire pour autant que je le lui souhaitais.

« Arrête de gigoter si tu veux que je camoufle ça. » Cet ordre, il provient de ma maquilleuse qui me rappelle à l’ordre tandis qu’installé dans son fauteuil, je fais défiler les informations du jour sur mon téléphone à la recherche d’une preuve que le résultat déplorable de mon interview avortée avec Micah Tomlinson aurait fuité. Je n’ai pas envie que la brune appelle tout ça à cause des tabloïds, mais il ne s’agit pas du genre de chose que l’on annonce au téléphone. « Franchement, je crois que j’arriverai pas à mieux. » La conclusion me tire de me concentration, et je relève les yeux dans le miroir. L’hématome est toujours nettement visiblement. Ma lèvre enflée également, mais de toute façon, cela n’a pas réellement d’importance. « On s’en fout : je vais porter une barbe de toute façon. » J’attrape le postiche qui m’a été confié en plus du déguisement, avant de l’enfiler rapidement. « Tu vois ? La moustache cache presque complètement ma lèvre. » Et pour se rendre compte qu’elle est coupée et plus gonflée que la normale, il faudrait y porter une attention particulière. Les enfants ne verront rien et quant à Jo, je n’ai jamais eu l’intention de lui cacher quoi que ce soit. Si nous pouvions passer une soirée paisible avec les enfants avant que je ne doive tout lui expliquer, j’en serais soulagé. Le cas contraire, cela ne serait pas la fin du monde non plus. « Allez, j’enfile le costume maintenant. »

***

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la tenue du père noël n’est pas adaptée à l’été Australien et, même en début de soirée, je meurs de chaud. Les enfants qui s’agglutinent autour de moi avec des étoiles dans les yeux n’aident pas et, depuis le début de la soirée, j’ai à peine trouvé le temps d’échanger plus de quelques mots avec ma petite amie, adorable dans le costume qui lui a été demandé de porter. Ce n’est qu’une fois le dîner servi et ponctué par les cris joyeux que je profite des quelques minutes de répit que nous avons avant de distribuer les cadeaux pour passer un bras autour de ses épaules. Guère plus : étant donné la figure d’autorité que je représente, ce ne serait pas approprié. « Madame noël, vous êtes ravissante. » Et bien plus douée avec les enfants qu’elle ne l’affirme. Certes, les conseils qu’elle distribue ne sont pas toujours adaptés. Mais elle est plus patiente qu’elle ne le croit, et moi absolument pas objectif. « Qu’est-ce que tu fais après ? J’ai pas touché terre depuis hier - » Je fêtais le 25 en famille et le barbecue familial n’est pas une option. « - Et j’ai déposé Posy chez sa mère que ce matin. Olive passe un peu de temps au ranch ces prochains jours… » Le sous-entendu est clair. « Ce qui veut dire que j’ai la maison pour moi. » Mais pas assez pour que l’homme que je suis n’enfonce pas une porte ouverte.

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"Ma mère dit que tu ressembles à une strip-teaseuse." Oh la garce "Et c’est qui ta mère ?" Le doigt boudiné d’un gamin qu’elle avait invité à s’asseoir près d’elle se pointa sur sa droite, pile vers une tignasse emmêlée dans un chignon mal exécuté qui fit lever les sourcils à la chanteuse. Juste à la gauche de la mère en question, un bonhomme qui ressemblait drôlement au petit garçon à qui elle s’adressait lui jetait des oeillades qui n’avaient certainement rien à faire dans un événement aussi familial que celui-ci. Sauf que la tenue de Josephine non plus, alors disons qu’ils étaient quittes. Du moins, en théorie, parce qu’en pratique, la manière dont le père du gosse retroussa les lèvres en lui accordant un dernier regard de bas en haut, il lui fit murmurer en secret à son fils "Ton père, il a plutôt l’air de bien m’aimer lui, non ?" Il dodelina de sa grosse tête, écoutant avec attention le reste du discours de Jo qui effleura le bout de son nez avec son index ganté "Alors tu diras à ta mère d’investir dans un peigne, OK ? Et peut-être que pour Noël prochain, t’auras une petite soeur sous le sapin." On lui avait demandé d’être gentille, pas raisonnable sur sa verve tranchante, et franchement pas à mettre dans toutes les oreilles. Du coup, l’un annulait l’autre dans le code de la bonne conduite de Jo qui avait déjà assez fait de bonnes actions ce mois-ci pour en plus accepter de se faire insulter par une ménagère mal baisée. Elle avait bien le droit à une marge d’erreur, elle qui s’était bien tenue depuis son arrivée. Brusquement, elle le fit se lever et déguerpir dans la foulée "Allez, au suivant. Qui veut s’asseoir sur mes genoux ?" demanda-t-elle à l’assemblée de sa voix claire et juste. Sûre que si elle tendait l’oreille, elle entendrait les gros pervers de l’allée centrale accourir dans sa direction, mais l’un des organisateurs lui sauva la mise en venant lui rappeler qu’elle avait le droit de prendre une pause si elle le désirait. Et elle le désirait. Parce que jouer à la maman Noël, ça allait bien deux minutes. Elle le faisait de bon gré, seulement sa jauge d’énergie commençait à décliner au plus elle réalisait qu’elle en avait encore pour un bon bout de temps, et que sa popularité étant ce qu’elle était, ayant eu l’excellente idée de se pointer sapée comme un mannequin de chez Victoria’s Secret pendant les périodes des fêtes de fin d’année, elle resterait l’attraction de la soirée sans trouver ça insultant par ailleurs. Mais elle était humaine, après tout, et elle avait besoin de s’écarter des gamins le temps de trouver Midas d’abord, et de reprendre sa respiration ensuite ; l’un entrainerait l’autre dans tous les cas, de fait elle enjoignit le lutin qui lui servait de chaperon de renvoyer vers leurs parents les enfants qui attendaient pour venir discuter avec elle, et se leva avec déférence de son bout de sucre d’orge grandeur nature en saluant la foule comme si elle venait de gagner l’élection de Miss Univers. Elle se retint de terminer son salut princier par un doigt d’honneur en direction de la mère qui l’avait insultée, comme quoi, elle savait faire des efforts à des moments donnés.

Elle se fit aider d’une main bénévole pour descendre de son promontoire, et n’eut pas le temps de faire un pas de plus qu’elle sentit le bras de Midas se poser sur ses épaules. Naturellement, elle reprit donc sa respiration, et sa tête bascula doucement en arrière pour regarder ce qu’elle voyait de son visage au travers du postiche qu’il portait. Elle ne l’avait pas vu sans depuis qu’elle était arrivée après lui, sa préparation lui en demandant certainement plus parce que ça comprenait le maquillage, la coiffure, et surtout le besoin vitale de se faire désirer, comme toujours. Du bout de son gant, elle frôla sa fausse barbe, retenant un sourire en se mordant les lèvres "J’étais pas sûre de valider la barbe blanche, mais c’est moins pire de près. Monsieur Noël, vous êtes le plus beau de la soirée." Et elle le disait sans ironie "Je prends ravissante. C’est toujours mieux que strip-teaseuse." Quoique tant qu’on parlait d’elle, elle prenait toutes les étiquettes Jo "Mes parents veulent passer un peu de temps avec ma grand-mère, mais moi, j’ai pas envie de passer du temps avec eux." Avec ses parents, pas avec sa grand-mère, il le comprendrait sans chercher à creuser, au courant de trop de choses désormais pour vouloir relancer le sujet. Les deux derniers jours lui avaient été exclusivement réservés, à Ava, et si comme à chaque fois, accorder le privilège à ses parents de se l’accaparer lui donnait des envies de meurtre, elle n’avait pas le droit d’interdire son fils de passer du temps avec sa mère, même s’il l’avait abandonnée à son sort pendant quelques années. Vite, elle se décida sur ses plans de la soirée, peut-être même de la semaine "Je vais pas te laisser tout seul dans cette grande maison, ce serait tellement triste pendant cette période de l’année." Tu parles, le sourire graduellement espiègle qu’elle lui donna témoignant qu’elle trouvait ça à peine triste, et que ça faisait bien ses affaires qu’il soit débarrassé de Posy et d’Olive. Risquant soudainement un regard par-dessus son épaule juste après, elle remua dans le même temps pour se défaire de son bras sans le lâcher pourtant, gardant sa main dans la sienne en se glissant juste devant lui pour lui demander à la suite, ses yeux accrochant les siens brillant déjà d’une malice relative à ce qui lui traversa l’esprit, et qu’elle partagea dans un faux murmure qu’elle aurait bien aimé écraser contre ses lèvres s’il n’avait pas eu ce postiche sur le visage "Et toi tu fais quoi là, maintenant ? J’ai repéré un spot entre la maison de Rudolph et le marchand de sucres d’orge." C’était bien trop spécifique pour qu’elle l’invente ; bien sûr qu’elle avait scanné l’endroit des yeux pour le trouver, ce fameux spot. Baissant encore un peu la voix, elle continua "Tout le monde est occupé à se goinfrer, personne fera attention que le père Noël a pris une pause prolongée." Et comme si sa proposition était celle du siècle, elle fit danser ses sourcils pour le contraindre à au moins envisager son idée. Avant de précipiter l’avertissement du jeune homme qui, dans une seconde, lui rappellerait sans doute qu’il y avait des enfants, et qu’il valait mieux calmer ce genre d’ardeur pour l’heure. Feignant un semblant de bouderie qui lui fit froncer le nez, elle défendit son point de vue d’un capricieux "On s’est même pas embrassés aujourd’hui." Tout en remplaçant la boutonnière du costume de Midas, puis enfin de battre des cils comme elle savait si bien le faire en espérant que, comme toutes les autres fois avant celle-ci, elle réussirait à avoir gain de cause.

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« J’étais pas sûre de valider la barbe blanche, mais c’est moins pire de près. Monsieur Noël, vous êtes le plus beau de la soirée. » Je ne suis pas beau et ne me fais aucune illusion : un costume de père noël, ça n’a jamais été fait pour être séduisant. Son homologue féminin est beaucoup moins rarement détourné pour exciter les esprits, mais s’il y a bien une figure sacrée, c’est bien celle que j’incarne ce soir. Il me manque quelques kilos pour être convaincant dans le rôle, certes, mais cela ne semble pas vraiment avoir la moindre importance pour ces gamins simplement ravis d’avoir le droit à un peu de magie de noël à leur tour. « La barbe est horrible, et elle gratte en plus. » Peut-être parce que moi-même j’ai préféré ne pas me raser dessous, comme j’aurais du le faire pour plus de confort. Sauf que la zone était douloureuse suite au coup porté par Tomlinson, et que j’ai préféré laisser un peu de répit à mon système nerveux. « C’est promis, je me change dès qu’on sort d’ici. » J’aurais pu garder la tenue pour ma petite fille, mais puisqu’elle n’est pas là je me hâterais de retrouver des vêtements normaux et m’éviterai le genre de photo qui ferait de moi la risée des tabloïds. « Je prends ravissante. C’est toujours mieux que strip-teaseuse. » Je lui adresse un sourire attendri et, sans la moindre objectivité, j’affirme sans ciller. « Tu ressembles pas à une strip-teaseuse. » On m’a fourni mon costume, et je suppose naturellement qu’il en est de même pour elle : dans ce contexte-là, j’estime de toute façon qu’elle ressemble exactement à ce à quoi les organisateurs voulaient qu’elle ressemble. Plus pulpeuse, elle aurait pu devenir vulgaire mais elle ne l’est pas à mes yeux. Elle ne l’est de toute façon que rarement, quoi qu’elle ait sur le dos.

« Mes parents veulent passer un peu de temps avec ma grand-mère, mais moi, j’ai pas envie de passer du temps avec eux. » Je hoche la tête, grave et compréhensif. Inutile de dire que je suis plus que rassurée qu’elle ne soit pas dans le même environnement que son père, et l’idée qu’elle puisse même passer une nuit ou plusieurs sous le même toit que cet homme m’a horrifiée à l’approche des fêtes. Heureusement, il n’en a rien été et j’ai été largement soulagé d’apprendre qu’elle avait passé le réveillon de noël et le lendemain seule avec sa grand-mère. « Ils ont pas tenté d’organiser un genre de gros repas de famille ? Tu as pas eu à trouver des excuses pour pas passer noël avec eux ? » Il est toujours délicat d’appréhender les dynamiques d’une famille sans projeter l’image que l’on s’en fait à cause de la sienne. Et si j’ai du mal à envisager que ce genre de plan n’aient pas été à l’ordre du jour, c’est bien parce que, que l’on s’entende ou pas, chez les Sterling, les fêtes sont un moment qui se doit d’être passé ensemble et où ma mère ne tolère pas d’affrontements stériles sur les sujets brûlant qui nous éloignent habituellement. Malgré ses défauts, Hannah Sterling tient aux traditions et le barbecue du midi de noël en fait partie. Même Harleen est tolérée par tous, à cette période de l’année. « Je vais pas te laisser tout seul dans cette grande maison, ce serait tellement triste pendant cette période de l’année. » - « Ta générosité te perdra. » Je me rétiens de déposer un baiser sur sa tempe, j’ignore quel genre de familiarité je peux me permettre et ce qui choquerait les gamins de la part du monsieur barbu. « Tu restes aussi longtemps que tu veux. » Autrement dit : aussi longtemps qu’ils sont en ville, je l’espère. « Ta mère, elle pense quoi de tout ça ? » Elle n’a parlé que de la violence de son père, mais s’exprime bien moins au sujet de sa génitrice et j’estime que le sujet des fêtes est assez peu miné pour que je me risque ce genre de question pour cerner celle qu’elle m’a vendue comme une version plus âgée d’elle, physiquement tout du moins.

« Et toi tu fais quoi là, maintenant ? J’ai repéré un spot entre la maison de Rudolph et le marchand de sucres d’orge. » Je reconnais Jo sans mal, toujours occupée à flirter avec les limites et ce même lors d’une soirée de charité organisée pour les êtes les plus purs et chastes qu’il soit. Loin de le lui reprocher, j’esquisse même un sourire amusé. « Tout le monde est occupé à se goinfrer, personne fera attention que le père Noël a pris une pause prolongée. » - « Tu essaies de corrompre le père noël, je suis presque sûr que ça te met dans la catégorie des enfants pas sage et que tu n’auras pas de cadeau. » Cadeaux que je suis terrible pour choisir moi-même, de façon générale, et le sien m’a fait me questionner pendant des heures pour me décider pour un bijou aussi hors de prix et excentrique qu’elle l’est et que j’ai peur qu’elle déteste. « On s’est même pas embrassés aujourd’hui. » - « C’est vrai, c’est intolérable. » Je fronce les sourcils, l’air gravement préoccupé par cette information. « Il faut rectifier ça. » Mais de mon côté, j’ai à cœur de ne rien faire d’inapproprié par rapport à la situation. « Vient, on peut sortir sur la terrasse, et marcher un peu dans les vignes. » Les mains dans les poches de mon pantalon rouge, je lui adresse un signe de tête pour qu’elle me suive en priant pour que l’obscurité de l’extérieur me permette de repousser à plus tard cette conversation que je n’ai pas envie d’avoir ici et maintenant.

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"Je croyais que le père Noël se plaignait jamais." En travaillant une longue nuit par année, il avait coché toutes les cases de la loterie du meilleur job du monde selon certain "Encore un petit effort, et quand t’auras atteint le stade du caprice, t’auras le droit à l’étiquette de diva, toi aussi." La barbe était horrible et grattait en plus, c’est ce qu’il lui disait pour qu’elle le croit à ça de tout envoyer balader et de se décharger de ses obligations du soir. Il ne le ferait pas, il était bien trop poli pour ça, mais elle aimait penser que si elle rentrait au moins un peu dans son jeu en le plaignant à son tour, elle pourrait l’inciter à ne serait-ce que caresser l’idée, et ils s’échapperaient plus tôt de cette parenthèse enchantée — du moins, elle l’était pour les enfants, c’était déjà ça. Elle se moquait gentiment de lui, le toisant pour estimer au fond qu’elle était la plus chanceuse d’eux deux à propos du rôle qu’ils avaient à jouer ce soir. Quand elle n’avait pas grand-chose sur le dos, il était affublé d’une panoplie sous laquelle il devait cuire par le temps qu’il faisait, même en ce début de soirée, alors il avait toutes les raisons d’être bougon. Elle, elle l’était pour de faux tandis qu’elle essuyait la jalousie des mamans malheureuses de l’assemblée. Elle s’en foutait de ce qu’elles pensaient, la précision ne valait pas d’être prononcée pour être réelle, quand bien même Midas essayait d’adoucir l’insulte que c’était supposé être d’être comparée à une strip-teaseuse. Sa nonchalance servait l’espièglerie de la réponse qu’elle lui donna dans la foulée, ses épaules se haussant en même temps "Au moins j’attire les regards, c’est presque ça le plus important." Et puis grâce à elle, les mamans malheureuses de l’assemblée auraient droit à leur coup de reins mensuel ; à ça de s’autoproclamer ambassadrice du repeuplement démographique grâce à son choix de tenue, Jo préféra ne rien ajouter de trop graveleux cependant.

Entre passer du temps avec ses parents et Midas, son choix était fait "Ils ont tenté de convaincre Richie de les inviter à la dernière minute pour le repas du lendemain chez ses enfants, mais comme il m’a demandé mon avis et que j’ai dit non, ils ont dû improviser quelque chose tous les deux." Le fiancé de sa grand-mère tenait assez à Jo pour vouloir faire de son avis quelque chose à prendre en compte. Il était vieux, pas idiot : il la pratiquait depuis près de dix ans maintenant, il savait reconnaître quand elle était à l’aise ou non, et quand ses parents étaient présents, elle ne l’était pas, c’était encore tout ce qu'il devait savoir pour tenter de faire barrage à son échelle, conscient que lui non plus ne pouvait de toute façon par refuser à un fils de passer du temps avec sa mère. Il pouvait toutefois espacer le temps qu’ils partageaient, et de ça Jo lui en était profondément reconnaissante "Je vais en entendre parler à un moment ou un autre, mais je m’en fous." Que son père vienne lui reprocher d’avoir refusé de profiter des fêtes pour passer du temps en famille, comme si c’était leur truc d’être proches les uns des autres. Elle aurait à peine des nouvelles de ses frères, et de ça aussi, elle s’en foutait, ayant appris à faire sa vie sans eux, et surtout, sans en souffrir le moins du monde. Elle avait réussi à se créer un nouvel entourage, et c’était celui-ci qui comptait "Pourquoi tu crois qu’ils ont pensé à moi pour tenir ce rôle ce soir ? Sur l’échelle de la générosité, y a Mère Teresa, et juste en-dessous, y a moi. Tu sais pas à quel point t’es chanceux que j’ai décidé de faire de toi ma cause du moment." Joignant le geste à la parole pour s’auto-congratuler à propos de sa pseudo générosité qui serait évidement le seul critère valable à son choix de rentrer avec Midas, elle glissa brièvement ses mains sous son propre menton pour mieux battre des cils avec exagération, abusant sur l’air angélique qu’elle tentait de se donner. Rapidement toutefois, ce que Midas lui demanda la fit redevenir sérieuse "Si je réussis à le savoir un jour, tu seras le premier au courant." Que pensait sa mère de tout ça ? Jo avait tendance à dire qu’elle n’en pensait pas grand-chose, et qu’ayant toléré les abus de son mari pendant des années, une partie d’elle devait y trouver son compte ; parce que l’autre partie n’était pas mal si elle devait être tout à fait honnête. Elle n’était peut-être pas une mère conventionnelle, plus effacée que la moyenne, mais Jo l’avait souvent définie comme étant plutôt cool, et elle n’exagérait pas. Mais à côté de ça, elle n'avait jamais su la cerner vraiment, et c’était tragique quand on savait à quel point elle aurait eu besoin de la comprendre pendant un moment.

Attendre d’elle qu’elle se désole de tout ça, c’était la croire plus fragile qu’elle ne l’était. Elle ne voulait pas que, sous le prétexte que Midas connaissait ses secrets, il la traite différemment, ou juge que chaque fois qu’ils se voyaient, ils devaient discuter de tout ça. Elle l’aimait plus que les mots lui permettaient de le lui dire, même si elle essayait selon la marge que sa pudeur lui laissait quand elle se sentait d’humeur à s’épancher, et elle le respectait plus que ça encore, mais ça n’arriverait pas : elle n’avait pas besoin qu’on lui rappelle sans cesse que son histoire familiale n’avait rien de traditionnel, qu’elle manquait quelque chose en ne faisant pas comme tout le monde, en ne faisant pas comme lui, et en ne s’attardant sur les moments passés avec les siens. Elle en était déjà assez consciente comme ça, et certainement que ça poserait un problème à un moment donné, mais pas tout de suite. Tout de suite, elle retrouva vite ses automatismes, ceux qui la plaçaient d’emblée sur la liste des enfants pas sages, comme le lui disait Midas "La question est : est-ce que j’ai déjà été rien qu’une fois sur la liste des enfants sages ? C’est toi le pro, c’est toi qui dois avoir la réponse." Qui était non, bien sûr qu’elle n’avait jamais été sur cette liste, et le sourire tout en fossettes qu’elle laissa filer, il le mettait sur la piste sans que ce ne soit trop compliqué à aborder pendant que, comme d’habitude, elle essayait de le provoquer, plus que de le corrompre. Elle le trouvait un peu bridé ce soir, pas très réceptif, un peu tendu, si elle devait renouer avec son pessimisme et voir les choses sous le prisme de la tension. S’attendant à ce qu’il passe outre le statut qu’on lui avait offert ce soir, elle croyait qu’il oserait au moins l’embrasser quand elle lui fit remarquer que ça n’avait pas encore été le cas et que sûre d’attiser son intérêt, trop lucide au sujet de ce qu’il ressentait pour elle pour ne pas en jouer un peu sur l’instant, elle se prépara à ce que cette erreur soit corrigée. Mais rien. Et ça lui fit froncer les sourcils en même temps que lui, plus sérieusement cependant, jusqu’à ce qu’il lui propose une alternative à son plan bien moins innocent que le sien. Résignée et suspicieuse, elle lui dit seulement, ses sourcils se haussant pour marquer ses mots "C’est toi le boss, je te suis." Et, docilement pour une fois, c’est ce qu’elle fit, prenant le temps de se déganter doigt par doigt tout en gardant un oeil sur lui, jusqu’à ce qu’ils arrivent sur la terrasse, et que de but-en-blanc, elle lui demanda en appuyant ses reins contre la balustrade et en y posant ses gants pour mieux croiser les bras sur sa poitrine et le regarder fixement en même temps "Est-ce que tu vas me dire ce qui se passe, ou je vais devoir deviner ?"

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« Je croyais que le père Noël se plaignait jamais. Encore un petit effort, et quand t’auras atteint le stade du caprice, t’auras le droit à l’étiquette de diva, toi aussi. » - « Faut dire que j’ai un bon professeur à ce niveau-là. » Diva, je ne le suis pas le moins du monde. J’aime la simplicité et je fuis généralement les soirées fréquentées par le gratin après avoir fait acte de présence. Pour chaque prise de décision, je suis généralement l’avis des mon équipe et de ceux que je considère comme plus qualifié dans le domaine concerné que moi. Je tente de faire entendre mes envies et idées, mais il n’y a que lorsqu’il s’agit de Jo que je suis capable de taper du poing sur la table, comme je l’ai fait auprès des producteurs du Revival, comme je l’ai fait lorsqu’il a été question d’enregistrer un duo avec elle également. Le reste du temps, je suis le rêve de tout manager : doux et docile. Jo quant à elle sait certes ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas, mais je n’ai jamais considéré de mon côté qu’il s’agissait d’un défaut. Peut-être parfois gagnerait-elle à se tempérer mais, au-delà de ça, j’admire son assurance. « Au moins j’attire les regards, c’est presque ça le plus important. » - « Je suis presque sûr que, ce soir, le plus important c’est de mettre un sourire sur le visage des gosses. » Taquin, je lui donne un léger coup d’épaule alors qu’elle fait état une fois de plus de toute sa personnalité forte et flamboyante. Cette dernière, elle ne connait qu’une seule limite – je l’ai appris récemment – et elle porte le même nom de famille que la chanteuse. Il n’y a que face à son père qu’elle courbe l’échine, devenant plus obéissante et presque éteinte que je ne l’ai jamais vue. A ce titre, je le voudrais le plus loin d’elle possible, le patriarche de la famille Carter. A ce titre et au nom de tout ce qu’il a pu faire à sa fille par le passé.  

« Ils ont tenté de convaincre Richie de les inviter à la dernière minute pour le repas du lendemain chez ses enfants, mais comme il m’a demandé mon avis et que j’ai dit non, ils ont dû improviser quelque chose tous les deux. » - « C’est bien, Ava épouse un homme avec du cran. » J’esquisse un sourire, au fond soulagé de savoir que je ne suis pas le seul à veiller sur elle et que, à sa façon et dans la limite de ses compétences, même un homme de l’âge du compagnon de sa grand-mère a le cran de prendre sa défense ou, en tout cas, de respecter ses limites. « Je vais en entendre parler à un moment ou un autre, mais je m’en fous. » - « Personne te force à passer les fêtes avec eux si t’en as pas envie. » Je voudrais pouvoir l’attirer contre moi, déposer un baiser sur son front et garder mon bras autour de ses épaules. A la place, j’opte pour un sourire rassurant. Du reste, ce à quoi j’aspire, c’est à ce qu’elle n’entende plus jamais parler de lui du tout.

« Pourquoi tu crois qu’ils ont pensé à moi pour tenir ce rôle ce soir ? Sur l’échelle de la générosité, y a Mère Teresa, et juste en-dessous, y a moi. Tu sais pas à quel point t’es chanceux que j’ai décidé de faire de toi ma cause du moment. »
« Bien sûr que je le sais. Je suis même tétanisé à l’idée que ta grande bonté de pousse même un jour à décider que je n’ai plus besoin de ton aide, et que tu poursuives ton chemin vers la grandeur d’âme auprès de quelqu’un d’autre. »

Foutaise, je sais qu’elle n’en fera rien, comme nous savons bien que son échelle mériterait d’être entièrement revue. Jo a un grand cœur, plus qu’elle ne le croit, mais il n’en reste pas moins vrai qu’elle se fait souvent passer en première, et à raison. J’aurais même pu arguer qu’elle aurait préféré ne rien avoir à faire avec des nécessiteux, pourtant, elle est ici ce soir, et je ne crois pas tout à fait que ce soit uniquement pour être avec moi. « La question est : est-ce que j’ai déjà été rien qu’une fois sur la liste des enfants sages ? C’est toi le pro, c’est toi qui dois avoir la réponse. » Dans la posture parfaite du penseur, je caresse ma – fausse – barbe du bout des doigts, le regard perdu dans le vague et fixé sur un point derrière elle. « Le père Noël va devoir vérifier dans ses registres, il n’est plus sûr. » Dieu que non, elle n’a jamais dû être sur la liste d’une quelqu’un manière. Là où moi j’ai toujours aspiré à rester un homme simple et passe partout, Jo quant à elle est née pour en mettre plein la vue et je doute qu’on puisse réellement qualifier qu’elle le fait de la façon la plus sage qui soit.

« C’est toi le boss, je te suis. » Elle fronce les sourcils, elle semble dubitative – alarmée peut-être ? Je croise les doigts pour que non – mais finit par me suivre, tandis que mes doigts effleurent son dos pour la diriger vers la terrasse du bâtiment principal du vignoble. « Est-ce que tu vas me dire ce qui se passe, ou je vais devoir deviner ? » Je veux répondre à ses questions. Sauf qu’une fois sous la lumière de la lune, appuyée contre la rambarde en pierre et après son petit manège avec ses gants, ma priorité est d’attraper délicatement son menton entre mes doigts et de l’embrasser. Je le fais sans retirer mon postiche mais le baiser, aussi tendre soit-il, me tire une grimace de douleur à cause de ma lèvre gonflée et encore endolorie. « Désolé. » Je ne veux pas qu’elle interprète mal la situation, si bien que je pose une main sur la peau nue de son bras. « Je veux que tu saches que j’ai rien démarré. Et que j’ai rien rendu en retour. » Tomlinson, je ne lui ai pas rendu son coup de poing. Ce n’était pas faute d’en avoir envie, mais je suis le genre d’homme qui réfléchis avant d’écouter ses pulsions et dans le cas présent, je me bénis silencieusement de l’avoir fait : je sais ce que Jo pense de la violence, même sous ses formes les moins "graves". « Et que tu me promettes de te laisser d’expliquer avant de tirer la moindre conclusion, okay ? » Je ne veux pas qu’elle pense que, jaloux et possessif, j’ai déclenché une bagarre. Elle m’a demandé de rester l’homme tendre et doux qu’elle connaît, et je crève de peur qu’elle pense que j’ai dérogé à cette règle. Finalement, je me jette à l’eau et je tire légèrement sur l’élastique qui retient la fausse barbe pour la faire glisser autour de mon coup, révélant mon visage amoché.

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"Qu’ils aillent se faire foutre." Les enfants. Voilà pourquoi Josephine avait besoin d’un training intensif, histoire d’apprendre à ne pas balancer des horreurs alors que la moitié des présents au réveillon des enfants avaient perdu une maison, un proche, ou les deux à la fois lors de la tempête. Encore qu’elle le dit avec un sourire aux lèvres, celui qu’elle réservait aux provocations qui n’étaient que ça, sa pensée se trouvant être plus tempérée. On ne la referait pas. Aujourd’hui, demain, elle garderait le besoin d’attirer l’attention, même de la mauvaise façon. Elle se passerait bien de celle de ses parents ceci dit "Et j’en ai pas envie." De passer les fêtes avec eux, de jouer à la gentille fille qui adore partager son temps avec des rapaces dont la seule préoccupation se trouvait plus dans le montant que pesait son contrat avec sa maison de disques que dans l’action de s’inquiéter pour elle tandis que sa vie changeait, que la pression grandissait et qu’elle suscitait autant l’intérêt que le mépris "Tu vas devoir me supporter quelques jours de plus. Tu veux que je garde le costume ?" Et ça, elle le disait aussi sur le ton de la provocation, moins critique certes, réfléchie pour noyer le poisson néanmoins, ses sourcils se haussant par intermittence. C’était son côté grand seigneur de vouloir donner de sa personne de cette manière, il fallait croire que la cause Midas Sterling l’intéressait plus que toutes les autres tant elle paraissait enthousiaste à l’idée de ce programme somme toute chargé, un faux sérieux de circonstance venant la faire hocher la tête alors qu’il rentrait dans son jeu "Ça tient qu’à toi de continuer à susciter mon intérêt. Je veux pas te mettre la pression, mais ça se bouscule au portillon." Bien sûr qu’elle se trouvait maline, le prouvait le rire qu’elle laissa filer le temps d’une seconde à peine.

Elle ne resta pas hilare longtemps, l’attitude de Midas mettant ses sens en alerte. Elle n’était pas frustrée uniquement parce qu’elle le sentait sur la retenue malgré les paroles qu’ils échangeaient, mais surtout parce qu’elle avait beau le savoir plus sage qu’elle ne le serait jamais, il y avait toujours un moment où elle réussissait à le persuader de faire preuve d’un peu d’audace. Pas cette fois. Ça la mit sur la piste de quelque chose qu’elle ne comprenait pas. Il lui proposa une balade, elle le devança en le laissant la guider pendant qu’elle réfléchissait à ce qu’elle avait pu dire, pu faire, qui méritait qu’il réagisse comme il était en train de le faire. Elle statua que, pour une fois, elle n’avait pas grand-chose à se reprocher ; absolument rien en vérité, et qu’il fallait creuser ailleurs pour que ce qu’elle sentait peser sur son estomac se dissipe autant que l’impression qu’elle avait qu’il n’était pas à l'aise. Ses doutes auraient pu disparaître quand, arrivés sur la terrasse, il se décida enfin à l’embrasser, mais qu’il le fasse alors qu’elle lui posait une question sérieuse qu'il évitait, qu’il le fasse sans prendre le temps de retirer sa barbe blanche pour qu’elle puisse le toucher, ça ne fit qu’accroitre le sentiment que c’était mauvais. Elle ne savait pas pourquoi, et Midas n’était pas logé à meilleure enseigne quand il s’agissait de sa patience.

Alors si elle glissa un "Tu piques." après son baiser pour ne pas rendre l’ambiance plus lourde, elle ne cessa de le fixer quand, remarquant sa grimace, elle recula la tête, un peu vexée, son menton se rentrant en même temps "Je comprends rien de ce qui est en train de se passer." Elle n’était pas finaude, mais elle n’était pas complètement conne non plus, alors merde à la fin "De quoi t’es en train de me parler ?" Elle le laissa caresser son bras sans réussir à ne pas le dévisager, sentant quelque chose grouiller en elle qui ressemblait à de l’appréhension sans savoir dans quoi elle la puisait. Mais quelque chose n’allait pas, de ça elle en était certaine "Comment tu veux que je te promette quelque chose là, tu me parles chino —" Ça n’allait pas assez vite à son goût, pour autant elle se serait bien passée du tableau qu’il lui offrit soudain en retirant enfin son postiche pour mieux lui révéler ce qui était le responsable de sa grimace de tout à l’heure. Elle eut une respiration ravalée par la bouche, le genre qui aurait pu lui faire pousser une légère expression de surprise si rapidement, une forme de panique n’avait pas remplacé la somme de ce qu’elle ressentait jusqu’alors. Elle soupçonna qu’une seule chose "Je t’avais dit que je voulais pas que tu parles à mon père. Je t’avais dit que je voulais pas que tu l’approches sous aucun prétexte." Bien sûr qu’elle pensa à lui tout de suite, c’était le plus logique à ses yeux sur l’instant. Elle avait porté le poids de cette éventualité sur les épaules depuis qu’ils avaient parlé de tout ça pendant la tempête, et visiblement, elle avait eu raison. Si elle croyait Midas capable de respecter sa volonté, elle le savait aussi capable de répondre à son besoin constant de laver son honneur, et ça fit cogner son coeur contre sa poitrine, mais aussi serrer les dents si fort qu’elle les sentit grincer dans sa bouche "C’était quand ?" Le ton un peu froid, mais les yeux brillants, elle s’approcha de lui pour lui lever la tête d’un index fiché sous son menton pour que l’éclairage sommaire autour d’eux vienne projeter sa lumière sur sa blessure qui lui remua les entrailles.

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« Tu vas devoir me supporter quelques jours de plus. Tu veux que je garde le costume ? » J’esquisse un sourire amusé, la détaille de haut en bas pour la provocation, avant de hausser les épaules, un air d’adolescent – un peu attardé – sur les lèvres. « C’est pas comme si ta garde-robe habituelle était franchement moins osée, non ? » Je lève un sourcil tandis qu’un sourire flotte toujours sur mes lèvres. Non, Jo aime provoquer et ne peut pas s’empêcher de le faire même lors d’une soirée réservée aux nécessiteux. Ce pendant de sa personnalité pourrait m’irriter si, comme tout le monde le sait, je n’étais pas complètement incapable de conserver la moindre particule d’objectivité lorsqu’elle est concernée.

« Ça tient qu’à toi de continuer à susciter mon intérêt. Je veux pas te mettre la pression, mais ça se bouscule au portillon. » - « C’est une menace, Josephine Carter ? » Je plaisante, mais nous savons tous les deux qu’une part de moi vit assez difficilement, pas l’intérêt qu’elle reçoit, mais le regard du public masculin, parfois tout sauf subtil, sur elle. Lorsqu’elle explosera et gagnera tout l’intérêt qu’elle mérite, je sais que cela deviendra pire, et j’apprend à l’accepter même si, là-dessus aussi j’ai écrit une chanson.

Une fois dehors, il m’est difficile de ne pas angoisser. Eloigner Jo du reste des convives et participants de l’événement était la condition non négociable à mes confessions : je crains sa réaction et je n’ai pas envie qu’elle impacte le moment magique que sont en train de passer ces enfants. Du reste, lorsque l’on est fort comme l’est la brune, on préfère panser ses plaies à l’abri et peut-être aura-t-elle besoin de le faire ; l’annonce risque d’être difficile à encaisser pour elle. « Tu piques. » Qu’elle annonce, alors que je ne retire pas ma fausse barbe blanche pour l’embrasser. « T’aimes pas ? Je me demandais si j’allais pas en laisser pousser une. » Faire le malin, c’est à présent ma façon de garder ma nervosité sous cloche. Elle me rétorquera certainement que je serais bien incapable de faire pousser une barbe si je le voulais, et elle aurait bien raison. « Je comprends rien de ce qui est en train de se passer. De quoi t’es en train de me parler ? » - « J’y viens, c’est promis. » Je ne tourne autour du pot – je préfère dire que je prépare le terrain – que parce que le sujet est délicat et que j’aurais préféré ne pas avoir à l’aborder. Mais Jo et moi passons trop de temps ensemble pour que je puisse lui cacher la vérité, et j’ai de toute façon promis de ne plus lui mentir ou lui dissimuler des choses importantes. Je suis déterminé à tout lui dire, je cherche simplement la meilleure façon d’arracher le pansement. « Comment tu veux que je te promette quelque chose là, tu me parles chino – » La coupant, j’ôte ma fausse barbe et je baisser les yeux. Je n’ai pas porté de coup, mais j’ai honte malgré tout à l’idée de pouvoir la décevoir. Je n’ai pas frappé, mais Tomlinson a réussi à me faire perdre mon calme malgré tout et je n’en suis pas fier. Le gars doux et tendre que Jo connait a ses limites : attaqué, je deviens brouillon et parfois colérique. Je suis coupable de m’être mis en colère, mais n’ai-je pas tout fait pour tenter de l’éviter ? N’ai-je pas essayé d’esquiver la présence de Micah qui, de son côté, a eu à cœur de me provoquer ? « Je t’avais dit que je voulais pas que tu parles à mon père. Je t’avais dit que je voulais pas que tu l’approches sous aucun prétexte. » Mes yeux s’écarquillent d’abord, puis je fronce les sourcils. Pourtant, en y réfléchissant, il n’y a rien de surprenant à ce que ce soit ça, sa théorie. Lorsqu’elle m’a confié quel genre d’ordure était son père, j’ai été vindicatif parce que je tiens à elle, parce que je voudrais pouvoir l’en protéger. Sauf que j’ai promis de ne pas agir dans son dos dans ce domaine-là, et malgré la frustration qui est née de cette promesse, je l’ai tenue. « C’était quand ? » Elle attrape mon menton entre ses doigts pour m’observer, et je réprime une nouvelle grimace. Elle me fait un peu mal, mais je me laisse faire sans broncher. « C’est pas ton père. Je suis pas allé voir ton père, je te l’ai promis. » Je ne lui en veux toutefois pas de m’avoir cru capable d’oublier mes engagements. Chat échaudé craint l’eau froide, et je n’ai pas toujours été un modèle d’honnêteté. Elle m’a pardonné, mais les souvenirs de mes aveux sont certainement bien trop récents pour qu’elle perde le réflexe de me soupçonner de lui avoir menti. « C’est Tomlinson. On a été programmé sur la même matinale pour ABC, je le savais pas avant d’arriver. » Et lui non plus, si j’en crois ses dires. Sauf que je ne tiens rien de ce qu’il a pu me dire pour acquis. « Je lui ai fait comprendre que je voulais qu’il me fiche la paix et qu’on se contente de s’éviter, mais il m’a provoqué, il a parlé de toi. Je l’ai remis à sa place et il m’a cogné. » Peut-être que tout raconter à ma petite-amie manque de noblesse. Sauf que lorsque Jo Carter pose ses yeux noirs sur vous, vous filez droit et toute envie de ne pas lui dire strictement toute la vérité s’évanouit. « C’était avant-hier, et je peux te restituer toute la conversation si t’en as besoin. Mais ce qu’il y a à retenir - » Au-delà du fait que j’avais raison concernant l’acteur et ses intentions à l’égard de ma copine. « - c’est qu’il me tient responsable pour tous les maux du monde et qu’il pense que je te manipule. Je lui ai demandé de pas se mêler de notre couple, il a continué à fanfaronner, à sous-entendre que si tu continuais d’échanger avec lui c’est que t’étais pas satisfaite, je lui ai dit un truc qui lui a pas plu et il a cogné. » Malheureusement, c’est aussi "simple" et trivial que ça. Suis-je surpris ? Non, je n’ai jamais senti ce type.

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"T’as qu’à m’offrir une combinaison de ski, si tu préfères." Elle lui accorda le battement de cils usuel à toutes ses provocations et haussa les épaules à la suite, jouant parfaitement l’innocence alors qu’à peu près tout chez elle jurait avec le concept "Plutôt une mise en garde. Je suis archi-populaire auprès des 15-75 ans, faut que tu l’entendes." Pour l’heure, ça l’amusait encore de jouer à ce jeu et d’avoir réponse à tout. Mais ça ne durerait pas, et c’était presque regrettable puisque le changement d’ambiance fût radical, et que son estomac se retrouva contracté sous l’épaisseur relative de sa tenue de soirée.

Soudain, elle n’avait plus envie de jouer. Soudain, elle n’avait plus envie non plus qu’il s’efforce à tourner autour du pot sans qu’elle ne réussisse à comprendre pourquoi ça paraissait si important. Elle avait l’impression qu’il la traitait comme une gamine à qui on va annoncer que le père Noël était une chimère, et ça l’agaça ; mais ça l’inquiéta davantage quand elle riva ses yeux sur le bas de son visage et qu’elle constata de la couleur hybride qu’avait prise son menton et du gonflement inquiétant de sa lèvre. Elle comprenait mieux sa grimace maintenant. Il ne lui vint qu’une conclusion, la plus alarmante à ses yeux, et tout en elle se figea "T’as mal ? T’as vu un médecin ?" Elle était en colère, elle était encore plus désolée que sa théorie à propos de la marche de manoeuvre de son père se soit avérée erronée. Elle était persuadée qu’il ne s’en prendrait pas à Midas s’il réclamait une discussion avec lui, mais elle avait eu tort. Elle savait reconnaître les coups de poing Jo, et ce que Midas avait essuyé, c’en était un qu’il ne méritait pas. Ça la révolta, mais ça lui fit plus de peine encore ; jusqu’à ce qu’il corrige sa façon de raisonner et que brusquement, elle comprit qu’elle était loin de la vérité. Elle le lâcha d’abord, ses sourcils se fronçant en même temps qu’elle lui disait "T’as dit quoi là ?" Qu’est-ce que Micah venait faire dans cette histoire ? L’expression de son visage suintait de cette question qu’elle ne prit pas la peine de poser, certaine que la réponse ne ferait qu’empirer ce qui, d’un coup, remonta le long de la trachée "Putain, Midas." qu’elle lâcha, ses yeux se fermant pendant qu’elle lui tournait le dos pour se soustraire non seulement à l’illustration en temps réel de ce qui s’était passé, mais aussi à l’idée que c’était encore cette putain d’histoire qui venait lui éclater à la gueule alors qu’elle avait pris le temps de remettre les choses aux clairs avec l’un et l’autre. Elle se prit le visage dans les mains juste pour encercler ses joues avec ses paumes, ses grands yeux bordés de liner cherchant la logique de tout ça dans les rangées de vignes qu’elle voyait de là, éclairées par des guirlandes de lumières.

Elle se somma de ne pas suréagir. Sauf que Jo ne serait pas Jo si son sang n’avait pas la faculté inquiétante de se mettre à bouillir chaque fois qu’elle sentait que quelque chose lui échappait. D’un tour, elle se retrouva de nouveau face à lui "Ça va me suivre encore combien de temps toute cette putain d’histoire, hm ?" Son regard se posa d’abord sur le bas de son visage meurtri, puis dans ses yeux "Ça va se passer comme ça alors ? Vous allez vous taper dessus jusqu’à quoi, que je vienne vous départager pour décider qui mérite le plus mon attention ?" Elle resta fixement accrochée à ses yeux le temps d’une longue seconde, et puis un sourire sans joie lui échappa quand elle entendit les arguments de Micah lui être rapportés "Que tu me manipules ?" Micah la connaissait bien mal s’il le pensait vraiment. Qu’il se permette de remettre ça en doute, mais aussi d’appuyer sur l’idée qu’elle échangeait avec lui sous un prétexte aussi fallacieux, ça la fit chercher son téléphone portable sur elle et demander à Midas en même temps "Qu’est-ce que tu lui as dit ?" Elle n’avait pas son téléphone sur elle, ça la frustra au point que quand elle dressa sa main dans l’espace qui la séparait de lui, cette dernière se mit à trembloter tant là, elle prenait sur elle pour ne pas exploser "J’ai besoin de savoir. J’en ai rien à foutre si c’est mesquin ou si tu regrettes, je veux juste connaître à la virgule près ce que vous vous êtes dits pour que quand je vais lui défoncer la gueule, il essaye pas de me prendre de court en se servant de tes propos pour me déstabiliser, ou me faire avaler que t’es pas mieux que lui." Autant dire qu’elle n’avait pas envie d’entendre un c’est lui qui a commencé, mais qu’elle n’avait pas non plus envie de monter au créneau si Midas avait été aussi minable que Micah dans sa façon d’envisager la situation. A ce propos, elle s’approcha de lui, et pour échapper à l’image de sa main tremblotante, elle lui reprit le visage entre ses deux mains ; avec le plus de délicatesse possible pour ne pas le faire souffrir, mais trop souvent victime de sa brutalité, elle manquerait surement d’un peu de douceur sans le vouloir. Son regard résolument plongé dans le sine, elle lui demanda "Tu lui as pas rendu son coup, tu me le jures ?"

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« T’as mal ? T’as vu un médecin ? » Je secoue la tête, pour la rassurer et parce que je cherche déjà à désamorcer ce je ne sais pas trop quoi mais que j’ai peur de me prendre sur un coin de la tête parce que Jo est une sanguine et qu’elle a tendance à démarrer au quart de tour. « Non, j’ai pas besoin de voir de médecin. Y’a rien de cassé, c’est juste un hématome. » Un bel hématome, et un qui me défigurait assez pour que les annulations d’interview et d’apparitions mises sur le dos de la tempête aient été un cadeau des dieux à mes yeux : je n’aurais rien pu assurer de plus que cette apparition. Le costume de père noël me permet au moins de cacher mon visage abimé. « T’as dit quoi là ? » Je t’ai dit que je n’avais désobéi à aucune de tes putains de requête Jo. Aussi dur que ça ait été pour moi – je voudrais pouvoir démolir le visage suffisant de son père – je me suis retenu d’intervenir pour lui faire justice moi-même parce qu’elle m’a demandé de m’en abstenir. Je ne réponds rien ; sa question était purement rhétorique. « Putain, Midas. » Jo me tourne le dos, se prend la tête dans les mains et je me retrouve là, droit comme un i et me sentant comme un con, parfaitement démuni face à la situation. Je savais que la pilule aurait du mal à passer, mais je m’accroche à mon innocence : je n’ai pas été le plus malin, mais je n’ai rien provoqué dans mon altercation avec l’acteur.

« Ça va me suivre encore combien de temps toute cette putain d’histoire, hm ? Ça va se passer comme ça alors ? Vous allez vous taper dessus jusqu’à quoi, que je vienne vous départager pour décider qui mérite le plus mon attention ? » Elle se retourne en un mouvement et, moi, je trouve l’accusation sous-jacente injuste. Elle me donne l’impression de me tenir coupable de la situation, de la renvoyer au statut de pièce de viande ou d’objet que les hommes se disputent en oubliant qu’elle est surtout un être humain, et je ne peux dissimuler la pointe d’agacement qui anime pas réponse. « T’es sérieuse là ? » Je me contiens malgré tout, restant droit comme un "i", de peur que n’importe quel geste – un doigt dans sa direction ou autre – attise les braises d’une dispute que je ne veux pas voir se produire. « On s’est pas tapé dessus. Il m’a cogné parce que tout ce que j’ai fait c’est prendre ta et notre défense. »  La nôtre en tant que couple. Je ne mérite pas d’être mise dans le même panier que ce fumier qu’elle a pourtant défendu bec et ongle pendant des mois, c’est qu’elle le fasse qui me chagrine plus que son ton accusateur. « C’est lui qui a voulu jouer à celui qui pisse le plus loin pour marquer son territoire. » Terres qui ne lui appartiennent d’ailleurs plus depuis longtemps. Est-elle surprise par l’attitude de celui qu’elle qualifie d’ami ? Moi pas, j’ai toujours soutenu qu’il voulait coucher avec elle, elle était la seule à démentir et à clamer qu’il n’y avait rien d’ambigu dans leurs échanges.

« Que tu me manipules ? » Je hausse les épaules, un air triste sur le visage, pour confirmer. Je n’interprète pas, sur ce point-là je n’ai pas eu besoin de le faire. « Qu’est-ce que tu lui as dit ? » Que cherche-t-elle à savoir ? Si c’est moi qui l’ai provoqué ? Si elle doit me mettre dans le même panier que lui et décréter que je suis coupable ? Circonspect, je fronce les sourcils. « J’ai besoin de savoir. J’en ai rien à foutre si c’est mesquin ou si tu regrettes, je veux juste connaître à la virgule près ce que vous vous êtes dit pour que quand je vais lui défoncer la gueule, il essaye pas de me prendre de court en se servant de tes propos pour me déstabiliser, ou me faire avaler que t’es pas mieux que lui. » C’est moi qu’elle veut défendre, moi et le couple que nous formons et je pousse un soupir de soulagement silencieux. Je n’attends pas d’elle qu’elle défende mon honneur – pas parce que je suis misogyne et que je n’ai pas besoin d’une femme pour ça, mais parce que je n’en ai pas besoin tout court. Elle, elle profite du temps qu’il me faut pour rassembler mes souvenirs pour revenir à la charge. « Tu lui as pas rendu son coup, tu me le jures ? » - « Je t’ai dit que non. » L’agacement est léger, presque imperceptible. J’en fais disparaître jusqu’à la dernière trace en me rappelant pourquoi la brune semble sur des ressorts dès qu’il est question de violence. Si je ne la savais pas sensible à ce sujet, si j’étais mon cousin, je lui demanderais si elle est énervée parce qu’elle veut être la seule à pouvoir me frapper. Mais je suis bien trop sage pour que cette pensée ne quitte le stade d’idée amusante. « Je lui ai fait comprendre que t’étais pas un morceau de viande et que t’étais foutue de prendre tes propres décisions sans être la marionnette de personne. » Je restitue ma conversation avec l’acteur de bon gré, je ne suis pas fier de tous mes mots, mais je n’ai rien à cacher non plus. « Il a insisté en disant que j’étais qu’un putain de manipulateur, que c’est moi qui t’avais enfoncé dans le crâne que votre flirt sur les réseaux était déplacé. » Je n’ai pas peur d’employer les bons mots : la réaction possessive de Micah m’a prouvé que c’est bien ce que c’était, du flirt. « Je lui ai dit que personne te censurait, que j’étais désolé si lui de son côté avait rencontré personne qui lui donne envie d’être autre chose qu’un gamin qui saute sur tout ce qui bouge. » J’ai mentionné sa petite amie, mais je soupçonne Jo de ne rien en avoir à foutre. « Et je lui ai dit que je devais peut-être le remercier parce que s’il avait pas été si con, t’aurais peut-être fait l’erreur de ta vie et serais restée avec lui. C’est là qu’il m’a cogné. » Si j’ai l’air agacé, je ne suis pas en colère contre Jo ; je le suis simplement à la simple pensée de mon altercation avec ce connard fini. « T’as l’air surprise. » Qu’il soit capable de ce genre de geste. « Je le suis pas. » Cela prouve que je l’avais bien cerné, dans toute sa toxicité.

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Juste un hématome. Un hématome que Jo aurait certainement su mieux cacher que la maquilleuse de Midas qui avait fait un boulot d’amateur en s’évertuant à le dissimuler sur une couche de fond de teint dégueulasse, faisant clairement pire que mieux "Heureusement que t’as la barbe pour cacher ça." Une remarque qu’elle prononça les dents serrées, le regard aussi fixe qu’elle essayait de comprendre ce qui s’était passé pour qu’ils en arrivent là. Aussi raide qu’elle était déterminée à avoir le fin mot de l’histoire, elle ne trouva rien d’intelligent à dire, sentant une forme vicieuse de colère monter plus doucement que d’habitude en elle, remontant le long de sa trachée pour emplir sa bouche d’un goût amer. Elle ne ferait pas d’esclandre dans la minute, il fallait qu’elle sache d’abord ce qui s’était passé, et juste parce que Midas le lui avait demandé, elle se somma de ne pas sauter aux conclusions en faisant ce qu’elle savait faire le mieux, c’est-à-dire des scénarios pessimistes qui la faisaient monter sur ses grands chevaux. Une partie d’elle aurait presque préféré que ce soit son père qui soit l’auteur de ce qui s’étendait sur le bas de son visage, ça aurait fait plus de sens que d’apprendre qu’encore une fois, c’était à Micah que revenait la palme du fauteur de trouble. Elle admettait tomber des nues, n’ayant jamais ne serait-ce que soupçonné qu’il soit capable de faire ce genre de chose au nom d’elle ne savait quoi exactement. Il aimait la provoc, il était taquin, il était mesquin, mais le vice de la gifle, elle n’incombait qu’à une seule personne, et c’était elle-même. Quels étaient ses arguments pour céder à la facilité du coup de poing ? Elle n’était même pas sûre de vouloir connaître la réponse. Portée par sa hauteur de talons, Jo s’anima sur ses jambes quand Midas attaqua en retour, sa tête reculant pour mieux le voir de toute sa hauteur, et défier ses yeux clairs "Ouais, je suis sérieuse. Tu croyais que j’allais réagir comment ? Tu t’es vu dans un miroir ? Tu t’es vraiment dit que je savais pas reconnaître un putain de coup de poing ?" Après ce qu’elle lui avait raconté ? Elle peinait à le croire. Dans le fond, Jo ne voulait pas le blâmer injustement pour cette histoire, seulement ça faisait des mois et des mois que c’était dans l’air : elle en avait officiellement sa claque, elle ne savait plus quoi faire pour clore ce chapitre "Et t’as pas jugé ça utile de battre en retraite au lieu d’argumenter avec lui et de lui donner du grain à moudre pour qu’il t’en colle une ? Putain, c’est censé être toi le plus intelligent." persifla-t-elle en se reculant de nouveau, mais pour le contourner cette fois, irritée par la formulation de sa phrase suivante "Pour marquer son territoire ? T’as pas plus insultant pour parler de moi ?" Entre ça et l’idée qu’elle s’habillait comme une pute, elle avait eu sa dose d’insultes à peine voilées pour ce soir — ou bien c’était sa propension à monter dans les tours qui la rendaient susceptible sur le coup, qui savait. Une main sur le front, elle marcha de quelques pas vers le coin opposé de la terrasse, et elle prit une profonde inspiration pour calmer la montée de colère qui faisait trembler tout son intérieur. Le bout de ses doigts étaient endoloris, ça la rendit au moins un peu heureuse d’avoir retiré ses gants quelques minutes plus tôt, alors elle les secoua plusieurs fois avant de faire un tour sur elle-même et de lui demander, sèche "Qui a assisté à la scène ? C’est quoi tes directives pour que ça s’ébruite pas ?" Elle se foutait des rumeurs Jo, mais elle ne voulait plus qu’aucune ne court au sujet de ce que la presse traitait comme un putain de triangle amoureux qui n’en était même pas un.

Il n’avait pas rendu son coup à Micah, c’était la seule chose qui apaisait au moins un peu ce qu’elle ressentait sur l’instant, et sur quoi elle ne réussissait pas à mettre de mots. Elle aurait aimé lui dire qu’il n’était pas en bonne position pour être irrité comme elle sentait qu'il l’était, même s’il s’évertuait à prétendre que ce n’était pas le cas — elle savait le lire, il semblait l’oublier. Elle resta à sa place en s’imaginant un long instant rendre elle-même à Micah ce qu’il avait donné à Midas ; parce qu’elle pouvait tolérer l’inimitié qu’il lui vouait, elle pouvait tolérer qu’il ne veuille approuver leur histoire pour des raisons qui le regardait, mais elle ne pouvait pas tolérer qu’il en vienne à s’en prendre à lui sur la base de propos que Midas lui rapporta avec précision. Jo leva les yeux vers lui "Notre flirt ? T’en es toujours là ?" qu’elle lui demanda dans un rire sans joie, sa tête se secouant et ses sourcils se fronçant en se rendant compte que la conversation qu'ils avaient eu à son retour de Paris était visiblement rentrée par une oreille pour ressortir par l’autre. A sa colère se joignit une forme de déception qu’elle avait bien du mal à cacher Jo, se tenant aussi loin  possible de Midas que lui permettait la superficie de la terrasse qu’elle aurait voulu fuir ; mais elle n’était pas lâche, c’était encore ce qui la différenciait des deux grands garçons qui se battaient pour son attention, et qu’à ce stade, elle détestait à équivalence  — l’un beaucoup moins que l’autre en vérité, mais sa mauvaise foi avait décidé de faire croire le contraire. T’as l’air surprise, lui dit-il après avoir fidèlement relaté les faits. Le sang de Jo ne fit qu’un tour "Fais au moins semblant de pas trop te réjouir d’avoir eu raison." C’est la seule chose qu’elle trouva à lui dire, dérangée par ce qu’elle lisait sur son visage à cette distance "Ça te fait du bien d’avoir enfin la certitude que le seul truc qu'il attend depuis des années, c’est de pouvoir me baiser à nouveau ? Tu te sens mieux de pouvoir me regarder dans les yeux pour me dire, hé t’as vu Jo, je te l’avais dit que c’était tout ce qu'il attendait de toi, t’as vraiment des potes en carton." Ce n’était foncièrement pas contre lui qu’elle était en colère, vraiment pas ; elle s’inquiétait de la douleur qu’il pouvait ressentir à cause de son hématome, elle ne supportait pas l’idée qu’il puisse avoir mal à cause d’un coup porté par la main d’un autre, mais il lui donnait l’impression de se délecter de ce que ses mots avaient provoqué sur Micah, et ça lui faisait de la peine. Ça, mais aussi la réalisation soudaine de quelque chose à quoi elle avait toujours cru quand elle lui disait que non, il ne se passait rien avec son ami acteur : elle avait toujours sincèrement pensé qu'il était différent, même si après avoir été un semblant de couple à une époque, elle ne pouvait pas ignorer qu’il la trouvait au moins à son goût — que ce soit le terreau d’un désir qu’elle, elle ne ressentait plus pour lui, ça la blessait autant que ça la blessait de remarquer que Midas n’avait aucun scrupule à piétiner une amitié qui lui était chère sous le faux-prétexte de laver leur honneur respectif, quand elle avait juste l’impression que ça le rassurait effectivement d’avoir enfin la confirmation d'avoir raison. Elle le regarda une longue seconde, le visage figé dans une expression qui se fendit l’instant d’après, quand elle sentit ses paupières s’alourdir, signe annonciateur de quelque chose qu’elle ne voulait pas lui donner ; soit des larmes, profondément heurtée, même si elle ferait tout pour ne pas l’avouer "Je ferais mieux de rentrer. Je suis plus dans l’ambiance." trancha-t-elle, rompant le contact de ses yeux avec ceux de Midas, en n’ayant plus qu’une idée en tête désormais : mettre la main sur son téléphone pour faire savoir à Micah qu’elle était au courant.

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« Heureusement que t’as la barbe pour cacher ça. » Sa mâchoire est contractée, son cynisme palpable, mais si je crains sa réaction, elle ne parviendra pas à me faire m’écraser : pas cette fois. Je ne me sentirai pas coupable d’avoir été cogné alors que j’étais dans mon droit et que je ne suis pas celui qui ai initié le jeu des provocations. Jo connait par cœur mes bons côtés et n’a que rarement à souffrir des pires puisque, pour elle et pour ma tranquillité d’esprit, je tempère la plupart du temps pour côté soupe au lait. Toutefois, même moi je possède des limites et elles se situent quelque part autour du fait de se faire cogner et de devoir en plus fermer sa gueule et lui demander pardon. « Ouais, je suis sérieuse. Tu croyais que j’allais réagir comment ? Tu t’es vu dans un miroir ? Tu t’es vraiment dit que je savais pas reconnaître un putain de coup de poing ? » A mon tour de serrer les temps et de l’observer avec un regard dur habité par un soupçon de déception. Je ne lui ai jamais demandé de prendre mon parti auprès de son ami, à Jo, mais je pensais que dans un cas de figure comme celui-là, elle ne m’accablerait pas. « Et t’as pas jugé ça utile de battre en retraite au lieu d’argumenter avec lui et de lui donner du grain à moudre pour qu’il t’en colle une ? Putain, c’est censé être toi le plus intelligent. » - « Qu’est-ce que t’es en train de dire là ? Que je l’ai cherché ? » A lui, lui trouve-t-elle des excuses quand moi je n’ai pas le droit au bénéfice du doute ? « Je suis gentil Jo, je le suis au point que ça m’a parfois été dit comme si c’était un défaut, mais je suis pas un paillasson non plus. Et je suis pas plus saint que saint quand on me provoque, qu’on se fout de ma gueule ouvertement ou qu'on crache sur ce qu'on est toi et moi. » Réalise-t-elle que c’est à mon couple qu’il s’en est pris ? Aurait-elle préféré que je la ferme et que je le laisse nous dépeindre de cette façon ? Ce n’est pas moi et ça ne le sera jamais. Du reste, elle est hypocrite : ce n’est pas elle non plus et elle n’aurait pas réagi différemment de moi. Au contraire, elle aurait été pire, bien plus belliqueuse que je ne l’ai été. « Qui a assisté à la scène ? C’est quoi tes directives pour que ça s’ébruite pas ? » - « Presque personne, mais tu sais comme moi que ça suffit pour que ça finisse par s’ébruiter. » Et au fond, même si j’ai donné toutes les indications nécessaires pour que cela ne soit pas le cas, je crois que je m’en fous : je n’ai rien à me reprocher et je me moque bien que le grand public voie le vrai visage de l’acteur. Ces choses-là se savent, de toute façon. Je suis bien placé pour savoir que les secrets qui parviennent à le rester se comptent sur les doigts d’une main.

« Notre flirt ? T’en es toujours là ? » - « Parce qu’on cogne les gens simplement parce qu’on est en colère de plus pouvoir envoyer des messages anodins et sans importance ? » Elle peut m’accuser de tout ce qu’elle veut, mais pas de m’être trompé sur les intentions de l’acteur et sur ce que ses messages signifiaient à ses yeux. Pas après ce qu’il s’est passé hier. « Fais au moins semblant de pas trop te réjouir d’avoir eu raison. » Parce que j’ai l’air de me réjouir ? Parce que j’ai l’air de jubiler ? Qu’elle me juge capable de ça me fait mal au cœur, précisément parce que c’est exactement ce que j’ai ressenti à l’idée qu’elle soit confrontée à la vérité par rapport à son ami. « Ça te fait du bien d’avoir enfin la certitude que le seul truc qu'il attend depuis des années, c’est de pouvoir me baiser à nouveau ? Tu te sens mieux de pouvoir me regarder dans les yeux pour me dire, hé t’as vu Jo, je te l’avais dit que c’était tout ce qu'il attendait de toi, t’as vraiment des potes en carton. » C’est de la colère et de l’incompréhension qui se lit dans mon regard. C’est toutefois beaucoup de peine que je ressens à l’idée d’être attaqué quand je ne suis responsable de rien – à la voir prendre son parti alors que je pensais que cela constituerai sa limite – et surtout, de réaliser la façon dont elle me perçoit. « Je ferais mieux de rentrer. Je suis plus dans l’ambiance. » Moi non plus. Mais je me suis engagé pour ces gamins et je ne rentrerai pas, quel que soit mon état d’esprit. Parce que c’est ça l’homme que je suis, pas celui qu’elle dépeint. « Tu penses vraiment que c’est qui je suis ? » C’est de l’effarement qui se lit sur mon visage et qui accompagne cette question. « Si oui, alors ouais, peut-être que tu ferais mieux de rentrer. Tu peux prendre la voiture et demander à mon chauffeur de te raccompagner. » Je sais que ses parents sont chez elle et je n’ai pas la moindre envie de la mettre à la porte ou de la forcer à cohabiter avec des gens qui lui ont fait du mal, avec un homme que je ne veux voir ailleurs qu’à des kilomètres d’elle. Mais où qu’elle dorme, je choisirai une autre chambre autre soir : ma propriété est grande et cela ne posera pas le moindre problème. « J’ai mal pour toi Jo. Mais je m’excuserai pas d’être soulagé de pas être le pauvre con qui était parano parce à cause de sa jalousie. » Mais il n’y a aucune trace de jubilation sur mon visage.
 

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"C’est pas ce que j’ai dit." Elle ne lâcha pas son regard du sien, lui laissant la place pour s’offusquer autant qu’il le voulait avant de lui donner une explication plus claire "Justement ouais, t’es gentil, et ce que je dis, c’est que tu vaux mieux que ça." Ça, cette petite guerre à la con qui, si elle faisait les comptes, durait depuis près d’un an "Je te dis pas de pas te défendre. C’est ton droit, je suis personne pour te l’interdire." Contrairement à ce que pensait Micah, personne ne tyrannisait personne "Je te dis juste que t’as pas besoin de jouer au même jeu que lui pour être certain que c’est de ton côté que je suis." Elle n’en donnait certainement pas l’air, prise de court et n’ayant pas les mêmes mécanismes de défense qu’autrui en prenant calmement une situation donnée pour la traiter de façon mature. Elle avait d’abord besoin de surréagir, elle ne réfléchissait qu’après coup. La vérité, c’était que même sans prendre de la hauteur sur tout ce qu’elle venait d’apprendre, elle savait que ce n’était pas vers Midas que sa colère était dirigée et qu’il ne serait pas celui qui devrait en payer les frais. Pour l’heure, c’était lui en face d’elle. La frustration de Jo prenait de l’ampleur, ça la poussait à ne pas mesurer le poids de ses paroles et à dire le contraire de ce qu’elle pensait. Elle secoua la tête pour se remettre l’esprit à l’endroit et pour ne pas charger davantage le jeune homme de reproches qu’il méritait moins que ceux qu’elle ferait à Micah quand elle lui tomberait dessus. Elle pinça les lèvres, retint un moment sa respiration en délogeant ses yeux des siens pour les poser sur un point au-dessus de sa tête pendant que là, elle se mettait vraiment à réfléchir et à rationaliser à peu près tout et son contraire pour se rendre compte de quelque chose qu’elle verbalisa en le regardant à nouveau, relâchant sa respiration en un bloc dense qui ne la soulagea pas "Faut qu’on se blinde à propos de tout ça, Midas. Parce que Micah c’est une chose, j’en ferai mon affaire plus tard, je vais le détruire." Et elle avait beau le dire sur le ton de la conversation, c’était une perspective qui ne la quitterait pas tant qu’elle n’atteindrait pas son but, sa nuque se raidissant quand elle songea qu’elle, elle ne valait pas mieux que ça, et qu’elle saurait où et comment frapper "Mais il sera pas le seul à vouloir se mettre entre nous, à mésinterpréter ce qui se passe pour en faire une réalité qui n’existe pas. Moi je sais ce qui se passe entre toi et moi, j’ai pas besoin de prouver à qui que ce soit que je t’aime pour qu’on adhère à notre histoire. C’est notre histoire, je me fous qu’on la trouve logique ou non, qu'on l’approuve ou non, mais je veux pas qu’on s’en serve contre nous." Et de ça, elle avait prévenu Micah. Midas l’ignorait, elle décida de lui dire maintenant "Je l’avais prévenu, que s’il comptait se servir de nous pour faire parler de lui, il le regretterait. Je te l’ai pas dit parce que j’en ai marre qu’on se dispute pour les autres, j’en ai marre qu’on me ramène toujours à ça, et que je veux plus avoir à te soutenir que pour moi, ça a jamais été du flirt." Pour Micah, elle était obligée d’admettre que ça avait été le cas. En ce qui la concernait elle, elle était droite dans ses bottes, et tout ce qu’elle avait dit à Midas lors de son retour de Paris, ça n’avait pas été dit pour le rassurer "Qu’il le prenne comme ça, c’est son problème. Moi, je lui ai parlé de mes limites, je lui ai dit que ça me dérangeait qu’il te prenne pas en compte, et que ça avait moins à voir avec toi qu’avec mon envie de faire les choses bien parce que tu le mérites, que c’est toi que je veux, et que je suis prête à tout pour te garder." Elle l’avait défendu Midas. Il lui donnait parfois l’impression de croire qu'il était le seul à partir en croisade pour défendre ce qu’ils étaient : ce n’était pas vrai. Elle continua et termina, ne s’étant pas interrompue "J’ai aucun problème avec ma conscience. C’était le cas avant, c’est toujours le cas maintenant. De mon côté, je sais quelle intention se cachait derrière nos échanges, et je veux plus jamais avoir à m’en défendre." Le c’est clair ? qui passa dans son regard à ce moment-là, elle le ravala en même temps que la tension qui l’habitait depuis plusieurs minutes déjà.

Elle ne préféra même pas répondre à la question qu’il lui posa quand elle l’accusa de se réjouir de tout ça parce qu’au fond, c’était plutôt évident que non, elle ne pensait pas une seule seconde qu’il puisse être ce genre de personne. Seulement, elle avait défendu la vision qu’elle avait de lui pour vouloir en rajouter et tourner en rond autour de quelque chose qui avait déjà pris bien trop d’ampleur à son goût. Il fallait que ça s’arrête, c’est ce qu’elle pensa en baissant simplement la tête pour ne pas avoir à supporter davantage le contact entre leurs yeux et garder le contrôle de ses émotions, bonnes ou mauvaises d’ailleurs. Elle s’entendit murmurer "Ça me rend folle qu’il s’en soit pris à toi." Passant sur les insultes que lui inspirait son geste, et qu’elle finirait par lui cracher au travers du micro de son téléphone portable quand elle enregistrait des messages vocaux salés à son intention. Elle resta un instant à accuser le coup de ce qu’il lui dit entre temps, se mordant la langue pour ne pas lui cracher au visage qu’elle n’avait pas besoin de son chauffeur, qu’elle avait le sien, pour qui il se prenait ? En fait, elle ne releva les yeux que quand il lui dit qu’il avait mal pour elle, et que ne comprenant pas ce qu’il voulait dire par là, elle lui adressa un froncement de sourcils qui ne s’accompagna de rien de plus, si ce n’est d’une légère secousse de sa tête et d'un "Je t’ai même pas demandé de t’excuser." S’il ne retenait que ça de leur conversation, peut-être que c’était le signal qu’elle était terminée. Elle le défia encore quelques secondes du regard, lui intimant presque par la pensée de lui soutenir le contraire, mais c’était moins pour le provoquer que pour gagner du temps alors qu’elle ne savait pas vraiment si partir maintenant jouerait en sa faveur. De toute façon, elle avait le sentiment décevant que quoiqu’elle déciderait de faire, rien ne jouerait vraiment en sa faveur, alors en baissant à distance les yeux sur la blessure qui s’étalait sur le menton de Midas, elle frotta le sien avec le dos de sa main pour chasser l’envie qu’elle avait de le toucher, se l’interdisant pour mieux détourner la tête pour de bon cette fois. Elle s’avouait vaincue, les lèvres closes et le dos droit malgré tout, se dirigeant vers la balustrade en bois où elle avait posé ses gants pour les enfiler à nouveau. Elle dit à Midas en même temps "Remets ta barbe, tu vas faire peur aux petits sinon."

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« C’est pas ce que j’ai dit. Justement ouais, t’es gentil, et ce que je dis, c’est que tu vaux mieux que ça. » Jo se rend-t-elle compte que les mots ont un poids et, surtout, qu’ils ont un impact ? Qu’elle ne peut pas cracher son venin sur moi comme elle le fait sur le reste du monde en espérant que je ne réagisse pas ? Que je lui passe son agressivité et ferme les yeux sous prétexte qu’il s’agit d’elle, que je la connais et que je devrais savoir qu’elle parle souvent avant de réfléchir et fait preuve de bien trop d’impulsivité ? Si mes discussions avec mon cousin m’ont bien fait prendre conscience d’une chose, c’est que Jo m’écrasera si je la laisse faire et que, pour le bien de mon couple, je ne peux pas systématiquement lui trouver des excuses ou simplement ne pas réagir parce que ma tranquillité d’esprit m’importe bien plus que ma fierté. Il a parlé d’équilibre et, si sur le moment, je n’ai pas compris où il voulait en venir, j’y vois un peu plus clair maintenant. « Je te dis pas de pas te défendre. C’est ton droit, je suis personne pour te l’interdire. Je te dis juste que t’as pas besoin de jouer au même jeu que lui pour être certain que c’est de ton côté que je suis. » - « Jouer au même jeu ? » Je lève un sourcil, déçu qu’elle nous mette dans le même panier, déçu que tout ce qu’elle retienne des confidences que je lui ai faites, c’est que son "ami" – je ne considère pas qu’il le soit – et moi nous sommes étripés comme des chiffonniers pour se disputer son attention. « J’ai cherché à éviter la discussion. J’ai provoqué personne. J’ai cogné personne. La seule chose que j’ai faite, c’est remettre les pendules à l’heure. Me mets pas dans le même panier que ce pauvre con. » Parce qu’elle a beau lui vouer une affection incompréhensible, je ne vois de mon côté rien qui mérite la moindre trace d’estime ou de respect dans cet homme misogyne qu’elle a choisi pour être son envers et contre tous. Je ne devrais pas, mais je crois que je suis déçu au fond et si je n’en ai pas terminé d’idéaliser Jo et de manquer d’objectivité à son égard, ce soir et peut-être à cause de la douleur lancinante, je n’ai pas mon habituelle patience.

« Faut qu’on se blinde à propos de tout ça, Midas. Parce que Micah c’est une chose, j’en ferai mon affaire plus tard, je vais le détruire. » Je plante mes yeux dans les siens, chatouillé par l’envie de lui rétorque que si l’un de nous deux a besoin de se blinder, c’est certainement elle. Je ne suis pas celui qui est sorti de ses gonds, ce soir. Je ne suis pas non plus celui qui a donné l’impression à l’autre de l’attaquer. Je me moque bien qu’elle ne fasse pas référence à ce soir et à nous, parce que moi, c’est tout ce qui m’intéresse. « Mais il sera pas le seul à vouloir se mettre entre nous, à mésinterpréter ce qui se passe pour en faire une réalité qui n’existe pas. Moi je sais ce qui se passe entre toi et moi, j’ai pas besoin de prouver à qui que ce soit que je t’aime pour qu’on adhère à notre histoire. C’est notre histoire, je me fous qu’on la trouve logique ou non, qu'on l’approuve ou non, mais je veux pas qu’on s’en serve contre nous. » Je détourne mes yeux quelques secondes et, lorsque je les pose à nouveau sur elle, ils sont emplis d’une tristesse nouvelle. « Je t’aime Jo. Mais je te laisserai pas me rendre coupable de ce qu’il s’est passé. » N’est-ce pas ce qu’elle fait, d’une certaine façon ? N’est-elle pas en train d’insinuer que si je m’étais blindé, rien de tout ça ne se serait passé ? Je n’ai pas envie d’avoir à me blinder nous concernant. Je ne tolèrerais pas des attaques portées à mon couples comme celles de Tomlinson, ni demain, ni jamais. Je m’en moque qu’elle projette de le détruire. Bien sûr, ma fierté s’en enorgueillit. Tout ce qui m’importe à moi ce soir, c’est que j’ai été reçu a peu près comme je craignais l’être, et je ne suis pas certain d’aimer ce que ce constat signifie. « Et je te laisserais pas non plus me faire la leçon. J’ai pas dépassé les bornes. » La seule à l’avoir fait ce soir c’est toi, en me présentant comme le genre de gars capable d’être satisfait de lui avoir prouvé que son pote voulait simplement "la baiser". « Je mérite pas que tu passes tes nerfs sur moi. » Dans ces conditions oui, peut-être qu’elle ferait mieux de rentrer. Pas chez elle, je ne la mets pas à la porte, mais la soirée n’aura peut-être pas les couleurs que nous projetions encore de lui donner il y a quelques minutes seulement.

« Je l’avais prévenu, que s’il comptait se servir de nous pour faire parler de lui, il le regretterait. Je te l’ai pas dit parce que j’en ai marre qu’on se dispute pour les autres, j’en ai marre qu’on me ramène toujours à ça, et que je veux plus avoir à te soutenir que pour moi, ça a jamais été du flirt. » Je ne réponds rien. Si j’avais envie de continuer à défendre mon point de vue, je lui aurais fait remarquer qu’elle savait très bien que quelque chose clochait si elle avait ressenti le besoin de le mettre en garde, qu’elle savait que je n’étais pas complètement à côté de la plaque, à ne rien apprécier dans cette situation. « Qu’il le prenne comme ça, c’est son problème. Moi, je lui ai parlé de mes limites, je lui ai dit que ça me dérangeait qu’il te prenne pas en compte, et que ça avait moins à voir avec toi qu’avec mon envie de faire les choses bien parce que tu le mérites, que c’est toi que je veux, et que je suis prête à tout pour te garder. » Pense-t-elle que c’est ce que j’ai besoin d’entendre ? Que si la discussion m’a rendue plus froid avec elle, c’est uniquement parce que je doute de ses intentions ? Cela n’a rien à voir avec ça, pas plus que je n’ai envisagé de remettre Micah à sa place parce que je me sentais menacé ou doutais d’elle. Je ne suis pas un enfant : peut-être n’est-elle habitué à fréquenter que des hommes qui le sont, ou à la masculinité si fragile qu’ils ont le besoin systématique de se prouver qu’ils sont des hommes, mais ce n’est pas moi et je suis affligé de me retrouver traité comme tel par la femme que j’aime. « J’ai aucun problème avec ma conscience. C’était le cas avant, c’est toujours le cas maintenant. De mon côté, je sais quelle intention se cachait derrière nos échanges, et je veux plus jamais avoir à m’en défendre. » - « Tu te trompes Jo si tu crois qu’on est en train de se disputer à cause des autres. » Nous sommes en train de nous disputer à cause de sa réaction, nous sommes en train de nous disputer à cause de son agressivité et des sous-entendus qu’elle m’a balancé au visage. « Et tu te trompes si tu penses qu’on est en train de se disputer parce que je remets en cause tes intentions le concernant. Ça m’a même pas traversé l’esprit. » Je l’affirme avec une lassitude évidente dans la voix. Je l’affirme sans attendre qu’elle ne comprenne non plus, mais parce que je n’ai pas l’intention de lui laisser croire que nous en sommes toujours au même point qu’à son retour de Paris.

« Ça me rend folle qu’il s’en soit pris à toi. » Je m’en moque, qu’il s’en soit pris à moi. Ce dont je ne me moque pas, c’est qu’il s’en soit pris à nous, au couple que je forme avec la chanteuse. Je ne m’en moque pas parce que c’est à mes yeux révélateur du peu de limites qu’il semble avoir la concernant. « Je t’ai même pas demandé de t’excuser. » - « Tu as entendu comment tu m’as parlé ? Ce que tu as sous-entendu ? » J’aurais préféré qu’elle me demande d’être désolé plutôt que de l’entendre me réduire à un genre d’homme que je ne suis pas : au même genre d’homme que Tomlinson, tout compte fait. « Remets ta barbe, tu vas faire peur aux petits sinon. » Je ne le fais pas tout de suite. Avant, je m’approche de Jo pour glisser une main dans sa nuque et l’attirer à moi pour déposer un baiser sur son front. Je n’aime pas le goût de cette dispute. Mais aurait-elle eu lieu si je m’étais senti compris ? Si j’avais eu l’impression que n’importe quel prétexte n’est pas bon pour me sauter à la gorge ? Et pour quoi ? Parce qu’elle est habituée à être traitée d’une certaine façon et qu’elle s’attend à ce que j’en fasse de même ? « Je vais te donner la réponse. Non, c’est pas qui je suis. C’est pas le type que j’ai jamais eu l’intention d’être avec toi. » Et cette dernière confession avant d’effectivement remonter ma fausse barbe sur mes lèvres, elle a au moins le mérite de lui confirmer ce qui m’a le plus blessé dans cette conversation.

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"Non, bien sûr." Elle secoua la tête, le regard dérivant de celui de Midas en secouant la tête avec l’air de dire que c’était à parier qu’elle allait de nouveau être désignée coupable de la tournure des évènements "C’est de ma faute, j’ai bien saisi." Elle aurait aimé lui répondre qu’il avait le choix de s’en aller, qu’il ne découvrait pas aujourd’hui qu’elle avait un problème pour canaliser tout ce qui sortait de son agressivité instinctive, et que même si ce n’était pas une excuse, elle ne le retenait pas si ça lui tapait sur les nerfs. Elle ne lui dit pas uniquement parce qu’elle savait à quoi ça mènerait, qu’elle prendrait très certainement la décision pour lui s’il n’en était pas capable tant ça paraissait évident qu’il avait du mal à le supporter, même si ça ne ferait du bien à personne. Elle croisa les bras sur sa poitrine en pensant que ce n’était pas elle qui s’était fait cogner, mais que bien sûr ouais, c’était de sa faute, gamine capricieuse qui avait la répartie d’une brute de cour de récré, acculée par l’intelligence de celui vers qui sa colère était dirigée par défaut ce soir. Elle n’avait pas envie de s’humilier davantage alors qu'il était irréfutable qu’elle avait encore compris tout de la mauvaise façon, à croire qu’elle était vraiment rien d’autre qu’une pauvre conne finalement. De fait, elle se mordit le bout de la langue aussi bien pour se taire que pour retenir ce que lui inspirait ses propos auxquels elle n’avait rien de bon à ajouter, frustrée qu’on la mette au milieu d’une bataille d’ego — c’en était une, que personne n’ose lui prétendre le contraire, et surtout pas Midas — quand elle avait déjà le sien à gérer.

Elle acceptait qu’il lui fasse la leçon, elle, et ce seulement parce qu’elle craignait de dire à nouveau quelque chose de travers. Ses gants de nouveau enfilés, ses bras de nouveau croisés sur la poitrine, elle la boucla de bout en bout, se contentant de poser son regard sur un point précis au-dessus de la tête de Midas sans le voir tout à fait, perdue dans un monde où elle entendait tout ce qu’il lui disait, à quoi elle se somma de ne pas réagir toutefois. Tout ce qu’elle disait semblait être bancal aux yeux de Midas de toute façon, comme si elle ne venait pas de passer plusieurs minutes à lui faire entendre que c’était lui qu’elle défendrait, même si son premier instinct avait été de le fustiger juste pour mieux comprendre ce qui s’était passé. Parce qu’il semblait l’oublier, mais elle n’était pas présente lors de toute cette histoire, elle choisissait pourtant de le croire quand il disait n’avoir rien déclenché, s’en voulant déjà d’avoir envisagé le contraire. Simplement, ça faisait des mois que tout ça planait au-dessus de sa tête, et elle n’était pas calibrée pour imaginer autre chose que des clichés, celui des deux bonhommes qui se disputent son attention n’étant pas le pire qui pouvait lui arriver, il était pourtant le plus désagréable parce qu’il mettait en scène deux hommes qu’elle aimait ; très différemment certes, restait que c’était la vérité. Il dirait ce qu’il voulait, tout ça ne résultait que d’une seule chose, et c’était de ses soupçons passés à propos de ce qui se tramait entre elle et Micah. Il ne lui fallait pas remonter très loin dans ses souvenirs pour l’entendre ouvertement lui demander si elle couchait avec l’acteur alors qu'il était évident que c’était avec lui qu’elle était, et lui seul. Qu’importe si ça remontait à des mois en arrière, qu’importe que c’était au tout début de leur relation de couple, qu’importe qu’ils avaient même accusé une rupture entre temps : à chaque étape de leur relation, les soupçons de Midas à propos de Micah s’étaient ajoutés à ce qu’ils construisaient, faisant de lui l’entité invisible d'un trio qui n’aurait jamais dû exister, et dont Jo faisait un non-événement parce qu’il avait fait partie de sa vie ces dix dernières années sans regretter une seule fois que leur pseudo-relation amoureuse d’antan soit terminée. Pourquoi ça l’inquiétait tant que Micah puisse voir en elle autre chose qu’une amie s’il ne craignait pas que ça atteigne Jo d’une façon ou d’une autre ? Elle n’avait même pas envie de revenir dessus, et elle avait dit la vérité, elle ne le ferait plus jamais. Ça le frustrerait, et elle réussissait à le comprendre, mais il n’était pas tout à fait honnête quand il lui disait que ça ne lui avait même pas traversé l’esprit quand elle savait que ce qu’il le tranquilliserait pour de bon à propos de tout ça, c’est qu’elle coupe définitivement les ponts avec Micah. Elle le ferait sans qu’il n’ait besoin de lui demander, il ne devait pas s’inquiéter pour ça, et comment prendrait-il ce geste-là ? Uniquement comme un moyen d’adhérer à son chemin de penser parce que les choses avaient été trop loin cette fois, ou accepterait-il une bonne fois pour toutes qu’elle se sente prête à faire des efforts parce qu’elle tenait à lui plus qu’à personne d’autre ? Il n’avait pas le monopole du sentiment d’injustice Midas, néanmoins il ne semblait pas prompt à s’en apercevoir quand il se plaçait en victime de la propension de Jo à sauter aux conclusions hâtives alors qu’il n’était pas en reste pour souffler le chaud et le froid — lui demandant des efforts, mais les rejetant quand il les soupçonnait d’être insincères, lui reprochant d’être trop frustre, mais n’acceptant jamais de l’aider à moins l’être en prétendant qu’elle devait le vouloir avant toute chose.

Elle sentait les larmes lui monter aux yeux lorsqu’il remit sur le tapis la manière dont elle s’était adressé à lui et les sous-entendus qu’elle avait laissé filer. Elle n’avait pas envie de s’excuser, alors elle ne le fit pas. Elle se contenta de reporter ses yeux sur lui pour le regarder fixement sans vraiment le voir au demeurant, retenant sa gêne autant que ce qui brillait dans ses yeux pour ne pas donner à l’ensemble un pendant dramatique qu’elle ne supporterait pas. Elle n’avait plus envie d’être là, elle n’avait même plus envie de rentrer avec lui à ce stade. Elle ne le ferait pas, pour quoi faire ? Pour ne pas fermer l’oeil, et espérer qu’il veuille bien la laisser le rejoindre au beau milieu de la nuit ? Elle avait plus de fierté que ça, le prouva la manière dont elle réagit à la main qu’il glissa dans sa nuque pour la rapprocher de lui et lui donner un baiser sur le front qui lui fit fermer les yeux, mais auquel elle s’interdit de réagir plus, ses bras fermement croisés sur sa poitrine lui faisant péniblement ressentir les battements affolés de son coeur. Elle ne trouva rien à lui dire à ce qu’il ajouta, elle savait que si elle se défendait d’avoir pensé une seule seconde qu'il était l’égal de Micah, il lui mettrait le nez dans ce qu’elle lui avait dit tout au long de cette discussion et que ça la ferait passer encore une fois pour une pauvre conne. Alors plus longtemps encore, elle la boucla, et le regarda remonter sa fausse barbe sur ses lèvres en prenant en compte la blessure qu’elle lui avait infligé sans le vouloir. Elle finit par baisser les yeux, décroisant les bras en lui montrant du menton l’entrée de la terrasse "Vas-y, je te rejoins." qu’elle lui fit juste tout en sachant qu’elle ferait certes son possible pour garder la face, mais qu’elle n’avait qu’une seule idée en tête maintenant, et c’était de rentrer nulle part ailleurs que chez elle.

rp terminé.