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 ≈ min-kyung ho

Ho Min-Kyung
Ho Min-Kyung
les ailes déployées
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ÂGE : 36
SURNOM : Min
STATUT : De nouveau célibataire et le coeur brisé, Min voit son rêve d'avoir une famille s'éloigner un peu plus.
MÉTIER : Vétérinaire
≈ min-kyung ho Tumblr_n81vs8MylF1scm9d0o3_250
POSTS : 332 POINTS : 450

TW IN RP : Pression parental, homosexualité refoulé
GENRE : Je suis un homme
ORIENTATION : J'aime les beaux garçons.
RPs EN COURS : Starstruck ≈ Jayden Holmes

Bad Day ≈ Izan Da Silva

a coffee cup and a catch-up> ≈ Sid Bauer

Forest encounter ≈ Ulysse Norrington
RPs TERMINÉS : Allez voir ma Fiche de liens
AVATAR : Lee Soo-Hyuk
CRÉDITS : Pinterest
DC : Andrew McKinley
INSCRIT LE : 18/06/2023
https://www.30yearsstillyoung.com/t49834-ho-min-kyung
https://www.30yearsstillyoung.com/t49862-nouveau-depart-min-kyung

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Message(#)≈ min-kyung ho EmptyDim 21 Jan 2024 - 21:27


One shot

Like brother and sister

Debout devant sa plaque de cuisson, Min-Kyung surveillait attentivement ce qui s’y passait. Dans une petite casserole, un paquet de ramyeon cuisait à gros bouillon, diffusant ses délicieux effluves dans tout l’appartement. Sur l’écran de son téléphone posé non loin sur le comptoir, un décompte égrainait les secondes. Juste avant qu’il ne s’écoule complètement, Min prit un œuf de son carton et lorsque l’alarme sonna enfin, il le craqua sur le rebord de la casserole et l’ajouta au contenu bouillonnant. Il baissa le feu et replaça le couvercle pour une minute supplémentaire. Prêt, Min versa le tout dans un grand bol et ajouta un peu d’oignon vert comme dernière garniture. Il était temps, plus que deux minutes avant son rendez-vous téléphonique avec sa sœur.

Min apporta le bol jusqu’à la table basse du salon où l’attendait son portable. Saja, couchée au sommet de son arbre à chat, ouvrit un œil intéressé. « N’y pense même pas », l’avertit Min-Kyung alors qu’il s’éloignait, cette fois pour récupérer une bouteille de soju et un verre. Il allait en avoir besoin. Ce soir, il révélait tout à sa sœur Doo-na. Il repoussait le moment depuis quelques semaines déjà et maintenant que l’histoire entre Lincoln et lui était officielle, il était plus que temps. Min connaissait suffisamment bien sa sœur pour savoir qu’elle réagirait bien à l’annonce, mais une part de lui était angoissée. C’était la première personne de sa famille qui connaîtrait enfin la vérité, donc une étape importante.

De son ordinateur s’éleva une sonnerie familière et l’instant d’après, la voix de sa sœur demanda. « Qu’est-ce que tu manges? » Il pouvait la voir à l’écran, installé de la même façon que lui devant son sofa à des milliers de kilomètres de là. Une heure de décalage les séparait. Il était près de 21 heures à Brisbane, donc près de 20 heures à Séoul. « Ramyeon avec un œuf et des oignons vert. Ce soir, je ne réinvente pas la roue, ma journée a été trop occupée pour ça. » Doo-na sourit. « J’ai opté pour du fromage. » Elle présenta le contenu de son bol à la caméra. Min pouvait voir la tranche de fromage fondre sur les nouilles d’un rouge inquiétant. « Épicé? » Doo-na remua énergiquement le contenu de son bol avec ses baguettes. « Très! Le genre que ton palais délicat ne supporte pas. » Min grimaça. Il aimait la bonne bouffe et n’avait pas du mal à manger épicé à l’occasion, mais il y avait une limite. Un jour, on lui avait fait goûter ces fameuses nouilles. Il se souvenait encore de la sensation de brulure dans sa bouche et des ricanements de ses cousins qui lui avaient fait le coup. « Ce truc va te bruler un trou dans l’estomac », l’avertit son frère sur le ton de la blague. « Probablement. Alors, quoi de nouveau? Toujours occupé? Raconte-moi des histoires drôles de la clinique. On t’a encore fait pipi dessus? » Min s’esclaffa puis lui parla du boulot, de ses petits patients, mais aussi de ses collègues. Honnêtement, il n’avait pas grand-chose de nouveau à lui raconter depuis la dernière fois. Ils avaient l’habitude de se parler pratiquement chaque semaine après s’être fait la promesse de ne jamais perdre contact malgré la distance. Récemment, leur principal sujet de conversation tournait autour du bébé de sa sœur. « Où est mon neveu préféré? » Elle sourit à la remarque, mais il voyait la fatigue lui tirer les traits. « Il dort, pour l’instant. » Min fronça les sourcils. « Toujours difficile? » Elle soupira longuement. « Est-ce que ça fait de moi une mauvaise mère si je dis que je trouve ça vraiment difficile? » « Non, ça fait de toi un être humain et quelqu’un d’honnête. Je n’ai jamais cru à toutes ces femmes clamant haut et fort que la maternité est facile. » De l’autre côté de l’écran, Doo-na gloussa, mais ne semblait guère convaincue. « Je brulerais le monde pour lui sans hésiter, mais en même temps, je rêve d’une nuit de sommeil complète. Ji-Ho m’aide beaucoup, mais il est aussi très occupé par son travail. » Min se désolait de ne pas pouvoir l’aider avec Min-joon. De toute évidence, il sera l’oncle absent que l’on voit pour des occasions très spéciales. Il savait qu’il n’aurait jamais d’enfants dans la vie et il ne pourra même pas faire partie de ceux de sa sœur. « J’aimerais pouvoir t’aider. » « Tu m’écoutes me plaindre sans rien dire et sans me juger. C’est déjà beaucoup. » Pourtant, ça lui paraissait si peu.

Un silence s’installa entre eux. Doo-na mangeait, les yeux rivés sur l’écran. Min but une gorgé de soju. Il sentait déjà les effets de l’alcool. « Je t’envie, tu sais… Avoir un enfant… Je sais déjà que je n’en aurai probablement jamais. » Sa sœur fronça les sourcils. « Mais qu’est-ce que tu racontes!? Tu as juste 35 ans, tu as le temps. Il y a plein d’hommes qui ont des enfants dans la quarantaine… Puis tu es beau garçon, je suis certaine que les filles sont toutes après toi. » « Ouais… Justement, en parlant de ça… » Son cœur accéléra douloureusement dans sa poitrine. C’était maintenant ou jamais. « J’ai rencontré quelqu’un… » Doo-na ouvrit la bouche, surprise. Pendant un moment, elle ne dit rien avant de s’exclamer. « Oh, c’est trop génial!!! Je veux tous les détails croustillants. Elle est jolie? Oh, elle l’est surement. Et intelligente, je t’imagine pas avec une fille stupide. » Cette fois, c’est Min qui ne savait plus quoi dire. Il regarda sa sœur, trop contente derrière son écran, enchainant les suppositions sur la mystérieuse femme… Sauf que ce n’était pas une femme. « Doo-na, écoute-moi… Ce n’est pas une femme, c’est un homme. Je suis en couple avec un homme. » L’excitation retomba d’un coup et Min craignait maintenant de tourner de l’œil. Il n’entendait plus rien, juste les battements de son cœur. Saja s’était approchée de son maître sans qu’il ne le remarque. Il regardait sa sœur, toujours silencieuse. Min prit son verre de soju. Sa main tremblait. « Tu trembles », remarqua Doo-na, cette fois inquiète. Il posa son verre et cacha ses deux mains sous la table. « Ouais… Désolé. Écoute… oublie ce que je viens de dire. Ok? Je ne vais pas t’embêter avec ça… » « Mais qu’est-ce que tu racontes? Pourquoi tu m’embêterais avec ça? Ça fait des années que j’attendais que tu aies le courage d’enfin le dire, idiot. » Min n’en croyait pas ses oreilles. « Quoi? Qu’est-ce que tu viens de dire? » « Tu m’as parfaitement entendu. J’ai dit que ça fait des années que je m’en doute. Enfin… Je n’étais pas certaine, mais tu as quand même plus de vêtements que moi et surement plus de produits de beauté aussi. » « Ce sont des préjugés. » Doo-na haussa les épaules. « Oui, mais dans ton cas, ils sont vrais. » Il ne savait pas du tout quoi répondre à ça. Il se redressa en se passant une main dans les cheveux. Cette conversation devenait surréaliste. « Tu savais? » Demanda Min, incertain. « Je te connais comme le fond de ma poche. Pendant un temps, je pensais que tu étais juste trop sérieux et que tu écoutais les parents qui ne voulaient pas que tu aies de petites amies, mais j’ai cru te voir une fois ou deux regarder un peu trop longtemps des gars comme ça dans la rue… Encore une fois, je ne le savais pas hors de tout doute, mais… » Elle haussa les épaules. « En même temps, en quoi ça me concerne que tu préfères les hommes aux femmes, je préfère les hommes aussi. » Doo-na réagissait exactement comme il l’avait imaginé avec son ouverture d’esprit qui la caractérisait si bien. « J’avais peur de ta réaction… » « Tu sais bien que je ne te laisserai jamais tomber. Alors, c’est quoi son nom? » « Lincoln… » « Nom de famille? » Min haussa un sourcil. « Quoi? Pour que tu le traques sur les réseaux sociaux? » « Évidemment! » Il s’esclaffa. « Non, pas avant que je ne te présente officiellement. Ne t’inquiète pas, c’est loin d’être un mauvais garçon. Au contraire, il m’a beaucoup aidé et je sais que tu vas l’adorer. » Doo-na le regardait depuis l’écran en souriant. « C’est mignon! Quand tu parles de lui, tu souris. » Gêné, Min se passa une main sur le visage. Il rougissait, il le sentait et sa sœur, témoin de tout ça, riait de lui. Ça n’aurait pas été Doo-na si elle ne se moquait pas de lui. « Je veux le rencontrer aussi vite que possible. En attendant, dit-lui que s’il ne prend pas bien soin de toi, je vais venir lui botter les fesses. » « Je sais que tu le feras. »


Dernière édition par Ho Min-Kyung le Dim 17 Nov 2024 - 16:32, édité 1 fois
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Message(#)≈ min-kyung ho EmptyMer 24 Avr 2024 - 2:09

Izan Da Silva et Isabel Flores sont ému.e.s par ce message



TW : Homophobie de la part des parents, violence physique, pensées sombres

Ce récit raconte ce qui c'est passé entre Min et ses parents lorsqu'il a fait son coming out. C'est en lien avec ce rp. Bonne lecture!

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≈ min-kyung ho 77f640b37dbb98ae6333946d1e67c7e5

Au volant de sa voiture de location, Min-Kyung se dirigeait vers le quartier de son enfance à Melbourne où résidaient encore ses parents. Il avait fait attention à ne pas y amener Lincoln parce qu’ici tout le monde se connaissait. Il ne voulait pas que ses parents entendent quelque chose avant son arrivée. Il trouvait ça dommage de le priver de la meilleure cuisine coréenne en ville, mais il espérait pouvoir lui faire découvrir la prochaine fois. Min voulait vraiment y croire et il réalisait que l’espoir était une émotion vraiment puissante qui surpassait de loin la raison.

Ça lui faisait bizarre de revenir dans ce quartier des mois après son départ alors que rien n’avait changé. Ses parents vivaient dans un immeuble à l’aspect défraichi non loin du chinatown. Min estimait que 90 % des habitants de l’immeuble étaient des immigrants. Dans les couloirs, on entendait toutes les langues et les parfums des différentes cuisines se mélangeaient dans une cacophonie d’épices. Il gara la voiture dans un stationnement à étage non loin de là et fit le reste du trajet à pied, un bouquet de fleurs à la main. En arrivant à l’entrée de l’immeuble, il croisa grand-mère Lee. Elle n’était pas de sa famille. C’était une vieille dame qui vivait au même endroit depuis des années et qui était devenue par la force des choses la grand-mère de tous les enfants de l’immeuble. Il n’avait jamais su son âge véritable, mais lorsqu’il était enfant, elle lui paraissait déjà très vieille. Pourtant, encore aujourd’hui, quasi quotidiennement, elle faisait ses courses seule. En voyant Min-Kyung s’approcher, son visage ridé se fendit d’un large sourire aux dents usées et tachées par le thé.

« Oh, si ce n’est pas mon beau Min-Kyung! Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu trainer par ici. Toujours aussi séduisant à ce que je vois. Si seulement j’avais 50 ans en moins! » Elle s’esclaffa d’un rire contagieux, faisant rougir Min-Kyung.

« Grand-mère Lee, je suis content de vous revoir. » Il lui sourit en retour en lui tenant la porte pour lui permettre de rentrer.

« Tes parents m’ont dit que tu t’étais installé à Brisbane. Ça te plait toujours là-bas? » Elle trainait un chariot de provisions apparemment très lourd.

« Attendez, je vais vous aider. » Il saisit la poignée du chariot et le souleva. Au poids, il devait contenir une grosse poche de riz. « Oui, j’aime beaucoup la ville. C’est différent de Melbourne, mais je m’y plais beaucoup. »

Grand-mère Lee ne vivait pas sur le même étage que ses parents, mais ça ne lui dérangeait pas de faire le détour. Enfant, il allait régulièrement chez elle pour se régaler des friandises qu’elle gardait sur la table basse du salon. Elle avait aussi un petit fils plus jeune que lui qui vivait à l’autre bout du pays. Elle le voyait rarement, mais parlait souvent de lui.

« Tant mieux! Je sais que tes parents ont été très tristes après ton départ, mais le plus important c’est que tu sois heureux et mes yeux ne sont peut-être plus aussi vifs qu’avant, mais je vois que tu as l’œil brillant de celui qui est en amour. Je me trompe? »

« Ah? » Min sentit le feu lui monter aux joues et Grand-mère Lee éclata de rire. « Non », admit-il avec un sourire gêné, « j’ai rencontré quelqu’un à Brisbane, mais mes parents ne le savent pas encore. » La vieille dame posa une main tordue par l’arthrite sur son bras qu’elle serra avec une force étonnante. « Je ne dirais rien, mais sache que je suis contente pour toi. » Min traina le chariot à provision jusqu’à son appartement. Avec un pincement au cœur, il réalisait que c’était peut-être sa dernière conversation avec elle. Dans sa vie de tous les jours, il ne pensait pas forcément à cette vieille dame, mais elle restait tout de même un visage familier qui l’avait vu grandir et devenir un homme. Après ce soir, elle allait savoir et son opinion envers lui changera aussi pour toujours.

« Je dois y aller, je suis déjà un peu en retard. Au revoir, grand-mère Lee, et prenez soin de vous. » Il lui adressa un dernier sourire et s’inclina avant de prendre l’escalier et monter les deux étages qui le séparaient encore de la résidence de ses parents. Devant la porte, il hésita un instant avant d’appuyer sur la sonnette. Il n’avait pas fait tout ce chemin pour faire marche arrière maintenant. Il entendit les pas rapides de sa mère et la porte s’ouvrit sur son visage souriant.

« Depuis quand sonnes-tu à la porte? Entre, ton père a besoin d’aide avec ses papiers. » Elle ne le laissa même pas placer un mot et s’éloigna pour le laisser entrer. « Maman? » Il tendit le bouquet de fleurs en sa direction. « C’est joli. Va aider ton père. » Elle retourna à la cuisine avec le bouquet de fleurs. Elle y était surement depuis des heures. Min retira ses chaussures et enfila ses chaussons. Il trouva son père à la table de la cuisine, celle-ci recouverte de papiers d’allures très officiels.

Ses parents n’échappaient pas au passage du temps. Ils avaient tous les deux les cheveux gris. Son père souffrait de douleurs aux genoux depuis des années et ce n’était pas sans lui rappeler ses propres problèmes d’articulation. Sa mère avait de la difficulté à se déplacer à cause de problèmes aux hanches et le médecin parlait de l’opérer, ce qu’elle refusait sous prétexte que personne ne s’occuperait de son mari lorsqu’elle sera alitée. Min avait essayé de lui faire entendre raison, mais elle était particulièrement têtue. En voyant son fils, l’homme sourit et lui fit signe de s’approcher.

« Peux-tu m’aider à mettre de l’ordre dans tout ça? Tous ces papiers se ressemblent et j’ai l’impression que tout devient plus confus, année après année. »

« Bien sûr papa. » Min-Kyung s’installa à table aux côtés de son père et commença à trier la paperasse. Min n’était plus là pour les aider à maintenir leur papier en ordre ou pour prendre leurs rendez-vous médicaux lorsque nécessaire. Ils n’étaient pas laissés à eux-mêmes et avaient des amis pour les aider, mais en tant que fils ainé, on s’attendait de lui qu’il prenne soin de ses parents vieillissants. C’est pourquoi il n’arrivait pas à se défaire complètement de la culpabilité qu’il ressentait même si son déménagement avait été plus que nécessaire. Si ses parents étaient cordiaux avec lui en ce moment, leurs conversations par téléphones ces derniers mois ne le furent pas toujours.

« Tout m’a l’air en ordre », déclara Min au bout d’une demi-heure. Ils débarrassèrent la table, car ça sera bientôt l’heure de la dresser pour le repas. Profitant du fait que son père est en train de ranger, Min fit tranquillement le tour du salon. Partout où il posait les yeux, il y avait des traces de lui ou de Doo-na, mais surtout de lui pour être honnête. Ses parents avaient précieusement conservé toutes ses récompenses gagnées au cours de sa vie. Ici, sa première médaille d’athlétisme lorsqu’il avait 11 ou 12 ans ainsi que toutes les autres, là, des certificats d’excellence académique et même une récompense pour son écriture sans fautes, tout y était. S’il manquait quelque chose parce que Min avait décidé de les conserver, ses parents l’avaient pris en photo. Il trouvait ça dérangeant de voir ainsi ses réussites placardées partout sur les murs. Ce n’était pas simplement de la fierté, c’était de mettre au visage de quiconque passant les portes de cet appartement leur réussite en tant que parents. Ils avaient élevé le fils parfait. Enfin, presque parfait. Min n’avait pas fait médecine et il n’était toujours pas marié, ce qui causait un stress immense à sa mère. Si Doo-na était moins représentée, c’est surtout parce qu’elle n’avait pas cédé à la pression contrairement à lui. Elle avait toujours eu l’esprit rebelle et n’en faisait qu’à sa tête, encore aujourd’hui. Par conséquent, elle avait eu une adolescence bien plus normale que la sienne et il en était heureux. Min avait réussi à la protéger en se conformant aux exigences de leurs parents. Naturellement, une photo du mariage de sa sœur était accrochée au mur de même que leur petit fils, mais ce qui attirait l’attention de Min, c’était l’espace vide à côté. Il savait très bien à quoi il était réservé : c’est là que ses parents mettraient sa propre photo de mariage le moment venu. Allaient-ils l’accrocher quand même s’il mariait un autre homme? Ça restait à voir.

« Désolé maman, je ne t’écoutais pas. Qu’est-ce que tu disais? » Plongé dans ses pensées, il ne l’avait pas entendu lui parler.

« J’ai dit que nous allons avoir de la visite ce soir, une bonne amie à moi accompagnée de sa fille en visite ici pour quelques semaines. Elle vient de Busan, mais ton coréen est très bon, ça devrait aller même avec son accent. »

Min se passa une main sur le visage. C’est ce qu’il redoutait. « Maman, je croyais que ça ne serait que nous trois. Tu m’as même dit la semaine dernière que ça serait le cas. Tu as promis. »

« C’est ma maison, j’y invite qui je veux », rétorqua sa mère, visiblement agacé par ce qu’elle considérait être des enfantillages. « Je lui ai parlé et c’est une très gentille fille. Elle est enseignante dans la vie. Ça veut dire qu’elle est douée avec les enfants. Donne-lui une chance… »

« Je ne suis pas intéressé », coupa Min d’un ton ferme.

« Comment peux-tu le savoir? Tu ne lui as même pas parlé! Ça ne t’engage absolument à rien de toute façon. Qui sait, peut-être, que vous allez bien vous entendre. Ce genre de chose, ça commence toujours avec une conversation. »

« Faux, parfois ça commence avec une montre volée » pensa Min bien qu’en réalité, Link et lui s’étaient préalablement parlé à la clinique. Ce détail, sa mère ne devait jamais le savoir. Juste ça suffirait à le bannir des lieux pour l’éternité avant même de savoir qu’il était son conjoint. Sa mère était très rigide sur certains points.

« Peu importe, je ne suis pas intéressé. Je n’aime pas que tu joues les entremetteuses. Je sais que ça part d’une bonne intention, mais tu perds ton temps. »

« Si tu ne fais pas un petit effort, tu vas finir ta vie seul. Je ne comprends pas qu’un garçon aussi séduisant que toi n’ait toujours pas trouvé une épouse. Ce n’est pas normal. À ton âge, ton père et moi étions mariés depuis longtemps. »

Oui, mais c’était un autre temps, un autre lieu. Aujourd’hui, ces règles ne s’appliquaient plus forcément. Certains passaient leur vie entière sans se marier. D’autres le faisaient à un jeune âge, parfois à regret. Il y en avait même qui partageaient leur vie amoureuse entre quelques personnes librement et sans tabou, mais toutes ces choses, ses parents ne les voyaient pas. Plutôt, ils refusaient d’envisager ces possibilités, croyant fermement que leur façon de penser surpassait le reste. Comme tous les parents, ils voulaient ce qu’il y a de mieux pour leur progéniture, mais les bonnes intentions ne suffisaient pas, surtout si l’on ignorait leurs envies véritables.

« Je ne suis pas seul. » Ces mots franchirent ses lèvres sans qu’il puisse les retenir sous l’effet de sa frustration grandissante. Il voulait garder son calme, mais elle savait comment jouer avec ses cordes sensibles.

Sa mère leva les yeux des légumes qu’elle était en train de couper, suspicieuse. Il ne devrait pas l’énerver alors qu’elle a un couteau dans les mains.

« J’ai un chat maintenant, Saja », s’empressa d’ajouter Min, le cœur battant la chamade. Sa mère soupira en levant les yeux au ciel, exaspérée. « Un chat ne prendra pas soin de toi quand tu seras malade. Il va plutôt te dévorer quand tu mourras seul dans ton lit. »

« En fait, les chats sont assez capricieux côté nourriture. C’est plutôt des chiens qu’on devrait se méfier. »

Il avait entendu parler du cas d’un homme décédé d’une crise cardiaque chez lui. Il avait un chien. Celui-ci avait commencé à lécher le visage de son propriétaire et, sous l’effet de l’angoisse, ne s’était pas arrêté. Lorsque les voisins remarquèrent enfin quelque chose et que la police fut appelée, quelques morceaux manquaient.

« Continue comme ça et tu vas me couper l’appétit. »

Min se força à sourire en sachant très bien qu’il n’était pas convaincant.

« Ta mère a raison, tu sais », ajouta son père, resté silencieux depuis le début de l’argument. « Ça ne t’engage à rien du tout, ce n’est qu’un repas. »

Min ouvrit la bouche dans l’intention de répliquer, mais il savait très bien que ça ne servirait à rien, qu’il ne ferait que jeter de l’huile sur le feu. Il tourna plutôt les talons.

« Où vas-tu? »

« À la salle de bain. »

Quelques secondes après, il refermait la porte en prenant soin de la verrouiller. Il avait désespérément besoin de ces quelques minutes de solitudes. Les choses n’allaient pas du tout comme il l’espérait. Sa mère lui avait juré qu’ils ne seraient que tous les trois pour le repas. Peut-être qu’il devrait simplement accepter de jouer le jeu le temps du repas. Ça mettrait sa mère de meilleure humeur, surtout si elle le voyait interagir avec cette fille. Il prit son téléphone de ses poches. En posant son pouce sur l’écran, une photo de Lincoln et lui apparut, lui apportant un peu de réconfort. Min n’était pas là pour faire semblant. Il était là pour Lincoln, pour lui, pour leur bonheur. Il était là pour dire la vérité en sachant qu’elle blesserait. Il donnerait tout ce qu’il a pour que ce soit différent, mais il était important maintenant qu’il accepte la réalité même si elle lui déchirait le cœur. Il avait le droit d’être heureux. Il avait le droit de sourire comme il souriait sur cette photo et vivre la vie qu’il souhaitait pour lui. Dans les prochains mois, il s’achèterait une maison et peut-être que Lincoln viendrait s’y installer aussi, jetant ainsi les bases de la famille qu’il rêvait d’avoir. Tout ça lui donnait le vertige, mais l’excitait aussi, toutes ces possibilités qui s’offraient à lui alors qu’il les a longtemps cru inaccessibles. Maintenant, il devait savoir si ses parents feraient partie de l’histoire ou pas. Il rangea le téléphone dans sa poche, tira la chasse d’eau et se lava les mains. Son père dressait la table lorsqu’il revint.

« J’ai besoin de vous parler tous les deux. Si j’ai décidé de venir aujourd’hui, c’était pour une raison. J’aurais préféré attendre un peu plus tard, mais au vu des circonstances, je pense qu’il est préférable que je parle maintenant avant l’arrivée des autres invités. »

Il réalisa un peu trop tard qu’il employait le même ton que lorsqu’il s’apprêtait à annoncer une mauvaise nouvelle au maître de l’un de ses petits patients. Il vit l’inquiétude grandir dans le regard de ses parents.

« Tu es malade? » Lui demanda aussitôt sa mère qui le regardait des pieds à la tête, à la recherche d’un signe qui lui aurait échappé.

« Non, je suis en parfaite santé, maman. Je t’en prie, assieds-toi. C’est important.

Il était si nerveux qu’il en avait les mains moites. Min-Kyung inspira profondément, rassemblant tout son courage.

« J’ai quelqu’un dans ma vie. » Un silence stupéfait tomba autour de la table et, comme il s’y attendait, sa mère fut la première à le briser. Un grand sourire apparut sur son visage, visiblement enchanté par la nouvelle. Min n’avait jamais douté qu’elle serait fâchée d’apprendre qu’il était enfin en couple. Elle ne savait juste pas encore qui était la mystérieuse personne en question.

« Est-elle Coréenne? J’espère qu’elle est Coréenne, sinon… » De toutes les questions qu’elle pouvait poser, celle-là fut la première. Min-Kyung la regarda, choqué, bien qu’il s’y attendait quand même. Après tout, elle ne lui avait jamais présenté autre chose que des Coréennes.

« Je ne suis pas Coréen, maman. » Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais Min l’interrompit. « Je suis né en Australie, mon passeport est australien, ma première langue est l’anglais et quand je me rends en Corée, je ne suis qu’un touriste capable de lire les menus. La nationalité n’a aucune importance, mais si tu y tiens vraiment, désolé de te l’annoncer, mais cette personne est très australienne avec les cheveux bouclés en plus. » Pourquoi avait-il senti le besoin de spécifier que Link a les cheveux bouclés, il ne le savait pas. C’était peut-être, car les Asiatiques ont, de façon très générale, les cheveux très raides et que le seul moyen d’avoir un peu de texture c’est en ayant une permanente.

Toute sorte d’émotions traversaient le visage de sa mère. Évidemment, la nouvelle la frustrait alors qu’elle ne connaissait même pas le point le plus délicat de toute l’histoire encore. Aussi, elle semblait étonnée, car Min-Kyung, contrairement à tout ce que l’on pourrait croire, tenait rarement tête à ses parents. Il protestait, mais finissait toujours par acheter la paix en cédant. Elle voyait quelque chose chez son fils qui n’y était pas avant.

« Cette fille a déjà mauvaise influence sur toi! » Il ne l’attendait pas celle-là, mais en même temps, il n’était pas tellement surpris de l’entendre. Confrontée à des évidences, sa mère se tournait vers son arme de prédilection : la manipulation. Si elle pouvait difficilement nier la nationalité de son fils, rien ne l’empêcherait d’attaquer le caractère d’une personne qu’elle ne connaissait pas. C’était une grave erreur de sa part, car s’il y avait une chose que Min refusait, c’était d’entendre du mal de Lincoln. « Comment peux-tu dire ça alors que tu ne l’as jamais rencontré? Je t’interdis d’en dire du mal, tu m’entends? Et pourquoi sa nationalité est si importante? »

« Pour comprendre. Elle ne peut pas comprendre ce qu’on a vécu. » Min secoua lentement la tête, à la fois amusé et découragé par ce qu’il entendait. Sa mère ramenait constamment tout à elle. Il avait mis du temps à le comprendre et aujourd’hui ça lui sautait aux yeux. « À ce que je sache, c’est moi qui suis en couple. Sans vouloir être vexant, je crois que c’est plus important que ce soit moi le compris dans cette histoire. » Il se passa une main dans les cheveux. Il sentait une migraine venir, sans doute, sous l’effet de la tension qui l’habitait. Voyant qu’elle ne parvenait toujours pas à faire entendre son point, elle se tourna vers son mari. Depuis le début, son père s’était montré discret. Min ne se faisait pas d’illusion sur son opinion lorsqu’il apprendra que la fréquentation de son fils était en fait un homme, mais il avait depuis longtemps laissé les commandes à sa femme. « Mais dis quelque chose! » Son père haussa les sourcils. « Il fallait s’y attendre quand même. Comme il l’a dit, c’est ici qu’il a grandi. » « Ça n’a pas empêché sa sœur d’épouser un Coréen. » « Un Coréen qu’elle a rencontré en faisant ses études là-bas. J’ai décidé de rester en Australie. » « Tu aurais dû faire la même chose! » Il se leva brusquement de sa chaise, sentant qu’il perdait le contrôle de ses émotions. Il commença à faire les 100 pas. « Maman! Veux-tu bien m’écouter jusqu’au bout. J’essaie de te dire quelque chose et tu accroches sur des détails qui sont loin d'être le plus important… » Min inspira profondément dans l’espoir de se calmer un peu. Il prit son téléphone et le déverrouilla une fois de plus avec son pouce. La même photo que tout à l’heure apparut sur l’écran, un bref instant de réconfort avant la bombe qu’il s’apprêtait à lancer.

« Ce que je voulais dire », commença-t-il d’un ton plus calme sans quitter l’écran des yeux, « c’est que la personne que je fréquente, c’est un homme. Il s’appelle Lincoln. » Il posa le téléphone toujours allumé sur la table devant ses parents. Ils eurent le temps de voir la photo avant qu’elle ne s’assombrisse pour finalement disparaître. Un silence de plomb tomba dans la pièce et Min attendit sans oser bouger ou respirer que quelqu’un réagisse. Il n’y avait plus de retour en arrière maintenant et chaque seconde qui passait lui semblait être une éternité. À ce stade, il voulait juste que quelqu’un parle et brise le silence, même si c’était pour lui crier dessus.

« Ce n’est pas vrai… Tu ne peux pas… Tu ne peux pas être comme ça. Nous t’avons bien élevé. » La gorge de Min se serra si fort qu’il en avait mal. Il secoua la tête, des larmes montaient à ses yeux. Il ne voulait pas pleurer, mais c’était plus fort que lui. Ce qu’il craignait le plus était en train de se produire et il n’y avait rien qu’il puisse faire pour empêcher cela. « Vous n’avez rien fait de mal, pas plus que moi d’ailleurs. » Sa voix n’était pas plus haute qu’un murmure. « Je n’ai pas choisi ça. Je suis comme ça, c’est tout. Croyez-moi, tout aurait été beaucoup plus simple sinon. » Avant sa rencontre avec Lincoln, pas un jour ne passait sans qu’il l’espère. Il avait tout fait pour mettre de côté ses envies et les oublier. Il avait fréquenté des filles en secret dans l’espoir que ça fonctionnerait, mais toutes ces relations étaient vouées à l’échec avant même de commencer. Chaque fois, on lui avait fait le même reproche : malgré ses attentions et son immense respect, il restait distant comme si un mur infranchissable se dressait autour de lui. Il avait essayé pour ne pas décevoir sa famille, pour ne pas être rejeté et traité comme un paria. Il avait essayé, car il savait qu’à l’instant où il ouvrirait la bouche pour le dire, sa famille le haïrait. Il le voyait dans les yeux de sa mère, les émotions qui défilaient en rapide succession. D’abord le choc, puis le dégoût et enfin la tristesse, sans doute celle qu’il redoutait le plus. Il pouvait accepter la colère, mais c’était autre chose que de décevoir quelqu’un, d’être responsable de sa peine. La culpabilité l’écrasait au point d’avoir l’impression d’être sur le point d’éclater en morceau et il pensa aussitôt qu’il n’avait probablement pas assez essayé, qu’il aurait pu faire plus d’effort même s’il savait au fond de lui que ça n’aurait rien changé. Un regard suffisait à ébranler ses plus profondes convictions. Juste avant de partir, Min avait dit à Lincoln qu’il l’aimait et de ne pas s’inquiéter qu’il l’avait choisi. Devant ses parents, toutes ces années où on lui avait inlassablement répété qu’il était de son devoir de rendre ses parents fiers et de ne jamais les décevoir cherchaient à reprendre le dessus. Min était maintenant déchiré par son sens du devoir et son amour pour Lincoln et il ne savait plus quoi faire. Confus et désemparé, jamais il ne s’était senti aussi seul. Il ne voulait plus choisir, il espérait seulement que ça s’arrête.

« Tu as choisi. » La voix stridente de sa mère perça le brouillard qui s’était formé dans sa tête. « Tu as choisi de partir, de nous abandonner ici. Puis tu as laissé ce… monstre te pervertir. Qu’est-ce que les gens vont dire de toi? Qu’est-ce qu’ils vont dire de nous? » Encore, elle ramenait tout à elle. Qu’est-ce que les gens vont dire d’elle en apprenant que son fils est homosexuel? « Ce monstre? C’est vraiment ça que tu penses, que je suis un monstre, que nous sommes des monstres? Je suis ton fils, comment… comment peux-tu dire ça de moi alors que j’ai toujours tout fait pour te faire plaisir? » Min tendit le bras pour reprendre son téléphone, mais sa mère fut plus rapide. Elle le jeta violemment contre le mur où il éclata en morceaux. Surpris par ce soudain accès de violence, Min regarda les vestiges de son téléphone comme s’il n’arrivait pas trop à croire ce qui venait de se passer. C’est son corps qui commença à bouger avant qu’il ait pleinement conscience de ce qu’il était en train de faire. Il se pencha pour ramasser les morceaux. Dans cet état, impossible de le réparer. Il y avait même une marque là où il a percuté le mur. « C’est ton devoir! Tu dois te marier, fonder ta propre famille et prendre soin de nous quand nous serons vieux. TU DOIS AGIR COMME UN HOMME! »

Min se releva, les morceaux de son téléphone toujours dans les mains. De tous les scénarios imaginés, c’était sans doute le pire. Il savait ses parents très traditionalistes dans leur façon de penser, mais ça… Il ne savait plus quoi lui répondre. Le pire, c’était peut-être le silence de son père. À côté de sa femme, il donnait l’impression de s’être transformé en pierre, fixant le pot de fleurs qui ornait la table sans dire un mot. « Papa, dis quelque chose », supplia Min-Kyung. Il détourna la tête, refusant même de le regarder. Min ferma les yeux, des larmes coulèrent sur ses joues.

« Maman, je peux faire tout ce que tu viens de dire. Je peux me marier avec un autre homme et fonder ma propre famille. Je peux avoir des enfants, les adopter et il y a aussi d’autres options si je veux. Je sais que ce n’est pas ce que tu as imaginé pour moi, mais c’est comme ça. J’aurais pu faire semblant, mais je n’aurais jamais été vraiment heureux. J’aurais juste joué un rôle et ça n’aurait pas été juste. Depuis que je suis avec Lincoln, je n’ai jamais été aussi heureux de toute ma vie. Il est merveilleux et je sais que vous pourriez l’aimer aussi si seulement vous nous laissiez une chance. Je ne suis pas un monstre… Je suis juste un homme amoureux d’une personne qui s’avère être un homme aussi. Il… »

La suite se passa tellement rapidement qu’il n’eut pas le temps de réagir. Sa mère se leva, saisi le vase sur la table et le lança à son fils qui l’atteignit à la tête. Le choc l’envoya au sol où il se recroquevilla sur lui-même pour se protéger d’une nouvelle attaque. Ses oreilles bourdonnaient. Ses yeux n’arrivaient plus à focaliser et il avait mal, très mal. Il vit le vase en verre épais gisant au sol parmi les fleurs qu’il avait acheté quelques heures plus tôt. Il n’avait même pas cassé. Min passa une main sur le côté de son visage là où le vase l’avait frappé. Quelqu’un parla derrière, sa mère sans doute, mais il n’entendait pas ce qu’elle disait. Blessé et confus, il ne désirait qu’une seule chose : partir au plus vite de cet endroit. Péniblement, il se redressa et, sans jeter un regard en arrière, il se dirigea vers la porte. Il l’ouvrit et sortit dans le couloir. Le bruit avait attiré quelques curieux. Il voyait des visages dans l’embrasure des portes. Min les ignora et il continua plutôt à avancer malgré le monde qui tanguait encore sous ses pieds. Il finit par atteindre la rue, puis la voiture. Dans son état, il ne devrait pas conduire, mais Min voulait mettre le plus de distance possible entre lui et ses parents.

Durant les heures qui suivirent, Min conduisit sans but précis à travers la ville. Il prenait une rue, puis une autre alors que le soleil disparaissait derrière l’horizon. Il finit par s’arrêter à proximité de la rivière où il trouva un banc. Il observa les bateaux de plaisance remonter le cours d’eau. Il entendait de la musique et des rires au loin. Les gens étaient heureux et ne lui portaient pas attention. Tant mieux, car Min voulait disparaître. Il était prêt à tout donner pour oublier cette soirée, pour faire en sorte qu’elle ne soit jamais arrivée. Il avait le sentiment d’avoir tout gâché en sachant très bien que tôt ou tard, tout aurait fini par se savoir et les choses n’auraient pas été différentes. Il savait depuis le début que ça se terminerait ainsi. Ses parents n’avaient jamais été très ouverts d’esprit, mais ce qui lui faisait le plus mal, c’est de comprendre que ses parents ne l’avaient jamais aimé. Ils avaient aimé l’idée qu’ils se faisaient de lui, le garçon obéissant qui ne protestait jamais lorsqu’on lui demandait quelque chose. Jamais ils n’avaient fait l’effort de vraiment le connaître, de lui demander ce qu’il voulait vraiment et ce qui lui ferait plaisir. Confrontés à la réalité, ils n’aimaient pas ce qu’il voyait. Tout à coup, leur fils était une déception, une honte. S’ils l’avaient vraiment aimé, leur réaction n’aurait pas été la même, son père ne se serait pas muré dans son silence et sa mère n’aurait pas levé la main sur lui. Certes, Min comprenait que ce n’était pas facile à accepter. Lui-même avait mis beaucoup de temps à faire la paix avec son homosexualité. Il leur aurait laissé tout le temps nécessaire, mais là, même si ses parents revenaient vers lui, ce dont il doutait fortement, Min ne voulait plus les voir. Une bonne partie de sa vie venait de partir en fumée et il ne savait pas comment combler le vide laissé derrière. Était-ce même possible de le faire? Il se tenait maintenant sur le bord d’un gouffre. Il suffisait que d’un pas pour sombrer complètement. Cette pensée le terrifia. Même dans ses moments les plus difficiles, jamais Min-Kyung ne s’était laissé aller au désespoir. Il se sentait tellement seul. Ses pensées allèrent vers Doo-na. Ses parents devaient déjà l’avoir appelé. Qu’est-ce qu’elle leur avait dit? Sans doute sa façon de penser connaissant le tempérament parfois explosif de sa sœur. Leur étroitesse d’esprit leur avait fait perdre leurs deux enfants ce soir et ils n’avaient qu’eux-mêmes à blâmer. Une part de lui trouvait quand même le moyen d’être triste pour eux.

Évidemment, il pensa aussi à Lincoln qui l’attendait à la chambre d’hôtel, sans doute mort d’inquiétude. Si cette soirée lui avait appris une chose, c’était la force de ses sentiments pour lui. Il ne voulait pas le perdre. Après ce soir, il ne pourrait pas passer au travers. Il devait rentrer et aller le retrouver. Il voulait le prendre dans ses bras et le garder contre lui en silence. Ensemble, ils passeraient au travers même si, dans l’immédiat, la tâche lui paraissait impossible. Rassemblant ce qui lui restait de force, il se leva pour aller le retrouver.
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≈ min-kyung ho