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@rhett hartfield

lieu: dojo, west end.
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Les dernières entrevues entre Rhett et lui n’avaient pas été des plus joyeuses - mais elles ne l’étaient jamais véritablement, donc là n’était pas un élément surprenant à être mis en avant. Noël avait été une semi-catastrophe, mais ils avaient su tempérer pour que cela ne tourne pas en catastrophe complète avant la fin du repas: ils avaient pu repartir tous les uns et les autres chez eux sans une égratignure ou sans trop de paroles ayant été prononcées l’une au dessus de l’autre. Ruben savait qu’il aurait du travail à faire avec et auprès d’Ethel pendant quelques temps suite aux paroles de leur ainé, ce dernier n’ayant il en était sur pas saisi toute l’urgence et l’importance de la situation, mais ce n’était pas quelque-chose qu’il ne saurait géré. Alors, en somme: Noël ne s’était pas si mal passé et ils avaient pu profiter de la présence de leur parents de manière presque normale.

Entre temps, certains changements s’étaient opérés en revanche du côté de Ruben, et c’était de ces derniers qu’il souhaitait discuter avec Rhett; parce-que ce serait là une nouvelle qui ne resterait pas secrète longtemps une fois qu’elle serait connue - lire ici de leurs parents et de leur soeur - et malgré tout Ben n’avait pas envie qu’il l’apprenne de quelqu’un d’autre que de lui. Ils n’étaient pas au plus haut de leur entente, mais Garrett restait son frère et il préférait encore lui annoncer lui-même la nouvelle. Le dojo était un endroit qu’il ne fréquentait qu’à de rares occasions, mais faire une séance de sport qui changerait de ses couses habituelles ne serait que bénéfique. Et puis autre raison: si Rhett en venait à faire des commentaires désobligeant, il aurait une bonne raison pour lui taper sur le coin de la tronche sans avoir besoin de trouver la moindre excuse pour agir de cette sorte par la suite. C’était donnant-donnant, et puis son frère avait accepté son invitation sans rechigner ou trop poser de questions, ce qu’il trouvait presque étrange et louche.

« T’es arrivé avant moi ? Comment c’est possible ? » Poussant la porte des vestiaires, Ruben fut pris de court de voir que son ainé se trouvait déjà sur place; lui qui avait compté sur l’idée de ne pas le croiser avant de se changer et de se préparer pour retirer son alliance en toute discrétion se retrouvait sans s’en rendre compte à changer son sac d’épaule pour glisser sa main gauche dans la poche de son pantalon comme si de rien n’était. « De nous deux, c’est toujours moi qui suis à l’heure voire en avance, qui t’a menacé pour arriver ici aussi vite ? » Les reproches et les critiques n’en étaient pas véritablement, et ils étaient plutôt là pour lancer facilement le dialogue entre eux deux, en témoignait le sourire qui traversait en réalité le visage de Ruben. S’approchant de son frère, il déposa tout de même une bise sur sa joue avant de partir vers l’un des casiers libres. « J’espère que t’es en forme, j’ai eu une journée pourrie j’ai hâte de te taper dessus. »

L’invitation l’a surprise, c’est un fait, mais il n’a pas tardé avant de l’accepter. Après tout, personne ne pourrait lui reprocher son manque de sportivité et, au contraire, c’est souvent ce qu’on en vient à lui reprocher alors qu’il est tout bonnement incapable de se montrer raisonné et raisonnable. Qui plus est, il ne pouvait pas cracher sur la possibilité d’en mettre une à Ruben et d’appeler ça “une séance de sport”. L’occasion était bien trop belle, surtout maintenant qu’il n’a pas retouché à ses anti-douleurs depuis un moment et que les douleurs, justement, ne se sont pas fait connaître non plus. Comme si elles n’avaient jamais existé, ou presque. « T’es arrivé avant moi ? Comment c’est possible ? » - « C’est une bonne résolution, ça. Devenir un gars bien. » Il en sourit, il en rigole. Comme toutes les autres bonnes résolutions, ça ne durera pas bien longtemps. Le mois de janvier, tout au plus. Malgré tout, il ne peut s’empêcher de voir une lueur de panique dans les yeux de son cadet, ce qui le pousse à réfléchir au pire de son côté: depuis peu, Ruben a un certain don pour toujours le surprendre, sans que ce soit jamais pour de bonnes choses. « De nous deux, c’est toujours moi qui suis à l’heure voire en avance, qui t’a menacé pour arriver ici aussi vite ? » - « Maintenant que t’en parles, je crois qu’Evelyn en avait déjà marre de m’avoir sur le dos. » Parce qu’il a très bien assimilé l’information d’être le bienvenue chez elle, lui et le double des clés qu’elle lui a (à nouveau) offert .

Ruben s’avance pour le saluer en l’embrassant et Rhett répond tout juste au geste ; comme à son habitude. « J’espère que t’es en forme, j’ai eu une journée pourrie j’ai hâte de te taper dessus. » Comme s’il attendait d’avoir des journées pourries pour vouloir taper sur son aîné, donc. « Et moi je suis en pleine forme pour te mettre à terre. » Parce que les journées de Rhett ne sont pas ponctuées d’événements en particulier, lui qui se contente désormais d’attendre la sortie de son film tout en se tournant le pouces. Il a quelques plateaux, quelques interviews. Rien de mirobolant, rien qui ne l’intéresse réellement non plus, surtout alors qu’il est le premier à penser que son film sera un navet absolu. « Pourquoi journée pourrie ? » Il tente de savoir, malgré tout, même s’il pense déjà que ce sera lié à son travail et que, de ce fait, il n’y comprendra absolument rien à toutes ses opérations et autres termes médicaux qu’il a toujours fui comme la peste (surtout quand ils étaient assimilés à sa propre personne). « Fais gaffe, je me suis entraîné à la boxe récemment. J’ai oublié de te prévenir. » Et ça, évidemment, il ne le lui dit qu’au dernier moment, son sourire prêt à dépasser les frontières de son visage tant il est fier de sa bêtise - qui n’en reste pas moins le reflet de la réalité. Il s’est bel et bien entraîné à la boxe, et il l’a surtout fait avec un ancien champion du monde.

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« C’est une bonne résolution, ça. Devenir un gars bien. » Et tout dans son attitude et son regard, ses mots et son sourire était là pour en rire d’une certaine façon. Pas que Rhett n’était pas un gars bien - même si c’était de cette façon là que son cadet le décrivait, il ajoutait là des tonnes et des couches lorsque ce n’était même pas nécessaire -, mais disons que ses comportements n’allaient pas toujours à l’encontre de cette finalité là. Et Ruben mentirait de dire qu’il n’était pas étonné que ce soit apparemment au plan de l’année de se racheter un comportement. « Bon courage alors. » Et bien sur que son petit sourire étiré à lui fut satisfait de cette répartie. Ils n’étaient pas en mauvais terme, mais restaient frères et Ben ne changerait jamais véritablement son comportement à son encontre.  « Maintenant que t’en parles, je crois qu’Evelyn en avait déjà marre de m’avoir sur le dos. » Il eut un petit rire amer; il savait que c’était une plaisanterie mais il ne put s’empêcher la remarque tout de même. « De plus en plus rapide à chaque fois, tu me diras. » Il lui assènerait surement une claque à l’arrière du crâne au passage ou ferait en sorte de porter un coup plus fort que prévu dès l’entrée sur le ring, mais tant pis: ça valait le coup à ses yeux.

« Et moi je suis en pleine forme pour te mettre à terre. » Comme s’il attendait que ce soit le cas pour être apte à le faire, voyons, à d’autres. « Pourquoi journée pourrie ? » Ouvrant l’un des casiers disponibles pour y poser son sac, Ruben passa une tête en dehors de ce dernier pour hausser un sourcil en direction de Rhett. « J’arrive directement de l’hôpital, tu veux vraiment un résumé ou juste cette information te suffira ? » Il savait parfaitement que les informations réelles et les détails de sa journée, son frère n’en avait que peu à faire et qu’il posait la question simplement pour se montrer poli et gentil avec lui, pour une fois. « Trois décès, c’est ça la journée pourrie. » Le reste, il n’avait pas besoin des détails pour deviner que cette base là se suffisait à elle-même.

« Fais gaffe, je me suis entraîné à la boxe récemment. J’ai oublié de te prévenir. » - « Oh non Garrett c’est de la triche ça. »

Il était venu appuyer plutôt vivement sur la porte du casier pour faire face complètement à son ainé désormais, ses mains posées sur ses hanches alors qu’il lui lançait un regard pas horrifié mais qui s’accordait à cette catégorie là. « Je sais très bien ce que tu sous-entends quand tu dis ça, et on sait tous les deux qui correspond à cet entrainement. C’est de la triche. » Parce-qu’en plus d’être tout de même initialement un sportif de haut niveau lui-même, Rhett comptait parmi ses amis - hmhm - un ancien champion du monde de boxe dans sa catégorie. Et avoir accès à des entrainements de la part de Mickey ce n’était pas rien: Ruben risquait réellement de se retrouver au tapis. Et ce n’était pas le sourire qu’il abordait fièrement qui allait faire en sorte de moins jeter de l’huile sur le feu. Surtout que Ruben était on ne pouvait plus sérieux dans une partie de son discours au moins: il avait bien l’intention de se défaire de sa journée catastrophique à coup de poings, mais pour se faire il se devait d’être encore debout du le ring. « Me mets pas K.O. de suite au moins s’il te plait, et pas trop fort, on sait tous les deux que de taper fort dans la tête c’est pas bon pour les neurones. » Lui parce-que c’était son rôle que de connaitre ce genre de chose, Rhett parce-qu’il avait subi ce genre de comportement sur le terrain pendant des années et y avait laissé quelques neurones sur place, justement.

« De plus en plus rapide à chaque fois, tu me diras. » Et c’est l’exemple même de l’hôpital qui se fout de la charité, ça. « Me pousse pas à comparer à Nina. » Il est celui qui a dormi sur son canapé pendant six mois, alors il est sûrement aussi celui qui est le moins bien placé pour oser juger Rhett et sa relation avec Evelyn. Elle n’est pas parfaite et elle a surtout connu de nombreux hauts et bas récemment, mais elle n’est pas aussi rongée que celle de son frère et de sa fiancée. Déjà, l’amusement est moindre dans les mots de Rhett. « J’arrive directement de l’hôpital, tu veux vraiment un résumé ou juste cette information te suffira ? » D’un mouvement de la tête, il lui fait comprendre que cela serait inutile et qu’il a déjà compris ce dont il est question. Pour ce qui est des détails, cela ne lui importe pas vraiment: savoir qu’il est resté à l’hôpital plus tard que de raison suffit à expliquer tout le reste. « Trois décès, c’est ça la journée pourrie. » Et ça se comprend sans mal. L’avantage de son travail, au moins, c’est que Rhett n’est pas poussé à lui demander si c’étaient des personnes qu’il connaissait: la réponse est non, évidemment. Et tant mieux. Ruben a assez d’expérience dans son métier pour que Rhett ne s’en fasse plus pour lui dès qu’il est question d’avoir perdu un patient: ça arrive, et ça arrive sûrement bien plus souvent que son petit-frère n’accepte de le lui partager - à commencer parce que Rhett ne le demande jamais, en réalité. « C’est une raison de plus pour se taper dessus. » Il ne lui dira pas qu’il est désolé parce que Ruben détesterait une telle réponse de sa part, mais il peut au moins répondre façon Rhett, en expliquant que quelques coups peuvent être la réponse à toutes choses et à tous les maux en même temps.

Il se sent d’autant plus en confiance qu’il n’avait jusqu’alors jamais dit à quiconque s’être entraîné avec Mickey. Et même s’il ne précise pas le prénom de ce dernier face à son frère, il semble le deviner sans mal, en témoigne la crainte visible dans son regard. « Oh non Garrett c’est de la triche ça. » La prochaine fois, ils pourront jouer à Docteur Maboul pour assurer la victoire du Docteur Hartfield. S’il n’y a que ça. « Je sais très bien ce que tu sous-entends quand tu dis ça, et on sait tous les deux qui correspond à cet entrainement. C’est de la triche. » Et lui, il n’accepte pas l’idée que cela puisse être considéré comme tel simplement parce que son frère veut trouver une excuse pour expliquer sa défaite - laquelle aurait été évidente, entraînement au préalable ou non. « Arrête de pleurer, j’ai pas attendu ton invitation pour m’entraîner un peu. » Ainsi, cela ne peut pas être considéré comme de la triche et même quelqu’un d’aussi mauvais joueur que son petit-frère devrait s’en rendre compte. Malgré sa demande express pour ne plus l’entendre pleurnicher, Ruben ne semble pas l’avoir entendue et il insiste dans cette même direction, déjà en train de donner des ordres à son aîné pour jauger la force de frappe autant que l’angle d’attaque. Et puis quoi encore. « Continue de me donner des ordres et je ferai tout l’inverse. » Sur ce sujet-là, il ne peut pas faire l’etonné: les deux frères sont faits du même bois. « Change toi, je vais chercher des gants. » Si cela peut lui octroyer quelques secondes de silence, il est heureux d’envoyer son frère un peu plus loin et de se montrer pseudo serviable en leur trouvant des gants pour deux. Et si Rhett avait déjà commencé à faire demi-tour, se rappelant mentalement de leur trouver des sous-gants en plus du reste, il se souvient déjà d’une image en particulier dans son esprit.

« Ruben Hartfield. » Il annonce calmement (il ne va pas commencer le combat avant même de monter sur le ring, c’est promis). « Tu l’as volée sur un de tes patients morts, cette bague ? » Celle qui luisait un peu trop parfaitement à son doigt quand sa main était posée sur le métal froid, gris et sans saveur du vestiaire. Celle dont l’emplacement ne trompe pas, aussi, et qui pousse Rhett à se poser un bon millier de questions qui n’existaient pas il y a encore une minute de ça.

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« Me pousse pas à comparer à Nina. » Ruben leva les yeux au ciel. « Ah, ah. » Bien sur que l’humour était absent de ces paroles en cet instant: effectivement, il n’était pas nécessaire de comparer leurs deux situations, surtout qu’aux yeux du jeune homme elles n’avaient rien de comparable. Il trouvait simplement cela plutôt cocasse qu’Evelyn puisse déjà en avoir marre de Rhett alors que cela faisait quelque-chose comme deux minutes qu’ils étaient de nouveau ensemble. C’était cependant par rapport à sa propre situation et aux derniers rebondissements dans cette dernière qu’il avait demandé à son frère de le rejoindre ici aujourd’hui, étant donné qu’il avait une nouvelle à lui annoncer. Il se servait simplement de l’excuse de se voir pour avoir quelqu’un sur qui taper dessus et évacuer ce que les longues journées de boulot pouvait accumuler comme stress dans ses fibres musculaires. Rien qu’aujourd’hui encore, il avait perdu trois patients et même s’il était désormais habitué à ce phénomène, ce n’était pas pour autant que cela rendait les choses plus faciles avec le temps. « C’est une raison de plus pour se taper dessus. » Dans toutes autres circonstances, il aurait grommelé quelque-chose dans sa barbe inexistante sur l’idée que se taper dessus n’était pas un remède miracle. Pour une fois, il préféra étirer un maigre sourire.

Il perdit rapidement ce dernier lorsque son frère lui annonça avoir eu le privilège de quelques entrainements avant de le rejoindre ici en cette fin de journée - et tout l’amusement quitta les traits du visage du docteur, qui ferma d’un geste plus appuyé que les autres du plat de sa main la porte du casier qu’il avait emprunté, afin de regarder Garrett dans les yeux. « Arrête de pleurer, j’ai pas attendu ton invitation pour m’entraîner un peu. » Sauf que s’entrainer dans le langage de l’ainé Hartfield tout autant que dans celui de l’athlète de haut niveau qu’il avait pu être se faisait en compagnie d’un autre type de sa trempe: un champion du monde de boxe. Autant dire que les maigres chances de gagner de Ruben s’amenuisaient au fil des phrases prononcées et bien sur qu’il allait objecter sur l’idée. « Continue de me donner des ordres et je ferai tout l’inverse. » Ben fronça les sourcils comme l’enfant qu’il redevenait au contact de son frère, apposant sur sa hanche la main qui n’était pas appuyé contre la porte en ferraille. « Change toi, je vais chercher des gants. » - « Par contre toi tu peux donner des ordres ça dérange pas. » Le pire ? C’était qu’il y obéirait; en ronchonnant mais il s’attelait déjà à rouvrir le placard pour en sortir les affaires de sport qu’il avait préparé le matin même avant de partir de chez lui.

Et il y avait fort à parier qu’il serait déjà en train de se changer ou même déjà prêt à monter sur le ring, si Rhett n’avait pas fait demi-tour dans sa quête de matériel à peine quelques secondes écoulées après ses dernières paroles prononcées. « Ruben Hartfield. » L’intéressé leva les yeux au ciel en relevant son regard vers Rhett. « Quoi encore. » Le ton employé par l’homme face à lui était bien trop calme pour que cela n’annonce pas la tempête. « Tu l’as volée sur un de tes patients morts, cette bague ? » Et cette dernière ne mit qu’un instant à s’abattre sur eux.

Instinctivement, le regard de Ruben se mua du visage de son ainé à sa main en contre-bas, refermant cette dernière dans un poing qui ne pourrait plus rien cacher - ses yeux émeraudes s’ancrant à ceux de Rhett, le regard vacillant. Plusieurs secondes de silence de sa part furent imposées à la conversation, et il n’était pas difficile de comprendre que c’était là une question qu’il n’avait su anticiper. Certes, la réponse était facile, mais il n’avait pas encore résolu le problème de comment amener la question; apparemment, sans le vouloir, cela était chose faite. Un éclair traversa d’ailleurs son esprit: s'il avait pris la peine de ranger sa main dans sa poche lorsqu’il s’était approché de Rhett pour le saluer, mais il avait exposé sa main en pleine ligne de mire la minute suivante. Idiot. Fermant les yeux un instant, il pinça ses lèvres avant de soupirer. « C’est pas du vol, non. » Et Rhett n’était pas assez idiot pour ne pas comprendre ce que cet anneau représentait - il était parfaitement visible sur le doigt significatif pour ce type de bijou. Une fois de plus, il ouvrit son regard sur son frère. « C’est pour ça que je voulais te voir aujourd’hui à la base. » Parce-que avoir l’occasion de se taper dessus de temps à autres, c’était amusant mais il désirait lui annoncer la nouvelle de vive-voix. « On s’est mariés la semaine dernière. » Surprise ?

« Par contre toi tu peux donner des ordres ça dérange pas. » C’est le privilège de l'aîné, oui, effectivement. Rhett lui décoche un sourire assuré, certain que son petit frère ne fera de toute façon pas demi tour maintenant alors que tout commence à être prêt pour leur séance de sport ensemble. Ruben ne devrait pas faire semblant d’en être étonné, cela dure depuis plus de trois décennies. En réalité, tout aurait pu être aussi simple que ça si le regard de l’aîné ne s’était pas posé sur l’alliance de son frère, laquelle n’a jamais existé et laquelle n’avait pas été annoncée non plus. Incapable de contenir sa curiosité, il l’interroge aussitôt à ce sujet. Ruben lui-même semble pris de court et, à en juger par sa réaction, il n’avait pas pour intention d’informer son frère de son mariage non plus - mais si tel était le cas, le brillant chirurgien aurait au moins pu penser à cacher la bague. « C’est pas du vol, non. » Evidemment, il s’en doutait déjà. « C’est pour ça que je voulais te voir aujourd’hui à la base. » Les bras de Rhett se croisent, signe qu’il dédie toute son attention aux mots de son frère - un événement aussi rare que précieux. « On s’est mariés la semaine dernière. » - « Avec qui ? » Pour l’immense majorité des jeunes mariés, ce n’est pas une question qui pourrait être posée puisqu’un mariage découle de plusieurs années de vie commune mais pour le cas de Ruben, rien n’est aussi simple et ancré dans la réalité. « Ta fiancée qu’en a eu marre d’attendre ou ton amante qu’en a eu marre d’attendre ? » Il est sans juste injuste dans ses mots mais il ressent tout de même le besoin de demander, de savoir, d’obtenir des précisions. Il continue de penser qu’il se comporte comme un connard quel que soit la réponse, alors cela ne pourrait pas y changer grand chose ; mais quand même, il doit savoir et il veut savoir.

« Et pourquoi t’as fait ça comme ça ? » Il est sans doute bien plus blessé qu’en colère, Rhett. Il aurait aimé être présent pour lui lors d’un jour si important et il a l’impression que Ruben le lui a volé, même si ce n’est pas de son propre mariage dont il est question et qu’il sait que son droit de donner son avis est très largement limité. Mais quand même, il aurait aimé savoir, il aurait aimé le féliciter. Il aurait aimé qu’ils agissent comme n’importe quelle autre famille normale, à vrai dire, et il aurait même été heureux d’avoir à se battre avec Evelyn et sa débectation de Ruben pour qu’elle soit à ses côtés le jour de la cérémonie. Il n’en a rien été. « Je te comprends pas parfois. » Il conclut, las et déjà bien moins envieux de faire cette séance de boxe à ses côtés alors que son regard reste ancré sur l’anneau si important à tant d’égards.

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A la façon dont les bras de Rhett se croisèrent sur son torse et au regard qu’il lui jetait, il savait que la suite de cette conversation ne se déroulerait pas de la façon dont il avait tenté de l’anticiper ces derniers jours, depuis qu’il avait proposé à Rhett de se retrouver pour une séance de sport. A la façon dont son frère se tenait face à lui désormais, Ruben aurait du anticiper que la suite de cette conversation ne se déroulerait donc pas de la meilleure des façons - mais il était pour le moment encore un brin trop abasourdi d’avoir réussi à se faire avoir de la sorte pour le comprendre, pris de court dans une situation qu’il avait lui-même créé. « Avec qui ? » Bien sur que cette simple question fit glisser un air blasé sur le visage de Ruben, alors qu’il haussait lentement un sourcil sur son visage. « T’es sérieux ? » Il avait l’air de l’être, mais il avait du mal à croire que son frère ait pu sérieusement lui poser la question. D’accord, il détenait des informations que bien d’autres personnes n’avaient pas - mais ce n’était pas une raison pour que sa façon de réagir soit celle là. « Ta fiancée qu’en a eu marre d’attendre ou ton amante qu’en a eu marre d’attendre ? » - « Donc t’es sérieux. » Si Ben avait été pris de court que Rhett aperçoive son alliance avant qu’il ne lui en parle lui-même et s’en était voulu de ne pas avoir abordé le sujet plus rapidement pendant une poignée d’instant, désormais il avait envie de secouer son frère: il ne pouvait se permettre de réagir de la sorte. « Avec Nina, Garrett, avec Nina parce-que c’est elle que j’aime et avec elle que je veux passer le reste de mes jours. » Il secoua la tête, désormais désabusé.

« Et pourquoi t’as fait ça comme ça ? » L’air étonné - choqué surtout - qui s’installait au fil des questions de Rhett sur le visage de son petit frère n’était pas spécialement bon signe. A la base, il avait vraiment prévu de passer un bon moment avec son frère; cela semblait de plus en plus compliqué à voir arriver, pas si l’ainé posait ce type de question. « Je te comprends pas parfois. » - « Pourquoi j’ai fait quoi, me marier avant de vous en parler ? » Ce fut à son tour de venir croiser ses bras sur son torse, arrachant sa main agrémentée de l’alliance toute neuve au regard de Rhett. « Parce-que j’ai encore le droit de me marier comme je veux ? » Il aurait voulu lui parler de la façon dont Nina et lui n’étaient pas arrivés à se mettre d’accord sur une date plus tôt lorsqu’il était question d’organiser un grand mariage avec des invités et une pièce montée. Il aurait voulu lui parler de ce stress malgré tout qui s’installait en lui lorsqu’il y pensait, sa main nouée à celle de sa fiancée les fois où il dormait chez lui. Il aurait voulu lui expliquer la manière dont un vent de soulagement s’était emparé de lui quand ils en étaient venus à se dire que sans le reste du monde, ce serait plus simple. De la façon dont tout s’était enchainé rapidement et avec une facilité déconcertante une fois que l’idée avait son bout de chemin dans son esprit. Comment il avait vraiment été heureux de dire Je le veux sans le moindre regard accusateur porté sur sa silhouette.

Mais avec le regard que Rhett lui lançait justement, et avec le ton qui lui servait pour adresser la parole à Ben, ce dernier n’avait plus trop envie de lui décrire tout ça maintenant. Si c’était là une manière de montrer à son petit frère qu’il aurait eu envie d‘être présent pour cet événement, il ne s’y prenait pas de la bonne façon. « On a fait ça comme ça parce-que c’est comme ça qu’on voulait que ça se fasse. » Etait-ce si compliqué à comprendre ? N’était-ce pas là quelque-chose d’envisageable ? « Je comprends pas pourquoi t’as l’air… choqué. » Il fronçait quelque peu les sourcils désormais. « C’est obligatoire de faire d’une façon précise ? T’as un esprit si étriqué que ça Garrett ? » Et pourtant, il s’était promis qu’aujourd’hui ne serait pas une journée où les choses tourneraient vinaigre entre son frère et lui, car son envie n’était pas à ça et qu’il avait sincèrement envie de lui annoncer la nouvelle avec le sourire aux lèvres - correspondant au bonheur qu’il ressentait vraiment. Mais comment pourrait-il en être autrement alors que l’autre Hartfield face à lui cherchait à pointer du doigt une erreur qui n’en était même pas une ? Il était davantage vexé et blessé qu’il ne pouvait être en colère, mais cela se traduisait par un comportement similaire: il se mettait sur la défensive.

Il était certain que sa question attiserait la colère de son frère bien plus que n’importe quelle autre réaction. Et d’un côté, pour une fois, il comprend pourquoi il réagit de cette façon ; tout comme de son propre côté, il estime être en droit de lui poser la question tant rien ne fait de sens dans la façon dont il a de gérer sa vie. « T’es sérieux ? » Plus que jamais. La question est légitime, après tout. S’il déménageait, Rhett lui demanderait s’il compte se taper leur voisin - et ce qui est merveilleux avec Ruben, c’est que la question aurait lieu d’être peu importe le sexe dudit voisin. « Avec Nina, Garrett, avec Nina parce-que c’est elle que j’aime et avec elle que je veux passer le reste de mes jours. » Nina, donc. Tant mieux. Cela fera bien moins de vagues lors de leur prochain repas de famille et cela affectera aussi bien moins leurs parents, un peu trop terre à terre et attachés à l’idée de l’Amour pour comprendre la façon dont fonctionne leur fils prodige. « Donc c’est fini avec l’autre ? » Et pour cette question, il plonge aussitôt le clair de ses yeux dans les prunelles de son frère. Il le connaît assez pour savoir qu’il ne saurait pas se ranger aussi simplement que ça: s’il peut tout avoir, alors il fera toujours de son mieux pour justement tout savoir, sans jamais penser aux conséquences de ses décisions sur autrui. Ils ont ça en commun, qu’ils veuillent l’accepter ou non.

« Pourquoi j’ai fait quoi, me marier avant de vous en parler ? Parce-que j’ai encore le droit de me marier comme je veux ? » A croiser ses bras sur son torse, il adopte à son tour la même position que son grand-frère, ce qui est déjà un premier signe que leur séance de boxe (si elle existe) finira en défouloir bien plus qu’en après-midi entre frères en manque d’exercice. « Pourquoi tu veux te marier si c’est pour le faire en catimini ? » Rhett a déjà du mal avec le principe même du mariage mais il comprend le fond de l’idée et le besoin d’officialiser un couple. Ce qu’il ne comprend pas, en revanche, c’est pourquoi ils cherchent à marcher dans les pas d’une tradition si c’est pour ne pas en suivre les étapes. A ses yeux, il s’agit de tout faire ou de ne rien faire, et il se retient de dire qu’ils auraient justement dû se garder d’aller au bout de ce mariage s’ils ont eu besoin d’autant de temps pour acter l’idée. Peut-être qu’au fond, ils savent tous les deux que ce n’est pas une bonne chose. « On a fait ça comme ça parce-que c’est comme ça qu’on voulait que ça se fasse. » Il est un éternel enfant, Ruben. Sa réponse se résume à un “parce que” aigri et Rhett sait déjà qu’il aura beau creuser autant qu’il ne veut, il ne risque pas de récolter quoi que ce soit de plus. « Je comprends pas pourquoi t’as l’air… choqué. C’est obligatoire de faire d’une façon précise ? T’as un esprit si étriqué que ça Garrett ? » - « Tu m’emmerdes avec tes histoires de cul, est-ce que c’est plus clair comme ça ? » Il n’ose même pas parler d’histoire d’amour, pas certain que son frère et lui puissent avoir la même définition du terme. Pas certain, non plus, qu’il puisse effectivement aimer autant de personnes qu’il le dit. « Fais ce que tu veux avec qui tu veux, mais trouve une jolie histoire pour les parents. » Ils ne sont pas en âge de faire face à autant de conneries de la part de leur enfant préféré, c’est évident, et ils sont trop vieux pour changer d’avis sur le monde et ses mœurs. « Et chope pas un truc, je t’en supplie. » A traîner à droite à gauche et à sûrement ne prendre aucune précaution, c’est ce qui risque forcément de lui arriver, alors Rhett anticipe le problème et en fait la prévention à sa manière. « Range ta bague avant de monter sur le ring. » Il n’est pas le premier partisan de ce mariage mais il veut tout de même le bonheur de son frère, alors c’est le meilleur conseil qu’il puisse encore lui donner pour ne pas perdre l’anneau ou l’abîmer. Parce qu’une fois sur le ring, il ne retiendra évidemment pas ses coûts, même si son petit frère est en face.

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« Donc c’est fini avec l’autre ? » Le regard de Garrett se retrouvait plongé dans le sien, et il ne bougea pas d’un millimètre, ne s’en défit pas. Il savait qu’il agissait de la sorte pour voir si son petit frère lui mentirait en lui donnant une réponse - ce que ce dernier comptait pas faire dans tous les cas. Ce n’était initialement pas dans les habitudes de Ruben de mentir, il le faisait désormais presque par nécessité pour que ses relations personnelles ne pâtissent pas de ses actes. « Non. » Rhett désapprouvait déjà ses façons de faire avant, ce n’était pas la réponse qu’il fournirait aujourd’hui qui changerait quelque-chose. « Pas encore. » Parce-qu’il y aurait un moment où les choses finiraient par voir leur fin arriver, mais pas aujourd’hui pas maintenant - tant qu’il y avait possibilité d’en profiter, Ben faisait en sorte de le faire. Il ne savait pas encore à ce moment là que Mavis serait intransigeant avec lui d’ici à quelques jours et mettrait fin à leur relation plus tôt que tout ce qu’ils avaient pu établir comme limite jusque maintenant.

« Pourquoi tu veux te marier si c’est pour le faire en catimini ? » Il haussa un sourcil sur son visage. « Parce-que je me marie pour moi, pour Nina, et pas pour le reste du monde ? » C’était sur cette notion là qu’il savait d’avance les explications nécessaires et bientôt répétées à tous. Parce-que l’idée n’était pas commune, les envies en rien comprises facilement par le reste du monde pour qui un mariage restait quelque-chose à célébrer avec le plus grand nombre. Même si Ruben n’avait pas voulu officialiser tout ça d’une certaine façon pour couvrir ses traces, il pensait tout de même que le mariage était quelque-chose qui avait tout intérêt finalement à être célébrer dans un cercle privé. « Je le fais pas en catimini, je le fais d’abord pour nous. » Ils auront tout le temps de faire une cérémonie élargie au reste des personnes qui composaient leurs familles dans le futur, car ce serait de cette façon là que les choses finiraient par voir le jour. « On se marie comme ça parce-que c’est ce qu’on veut nous. » Et il ne comprenait pas vraiment pourquoi c’était là si difficile à envisager pour autrui. L’amour n’était-il pas quelque-chose d’égoïste par défaut, de toutes manières ? « Tu m’emmerdes avec tes histoires de cul, est-ce que c’est plus clair comme ça ? » Il écarquilla les yeux, surpris de la réponse de son ainé. Certes, il n’était pas d’accord avec les agissements du plus jeune Hartfield, mais de là à s’emporter comme il le faisait ? « Fais ce que tu veux avec qui tu veux, mais trouve une jolie histoire pour les parents. » - « Mais j’ai p… » - « Et chope pas un truc, je t’en supplie. » Ruben fit claquer sa langue contre son palais, mécontent bien sur de la tournure de cette conversation. Il avait envie de rétorquer à son frère que comme depuis le début, les seules choses qu’il réussissait à choper, c’était des enfants - mais c’était là une information qu’il garderait avec lui jusqu’à temps qu’il mette un pied dans sa tombe s’il le pouvait.

« Range ta bague avant de monter sur le ring. » - « Rhett, s’il te plait. »

Il retirait sa bague avant de monter sur le ring, hors de question de la garder dans les gants ce n’était même pas la question. Ce qui l’embêtait, c’était que la conversation tourne de cette manière alors que pour une fois, promis il n’était pas venu avec de mauvaises intentions. Soupirant légèrement, il dégagea une de ses mains pour gratter son sourcil du bout du pouce. « J’ai pas besoin de trouver de belle histoire pour les parents. » Parce-qu’il n’y avait que Rhett dans la famille qui était au courant de tous les tenants et aboutissants des histoires de son petit frère. « Je l’aime Garrett. Vraiment. » Certes, ce mariage était bien pratique et ce n’était pas véritablement la façon dont Ben voyait les choses dans la vie; mais il savait que son amour était véritable, même s’il ne l’exprimait pas correctement. « J’ai pas besoin d’inventer d’histoire pour les parents. Ni pour personne. » Il laissa son regard descendre du visage de son frère à la bauge qui ornait son annulaire, la fit tourner plus par réflexe qu’autre chose. « J’avais hâte de te l’annoncer en vrai, tu sais. » Il souffla un petit rire par le nez, secoua son visage un instant; bien sur, face à Rhett, les choses ne se déroulaient jamais comme initialement prévues. Il finit par retirer sa bague pour la ranger dans son porte feuille, à l’intérieur de sa veste. Le but n’était pas de la perdre, ni de la garder pour aller sur le ring effectivement. « Et je pensais que de toutes les personnes de la famille, tu serrais celle qui comprendrait que je veuille être tranquille pour faire ça. Mais je me suis trompé, c’est pas grave, donne moi mes gants que j’aille me changer. » Et comme régulièrement face à Garrett, et face à lui uniquement, il redevenait un petit garçon en attente de l’approbation de ce frère qui ne lui donnerait probablement pas aujourd’hui ni un autre jour - il s’en remettrait, il avait l’habitude de s’en remettre.

« Non. » Bien sûr. Cela n’apparaît pas comme une surprise pour Rhett. « Pas encore. » Pas tant qu’il n’est pas pris la main dans le sac, n’est-ce pas ? Parce que Ruben n’arrêtera jamais de profiter des autres tant qu’il a toujours un minimum à gagner, et cela continue d’être le cas malgré son mariage. « Evidemment. » Il répond avec amertume, se contentant de ne pas ajouter davantage de détails sur un sujet qui ne pourra jamais les rallier. Ils n’ont déductivement pas la même version de l’amour, c’est une évidence qui ne mérite pas d’être discutée plus longuement. Ils se sont assez déchirés sur ce sujet. « Parce-que je me marie pour moi, pour Nina, et pas pour le reste du monde ? » La réponse pourrait être louable, évidemment, même s’il aurait tôt fait de dire qu’une réponse ne peut pas être faite par une question. Ce que Rhett ne comprend pas, c’est qu’un mariage ne change rien à leur vie (sauf peut-être à la culpabilité que Ruben ressent à chaque fois qu’il pense à une autre, ce qui est sûrement bien loin d’être rare) et que rien ni personne ne les a obligés à se passer la bague au doigt. Ils auraient au moins pu faire le putain d’effort de faire des efforts, justement. « Je le fais pas en catimini, je le fais d’abord pour nous. » Il grogne, signe que son explication ne le fait pas changer d’avis, même si sûrement aucune explication ne saurait le faire changer d’avis. « On se marie comme ça parce-que c’est ce qu’on veut nous. » - « Parle pas de nous quand tu baises ailleurs. » Il n’y a pas un monde dans lequel il défendra Nina avant son frère, mais n’en reste pas moins qu’il ne peut pas l’excuser d’avoir une telle attitude et, surtout alors qu’il lui a déjà partagé son avis sur le sujet. S’il en aime une autre, alors Ruben ne peut pas le juger pour ça, mais il le juge néanmoins de nourrir sa femme à grands coups d’illusions qui ne mèneront jamais nulle part.

Profondément énervé autant que blessé par le sujet, il finit par trouver une issue de secours lui-même en proposant à Ruben de se concentrer sur l'entraînement de boxe plutôt que n’importe quoi d’autre. Plutôt qu’une discussion qui ne saurait mener nulle part, du moins. « J’ai pas besoin de trouver de belle histoire pour les parents. » Pour le moment, non, en effet. Le jour où la mascarade sera révélée, cependant, il devra être préparé pour apprendre à retomber sur ses pieds. « Je l’aime Garrett. Vraiment. » - « Ca suffit pas toujours. » Ca ne suffit pas toujours à maintenir un couple en vie, tout comme ça ne suffit pas toujours comme explications. Le jour où Nina apprendra ce qu’il fait une fois qu’elle a le dos tourné, il aura beau lui répéter qu’il l’aime que cela ne suffira sûrement pas: pour l’avoir déjà expérimenté avec Jenna, qui a fini par rompre à cause de nombreuses raisons différentes, il sait que cela ne fonctionne pas. Et pour une fois, ce n’est pas à autrui qu’il peut se permettre de donner tort, puisque le seul sacré connard de cette histoire n’est autre que Ruben. Il joue sur tous les tableaux et en paiera tôt ou tard le prix. « J’ai pas besoin d’inventer d’histoire pour les parents. Ni pour personne. » Le regard bleu de l’aîné a beau s’adoucir quelque peu, il n’en reste pas moins opposé à celui de Ruben. « Ca va finir par se savoir, Ben. Ce jour là, tu vas inventer une histoire. » Il le connaît, son petit frère, tout comme il sait que ce dernier ne pourra pas accepter de voir son nom traîné dans la boue aussi simplement que ça. Tout le monde sait à quoi ressemble un adultère, et tout le monde l’imaginera dans le rôle de la mauvaise personne sans même avoir à faire le moindre effort. Et bon sang qu’il détestera chaque seconde.

« J’avais hâte de te l’annoncer en vrai, tu sais. » Au plus grand soulagement de Rhett, qui le voyait triturer sa bague depuis trop longtemps déjà, il l’observe ranger l’objet en sûreté dans son porte-monnaie. « Et je pensais que de toutes les personnes de la famille, tu serais celle qui comprendrait que je veuille être tranquille pour faire ça. Mais je me suis trompé, c’est pas grave, donne moi mes gants que j’aille me changer. » Il lui donne ses gants dans un premier mouvement, lent mais plein d’espoir. Le but n’est pas de briser tous ses espoirs, ça ne l’a jamais été. « J’aurais été content pour toi si t’essayais pas de trafiquer les règles du mariage. » Il aurait été heureux pour lui et pour eux s’il s’agissait d’un mariage normal, d’un mariage d’amour, et d’un mariage survenu après des années d’union. Ce qui est presque leur cas. « Je le serai le jour où tu joueras franc-jeu. » Un jour, donc. Il ne précise pas de temporalité, ayant déjà mis le couteau sous la gorge de son frère une première fois sans que cela n’ai réussi à mener nulle part. Le faire à nouveau ne servirait à rien. « Aucune cérémonie, rien ? » Il demande tout de même, sait-on jamais. « Tu sais que maman aurait aimé t’accompagner sur l’autel. » Il aurait sûrement eu sa mère à un bras, leur soeur à l’autre. Dans un monde où il aurait été transparent avec sa famille, ce qui ne correspond pas au monde dans lequel ils vivent aujourd’hui. « Il est temps qu’on commence. » Il pointe les gants du doigt avant de commencer à faire quelques pas en direction du ring.

there are so many lines that i've crossed

@rhett hartfield

lieu: dojo, west end.
(c): ssoveia (gif), luleaby (codage).

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« Evidemment. » Et évidement qu’il se permettait des commentaires, Rhett - il n’aurait jamais su faire autrement, même si le sujet n’aurait pas porté aux compliments teintés de sarcasme comme il était en train d’en faire. Il en savait trop sur la vie de son petit frère, lui qui maudissait toujours le jour où il n’avait pas été apte à mentir face à son ainé qui lui soulignait les erreurs qu’il commettait dans le dos de tous et qu’il venait de découvrir. Ruben se mordait encore les doigts de ne pas simplement avoir su dire qu’il se trompait allègrement et qu’il ne voyait pas de quoi il parlait. A la place, dès que Garrett avait posé son regard sur lui, il n’avait su faire autrement que de lui dire la vérité. Il s’en mordait les doigts par deux fois aujourd’hui. « Parle pas de nous quand tu baises ailleurs. » - « Parle pas d’un sujet dont tu connais rien, de ton côté. » Ben tâchait de rester le plus calme possible, mais ce n’était pas toujours le plus simple des exercices. Alors il se mordit l’intérieur de la joue, se contenta de ce commentaire là et garda les autres qui affluaient dans son esprit pour lui et pour personne d’autre - mais parfois, cela ne ferait pas de mal à Rhett que quelqu’un lui rappelle qu'il n’était pas forcément mieux placé pour parler de la sorte, qu’il avait lui aussi été voir ailleurs pendant qu’il était avec Evelyn même s’il s’appliquait à dire que les choses étaient différentes. Malgré eux, ils se ressemblaient bien plus qu’ils ne le voudraient jamais sur bine des comportements.

« Ca suffit pas toujours. » - « Ca suffit pas quand c’est pas vrai. » Une grande partie de lui savait très bien que ce n’était effectivement pas suffisant, mais c’était la même partie qui ne souhaitait pas sortir de ce déni dans lequel il était profondément plongé. C’était plus simple ainsi - cela lui laissait une porte de sortie. « Ca va finir par se savoir, Ben. Ce jour là, tu vas inventer une histoire. » Il secoua la tête. « J’inventerai pas d’histoire Rhett. » Parce-qu’il n’aurait plus aucune raison de le faire à ce moment là, si ça finissait par se savoir. Mais la question ne se posait pas: cela ne se saurait pas et tout le monde serait bien plus heureux de la sorte - il ne fit pas l’affront de le dire à haute voix, peut-être aussi parce-qu’il savait qu’il ne saurait être convainquant en le faisant.

Ranger sa bague dans son portefeuille n’était que le premier geste annonciateur de la fin de cette discussion, à égalité avec le fait qu’il indiquait verbalement à Garrett qu’il pouvait désormais lui donner ses gants pour qu’il puisse réellement se préparer. Ce n’était pas de cette sorte que Ruben avait anticipé les choses, qu’il s’était imaginé cette discussion se dérouler; mais comme souvent lorsqu’il était avec Rhett faec à lui, rien n’était fait de manière attendue et il ne devrait même pas être étonné à force. En réalité, il était quelque peu blessé. « J’aurais été content pour toi si t’essayais pas de trafiquer les règles du mariage. » Il ne les trafiquait pas, il les arrangeait à l’image qu’il désirait voir, nuance. « Je le serai le jour où tu joueras franc-jeu. » - « Donc t’as pas envie d’être vraiment heureux pour moi alors qu’importe la situation, super. » Il aurait pu insuffler une certaine amertume à ses paroles, mais Ben n’en avait même pas la force. La seule chose qu’il retenait, c’était que son frère ne saurait se trouver heureux pour lui que sous certaines conditions. Ne pouvait-il pas l’être selon celles du principal concerné, pour une fois ? Cela rendrait tout tellement plus simple, et surtout permettrait que chacun se mêle de ses affaires pour une fois.

« Aucune cérémonie, rien ? Tu sais que maman aurait aimé t’accompagner sur l’autel. » - « J’ai dit qu’on s’était mariés, pas qu’on ferait pas de cérémonie du tout, tu sautes sur les conclusions. » Il avait attrapé les gants que Rhett lui avait tendu, les avait glissé sous son bras, mais attendait toujours debout comme un pantin désarticulé pour passer à l’action. Ses dents jouaient nerveusement avec ses lèvres, comme si c’était là la partie la plus difficile à expliquer de toute sa réalité. « On fera quelque-chose avec les deux familles, mais juste un peu plus tard. Maman aura de quoi m’accompagner à l’autel si c’est ce qu’elle souhaite. » Et une partie de l’enfant qu’était malgré lui toujours Ruben appréciait un brin l’idée aussi; seulement pas assez pour en faire une priorité. Dans un monde où cette discussion s’était bien passée entre eux, il aurait soufflé avec un petit rire à Rhett qu’il aurait pu être la flower girl, si ça l’intéressait de participer - il n’avait pas cette force là aujourd’hui. « Vous aurez des invitations avant la cérémonie ce jour là, t’en fais pas. » Il ferma avec force la porte de son cassier.

« Il est temps qu’on commence. » - « J’arrive dans deux minutes. » Le temps d’enfiler sa tenue et ses gants, et il serait tout à son frère. Il arriva face à ce dernier sur le ring avec une précision à faire pâlir les plus belles horloges, finissant d’accrocher ses gants. « Rappelle toi que t’as promis de pas m’amocher le profil. » Ben ne savait plus s’il avait vraiment promis ou non, mais l’affirmer de cette sorte ne ferait de mal à personne. Il se mit en position, ses deux poings relevés. « D’ailleurs quand tu dis que tu t’es entrainé… » Il allait se prendre rapidement un coup sans aucun indice que ce dernier était en provenance. « Tu vois toujours Mickey pour que ce soit le cas ? »

« Parle pas d’un sujet dont tu connais rien, de ton côté. »
« Les petits frères donnent pas d’ordres. »
Une règle bien évidemment inventée par un grand frère.

Il a beau vouloir profiter de ce moment pour passer un peu de temps avec son frère et se vider la tête en faisant de la boxe durant un temps, n’en reste pas moins qu’il ne décolère pas au sujet de son mariage annoncé à la volée et qu’il n’arrive sincèrement pas à comprendre. Il veut le bonheur de son frère, plus que tout, mais il ne comprend pas comment ils peuvent avoir le même sang, avoir reçu la même éducation, et pourtant être aussi différents sur des sujets aussi importants. « J’inventerai pas d’histoire Rhett. » Rhett souffle à nouveau. Il voudrait déjà lui demander ce qu’il fera, alors, quand les parents finiront par connaître le début de cette histoire et qu’il ne peut décemment pas leur expliquer qu’il a une amante. Bien conscient que le sujet est sans fin mais surtout sans aucune sorte de résolution possible, il décide de garder le silence. C’est la meilleure chose à faire pour eux deux, et ils n’auront qu’à aviser le moment venu. Parce qu’il viendra, évidemment. « Donc t’as pas envie d’être vraiment heureux pour moi alors qu’importe la situation, super. » Il a toujours ce don pour répondre comme le ferait un gamin vexé, Ben. « Écoute, tu viens de me faire chier à me dire que tu t’étais marié pour toi et seulement pour toi, alors assume. » S’il a pris cette décision pour lui et seulement pour lui, alors l’avis de Rhett ne devrait pas lui importer le moins du monde - et il ne devrait pas être en train de le faire chier à ce sujet, justement.

« J’ai dit qu’on s’était mariés, pas qu’on ferait pas de cérémonie du tout, tu sautes sur les conclusions. » Peut-être. Peut-être pas. De toute façon, la décision a été prise. Cela ne sert en rien d’en discuter davantage et surtout de se discuter davantage: il est marié, il veut jouer au grand garçon et il veut continuer à être le fils modèle. Qu’il en soit ainsi, mais Rhett ne peut pas oublier tout ce qu’il sait au sujet des lacunes de son frère, ne serait-ce qu’en tant que petit-ami, ce qui ne semble pas être voué à aller en s’arrangeant en tant que mari. D’un signe de la main, il lui fait comprendre qu’il se moque de la façon dont le mariage sera organisé, notamment parce qu’il continue de penser qu’il y a de fortes chances pour qu’il ne soit justement jamais organisé.

Une fois de plus, Rhett souligne l’objet de son nouvel intérêt en lui signifiant qu’il est temps que leur entraînement de boxe commence enfin. Ce sera au moins un sujet sur lequel ils arrêteront de se prendre la tête. « Rappelle toi que t’as promis de pas m’amocher le profil. » La remarque le fait rire autant qu’elle plait à son ego, évidemment. « Noté, princesse. » A d’autres il aurait répondu qu’il n’a jamais rien promis mais son petit frère possède au moins un passe-droit sur ce point: il ne l’amochera pas. Ce n’est pas une question de pitié ; simplement qu’il n’a pas le moins du monde envie d’avoir sa mère au bout du téléphone après que Ruben se soit plaint auprès d’elle. « D’ailleurs quand tu dis que tu t’es entrainé… Tu vois toujours Mickey pour que ce soit le cas ? » Et comme Ruben s’en doutait sûrement, cette question pousse Rhett à donner le premier coup. « Concentre-toi. » Il vise l'intérieur du gant de son frère, si bien qu’il n’a rien à encaisser d’autre que la force du coup - lequel n’a justement pas été porté avec toute sa force. « Et arrête de faire une fixette sur lui. T’es un homme marié, maintenant. » Et s’il aurait (plus ou moins) été capable d’accepter l’idée que Mickey soit dans le viseur de Ruben il y a peu, maintenant il ne compte pas le laisser avoir plus d’une amante, laquelle est déjà de trop. « Protège ton visage. » Il donne un nouvel ordre, pour la seconde fois en bien trop de temps pour que cela puisse plaire à Ruben. La seconde suivante, pourtant, c’est son visage qu’il vise bel et bien. Au moins, il l’avait prévenu.