that old familiar body ache

@ethel hartfield

lieu: cemetery, toowong.
(c): franckeggelhoffergifs (gif), luleaby (codage).

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Je suis avec Jackson n’était pas le genre de phrase qu’il entendait très souvent, pas assez souvent même s’il devait être honnête. Que ce soit de la part de sa sœur ou de la part de n’importe qui d’autre de sa famille: ce n’était pas quelque chose d’habituel d’avouer qu’ils étaient avec Jackson. Il n’y avait que Rhett qui au fil des années s’était évertué à devancer leur aîné et après à tenter d’être avec lui mais par d’autres procédés - de ceux que Ruben avait en horreur puisqu’ils étaient plutôt définitifs et dévastateurs. Le fait qu’Ethel lui envoie elle-même le message n’était pas autant inquiétant que si c’était une information qu’il avait reçu sur sa sœur de la part d’un autre membre de sa famille; il dit donc en sorte de calmer la panique qui était arrivée plus que rapidement à l’intérieur de lui en faisant accélérer son rythme cardiaque pour rien: elle allait bien. Simplement, elle s’était rendue sur la tombe de leur frère et si elle lui donnait l’information, c’était qu’elle autorisait son petit frère à la rejoindre.

Initialement ce n’était pas pour se recueillir sur la tombe de Jackson en compagnie de sa sœur qu’il avait contacté cette dernière, mais pour lui parler de quelque-chose d’important. A l’instar de la façon dont il avait fait les choses avec Garrett, il s’agissait là d’une nouvelle qu’il avait envie de partager de vive-voix avec elle sans qu’elle ne l’apprenne d’un autre de sa famille. Surtout qu’il n’avait prévenu que Rhett pour le moment: si Ethel en venait à être au courant, il connaîtrait l’auteur du traître. Mais étonnement, il faisait confiance à son frère et savait que de temps à autres, il pouvait tenir sa langue.

Ce fut donc avec une certaine boule au ventre qu’il se rendit au cimetière de la ville, slalomant une fois arrivé sur place entre les sépultures portant des noms qui n’étaient pas celui qu’il recherchait. Il connaissait le chemin par cœur; il ne venait pas souvent sur place mais ce n’était pas pour autant qu’il savait exactement où se trouvait la tombe de Jackson. Lorsqu’il arriva sur place, Ruben s’aperçût qu’Ethel l’attendait comme elle avait indiqué. Un petit sourire tendre aux lèvres, il parcourut les derniers mètres entre elle et lui, attendant d’être à portée de voix pour signaler sa présence. « Je me rappelle même pas la dernière fois qu’on est venus tous les deux ici. » Ce n’était pas véritablement un reproche, ou si c’en était un il était davantage prononcé à son encontre à lui qu’à celui de sa sœur. Il savait bien que s’il lui proposait, Ethel viendrait sur place avec lui bien plus souvent que c’était le cas depuis que la dernière demeure de Jackson avait été érigée. « J’espère que je t’ai pas trop fait attendre. » Elle lui avait dit être ici, mais il ne savait pas si elle était réellement déjà sur place lorsqu’il l’avait contacté ou si elle était en chemin et que son message était bien tombé. Il finit par déposer une bise tendre sur sa joue, se postant le regard tourné vers la stèle gravée. Jackson Hartfield, il ne s’y habituerait sûrement jamais.

L’anniversaire du décès de Jackson approchait rapidement. Comme à chaque année, c’était une période que tu trouvais particulièrement difficile et tu avais souvent évité d’en parler. Tu avais opté à chaque fois d’essayer d’ignorer ta douleur, mais tu devais avouer que ça ne t’avais pas vraiment réussi jusqu’à maintenant. Tu avais décidé aujourd’hui d’aller te recueillir sur sa tombe à la place de t’étourdir dans un nouveau projet que tu ne terminerais pas. Tu avais pris une pomme ainsi qu’un petit muffin que tu avais acheté ce matin-là à l’Atelier du thé et tu les avais déposés dans ton sac pour aller passer un moment au cimetière. Tu avais même décidé d’apporter un calepin et un crayon pour pouvoir écrire à l’intérieur pendant que tu étais là-bas. Pendant ton trajet, tu reçus un sms de Ruben. Je suis avec Jackson fut ta réponse. Tu n’étais pas encore arrivée, mais c’était tout comme. C’était quand même tout qu’un hasard qu’il te fasse signe alors que tu te rendais au lieu de repos de votre aîné puisque tu ne lui avais pas vraiment reparler depuis le souper de la veille de Noël à Kilcoy. Pas que tu étais en colère contre lui, mais tu avais sentit le besoin de prendre un peu de recul face à tes deux frères. Tu avais besoin de te prouver à toi-même que tu n’avais pas besoin d’eux, que tu étais capable de te trouver une vie à toi. La réaction de Rhett face à ton trouble alimentaire t’avait fait mal. Tu avais compris qu’il fallait que tu t'arranges toute seule. Arrivé à l’endroit où reposait Jackson, tu posa ta main sur la pierre tombale et ferma les yeux. C’était douloureux. Probablement encore autant qu’au premier jour. Tu n’arrivais pas à croire qu’il était sous terre. Tu ferma les yeux quelques instants. Salut mon grand frère. Tu me manques tellement. Mais ça, tu dois déjà le savoir. Je m’excuse de ne pas être venue aussi souvent que je l’aurais voulu, mais j’en étais pas capable. Cette fois-ci par contre, tu ressentis une légère sensation d’apaisement et pas seulement la douleur dans ton ventre. Tu t’apprêtais à t’asseoir au sol lorsque tu entendis Ruben s’approcher de toi. « Je me rappelle même pas la dernière fois qu’on est venus tous les deux ici. » Tu levas les yeux sur son cadet et lui fit un léger sourire. Tu n’étais pas sûre si vous étiez venue ensemble après l’enterrement de Jackson. Tu ne voulais pas que Ruben voit ta douleur lorsque tu venais te recueillir. « J’espère que je t’ai pas trop fait attendre. » La bise sur ta joue était réconfortante. Tu lui fis un câlin, le serra probablement un peu trop fort dans tes bras. « Non, ça doit faire environ trois ou quatre minutes que je suis arrivée. Je suis contente que tu ais décidé de venir me rejoindre. » Tu t’assis au sol en tailleur, appuya la paume de tes mains sur le gazon. C’était bizarre de te dire que tu étais assise sur ton frère aîné, mais tu avais l’impression de sentir sa présence. « J’étais déjà en direction vers ici quand tu m’as écrit. Je veux essayer de venir plus souvent. » Tu avais l’impression que ça t'aiderait à faire ton deuil ou du moins, à faire avancer un peu le processus. Ton regard se dirigea vers le nom de Jackson gravé dans la pierre. Tu ferma les yeux quelques secondes, prit une grande inspiration et porta ton regard sur Ruben. « Il me semble que ça fait une éternité qu’on s’est parlé. Tu vas bien ? » Tu sortis alors ton muffin, en retira une partie avec tes doigts que tu tendis à Ruben. « Tu en veux un morceau ? Muffin à la carotte et cannelle d’un nouveau salon de thé que j’ai découvert la soirée du la veille du jour de l’an. » Tu avais bien du te débrouiller pour trouver quelque chose à faire ce soir-là puisque tu étais toute seule et tu avais refusé de passer le cap du nouvel an en déprimant dans ton appartement.

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Afin de ne pas surprendre la jeune femme et lui faire faire un bond de dix mètres de haut alors qu’il s’approchait d’elle, il fit en sorte d’annoncer son arrivée et de se faire entendre avant de la rejoindre véritablement. Au petit sourire qu’elle lui accorda, il put lire dans ce dernier que les paroles qu’il s’était permis en guise de début de conversation n’avaient pas été mal prises ou entendues de travers - elles étaient là où elles se devaient d’être, et c’était très bien. C’était un fait, de toutes manières, qu’ils ne se rendaient pas sur la tombe de leur ainé assez ensemble - l’avaient-ils seulement fait une seule fois depuis le décès de ce dernier ? Ruben n’en était pas sur mais ne mit pas la question entre eux, puisqu’il savait que la réponse était une conséquence de ses disponibilités à lui. Et puis aussi qu’il ne ressentait pas spécialement le besoin de venir ici pour penser à Jackson et honorer sa mémoire autant que possible.

Après la bise qu’il déposa sur sa joue, Ethel le serra contre elle et il passa son bras autour de son corps frêle un instant supplémentaire pour appuyer son geste. « Non, ça doit faire environ trois ou quatre minutes que je suis arrivée. Je suis contente que tu aies décidé de venir me rejoindre. » Il étira un maigre sourire. « J’étais déjà en direction vers ici quand tu m’as écrit. Je veux essayer de venir plus souvent. » - « Suite à notre discussion de l’autre jour ? » Puisqu’ils s’étaient permis une fois de mettre les pieds dans le plat de façon catastrophique et qu’ils s’étaient surement tous deux aperçus qu’ils ne discutaient pas assez de Jackson, il se dit que ce ne serait pas mal vu s’il se permettait d’entrer dans ce vif de sujet là désormais. « Il me semble que ça fait une éternité qu’on s’est parlé. Tu vas bien ? » - « Depuis Noël, oui. » Il avait plutôt évité sa famille à la suite, s’il était honnête. « Tu en veux un morceau ? Muffin à la carotte et cannelle d’un nouveau salon de thé que j’ai découvert la soirée du la veille du jour de l’an. » Il resta un long moment à peser le pour et le contre, surtout par rapport à sa soeur, mais se dit de toutes manières qu’elle ne mangerait pas la totalité de la pâtisserie s’il lui laissait par pitié alors autant accepter le morceau qu’elle lui donnait. « Merci. » Il s’assit à ses côtés par la suite.

Peut-être qu’il garda le silence et le regard porté sur le nom de Jackson un instant ou deux de trop à son gout, mais ce qu’il s’apprêtait à annoncer à sa soeur, il savait que ce ne serait pas de tout repos et il préférait prendre son temps avant de le faire - ou qu’elle le remarque toute seule comme une grande. « Comment tu vas, toi ? » Il n’avait pas répondu à sa question pourtant lancée en premier, mais c’était là fait exprès - il y reviendrait plus tard. Il voulait d’abord prendre de ses nouvelles avant de passer sur un sujet qui éclipserait le reste assez rapidement. « De bonnes résolutions de prises pour cette nouvelle année ? » Il insufflait à ses paroles un ton moqueur et amusé, pour qu’elle puisse voir que si elle désirait ne pas répondre, ce n’était pas un drame: c’était là une question pour bavasser et prendre de ses nouvelles, plus que pour incriminer quoi que ce soit.

« Suite à notre discussion de l’autre jour ? » Tu fis un signe positif de la tête. Tu t’étais rendue compte que tu avais tenté de refouler ta peine et que tu ne te permettais pas de penser à Jackson de peur que la douleur prenne trop de place. Par contre, tu devais te rendre à l’évidence que ça faisait pire. Et si tu devais te rendre au cimetière quelques fois par semaine pour laisser libre cours à tes émotions et pour te sentir près de lui, tu avais décidé de le faire. ”Je me dis que c’est comme si je lui rendais visite chez lui. Je pense que le calme du cimetière m’aidera à mettre de l’ordre dans ma tête.” Tu n’aurais jamais cru pouvoir dire un jour que ce lieu pourrait t’être bénéfique. Tu devais bien être une des seules personnes qui le voyait de cette manière, mais tu ne voulais plus te brimer pour tenter de faire comme les autres. Tu te permis par la suite de mentionner à Ruben que ça faisait longtemps que tu l’avais vu. « Depuis Noël, oui. » Ta remarque n’était pas une pique que tu tentais de lui lancer. Noël avait été un événement difficile pour toi et même si Ruben avait été présent pour t’appuyer face aux paroles blessantes que Rhett avait eût, tu avais décidé de prendre du temps seulement pour toi et de ne pas donner de nouvelles à tes frères. Peut-être qu’inconsciemment tu voulais les laisser venir vers toi et que pour une fois, ce ne soit pas toi qui court après eux, qui quémande de l’attention. Tu pris un morceau de la pâtisserie que tu avais amené avec toi et le mit dans ta bouche. C’était doux, sucré, moelleux. Catarina faisait de bonnes pâtisseries et il fallait dire que le goût de la cannelle était un de tes points faibles. Tu prenais toutefois le temps de bien le mastiquer avant de l’avaler. C’était toujours aussi difficile de manger, mais tu faisais des efforts non négligeable.
« Comment tu vas, toi ? » Tu haussas les épaules. Tu ne savais pas vraiment comment tu allais. Tu avais l’impression d’être complètement anesthésié à l’intérieur. Autant tu te battais depuis longtemps contre la douleur, la tristesse, autant tu avais l’impression maintenant d’être vide. ”Je ne vais pas particulièrement mal. Mais je ne peux dire que je vais vraiment bien. C’est… Bizarre.” Tu avais prit conscience dans le dernier mois où tu avais réintégrer ton appartement à toi et où tu n’avais pas écrit à ta famille que ta vie avait pas mal toujours tourné autour d’eux et que tu n’avais pas vraiment d’ami et de passe-temps à toi. C’était un constat qui t’avais attristé. « De bonnes résolutions de prises pour cette nouvelle année ? » Le ton moqueur de Ruben te laissa un peu dans l’indécision à savoir si tu lui mentionnais vraiment ce que tu souhaitais pour 2024. En même temps, il pourrait peut-être t’aider à atteindre ton but. Tu passais tes mains dans le gazon dans un geste automatique, évitait le regard de ton frère dans la peur qu’il se moque de toi. ”Ce n’est pas tant de bonnes résolutions qu’un souhait. Je veux prendre le temps de connaître vraiment Ethel. Pas la soeur de Nine, le joueur de rugby talentueux, ni celle de Ruben Hartfield, le neurochirurgien plus que prometteur. Je veux me retrouver moi. Me faire de nouvelles connaissances qui ne me sont pas présentées par vous deux, avoir des passe-temps à moi.” Tu repris ta respiration. Tu avais parlé rapidement. Tu ne voulais pas laisser Ruben te couper alors que tu étais sur ta lancer. ”Pas que je ne vous aimes pas et que je ne suis pas reconnaissante de tout ce que vous m’apportez, mais j’pense que je me suis plus occupé de vous deux depuis toujours et pas assez de moi.” Maintenant, réussirais-tu à accomplir ton souhait ? Tu en doutais vraiment. Tu savais très bien qu’aussitôt qu’un de tes deux frères t'appellerais, tu arriverais en courant en abandonnant tout ce que tu faisais, de peur qu’ils ne t’appellent plus lorsqu’ils auraient besoin de toi. Tu relevas tes yeux vers Ruben. ”Et toi, tu as des résolutions ou des souhaits pour 2024 ?”

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A sa supposition, elle opina du chef. « Je me dis que c’est comme si je lui rendais visite chez lui. Je pense que le calme du cimetière m’aidera à mettre de l’ordre dans ma tête. » Il pouvait entendre, il pouvait comprendre: il n’y avait qu’à voir à quel point le cimetière était désert en cet instant pour comprendre que cela pouvait apporter un certain calme à sa soeur de venir ici. « C’est bien, si t’as trouvé quelque-chose qui te fait du bien. » Il étira un maigre sourire; il n’était toujours pas sur de la démarche mais au moins il pouvait comprendre où en venant Ethel avec cette idée là, et c’était toujours ça de pris. Il désirait simplement qu’elle finisse par réussir à trouver un semblant de paix avec cette partie là de leur histoire familiale.

« Je ne vais pas particulièrement mal. Mais je ne peux dire que je vais vraiment bien. C’est… Bizarre. » Ce fut à son tour d’hocher lentement la tête aux paroles de sa soeur. « Non mais je vois de quoi tu parles. » Il existait des moments de vie où les choses ne tendaient pas forcément vers du positif, mais elles n’allaient pas tant mal que ça en à côté; ce n’était pas si facile à décrire, mais il entendait ce qu’elle essayait de lui expliquer. En aimant de tout son coeur son travail, Ruben avait la chance de ne connaitre que peu cet état mais il en avait déjà été victime. Au moins, elle n’allait pas mal - et c’était toujours ça de pris. Arès tout, une nouvelle année commençait et cela aurait été dommage que ce soit le cas. A sa seconde question, à laquelle il avait insufflé une touche de légèreté pourtant, elle mit un temps supplémentaire à répondre - et cela fut suffisant pour que lui fronce quelque peu ses sourcils. « Ce n’est pas tant de bonnes résolutions qu’un souhait. Je veux prendre le temps de connaître vraiment Ethel. Pas la soeur de Nine, le joueur de rugby talentueux, ni celle de Ruben Hartfield, le neurochirurgien plus que prometteur. Je veux me retrouver moi. Me faire de nouvelles connaissances qui ne me sont pas présentées par vous deux, avoir des passe-temps à moi. » - « Oh. » Un oh de surprise tant il ne s’attendait pas à cette réponse là. « Pas que je ne vous aimes pas et que je ne suis pas reconnaissante de tout ce que vous m’apportez, mais j’pense que je me suis plus occupé de vous deux depuis toujours et pas assez de moi. » Et aux paroles qu’elle lui adressait, à la vulnérabilité dont elle faisait preuve en cet instant, il esquissa un petit sourire autant amusé que satisfait - empli de fierté surtout. « C’est tout le malheur que je te souhaite pour cette année Ettie. » Il se pencha quelque peu sur le côté pour faire cogner gentiment son épaule contre la sienne. « J’ai hâte de voir ce que vont donner ces résolutions, pour le coup. » Parce-qu’il ne nierait pas toute la partie où elle était surement trop présente pour les deux garçons Hartfield restant - le troisième présentement autant face à eux que sous eux malheureusement -, et qu’elle se devait de prendre du temps davantage pour elle: elle ne pourrait vivre éternellement à travers ses frères.

« Et toi, tu as des résolutions ou des souhaits pour 2024 ? » Son regard se posa sur le visage de son frère, et Ruben prit une longue inspiration. « A propos de ça… » Il savait de toutes façons que leur conversation convergerait à un moment donné vers ce point là, c’était d’ailleurs la raison principale pour laquelle il avait souhaité la retrouver aujourd’hui. Il pourrait faire une pierre deux coups selon les façons de voir les choses: Jackson assisterait à l’annonce aussi d’une certaine manière. Plissant le bout de son nez, il reprit rapidement la parole cependant. « J’ai peut-être pris un peu d’avance pour ce qui est des souhaits et résolutions de la nouvelle année. » Et pour joindre les images aux mots, il leva sa main gauche à hauteur de regard de sa soeur - celle où son alliance était désormais la seule chose visible à cet endroit là, neuve et brillante comme elle ne le serait surement jamais de nouveau par la suite. « Surprise. » Et maintenant, Ruben attendait de savoir comment elle allait réagir car c’était cette partie là qui lui donnait quelque peu la boule au ventre en cet instant et depuis qu’il lui avait envoyé un message.

« C’est bien, si t’as trouvé quelque-chose qui te fait du bien. » Est-ce que ça te faisais vraiment du bien de te retrouver au cimetière ? Tu ne saurais le dire pour l’instant, mais au moins, ça ne te faisait pas de mal. Ta démarche n’était pas scientifique, mais tu devais trouver quelque chose pour t’aider dans ton deuil et si ça passait par venir sur la tombe de Jackson, tu t’y rendrais aussi souvent que tu en ressentirais le besoin. Tu sentais dans la voix de Ruben qu’il n’était pas cent pour cent certain de ta démarche, mais était-ce vraiment surprenant que tu fasses les choses différemment de tes frères ? Tu savais qu’ils ne se rendaient pas souvent sur la tombe de Jackson, mais ça ne t’empêcherais pas de le faire à partir de maintenant.
« Non mais je vois de quoi tu parles. » Le fait que Ruben te confirme qu’il comprenait ce que tu voulais dire te rassurais. Tu te sentais un peu comme un extraterrestre dernièrement à ne pas être capable de mettre des mots sur tes émotions, à te sentir comme si tu étais un peu gelée à surfer la vague sans être capable de dire si tu allais bien ou non. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle tu voulais te retrouver. Tu voulais savoir qu’est-ce que tu aimais, qui tu étais, indépendamment de tes frères. À trente-trois ans, c’était d’ailleurs le temps de te trouver des passes-temps autre que d’aller voir tes parents, faire des petits plats à Nina et Ruben ou bien aller faire le ménage dans le loft de Rhett. D’ailleurs, quand tu répondis avec autant de profondeur à sa question, tu sentis qu’il était surpris. Tu n’étais pas du genre à te livrer si facilement normalement, mais ça aussi tu voulais le changer. Avec la réaction de Rhett au repas de la veille de Noël à propos de ton trouble alimentaire, tu ne voulais plus cacher tes états d’âme et répondre pour faire plaisir à tes proches. Tu avais le droit de leur dire ce que tu pensais vraiment, ce que tu ressentais vraiment. Peut-être que ça les aiderait à te considérer un peu plus comme une personne à part entière et à faire attention un peu plus à toi ? Si ce n’était pas le cas, tu devais avouer que tu ne comprenais pas ce que ça prendrait. « C’est tout le malheur que je te souhaite pour cette année Ettie. J’ai hâte de voir ce que vont donner ces résolutions, pour le coup. » Tu lui fis un sourire, fière de toi. Tu rajoutas sur un ton légèrement amusée : « Ne penses pas que tu seras libérée de moi par contre. Ce n’est pas parce que je veux apprendre à me connaître que je vais disparaître de ton entourage. » De toute manière, Ruben était ton confident, ton pilier, celui sur qui tu pouvais t’appuyer lorsque ça n’allait pas bien et il t’avait promis de t’aider avec ton trouble alimentaire. Tu ne pouvais pas le retirer de ta vie. Tu avais besoin de lui. Et il n’en restait pas moins que ta famille passerait toujours en priorité quand même. Toutefois, lorsque tu lui retourna la question, tu sentis un malaise de sa part et tu n’arrivais pas vraiment à identifier d’où ça venait. « A propos de ça… » Tu tentais de lire dans ses yeux, de deviner où il voulait en venir. Tu avais peur qu’il t’annonce quelque chose de grave, que quelqu’un de votre entourage était malade ou quelque chose dans le genre. « J’ai peut-être pris un peu d’avance pour ce qui est des souhaits et résolutions de la nouvelle année. » Tu haussas un sourcil. Tu trouvais qu’il faisait bien des mystères alors que normalement, ce n’était pas vraiment son genre. Il t’avait habitué à être beaucoup plus direct. Puis, il mit sa main gauche en évidence et tu vis son alliance qui était sans aucun doute neuve. Tu ne compris pas immédiatement, comme si ton cerveau voulait te protéger de la douleur qui allait suivre cette annonce. « Surprise. » Surprise ? Tu avais le goût de le prendre par les épaules et de le brasser pour qu’il comprenne à quel point que c’était une mauvaise surprise. Tu ne pouvais pas croire qu’il avait repoussé toute la famille pour la journée la plus importante de sa vie. « À quel point nous ne sommes pas importants pour toi Ruben ? » Ta voix était cassée. Tu te retenais pour ne pas te mettre à pleurer. Tu faisais tant d’effort pour qu’il te considère dans sa vie et encore une fois, il t’avait tenu à l’écart. « Il ne t’es pas venu en tête que nous aurions voulu être présent pour la journée la plus importante de ta vie ? Non ? » Ta voix était froide. Ta résolution était mise à dure épreuve en ce moment-même. Tu essayais de ne pas laisser la nouvelle t’attendre, mais tu avais l’impression que ton coeur s’était cassé au moment-même où tu avais compris ce qu’il avait fait. « Nous avons tellement vécu de drame… Pour une fois que nous aurions pu avoir un événement heureux… Maman va être tellement triste. » Tu aurais aimé pouvoir le féliciter, le prendre dans tes bras, être heureuse pour lui, mais tu en étais incapable.

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« Ne penses pas que tu seras libérée de moi par contre. Ce n’est pas parce que je veux apprendre à me connaître que je vais disparaître de ton entourage. » Il étira un sourire qui allait de paire parfaitement avec celui de sa soeur. « J’espère bien que ce sera pas le cas. » Parce-que ce n’était pas parce-qu’il lui souhaitait de s’épanouir de son côté sans se rattacher tout le temps à ses frères qu’il espérait la voir disparaitre de son entourage; il ne laisserait pas une telle chose arriver de toutes manières, et il se doutait bien qu’Ethel le savait.

Ce qu’elle ne savait pas en revanche, c’était que Ruben avait pris le temps ces dernières semaines de rendre officiel quelque-chose qui était en attente depuis deux ans désormais - mais à mettre à hauteur de regard de sa soeur l’alliance qu’il portait désormais à sa main gauche, elle allait vite comprendre de quoi il s’agissait. Il n’engageait pas cette conversation sans marcher sur des oeufs cependant, ce qui n’était pas dans ses habitudes, parce-qu’il avait déjà vu la réaction de Rhett et qu’en ayant cette dernière en tête, il se doutait que sa soeur n’allait pas sauter de joie. Ou pas de suite - il espérait que cela arriverait à un moment donné tout de même. « À quel point nous ne sommes pas importants pour toi Ruben ? » Here we go; il se contenta de pincer ses lèvres, de ranger sa main et d’hausser un sourcil sur son visage. « Il ne t’es pas venu en tête que nous aurions voulu être présent pour la journée la plus importante de ta vie ? Non ? » Il tiqua sur un point dans sa phrase, mais sentait que sa soeur n’avait pas terminé de prendre la parole pour le moment, alors il lui laissa toute la place et l’espace qui lui semblait être nécessaire pour s’exprimer. « Nous avons tellement vécu de drame… Pour une fois que nous aurions pu avoir un événement heureux… Maman va être tellement triste. » Il laissa encore un instant, et un autre s’écouler. En voyant qu’Ethel s’arrêtait là dans l’expression de son mécontentement, il pencha quelque peu sa tête sur la côté. « J’ai le droit de répondre ? » Sa voix à lui était douce, et emplie d’autant de bienveillance qui lui était possible d’avoir - le but, comme ça avait été le cas avec Garrett mais où ça avait été plus difficile à effectuer, c’était de ne pas démarrer une bataille mais d’exprimer son bonheur à sa famille et apparemment justifier son point de vue.

En voyant qu’elle ne reprenait pas la parole, il hocha la tête. « Je suis désolé déjà de te dire Ethel que c’est pas la journée la plus importante de ma vie. » C’était sur cette partie là qu’il savait le bat blessant, et sur quoi il essayait de faire changer la vision des choses à son entourage depuis un bout de temps déjà - mais apparement, il était toujours plus simple de voir les choses de son point de vue plutôt que d’envisager le faire de celui de la personne concernée. « C’est surement de très proche la seconde, mais la première est et restera toujours le jour où j’ai reçu mon diplôme. » Il savait son avis controversé - il savait aussi que la personne qui pouvait le mieux comprendre son point de vue était la principale intéressée par ce mariage. « Et vous êtes importantes pour moi, Ethel, crois moi. » Ben inspira longuement. « Mais il s’agit pas de vous. Il s’agit de Nina et moi. » Il précisait le prénom de la jeune femme comme si face à Ethel, il avait besoin de le faire - là où c’était la première question que lui avait posé Rhett, cette enflure. « Et on voulait faire ça sans nos familles, que nous deux, pour l’officialisation. » Il savait que les choses étaient loin d’être aux gouts de tous, mais il ne demandait pas à ce que ce soit le cas. Pour une fois, il ne se pliait pas à la volonté de la majorité pour réaliser quelque-chose qu’il faisait pourtant pour continuer de plaire au plus grand nombre; au moins, cette partie là était réalisée sous une forme qui était davantage proche de son image, de sa réelle image, plutôt que de celle qu’il renvoyait en permanence.

« J’espère bien que ce sera pas le cas. » Tu étais toutefois consciente que tu devrais faire des efforts pour comprendre quel place tu voudrais laisser tes frères prendre dans ta vie maintenant que tu voulais ne plus dépendre d’eux autant. Ce serait difficile de ne pas accourir aussitôt qu’ils te réclameraient, quoi que ça n’arrivait pas vraiment, c’était toi qui devait souvent faire les premiers pas pour avoir de leurs nouvelles. Tu voulais qu’ils aient enfin une raison d’être fier de toi, mais encore là, il ne fallait pas que tu changes en pensant à ce qu’ils penseraient de toi puisque tu échouerais alors dans ton désir de te défaire de l’importance que tu accordais à leur opinion. Bref, ce n’était pas chose gagnée.
Puis, tu appris alors la véritable raison de son sms. Il s’était marié sans aviser personne. Tu aurais aimé pouvoir lui dire félicitations, le prendre dans tes bras, lui dire que tu étais heureuse pour lui, mais la tristesse de voir encore une fois qu’il avait fait les choses de son côté à lui sans inclure la famille avait pris le dessus. « J’ai le droit de répondre ? » Tu te rendis compte que tu avais fait un monologue. Il t’avait laissé t’exprimer sans te couper la parole. Tu allais devoir faire la même chose même si tu avais le goût de continuer de lui déverser ta manière de pensée et tes émotions. Tu te mis à tirer sur le bas de ton chandail dans un geste un peu nerveux, essayant de te calmer. Tu lui fis signe que oui de la tête, leva les yeux vers le visage de ton frère. « Je suis désolé déjà de te dire Ethel que c’est pas la journée la plus importante de ma vie. » Sa remarque te rendra dedans en plein fouet. Ça te fit réaliser que ta manière de voir, tes priorités n’étaient pas les mêmes que celles de ton frère. Tu ne pouvais pas voir qu’est-ce qui pourrait être plus important pour toi que la journée de ton mariage à part peut-être si tu avais un enfant un jour, mais tu avais une petite idée de celle que Ruben considérait comme la plus importante. « C’est sûrement de très proche la seconde, mais la première est et restera toujours le jour où j’ai reçu mon diplôme. » Touché. C’était exactement ce qui t’avais traversé l’esprit. Toutefois, tu avais de la difficulté à te mettre à sa place, toi qui n’avait pas terminé tes études. « Encore heureux qu’on ait eût le droit d’y assister. » Tu avais marmonné à voix basse. En terminant ta phrase, tu te rendis compte que ta remarque était blessante et ce n’était pas ce que tu désirais. C’était tes émotions qui parlaient et non pas vraiment ce que tu pensais. « Je suis désolé, c’était méchant et gratuit comme remarque… » Tu passas la main dans tes cheveux, attrapa ton paquet de cigarette et en alluma une. Tu voulais diminuer la quantité que tu fumais par jour, surtout que Jonah ne fumait pas, mais lorsque tu vivais de grandes émotions comme maintenant, c’était la manière que tu avais de garder le contrôle. Tu sortis également un petit cendrier portable, ne désirant pas laisser tomber les cendres sur la tombe de votre frère. « Et vous êtes importantes pour moi, Ethel, crois moi. Mais il s’agit pas de vous. Il s’agit de Nina et moi. » En même temps, Nina était maintenant officiellement dans votre famille. Ça vous concernait quand même un peu non ? De toute manière, ce n’était pas comme si quelqu’un allait les empêcher de s’unir pour la vie. Tu étais convaincue que leurs proches auraient été plus qu’ému d’avoir la chance d’être présent lorsqu’ils s’étaient dit oui. « Et on voulait faire ça sans nos familles, que nous deux, pour l’officialisation. » Tu ne comprenais toujours pas les raisons qui avaient motivé cette décision. L’explication de Ruben n’était pas suffisante pour te faire changer d’idée. « Ça aurait été si horrible que ça de voir que vos deux familles auraient été content de vous voir vous échanger vos voeux ? De pouvoir vous souhaiter tout le bonheur du monde et de fêter votre union tous ensemble ? » Tu tentais de rester dans la bienveillance, de ne pas avoir de ton accusateur, mais c’était difficile. Tu tira sur ta cigarette, prit la peine de tourner ton visage dans la direction contraire de ton frère pour laisser échapper la fumée. « Et j’y pense, vous n’aviez pas besoin d’au moins un témoin ? » Tu ne connaissais pas vraiment les règles du mariage puisque tu n’avais jamais eût l’occasion d’assister à un et encore moins d’y assister. « Je pense que si tu m’avais dit que vous alliez vous marier et que tu m’avais mentionner que vous souhaitez être seuls, j’aurais été déçu, mais j’aurais respecté votre choix. C’est de l’avoir fait à la cachette qui me fait le plus de peine je crois. » Tu aurais eu au moins la chance de lui envoyer un sms pour lui souhaiter une belle journée, pour lui dire que tu pensais à eux et que tu étais fière d’eux. Tu aurais été déçue de ne pas y assister, tu n’en doutais pas, mais tu te serais sentit moins rejetée.

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Alors qu’il haussait un sourcil dans sa direction et qu’il penchait quelque peu sa tête dans cette dernière également, il vit Ethel hocher péniblement la tête à son tour pour lui indiquer qu’il pouvait continuer sur sa lancée. Il opina du chef, fit en sorte d’agir de cette manière là à la suite. Il savait qui plus était que les explications qu’il avait à donner n’étaient pas de celles que sa soeur attendait surement, et bien sur qu’il vit la surprise dans son regard - même éventuellement la déception ? - lorsqu’il affirma à haute voix que la journée la plus importante de sa vie n’était pas son mariage mais le jour où il avait reçu son diplôme. Pour lui, c’était d’une évidence même puisqu’il passait sa carrière avant bien des choses; il était tout à fait conscient en revanche que ce n’était pas la façon de voir de tout le monde, et surtout de sa soeur. La remarque qu’elle fit à la suite entra parfaitement dans cet esprit là. « Encore heureux qu’on ait eût le droit d’y assister. » Il pinçant ses lèvres un instant. « J’aurais tout fait pour que ce soit le cas. » Parce-qu’il n’était pas pensable pour lui que ses proches ne puissent pas être présents à ses côtés pour un événement aussi important pour lui. C’était même peut-être la seule chose pour laquelle il avait envie que ses proches soient à ses côtés - en témoignait la façon dont il s’y était pris pour son mariage. « Je suis désolé, c’était méchant et gratuit comme remarque… » Il balaya les excuses de sa soeur d’une main. « T’en fais pas. » Il savait que c’était là une réaction primaire, basée sur ses émotions et ressentis, et que même si effectivement la remarque n’était pas des plus jolies, elle n’était pas véritablement volontaire.

Il se retint de faire le moindre commentaire sur la cigarette qu’elle sortit et alluma: ce n’était pas le moment pour entrer dans ce genre de débat. « Ça aurait été si horrible que ça de voir que vos deux familles auraient été content de vous voir vous échanger vos voeux ? De pouvoir vous souhaiter tout le bonheur du monde et de fêter votre union tous ensemble ? » Autant que rendu possible par la cigarette, Ruben inspira profondément. Il savait que la réponse qu’il voulait donner n’était pas celle qu’elle voulait entendre. « Ce que je trouve presque affreux, c’est de voir que nos familles sont pas capables de se réjouir de notre union même si elles ont pas été conviées pour l’officialisation. » Et il prononçait ces mots avec toute la tendresse et l’amour dont il pouvait faire preuve comptes tenus des circonstances de cette conversation. Face à Rhett, il s’était déjà énervé à ce moment là de leur discussion; avec Ethel, il avait déjà la réaction de leur ainé en réserve comme base et il savait que les choses ne se passaient jamais pareil entre eux que c’était le cas entre lui et leur frère. « Je comprends pas pourquoi vous jurez que par une cérémonie célébrée tous ensemble, alors que le but c’est que Nina et moi on soit heureux. » S’ils les traitaient d’égoïstes, quel adjectif devait leur être réservés à ceux qui se plaignaient désormais de leur choix ?

« Et j’y pense, vous n’aviez pas besoin d’au moins un témoin ? » La question piège. « D’un témoin chacun, oui. » Il savait que ce n’était pas la réponse qui plairait non plus, mais il était confiant dans les choix qu’ils avaient faits en tant que couple alors il continuait à maintenir la tête haute. « Un couple d’amis à nous est venu avec nous. » Possible crise de nerfs dans trois, deux, un…

« Je pense que si tu m’avais dit que vous alliez vous marier et que tu m’avais mentionner que vous souhaitez être seuls, j’aurais été déçu, mais j’aurais respecté votre choix. C’est de l’avoir fait à la cachette qui me fait le plus de peine je crois. » Il pinça les lèvres, secoua quelque peu sa tête de gauche à droite. « C’est pas fait en cachette. » Si elle désirait des exemples d’actions qu’il menait dans leur dos, il en avait une longue liste - mais ce n’était pas le sujet de la conversation. « J’ai toujours eu l’intention de vous en parler. Juste, de le faire quand ça me semblait être le plus adapté pour moi. » Il inspira longuement. « Parce-que j’ai pas de comptes à vous rendre sur mon couple, Ethel. Et tu pourras en discuter avec Garrett si tu veux, parce-qu’il comprend pas non plus et m’en veux aussi. Ca vous fera un sujet de discussion sur lequel vous aurez un terrain d’entente. » Un petit rire en rien amusé lui échappa, qu’il balaya d’un revers de la main. « J’ai pas à faire en sorte que ça soit le plus adapté pour vous. Et je suis heureux, alors est-ce pas suffisant pour vous ? »

« J’aurais tout fait pour que ce soit le cas. » Et tu savais très bien qu’il était sincère. Tu avais été injuste avec tes paroles. Tu avais laissé parler ta tristesse, ta déception et malgré ce que tu ressentais, il ne méritait pas que tu lui manques de respect. Tu t’empressa à t’excuser puisque tu n’étais pas le genre à être borné et à ne pas demander pardon. Surtout pas avec Ruben. « T’en fais pas. » Il te connaissait un peu trop pour tenir rigueur des paroles que tu venais de lui dire. Par contre, tu devais lui laisser la chance de s’expliquer, de t’exposer pourquoi il s’était marié avec Nina sans vous inviter et tu te promis de tenter de garder le silence et d’essayer de le comprendre. Pour tenter de te contenir, tu allumas une cigarette, même si tu savais que Ruben détestait que tu fumes. Étais-ce également par esprit de contradiction alors que tu te sentais blessé par lui ? Probablement un peu, mais promis, ce n’était pas fait consciemment. C’était surtout puisque pour toi, la nicotine était réconfortante, qu’elle réussissait à contenir le peu d’impulsivité que le nom de famille Hartfield t’avait légué. « Ce que je trouve presque affreux, c’est de voir que nos familles sont pas capables de se réjouir de notre union même si elles ont pas été conviées pour l’officialisation. » Ses paroles avaient eût l’effet d’un poignard dans le coeur. Il venait pratiquement d’annoncer qu’il vous trouvait égoïste de ne pas être content pour lui alors que tu avais toujours tout fait pour les autres, que tu t’oubliais toujours, que tu ferais tout pour le bonheur de ton petit frère. Tu ne t’étais juste pas attendu à ce qu’il vous éloigne de son bonheur, comme si la famille était quelque chose qui menaçait son couple. Tu avais le goût de le couper, de te fâcher et de lui cracher en plein visage qu’il n’avait pas le droit de te dire des choses comme ça à toi, qui avait trop souvent oublié ton propre bonheur pour celui de tes frères, mais tu te rattrapas rapidement, te rappelant que tu devais le laissant aller au bout de ses explications. « Je comprends pas pourquoi vous jurez que par une cérémonie célébrée tous ensemble, alors que le but c’est que Nina et moi on soit heureux. » C’était un peu comme un discours de sourd… Il ne comprenait pas pourquoi tu étais blessée de ne pas avoir été invitée, mais tu ne comprenais pas pourquoi ils n’avaient pas invité personne. Et tu avais l’impression que ni l’un ni l'autre ne pourrait comprendre le point de vue de l’autre… « Ce n’est pas que je ne suis pas contente pour vous, que vous soyiez si bien ensemble que vous avez décidé d’officialiser votre union. Au contraire. Mais je me sens seulement comme si justement, la famille n’est plus importante pour vous puisque vous êtes maintenant mari et femme. » Tu étais pas mal convaincue que tu n’étais pas claire dans la formulation de ton point de vue. Pour être tout à fait honnête, tu savais que ta réaction était probablement enfantine, qu’au fond, ça ne devrait rien changer pour toi, mais tu ne pouvais t’empêcher de sentir le rejet t’envahir. Et sa réponse à ta question accentua encore plus cette sensation. « D’un témoin chacun, oui. Un couple d’amis à nous est venu avec nous. » Alors que tu avais réussi à retenir tes larmes jusque-là, tu ne pu les retenir plus longtemps. Tu regrettas instantanément d’avoir posé la question. Tu aurais dû te douter de la réponse et de la manière que ça te blesserait. Tu étais en colère contre toi d’encore une fois laisser les agissements de tes frères décider de tes états d’âme. Tu les essuyas d’une main, essayant de les arrêter, sans trop de succès. Tu repris une bouffée de ta cigarette avant de reprendre, d’un ton de voix plutôt calme, mais trahissant toute ta tristesse. « Je… Je ne comprends plus… Autant avant j’avais l’impression de te connaître par coeur, que peu importe ce qui se passait, on était ensemble, autant j’ai l’impression que je ne connais plus. Je sais qu’on vieillit mais… Je ne sais pas. Ça me fait mal de savoir que tu ne me fais plus assez confiance pour me demander d’être témoin pour ton mariage. » Ça te faisait aussi mal de voir qu’au final, l’importance que tu accordais à Ruben dans ta vie n’était pas réciproque. Il savait à peu près tout de toi. C’était ton confident, celui envers qui tu te retournais lorsque tu avais besoin, mais tu venais de te faire mettre en plein figure que ce n’était pas le cas de son côté.
« C’est pas fait en cachette. J’ai toujours eu l’intention de vous en parler. Juste, de le faire quand ça me semblait être le plus adapté pour moi. Parce-que j’ai pas de comptes à vous rendre sur mon couple, Ethel. Et tu pourras en discuter avec Garrett si tu veux, parce-qu’il comprend pas non plus et m’en veux aussi. Ca vous fera un sujet de discussion sur lequel vous aurez un terrain d’entente. » Tu avais au moins eût l’espoir d’être la première à qui il en parlait, mais non, il l’avait confié à Rhett avant. Toutefois, ça ne te surprenait pas vraiment et tu étais quand même réconforté par le fait que malgré leurs conflits, il avait parlé de cet événement qui n’était pas banal à votre aîné. Et tu étais quand même légèrement soulagée de ne pas être la seule à ne pas se réjouir de la manière dont ça s’était passé. « J’ai pas à faire en sorte que ça soit le plus adapté pour vous. Et je suis heureux, alors est-ce pas suffisant pour vous ? » Bien qu’il était calme, ses mots étaient durs envers toi. Comme si tu ne voulais pas qu’il soit heureux au final. Tu essuyais un peu plus brusquement tes joues. Tu avais réussi à les arrêter. « Je passe mon temps à m’assurer que tu sois heureux Ruben alors tu peux garder cette remarque pour toi. Ce n’est pas que tu sois marié qui m’attriste, mais de ne pas avoir pu être présente, être témoin de ce bonheur, pouvoir te témoigner de mon soutien, de combien je suis heureuse pour toi que tu aies trouvé ta personne. » Tu pris le temps d’écraser ta cigarette dans ton cendrier portatif. Tu n’allais tout de même pas mettre ton mégot sur la tombe de Jackson. « C’est le rejet qui fait mal Ruben. »

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@ethel hartfield

lieu: cemetery, toowong.
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Ce n’était pas tant qu’il n’entendait pas les arguments de sa soeur - promis, il les entendait. C’était plutôt qu’à ses yeux, ces derniers n’étaient pas recevables et qu’elle tergiversait sur des points qui n’avaient pas besoin d’être discutés. Si Nina et lui avaient voulu s’unir aux yeux de la loi dans un premier temps d’une manière qui ne les regardait qu’eux, il ne comprenait pas pourquoi cela en venait à être un problème pour le reste de sa famille; ils auraient tout le temps du monde pour célébrer cette nouvelle plus tard, quand cela leur semblerait juste de le faire et pas uniquement parce-que cela l’était pour les personnes qui leur étaient proches. « Ce n’est pas que je ne suis pas contente pour vous, que vous soyiez si bien ensemble que vous avez décidé d’officialiser votre union. Au contraire. Mais je me sens seulement comme si justement, la famille n’est plus importante pour vous puisque vous êtes maintenant mari et femme. » Il se retint de lever les yeux au ciel parce-que c’était Ethel à ses côtés et non Rhett, mais l’envie était présente d’agir de la sorte. « C’est pas parce-qu’on priorise quelque-chose qu’une autre n’est plus importante, Ethel. On a agi selon ce qui nous semblait le plus juste, c’est tout, y’a pas plus à y lire. » Parce-que c’était le cas: ils avaient agi selon leur envie, pas parce-qu’ils n’accordaient plus d’importance à leur famille comme ça avait pu être le cas auparavant.

De toutes manières, qu’importait les raisons qu’il pourrait avancer, à chaque fois qu’il donnait une réponse à sa soeur il comprenait bien qu’il s’enfonçait davantage dans l’incompréhension grandissante entre eux en cet instant. Il n’y avait qu’à voir les larmes qui s’étaient mises à couler sur les joues d’Ethel, là où initialement Ben était tout de même venu lui annoncer une bonne nouvelle. « Ettie… » Il pencha sa tête sur le côté, adoucit son regard: son but n’ait jamais été d’en arriver là. « Je… Je ne comprends plus… Autant avant j’avais l’impression de te connaître par coeur, que peu importe ce qui se passait, on était ensemble, autant j’ai l’impression que je ne connais plus. Je sais qu’on vieillit mais… Je ne sais pas. Ça me fait mal de savoir que tu ne me fais plus assez confiance pour me demander d’être témoin pour ton mariage. » Il soupira quelque peu, se pinça l’arête du nez d’une main, humectant ses lèvres dans la foulée. « C’est pas une question de confiance, Ethel, c’est ce que j’essaie de t’expliquer depuis le début. » Il savait qu’elle n’allait pas être ravie de bout en bout dans cette conversation, mais il n’avait pas prévu qu’elle réagisse de cette sorte là. Il avait beau avancer tous les arguments qu’il tenait sous la main, elle n’était pas prête pour entendre le moindre de ces derniers - ils n’avançaient pas dans leur discussion. « Et je suis toujours le même, tu sais. J’ai juste décidé d’épouser ma femme dans une cérémonie privée, c’est pas la fin du monde. » Il eut un petit rire amer alors qu’il secouait sa tête de droite à gauche tout en détournant son regard; ce qui ne fut pas une idée de génie car il tomba nez-à-nez avec le nom de son frère sur la stèle face à lui et cela ne l’aidait pas à ne pas se sentir coupable - pas des agissements qu’il avait eu, mais de la façon dont il gérait cette conversation. « Je passe mon temps à m’assurer que tu sois heureux Ruben alors tu peux garder cette remarque pour toi. Ce n’est pas que tu sois marié qui m’attriste, mais de ne pas avoir pu être présente, être témoin de ce bonheur, pouvoir te témoigner de mon soutien, de combien je suis heureuse pour toi que tu aies trouvé ta personne. » Il se retint de souligner l’évidence qui n’en était une que pour lui apparemment: ils accordaient une importance bien trop importante à un événement où il n’en donnait pas autant, même s’il était le principal concerné.

« C’est le rejet qui fait mal Ruben. » - « Je vous ai pas rejeté, j’ai décidé de pas vous inclure, nuance. »

Lui qui était d’ordinaire si calme et si patient avec sa soeur commençait à manquer de ces deux éléments là. Il pesait ses mots, ne laissait pas ces derniers dépasser ses pensées ou ses émotions, parce-que ce n’était pas Rhett en face de lui et qu’il ne pouvait se permettre d’agir de la sorte avec elle. Mais ce n’était pas l’envie qui manquait de la loger à la même enseigne. A la place, il resta les yeux toisés sur Jackson Hartfield pour rester concentré sur l’objectif principal initial de cette conversation qui était d’annoncer son union à Nina à sa soeur. Inspirant longuement, il reprit la parole avec une voix bien plus posée, bien plus douce aussi. « Je vous demande pas de comprendre, Ettie, je vous demande juste de vous rappeler que j’ai pas la même vision que vous du mariage et de son importance. » Ils avaient pourtant déjà eu un million de fois cette discussion, Ruben n’ayant jamais clamé désirer se marier de si-tôt; finalement, il avait acté la chose avant Ethel et Rhett et c’était là presque un exploit. Ce n’était pas étonnant tant il tenait à son image, mais lorsque son opinion sur l’affaire était connu cela devenait surprenant.

« C’est pas parce-qu’on priorise quelque-chose qu’une autre n’est plus importante, Ethel. On a agi selon ce qui nous semblait le plus juste, c’est tout, y’a pas plus à y lire. » Probablement que tu te faisais trop de scénario, que tu tentais de trouver des réponses à des questions qui ne se posaient même pas en fait. Tu savais que ton frère ne pensait pas comme toi sur plein de point, mais tu aurais quand même pensé que Nina aurait souhaité une cérémonie avec ses proches. Encore une fois, tu constata que tu ne la connaissais pas tant que ça et tu te fis une remarque mentale que tu devais tenter de lui faire un peu plus de place dans ta vie, dans ton horaire. Bon, tu doutais bien que ce n’étais pas tellement ton horaire à toi le problème, mais plutôt le sien puisqu’il était aussi chargé que celui de ton cadet, mais tu devais essayer au moins. Lorsque tu laissas des larmes s’échapper de tes yeux, tu ressentis une certaine honte d’agir de cette manière. Tu savais que ce n’était pas le but de Ruben de te blesser et tu savais au fond de toi que ta réaction était loin d’être mature. Tu aurais aimé garder cette réaction pour toi, tu savais qu’il aurait préféré des félicitations à la place de se faire reprocher la manière dont il avait décidé de célébrer son mariage, mais la surprise t’avait fait perdre tes moyens. « C’est pas une question de confiance, Ethel, c’est ce que j’essaie de t’expliquer depuis le début. Et je suis toujours le même, tu sais. J’ai juste décidé d’épouser ma femme dans une cérémonie privée, c’est pas la fin du monde. » Pas la fin du monde, non, mais c’était quand même comme cela que tu te sentais. Tu avais de la difficulté parfois à comprendre comment tu pouvais aussi bien t’entendre avec Ruben alors que tu avais des avis aussi différents de lui sur des sujets que tu avais à coeur. Quoi que même si vous aviez des divergences d’opinion, vous arriviez toujours à discuter calmement et à écouter les arguments de l’autre. Même si pour l’instant, tu avais l’air bornée et que tu sentais que Ruben perdait tranquillement patience. « Rhett n’a pas eu la réaction désirée ? » Ta question avait été posée sur un ton doux. Toutefois, tu étais soulagée de ne pas être la seule à ne pas comprendre.
« Je vous ai pas rejeté, j’ai décidé de pas vous inclure, nuance. » Tu levas le regard vers Ruben, les sourcils froncés. Tu ne comprenais pas vraiment où était la nuance. Pour toi, il ne faisait que jouer avec les mots. Ne pas les inclure ou les rejeter, c’était pas mal la même chose pour toi. « La nuance est assez mince merci. » Tu tortillais le bas de ton chandail, ne te rendant pas vraiment compte que tu avais ces gestes nerveux. Tu vis le regard de Ruben se diriger vers la pierre tombale de votre aîné et tu fis pareil. Tu te demandais bien comment Jackson aurait réagi à ta place. Probablement beaucoup mieux que toi puisque votre aîné avait toujours eu tendance à être plus en contrôle de ses émotions. La différence d’âge avait toujours fait en sorte qu’il était la voix de la raison dans votre fratrie. « Je vous demande pas de comprendre, Ettie, je vous demande juste de vous rappeler que j’ai pas la même vision que vous du mariage et de son importance. » Tu tourna ton regard vers ton frère. Tu étais consciente que c’était probablement difficile de voir que ses proches n’étaient pas d’accord avec son mariage, enfin, pas son mariage, mais bel et bien de la manière qu’il l’avait fait. Tu t’efforças de faire apparaître un léger sourire sur ton visage. « Mon petit frère est marié… Ça ne me surprendrait pas que j'aille des cheveux blancs demain matin. » Tu étiras ton bras pour lui ébouriffer les cheveux en signe de trêve. Tu n’étais pas d’accord avec l’absence de réception pour souligner l’événement, mais tu ne voulais quand même pas qu’il pense que tu n’étais pas d’accord avec le mariage en tant que tel. « Hier encore je te maquillais et te déguisais comme je le voulais. » Et c’était plus que vrai, considérant que seulement avant les fêtes tu lui avais fait un maquillage complet de lutin avec les fausses oreilles en silicone.

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De tous, Ethel était normalement celle qui défendait le plus facilement Ruben face au reste du monde. De tous, il pensait qu’elle serait celle pouvant entendre qu’il ait fait le choix qu’il avait fait. Il se doutait qu’une partie d’elle serait vexée, qu’elle aurait besoin de l'exprimer mais que l’idée que son petit frère soit heureux à travers tout ça puisse suffire pour elle - et qu’elle finirait par entendre que ce n’était pas une mauvaise idée que Nina et lui aient agi de cette sorte. Sauf que plus la conversation avançait, plus il comprenait que le curseur de la compréhension n’irait pas très loin, et finalement aussi peu loin que cela avait été le cas pour Garrett. Avec lui, il s’était plutôt attendu à ce qu’il comprenne compte tenu des à-côtés dont il connaissait les tenants et aboutissants; l’aîné Hatfield l’avait déçu sur ce point là, mais ce n’était pas la première fois que ça arrivait, ce ne serait pas la dernière, Ruben saurait s’en remettre. Se retrouver dans ce cas de figure face à Ethel était nouveau, en revanche; il allait avoir besoin d’un peu plus de temps pour comprendre comment se positionner dans cette situation. « Rhett n’a pas eu la réaction désirée ? » Un petit rire échappa malgré lui à Ben - un rire amer, un brin sifflé entre les dents. Il aurait préféré ne pas réagir de cette sorte, voire ne pas réagir du tout, cela avait été plus fort que lui tant il commençait à peiner de devoir s’expliquer. « C'est Rhett, il a jamais la réaction désirée, comme si son but dans la vie c’était de nous décevoir. » Et bien sûr que l’amertume de son rire se ressentait dans les paroles qu’il prononçait en cet instant. C’était là la façon de réagir d’un Ruben blessé - d’un enfant n’ayant pas obtenu la réaction désirée de ceux à qui il en quémandait, et cette fois-ci la comparaison ne pourrait être plus adéquate.

« La nuance est assez mince merci. » Il soupira. « Je te l’accorde. Mais elle est importante car c’est la différence qui marque mon intention derrière tout ça. » Même si elle ne semblait pas le comprendre, l’entendre, c’était là toute l’importance de la nuance: Ruben ne désirait pas les rejeter alors qu’ils étaient déjà inclus dans ce quelque-chose, mais ne pas les inclure dès le début pour ne pas détruire le moindre espoir fondé sur des mirages. Pourtant, même en ayant tenu à agir de la sorte et en l’ayant fait, certains semblaient s’être inclus d’eux même dans un plan qui ne les regardait pas.

Après les dernières paroles de Ruben, un léger silence s’installa entre Ethel et son frère. Il aurait voulu que les choses soient aussi simples qu’il ne cessait de l’expliquer: il avait fait les choses de la façon dont cela semblait être le plus juste pour lui, pour Nina, sans prendre en compte l’avis de la population générale puisque ce n’était pas avec ce dernier qu’il devait composer pour quelque-chose de personnel. Pour une fois même: il ne s’était pas basé sur les points exacts qui étaient attendus de lui et s’était contenté d’un quelque-chose qui se rapprochait le plus de ce qu’il avait envie de faire lui. Il fallait croire que lorsque vous adoptiez le comportement idéal et attendu par la population pendant aussi longtemps que toute votre vie, la seule fois où vous deviez du chemin tracé d’avance pour vous, cela ressortait comme une offense. Il s’en remettrait, ils s’en remettraient tous; mais cela blessait Ben de les voir réagir de la sorte. « Mon petit frère est marié… Ça ne me surprendrait pas que j'aille des cheveux blancs demain matin. » Le petit frère en question n’eut pas le temps de tourner de nouveau sa tête qu’Ethel qu’elle lui ébouriffait déjà les cheveux. Si d’ordinaire, cela lui aurait tiré un rire amusé dans la foulée sans une once d’hésitation, ce ne fut pas le cas en cet instant; il vit que c’était le cas de son côté à elle, qu’elle y mettait de la bonne volonté, mais il était réellement blessé, voire même un brin vexé. « Hier encore je te maquillais et te déguisais comme je le voulais. » Faisant rouler ses lèvres les unes sur les autres, il soupira quelque peu. Il ne désirait pas finir par blesser sa sœur pour de vrai, alors il refréna les remarques portées uniquement par les émotions - mais ne se mura pas dans un silence non plus, ce n’était pas son genre de ne pas s’exprimer un minimum. « Ça fait longtemps que je suis plus un petit garçon malheureusement Ethel, je suis capable de prendre mes propres décisions maintenant. » Il glissa son regard pour qu’il accroche celui de la brune à ses côtés, une petite moue accrochée à ses lèvres soulignant qu’il était malgré tout désolé de faire remarquer ce genre de chose qui semblait pourtant évidente. « Je sais que t’es pas la seule qui aurait préféré me voir agir comme c’était attendu de votre part. Mais ça fait longtemps que je suis capable d’agir comme un grand, tu sais. » Il ne perdit pas de temps pour enchainer. « Dans la liste des personnes qui risquent d’être déçues de mon comportement, Rhett et toi êtes inscrits dessus mais je pense que les parents vont s’y trouver aussi. Et ils sont pas encore au courant. » C’était important pour lui de terminer cette page la de la discussion de cette sorte: à travers les avis de chacun, aucun d’eux n’aurait cependant à lui reprocher de ne pas avoir annoncé la nouvelle lui-même de vive voix. « Je te demande juste de garder l’information tant que je leur en ai pas parlé. S’il te plaît ? » Elle avait toutes les cartes en main pour ne pas le faire - il avait toutes les raisons de croire que son sourire n’était que de façade et qu’elle ne le pensait pas vraiment, avalant difficilement la nouvelle avec une grimace.

« C'est Rhett, il a jamais la réaction désirée, comme si son but dans la vie c’était de nous décevoir. » La réponse et le rire amer de Ruben te fit l’effet d’une douche froide lorsque tu compris qu’il allait pouvoir tenir le même discours pour toi puisque tu n’avais probablement pas eu la réaction que Ruben attendait de toi. Il ne pouvait pas dire par contre que tu avais été hypocrite avec lui, tu lui avais mentionné exactement comment tu te sentais par rapport à son mariage plus que privé. Normalement, tu aurais pris la défense de votre aîné, mais depuis votre Noël à Kilcoy, il n’avait même pas daigner t’appeler pour avoir la discussion qu’il t’avait promis, ni même envoyé un sms pour prendre de tes nouvelles. Tu n’avais donc pas le goût d’avoir de bon mot pour lui. « Le pire, c’est que je pense qu’il ne s’en rend même pas compte… » Il pouvait tellement être centré sur sa propre personne quand il le voulait… Il ne faisait pas vraiment d’effort pour les autres, pour ses proches. Sauf pour Evelyn. Tu l’avais vu faire ce qu’il pouvait, essayer de changer en mieux pour elle. Si seulement il pouvait étendre ce comportement à sa famille proche…. Tu te demandais souvent comment tes parents avaient fait pour élever des enfants aussi différent l’un de l’autre. Entre Rhett qui ne pensait qu’à lui, toi qui n’avais d’ambition que de prendre soin de ta famille et des gens qui t’entouraient et Ruben qui était ambitieux, qui ne se laissait arrêter par rien, tu avais parfois l’impression qu’ils vous avaient tous adopté.
« Je te l’accorde. Mais elle est importante car c’est la différence qui marque mon intention derrière tout ça. » Tu pris le temps d’assimiler ses paroles. Tu commençais à comprendre qu’ils n’avaient pas voulu vous blesser dans leurs décision lui et Nina, mais il n’en restait pas moins que c’était comme ça que tu te sentais. Tu ne pouvais toutefois pas continuer sur ta lancée, continuer à lui montrer ton désaccord puisque tu voyais qu’il commençait à perdre un peu la patience qu’il avait normalement avec toi et tu devais avouer que tu aurais probablement réagit encore plus fort. Tu hochas de la tête pour qu’il voit que tu tentais d’accepter, même si tu ne comprenais pas. C’est d’ailleurs dans une tentative de trêve que tu avais ébouriffé ses cheveux, que tu avais mentionnée que tu aurais bientôt des cheveux blancs, que tu n’en revenais pas que ton petit frère était maintenant marié. « Ça fait longtemps que je suis plus un petit garçon malheureusement Ethel, je suis capable de prendre mes propres décisions maintenant. » Les mots employés, son ton, te firent l’effet d’une douche froide. Tu compris que tu l’avais blessé et que tu n’arriverais probablement à rien même si tu mettais du tien pour changer d’attitude en ce moment même. « Je sais que t’es pas la seule qui aurait préféré me voir agir comme c’était attendu de votre part. Mais ça fait longtemps que je suis capable d’agir comme un grand, tu sais. » Tu remontas tes genoux, passa tes bras autour de ceux-ci. De vous deux, c’est toujours lui qui était le plus mature, qui avait eût besoin de montrer rapidement qu’il était capable de prendre ses décisions tout seul depuis un assez jeune âge. Toutefois, tu n’hésitais pas à lui rappeler quand ça t’arrangeais que tu étais la plus vieille. « T’inquiète que je le sais. Tu ne parlais pas encore que tu te mettais en colère quand on essayait de faire quelque chose à ta place. La première fois que tu as aligner deux mots un après l’autre ce fut Ben capable. » C’était souvent ta tactique quand tu sentais que vos esprits s'échauffaient : sortir de vieux souvenirs pour attendrir tes frères. Ça avait le don d’irriter Rhett, mais ça fonctionnait parfois avec Ruben. Tu avais toutefois l’impression que ce ne serait pas le cas cette après-midi-là. Même que tu y avais fait allusion avec un ton un peu déçu, n'ayant pas été capable de faire ton propre rôle d’aîné alors que tu l’avais désiré si fort. Ce dernier s’était arrêté à aider tes parents à lui donner le biberon, n’étant pas capable de lui changer les couches dût à votre petite différence d’âge.
« Dans la liste des personnes qui risquent d’être déçues de mon comportement, Rhett et toi êtes inscrits dessus mais je pense que les parents vont s’y trouver aussi. Et ils sont pas encore au courant. » Tu passas ta main dans tes cheveux, dans un geste un peu nerveux. Tu savais que tu aurais probablement à les ramasser à la petite cuillère, ta mère étant du genre à t’appeler directement après le départ de Ben pour te demander s’il était au courant de ce qu’il avait fait, si tu savais ce qu’il tramait avant qu’il le fasse. « Je te demande juste de garder l’information tant que je leur en ai pas parlé. S’il te plaît ? » Tu fis un signe positif de la tête. Tu ne voulais absolument pas lire la surprise, la déception et la tristesse dans leur regard en leur annonçant toi-même. Tu étais toutefois heureuse qu’il ne tente pas de s’échapper en demandant à quelqu’un d’autre de leur dire. Ce n’était par contre pas le genre à ton cadet. Il était capable d’assumer ses gestes. « C’est à toi de leur dire, mais je pense qu’ils auront la réaction la plus douce de la famille. Maman n’est pas capable de t’engueuler et papa ne risquera pas de se mettre maman à dos. » C’était bien connu que l’enfant préféré de leur mère était Ruben. Elle était tellement fière de lui. Tu étais convaincue qu’elle ne voudrait pas le blesser en lui disant qu’elle était triste de ne pas avoir été invitée.

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« Le pire, c’est que je pense qu’il ne s’en rend même pas compte… » Peut-être qu’il aurait du retenir le petit rire qui lui échappa à ce moment là, mais il ne sut faire autrement: c’était plutôt naïf de la part de sa soeur de penser qu’une part de Rhett ne faisait pas au moins exprès de ne pas avoir la réaction désirée lors de ce type de situation. « Je pense qu’une partie de lui sait très bien ce qu’il fait mais qu’il s’en fiche complètement. » Sinon, avec le temps il aurait pu apprendre et avoir des réactions bien plus adaptées avec ses proches; il n’y avait qu’à voir la façon dont il s’était comporté autant avec Ethel qu’avec Ruben ces derniers temps pour comprendre que c’était là un schéma qui se reportait assez facilement dans son comportement et dans ses réactions. S’il s’était attendu à ce que leur ainé n’ait pas une façon de réagir qui lui plaisait, ce n’était en revanche pas quelque-chose qu’il pensait voir chez sa soeur; si bien qu’il se devait bien sur de défendre davantage sa décision là où il pensait ne pas avoir spécialement besoin de le faire. « T’inquiète que je le sais. Tu ne parlais pas encore que tu te mettais en colère quand on essayait de faire quelque chose à ta place. La première fois que tu as aligner deux mots un après l’autre ce fut Ben capable. » Il plissa quelque peu le bout de son nez, gardant pour autant son regard rivé devant lui. Il avait à peu près notion de quoi elle parlait: il ne s’en rappelait pas mais ce n’était pas la première fois qui lui était raconté à quel point il avait toujours mis un point d’honneur à démontrer qu’il était apte à agir par lui-même. « Donc ça devrait pas être une surprise. » Qu’il ait pris une décision, qu’il s’y tienne et que cette dernière soit rattachée à une envie qui ne tienne qu’à lui. Ruben savait qu’il avait mal habitué son entourage à se plier aux attentes de ce dernier, adorant se fondre dans un moule sur bien des sujets pour attirer l’attention et l’admiration de bien des personnes. Une fois, une seule fois il choisissait de faire quelque-chose qui allait uniquement dans son sens et c’était de cette façon là qu’il était accueilli; ça ne donnait pas spécialement envie de partager davantage.

Les seules personnes qui restaient à prévenir en priorité sur sa liste étaient celles qui les liaient, Ethel et lui: leurs parents. Pour le moment, la nouvelle ne s’était pas encore répandu et il désirait aller les voir pour les prévenir de son union - alors forcément ça retardait un peu le processus. « C’est à toi de leur dire, mais je pense qu’ils auront la réaction la plus douce de la famille. Maman n’est pas capable de t’engueuler et papa ne risquera pas de se mettre maman à dos. » - « Je sais que c’est à moi de leur dire, c’est pour ça que je te demande de faire attention et de pas faire de bourde s’il te plait. » Ethel n’allait pas à l’encontre de la volonté de ses frères, d’ordinaire, mais elle avait également tendance à être très maladroite; il préférait prendre les devants. Il laissa échapper un petit soupire dans la foulée. « Et je pensais que tu serais la réaction la plus douce de la famille, et regarde comment tourne cette discussion. Alors concernant maman, maintenant je m’inquiète. » Elle était d’ordinaire effectivement incapable de lui faire le moindre reproche, et leur père n’avait pas essayé depuis bien des années d’aller à l’encontre de ses envies et de son jugement. De plus, Ruben était le préféré de sa mère et de son père à la fois, contrairement aux deux autres qui n’avaient réussi à rallier qu’un seul de leurs parents dans leur camp, d’ordinaire aucun des deux n’allait à l’encontre des paroles de leur plus jeune. Mais si même Ethel n’était pas capable de faire preuve d’ouverture d’esprit alors qu’il s’agissait de Ben face à elle… Ce dernier soupira avant de se relever dans un seul geste habile et gracieux. « Je passerai les voir l’un des weekends qui arrivent. Je te tiendrai au courant de si vous êtes remontés dans le classement des enfants préférés. » Et pour une fois, ce n’était pas avec une pointe d’humour qu’il ponctuait sa phrase de cette manière, mais avec toute la sincérité dont il disposait. Et là où il aurait embrassé Ethel sur la joue avant de faire demi-tour, Ruben se contenta cette fois-ci de garder le silence, de se balancer d’avant en arrière un instant sur ses talons d’hésitation, avant de tourner ces derniers et de sortir du cimetière.