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@SWANN CRAINE & RORY

(2017) Il y pensait depuis un certain temps déjà, à déménager. Ils y pensaient en vérité tous les deux depuis assez longtemps pour que la décision se soit finalement imposée d'elle-même, lorsque le moment leur avait semblé bien choisi pour puiser dans l'argent de ses premiers cachets pour s'installer dans un endroit où Swann et lui se sentiraient bien. C'était déjà le cas dans son dernier appartement, mais les choses n'étaient plus tout à fait les mêmes depuis que ses derniers rôles lui avaient permis d'acquérir une notoriété plus importante et avec elle, une attention elle aussi grandissante sur sa personne. Il n'avait pas signé pour ça, Rory, à l'origine. Et aussi flatteur que ce soit de mesurer jour après jour l'intérêt accru de la presse et du public, il n'était pas le seul impliqué et ne pouvait pas simplement se moquer d'être potentiellement épié et poursuivi jusqu'à sa porte d'entrée, là où n'importe qui pourrait alors s'emparer d'un cliché qui les désignerait Swann et lui comme un couple à part entière. C'est pourquoi ils s'étaient dit que puisque la situation avait évolué et qu'ils n'étaient pas plus décidés qu'auparavant à ébruiter leur relation – moins encore avec tout ce que ça impliquait désormais vis à vis de l'opinion publique – ils n'avaient rien à perdre à s'installer dans un endroit plus au calme où leur intimité serait préservée. S'installer ensemble, ils n'en avaient pas vraiment parlé en ces termes et se disaient sans doute l'un et l'autre qu'ils n'en étaient pas encore à ce stade de leur relation, pourtant c'était bien l'allure que les choses avaient prises lorsqu'ils avaient prospecté ensemble et participé l'un et l'autre aux différentes visites. Alors peut être bien que dans une partie de son esprit, quelque part, c'était déjà un peu comme s'il s'apprêtait bel et bien à emménager avec l'homme qu'il aimait.

« Je crois que c'était le dernier carton. » Et il n'était pas peu soulagé, Rory, comme en témoignait la grimace amusée qui s'étira un instant sur ses traits et le soupire qu'il poussa ensuite. Ils avaient reçu un peu d'aide pour tout déménager mais avaient tenu à terminer seuls, aussi parce que ça leur offrait l'occasion de se retrouver vraiment tous les deux, loin de la crainte qu'une personne extérieure à leur cercle proche – et aux rares personnes au courant pour leur histoire – surprenne quoi que ce soit qui lui mettrait la puce à l'oreille. Ils avaient l'habitude de se montrer discrets mais n'étaient pas à l’abri de relâcher leur vigilance et Rory savait tout ce que ça impliquerait pour Swann. Et ça, il tenait plus que tout à l'éviter. « Je sais pas encore très bien comment aménager le salon, mais j'aimais bien l'idée de placer le canapé face à la baie vitrée. » Elle était immense et offrait une vue à couper le souffle sur la ville, et c'était l'une des choses qui l'avaient fait craquer en premier lieu sur ce loft. Parce qu'il accordait une grande importance au cadre, Rory, et à l'idée d'en prendre plein les yeux dès qu'il se lèverait le matin et qu'il sortirait prendre son café sur le balcon. Il s'était projeté dès sa première visite et avait rapidement vu dans le regard de Swann que lui aussi, il s'imaginait facilement construire quelque chose dans cet endroit. A défaut d'une famille comme une part de lui en rêvait déjà secrètement, au moins un cocon où l'anglais et lui pourraient s'aimer sans crainte. « Je crois que je pourrais m'habituer à admirer le coucher de soleil sur la skyline. » Avec toi, sous-entendit le regard amoureux qu'il reposa dans le sien et parce qu'il était évident pour lui depuis le départ que ce loft ne serait pas seulement le sien, mais bien le leur. Et là encore il n'avait qu'à s'y projeter pour avoir l'absolue certitude qu'ils y seraient heureux, qu'ici ils écriraient même une toute nouvelle page de leur histoire.

S'avançant de quelques pas jusqu'à Swann, c'est tendrement qu'il enroula un bras autour de sa taille puis qu'il le rapprocha de lui, son front accolé au sien un instant. « On pourra même dîner sur le balcon aussi souvent qu'on en aura envie. Donna m'a assuré que la résidence était ultra sécurisée et que les paparazzi viendraient pas nous ennuyer, ici. » C'est son agente qui lui avait proposé cet endroit après s'être mise en quête d'une résidence au calme où quelqu'un dont la carrière avait récemment pris un tournant ne risquait pas d'être importuné chaque fois qu'il mettrait le nez dehors. D'après Donna, plusieurs personnalités publiques logeaient ici et certaines étaient bien plus renommées que lui, ce qui tendait à rassurer quelques peu Rory. Tout ce qu'il fallait, maintenant, c'est qu'il rassure Swann à son tour. « Je veux dire... je sais que ça nous dispensera pas de prendre certaines précautions pour pas être vus ensemble, mais ce sera plus facile qu'avant. » Et bien sûr qu'il éprouvait toujours un pincement au cœur inévitable quand il songeait qu'être vu à ses cotés, comme n'importe quel couple, le rendrait plus heureux que n'importe quoi d'autre si les circonstances étaient différentes. Ça n'était pas possible, pour des raisons qui n'avaient pas seulement à voir avec sa carrière mais qui touchaient surtout de près l'homme qu'il aimait et dont il avait toujours respecté les limites. Swann voulait d'une vie la plus normale possible, loin de la moindre agitation et du moindre regard curieux, et c'était aussi son rôle de lui montrer qu'ils pouvaient s'aimer sans pour autant prendre le reste du monde à témoin de cet amour. Ce n'était peut être tout à fait ce dont il rêvait étant plus jeune, quand il s'imaginait partager la vie de la personne faite pour lui, mais c'était toujours mieux que de vivre sans Swann. Alors il se satisfaisait de la situation, Rory. Parce qu'ils pouvaient au moins être ensemble entre ces murs sans que ça ne pose le moindre problème. Parce qu'ici, tout pourrait être plus simple. « Et puis tu sais, on m'offre seulement mes premiers rôles au Cinéma et ça pourrait très bien ne pas marcher. Rien ne dit que j'ai pas déjà atteint le summum de ma notoriété, et si c'est le cas ça devrait rester gérable, non ? » Il n'avait encore aucune idée de ce qui l'attendrait et d'à quel point il pouvait aujourd'hui faire fausse route quand il supposait que tout ça pourrait s'arrêter du jour au lendemain et lui retrouver peu à peu une vie plus proche de la normalité. Mais c'était sa façon de relativiser, de ne rien prendre pour acquis pour être préparé si un jour cette parenthèse devait se refermer et les rôles se faire plus rares. Il s'en remettrait, quand bien même jouer la comédie était une passion viscérale pour lui depuis maintenant des années, et ce serait d'autant plus vrai si Swann était à ses cotés tout au long du chemin. Que ça marche ou non, que sa carrière reste au beau fixe ou s’essouffle, ce serait toujours ça le plus important : l'avoir, lui, même sans aucune certitude là non plus qu'ils pourraient un jour s'aimer autrement que cachés.

Même alors qu’ils viennent de faire des dizaines d’allers-retours avec les cartons, ce n’est que maintenant que Swann se sent bien. Son souffle est court et il a sûrement les joues aussi rouges que brûlantes, mais il se sent bien parce qu’il sait qu’ils sont enfin chez Rory et qu’ici, dans ce nouveau chez lui, ils y sont surtout en sécurité. Outre le luxe simple et la beauté de l’endroit, il représente aussi un environnement sécurisant, où la hauteur de l’immeuble est un premier rempart contre les nombreux curieux. « Je crois que c'était le dernier carton. » Ils sont aussi épuisés l’un que l’autre, le constat est évident. Malgré tout, Swann ne peut s’empêcher d’ajouter un rire à cette conclusion. Une page se tourne réellement, maintenant. Rory n’a pas seulement le bail de cet appartement, il en a aussi les clés et il l’a pleinement investi. « T’en es sûr, ou y’a possiblement un carton abandonné tout seul dans un boxe ? » Il demande avec humour, lui qui connaît pourtant bien assez Rory pour le savoir minutieux, et pas du genre à parler dans le vent. Ce carton est le dernier, et ils ont bien mérité une pause.

Pourtant, Swann connaît assez bien Rory justement pour savoir que le qualificatif de “pause” lui est plutôt étranger, et l’australien le lui prouve bien en passant d’un sujet à un autre. « Je sais pas encore très bien comment aménager le salon, mais j'aimais bien l'idée de placer le canapé face à la baie vitrée. » Son regard - déjà trop amoureux pour le peu de temps depuis lequel il connaît Rory - peine à quitter le profil du brun, et il ne le fait finalement qu’au profit d’une baie vitrée dont ils ont déjà pu admirer la vue une fois. Il sait ce dont Rory parle ; il était présent, et ils ont ensemble discuté de leur amour commun pour cette dernière. Brisbane est minuscule, lointain. Brisbane, et tous ceux qui la composent, ne peuvent pas les atteindre depuis tout en bas. « Je pense que ça serait une bonne idée. » Il répond simplement, un brin songeur. Rory pourrait profiter d’un doux spectacle après de longues journées de travail, qu’il rentre tard le soir ou au petit matin. Il aurait toujours le même ciel à contempler, avec toutes ses nuances de couleurs différentes. « Je crois que je pourrais m'habituer à admirer le coucher de soleil sur la skyline. » Sans doute parce qu’il n’en a pas encore pleinement l’habitude, il se pince la lèvre inférieure lorsqu’il se rend compte du regard empli d’amour que le jeune acteur pose sur lui. « Je crois que tu devrais t’y habituer. Tu l’as mérité. » Il ne dira pas qu’il est chanceux, pas alors que cet appartement est le résultat de beaucoup de travail de sa part: rien ne résulte d’une quelconque chance. Il a mérité tout ce qui lui arrive, et il a mérité de boire son café tous les matins face à la skyline de Brisbane si tel est ce qu’il désire. Et quelques fois, quelques jours ici et là, Swann observera le même spectacle à ses côtés, lui qui s’imagine déjà embrasser les muscles de son dos dénudé.

En réalité, c’est plutôt Rory qui réduit le premier la distance entre eux, le regard du blond toujours aussi tendrement posé sur la ville alors qu’il tente de retenir chaque détail du spectacle. Sa main libre trouve naturellement les doigts de celle de son petit-ami alors qu’ils rapprochent doucement leurs visages, jusqu’à coller leurs fronts l’un à l’autre. « On pourra même dîner sur le balcon aussi souvent qu'on en aura envie. Donna m'a assuré que la résidence était ultra sécurisée et que les paparazzi viendraient pas nous ennuyer, ici. » Dans un soupir soulagé, Swann hoche la tête. Il n’a aucune raison de remettre en doute la parole de Donna, et il sait ce qu’elle dit autant que ce qu’elle fait. Si elle annonce que la résidence est sécurisée, alors tel est le cas, parce qu’elle tient à Rory presque autant que c’est déjà le cas de Swann. Les immeubles adjacents sont trop éloignés pour avoir un point de vue clair sur leur balcon (le balcon de Rory) ; il s’en est déjà assuré par lui-même. Et depuis la rue, ce n’est même pas la peine d’essayer, évidemment. « Je veux dire... je sais que ça nous dispensera pas de prendre certaines précautions pour pas être vus ensemble, mais ce sera plus facile qu'avant. » Cela sera plus facile qu’avant tant qu’ils restent dans le loft. Le lieu est plus grand, plus lumineux, mais il n’en reste pas moins le seul endroit où ils ont le droit d’exister. Swann ne compte pas s’afficher en public avec lui, pas même une fois la porte d’entrée passée, et il n’en a jamais fait un secret envers Rory. Il a toujours été transparent sur ses limites, lesquelles prennent malheureusement le pas sur bien des choses et l’empêchent de se sentir pleinement à l’aise, ou même lui-même. Mais petit à petit, auprès de Rory, tout va mieux. « Tu seras mieux ici. C’est le plus important. » Et Swann est heureux pour lui, c’est aussi le plus important. Rory n’a pas à s’en faire pour eux, ou même pour Swann. Il doit penser à lui d’abord, à sa carrière, à la récompense qu’il mérite pour tout avoir mené de front. Il doit penser à ce qui le rend heureux, lui, parce qu’en retour Swann peine à croire que quoi que ce soit sera plus simple pour eux. Et ce, où qu’ils soient. Leur couple représente une variable bien plus qu’une constante et il est le premier profondément attristé par cette réalisation. « Et puis tu sais, on m'offre seulement mes premiers rôles au Cinéma et ça pourrait très bien ne pas marcher. Rien ne dit que j'ai pas déjà atteint le summum de ma notoriété, et si c'est le cas ça devrait rester gérable, non ? » Comme s’il était chez le dentiste lui ayant demandé de serrer la mâchoire, il s’exécute avec une force sans retenue. Ses yeux se ferment et, plutôt que de soupirer une fois de plus, il prend au contraire une longue inspiration. Ses doigts, toujours enroulés à ceux de Rory, les pressent davantage. « Non… » Il souffle, bien malgré lui. C’est à peine gérable en l’état actuel des choses alors que la popularité de Rory n’en est qu’à ses balbutiements: ce n’est pas tant ça le problème, ce sont tous les obstacles qui existent avant même qu’il soit question d’être auprès d’une personnalité publique. Être vu auprès d’un homme consiste déjà en un bien assez immense problème pour qu’il ait le temps de craindre la suite. « J’ai envie que tu réussisses, Rory. Je te souhaiterai jamais le contraire. » Sa main lâche la sienne uniquement pour que les deux entourent doucement son visage: jamais il ne lui souhaitera d’échouer, même si ça pouvait améliorer un brin son anxiété. Il veut le meilleur et uniquement le meilleur pour l’homme qu’il aime, sans penser aux conséquences pour sa propre personne. « Mais moi… Je pense pas qu’un jour je serai capable de… J’espère, évidemment, mais je veux pas… Construis pas ta vie sur des et si, ok ? » S’il a des opportunités, il doit les saisir. S’il peut, alors il doit foncer, sans se soucier de trop de Swann qui, il le sait déjà, sera toujours à la traîne.

Sa tête se recule doucement de la sienne, simplement pour se gratifier d’une meilleure vue des traits de Rory. De ses mains jusque là immobiles se détachent ses deux pouces, lesquels caressent doucement les traits de ses joues et le dessous de ses yeux marqués par une certaine fatigue. « Je t’aime et ça c’est pas un et si. » Même s’ils ne sont ensemble que depuis quelques mois, c’est une certitude qu’il a déjà partagée avec lui. « Et je suis reconnaissant que tu te sois assuré auprès de Donna que ça serait un bon endroit, ici. » Bien plus à cause des insécurités que Swann que du réel besoin de protection de Rory ; ça, il en est bien conscient. « Mais planifie pas ton avenir selon moi, d’accord ? T’as pas atteint le summum de ta notoriété, t’en es loin, et je veux plus t’entendre dire que c’est peut-être une bonne chose. » Parce que ça le serait pour eux, d’une certaine manière, et Swann ne peut pas totalement le nier. Cependant, il ne peut pas et il ne veut pas être le boulet à sa cheville qui l’empêche de réaliser ses rêves. Le monde lui tend les bras et il veut être son moteur dans tous ses projets. Son moteur et rien d’autre, en sa qualité d’ami. Ce qu’il en est une fois les rideaux baissés et la porte fermée à double tours, cela ne regarde qu’eux.

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« T’en es sûr, ou y’a possiblement un carton abandonné tout seul dans un boxe ? »
« Je sais que j'ai parfois pu être un peu tête en l'air, mais cette fois c'est différent. Promis. »

Et l'une des raisons pour lesquelles il avait à peine hésité au moment de choisir de jeter son dévolu sur ce loft, c'est parce qu'il n'avait eu besoin que de s'y rendre une ou deux fois pour s'y sentir déjà comme chez lui. Alors oui, il avait hâte d'observer les couchers de soleil sur la ville, mais ce dont il se languissait le plus c'était d'avoir ici l'opportunité de vivre avec Swann une vie de couple aussi ordinaire qu'il l'avait au fond de lui toujours voulu. « Je crois que tu devrais t’y habituer. Tu l’as mérité. » - « On l'a mérité. » Il le reprit doucement, à présent suffisamment proche de lui pour que le bout de son nez vienne effleurer le sien et pour que ses bras initient une étreinte, juste suffisante pour lui donner l'impression que tout pourrait bientôt être aussi simple que ce moment, entre ces murs. « Et tu sais, c'est assez étrange au fond. Parce que quand je m'imaginais m'installer quelque part, c'est dans une maison au bord de l'eau que je me voyais emménager. Pas dans un loft avec vue sur les gratte-ciels. » Il aimait cette vue, Rory, mais c'est le cadre du bord de l'eau qui l'avait toujours attiré plus que n'importe quoi d'autre, si bien qu'il s'était toujours dit qu'un jour, c'est dans cet environnement qu'il viendrait à s'installer pour de bon. C'était une évidence depuis toujours, mais tous les rêves n'étaient pas faits pour se réaliser et celui-ci ne lui causerait pas forcément de regrets. « Mais je pense que c'est mieux comme ça. Je crois qu'à l'heure d'aujourd'hui j'ai plus besoin d'un service de sécurité renforcé que d'une maison avec vue sur la plage, non ? » Il s'amusa, espérant sans doute détendre l'atmosphère. Après tout, ils seraient vraiment bien ici. Ils auraient l'intimité dont ils avaient besoin et l'assurance que personne ne viendrait les y trouver. Donna était du même avis, et il s'en remettait toujours à elle.

Bien sûr, ce loft ne ferait pas de miracles le reste du temps, lorsque Swann et lui seraient bien forcés d'en sortir pour affronter l'extérieur et prendre à nouveau le risque qu'un paparazzi prenne un cliché qui en dirait un peu trop sur la nature véritable de leur relation. Il restait conscient de tout ça, Rory, quand bien même ça le frustrait et le désolait au plus haut point de ne pas pouvoir faire plus. De ne pouvoir protéger Swann qu'entre ces murs, où il avait au moins l'assurance que personne ne viendrait les trouver. « Tu seras mieux ici. C’est le plus important. » Et ça lui serrait le cœur de voir que dans son regard, l'anglais ne semblait pas véritablement croire que les choses seraient plus simples dorénavant. Qu'il leur serait au moins un peu moins difficile de se retrouver en toute intimité, dans ce lieu mieux gardé que son ancien appartement et dont personne d'extérieur ne pourrait s'approcher à moins d'avoir reçu une invitation. Sans doute qu'il se disait qu'au fond, ça restait bien insuffisant, et Rory ne pourrait même pas lui en vouloir. Pas quand il avait toujours été parfaitement clair sur ce qu'il se savait incapable d'assumer publiquement tout autant que sur ses limites. Et l'acteur savait bien qu'au fond, tout ce qu'il pourrait dire pour tenter de le rassurer et d'apaiser ses craintes serait bien insuffisant. « Non… J’ai envie que tu réussisses, Rory. Je te souhaiterai jamais le contraire. » Son regard reposant tendrement dans le sien, Rory sentit ses lèvres s'étirer tout doucement lorsque Swann déposa ses mains de part et d'autre de son visage. « Je le sais, Swann. » Et jamais il n'aurait dans l'idée d'en douter, pas alors que Swann avait toujours été un soutien infaillible pour lui et pour sa carrière, toujours prêt à le soutenir dans sa conquête de nouveaux projets et même à lui faire répéter ses scripts entre deux auditions. « Mais moi… Je pense pas qu’un jour je serai capable de… J’espère, évidemment, mais je veux pas… Construis pas ta vie sur des et si, ok ? » Ses yeux s'attristèrent cette fois sans qu'il ne puisse l'empêcher, probablement parce qu'il prenait plus que jamais conscience d'à quel point Swann devait se battre contre lui-même et contre les peurs qui le rongeaient. Des peurs que Rory ne lui avait jamais reproché, peu importe à quel point il voudrait certains jours simplement que ses doigts puissent attraper les siens en pleine rue, sans avoir à se soucier du regard des autres. « Je t’aime et ça c’est pas un et si. » Et tout au fond de lui, c'était tout ce qu'il avait besoin d'entendre pour se sentir déjà mieux, à défaut de sentir son cœur s'alléger complètement. « Je t'aime aussi. » Il souffla doucement, parce que ça ne faisait pas le moindre doute là non plus. « Et je t'interdis de te sentir coupable de quoi que ce soit. Parce que moi, je te reproche rien. » Ils en avaient souvent discuté ensemble, et jamais Rory ne lui avait tenu rigueur de ne pas être prêt à assumer cette relation et à vivre la même vie que tous les autres couples. C'était son plus grand rêve, pourtant, de pouvoir simplement prétendre à cette normalité auprès de Swann. Mais pour lui, il y a des idéaux qu'il était prêt à mettre de coté tous les jours. « Et je suis reconnaissant que tu te sois assuré auprès de Donna que ça serait un bon endroit, ici. » Ils savaient tous les deux que c'était la première chose dont il s'était assuré au moment de chercher un nouvel endroit où vivre, pour des raisons évidentes.« Je t'aurais jamais proposé de m'y rejoindre si j'avais eu un seul doute sur le fait que cet endroit nous protégerait de l'extérieur. » Et il espérait qu'à défaut d'offrir une solution à tout, ça aiderait au moins Swann à se sentir un tant soit peu à l'abri.

« Mais planifie pas ton avenir selon moi, d’accord ? T’as pas atteint le summum de ta notoriété, t’en es loin, et je veux plus t’entendre dire que c’est peut-être une bonne chose. » C'était peut être un brin naïf de sa part de croire qu'il pourrait un jour potentiellement toucher à nouveau l'anonymat du doigt, ou une vie beaucoup plus tranquille du moins, si les rôles venaient à se faire plus rares ou ne rencontraient plus le succès. Pourtant une part de lui se demandait parfois à quel moment sa carrière avait pris cette trajectoire qu'il n'avait pas nécessairement prévu quand il avait commencé. A l'époque où tout ce qui lui importait, c'était de vivre de sa passion et de se voir offrir au moins une réplique sur le prochain film qu'il décrocherait. Ce n'est vraiment qu'aujourd'hui, alors que cet endroit symbolisait en quelques sortes sa réussite, qu'il réalisait le chemin qu'il avait parcouru. « Tout ce que je veux dire, c'est qu'on peut pas savoir de quoi demain sera fait et que si je devais jamais être autre chose que celui qui a connu quelques succès mais qui a jamais crevé l'écran, et qu'on est déjà heureux d'apercevoir dans des téléfilms l'après-midi, alors je serai quand même fier de ce que j'ai accompli. » On lui dirait sans doute qu'il aurait pu prétendre à mieux, qu'il débordait de talent et avait sa place à l'affiche des plus prestigieuses productions. Mais lui, il serait déjà fier. « Parce qu'au milieu de tout ça, il y aura toujours nous et que ça, ça bougera pas. » Et ça, qu'il continue à rafler des prix au gré de ses projets ou qu'il rejoigne ceux qu'on avait voulu consacrer trop vite et qui s'y étaient brûlés les ailes. « Je suis pas entrain de renoncer à mes rêves pour nous permettre de vivre une vie plus tranquille, c'est juste ma manière de te dire que rien n'importera jamais plus à mes yeux que d'avoir la moindre chance de te préserver de tout ça. » Il faisait ce qu'il pouvait aujourd'hui pour le tenir le plus à distance possible de cette exposition permanente pour laquelle Swann n'avait jamais signé. Il semait les paparazzi quand Swann risquait d'être aperçu à ses cotés et faisait le reste du temps en sortes de ne le présenter que comme un ami. Il missionnait ses équipes de garder un œil constant sur les rumeurs qui pouvaient voir le jour. Il ne laissait rien au hasard, pour lui. « Je sais que tout ça te terrifie, Swann. Et je sais aussi qu'il doit pas y avoir un seul jour sans que tu te dises à toi-même que tout aurait été bien plus simple si t'étais pas tombé amoureux d'un acteur. » Son regard raccrocha le sien avec un peu plus de difficulté cette fois, cette réalité-ci se voulant forcément difficile à formuler. Au point que son cœur se serre d'y penser. Il ne pourrait pas lui en vouloir, pourtant. Parce qu'il n'aurait pas à prendre toutes ces précautions si l'acteur n'avait pas constamment des paparazzi aux trousses et sa photo en couverture des magazines. « Je sais que ce boulot nous complique la vie. Et je suis vraiment désolé de te l'imposer. » Des excuses, il lui en avait déjà présenté avant ça et pour la même raison, chaque fois qu'il avait été rattrapé par la culpabilité de placer Swann dans cette situation alors que tout serait beaucoup plus simple, s'il n'avait pas à composer avec ce qu'impliquait sa notoriété. S'il n'était pas en couple avec une personnalité publique, sa vie privée le resterait sans risquer d'être étalée dans la presse et pour ça, Rory se demandait certains jours si leur rencontre ne s'était pas accompagnée d'une malédiction pour Swann ; une malédiction qu'il était pourtant incapable de lever en sortant volontairement de sa vie. Il s'en savait incapable, Rory. « Au tout début, quand j'ai mis Wendy dans la confidence en lui faisant promettre de garder le secret, elle m'avait suggéré de m'afficher avec une jeune femme que je ferais passer pour ma petite-amie. Quelqu'un qui aurait autant à gagner que moi à brouiller les pistes sur sa vie amoureuse et avec qui je pourrais détourner l'attention des médias. » C'était la première fois qu'il confiait cette partie à Swann, sans doute parce que ça n'avait pas été une discussion des plus simples déjà à l'époque, quand bien même sa petite sœur voulait profondément bien faire et les aider. « Mais j'ai pas envie d'avoir à faire ce genre de choses. » Même pour acheter leur tranquillité, et pour une fois ça n'était pas seulement parce qu'il avait toujours placé l'honnêteté la plus pure au-dessus de tout.

« Et tu sais, c'est assez étrange au fond. Parce que quand je m'imaginais m'installer quelque part, c'est dans une maison au bord de l'eau que je me voyais emménager. Pas dans un loft avec vue sur les gratte-ciels. » Il sait, oui. Il sait que Rory est bien plus du genre à apprécier la quiétude en dehors des villes et les grands horizons à perte de vue. Il aime la faune, la flore. Il aime l’imprévisibilité de l’eau que chacun pense pouvoir dompter quand sur une planche (ou chaque australien, du moins, parce que Swann était loin de penser la même chose à Londres). Ce que Swann espère, c’est qu’il n’a pas pris ce loft en plein centre-ville uniquement pour suivre le chemin tracé par les autres ayant réussi avant lui, ceux qui travaillent sans compter les heures pour se permettre de recevoir des paies à larges montants. Ou tout du moins, même s’il l’a fait pour ces raisons, il espère surtout qu’il y trouve assez son compte, ce qui se veut synonyme de bonheur. « Mais je pense que c'est mieux comme ça. Je crois qu'à l'heure d'aujourd'hui j'ai plus besoin d'un service de sécurité renforcé que d'une maison avec vue sur la plage, non ? » Swann sourit, encore parfois étonné du montant qu’a pris sa vie depuis que Rory et lui se sont avoués leurs sentiments. Il n’y a pas si longtemps encore, il le voyait comme un ami et vantait ses mérites à tout va. Aujourd’hui, il tente de se faire plus discret sur son compte et sur sa réussite, notamment parce qu’il est conscient de son éternelle incapacité à refréner son sourire dès qu’il est question d’aborder le sujet de l’acteur. « D’ici pas si longtemps tu pourras t’offrir d’avoir deux maisons, non ? » C’est un défi, c’est un constat. C’est tout et rien à la fois, mais c’est surtout une tentative de voir le bon côté des choses: viendra le moment où il pourra avoir la sécurité et le bonheur en même temps. Swann veut le croire. « Choisis en une pas trop loin des spots de surf. » Il rajoute avec le même sourire assuré, lui faisant ainsi comprendre qu’il sera toujours derrière lui dans toutes les grandes décisions de sa vie.

Lorsqu’il défait son étreinte près de Rory, ce n’est que pour poser ses deux mains contre son visage et lui assurer son éternel soutien au sujet de sa carrière et de ses rêves. Il veut son bonheur, et c’est justement pour cette raison qu’il lui demande plus que jamais de ne pas l’impliquer dans ses plans d’avenir tant il craint de ne jamais être capable de s’afficher publiquement à ses côtés. Ce soir encore, il a eu pour réflexe d’observer à travers la baie vitrée avant d’accepter de se rapprocher de Rory, sans même qu’il soit encore question de l’embrasser. Swann est désolé de faire naître une éternelle tristesse dans son regard lorsqu’ils abordent le sujet mais il l’avait prévenu, il jure qu’il l’avait prévenu et qu’il n’a jamais su lui cacher la peur qui le ronge de l’intérieur dès lors qu’il est question de parler de leur couple autrement que dans leur parfaite bulle sécurisée. « Je t'aime aussi. » Le blond hoche la tête après que ces mots aient fait écho aux siens. Leurs sentiments n’ont jamais été remis en cause, dans aucune de leurs discussions. « Et je t'interdis de te sentir coupable de quoi que ce soit. Parce que moi, je te reproche rien. » Mais son cerveau fait le travail pour deux, leur empêchant toute apparition publique ou même mention de leur couple. Leurs amis n’en savent rien, leurs familles non plus à la seule et simple exception de Wendy. Et même si elle est la seule personne au courant dans le monde tout entier, Swann nourrit déjà l’impression que c’est trop et que leur secret risque de fuiter, tout en sachant pourtant que la petite sœur de son petit-ami ne dirait jamais rien à qui que ce soit. « Je t'aurais jamais proposé de m'y rejoindre si j'avais eu un seul doute sur le fait que cet endroit nous protégerait de l'extérieur. » La formulation lui tire un sourire, bien qu’un peu triste. « Ils en font pas pour la vie de tous les jours des endroits comme ça ? » Il aimerait tant se sentir protégé de l’extérieur. Il aimerait tant que ce sentiment puisse l’irradier lorsqu’il est en compagnie de Rory. Plongé dans une certaine tristesse qu’il refuse de laisser s’étendre, il passe son bras contre le dos de l’acteur et raccroche sa main contre ses côtes flottantes. Son visage s’enfouie un instant contre son cou, endroit où il se sent le plus à sa place que jamais. « J’avais hâte qu’on soit juste tous les deux. » Comme toujours, ce sont les moments qu’il préfère et ce sont ceux qu’il cherche à provoquer aussi souvent que possible et raisonnable. « Parce qu'au milieu de tout ça, il y aura toujours nous et que ça, ça bougera pas. » C’est ce qu’il veut croire aussi. Il n’imagine pas un monde dans lequel ils ne seraient plus ensemble, et ce même alors que Rory n’est pas dans sa vie depuis longtemps. Il est la raison pour laquelle il est resté en Australie, il est la personne lui ayant fait découvrir ce qu’est l’amour et ce qu’est d’être aimé. « Ca bougera pas, non. » Il le répète, il le lui assure.

« Je suis pas entrain de renoncer à mes rêves pour nous permettre de vivre une vie plus tranquille, c'est juste ma manière de te dire que rien n'importera jamais plus à mes yeux que d'avoir la moindre chance de te préserver de tout ça. » Il se redresse doucement et laisse une maigre distance entre lui et son petit-ami, laquelle il troque contre une de ses mains qu’il loge dans la sienne. Il a un grand avenir devant lui, l’anglais en est certain et il s’est déjà juré qu’il sera le moteur de Rory dans ses projets: il le poussera à passer des screen test, il le poussera à voyager, il le poussera à faire ce qu’il aime. Parce qu’il sera aussi celui qui lui demandera toujours de ne pas parler de leur couple, sous aucun prétexte, c’est le moins qu’il puisse faire pour lui en retour, sans pourtant être sûr que ses efforts suffisent à éponger ce qu’il lui demande. « Je suis là, je suis préservé. » Et puisque tel est le cas - plus ou moins -, Swann continuera toujours à le pousser à donner le meilleur de lui-même. « Je sais que tout ça te terrifie, Swann. Et je sais aussi qu'il doit pas y avoir un seul jour sans que tu te dises à toi-même que tout aurait été bien plus simple si t'étais pas tombé amoureux d'un acteur. » Rory cherche son regard mais Swann n’a pas le courage de s’y accrocher. Il se concentre plutôt sur son pouce qui caresse la phalange d’un des doigts de Rory, un geste mécanique qui lui donne l’impression de le rassurer à son tour. Pourtant, il a visé juste en disant que cette situation terrifie Swann, malgré tous ses efforts pour tenter de passer au-delà de ses craintes et des limites qu’il s’impose seul. Et si le seul problème dans leur histoire était le métier de Rory, il jure que ce serait un bien beau monde. « Hey, je te promets que t’as pas envie de te mettre dans ma tête. » Et il ne veut pas qu’il le fasse, surtout, parce qu’il n’y aurait rien de bon à en tirer autre que l’amour sincère et évident qu’il lui porte. « Joue pas à ça, s’il te plaît. » La demande est sincère: il ne veut pas qu’il se mine le moral en imaginant ce que Swann peut ressentir. Tout n’est que noirceur et désordre autour d’eux mais ce n’est pas la faute de Rory, cela ne sera jamais sa faute, et cela peut d’autant moins l’être qu’il est la première personne en ce monde capable de leur rendre heureux. « Je sais que ce boulot nous complique la vie. Et je suis vraiment désolé de te l'imposer. » - « Tu m’imposes rien. » Et il ne veut pas de ses excuses, qu’il rejette en balançant lentement sa tête de droite à gauche. « C’était pas une surprise, ton boulot. Ça m'a jamais empêché de t’aimer. » Aujourd’hui encore, cela ne le fait pas remettre en question ses sentiments une seule seconde. Ce n’est pas un quotidien aisé, mais son travail n’est pas le seul obstacle, et le fait même qu’il soit un homme est immuable alors du reste, jamais Swann ne lui demanderait de changer ce qui ne suffirait de toute façon pas à retirer tout le poids de ses épaules.

Même s’il s’apprêtait à changer de sujet, les mots suivants de Rory le poussent à remettre cette idée à plus tard. « Au tout début, quand j'ai mis Wendy dans la confidence en lui faisant promettre de garder le secret, elle m'avait suggéré de m'afficher avec une jeune femme que je ferais passer pour ma petite-amie. Quelqu'un qui aurait autant à gagner que moi à brouiller les pistes sur sa vie amoureuse et avec qui je pourrais détourner l'attention des médias. » Maintenant plus que jamais, ses prunelles accrochent celles de Rory, dont les nuances l’ont sûrement fait tomber amoureux de lui en même temps que son sourire. Désormais, ses mots le surprenant et le calme avec lequel Rory les lui partage n’arrange sans doute rien à sa surprise, paradoxalement. « Elle m’en a jamais parlé. » Il confesse des mots dont Rory est sans doute déjà au courant: si elle lui en avait parlé à son tour aussi, Wendy l’aurait dit à son frère. « Mais j'ai pas envie d'avoir à faire ce genre de choses. » Swann fait à nouveau quelques pas en arrière, lâchant cette fois-ci complètement tout contact avec son petit-ami. Il n’est pas vexé, il n’est pas en colère, mais il a besoin d’un brin d’espace pour y réfléchir. « Tu devrais peut-être pas repousser l’idée aussi vite. » Il déteste ce qu’il est en train de lui dire, évidemment, mais il pense aussi que Wendy a pesé ses mots avant de les partager et qu’elle comprend ce qu’un tel stratagème implique. En tant que personne cachée du tableau principal, Swann le comprend aussi. « Si la personne connaît le stratagème aussi, si c’est ok entre vous, je veux dire… » Si la morale ne se met pas en travers de cette idée, alors Swann ne le fait pas non plus. Bien sûr, il n’a aucune hâte de voir son petit-ami s’afficher au bras d’une autre et mimer l’aimer face aux caméras et journalistes mais si cela peut préserver sa carrière autant que leur couple, et en faire de même pour l’autre personne, alors l’idée mérite au moins qu’ils se penchent dessus. « Je sais pas, Rory. Je veux pas que tu fasses quelque chose que t’as pas envie de faire. » Mais une idée du genre pourrait l’aider un peu. C’est ce qu’il pense, du moins, même s’il refuse d’envisager l’idée si elle met son petit-ami mal à l’aise. Ils trouveront un moyen de s’en sortir, et si ce n’est pas avec l’idée de Wendy alors il en sera autrement.

(c) harley & evanpeters

they don't know I've waited all my life just
to find a love that feels this right.

@SWANN CRAINE & RORY

« D’ici pas si longtemps tu pourras t’offrir d’avoir deux maisons, non ? » L'idée tira à Rory un petit rire spontané, probablement parce qu'il ne s'était jamais tellement imaginé lui-même investir dans deux maisons distinctes, alors même qu'il était conscient d'avoir eu la chance de grandir dans un milieu favorisé et de n'avoir jamais manqué de rien, avant même que sa carrière ne décolle réellement. C'était aussi pour cette raison qu'il lui tenait tant à cœur de réussir par lui-même. « Je suppose oui, enfin... je sais pas vraiment ce que je ferais de deux maisons, tu sais. » Il avoua sur le ton de la confidence, amusé que Swann semble juger l'idée plausible et pas complètement déraisonnable pour sa part. « Sauf si l'une d'entre elles est à l'étranger, peut être. Ça pourrait être agréable d'avoir un pied-à-terre quelque part hors d'ici, ne serait-ce que pour se retrouver vraiment au calme de temps en temps. » Et par là, bien sûr qu'il sous-entendait avec lui, juste tous les deux, histoire de mettre encore plus de distance entre cette agitation et eux. Tout ne serait pas forcément plus facile à l'étranger, mais il était essentiellement connu à l'échelle nationale et doutait de déchaîner les foules s'ils s'aventurait hors des frontières de l'Australie. « Choisis en une pas trop loin des spots de surf. » Et c'était peut être bien la seule certitude qu'il avait besoin d'avoir au milieu de tout ça : que Swann serait à ses cotés pour profiter de cet endroit ou de n'importe quel autre, aujourd'hui comme à l'avenir. « Je vais finir par croire que c'était vraiment le destin pour toi de venir vivre en Australie, tu sais. » Il le taquina bien volontiers, s'amusant toujours de son attrait assumé pour le surf alors même qu'on ne pouvait pas tellement dire que son Angleterre natale faisait un spot de choix pour ce type d'activité. Qu'il soit tombé amoureux de ce sport ne le surprenait pourtant pas : Swann avait toujours aimé les défis. Il ne serait sans doute pas en couple avec lui aujourd'hui si ça n'était pas le cas. « Ils en font pas pour la vie de tous les jours des endroits comme ça ? » - « J'aimerais tellement que ce soit aussi simple. » Il confia dans un souffle, espérant qu'au milieu de tout ça Swann était au moins conscient de ses efforts pour leur simplifier les choses au maximum, à défaut de pouvoir régler tous leurs problèmes en une seule fois. Il le voudrait pourtant, ça aussi. « J’avais hâte qu’on soit juste tous les deux. » Et souriant contre la peau de Swann, venu enfouir son visage dans le creux de son cou, Rory en profita pour resserrer son étreinte autour de lui. « Moi aussi, j'avais hâte. » Hâte de pouvoir s'isoler dans cette bulle rien qu'avec lui, hâte aussi de pouvoir oublier l'extérieur pendant quelques heures. Rory ne serait là pour personne, aujourd'hui, le temps que Swann et lui s'habituent à ce nouvel environnement et en profitent surtout comme il se doit. « Ça bougera pas, non. » Et s'il avait encore le moindre besoin d'être rassuré sur la force des sentiments qui les unissaient, sans doute que ce ne serait déjà plus le cas après ces quelques mots. Mais il ne doutait pas, Rory, ou seulement de mériter un homme aussi tendre et aimant que l'anglais.

Il ne pensait pas à mal, en évoquant son souhait de préserver son petit-ami de l'attention accaparante des médias et de ce tourbillon médiatique que Swann ne méritait pas d'endurer à cause de lui. Il partageait sa vie, ça ne voulait pas dire qu'il avait à supporter de voir sa vie privée réduite aux moments que l'anglais et lui partageraient entre ces murs, quand bien même cet endroit leur offrirait au moins un refuge contre l'extérieur. « Hey, je te promets que t’as pas envie de te mettre dans ma tête. » Ces mots le troublèrent sans doute bien plus qu'il ne l'aurait cru, simplement parce que Swann se confiait très peu sur la façon dont il pouvait précisément vivre les choses et que même si l'australien avait intercepté certains signes depuis le début de leur relation, il avait toujours évité de mettre le sujet sur la table sans que Swann ne l'y autorise. « Joue pas à ça, s’il te plaît. » Il y a longtemps qu'il pressentait que Swann se débattait avec ses propres démons, et même sans avoir encore aujourd'hui toutes les réponses, c'est aussi pour ça qu'il craignait tant de l'exposer à une attention qu'il ne saurait peut être pas gérer beaucoup mieux que lui. Parce que tout le monde avait beau lui dire qu'il s'en sortait comme un chef, donnant l'impression d'être prédestiné à cette vie, la vérité c'est que tout ça avait souvent le don de le paralyser sur place, Rory, lui faisant presque regretter l'époque où tout était plus simple et où sa vie privée n'intéressait pas autant les tabloïds. Et il était plus ou moins préparé à tout ça, il l'avait même choisi d'une certaine façon. Mais ça n'était pas le cas de Swann. « Est-ce que je devrais m'inquiéter que tu dises ça ? » Il demanda alors, presque à voix basse, presque comme si quelqu'un d'extérieur avait la moindre chance de pouvoir les entendre. Il ne voulait pas l'obliger à ouvrir cette porte si Swann n'en avait pas envie, qu'il ne s'y sentait pas prêt ou qu'il voulait tout simplement remettre ces discussion-là à plus tard. Il ne le forcerait jamais à s'ouvrir à lui complètement, respectant la pudeur qui était la sienne. « Je veux que tu puisses te confier à moi. J'espère que tu sais que je serai toujours là pour écouter si tu as quoi que ce soit sur le cœur. » Et là encore, ça n'était pas une manière de l'inciter à se confier plus précisément, simplement sa façon de lui faire comprendre qu'il serait toujours disposé à l'écouter, ou à ne pas le faire s'il ne voulait rien en dire de plus. « Tu m’imposes rien. » Et sans doute qu'il avait bien plus besoin d'entendre ces mots-là qu'il n'en était lui-même conscient au départ, ses lèvres se retrouvant à étirer un petit sourire ému. « C’était pas une surprise, ton boulot. Ça m'a jamais empêché de t’aimer. » Et tous les jours Rory remerciait le ciel d'avoir placé sur sa route un être tel que Swann, capable non seulement de l'aimer pour tout ce qu'il était mais aussi de s'acclimater à son train de vie, quand bien même ils ne pouvaient pas vivre la même vie de couple que tous les autres. C'était déjà un véritable cadeau à ses yeux, de pouvoir simplement partager sa vie. « Mais on imaginait pas que ça prendrait de telles proportions aussi vite, pas vrai ? » Lorsque tout avait commencé entre eux, il enchaînait encore les auditions à la télévision et venait tout juste de décrocher ses premiers vrais rôles au Cinéma. Tout avait rapidement pris une autre ampleur et aujourd'hui, même s'il était encore loin de la future carrière que beaucoup lui prêtaient déjà,  Rory pouvait sentir que le vent tournait en sa faveur et que les opportunités se faisaient plus nombreuses. Il était plus demandé, et c'était autant une source de fierté profonde que d'appréhension inévitable. « T'avais pas exactement signé pour tout ça, au départ. » Il connaissait son métier et les risques que ça impliquait inévitablement, mais il aurait été en droit de croire que les choses resteraient un tant soit peu gérables là où tout avait finalement assez vite échappé à leur contrôle. C'est pour ça qu'il culpabilisait, Rory.

Il ne pensait pas lui faire part de sa discussion avec Wendy de cette manière, mais le moment lui semblait finalement plutôt bien choisi pour le faire, aussi parce que le conseil dispensé par sa jeune sœur n'avait jamais abouti à rien. Si sa cadette n'avait que de bonnes intentions en proposant cette alternative qui permettrait de faire peser un peu moins de pression sur Swann et son couple avec l'anglais, Rory n'aurait jamais pu prendre une telle décision sans consulter l'anglais. A vrai dire, c'est parce qu'il s'était convaincu qu'il trouverait tout ça sordide qu'il ne lui en avait même jamais fait part avant aujourd'hui. « Elle m’en a jamais parlé. » Lèvres pincées, Rory secoua doucement la tête. « Je crois qu'elle a pas osé le faire une fois que je lui ai dit que cette idée me mettait pas très à l'aise. » Sa sœur avait compris et n'était pas revenue à la charge, n'ayant proposé cette idée que pour tenter de les aider. Elle était l'une des rares à savoir pour Swann et lui, quelque part c'était comme si Wendy se sentait investie de la mission de protéger leur secret par n'importe quel moyen. Finalement, observant Swann se détacher un instant et aligner quelques pas comme s'il était plongé en pleine réflexion, Rory se surprit à appréhender la suite. « Tu devrais peut-être pas repousser l’idée aussi vite. » Là, ses deux yeux s'arrondirent pour marquer sa surprise, lui qui était bien loin de s'attendre à ce que Swann considère cette idée que l'acteur avait rapidement écarté, persuadé que son petit-ami s'y retrouverait tout aussi peu que lui. « Tu veux dire... que d'après toi je devrais envisager de suivre son conseil ? » Un peu désarçonné, Rory était pourtant conscient que Swann ne lui disait sûrement pas ça de gaieté de cœur mais parce que quelque part, ça ne lui semblait sûrement pas aussi sordide qu'on pouvait y songer au premier abord, si cette idée pouvait au moins leur simplifier un peu les choses. S'il avait lui aussi tâché de voir les choses de ce point de vue, il ne s'y était peut être pas suffisamment attardé et se retrouvait aujourd'hui bien obligé d'accorder le bénéfice du doute à l'idée de sa sœur, surtout alors que Swann était loin de la rejeter. « Si la personne connaît le stratagème aussi, si c’est ok entre vous, je veux dire… » A entendre ces mots, c'est un léger pincement au cœur que Rory éprouva, conscient de tout ce que ça impliquerait alors que sa notoriété le plaçait de plus en plus souvent devant l'objectif des photographes et lui garantissait d'avoir régulièrement sa photo en première page des magazines. S'il devait prétendre officialiser une relation avec une jeune femme qui serait elle aussi dans la confidence, la nouvelle se répandrait comme une traînée de poudre. Et même si ce serait quelque part l'effet attendu, ça n'en serait pas pour autant anodin. « Je sais pas, Rory. Je veux pas que tu fasses quelque chose que t’as pas envie de faire. » Là était justement toute la question et la source de ce tiraillement qu'il sentait grandir en lui. Il ne détestait pas l'idée en tant que telle, parce qu'elle présenterait forcément des avantages, c'était surtout l'idée de mentir qui le chiffonnait ici. « Ça me ressemblerait pas, je crois, de trafiquer la vérité. Ça nous ressemblerait pas. » Même s'ils mentaient à tout le monde ou presque par omission depuis le début de leur histoire, cachant leur relation et prétendant n'être que des amis, ce serait bien différent de s'afficher avec quelqu'un d'autre et de feindre de filer le parfait amour pendant que Swann serait relégué dans un coin du tableau. « Mais d'un autre coté... je suis conscient que ça nous garantirait d'avoir la paix au moins quelques temps. Et ça pèse forcément dans la balance, non ? » C'est pour ça qu'au bout du compte, il se retrouvait lui aussi à réfléchir à la question différemment et osait même imaginer ce que ça pourrait donner, une fois mis en pratique. « Je veux que tu te montres honnête, même si tu penses que ça risque de me blesser. » S'approchant à nouveau un peu plus, son regard replongé dans le sien, il souffla. « Est-ce qu'une part de toi se sentirait soulagée si toute l'attention se portait sur quelqu'un que les médias prendraient pour ma petite amie ? Est-ce que ce serait... plus facile à vivre pour toi, de cette façon ? » Ils savaient l'un comme l'autre que ce serait difficile pour tout un tas de raisons, mais aussi que le fait de détourner l'attention des médias changerait énormément de choses à terme pour eux. « Parce que tu sais que ce serait pour de faux, tout ça. » La question n'avait pas même besoin d'être statuée à ses yeux, la seule chose à laquelle il pensait ici étant à soulager son petit-ami par n'importe quel moyen, y compris en jouant la comédie au-delà des plateaux de tournage si Swann pensait que ça pourrait aider.

« Je suppose oui, enfin... je sais pas vraiment ce que je ferais de deux maisons, tu sais. » Swann concède simplement, dans un sourire suffisant à expliquer toute la situation à lui seul: il connaît bien assez Rory pour savoir qu’il n’a aucun attrait pour l’abondance et les excès en tout genre. Ce loft est idéalement placé et plutôt luxueux, bien trop pour qu’un monsieur tout le monde puisse prétendre à se l’offrir mais c’est sûrement le maximum que ce à quoi Rory prétendra. Une maison fera peut-être exception à cette idée s’il en trouve un jour l’intérêt, et si il continue d’être toujours un peu plus demandé pour des projets d’envergure à l’écran. « Sauf si l'une d'entre elles est à l'étranger, peut-être. Ça pourrait être agréable d'avoir un pied-à-terre quelque part hors d'ici, ne serait-ce que pour se retrouver vraiment au calme de temps en temps. » A ces mots, il comprend qu’il est ajouté à cette hypothèse sans avoir osé l’imaginer initialement. Il aimerait toujours être dans sa vie plus tard, assez pour imaginer qu’une maison à l’étranger serait aussi la sienne. Il aimerait sincèrement le penser, parce que cela voudrait simplement dire qu’ils sont toujours ensemble dans une décennie, mais il craint que ce rêve soit trop utopique. Il ne peut pas prévoir tout ce qui pourrait arriver dans l’interstice et, surtout, il ne peut pas prévoir si Rory acceptera toujours autant de cacher leur union aux yeux et à la su de tous, même la majorité de sa propre famille. « Je trouve que c’est une très bonne idée. » Il le lui assure en souriant, sans pour autant préciser s’il se compte à son tour dans cette bonne idée. Seul l’avenir pourrait le dire.

Pour l’heure encore, l’avenir n’a rien de reluisant alors que Swann peine déjà à jongler avec le présent. Il aime Rory sincèrement, au point où cela n’a jamais été émis en question, mais il a toujours eu du mal à cacher à quel point toutes les circonstances autour de leur couple étaient particulièrement difficiles à vivre et accepter pour lui. L’anglais fait de son mieux pour garder ses craintes pour lui, bien conscient que cela ne servirait à rien de transmettre ses peurs à Rory, surtout alors qu’il n’existe rien que l’australien puisse faire pour trouver une solution. Swann doute de l’idée même qu’il existe une solution à tout ceci, en réalité, et il continue d’espérer qu’il sera un jour capable de passer outre toutes ces barrières. « Est-ce que je devrais m'inquiéter que tu dises ça ? » La crainte s’entend sans mal dans les mots de Rory, si bien que la seule envie de l’anglais se résume à le prendre dans ses bras et lui répondre que tout ira bien. Il réalise au moins la première idée, resserrant doucement son étreinte autour de son petit-ami. Les yeux fermés, il inspire un instant tout contre sa peau, toujours aussi conscient de la chance qu’il a de l’avoir à ses côtés. « Non. Je t’assure. » Il ne le promet pas, il ne veut pas s’avancer alors qu’il n’a que trop peu d’assurance sur ce point, mais il veut au moins le rassurer à sa hauteur. Cela ne servirait à rien que Rory s’en fasse pour lui, raison pour laquelle l’anglais a à coeur de ne pas lui ajouter de poids sur le coeur, à défaut de pouvoir le libérer de toute crainte: il sait que son petit-ami continuera toujours de s’en faire pour lui, quoiqu’il puisse lui dire en retour. Il l’a rapidement accepté, parce que leur couple en vaut la peine sans même avoir à y réfléchir à deux fois. « Je veux que tu puisses te confier à moi. J'espère que tu sais que je serai toujours là pour écouter si tu as quoi que ce soit sur le cœur. » Le sourire de Swann s’adoucit. Il est bien conscient de tous les efforts que Rory fournit pour lui et pour eux. « Et tu es la première personne à qui je veux me confier. » Ce qu’il fait, dans toutes les autres situations. Il parle toujours à Rory de ses peurs et de ses rêves, sans le moindre tri, sans la moindre censure. La seule chose dont il le protège, ce sont ses craintes qui les touchent tous les deux: la question de son orientation sexuelle, la question de jugement de la part de milliers, voire millions d’inconnus. Il veut se confier à lui, oui, mais il en reste physiquement incapable. Ses lèvres restent scellées et sa gorge sèche: aucun mot ne peut en sortir. Aucune explication ne peut exister. Où devrait-il commencer ? Où pourrait-il commencer ? Il est le premier à savoir que ses craintes sont irrationnelles. « Mais on imaginait pas que ça prendrait de telles proportions aussi vite, pas vrai ? » Non, en effet. A l’époque, Rory était bien plus un aspirant acteur qu’un homme avec des projets signés. Et pourtant, cela posait déjà beaucoup de problèmes chez Swann, alors que le sexe même de son compagnon consiste en de nombreux doutes et autres questions. La popularité venue croissante n’a fait que s’ajouter aux problèmes initiaux, sans que cela ne change la donne pour autant. Un sourire timide s’immisce sur ses lèvres. « Non, c’est vrai. » Il ne pensait pas que la popularité de Rory serait un problème qui pourrait s’ajouter aussi rapidement à leur vie de couple. « T'avais pas exactement signé pour tout ça, au départ. » Il voudrait rétorquer qu’il n’a pas signé pour quoi que ce soit, en réalité, mais ce serait laisser penser à Rory qu’il lui tient rigueur de quoi que ce soit. « Mais je suis heureux que tu connaisses le succès que tu mérites. » Et même s’il n’a pas signé pour quoi que ce soit, il est fier de lui et pour rien au monde il souhaiterait revenir en arrière. « Et je veux vraiment pas que tu penses que c’est de ta faute. » Il ne précise pas le c’est en question, sans doute parce qu’il se doute qu’il est déjà évident entre eux. « J’ai signé pour toi. » Il confesse dans un sourire timide, même s’il n’en pense pas moins. Il fait face à toutes ces difficultés pour pouvoir rester auprès de Rory, et c’est tout ce qui importe à ses yeux.

« Je crois qu'elle a pas osé le faire une fois que je lui ai dit que cette idée me mettait pas très à l'aise. » Ayant pris un peu de distance avec Rory, il l’observe d’un air curieux sans arriver à savoir s’ils font bien de continuer cette discussion malgré tout. Il pense qu’elle a le droit d’exister, mais il pense aussi que les sentiments de Rory doivent prévaloir sur tout le reste. Dans son coeur, tout du moins, il les fait passer en priorité bien avant le reste. Finalement, c’est à contre-coeur qu’il lui avoue à son tour qu’il ne souhaite pas repousser l’idée sans même y réfléchir ensemble. Tout n’est peut-être pas bon à prendre, mais il comprend au moins le fond de l’idée et les problèmes qu’elle tente de résoudre. « Tu veux dire... que d'après toi je devrais envisager de suivre son conseil ? » Rory est perdu et malgré ce qu’il tente de faire croire, Swann l’est tout autant. Ils ont une discussion qui pourrait absolument tout changer pour eux. Rien ne peut être laissé au hasard et chaque mot a son importance. « Je… Je sais pas. Mais peut-être, oui. » Ils devraient en discuter. Ils devraient parler des bons points, des côtés négatifs. De tout ce que ça explique, non seulement pour eux mais aussi pour le reste du monde et leurs proches. « Ça me ressemblerait pas, je crois, de trafiquer la vérité. Ça nous ressemblerait pas. » Le cœur de l’anglais se pince doucement. Les mensonges ne leur ressemblent pas, en effet, mais il y a bien d’autres choses qui ne leur ressemblent pas non plus. « On le fait déjà. » Il le souffle tout bas, infiniment désolé. Contredire Rory n’est pas un jeu auquel il aime jouer, mais il ressent le besoin de souligner cette idée. Ils mentent déjà à tous leurs proches. Finalement, parler d’un couple qui n’est pas exactement le même serait déjà un mensonge un peu moins immense, non ? Cela ne changerait rien à Matt tentant de faire n’importe quelle cliente du bar la nouvelle petite-amie de son frère, mais ça pourrait au moins empêcher les questions des journalistes demandant éternellement à Rory quand est-ce qu’il ne serait plus un coeur à prendre. « Mais d'un autre coté... je suis conscient que ça nous garantirait d'avoir la paix au moins quelques temps. Et ça pèse forcément dans la balance, non ? » Le bout de son ongle se met à gratter un plan de travail pourtant travaillé et remis à neuf par les meilleures équipes de la ville. Il s’occupe comme il peut, tentant autant que possible de ne pas plonger son regard triste dans son homologue australien. Swann hoche la tête sans même oser répondre: il a déjà l’impression d’avoir pris sa décision et de penser que tout serait plus simple s’il avait une petite-amie  fictive. Pour autant, il ne le lui imposera jamais, parce que cette solution implique bien plus de participation de sa part que celle de Swann. De ce fait, le poids de leur voix dans cette décision n’est pas à la même hauteur.

« Je veux que tu te montres honnête, même si tu penses que ça risque de me blesser. » Soucieux de ce qu’il pourrait lui demander, Swann plonge son regard dans celui de son compagnon. « Est-ce qu'une part de toi se sentirait soulagée si toute l'attention se portait sur quelqu'un que les médias prendraient pour ma petite amie ? Est-ce que ce serait... plus facile à vivre pour toi, de cette façon ? » Il ouvre la bouche sans pour autant trouver quoi dire, son regard ayant déjà retrouvé le chemin du sol. Ce n’est définitivement pas le genre de discussion qu’il avait pensé avoir avec lui, surtout ce soir. « Parce que tu sais que ce serait pour de faux, tout ça. » - « Je sais, je sais. » Il ne pense pas un seul instant à remettre en question l’amour qu’il porte à Rory, et l’amour égal qui lui est porté en retour. Parmi les nombreuses insécurités qui sont siennes, il en existe au moins quelques-unes qui n’existent pas et qu’il ne craint pas. « Je trouve juste que c’est injuste qu’on doive envisager ça. » Sa voix tressaille sans qu’il ne l’ait commandé un seul instant. Tout ce qu’il veut, c’est être une personne normale et heureuse que son petit-ami emménage dans un appartement luxueux. Tout ce qu’il veut, c’est être heureux à ses côtés sans avoir à se demander comment ils seront perçus, et quels commentaires seront ajoutés quant à leur duo, à leur couple. « Je t’aime toi et je déteste tout ce qu’il y a autour. » Et il est désolé de le dire de cette manière, et même de le penser. Il aimerait pouvoir être capable d’aimer tout ce qui entoure Rory autant qu’il l’aime, lui, mais il a toujours préféré la transparence face à tout le reste. « J’aime pas vraiment l’idée que tu sois au bras de quelqu’un d’autre, mais… » Il se mord la lèvre inférieure, éprouvant le besoin de peser ses mots et surtout de trouver ceux qui pourraient être les plus justes. Il n’aime pas l’idée qu’il soit forcé de mentir, mais il aime au moins croire que ce mensonge pourrait aussi être bénéfique à Rory et son image médiatique. « Si ça peut permettre de détourner un peu l’attention… Tu sais que j’ai vraiment aucune envie d’être un centre d’intérêt. » En temps normal déjà, ce n’est pas une idée dont il raffole, mais dans le contexte bien précis de leur couple, cela devient même une idée qui le terrorise. « Ça serait plus facile à vivre pour moi, oui. » Les médias arrêteraient de lui chercher à tout prix une petite-amie parmi toutes les personnes qu’il voit dans une journée et Swann craindrait un peu moins d’être vu en entrant et sortant de son appartement. Cela ne supprimerait pas toutes ses craintes, mais cela pourrait au moins aider un peu. Juste un peu. « Mais j’ai aussi une question. » A laquelle il demande une réponse honnête avant toutes choses, comme ce que Rory vient de lui demander. « Est-ce que tu penses que ça en vaut la peine ? » Qu’ils en valent la peine, tous les deux ? Que Swann a une place dans sa vie au point où il serait prêt à mentir face aux caméras du monde entier pour les préserver ? Sa carrière y gagnerait un peu aussi, sans doute, mais Swann sait que s’il avait seulement été question de sa carrière alors jamais Rory n’aurait accepté l’idée. Aujourd’hui, elle est en question uniquement parce que Swann vient de le lui demander, et il continue d’être le premier à ne pas savoir s’ils sont sur la bonne voie. « …Et si jamais ça finit par se savoir un jour ? » Que dirait sa famille ? Que diraient tous les médias ? Est-ce qu’un début de bonne idée ne pourrait pas finalement se retourner complètement contre lui et faire de lui une persona non grata du monde du cinéma ?

(c) harley & evanpeters

they don't know I've waited all my life just
to find a love that feels this right.

@SWANN CRAINE & RORY

L'étreinte de l'anglais se resserrant autour de lui ne suffit pas à gommer entièrement la crainte qui animait l'acteur, alors que les mots de son petit-ami se rejouaient dans son esprit. Il savait que Swann et lui avaient à cœur de n'avoir aucun secret l'un pour l'autre, mais aussi que certaines parties de son passé étaient un peu plus difficiles à évoquer pour l'homme qu'il aimait. Swann était quelqu'un de pudique, il n'y avait donc jusque là rien d'inquiétant à ce qu'il ne s'épanche pas toujours en profondeur sur certains de ses ressentis, surtout lorsqu'ils faisaient possiblement écho à des blessures un peu plus profondes. Ici, pourtant, une part de lui appréhendait qu'il puisse garder pour lui des choses qu'il n'osait simplement pas confier de peur de l'inquiéter ou de se montrer un peu trop vulnérable. « Non. Je t’assure. » - « D'accord. » Il n'avait aucune envie de mettre sa parole en doute et le croyait s'il lui assurait qu'il n'avait aucune raison de s'en faire, aucune raison de craindre que ce qu'il gardait en lui puisse tôt ou tard s'avérer trop pesant. Après tout, cette situation serait perturbante pour n'importe qui et il ne serait pas celui qui chercherait à en savoir plus tant que Swann lui donnerait l'impression de préférer effleurer le sujet en surface. « Et tu es la première personne à qui je veux me confier. » Ses lèvres s'étirant doucement, il laissa ses doigts grimper le long du dos de l'anglais pour venir caresser l'arrière de sa nuque. « Je t'y obligerai jamais, si tu t'y sens pas prêt. Mais je veux que tu saches que je t'accepte tout entier, même avec ce que tu me dis pas. » Ou pas encore, s'il en éprouvait l'envie un jour. Ils se confiaient bien assez l'un à l'autre sur tout le reste pour qu'il estime que la communication et la transparence étaient déjà au cœur de leur couple, et c'était bien suffisant pour qu'il considère connaître les aspects les plus importants de l'homme qui partageait sa vie – et pour qu'il l'aime en toute connaissance de cause, aussi. « Non, c’est vrai. Mais je suis heureux que tu connaisses le succès que tu mérites. Et je veux vraiment pas que tu penses que c’est de ta faute. » L'entendre le dire était loin d'être sans importance pour Rory, alors qu'il se levait certains jours avec l'impression de faire peser un poids inévitable sur les épaules de Swann ; un poids qu'il cherchait constamment à réduire en préservant leur vie privée autant que ça lui était possible. « Tu y as beaucoup contribué, à ce succès. » Il souffla dans un sourire tendre, et parce que c'était l'entière vérité. « Personne m'avait jamais soutenu ou encouragé à suivre mes rêves comme toi tu le fais. Ou seulement Donna, mais c'est un peu son métier. » Et quand bien même il ne doutait pas qu'elle s'était attachée à son protégé et voulait le meilleur pour lui, ce n'était pas comparable avec le soutien que lui offrait Swann depuis le premier instant. De ces soirées interminables passées à lui faire répéter ses textes, à toutes ces fois où il l'avait encouragé à passer une audition pour un projet qu'il pensait trop ambitieux pour lui. Il l'avait incité à voir plus grand, il l'avait aidé à prendre conscience de sa valeur. « J’ai signé pour toi. » Ces mots-là, au milieu de tous ceux qui l'avaient déjà touché, valaient finalement tout l'or du monde à ses yeux. « J'aurai peut être besoin que tu me le rappelles, quand j'aurai l'impression que tout ça prend un peu trop d'ampleur. » Lorsqu'il se demanderait peut être si Swann n'aurait pas été plus heureux, plus paisible auprès de quelqu'un d'autre. Lorsqu'il douterait de pouvoir lui offrir la vie qu'il méritait et qu'il désirait pourtant profondément construire avec lui.

« Je… Je sais pas. Mais peut-être, oui. » Il y a encore quelques minutes, lorsqu'il s'était confié à Swann sur cette idée évoquée par sa sœur cadette quelques années plus tôt, Rory était loin de s'attendre à ce que son petit-ami y voit une potentielle solution. S'il avait su ça, peut être alors qu'il lui en aurait parlé bien plus tôt, ou peut être aurait-il simplement préféré ne jamais le faire. Car lui-même ne savait pas vraiment comment il se plaçait exactement vis à vis de tout ça, de l'idée de trafiquer la vérité pour leur permettre d'échapper au radar des plus curieux, là où ils s'étaient toujours dit qu'ils accepteraient de rester discrets parce qu'ils n'avaient pas tellement d'autre possibilité. Finalement, il y en avait peut être une, et elle le déstabilisait malgré lui. « On le fait déjà. » Il savait au fond de lui que Swann avait raison, que ce qu'ils faisaient depuis déjà quelques temps revenait tout bonnement à mentir à leurs proches, à l'exception des rares personnes à avoir été mises dans la confidence. C'était malhonnête, c'était certainement lâche, et il réalisait aujourd'hui à quel point c'était surtout loin de leur ressembler. « Je crois... je crois qu'une part de moi s'est convaincue que parce que ça nous permettait d'être ensemble et de l'être sans se sentir jugés, on faisait pas vraiment quelque chose de mal. » C'est ce dont il s'était persuadé jusque là, parce qu'il avait toujours placé son amour pour Swann au-dessus de tout et que tout valait mieux que d'être privé de lui. Son petit-ami ne supportait pas l'idée de s'afficher en public avec un homme, alors il était prêt à tout pour qu'ils puissent vivre leur idylle à l'abri des regards, et à défaut d'être ce dont il avait toujours rêvé c'était au moins la garantie de partager sa vie. En voyant les choses de ce point de vue, il était parvenu à se convaincre que c'était la meilleure chose à faire. « Tu crois qu'ils nous en voudraient beaucoup, s'ils savaient ce qu'on leur cache ? Qu'ils arriveraient à comprendre ? » Qu'ils arriveraient à leur pardonner ? Rory se sentait gagné par une angoisse inévitable à la seule pensée que ses proches, sa famille, ses amis, puissent un jour se sentir trahis d'avoir été gardés dans l'ignorance. Qu'ils puissent ne pas comprendre leurs raisons, ne pas accepter qu'ils aient été aussi loin pour vivre leur amour de façon préservée. « Je sais, je sais. Je trouve juste que c’est injuste qu’on doive envisager ça. » Et Rory, en retour, trouvait tout aussi injuste qu'ils en viennent à considérer l'idée parce que l'exposition qui allait avec sa carrière leur compliquait les choses. Lui qui avait toujours eu des rêves simples, qui s'était toujours imaginé construire une vie ordinaire avec la personne qu'il aimait, réalisait que rien de tout ça ne s'apparentait à ce qu'il avait imaginé. « J'aimerais tellement pouvoir t'offrir une vie qui reviendrait pas à choisir entre une exposition que t'as jamais voulu et l'obligation de vivre dans le secret... » Il confessa ainsi, le cœur véritablement lourd pour la première fois depuis le début de leur échange. « J'aimerais tellement qu'il existe une troisième option, Swann. » Et si son cœur lui soufflait que ça pourrait bien être celle-ci, tout compte fait, une part de lui savait que c'était pourtant loin d'être idéal. Que Swann méritait bien mieux que de vivre dans l'ombre d'un couple monté de toute pièce pour détourner l'attention des médias. « Je t’aime toi et je déteste tout ce qu’il y a autour. » Son regard attristé s'échoua un instant sur le sol, ses lèvres esquissant un sourire doux mais terriblement mélancolique. « Je donnerais n'importe quoi pour que tout ce qu'il y a autour disparaisse. » Cette exposition, revers d'une médaille qu'il considérait pourtant avoir mérité mais qui s'apparentait certains jours à un cadeau empoisonné. Il avait beau être né pour briller devant les caméras, Rory, il n'était pas pour autant taillé pour cette sur-médiatisation.

« J’aime pas vraiment l’idée que tu sois au bras de quelqu’un d’autre, mais... Si ça peut permettre de détourner un peu l’attention… Tu sais que j’ai vraiment aucune envie d’être un centre d’intérêt. » Il le savait, Rory, c'était même l'une des raisons pour lesquelles il ne pouvait s'empêcher de se sentir autant coupable d'être la raison pour laquelle cette attention se rapprochait continuellement de son petit-ami. S'ils étaient parvenus à faire profil bas au point d'éviter que les médias y aillent de leurs suppositions à leur sujet, ils savaient tous les deux que continuer d'échapper à leur radar impliquerait de faire toujours plus d'efforts pour ne pas se faire prendre. A tel point qu'une solution qu'ils n'avaient jusque là jamais envisagé apparaisse presque comme une aubaine. « Je me suis jamais affiché au bras de qui que ce soit publiquement. Et je crois... qu'une part de moi espérait malgré tout que tu serais le premier. » Son regard s'attrista dès qu'il eut prononcé ses mots, pourtant Rory éprouva le besoin de se reprendre, craignant sans doute que Swann culpabilise à son tour de ne pas pouvoir lui offrir l'officialisation dont une part de lui avait toujours rêvé. « Je sais que c'est idiot, que ça arrivera sûrement jamais. Mais avec toi, ça aurait vraiment eu du sens, parce que j'aurais pas eu à prétendre que j'étais fou amoureux. » Avec lui, il n'aurait pas eu à jouer la comédie. Avec lui, tout aurait été vrai et jamais il n'aurait été plus fier de s'afficher main dans la main devant l'objectif des photographes. « Ça serait plus facile à vivre pour moi, oui. » L'australien accueillit ces mots avec une expression tendre et compréhensive, loin de vouloir laisser penser à Swann qu'il lui en voulait un seul instant de le reconnaître. Il avait sa réponse, à présent, et il lui était reconnaissant de la lui avoir donné en toute franchise. « Mais j’ai aussi une question. » Ses yeux clairs raccrochèrent ceux de son petit-ami avec un peu plus d'appréhension. « Est-ce que tu penses que ça en vaut la peine ? » Il doutait de beaucoup de choses, Rory, dans toute cette histoire. Il doutait que tout ça soit même seulement une bonne idée, à vrai dire. Pourtant il était à peu près certain que s'ils décidaient de se lancer dans cette aventure, ce serait définitivement pour des raisons plus que valables. « S'il y a la plus petite chance pour que cette situation soit moins pénible à vivre pour toi... alors oui, ça en vaudrait la peine à mes yeux. Peu importe ce que ça me coûtera de faire semblant. » Il se connaissait assez pour savoir qu'il détesterait jouer la comédie en dehors des plateaux, que ça irait à l'encontre de tout ce en quoi il croyait. Malgré ça, le faire pour Swann aurait tout son sens. « Je veux pas me réveiller un matin en réalisant que j'avais la possibilité de te rendre les choses plus faciles et que je l'ai pas saisi, Swann. J'ai fait entrer toute cette agitation dans ta vie, et on sait tous les deux qu'à cause de ça tout est plus compliqué. » Il confia ainsi, d'un ton sincèrement désolé. Il était conscient d'avoir provoqué tout ça, peu importe à quel point il n'avait jamais voulu de tout ce qui entourait aujourd'hui sa célébrité. « Je serais prêt à tout pour toi, alors oui ça en vaudrait la peine. » Il serait prêt à tout, y compris à prendre part à cette supercherie si ça pouvait permettre à Swann de se sentir un peu moins oppressé et anxieux. Il valait largement tous ces efforts à ses yeux, peu importe ce que ça lui coûtait en contre-partie. « …Et si jamais ça finit par se savoir un jour ? » Secouant pensivement la tête, Rory réalisa que même un plan censé leur faciliter les choses n'était pas sans risque, qu'il pourrait même venir tout compliquer. « Je crois... qu'il vaudrait mieux qu'on décide maintenant quelle stratégie on voudrait adopter dans ces cas-là. » Il n'avait pas envie de penser au pire, mais s'ils devaient effectivement se lancer, il valait sans doute mieux anticiper. « Dans ce genre d'affaires, certains publicistes conseillent de tout nier en bloc, de réaffirmer que la relation est bien sincère, mais ça voudrait dire maintenir la supercherie un peu plus longtemps. Ou bien je pourrais en profiter pour dire la vérité, compter sur l'indulgence de ceux qui savent combien ça reste difficile de revendiquer sa bisexualité quand on débute... » Sa carrière était encore assez nouvelle, faire un coming out public présentait toujours le risque d'être catalogué, cantonné à certains rôles ou écarté de certains projets. « Mais ça voudrait dire que tous nos efforts pour te protéger de l'attention des médias n'auront servi à rien. » Et ça, c'était ce qu'ils voulaient à tout prix éviter. Alors, son regard s'attristant à nouveau, il reprit. « Je veux pas qu'on se lance là-dedans si c'est pour réaliser qu'on a fait pire que mieux. Qu'au final, ça a tout entaché. » C'était peut être la solution pour ce qui était de détourner l'attention des médias, mais est-ce que ça en aurait vraiment valu la peine s'ils finissaient par réaliser que leur couple, l'amour qui les unissait, n'était pas ressorti indemne de tout ça ?

La tournure prise par leur conversation n’est en rien ce qu’il avait envisagé pour leur première soirée passée dans un appartement rempli de cartons plus que d’objets déballés. Il avait pensé qu’ils se commanderaient à manger et qu’ils referaient le monde sans aucun autre outil de plus à leur disposition, mais une question en ayant entraînée une autre, ils se retrouvent bien loin de ce plan initial. « Je t'y obligerai jamais, si tu t'y sens pas prêt. Mais je veux que tu saches que je t'accepte tout entier, même avec ce que tu me dis pas. » Et désormais, Rory le rassure au sujet des confessions qu’il ose faire et celles qu’il garde encore pour lui, sans doute toujours effrayé que son petit-ami comprenne qu’il n’est pas aussi jovial qu’il aimerait. Il craint de lui raconter tout ce qu’il pense au plus profond de lui, non par crainte du jugement mais simplement parce qu’il trouverait normal que cela puisse remettre en question leur couple et leur avenir ; et c’est une éventualité qui lui fait bien trop de mal pour qu’il arrive seulement à y penser. « Donne moi juste un peu plus de temps. » Il demande doucement, sans jamais se défaire de l’étreinte initiée avec le brun à ses côtés. Un jour viendra où il saura tout, absolument tout, mais Swann a encore besoin de chercher ses mots pour ça.

« Tu y as beaucoup contribué, à ce succès. » Et même s’il pense que Rory exagère l’impact qu’il a eu dans son succès, il sourit pourtant doucement. « Personne m'avait jamais soutenu ou encouragé à suivre mes rêves comme toi tu le fais. Ou seulement Donna, mais c'est un peu son métier. » Quand bien même son métier se résume à encourager ses poulains, Donna lui semble être une personne sincèrement généreuse et juste, alors elle mérite tout de même d’avoir son lot de remerciements à son tour. « Et je continuerai à le faire, tu sais. » Même s’il rêve d’un monde d’anonymat où personne ne saurait rien d’eux, il continuera toujours de pousser Rory à participer à des castings et à oser se montrer, simplement parce que ce rêve est le sien et qu’il mérite de le voir se concrétiser. Simplement, aussi, parce que le monde entier mérite d’observer son talent à plus grande échelle et parce que Swann serait égoïste de tout vouloir garder pour lui. « J'aurai peut être besoin que tu me le rappelles, quand j'aurai l'impression que tout ça prend un peu trop d'ampleur. » L’anglais comprend sans mal le sous-entendu de ces mots et hoche doucement la tête, avec un sourire en coin venant déjà souligner des mots avant même qu’ils soient prononcés. « Je serai toujours là pour ça. » Il sera toujours à ses côtés, et il sera toujours apte à lui rappeler son amour pour lui. Cette promesse, il sait pouvoir la tenir sans même avoir à y penser plus largement tant elle est évidente.

Ce dont il a le plus de mal à parler, c’est de l’idée que Wendy a eue pour eux et qu’il n’a pas su rejeter comme Rory semblait l’avoir fait. Il ne dit pas qu’elle est bonne, mais il pense qu’elle représente peut-être un mal pour un bien… sans pour autant savoir si les deux côtés de la balance sont convenablement équilibrés. « Je crois... je crois qu'une part de moi s'est convaincue que parce que ça nous permettait d'être ensemble et de l'être sans se sentir jugés, on faisait pas vraiment quelque chose de mal. » Et il le comprend sans mal, parce qu’il n’a pas non plus hésité un seul instant avant de faire perdurer le secret autour de leur couple, et le mensonge autour de son célibat présumé. Matt en tête de liste ne semble pas comprendre comment une telle chose peut être possible, et ce n’est pas faute d’essayer de présenter son petit frère à de nombreuses clientes du bar. « Je dis pas que c’est mal. » Il se reprend, il s’explique. Il dit qu’ils mentent parce qu’ils auraient bien du mal à expliquer la situation autrement d’un point de vue purement factuel, mais du reste il n’arrive pas pour autant à faire d’eux les vilains de l’histoire - et ce n’est pas seulement parce qu’il est personnellement touché par la question. En réalité, Swann ne veut pas croire qu’il existe un vilain dans une histoire où ils cherchent simplement à se préserver et à vivre leur union de la façon dont il leur plaît, sans jamais nuire à autrui. « Tu crois qu'ils nous en voudraient beaucoup, s'ils savaient ce qu'on leur cache ? Qu'ils arriveraient à comprendre ? » Swann jauge le besoin de réponse de Rory en posant son regard dans le sien, lui qui tente de savoir s’il a besoin d’avoir une réponse franche ou bien empathique en premier lieu. « Je crois que ça serait plus facile pour eux à accepter si on s’était pas présentés à tous nos proches. » Si le mensonge était partagé avec un parfait inconnu, la donne aurait été différente. Mais là ? Swann craint de ne pas pouvoir partager avec lui la réponse qu’il aimerait. « Et qu’il y aura sûrement une phase d’incompréhension et peut-être de colère, mais à terme, j’imagine pas… qu’ils nous en veuillent. » Il n’imagine pas perdre des amis à cause de cette histoire, bien que ce soit peut-être le mensonge qu’il cherche à se répéter assez souvent pour qu’il devienne réalité. Pour l’heure, de toute façon, l’éventualité d’annoncer leur union au grand jour n’est même pas discutable, ce qui permet de reléguer la question à un plus tard hypothétique. Ils n’en sont pas encore au moment de leur vie où ils devront penser à chacun de leurs proches avant de leur annoncer leur couple ; et Swann n’est toujours pas certain qu’un tel moment puisse arriver, alors il fait le choix de ne pas se torturer davantage l’esprit avec autant d’hypothèses.

« J'aimerais tellement pouvoir t'offrir une vie qui reviendrait pas à choisir entre une exposition que t'as jamais voulu et l'obligation de vivre dans le secret... » Il est désolé de leur couple et désolé que l’amour de l’un se soit posé sur l’autre autant que vice-versa. Le regard de Swann se pose longuement sur son petit-ami, plus désolé que jamais mais sans pour autant arriver à trouver les mots justes pour le rassurer. « Dis pas ça comme si c’était un sacrifice. » Il lui demande doucement. La vie qu’ils mènent n’est pas de tout repos pour une personnalité comme celle de Swann mais elle le rend pourtant profondément heureux, et c’est tout ce qu’il cherche à retenir. Surtout, il a peur que ces mots le poussent à avoir une conclusion dont il ne veut pas entendre parler: c’est la seule vie qu’il désire. « J'aimerais tellement qu'il existe une troisième option, Swann. » Les lèvres pincées, il hoche la tête. Il sait que Rory serait prêt à tout pour lui, et il sait qu’il a sûrement pensé à toutes les alternatives possibles, notamment à arrêter le cinéma: ce que Swann, à son tour, refuse d’entendre. Ses peurs n’ont pas le droit de prendre le dessus sur la passion de Rory. « Ca ira mieux un jour. » Il ne s’avance pas sur sa peur, il ne s’avance pas sur la possibilité qu’ils trouvent une solution non plus. Tout ce qu’il veut croire, c’est qu’un jour tout ira mieux. Et c’est tout ce qui importe. « Je donnerais n'importe quoi pour que tout ce qu'il y a autour disparaisse. » Face à toute sa culpabilité, l’anglais se retrouve rongé par les remords au point où il gomme à nouveau la distance entre eux et s’éloigne d’une cuisine où il s’était imaginé des tâches invisibles. Lentement, sa main remonte le long de son cou pour que son petit-ami relève la tête et pour qu’il l’observe lui plutôt que le sol. « C’est pas important, ce qu’il y a autour. » Parce que c’est lui qu’il aime et lui qu’il a choisi, ce qu’il lui répétera aussi souvent et longtemps que nécessaire, jusqu’à ce qu’il l’accepte.

Peut-être, finalement, que la solution se trouve sous leurs yeux depuis le début mais qu’ils l’avaient simplement ignorée jusque-là. Quand l’idée d’une fausse petite-amie franchit les lèvres de Rory, Swann est incapable de la rejeter aussi vivement que l’avait fait son âme soeur. « Je me suis jamais affiché au bras de qui que ce soit publiquement. Et je crois... qu'une part de moi espérait malgré tout que tu serais le premier. » Il aurait aimé se montrer bien plus fort, pour être le pilier de Rory, mais ses mots ont tout pour lui briser le cœur tant il les comprend. Tant, aussi, il n’y a rien qu’il puisse argumenter contre eux. Il comprend évidemment pourquoi Rory aurait voulu le présenter publiquement le premier, ou tout simplement pourquoi il a toujours envie de le présenter à tous. Et il jure qu’il se serait plié à l’exercice si l’idée ne le rendait pas tout simplement malade. Si tout n’avait été qu’une question d’inconfort, il aurait déjà fait plaisir à Rory, il se serait déjà affiché à ses côtés et il oserait tout simplement tenir sa main en dehors de l’enceinte de leurs appartements. Ce n’est pas le cas, de toute évidence. « Je sais que c'est idiot, que ça arrivera sûrement jamais. Mais avec toi, ça aurait vraiment eu du sens, parce que j'aurais pas eu à prétendre que j'étais fou amoureux. » - « C’est pas idiot mon amour. » Il ne peut pas le laisser le penser. Il n’y a sans doute rien de plus humain que de vouloir présenter la raison de son bonheur, et Swann n’en pense pas moins de son côté aussi alors que l’idée de le présenter à sa famille avec son véritable titre lui a effleuré l’esprit à de nombreuses reprises. L’anglais repose finalement sa main contre sa joue et embrasse doucement sa tempe opposée, avec des gestes lents lui permettant de rester un peu plus longtemps à son contact. « Je suis vraiment désolé. » qu’il finit par annoncer à son tour. Il aurait aimé être comme n’importe quelle autre personne partageant son couple avec une personnalité, et il aurait aimé être capable de retirer cette immense épine du pied de l’acteur. « Ca nous enlèvera jamais tous les moments ensemble. » Il prétendra devant les caméras, peut-être, mais jamais ils ne joueront à un tel jeu une fois en sécurité entre quatre murs. Jamais Swann ne le regardera différemment, et jamais il n’arrêtera de lui dire à quel point il l’aime, sans que ce soit un quelconque mensonge.

Entendre Rory le rassurer quant à cette idée - laquelle il a pourtant été le premier à ramener au centre de la discussion - a tout pour briser le cœur de Swann. Il recommence à nourrir l’impression d’être un simple boulet à sa cheville, un boulet pour lequel Rory doit s’adapter à chaque instant et parfois même contre sa propre volonté. Il est prêt à tout pour leur couple, quitte à ne plus écouter un instant ses propres désirs, et ce sont des mots assez forts pour faire douter l’anglais du bien fondé de l’idée dont ils discutent. Tout finira sans nul doute par se savoir un jour, et le blond n’a aucune envie de laisser la faute de ce mensonge reposer sur Rory, qu’on dépeindre comme un homme n’ayant pas eu le courage d’avouer sa bisexualité en début de carrière. Toujours aussi désolé, il le serre un peu plus contre lui, silencieux depuis plusieurs secondes déjà. Les yeux fermés, il souhaite simplement profiter de son odeur et de sa chaleur, n’ayant jamais été aussi proche de l’idée que tout pourrait s’arrêter du jour au lendemain. « On devrait prendre le temps d’y réfléchir. » Ils ne peuvent pas prendre une décision aussi importante en quelques minutes et ils ont besoin de prendre du recul sur les choses. « Je veux pas que ça te porte préjudice. » Ils sont déjà en couple alors que Rory est officiellement célibataire devant les caméras ; ils savent à quoi ressemble un quotidien dans de telles circonstances. Est-ce qu’ils sont vraiment prêts à essayer une nouvelle idée, laquelle pourrait retirer un peu de poids sur le cœur de l’anglais, mais laquelle pourrait aussi tout détruire ? Rien n’est moins sûr. « C’est la première soirée chez toi, on mérite d’en profiter un peu. » Il mérite d’en garder de bien meilleurs souvenirs que celui de cette discussion, surtout. Ses doigts glissent désormais contre son cou, les dix s’apposant autour pour tenter de le rassurer et le calmer. « J’ai jamais aimé quelqu’un comme toi. » Il trace des lignes invisibles contre sa peau, pour se rassurer lui-même autant que son petit-ami. Peu importe la décision qu’ils décident de prendre ou non, il veut qu’il ne l’oublie jamais. Ce n’est pas une amourette, ce n’est pas un caprice, ce n’est pas un acte de rébellion, et tout ce qui entoure leur relation mérite d’être longuement réfléchi. Il pourrait pardonner tout et son contraire, Swann, mais il ne pardonnerait jamais qu’ils puissent souiller la chose la plus précieuse de sa vie. « Laisse moi juste t’aimer. On avisera, ok ? » Sa tristesse se cache derrière ses yeux toujours fermés et il finit par déposer un baiser tendre contre ses lèvres.

(c) harley & evanpeters

they don't know I've waited all my life just
to find a love that feels this right.

@SWANN CRAINE & RORY

« Je dis pas que c’est mal. » Cette idée soufflée par sa sœur éclairait forcément certains de leurs choix sous un jour différent, les plaçant face au constat qu'ils cachaient la vérité à leurs proches depuis déjà de nombreux mois et n'avaient mis que peu d'entre eux dans la confidence de ce qu'ils vivaient vraiment tous les deux. Sans regretter quoi que ce soit des décisions qu'ils avaient pu prendre, c'était une chose à laquelle Rory songeait maintenant qu'ils hésitaient à suivre cette piste qui leur vaudrait de mentir un peu plus autour d'eux. « C'est pas ce que je pense, moi non plus. » Et ça ne l'empêchait pas de croire – d'espérer, en tout cas – que la plupart d'entre eux seraient capables de comprendre pour quelles raisons ils avaient préféré en faire un secret et mettre le moins de gens possible dans la confidence. « Je crois que ça serait plus facile pour eux à accepter si on s’était pas présentés à tous nos proches. » – « Tu dois avoir raison, oui. » Et cette pensée à elle seule lui serra le cœur, parce que c'était important à ses yeux et depuis le départ d'inclure Swann à son quotidien et de lui présenter ses proches, peu importe que ce ne soit pas de la façon dont il l'aurait voulu. C'était une manière d'être ensemble sans l'être officiellement aux yeux des autres, et il leur suffisait la plupart du temps d'un seul regard pour se dire les choses sans même avoir besoin de mots, quand ils ne pouvaient pas simplement s'éclipser et partager ces moments d'intimité que le couple venait rapidement à rattraper une fois isolés tous les deux. « Mais ma famille te connaît, et même sans savoir ce que tu représentes réellement pour moi, je sais qu'ils t'apprécient beaucoup. Et entre nous, j'imaginais tout simplement pas le contraire possible quand je te les ai présentés. » Son sourire parvint finalement à s'étirer de plus belle, rien ne le rendait plus heureux que e voir Swann échanger avec ses sœurs, son frère, ses parents, ses amis, les personnes qui comptaient pour lui. Il voulait l'inclure à tout ça, Rory, sans doute parce qu'il avait toujours pressenti que Swann n'avait jamais durablement trouvé l'amour d'une famille avant ça. « Et qu’il y aura sûrement une phase d’incompréhension et peut-être de colère, mais à terme, j’imagine pas… qu’ils nous en veuillent. » - « On aura toujours Wendy de notre coté, au moins. » Il souligna un peu plus bas, cherchant peut être à se raccrocher à cette idée quand pour les autres, il restait conscient qu'une part d'imprévisible demeurerait toujours. « De toute façon, on n'aura peut être jamais à le leur dire. En attendant, on est ensemble et c'est tout ce qui compte. » Il ne servait à rien de songer à des issues encore largement hypothétiques, leur secret ayant tout pour en rester un encore un certain temps, ce qui avait l'avantage de repousser ces questions-là à plus tard et à endormir certaines de leurs craintes.

« Dis pas ça comme si c’était un sacrifice. » Il savait que Swann désirait moins que quoi que ce soit d'autre qu'il se rapproche toute cette situation, pourtant ça lui était difficile de nier qu'ils en étaient en partie là par sa faute, et parce que sa notoriété impliquait une médiatisation avec laquelle Swann ne se sentait pas prêt à composer. Et jamais Rory n'aurait même l'idée de lui en vouloir pour ça. « Mais je regrette que ça nous complique autant les choses. » Qu'il n'existe pas un moyen pour eux d'être pleinement ensemble, avec tout ce que ça impliquait, sans que ça ne leur coûte autant. Qu'ils soient forcés de faire les frais de cette attention constante et ne puissent pas simplement décider de protéger leur vie privée contre les curieux, ceux qui les forçaient aujourd'hui même à réfléchir à un moyen de protéger leur couple même si ça signifiait travestir la vérité plus qu'ils ne l'avaient jamais fait jusque là. « Ça ira mieux un jour. » C'est tout ce qu'il voulait, que les choses s'apaisent d'une manière ou d'une autre, même si ça voulait potentiellement dire que sa carrière finirait par s'essouffler et lui par avoir plus facilement la paix avec les paparazzi et la presse. Ce n'était pas ce qu'il espérait au fond de lui, heureux et fier du chemin des opportunités qui aujourd'hui croisaient sa route, mais si un jour il lui fallait faire un choix pour pouvoir aimer Swann dans les meilleures conditions possibles – et ce même s'il savait que jamais l'anglais ne le lui demanderait – l'acteur n'hésiterait pas une seconde. « C’est pas important, ce qu’il y a autour. » Sentant les coins de ses lèvres s'étirer avec douceur, il profita de leur proximité pour observer silencieusement ses traits, ses traits contemplatifs laissant progressivement transparaître combien il était amoureux. « C’est pas idiot mon amour. » Il aimerait le croire en retour, pourtant conscient que ça avait quelque chose de profondément injuste de continuer à espérer dans un coin de son cœur qu'il pourrait un jour fouler un tapis rouge main dans la main avec Swann, là où il savait pourtant que son petit-ami cherchait par dessus tout à éviter cette attention. Il s'était toujours promis qu'il ferait tout pour l'en protéger, pourtant c'était la première fois depuis leur rencontre qu'il se retrouvait à envisager une alternative qui pourrait lui valoir de présenter quelqu'un d'autre que son petit-ami à tous ceux qui attendaient de savoir s'il demeurait un cœur à prendre. Une idée angoissante sur le papier et pour un Rory conscient que ça lui coûterait, de jouer la comédie et de mentir sur ses sentiments tout autant que sur la personne qui faisait battre son cœur ; et ça alors même que c'était son métier le reste du temps. « Je suis vraiment désolé. » - « T'as aucune raison d'être désolé, Swann. Je te reproche rien, rien du tout. » Au contact de la main de son petit-ami tout contre sa joue, ce sont ses propres doigts qui se déposèrent contre les siens dans des caresses qui se voulaient rassurantes. « Je te l'ai dit, je changerais rien à ce qu'on vit même si je le pouvais. Je voudrais pas vivre ça avec qui que ce soit d'autre, même si c'était plus simple. » Même si ça n'impliquait pas de vivre dans le secret. Si une part de lui nourrissait l'espoir que les choses finiraient par évoluer et eux par se rapprocher d'une vie de couple normale, il était prêt en attendant à vivre heureux et caché à ses cotés, n'imaginant rien qui puisse en valoir davantage la peine. « Ça nous enlèvera jamais tous les moments ensemble. » - « Rien ni personne ne nous enlèvera jamais ça. » Quoi qu'ils décident, quoi qu'ils aient peut être à prétendre. Ce qu'ils vivaient tous les deux, dans cette bulle, serait toujours préservé du reste du monde.

« On devrait prendre le temps d’y réfléchir. Je veux pas que ça te porte préjudice. » Finalement, les mots de Swann étaient comme toujours les plus sages et les plus raisonnés, là où Rory n'aurait jamais pensé que l'éventualité de suivre cette idée le placerait face à un tel dilemme, lui qui quelques instants plus tôt était si certain que ça ne leur ressemblerait pas. Force est de constater que beaucoup d'autres facteurs entraient en compte et que parmi eux, la sérénité de son petit-ami était de loin ce qui lui importait le plus. Alors il hésitait, incapable de prendre une décision aussi précipitée. « Oui, prenons le temps. J'en ai pas discuté avec ma team et je le ferai pas si on choisit de pas suivre cette idée. C'est une décision que je veux prendre avec toi et personne d'autre. » En temps normal il serait venu trouver conseil auprès de son équipe, qui depuis plusieurs mois s'agrandissait à mesure que ses rôles lui assuraient des crédits et des cachets de plus en plus importants, proportionnels à la notoriété qu'il gagnait peu à peu. Aujourd'hui, pourtant, il ne s'imaginait pas prendre une décision aussi importante pour son couple avec qui que ce soit d'autre que Swann. « C’est la première soirée chez toi, on mérite d’en profiter un peu. » Et tandis que son sourire s'étira avec une douceur infinie, un frisson parcourut son échine au contact des doigts de l'anglais contre son cou, voyant naître des envies qui pourraient facilement couper court à cet échange et leur permettre, en effet, de profiter pleinement des prochaines heures sans plus se soucier de rien d'autre. « La première d'une très longue liste. » Il susurra tout près de ses lèvres, un élan de joie se répandant au creux de son ventre à l'idée qu'ici, Swann et lui pourraient passer des soirées et des nuits entières à s'aimer selon leurs propres règles, sans rendre de compte ni s'inquiéter de qui pourrait bien les voir. Ils seraient en sûreté, entre ces murs, et c'était bien évidemment sa façon de lui réitérer son envie de le voir emménager ici à ses cotés ; même que de façon informelle. « J’ai jamais aimé quelqu’un comme toi. » Et si ces mots étaient peut être bien les plus précieux que Swann lui ait jamais soufflé, Rory le connaissait trop bien pour ne pas voir que quelque chose en lui se brisait au moment où il les lui soufflait. Comme s'il avait peur de tout gâcher d'une manière ou d'une autre, de le contraindre à prendre une décision qui pourrait changer tôt ou tard ce qu'ils partageaient. Alors, déposant délicatement ses mains de part et d'autre de son visage, le redressant doucement pour plonger son regard dans le sien, il souffla. « Moi non plus, j'ai jamais aimé quelqu'un comme toi. » Et parce qu'il ne lui avait jamais rien caché de ses anciennes histoires, de la façon dont on avait déjà pu lui briser le cœur, Swann comprendrait sans doute pourquoi il tenait à le lui rappeler en retour. « Je veux jamais que tu puisses penser que tes choix me blessent ou que je tiens trop à toi pour te dire que cette situation me rend malheureux. Parce que je ressens tout le contraire, quand je suis avec toi. » Et que loin d'être malheureux ou rongé par les regrets, il nourrissait jour après jour l'impression d'être l'homme le plus chanceux qui soit rien que de partager sa vie, son quotidien, quand bien même ça n'était pas de façon tout à fait traditionnelle. D'être aimé par quelqu'un comme lui, c'était pour lui le plus grand des bonheurs. « Personne m'a jamais rendu heureux comme tu le fais. » Et il avait le sentiment qu'aujourd'hui, plus que jamais, Swann avait besoin de l'entendre. « Laisse moi juste t’aimer. On avisera, ok ? » Se promettant d'ors et déjà de continuer à le rassurer sur le bonheur qu'il vivait à ses cotés et sur la façon dont leur relation le comblait à tous les niveaux, Rory l'attira à lui et répondit à son baiser, ses bras l'entourant comme un refuge contre l'extérieur et la promesse que la suite de cette soirée n'appartiendrait bel et bien qu'à eux.