@August Constantine

(dojo) Ambrose a longuement réfléchi à la façon dont il pourrait annoncer la nouvelle à son grand frère, tout en même temps qu’il s’est longuement demandé comment Dieu tout avait pu tourner de cette façon. Cela n’a rien de logique que ce soit sur lui que repose la nécessité d’en discuter avec sa fratrie, et pourtant il n’a pas eu le choix. Pas une seule seconde. N’en reste pas moins que maintenant qu’il est face au fait accompli, il éprouve tout de même encore le besoin de limiter, de temporiser, de nier l’évidence et de croire lui-même qu’il a simplement proposé à August de faire une séance d’essai pour se libérer l’esprit le temps de quelques heures. « Promis, j’ai passé l’âge de vouloir te taper. » Peut-être qu’il a eu une période un brin violente et agitée dans sa vie, il faut l’avouer, mais elle est aujourd’hui bien derrière lui. L’excuse du Dojo n’en est même pas une - ou du moins, elle ne l’est pas sur ce point. « Mais j’en ai marre des discussions un peu trop formelles. » Il en a fait son métier, pourtant, des discussions formelles. Dans ce cadre là, et tant que cela n’a pas rapport aux liens familiaux et privés, tout est toujours bien moins dérangeant.

Autour de ses poignets, il fait glisser les sous gants sans même avoir pris le temps de demander à August s’il était bel et bien prêt à monter sur un ring avec lui. S’il a fait le chemin jusqu’ici, alors Ambrose en a naturellement déduit que la réponse devait être positive, sans plus de débats sur ce point. Son attention se focalise faussement sur ses mains, qu’il prend le temps de protéger comme s’il était un professionnel et qu’il allait taper avec une force sans pareil: non, bien évidemment que non. Il en sera loin, surtout face à son propre frère. « T’as parlé avec Malone récemment ? De papa ? » Papa. Un mot qu’il prononce très peu souvent, parce qu’il n’y a justement jamais rien à dire à son propos. Il est à l’hôpital, ils se plient en quatre pour payer ses frais, et d’un mois à l’autre rien ne change jamais. En vingt ans, rien n’a jamais changé. Ainsi, il n’est jamais question de discuter de papa, que ce soit entre les membres de la fratrie ou même les proches d’Ambrose, bien au fait de la situation. Aujourd’hui, pourtant, il rompt l’omerta bien malgré lui et simplement parce qu’il le faut. Malone et lui étant les seules personnes au courant de son état, il s’enquiert de savoir si la seconde personne du duo pourrait avoir vendu la mèche avant lui, ce dont il doute. Ca l’arrangerait bien, pourtant, que de ne pas avoir cette discussion avec August. Il aurait préféré parler à Flora, de qui il se sent bien plus proche. « J’ai demandé à Ruben d’aller le voir y’a quelques semaines. » Il annonce distraitement, toujours occupé à ajuster des gants pourtant parfaitement mis. « Parce qu’il est neurochirurgien, tu sais. » Il précise, sans doute justement parce que de son côté il pense ne jamais avoir ressenti le besoin de préciser la branche exacte du travail de Ruben et toujours s’être contenté de “chirurgien”. Maintenant, sa spécialité fait pourtant tout son sens, et il laisse à August la possibilité de tirer les premières conclusions par lui-même.

twisted and borrowed times

@Ambrose Constantine & August Constantine

Février 2024. Dojo, West End. Le dojo n’est pas un lieu totalement inconnu pour August, bien au contraire. Il est surtout ce lieu qu’il avait l’habitude de fréquenter des années auparavant, en compagnie de Mickey, lorsque celui-ci passait son temps entre ces quatre murs pour préparer ses futurs combats. Le Constantine, toujours là pour le soutenir, restait des heures et des heures à le regarder jouer de ses poings et améliorer sa technique jusqu’à ce qu’il devienne le plus redoutable de sa catégorie. Il a assisté à bien des entraînements, a lui-même eu droit à enfiler des gants pour aider Mickey dans sa préparation ou parce que son meilleur ami tenait tout simplement à partager avec lui sa passion pour la boxe. C’est donc en passant les portes du dojo que son cœur se serre un tant soit peu parce que les souvenirs lui reviennent, la mélancolie avec. Chassant du mieux qu’il peut toutefois cet affrontement de sentiments, l’ainé affiche un sourire sincère en rejoignant Ambrose qui est celui qui l’a convié ici. Il en ignore les raisons et peut-être se pose-t-il pas trop de questions pour le moment à ce propos, content de pouvoir passer un peu de temps avec son petit frère, surtout après ce qu’ils ont traversé récemment. C’est un moyen pour lui de garder un œil sur lui, conscient que si un de la fratrie Constantine a été le plus touché par le décès de Norman, c’est bel et bien Ambrose. « Promis, j’ai passé l’âge de vouloir te taper. » La précision lui fait échapper un petit rire parce qu’il n’a aucun mal à se souvenir des petites colères de Rose quand il n’était pas plus haut que trois pommes. « Mais j’en ai marre des discussions un peu trop formelles. » Le terme l’interpelle et lui fait surtout comprendre qu’il y a bel et bien une raison à leur rencontre et il ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il entend par discussion. « Tant que cette discussion ne nous amène pas à réellement avoir envie de nous taper dessus ». Il préfère prendre ça à la rigolade, loin de se douter encore que les gants seront nécessaires après cette discussion – non pas pour se défouler sur son cadet mais sur un des nombreux sacs de frappe répartis à travers la salle.

Assis sur le banc, August se prépare avec minutie – il a eu l’occasion plus d’une fois de voir un professionnel faire alors il ne découvre rien aujourd’hui et ses gestes sont, de ce fait, naturels. Toutefois, tout en enfilant lui aussi ses sous-gants, il observe son petit frère dont le comportement le rend suspicieux et inquiet. Il a l’air un peu tendu et mal à l’aise, et même si leur entente n’a jamais été des plus faciles, il n’en reste pas moins que le comportement d’Ambrose le surprend. « T’as parlé avec Malone récemment ? De papa ? » Et cette double question ne fait que renforcer cette impression, son sourcil s’arquant car il touche là à deux cordes sensibles à la fois. « Je t’avoue que je préfère éviter Malone donc non, je ne lui ai pas parlé récemment ». Il n’y a plus aucun sourire sur le visage de l’ainé qui ajoute sur un ton ferme « Pourquoi ? Et pourquoi on aurait parlé de papa en particulier ? ». Dès qu’il s’agit de leur père, August est sur le qui-vive et son esprit ne cesse de se torturer quant à savoir ce qu’on risque de lui annoncer. « J’ai demandé à Ruben d’aller le voir y’a quelques semaines. » Un petit moment, c’est ce qu’il lui faut pour qu’il comprenne qu’il a demandé à Ruben d’aller voir, non pas Malone, mais leur père et là encore, August apprécie moyennement ce qu’il entend « Parce qu’il est neurochirurgien, tu sais. ». Il se lève après avoir terminé de nouer son dernier gant autour de son poignet « J’aurai pu comprendre que tu l’amènes avec toi pour qu’il t’accompagne voir papa… Mais pourquoi tu t’es senti obligé de l’amener parce qu’il est neurochirurgien ? Tu doutes des médecins du centre ? Tu voulais un autre avis médical ? ». Il s’agace déjà parce qu’il essaye de comprendre les raisons qui ont poussé Ambrose à agir de la sorte « Je comprends pas, Ambrose là. Tu aurais dû nous en parler, tu peux pas prendre la décision de le faire voir par un autre médecin sans nous le dire. » . La tension devient palpable entre les deux frères soudainement, August plus que suspicieux face à cette liberté que son cadet a prise « Qu’est-ce que tu ne me dis pas ? ». Il y a forcément une raison à ça, il y a forcément une raison qui explique pourquoi soudainement, Ambrose amène le sujet de leur père sur le tapis et surtout il se souvient de cette discussion formelle qu’il a évoqué quelques secondes auparavant. Il sait quelque chose que lui ignore et au regard qu’il lui porte, August fait comprendre à son frère qu’il a tout intérêt de le lui dire.  

BY PHANTASMAGORIA

« Tant que cette discussion ne nous amène pas à réellement avoir envie de nous taper dessus » Ambrose a un rire faux et forcé. Sur ce point, il n’est pas aussi assuré que peut l’être August: au contraire, il pense déjà qu’il existe de fortes probabilités qu’ils en viennent à avoir un avis diamétralement opposé, lequel fera des étincelles. Lesquelles provoqueront un incendie, comme toujours entre eux puisqu’ils ne savent rester en bons termes bien longtemps avant de déjà se déchirer à nouveau.

Ainsi, alors même qu’ils sont seulement en train de se préparer pour monter sur le ring, Ambrose ne tarde pas avant de poser des questions au sujet de la relation l’unissant à Malone - ou plutôt, justement, sur l’absence totale de relation l’unissant à leur frère. « Je t’avoue que je préfère éviter Malone donc non, je ne lui ai pas parlé récemment » Il se retient de souffler, retrouvant sans mal l’éternelle même base d’amertume dans la réaction d’August. Il est le premier à ne pas s’entendre parfaitement avec chaque membre de leur famille mais il essaie tout de même de faire les suffisants pour garder une bonne entente générale. Et il est aussi bien placé pour savoir qu’ils auront plus que jamais besoin de cette entente pour avancer en tant que famille unie. « Pourquoi ? Et pourquoi on aurait parlé de papa en particulier ? » Ca, il le comprendra bien assez tôt et il ne juge pas nécessaire de revenir sur la question dans un premier temps. L’attitude que son aîné adopte lorsqu’il lui dévoile les informations au compte goutte n’est qu’une preuve supplémentaire qu’il a eu raison d’agir de cette façon. L’agacement se fait d’abord entendre dans le sens de sa voix, avant qu’il ne s’articule jusqu’aux mots qu’il choisit d’employer, et aux reproches de formuler. « Je comprends pas, Ambrose là. Tu aurais dû nous en parler, tu peux pas prendre la décision de le faire voir par un autre médecin sans nous le dire. » - « Y’a pas de nous qui tient quand personne en a rien à foutre de papa, ok ? » Et il est encore moins question qu’il ose lui reprocher d’avoir été de l’avant et d’avoir cherché des solutions alors qu’il ignore tout d’une situation qui dure depuis de longs mois. Il n’a pas le droit de prendre la décision au sujet de l’avenir de leur père, légalement du moins, mais il a au moins le droit d’inviter ses proches à lui rendre visite. Surtout Ruben. « C’est mon ami avant d’être un médecin. » Cette précision n’est pas toujours vraie puisque cela varie selon l’état actuel de leurs relations mais puisqu’il ne va pas de ce genre de confessions auprès d’August, il en ignore tout, et c’est bien mieux ainsi.

« Qu’est-ce que tu ne me dis pas ? »
« Il faut le débrancher. Il va falloir l’accord de tout le monde. »

Face à son frère, agacé par son attitude, il ne prend même pas la peine de mâcher ses mots ou prendre des pincettes. Ses prunelles tremblantes cherchent celles de son frère, à la recherche du moins indice qui pourrait le laisser présager de sa réaction toute entière. En réalité, il ne doute pas un seul instant qu’il tombera d’accord avec l’avis général, qui est évidemment de laisser partir leur père et de ne pas s’acharner. Ce qu’il appelle avis général sans même avoir interrogé Malone sur le sujet, par ailleurs. Tout lui semble couler de source. « Malone l’a su en premier. Ruben est venu pour confirmer l’avis des médecins. » Il finit enfin par expliquer pour que son frère puisse comprendre l’implication de chacun ainsi que la raison pour laquelle leurs prénoms se sont vus ajoutés à une discussion dont ils ignorent encore tout. « C’est de l’acharnement, maintenant. C’est ce qu’ils ont dit. Que personne ne peut plus rien pour lui. » Avec colère, il finit de mettre en place ses sous-gants et les cache rapidement sous les gants de boxe en eux-mêmes, bien décidé à en découdre sur le ring, peu importe si le monde autour d’eux cesse de tourner.

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@Ambrose Constantine & August Constantine

Février 2024. Dojo, West End. « Y’a pas de nous qui tient quand personne en a rien à foutre de papa, ok ? » C’est son être tout entier qui se crispe quand Ambrose a l’audace de prétendre être le seul à se soucier de leur père. Il voit rouge, August, d’ailleurs, les traits sur son visage parlent pour lui, ses poings se resserrent alors que son regard pour son cadet est des plus noirs. « Rien à foutre de papa ?! T’es pas sérieux là, j’espère ?! » Il tente de rester calme dans le ton qu’il emploie, donnant une seconde chance à Ambrose de reformuler ses dires et de se rattraper, parce que l’ainé ne peut s’entendre dire qu’il en a rien à foutre de leur père. Il passe du temps à son chevet et ça, depuis bien plus longtemps que le cadet - même s’il n’est pas là question d’en faire une compétition – et c’est la personne de cette famille qu’il voit sûrement le plus régulièrement, alors que son père n’entend plus les mots de son fils lui parvenir jusqu’aux oreilles, n’étant plus en capacité de le faire. August n’accepte pas la désobligeance de son cadet, encore moins l’idée qu’il ait pu demander l’avis d’un autre médecin, alors qu’il a déjà une équipe médicale qui vieille sur lui au quotidien – et dont ils ont toujours été satisfait. « C’est mon ami avant d’être un médecin. » « L’un n’empêche pas l’autre, ne joue pas sur les mots » qu’il le reprend parce qu’il a l’impression que son cadet s’octroie tous les droits sous prétexte que Ruben est son ami. Il a tout de même demandé à celui-ci de lui donner son avis sur leur père et August n’en comprend d’ailleurs pas les raisons, renouvelant cette question restée en suspens un peu plus tôt quand il l’a interrogé sur les raisons qui auraient poussé Malone et lui à parler de leur père.

« Il faut le débrancher. Il va falloir l’accord de tout le monde. » Le glas tombe et August avec. Heureusement qu’il est encore assis sur ce banc car Ambrose vient de lui mettre là l’équivalent d’un violent coup de poing dans la figure qui aurait eu pour conséquence de le mettre KO. Il a l’impression que le sol sous ses pieds se dérobe et que tout autour de lui tourne beaucoup trop vite. C’est à peine s’il entend les mots que son frère continue de formuler, son regard désormais happer dans le vide. « Malone l’a su en premier. Ruben est venu pour confirmer l’avis des médecins. » Les médecins. Il ne comprend rien. Pourquoi faudrait-t-il soudainement prendre une telle décision ? Qu’est-ce qu’on ne lui a pas dit ? Son état s’est-t-il aggravé depuis ? Est-ce une question d’argent ? Des milliers de questions se bousculent dans son esprit sans que cela ne lui permette d’y voir plus clair, c’est même tout le contraire, le rendant inapte à parler ou à réagir. « C’est de l’acharnement, maintenant. C’est ce qu’ils ont dit. Que personne ne peut plus rien pour lui. » Ces mots-là, August les entend très bien et sont comme un électrochoc. Malgré son teint livide, il parvient à reporter son regard sur son cadet, se levant tant bien que mal de ce banc sur lequel il s’était installé, s’approchant d’Ambrose « Il est hors de question qu’on le débranche, tu m’entends ? ». Il est catégorique là-dessus et il ne reviendra pas sur cette décision, son regard sévère prouvant qu’il ne supportera pas d’entendre un autre discours que celui-ci. « Depuis quand toi et Malone êtes au courant ? Pourquoi vous n’avez rien dit ? » Puisqu’il a été le premier au courant donc, conscient que son ainé a été désigné comme étant celui qui devrait prendre toutes décisions concernant leur père et être celui informé de l’évolution de la situation. Le ring n’a plus aucun attrait pour August, il préfère taper dans le premier punching ball à côté d’eux, un coup qui lui permet de décharger ce ressentiment qu’il peut avoir soudainement contre ces médecins de malheur, contre Malone et contre Ambrose. Il se retourne à nouveau vers ce dernier « Flora sait ? ». Il ne manquerait plus que sa jumelle soit aussi au courant depuis le début elle aussi, une chose qu’il supporterait encore moins que les deux autres qui se sont gardés de lui dire la vérité sur leur père depuis des mois « T’es prêt à le débrancher ? Vraiment, Ambrose ? Et tu osais me dire tout à l’heure que j’en avais rien à foutre de papa ? ». C’est à nouveau sur le punching ball qu’il préfère donner un nouveau coup, tant la colère l’envahit d’une façon qu’il n’a jamais connu encore et qu’il ne peut s’en prendre à son cadet - bien qu’il mériterait de se voir remettre les idées en place.
 

BY PHANTASMAGORIA

« Rien à foutre de papa ?! T’es pas sérieux là, j’espère ?! » Le regarde qu’il n’hésite pas un seul instant à garder ancré dans celui de son frère tend à lui prouver qu’il est effectivement plus sérieux que jamais et que le sujet de leur père n’en est pas un sur lequel il se risquerait à rigoler, encore moins par les temps qui courent désormais. Le benjamin relève son menton sans rien dire, mais au moins pour lui faire comprendre qu’il ne compte pas courber l’échine ou même changer d’avis. Ils doivent débrancher leur père, et ce ne sont même pas ses mots mais bien le conseil des médecins - donné il y a presque un an de ça, mais peu importe. « L’un n’empêche pas l’autre, ne joue pas sur les mots. » Mais puisque l’un a provoqué l’autre, Ambrose n’a pas l’impression de jouer avec les mots. La rhétorique est l’essence même de son métier, et ce n’est pas ce à quoi il s’adonne en cet instant: il précise les faits, il les met en lumière. Il annonce que Ruben est allé voir leur père uniquement parce qu’Ambrose lui fait confiance sur sa vie, avant même qu’il soit question de demander l’avis d’un second médecin. S’il n’avait pas été là, il n’y aurait sûrement jamais eu de second avis, et c’est justement avec ce second avis qu’il se permet d’expliquer la situation avec ses propres mots mais surtout avec l’urgence nécessaire. Leur père souffre inutilement. Cela ne sert à rien de le garder en vie simplement pour pouvoir rendre visite à une coquille vide de temps à autre.

« Il est hors de question qu’on le débranche, tu m’entends ? »
« On verra ça. »

Il ne le menace pas. Pour le moment, du moins, ce ne sont pas des menaces. N’en reste pas moins qu’il refuse qu’August soit celui paralysant toute la chaîne de commande, et ce uniquement parce qu’il est vexé qu’Ambrose ait osé lui dire qu’il n’était pas le fils idéal. S’il faut qu’il se batte contre lui pour arriver à ses fins, Ambrose n’hésitera pas un seul instant, certain que la décision qu’il compte prendre est la meilleure et que son frère est en tort. Il est trop en colère pour être capable de réfléchir avec raison, voilà ce que le benjamin en pense. « Depuis quand toi et Malone êtes au courant ? Pourquoi vous n’avez rien dit ? » - « T’es un déchet depuis la cérémonie, et tu me poses vraiment la question ? » Connaître la date ne servirait à rien mais il refuse d’être reconnu coupable d’une chose qui ne le concerne pas totalement. Du moins, pas autant qu’August le voudrait, parce qu’Ambrose continue de penser qu’il n’était pas apte à recevoir une telle information sans s’effondrer - et dans la mesure où lui-même refusait tout simplement d’en parler, ça l’arrange bien. Néanmoins, conscient de la dureté absolue de ses mots, il souffle un instant et se reprend. « Je voulais pas accepter la nouvelle, voilà pourquoi. » Est-ce qu’il est heureux de le savoir ? Satisfait ? Est-ce qu’il se sent mieux, maintenant qu’il sait qu’ils sont tous au même niveau, six pieds sous terre ? Il en doute, et pourtant ça ne l’empêche pas un seul instant de cracher ses mots.

« Flora sait ? » Il hausse les épaules. Il n’en sait rien. « Malone est supposé lui parler. » Mais Malone étant Malone, il ne sait pas s’il la fait et il sait tout aussi peu la temporalité de la transmission d’informations. « T’es prêt à le débrancher ? Vraiment, Ambrose ? Et tu osais me dire tout à l’heure que j’en avais rien à foutre de papa ? » Les sourcils du plus jeune se froncent, particulièrement en colère à cause de l’injustice qu’il retrouve dans les mots de son propre frère. « Tu crois que je te dis ça de gaieté de coeur ? » Ils devraient être dans la même équipe et il ne comprend pas comment August peut en douter, ni même comment il en arrive à le traiter de cette manière alors que l’idée même de devoir lui faire cette annonce avait tout pour rendre Ambrose malade. « Tu crois que j’ai pas passé ma putain de vie à espérer qu’il se réveille un beau jour et qu’on soit enfin une famille normale ? » August a ses souvenirs avec lui, au moins. Ambrose n’a que des mots, des récits, des photos. Il a les on dit, lui qui connaît son père uniquement au travers de la façon dont les autres le voyaient. Il ne peut pas le voir selon ses propres valeurs, ses propres souvenirs. Il doit tout dérober autour de lui, sans jamais en avoir eu le choix, ni même d’autres opportunités. « Je le fais pour lui. » Vouloir le débrancher ; c’est pour son père qu’il y pense, qu’il répand l’idée. Il pense à lui avant de penser à sa personne. « J’ai pas envie d’être un orphelin, qu’est-ce que tu crois ? » Ils n’ont plus leur mère, plus Norman non plus, et bientôt ils n’auront même plus leur père, sans que cela ne puisse les enchanter. Il le comprend bien, mais ils ont besoin d’être forts. Et soudés.

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@Ambrose Constantine & August Constantine

Février 2024. Dojo, West End. La nouvelle est brutale pour August qui n’est tout simplement pas prêt à cette éventualité. Son père est le seul parent qu’il leur reste et qu’importe ce que peut en penser la majorité, qu’importe l’état dans lequel il se trouve, aux yeux de l’ainé, il est toujours présent et rien ne doit en changer. Ils doivent continuer de se battre pour lui, pour qu’enfin un miracle qu’il attend depuis gamin se produise et qu’il puisse retrouver ce paternel qui a toujours été un modèle pour lui, celui qu’il a tenté, au long des années qui ont filé malgré tout, de rendre fier.    « On verra ça. » Ce n’est peut-être pas dit sur le ton de la menace mais ça sonne tout comme pour le journaliste, qui a l’impression que son frère se fait ici le décisionnaire de toute cette situation. Le regard qu’il lui lance en veut dire long, prêt lui aussi à se battre contre son frère – pas littéralement parlant, bien qu’ils se trouvent actuellement dans une configuration qui pourrait lui permettre d’en coller une à son cadet, mais il ne le fera jamais.

« T’es un déchet depuis la cérémonie, et tu me poses vraiment la question ? » C’est l’excuse qu’il lui balance à la figure pour lui expliquer les raisons de son silence ou, du moins, de leur silence, puisque Malone aussi était au courant – et il a dû être d’ailleurs le premier mais c’est évidemment à Ambrose qu’il a confié la chose et ça encore, c’est un coup bas de plus de la part de l’ainé à son encontre. En tout cas, les mots d’Ambrose lui font avoir ce mouvement de recul, ayant le même effet que s’il lui avait mis un poing directement dans la figure et même s’il est prêt aujourd’hui à reconnaitre que sa condition n’a pas été des plus exemplaires ces derniers mois, il n’en reste pas moins que l’entendre dire à voix haute, qui plus est de la part d’un de ses proches, fait mal. « Tu es dur, Ambrose ! » qu’il lui signifie quand il reprend le dessus, son ton calme mais pourtant ferme. Ce n’est qu’une mauvaise excuse à ses yeux mais c’est aussi la preuve que cette nouvelle, ils la connaissent depuis bien plus longtemps qu’il ne peut l’imaginer et cela ne fait qu’alimenter davantage encore cette colère en lui. « Je voulais pas accepter la nouvelle, voilà pourquoi. » Finalement, le cadet se veut plus honnête et cette confession tend à décrisper un peu August qui était prêt à riposter à nouveau. Les bras lui en tombent même, parce que son frère avoue sa vulnérabilité, chose qu’il n’a jamais faite devant lui et, si la situation serait propice à ce qu’il adopte son rôle de grand frère, posant cette main qui tremble sur son épaule pour lui dire que tout va bien aller, il reste inerte, se contentant de le regarder sans mot dire quand pourtant son cœur se serre dans sa poitrine.

« Malone est supposé lui parler. » Flora n’est peut-être pas encore au courant pour l’heure et pourtant, elle sera la première qu’il contactera en sortant de ce dojo. « S’il ne la pas fait, je le ferai » parce qu’il est hors de question qu’elle reste dans l’ignorance plus longtemps elle aussi et qu’elle est la première personne qu’il appellera après cette discussion. Il prendra évidemment toutes les précautions nécessaires pour lui en parler, si elle ne le sait toujours pas, et ne sera pas aussi abrupte qu’a pu l’être Ambrose avec lui. Il espère aussi trouver en Flora une résonnance à sa propre opinion, parce qu’il craint déjà être le seul à se battre contre tous – même si cela ne l’empêchera pas de le faire.

L’idée de débrancher leur père lui est insupportable et il a besoin d’entendre plus clairement l’opinion de son petit frère à ce sujet, lui qui semble s’attribuer les mérites d’avoir été le fils parfait en s’inquiétant continuellement de l’état de santé de leur père là où il estime que le reste de la fratrie n’en a jamais fait de même. Il ne sait pas de quoi il parle. « Tu crois que je te dis ça de gaieté de coeur ? » Il sait que ce n’est pas le cas, c’est le manque de justice dans ses propos qui mettent August dans cet état de nerf, cette fermeté aussi et ce côté hautain qu’il n’a jamais particulièrement apprécié chez son cadet qui le fait s’interroger sur tout ça. « Tu crois que j’ai pas passé ma putain de vie à espérer qu’il se réveille un beau jour et qu’on soit enfin une famille normale ? » Une famille normale, ils ne l’ont jamais été depuis la disparition soudaine de leur mère et ce père qui n’était déjà plus en capacité de l’être. Mais le cœur d’August ne reste pas insensible à cette confession de plus de la part de son cadet, bien qu’il ne réagisse pas, dans l’immédiat « Je le fais pour lui. » Et c’est peut-être ces mots-là qui crispent à nouveau l’ainé, dont les poings se serrent dans ses gants de boxe quand il n’est pas d’accord avec cette opinion, aveuglé par sa volonté de tout faire pour que leur père soit sauvé et cette image qu’il lui renvoie en le faisant passer ainsi pour un égoïste. « J’ai pas envie d’être un orphelin, qu’est-ce que tu crois ? » « Je n’y tiens pas non plus et c’est une des raisons pour lesquelles je ne lâcherais pas ! » Son regard est ancré dans les pupilles brunes de son cadet « Et quoi que tu puisses en penser, je ne le fais pas pour moi, je le fais aussi pour lui. Il mérite qu’on se batte pour lui. Jusqu’au bout ! ». Ce bout peut-être déjà atteint mais qu’il ne peut se résigner de voir, pas aujourd’hui, pas pour l’instant. « On est tous sur un pied d’égalité face à cette situation, on aurait aimé que cette putain de vie nous épargne et nous prive pas par deux fois, en si peu de temps, de nos parents ! Et c’est pour cette raison que je trouve absurde de nous demander de prendre une telle décision et encore plus de pouvoir envisager même une fraction de secondes cette possibilité ! » il s’emporte à nouveau, se tournant pour mettre un coup de poing dans le punchingball ball près d’eux. La colère se mêle à un trop plein d’émotions pour lui, sentant ses tripes soudainement lui remonter dans sa poitrine. « Il n’y  pas de on verra Rose. Je ne reviendrais pas sur ma décision, quoi que toi, Malone ou même Flora pourraient en dire » Les mots sont prononcés alors qu’il lui tourne le dos, un de ses bras ayant trouvé appui sur le punchingball, sa tête reposant sur celui-ci, tentant d’en bien que mal de reprendre le dessus. Puis dans un souffle « On a jamais réussi à tomber d’accord toi et moi, ce n’est pas aujourd’hui que ça arrivera et ça n’arrivera sûrement jamais ». Une fatalité, dirons certain, il le voit lui plutôt comme une réalité, en ayant assez d’espérer que cette famille puisse un jour redevenir normale, que leur père s’en sorte ou non. La fratrie a toujours été divisée et il n’y a pas à se leurrer quant au fait que ce nouvel affront ne les aidera pas à aller mieux. Et c’est pour cette raison qu’il prononce ces mots qui lui coûtent, considérant qu’il n’est pas nécessaire d’aller plus loin dans la discussion quand elle ne mènera nulle part.

 

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La conversation avec son frère tourne aussi mal que ce qu’il avait pu imaginer, et pourtant une faible part de lui continuait à espérer qu’ils arriveraient enfin à être sur la même longueur d’onde sur un sujet qui importe autant. « Je n’y tiens pas non plus et c’est une des raisons pour lesquelles je ne lâcherais pas ! » Ne pas lâcher l’affaire n’est pas synonyme de bonne idée. Dans l’état actuel des choses, en réalité, c’est plutôt synonyme de tout le contraire. Parfois, lâcher prise est justement la meilleure chose à faire, et aussi le meilleur moyen de faire comprendre que la situation leur tient à coeur. « Et quoi que tu puisses en penser, je ne le fais pas pour moi, je le fais aussi pour lui. Il mérite qu’on se batte pour lui. Jusqu’au bout ! » - « Tu vois pas que ça fait vingt ans qu’on se bat pour lui ? » Et qu’Ambrose continue de le faire en cet instant présent alors qu’il rivalise d’arguments pour tenter de convaincre son frère d’aller dans la même direction que lui et ainsi lui rappeler qu’ils sont dans la même équipe, qu’ils l’ont toujours été. « [...] Il n’y  pas de on verra Rose. Je ne reviendrais pas sur ma décision, quoi que toi, Malone ou même Flora pourraient en dire » Peu importe à quel point il ponctue ses mots en tapant sur le punching ball, peu importe à quel point il ose enfin hausser le ton de sa voix. Ca n’atteint pas un Ambrose qui a déjà pris sa décision et qui a désormais pour seul objectif de faire pencher en sa direction les autres membres de sa famille. Tout ce qu’il continue de penser est un autre on verra que son frère ne semble pas vouloir entendre mais qui n’en est pas moins la vérité aux yeux d’Ambrose. Il en fera sa vérité, du moins, sans pour autant avoir particulièrement envie de donner tort à son aîné: il veut surtout le meilleur pour son père, toutes proportions gardées.

« On a jamais réussi à tomber d’accord toi et moi, ce n’est pas aujourd’hui que ça arrivera et ça n’arrivera sûrement jamais. » -  « T’es puérile à tout résumer à toi et moi. » Il dit puérile ; il pense pathétique. C’est une histoire bien plus grande qu’eux et une histoire qui n’en a rien à foutre des querelles fraternelles, mais voilà tout ce à quoi la résume malgré tout August, sans doute parce qu’il n’a que ça à faire de ses journées, justement. « Crois ce que tu veux. » L’avis d’Ambrose sera de toute façon la décision finale, peu importe ses idées finiront par lui mettre le reste de sa famille à dos. Ruben lui-même lui a dit que le débrancher est la meilleure option, et il a confiance en son jugement bien plus qu’en celui de n’importe quelle autre personne sur cette planète. S’il doit aller au travers des lois et des réglementations pour obtenir le fin mot, alors il en sera ainsi, peu importe ce qu’en dit August l’auto-proclamé boxeur.

Excédé par ces discussions qui n'en finissent pas, il décide de se défouler à son tour contre un sac de frappe plutôt que de le faire contre le visage de son frère, conscient qu'il le ferait par colère bien plus que par amour du sport. Quand leur discussion sera enfin terminée, il sera grand temps pour les deux frères de débuter leur séance convenablement.

twisted and borrowed times

@Ambrose Constantine & August Constantine

Février 2024. Dojo, West End. « Tu vois pas que ça fait vingt ans qu’on se bat pour lui ? » Vingt ans, peut-être plus, mais cela reste peu aux yeux d’August. Il est prêt à se battre pour leur père des années durant encore, sa vie entière s’il le faut, même si tout cela semble démesuré. Il ne veut pas abandonner cette bataille, pas celle qui concerne son père alors qu’il n’est pas prêt à tirer un trait définitif sur sa vie alors qu’il estime que l’espoir n’a jamais disparu. Il n’a pas eu à faire au discours des médecins, lui et même si ceux-ci venaient à lui parler, il est fort à parier qu’il n’entendrait pas leurs arguments « Et alors ? Je suis prêt à me battre vingt ans de plus s’il le faut ! » Lui à qui on ne cesse de reprocher son manque d’implication et de détermination – dans son travail notamment - il prouve ici tout le contraire dès l’instant où cela touche une corde sensible qu’est le sujet du rétablissement de son père. Il le prouve d’autant plus en prononçant haut et fort qu’il continuera à aller à contre-courant, même s’il est le seul de la fratrie à être contre la décision de débrancher leur paternel – conscient à cet instant aussi que cela ne fera qu’aggraver encore plus ses rapports avec le reste de la fratrie.

« T’es puérile à tout résumer à toi et moi. » Il ne supporte plus cette supériorité qu’il emprunte sans cesse à son égard, et ce n’est là encore qu’un exemple de plus qui vient à appuyer les mots qu’il a prononcés juste avant. Ambrose ne comprend pas, il prend la chose comme il l’entend, lui voit les choses autrement et comme entrer en conflit encore une fois ne mènerait à rien, alors il ne réagit pas. « Crois ce que tu veux. » Qu’il croit lui aussi ce qu’il veut et malgré la rage qui tend à l’emporter, August préfère se détacher de son punchingball, ancrer son regard dans celui de son cadet en clôturant le débat sur ces derniers mots « On n’a plus rien à se dire » parce qu’ils sont incapable d’avoir cette discussion et ce parce qu’ils ne partagent pas la même opinion. Il délaisse ses gants finalement, embarque ses affaires et décide de quitter le dojo sans même adresser un dernier regard à Ambrose, la porte du bâtiment claquant derrière lui lorsqu’il en sort.

BY PHANTASMAGORIA