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@Scarlett Bridgers ☆ crédit/blondewhoregifs

(Sur la route - Los Angeles)

Les soirées s’enchainaient presque sans interruption, les journées étaient tout aussi denses, et la vérité, c’était que Jo était dans son élément. La promesse que ce séjour à Los Angeles se termine par le plus gros événement de l’année, ça annihilait la fatigue et la pression qu’elle sentait grouiller dans chaque cellule de son être, alors qu’elle avait en plus la sensation grisante d’avoir le monde à ses pieds. Elle avait rêvé d’être autant sollicitée, elle avait rêvé que l’attention soit dirigée vers elle de cette façon, et tandis qu’autour on s’enthousiasmait pour la suite de sa carrière, elle se retrouvait à donner son avis sur ce qui se passait dans cet un univers dont elle faisait aujourd’hui entièrement partie. Elle ne satisferait jamais du trop peu Jo, elle vivait pour le toujours plus, mais une partie d’elle lui soufflait que dans tous les cas, elle avait laissé sa marque quelque part grâce à ce duo qu’elle partageait avec Midas dont l’influence était assez bonne sur elle pour qu’on la dise apaisée. Dans les faits, ce n’était pas totalement faux, mais il avait suffit d'une proposition de rendez-vous pour la faire monter sur ses grands chevaux et affirmer l’impression, un temps perdue, qu’elle avait d’être une gosse qu’on essaye de punir pour être un peu différente. Trop turbulente pour le direct, trop peu entraînée pour canaliser ses envolées lyriques pas toujours très classes, trop honnête pour accepter qu’on lui demande de mentir, on avait remis en perspective la manière dont elle évoluait devant les médias en lui reprochant le peu d’effort qu’elle faisait — alors que merde, elle en faisait depuis des mois, c’était aussi peu évident que ça ? "Allez vous faire foutre." C’est le réponse qu’elle donna d’abord à son attaché de presse, ensuite au représentant de sa maison de disques qui connaissait son boulot sur le bout des doigts, et qui avait terminé son argumentaire en appuyant sur le nerf sensible. En mettant la réputation de Midas en avant, en lui rappelant que quoi qu’ils faisaient, quoi qu’ils feraient, ils étaient liés et que ce que faisait l’un impactait au moins un peu l’image de l’autre, elle s’était sentie coupable de ne pas savoir écouter, et avait accepté de se poser pour entendre ce qu’on lui proposait avant de rouler des yeux et de se laisser vanter les mérites de celle qu’on tenait tant à mettre sur son chemin.

Elle le savait putain, qu’elle avait besoin de PR training. Elle savait aussi qu'il aurait peut-être fallu y penser avant de l’envoyer à Los Angeles une semaine avant la cérémonie des Grammy Awards pour faire la tournée des grands ducs, et vanter son succès comme celui qui retentirait le plus au cours de cette année chargée. Parce que là, ils retiraient tout le fun de ce qu’elle était en train de vivre en faisant bouillir à grosses bulles l’idée qu’elle devait à tout prix être contrôlée pour des raisons de stratégie d’image et de marketing, alors que jusqu’à maintenant, si elle s’y prenait certes pas toujours très bien, son public trouvait ça rafraîchissant qu’elle soit aussi brutalement honnête, sortant des codes des starlettes à qui on demande seulement de bien chanter. Si du jour au lendemain, ils la voyaient plus sur la retenue, quel effet est-ce que ça aurait ? Elle avait soulevé cette question auprès de son équipe, elle avait reçu des couleuvres qu’elle leur avait craché à la gueule en ne refusant pourtant pas de se plier à leur requête, consciente de ses failles "T’as rendez-vous avec elle au restaurant de l’hôtel après le Women in the Mix." Elle avait gobé l’information en se détournant de la silhouette de son attaché de presse, et puis elle avait sommé sa maquilleuse de continuer à s’occuper d’elle en le maudissant sur plusieurs générations et, surtout, en lui souhaitant de choper l’herpès à cause du premier venu à l’after-party des Grammys.

L’évènement auquel elle était attendue s’était déroulé sans accro, quand bien même sur les réseaux sociaux, on s’inquiétait de l’absence d’un Midas rentré en toute discrétion à Brisbane pour l’anniversaire de sa fille. Tout le monde autour soupçonnait une bisbille entre lui et la chanteuse, tout le monde se demandait comment cette dernière s’était retrouvée avec deux doigts cassés le mois dernier d’ailleurs. Cette dernière ne se rompit pas les reins à vouloir assurer le contraire en défendant son couple, ce qui à ses yeux aurait plus paru suspect qu’autre chose, passée maîtresse dans l’art de se foutre de ce qu’on racontait à leur sujet, et s’amusa seulement des théories des haters qui ne pouvaient pas être plus loin de la réalité en misant sur leur rupture imminente. Elle était moins inquiète à ce sujet qu’à celui de son rendez-vous avec Scarlett qu’elle retrouva après plusieurs minutes de retard. Elle avait insisté pour se changer avant de la retrouver, ce qui avait bousculé le planning imposé par son équipe. Elle ne jugea pas bon de s’excuser de son retard, débarquant avec son aura et sa mauvaise humeur, et s’installa devant la jeune femme sur qui ses yeux noirs bordés d’une estafilade de strass dorés se posèrent. Jo annonça la couleur sans délai, alors que sous la table elle croisait les jambes en repoussant le jupon vaporeux de sa énième robe de la journée, ses bras suivant le mouvement dans une position qui ne laissait aucun doute quant à son sentiment au sujet de tout ça "Je vais te faire gagner du temps en te disant ce que ça m’inspire d’être là : ça m’emmerde, et c’est la manière la plus polie que j’ai en stock pour que tu le comprennes." Sa posture complètement fermée s’ouvrit juste assez pour que, d’un mouvement gracile au-dessus de la table qui les séparait, elle ajouta avec un sourire aussi faux que son entrain à entendre dire qu’elle devait s’améliorer "Mais je t’en prie. J’écoute ce que t’as à me dire."

L'ambiance est électrique, le soleil rond et lourd. Les soirées s'enchaînent, les dîners d'affaires et les réunions plus ou moins formelles, Scarlett enfile robes, tailleurs et vestes de costumes, vérifie ses traits d'eye-liner et de crayon à lèvres. Elle aime cette agitation, se comporte comme le parfait caméléon sociale qu'elle sait être. À ses côtés, elle a autorisé quelques employés à se joindre à elle, à commencer par son assistante Julia, dont la maîtrise de l'emploi du temps overbooké de Scarlett est cruciale. Elle refuse de déléguer les rendez-vous les plus importants, et ils sont nombreux cette semaine. Tried & True PR n'a jamais aussi bien marché, des années de travail acharné dont Scarlett récolte les fruits ; elle ne prend pas le temps de les croquer, se concentre déjà sur le suite. Elle ne sait pas profiter des victoires, seulement chasser les objectifs. Pourtant, ce matin-là, alors qu'elle ouvre les lourds rideaux de sa chambre d'hôtel, et qu'elle observe Los Angeles qui s'étend à perte de vue, elle s'autorise un instant à ressentir une pointe de fierté face à tout ce qu'elle a accompli. Derrière elle, la suite luxueuse ressemble à ces chambres d'hôtel qu'elle voyait à la télé, gamine, et dont elle n'osait même pas s'imaginer un jour pouvoir réserver. Elle commande son petit déjeuner auprès du room service, et boit son café noir en répondant à quelques emails, puis consulte ses rendez-vous du jour. Ce soir, le label de Troye Sivan - qu'elle représente depuis peu - organise un évènement pour célébrer sa nomination, elle doit encore régler quelques détails de l'organisation, vérifier la liste des participants qui change chaque heure. Elle rentre un rappel dans son téléphone pour être sûre d'appeler l'agent de Sivan, bien qu'elle n'ai jamais vraiment eu besoin de noter quoi que ce soit : à tout moment, son cerveau pense à son travail, ce qu'elle doit accomplir. Elle fait partie de ces gens sincèrement passionnés par ce qu'ils font et ne savent pas s'en couper.

Au milieu de cette valse sociale de la journée, un rendez-vous s'est rajouté presque à la dernière minute. Heureusement, Scarlett est assez préparée pour pouvoir composer avec les imprévus, qui n'en sont d'ailleurs en réalité pas vraiment ; cela fait des semaines que Scarlett et la maison de disque de Jo Carter sont en contact, quelques emails, un ou deux appels, la situation commence à frémir, et Scarlett attend le bon moment pour se placer. Alors quand il a finalement été décidé d'une rencontre, Scarlett n'a pas hésité à décaler son emploi du temps et s'organiser pour ne pas rater l'occasion. Après tout, Jo est LA star australienne montante du moment. Et elle a désespérément besoin de PR, peu importe à quel point son numéro de chanteuse brute de décoffrage peut avoir de charme.  

Et puis, Scarlett doit l'avouer : la jeune femme la rend curieuse. Sa personnalité enflammée détonne, mais Scarlett se questionne aussi sur sa relation avec Midas, ou pourquoi elle a semblé si fatiguée en interviews juste après sa victoire au télé crochet. Scarlett a toujours aimé les challenges, et Jo serait parfait pour son tableau de chasse de 2024.

Scarlett arrive en avance au restaurant, pourtant consciente que Jo est probablement le genre de femme à être en retard. Vêtue d'une robe de satin vert émeraude, Scarlett pianote sur son iPhone en attendant, absorbée par la suite des festivités qui l'attend. Du coup de l'oeil, elle surveille l'entrée du restaurant, jusqu'à que Jo arrive. À la minute où elle pénètre dans la pièce, plusieurs têtes se tournent vers elle - elle a un aura que l'on remarque, qu'elle soit célèbre ou non. Scarlett pose son iPhone, ne prend pas la peine de faire un signe de la main vers Jo, ni de s'offusquer de son manque de politesse face à son retard. Pendant quelques secondes, elle se demande si Jo va être l'une de ses starlettes imbues d'elles-même. Mais Jo croise les bras, et décide de ne pas lui servir les faux-semblants habituels qui ouvrent ces rendez-vous. "Je vais te faire gagner du temps en te disant ce que ça m’inspire d’être là : ça m’emmerde, et c’est la manière la plus polie que j’ai en stock pour que tu le comprennes." Sa réputation ne ment pas, ce que Scarlett décide de ne pas souligner malgré son envie de tacler Jo en retour. Elle décide de trouver ça impoli mais rafraîchissant. « C'est probablement la chose la plus honnête que j'ai entendue depuis que je suis à LA. Je t'en remercie, je commençais à frôler l'overdose de répliques mielleuses », elle réplique avec un sourire mesquin en coin. La sur sympathie américaine a toujours fatigué Scarlett, qui préfère la politesse froide anglaise. "Mais je t’en prie. J’écoute ce que t’as à me dire." Scarlett a un argumentaire en tête, évidemment. Mais ce n'est pas ainsi qu'elle décide de commencer. À la place, elle lève la main pour attirer l'attention de la serveuse, qui arrive à leur hauteur. « Un earl grey, s'il-vous-plaît », elle commande avant de tourner la tête vers Jo et de lever un sourcil interrogatif pour la pousser à choisir ce qu'elle désire. Elle se délecte un instant de retarder la conversation, une façon discrète pour elle de punir Jo et son retard. Quand la serveuse finit par s'éloigner, Scarlett se redresse sur son siège, et se penche légèrement vers la brune. « Je ne vais pas non plus te faire perdre ton temps en te déroulant un argumentaire. Je pense que nous aurions à gagner à travailler ensemble, évidemment. Mais ce rendez-vous n'est qu'une première discussion qui n'engage à rien. Pourquoi es-tu venue si cela t'emmerde autant ? » Elle remarque, décidant de jouer cartes sur table.


@Jo Carter  

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@Scarlett Bridgers ☆ crédit/blondewhoregifs

"Ouais, puisqu’on en est déjà à être honnêtes l’une envers l’autre, y a autre chose que tu dois savoir à propos de moi." Décroisant les bras uniquement pour faire la bascule vers la table qu’elles partageaient, elle posa son coude sur le bord, les bracelets qu’elle portait au poignet glissant le long de son avant-bras à la file. Sa joue trouva la courbe de sa paume qui encadra parfaitement son visage sublimé par le maquillage, ses doigts guéris surplombant sa pommette brillante d’highlighter, elle murmura exagérément, ses lèvres se mouvant selon l’intention qu’elle voulait donner à ses paroles ; sans équivoque, elles se parèrent du voile de la mise en garde qu’elle adressa à la jeune femme "Ma patience se résume à un tour de trotteuse sur le cadran d’une montre. Et encore, grand maximum." En d’autres termes, ce serait bien que tu te magnes, se retint-elle de dire pour mieux laisser ses yeux parler à sa place, ces derniers trouvant ceux de Scarlett sans qu’elle ne se sente gênée d’être aussi frontale. Elle ne s’était pas présentée face à elle par plaisir et elle ne ferait pas semblant que c’était le cas juste parce qu’elle jouissait d’une excellente réputation et que son agence, pourtant toute jeune, était en passe de devenir une référence dans l’univers qu’elles fréquentaient. Droite sur ses appuis, bien que d’emblée fermée à l’idée d’avaler des couleuvres dont elle ne voulait connaître le goût, Jo suivit les mouvements relativement lents de la jeune femme des yeux sans juger bon baisser les siens, faisant de la politesse la dernière entrée de sa liste des priorités. Son équipe avait une idée derrière la tête, et ça lui paraissait plutôt clair que, même si elle prétendrait le contraire par fierté mal placée, ce n’en était pas une mauvaise. Seulement, elle aurait préféré que leur stratégie s’amoncelle bien avant cette semaine qui s’annonçait cruciale pour elle. Elle voulait profiter de tout, aussi elle n’avait pas envie d’avoir à prendre en compte des notions qu’on voudrait lui enfoncer de force dans la tête, n’ayant jamais été une élève assez consciencieuse pour avoir confiance en sa capacité de régurgiter ce qu’on lui apprenait à la virgule près.

Au contraire, Jo avait toujours été une cancre à qui le manque de volonté faisait outrage à son intelligence. En dehors de ses capacités évidentes pour la musique, en dehors de son envie prégnante de laisser sa marque sur cette dernière, elle n’estimait pas ça nécessaire de faire des courbettes pour plaire au peuple ; elle lui plaisait déjà. En revanche, ceux qui avaient plus de mal à se faire à l’idée qu’elle était aussi peu docile qu’elle était fragile, c’était le métier qui savait reconnaître son talent sans le juger, mais qui avait du mal à accepter qu’une toute jeune femme dans son genre chérisse son besoin compulsif de rester qui elle était.  Jo, elle n’entrait pas dans les stéréotypes induits par le poids de l’industrie, et ça la rendait dangereuse, de quoi faire gonfler son ego et lui souffler de toujours rester celle qu’elle était — mais ça, c’était dans un monde où ses propos et ses actions n’avaient aucun effet sur le monde qui l’entourait. Son équipe avait de nouveau usé d’une stratégie inébranlable en mettant les intérêts de Midas sur le tapis, puisque c’était ça qui l’avait interpellée plus que le reste, et que c’était pour ça qu’elle avait accepté de venir. Refusant d’un signe du menton de commander quelque chose pendant que Scarlett se délectait de le faire avec une lenteur qu’elle savait portée par sa volonté de garder la main, sachant reconnaître une femme fière quand elle en voyait une, Jo retira son coude du bord de la table, et retrouva le dossier de sa chaise en ne cessant pourtant de regarder la jeune femme dont la franchise était assez rafraîchissante pour qu’elle veuille lui accorder un semblant de crédit pour l’heure "Dommage, tu me retires l’intention que j’avais de t’interrompre en plein milieu pour te laisser en plan et jamais plus te rappeler." Sa tête s’inclina juste un peu, un léger sourire lui échappant en même temps "Parce qu’on me bassine depuis presque un an pour que je prenne des leçons de relations publiques, et que mon équipe me connaît assez bien pour savoir que ma réputation m’intéresse moins que celle de ceux qui m’entoure." Elle haussa les épaules, son charmant minois s’animant quand, continuant sur sa lancée, elle explicita sans juger ça utile de mâcher ses mots "Je me fous qu’on me reproche mes propos. Si je dis quelque chose, c’est que je le pense, et j’estime pas avoir besoin de m’excuser d’être honnête." Sous la table, ses jambes se décroisèrent sous le jupon vaporeux de sa robe, l’inclinaison de sa tête s’accentuant en même temps "Mais cette semaine est importante, et pas uniquement pour moi. Si t’as bien fait tes devoirs, tu sais que je suis pas nommée seule." Si elle avait bien fait ses devoirs, elle savait aussi que Jo prenait ces nominations plus à coeur que toutes celles qu’elle recevrait dans le futur parce qu’elle légitimait non seulement son entrée dans l’industrie musicale, mais aussi sa place aux côtés d’un Midas qu’elle ne voulait pas mettre dans l’embarras, tout simplement.

Scarlett ne s'attend pas à ce que Jo soit mielleuse, évidemment - elle s'est assez renseignée sur la jeune femme pour avoir cerné le personnage, en surface tout du moins. Jo est présentée comme le cliché de la grande gueule, un adjectif que l'on réserve souvent aux femmes qui ont l'audace d'être aussi assurée que les hommes. Malgré tout, Scarlett doit reconnaître que Jo ne sait pas se montrer sous son meilleur jour, que l'on veuille blâmer ou non le sexisme de l'industrie, un raccourci que Scarlett évite toujours. Elle se demande si Jo se raconte qu'elle est la victime, que l'on ne comprend pas qui elle est et qu'on cherche à la conformer à un moule, si elle s'accroche à son identité de femme entière et honnête comme à une bouée pour justifier ses échecs. Ou est-ce que tout cela lui passe au-dessus de la tête, qu'elle fonce sans réfléchir et se réveille au milieu de pots cassés ? Jo n'a pas l'air aussi stupide - l'un des rares compliments que Scarlett est capable de faire à une inconnue - mais Scarlett ne l'imagine pas non plus choisir d'accidentellement être trop corrosive. Elle suppose donc que la vérité est quelque part entre les deux, comme la plupart des choses. "Ma patience se résume à un tour de trotteuse sur le cadran d’une montre. Et encore, grand maximum." Scarlett se retient de rebondir sur la remarque en soulignant le retard de Jo, qui se constate aussi sur le cadran d'une montre. A la place, elle répond évasivement : « J'aimerais pouvoir en dire autant, mais mon métier ne m'accord pas ce luxe. » Elle a un sourire en coin. Oui, Scarlett doit être patiente quand elle se retrouve face à des gens comme Jo, ce qui lui arrive plus souvent qu'on ne le croit, dans son métier. Jo se croit peut-être différente dans sa sincérité, mais ce n'est pas la première que Scarlett fait face à un quelqu'un qui se comporte ainsi. Même s'il s'agit généralement plutôt d'hommes, qui pensent qu'être cassant et impatient leur donne de la personnalité et de l'importance.

"Dommage, tu me retires l’intention que j’avais de t’interrompre en plein milieu pour te laisser en plan et jamais plus te rappeler." Scarlett jette un regard à sa propre montre, feigne de réfléchir. « Il nous reste encore assez de temps pour que l'occasion se présente, ne déclare pas forfait trop vite. » Elle offre un sourire poli en retour à Jo. Elles peuvent être deux à jouer ce jeu - et à vrai dire, c'est un jeu que Scarlett adore. La façon dont Jo et elle se penchent au-dessus de la table, se jauge et se juge, s'écartent, une danse qui occupe l'espace, une compétition subtile des égos.

"Parce qu’on me bassine depuis presque un an pour que je prenne des leçons de relations publiques, et que mon équipe me connaît assez bien pour savoir que ma réputation m’intéresse moins que celle de ceux qui m’entoure." Scarlett écoute sans l'interrompre. Elle est toujours sceptique des gens qui cherchent la célébrité et prétendent ne pas tenir à leurs réputations. Même si elle suppose que Jo est presque sincère, vu la façon dont elle a quasiment torpillé sa propre carrière après sa première apparition dans X Factor. "Je me fous qu’on me reproche mes propos. Si je dis quelque chose, c’est que je le pense, et j’estime pas avoir besoin de m’excuser d’être honnête." Scarlett retient un sourire. Elle a l'impression de s'entendre. Mais Scarlett, elle, a appris à se tenir et en faire sa force. C'est beaucoup plus simple de reigner lorsqu'on apprend à dire ce que les autres veulent entendre. "Mais cette semaine est importante, et pas uniquement pour moi. Si t’as bien fait tes devoirs, tu sais que je suis pas nommée seule." Scarlett pince légèrement les lèvres. « Si tu ne veux pas que l'on perde toutes les deux notre temps, pars du principe que j'ai toujours "bien fait mes devoirs" » Elle ne sous-estime pas Jo, et s'attend à ce que celle-ci fasse pareil. Question de politesse - même si Jo semble en manquer. La serveuse revient avec une théière infusée, et Scarlett s'en sert une tasse. Le thé est l'une des rares habitudes anglaises qu'elle aime garder.  « Même si j'imagine qu'il y a bien plus de subtilités dans ce duo que ce que le public en sait. Je ne fais pas spécialement confiance aux bruits de couloir, et encore moins à la presse, pour peindre fidèlement une relation... Si relation il y a ? » Elle demande, et avant même que Jo puisse s'en offusquer, elle lève distraitement l'une de ses mains, comme pour clamer son innocence.  « Ne prends pas la question personnellement, je travaille dans le PR depuis quasiment 10 ans. Question d'habitude.  » Elle a vu plus d'une relation fausse, ne les relève presque plus. Et sur le papier, Midas et Jo sont du génie pr, presque trop évident, ce qui pousse Scarlett à se demander si ce n'est pas sincère. « Donc tu voudrais assimiler quelques codes du pr pour ne pas impacter Midas mais sans compromettre ta propre honnêteté ? »



@Jo Carter  

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@Scarlett Bridgers ☆ crédit/blondewhoregifs

"Oh. Je suppose que c’est maintenant, le moment idéal pour sortir les violons ?" Elle avait choisi son métier Scarlett, son luxe s’était de pouvoir en jouir désormais, pas d’essayer d’attendrir son audience en se plaignant de ne pas avoir de vie. Jo prit cependant le temps de jouer la comédie. Serrant ses petits poings en faisant mine de se frotter le visage pour chasser les grosses larmes de crocodile factices de ses grands yeux noirs, elle ne les délogea pas de ceux de son interlocutrice. Finalement, sans doute qu’elle se ravirait de s’être rendue à ce rendez-vous à un moment donné, sentant que du côté de Scarlett, il y avait non seulement du répondant, mais aussi une profonde envie de faire quelque chose d’elle ; et c’était ça le talon d’Achille de Jo. Une fois qu’elle avait la certitude d’être désirée, son intérêt était piqué, et là deux choix s’offraient à elle. Soit elle en jouait pour que son ego se regonfle à la hauteur de ce qu’elle pensait mériter, loin d’être manipulatrice certes, assez charismatique cependant pour laisser sa marque sur quiconque se sentait suffisamment fort pour la pratiquer et supporter sa force de caractère, soit ça provoquait en elle une indifférence proche de l’insolence qui donnait envie à son auditoire de devenir celui ou celle qui la ferait changer malgré les piques acerbes, l’agressivité de son verbe, et son besoin évident de contrôler son monde à la baguette. Ici, elle n’avait pas encore tout à fait décidé à quelle sauce elle mangerait Scarlett, pas sotte au point de croire que les intérêts mis en jeu ne la forceraient pas un moment donné à tenter de la convaincre avec cet argumentaire qu’elle avait dit vouloir laisser de côté. Elle la laissait venir à elle, petit à petit, tandis qu’elle, elle semait des petits graines empoissonnées qui la renseignerait sur ce qu’elle était capable d’endurer, sa réputation la précédant, et son caractère étant déjà assez connu de tous pour que quiconque voulant être impliqué dans la gestion de sa carrière ne s’attende pas à un moment où un autre à être éconduit. Les risques du métier en somme, il fallait avoir les reins solides pour se frotter à Josephine Carter.

Un léger sourire en coin lui échappa en constatant donc que Scarlett n’était pas en reste. Depuis son côté de la table, elle l’observa réagir en silence aux raisons qui expliquaient qu’elle avait accepté de se rendre à cette rencontre quand elle ne rêvait que d’une chose au fond, et c’était de pouvoir passer son temps à autre chose que ça. Elle semblait professionnelle, la jeune femme, tellement que ça lui permettait de s’incomber des qualités sans ciller. Elle était peut-être autant déterminée que Jo à montrait de quel bois elle se chauffait, et c’était un point non-négligeable pour la brune qui, pourtant, s’inséra dans la brèche d’une erreur commise par la jeune femme au sujet de sa relation avec Midas. Elle la pointa de l’index, heureuse de pouvoir la contredire sans mettre en exergue son éternelle mauvaise foi — elle s’échina même à laisser un son de dessin-animé s’échapper de sa gorge, buzzer grave indiquant une mauvaise réponse, avant de lui faire avec la force de la conviction "Putain, c’était bien parti pourtant. Tu vois que tu fais pas tes devoirs comme il faut, ma grande." Ma grande, prononcé avec la suffisance des donneuses de leçon, ce qu’elle savait être à intervalle réguliers, quand elle en avait suffisamment quelque chose à foutre pour vouloir monter au créneau, et rétablir la vérité "C’est plus un secret que relation il y a. Si tu remets ça en question, autant pas te faire perdre ton temps et écourter notre dinette : je refuse de travailler avec toi." Si elle se mettait à remettre en doute sa relation avec Midas, à sous-entendre qu’ils étaient ensemble pour le buzz, elle soulèverait là un problème de taille. Jo en avait essuyé des tas, des soupçons de cette nature, et autant ça ne l’intéressait pas de savoir ce que les gens pensaient véritablement de leur couple, sûre d’elle et de son choix pour vouloir s’inquiéter de l’approbation du peuple, elle n’acceptait pas qu’on puisse mépriser ce qu’elle ressentait pour Midas et ce que lui ressentait pour elle pour le tordre et en faire quelque chose de sale ; on le faisait déjà assez en voulant les associer à une vulgaire histoire de triangle amoureux avec Micah, autant dire qu’elle avait largement reçu sa dose de ragots puants pour vouloir en supporter d’autres à propos de sa vie amoureuse, elle n’avait pas envie de ça "Je le prends pas personnellement, mais je préfère mettre les choses au clair dès maintenant. J’ai pas de limite et pas de tabou, mais si tu tiens à mener cette discussion jusqu’au bout, un conseil : remets pas ça en doute, c’est tout ce que je te demande." insista-t-elle, les sourcils haussés pour prouver que son point était marqué, et que ce n’était pas voué à être débattu — pas comme le reste, alors qu’elle reprenait suite à ce que Scarlett résumait "J’ai pas envie qu’il paye les pots cassés si je mets à insulter Katy Perry sur le tapis rouge. C’est quelqu’un de bien, il vaut bien quelques efforts pour que j’apprenne à tourner sept fois la langue dans ma bouche." Et ce même si Katy Perry lui sortait par tous les orifices, mais promis qu’elle essayera de lui trouver des qualités si nécessaire "Je suis déjà passée par la case PR quand je faisais X-Factor. J’ai dû présenter des excuses publiques après en avoir foutu une à une amie ; on nous a filmé, la vidéo a fuité, j’ai eu la bien-pensance qui m’a collée au train pendant six mois après ça, tu vois le genre." Bref, disait son roulement d’yeux qu’elle termina par un battement de cils frénétique, puis par un haussement d’épaules "Mais on m’a juste présentée un texte que j’ai lu parce que j’avais conscience de l’enjeu derrière. Je veux plus de ça, je veux pouvoir penser ce que je dis malgré tout. Je dois juste —" Et ça lui donnait envie de se tirer une balle dans la bouche de le dire de cette façon, pas fan de l’idée de devoir admettre ses faiblesses "— apprendre à dire les choses avec plus de tact." Relevant les yeux vers Scarlett, elle ne lui posa pas la question, mais formula dans l’intimité de ses pensées un tu crois que tu peux m’aider à faire ça ? Elle en était encore dans sa phase-test, inutile de lui donner trop d’espoir.

Jo Carter semble être le genre de femmes qui aime qu’on lui tienne tête, s’est dit Scarlett lorsqu’elle a commencé à regarder ses interviews et ses performances. C’est peut-être ça qui a accroché l’attention de l’anglaise aussi, elle qui ne rate jamais une occasion de chercher un challenge professionnel. Elle aime se dire que son agence n’a pas réussi pour rien, que c’est l’envie d’aller toujours plus loin qui a emporté le succès dans son sillage. Et puis, au fond, Scarlett aussi aime qu’on lui tienne tête, les joutes verbales l’amusent, la stimulent. Mais elle est toujours consciente qu’il existe un fil, qu’il ne faut jamais basculer, surtout lorsqu’il s’agit du professionnel. Elle n’est pas sûre que Jo sache être une funambuliste. A commencer par le ma grande qui hérisse Scarlett, qui reste pourtant impassible.

"C’est plus un secret que relation il y a. Si tu remets ça en question, autant pas te faire perdre ton temps et écourter notre dinette : je refuse de travailler avec toi." Scarlett plisse les yeux et retient presque un rire. Jo semble presque ne pas saisir que Scarlett est évidemment au fait de cette relation, mais que c’est bien de sa nature dont elle doute. « Jo, je sais pertinemment que votre relation n’est plus un secret », souligne Scarlett d’un ton pincé. « Mais ne me demande pas de te prendre pour une idiote en me faisant te signaler que dans ce milieu, toute relation publique ne signifie pas relation réelle. » Ou alors elle aurait très mal cerné la jeune femme, dont elle imaginait la verve cacher une certaine intelligente. Malgré sa méfiance naturelle, Scarlett a rarement une mauvaise intuition sur les gens ; mais elle a assez bossé avec des gens de tous les horizons pour avoir été surprise. Elle a elle-même faconner de toutes pièces des politiciens apparemment brillants, en partant d’hommes complètement creux et vides. Les apparences peuvent être décevantes. "Je le prends pas personnellement, mais je préfère mettre les choses au clair dès maintenant. J’ai pas de limite et pas de tabou, mais si tu tiens à mener cette discussion jusqu’au bout, un conseil : remets pas ça en doute, c’est tout ce que je te demande." Oh, l’enflammée Carter est donc réellement amoureuse du golden boy Sterling. Scarlett est presque déçue : elle trouve les relations pr plus faciles à manager que les vrais couples, dont les émotions à vif et les ruptures potentielles peuvent toujours compliquer les affaires. « La demande me semble raisonnable, j’en prends note », concède Scarlett avec un sourire en coin. Elle garde dans un coin de sa poche toutes ses futures questions sur le rôle de Micah Tomlinson dans toutes cette histoire.

"J’ai pas envie qu’il paye les pots cassés si je mets à insulter Katy Perry sur le tapis rouge. C’est quelqu’un de bien, il vaut bien quelques efforts pour que j’apprenne à tourner sept fois la langue dans ma bouche." Le point faible de Jo Carter serait donc un homme ? Scarlett sent un agacement au fond d’elle. Le comportement de la chanteuse lui rappelle pourquoi elle ne cherche elle-même absolument pas à se mettre dans une relation. Elle déteste devoir rendre des comptes aux autres - sauf si ces derniers la paient, comme dans son boulot. "Je suis déjà passée par la case PR quand je faisais X-Factor. J’ai dû présenter des excuses publiques après en avoir foutu une à une amie ; on nous a filmé, la vidéo a fuité, j’ai eu la bien-pensance qui m’a collée au train pendant six mois après ça, tu vois le genre." « J’ai vu la vidéo », signale Scarlett. Une gifle assez impressionnante compte tenu du gabarit de Jo. « T’as plutôt un bon revers, mais j’espère que tu n’as pas prévu de gifler Katy Perry si elle se pointe aux Grammys », elle ajoute avec un petit sourire en coin. Scarlett tate légèrement le terrain de la connivence, en désamorçant presque la tension qu’elles ont construite depuis le début de la conversation.

"Mais on m’a juste présentée un texte que j’ai lu parce que j’avais conscience de l’enjeu derrière. Je veux plus de ça, je veux pouvoir penser ce que je dis malgré tout. Je dois juste —" Scarlett lève un sourcil, curieuse, laissant Jo cracher le morceau. "— apprendre à dire les choses avec plus de tact." Voilà, on y est, se dit Scarlett. La bascule possible, l’ouverture. Elle se redresse un peu sur sa chaise, pose sa tasse de thé et se penche légèrement vers Jo, posant ses coudes sur la table et joignant ses mains. « Le pr doit être une façon de guider, pas une forme de contrôle. Du moins c’est ainsi que je le vois. » Une sorte de mensonge dans la bouche de Scarlett, dont le besoin de contrôle sous-tend toutes ses actions. « Je n’aime pas non plus perdre mon temps, et je ne vois pas pourquoi je le ferais en essayant de te contrôler. Si je voulais une coquille vide à façonner, ce n’est pas vers toi que je me tournerais. » Surtout pas quand Jo doit probablement être adepte de la psychologie inversée. Scarlett sent en la jeune femme une sorte d’esprit de contradiction, le genre de personnes que les ordres et le contrôle direct refroidissent.« Et si je veux travailler avec toi, ce n’est pas pour faire de toi ce que tu n’es pas. Ni pour me flatter de représenter la star montante du moment. C’est surtout parce que je te trouve intéressante et que je pense que ta personnalité peut être ton atout, même si elle demande d’être parfois canaliser pour se plier au jeu de cette industrie. »


@Jo Carter  

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@Scarlett Bridgers ☆ crédit/blondewhoregifs

"T’aurais tort de me prendre pour une idiote." C’était autant une affirmation qu’une mise en garde qu’elle prononça avec une détermination farouche, son regard planté dans celui de son interlocutrice "Tout ce que je te dis, c’est que j’ai pas eu besoin qu’on me mette qui que ce soit dans les pattes pour qu’on parle de moi, et que c’est même pas envisageable aujourd’hui, si jamais ça te donne des idées." Autant couper court tout de suite à ce genre de stratégie. Elle avait déjà sa dose avec cette histoire avec Micah et son envie de s’imposer dans quelque chose qui ne le regardait absolument pas, elle estimait pouvoir mettre des limites claires sans être taxée de madone intouchable, plutôt habituée à être vue comme la pute de service sans que ça ne lui pose plus de problèmes que ça ; à l’époque du moins, les choses évoluant en même temps qu’elle voulait assurer la stabilité de son couple. Une main se posant à plat sur la table, l’autre replaçant la théière apportée pour Scarlett au centre de l’espace qui les séparait, elle continua "Ce qui se passe entre Midas et moi, c’est pas une stratégie interne pour faire fructuer notre réputation respective. C’était la question que t’avais envie de me poser, non ? T’as ta réponse, next." En toute honnêteté, ils n’avaient même pas besoin de ça. Bien avant que leur relation soit officielle, ils jouissaient de la tendresse d’un public moins idiot qu’étaient tentés de penser les pontes de ce monde. L’un et l’autre flirterait avec l’hypocrisie s’il osait dire que ça ne servait pas leur projet de ces derniers temps, leur duo plus précisément, mais le fond de leur démarche n’était pas de faire de l’argent sur leur relation, et les cyniques penseraient ce qu’ils voulaient. On le faisait très bien pour eux sans qu’ils ne s’évertuent à mettre en place des stratégies pour vendre chaque étape de leur relation, ce qu’ils n’avaient jamais fait, faisant à peine de l’officialisation de tout ça un évènement, se contenant simplement de ne plus se cacher. C’était important pour Jo qu’on ne s’approprie pas son histoire avec Midas, et elle estimait ça autant raisonnable que de remettre rapidement les pendules à l’heure auprès d’une Scarlett à qui elle adressa un parfait catégorique quand elle s’accorda à prendre en compte l’information qu’elle venait de partager avec elle.

"Et alors, qu’est-ce que t’en as pensé ?" La fierté affichée sur ses lèvres brillantes de gloss, Jo se laissa incliner en arrière pour prendre du recul sur la table qu’elles partageaient, et adresser à Scarlett une observation toujours aussi fixe, cherchant à cerner le personnage qu’elle était au travers du contrôle dont elle semblait jouir sans avoir l’air de faire des efforts. Elle haussa une épaule, l’expression de son visage suivant le mouvement de sa nonchalance à aborder ce sujet en particulier. Elle ne tournait pas autour de ses erreurs Jo, elle en prenait la responsabilité quand elles ne nécessitaient aucune excuse, chose qu’elle présentait à petite dose, bien trop fière pour ça "L’éclairage était minable, plus personne accorde de l’importance à ce genre de choses. C’est dommage, ma robe était sublime pourtant." Il fallait toujours qu’elle tombe dans la provocation facile, et elle n’en avait aucune honte. Si elle avait regretté que la vidéo de son altercation avec Laurie finisse sur les réseaux sociaux, elle regrettait encore à peine aujourd’hui le fond de ce qu’elle lui avait craché à la gueule. Elle regrettait un peu la gifle, comme toutes celles qu’elle avait déjà données, trop consciente de ce côté-là, elle avait un souci, et pas des moindres, mais ce n’était pas le sujet. Surement que ça apaiserait son âme de faire amende honorable, mais elle n’était responsable de rien dans cette histoire, si ce n’était d’avoir un talent indéniable pour attirer les opportunistes. Elle relâcha un rire à la suite des propos de la jeune femme, se redressant sur sa chaise pour venir s’accouder de nouveau à la table, le bout de ses doigts vernis en lilas venant battre la mesure sur la ligne de sa propre mâchoire "Je peux rien te promettre." Katy ne risquait pas grand-chose en vérité, ce sujet étant bien vite balayé pour revenir au point central de cette discussion que Jo souhaitait soutenue et énergique, sa capacité à s’ennuyer beaucoup trop vite, beaucoup trop fort l’empêchant de laisser ne serait-ce qu’un temps de latence s’étirer pour laisser Scarlett penser "Je veux pas être désobligeante —" A d’autres, Josephine "— mais tu respires pas la bienveillance du guide." Inclinant la tête sur le côté, elle plissa les paupières pour faire la focale sur le visage anguleux de la brune "Tu donnes plutôt l’impression de préférer qu’on abonde dans ton sens que le contraire, et c’est là que ça va poser problème." Parce que Jo avait un énorme souci avec l’autorité, que la moindre contrariété la faisait réagir au quart de tour et que sa résilience devenait épuisante quand elle décidait de montrer que vouloir la contrôler, c’était faire une grossière erreur, et qu’elle n’avait besoin d’absolument personne pour devenir qui elle voulait devenir. Elle leva un sourcil "Je suis pas contre l’idée de recevoir des conseils pour m’améliorer. Je suis pas complètement demeurée, je sais que ja gagnerais quelque chose à travailler sur ma façon de m’exprimer et sur mon impulsivité." Agitant ses mains baguées devant elle, elle poursuivit "On me reproche assez souvent de pas savoir me remettre en question pour que là, je puisse prendre sur moi et admettre qu’il faut que je fasse des efforts. C’est pas un truc que j’aime faire, mais je me projette, et je veux durer sans que mon nom soit constamment associé à des sorties de route que j’ai pas anticipé parce que j’ai une trop grande gueule. Je le sais, tout le monde le sait." Elle voulait durer oui, aussi longtemps que possible d’ailleurs, vivant avec des images d’elle-même se produisant sur scène à l’âge de sa grand-mère. Elle reposa ses yeux sur Scarlett, la sondant pendant une seconde avant de reprendre "Par contre, je vaux largement qu’on me prenne pas pour une conne, alors sois réglo avec moi. Je gobe pas les discours fondés sur l’effet Barnum, c’est clair pour toi ?" En gros, si Scarlett cherchait à attirer sa convoitise avec des lieux communs, qui fonctionnaient qu’importe la personne qu’elle avait en face d’elle, elle pouvait reprendre tous ses bons sentiments et se barrer d’ici "Je polis suffisamment mon ego toute seule pour ne pas avoir besoin qu’on le fasse à ma place, donc sois honnête : qu’est-ce qui te motive vraiment à vouloir travailler avec moi ?" Elle n’avait pas envie d’entendre à nouveau qu’elle la trouvait intéressante : Jo savait qu’elle l’était, ce n’était pas l’argument qui la ferait sérieusement réfléchir à propos de tout ça.

Jo affirme ne pas avoir besoin de Midas pour que l’on parle d’elle, et Scarlett pince discrètement ses lèvres pour retenir le fond de sa pensée, que ce n’est pas Jo qui a besoin de la publicité, à ses yeux, mais plutôt Midas. Pourtant sa carrière s’est lancée avant celle de Jo, et il a cette image de prince charmant qui fonctionne, une luminosité qui se traduit parfaitement sur les tapis rouge et en interview. Mais cela est presque lisse, et être associé à quelqu’un de piquant comme Jo permet de le mettre en avant, de lui donner une aspérité par association, sans avoir à mouiller son image. C’est assez parfait, d’un point de vue pr, et c’est assez incroyable que leur histoire soit sincère quand elle est si pratique. C’est peut-être quelque chose qui a nourri leur sentiment inconsciemment, se dit Scarlett, comme une sorte de prophétie auto-réalisatrice : ils seraient parfaits ensemble, l’histoire d’amour dont une production télé rêverait, et à faire d’y penser, ils y croient désormais. Et vu l’acidité que Jo crache par-dessus la table, elle est particulièrement défensive quand il s’agit de son idylle, prise à son propre jeu de l’amoureuse. Un jeu qui n’a jamais intéressé Scarlett, qui a bien du mal à comprendre ce qui obsède autant les autres.

Elle est beaucoup plus intéressée par l’altercation de Jo, à vrai dire. "L’éclairage était minable, plus personne accorde de l’importance à ce genre de choses. C’est dommage, ma robe était sublime pourtant." Scarlett a un sourire en coin, l’assurance de Jo lui plaît - et lui fait tout de même dire qu’elle sera compliquée à gérer en pr, son égo occupant tous les recoins des pièces. Mais c’est quelque chose que Scarlett peut reconnaître et respecter. Elle déteste les pallaissons et préfère largement les gens qui savent ce qu’ils valent. Du reste, quand cet égo monte à leurs têtes, Scarlett se met en pr mode, elle est habituée à fréquenter des gens qui se pensent plus importants que tout le monde. Elle se contente de les juger silencieusement. « Si tu te réinventes dans une carrière de boxeuse, je prendrais soin de gérer la lumière du ring. Le genre de choses auquel le pr pense toujours », elle note, à moitié sérieuse, lancant une perche sur l’utilité d’avoir quelqu’un qui pense toujours à vous représenter sous la meilleure lumière, littéralement. « Le pr ne sert pas qu’à rattraper les erreurs de quelqu’un, mais aussi à être sûr que les victoires sont parfaitement mises en avant.  » Elle souligne, à peu près sûre que Jo va râler et lui répliquer qu’elle n’a pas besoin qu’on lui explique à quoi sert le pr. Mais Scarlett a aussi son propre rôle à tenir et à jouer, et elle doit bien ramener le sujet sur la table.

"Je veux pas être désobligeante —" Scarlett lève un sourcil, l’air de dire “mais encore ?” "— mais tu respires pas la bienveillance du guide."  Bienveillance n’est en effet pas le terme que l’on utiliserait pour décrire Scarlett. A vrai dire, elle trouve ce terme surfait. "Tu donnes plutôt l’impression de préférer qu’on abonde dans ton sens que le contraire, et c’est là que ça va poser problème." Scarlett pourrait lui répondre que si elle voulait vraiment que l’on abonde constamment dans son sens, elle n’aurait pas choisi le pr, et de s’obliger à manager un tas de gens qui croient tout connaître mieux qu’elle. « Non, la bienveillance n’est pas une valeur qui me porte, inutile de te mentir », commente Scarlett. « Les gens me paient pour mon expertise, et parce que mon sens a été travaillé, réfléchi et calculé pour être le bon selon la situation. » Et vu le succès de son agence, elle peut dire que son sens est très souvent correct. «  Mais tu ne serais pas la première personne à me tenir tête, et ce n’est pas un problème de mon côté. Le pr se travaille avec le client, pas contre lui. C’est à toi de voir si tu supportes que l’on te tienne tête aussi. » N’est-ce pas ça, le problème, au fond ? Que Jo veut faire simplement ce qu’elle veut et qu’elle ne veut pas qu’on lui impose quoi que ce soit ? Elle détourne le reproche vers Scarlett, mais cette dernière n’est pas dupe.

"Je suis pas contre l’idée de recevoir des conseils pour m’améliorer. Je suis pas complètement demeurée, je sais que je gagnerais quelque chose à travailler sur ma façon de m’exprimer et sur mon impulsivité." Elle n’est pas naïve, et commence petit à petit à ouvrir sa position dans la discussion, elle agite ses mains, cesse de croiser les bras. "On me reproche assez souvent de pas savoir me remettre en question pour que là, je puisse prendre sur moi et admettre qu’il faut que je fasse des efforts. C’est pas un truc que j’aime faire, mais je me projette, et je veux durer sans que mon nom soit constamment associé à des sorties de route que j’ai pas anticipé parce que j’ai une trop grande gueule. Je le sais, tout le monde le sait." Scarlett hoche la tête. L’ambition de Jo est respectable, et sera surtout un levier utile pour la convaincre d’essayer de légèrement se contrôler - dans la mesure où Jo Carter peut se contrôler.

"Par contre, je vaux largement qu’on me prenne pas pour une conne, alors sois réglo avec moi. Je gobe pas les discours fondés sur l’effet Barnum, c’est clair pour toi ?" Ohhh, touché. Scarlett hausse les sourcils, a un sourire amusé. Ce sont les parties de conversations qu’elle préfère. "Je polis suffisamment mon ego toute seule pour ne pas avoir besoin qu’on le fasse à ma place, donc sois honnête : qu’est-ce qui te motive vraiment à vouloir travailler avec moi ?" Le cerveau de Scarlett tourne à plein régime, il y a tant d’angles d’approches qu’elle pourrait prendre. En une nanoseconde, elle en choisit un, celui qu’elle suppose elle le plus vrai - bien qu’elle ne donnera jamais complètement le fond de sa pensée à Jo, ou à personne. « J’aime le challenge. » Simple, clair, et vrai. « J’ai fait le tour des politiciens qui trompent leurs femmes avec leurs secrétaires, des entreprises qui ne savent pas mieux cacher leurs comptes off-shores. » Elle hausse les épaules, parle d’un ton neutre. Elle n’a pas vraiment de jugement sur ces pratiques, ne les observe que comme des conséquences d’un système construit pour les faire fleurir. « J’aime travailler dans l’industrie de l’entertainment, je trouve les codes intéressants. Devoir prendre en compte que je représente des gens qui ont de fans et des haters, une masse qui les observe, dont les avis changent constamment, qu’il faut anticiper. » Cela la stimule, elle est sincèrement passionnée par son métier. Elle évitera d’être de mauvais goût en signalant à Jo qu’elle apprécie aussi le montant que lui propose la maison de disques. L’argent a toujours été un moteur pour elle. Ceux qui prétendent l’inverse n’ont jamais vécu en en manquant. « J’aime bien représenter des gens que je peux contrôler facilement, cela rend mon travail plus simple et rapide. Mais au bout d’un moment, ça m’ennuie. Avec toi, je sais que je ne m'ennuierais pas. Et que réussir à améliorer la maîtrise de ton image sera aussi une plus-value pour la réputation de mon agence. » Elle avoue sans aucune gêne. « Et… » Elle hésite, décide d’être honnête : « Je sais ce que c’est que d’avoir une personnalité qui n’est pas toujours palatable. Et c’est quelque chose que je peux reconnaître et apprécier chez l’autre, et que je pense savoir aider à adapter. » Parce que Scarlett a fait de sa vie une adaptation constante. Elle a parlé d'un ton neutre, presque entendu, parce que ce n'est pas un aveu de faiblesse ou une confession, simplement un fait. « Ce n’était pas une tentative d’effet Barnum que de te dire que je te trouve intéressante. Et je ne trouve pas beaucoup de gens intéressants. »


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"Si je chante pas, je fais rien d’autre." Tranchante dans sa façon de voir les choses, Jo ne plaisantait pas. Elle avait eu des années de vache maigre, elle avait à peine chanté parce que ça la ramenait à un échec qu’elle avait eu du mal à avaler, mais elle savait au plus profond de ses tripes pour quoi elle était faite, et ce n'était que pour la musique. Elle aimait attirer l’attention, c’était un fait qu’on lui reprochait comme tant d’autres choses, mais elle ne voulait pas attirer l’attention pour n’importe quoi, plus maintenant en tout cas. Ce n’était pas tant la lumière qui l’attirait que la manière dont elle pouvait la faire briller davantage quand elle était au summum de son art, alors les reconversions de dernière minute pour se donner l’impression d’exister, ce n’était pas pour elle. Elle ne cracherait pas sur des contrats publicitaires, ou ce genre d’extras qui feraient monter sa côte de popularité auprès d’une certaine élite qu’elle chercherait forcément à impressionner à un moment où un autre de sa carrière, seulement elle n’en ferait jamais un objectif. Jo, elle voulait chanter, elle voulait faire de la musique, elle voulait laisser sa marque, point final. De son côté de la table, elle continua d’observer Scarlett rebondir sur ses propos, et la manière qu’elle avait de le faire lui plaisait d’une façon différente des fois où elle avait d’emblée méprisé ceux avec qui on aurait aimé qu’elle travaille. Elle ne savait pas si elles étaient faites du même bois, mais qu’elle ne ploie pas face à la tache que ça représentait d’avoir ne serait-ce qu’une conversation avec Josephine Carter, ça lui en disait suffisamment sur sa personnalité pour qu’elle devine à peu près à quel genre de femme elle avait à faire. Elle connaissait son métier, elle connaissait aussi les rouages des bonnes négociations, la faisant quasiment tomber juste à chaque fois. Elle lui parla de rendre son panache aux victoires de ses clients, chose à laquelle Jo ne répondit que par "Ça veut dire que si on travaille ensemble —" Si on travaille ensemble, c’était important de remettre l'église au milieu du village et de faire entendre à Scarlett que celle avec le pouvoir autour de cette table, c’était Jo "— tu sauras mettre en avant mon premier Grammy Award au point d’évincer les rumeurs récentes à propos de ma rupture ?" Qui étaient fausses par ailleurs, inutile de le préciser. Le reste n’était que rhétorique, elle avait juste besoin de montrer à Scarlett qu’elle doutait à peine que la victoire du duo de l’année leur serait attribuée dans quelques jours, même si en secret, elle s’autorisait à ne pas en être tout à fait sûre. Officiellement, tout se devait d’être à sa portée, sinon elle ne serait pas là, n’est-ce pas ?

Scarlett n’était pas bienveillante, Jo l’avait compris sans qu’elle ne s’échine à jouer avec les faux-semblants "J’aime bien ça." Elle explicita, ses sourcils se haussant en même temps qu’elle reprenait la parole avec bon sens "Que tu te sentes pas obligée d’être bienveillante pour bien faire ton travail. Perso, je suis pas ici pour me faire des amis, alors je comprends à peu près où tu veux en venir, et par anticipation à ma décision que j’ai pas encore prise —" Elle releva les yeux de façon critique vers elle pour bien appuyer sur ce fait en même temps "— je peux t’assurer que c’est pas un truc qui me dérangera qu’on devienne pas les meilleures amies du monde. J’en ai pas besoin." Elle avait ce qui lui fallait. Jo ne cherchait pas à étoffer son cercle d’intimes, elle voulait simplement être entourée de professionnels qui sauraient la guider. Bienveillants ou non, elle-même ne se prétendait pas tout sucre, tout miel, arborant même les gens trop tendres, aussi mous du genou qu’elle était vindicative et grossière "Je suis pas connue pour aimer qu’on me tienne tête, mais je préfère encore qu’on le fasse qu’on me dise que je suis parfaite quand je sais que c’est faux, et que je suis une putain de plaie." De ça comme de tout le reste, elle en avait à peine honte, le prouvait le léger sourire qui fendit le bas de son visage "Je préfère avoir raison que le contraire, et j’ai du mal à accepter de pas avoir le dernier mot. Je sais ce que je veux Scarlett, ça me rend beaucoup trop têtue." Elle haussa les épaules et en garda une légèrement levée pour terminer en lui disant "Je suis une garce, ça non plus c’est pas un secret. La question, c’est pas tant si moi je supporterais que t’abondes pas dans ton sens —" Elle avait déjà une équipe autour d’elle, et malgré ce qu’elle disait, elle était déjà obligée de se plier à certaines règles, à certains codes "— c’est est-ce que toi, tu supporteras quelqu’un comme moi ? Je m’inquiète pas pour toi en vrai, t’as l’air d’avoir les reins solides." fit-elle, démontrant un semblant de certitude nonchalante quand elle se recula du bord de la table pour lui faire, le visage légèrement incliné sur le côté pour parfaire l’insolence évidente qui pointa dans la manière qu’elle eut de terminer son discours "Mais j’ai la tête dure, et les idées bien arrêtées."

Comme le prouvait la manière dont elle avait tenu à debunker le discours pré-mâché de la jeune femme à qui elle adressa un léger rire quand elle parla de challenge "T’as frappé à la bonne porte." Ou à la mauvaise, ça dépendait des points de vue. Attentive, elle écouta le reste de ses explications avec le menton posé sur ses doigts repliés, la paume de sa main épousant l’oval de son visage solidement tourné dans sa direction. Jo laissa ses yeux la détailler sans craindre d’être impolie, se moquant de l’être à dire vrai, et balaya sa rangée de dents du haut avec le bout de sa langue en plissant les paupières quand elle décela une brèche dans laquelle s’engouffrer. Jo lui dit "Tu comptes sur ma popularité pour confirmer celle de ton agence et gagner en crédibilité ? Je suis pas un cerveau de la stratégie de comm ou peu importe comment on appelle tout ça, mais c’est plutôt malin de ta part de vouloir mettre la main sur moi alors que je suis en lice pour remporter la récompense la plus prestigieuse de l’industrie musicale." Elle aurait pu l’applaudir pour faire le spectacle, mais elle ne le fit pas, restant dans la même position pour affirmer le plissement de ses paupières et ajouter "Tu connais bien ton métier. Je suis impressionnée." Et impressionner Jo Carter, ce n’était pas donné à tout le monde, mais elle se garda bien de le partager avec la principale concernée, préférant lui faire à la place "Mais je suis pas une femme facile, t’en es consciente ? Je te donnerais pas une réponse dans l’immédiat parce que t’as su attirer mon attention et me donner envie de voir de quel bois tu te chauffes exactement." Elle se redressa avec une langueur un peu surjouée, faisant virevolter la longueur de sa queue de cheval  haute par-dessus son épaule pour qu’elle se replace entre ses omoplates "Parce que c’est facile de vendre ton intérêt pour moi comme tu viens de le faire, mais la vérité, c’est que c’est ta parole contre pas grand-chose : je te connais que selon ton propre point de vue et celui de ma maison disque qui t’as vendu comme quelqu’un de compétent. Sauf que tout le monde l’est, surtout ici." A Los Angeles, qu’elle désigna d’un regard circulaire au restaurant dans lequel elles se trouvaient, avant que ses yeux ne se posent à nouveau sur Scarlett. Sa tête opina avec conviction, ses sourcils se froncèrent avec exagération "Oh, je sais que je le suis." Intéressante, que ça la rende encore plus spéciale que Scarlett le trouve aussi ne changerait pas sa vie, et elle entendait bien qu’elle l’enregistre, alors elle ne réagit pas plus que ça à ça en particulier, et annonça plutôt dans la foulée "J’ai besoin de réfléchir."

"Ça veut dire que si on travaille ensemble —" Le si est prononcé avec assertivité, comme si Jo s’imagine que cela rappelle à Scarlett que rien n’est décidé. Pour l’anglaise, c’est l’effet inverse que cela produit - un aveu de la part de Jo que cette dernière envisage la possibilité, et c’est tout ce qui suffit, au fond, pour Scarlett. A partir de là, elle sait qu’elle peut faire pencher la balance en sa faveur, que ce n’est qu’une question de temps. Certains criaient à un débordement d’égo, elle appele ça de la confiance en soi et en son agence. "— tu sauras mettre en avant mon premier Grammy Award au point d’évincer les rumeurs récentes à propos de ma rupture ?" « Si on travaille ensemble - » elle rentre dans le jeu avec un sourire poli « - je saurais mettre en avant ce que tu veux. » Sur tous les sujets, affirme silencieusement le regard de Scarlett vrillé dans celui de Jo. Aucune d’elles ne cille.

L’avantage de la forte personnalité de Jo, c’est qu’elle semble comprendre que celle de Scarlett occupe l’espace aussi. Elle ne s’en offusque pas, au contraire. "J’aime bien ça. Que tu te sentes pas obligée d’être bienveillante pour bien faire ton travail. Perso, je suis pas ici pour me faire des amis, alors je comprends à peu près où tu veux en venir, et par anticipation à ma décision que j’ai pas encore prise —" Une nouvelle fois, tout ce qu’entend Scarlett, c’est que Jo est capable de se projeter de plus en plus, et c’est tout ce qu’il lui faut. "— je peux t’assurer que c’est pas un truc qui me dérangera qu’on devienne pas les meilleures amies du monde. J’en ai pas besoin." Scarlett n’en aurait pas attendu moins de la part de Jo Carter. Elle se demande tout de même à quoi ressemble la vie sociale de la chanteuse, qui ne doit rien laisser passer à ses proches, et qui pourtant choisit de sortir avec quelqu’un d’aussi doux que Midas Sterling, là où on aurait pu l’imaginer chercher des relations passionnés et instables où toutes ses humeurs et son égo ont leur place. « Je crois que nous avons la même vision de cette potentielle relation de travail », répond Scarlett d’un air entendu. Les termes commencent à se dessiner, et ils plaisent à Scarlett.

"Je suis pas connue pour aimer qu’on me tienne tête, mais je préfère encore qu’on le fasse qu’on me dise que je suis parfaite quand je sais que c’est faux, et que je suis une putain de plaie." Scarlett a un petit sourire qui traîne sur les lèvres. Il n’y a aucune chance qu’elle dise à Jo que cette dernière est parfaite - elle n’a jamais offert ce compliment à qui que ce soit, et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle commencera. Elle a l’habitude de devoir être honnête avec ses clients, et malgré tout le langage pr qu’elle sait utiliser, elle est tout de même payée pour être sincère et ne pas contourner la réalité, du moins pas en privé. Pour les caméras ou les articles de journaux sur les gens qu’elle représente, ça, c’est autre chose. "Je préfère avoir raison que le contraire, et j’ai du mal à accepter de pas avoir le dernier mot. Je sais ce que je veux Scarlett, ça me rend beaucoup trop têtue." « Tu as au moins l’air consciente de tes travers. I can work with that. » Elle offre, en haussant elle aussi les épaules, l’air de dire qu’elle a vu pire. Et c’est vrai : travailler avec des gens incapables de se remettre en question - elle pense notamment aux CEOs et aux politiciens - est probablement la partie la plus délicate de son travail. "Je suis une garce, ça non plus c’est pas un secret. La question, c’est pas tant si moi je supporterais que t’abondes pas dans ton sens c’est est-ce que toi, tu supporteras quelqu’un comme moi ? Je m’inquiète pas pour toi en vrai, t’as l’air d’avoir les reins solides." A cette remarque, Scarlett lâche un petit rire. Jo a très bien compris qui elle avait en face d’elle. "Mais j’ai la tête dure, et les idées bien arrêtées." Scarlett porte sa tasse de thé aux lèvres avant de la reposer, offrant un sourire presque amusé à Jo. « Et ça ne me fait pas peur. On risquerait de se prendre la tête, c’est sûr, mais j’imagine que l’on pourrait aussi être une sacrée équipe lorsqu’on serait sur la même longueur d’onde », souligne Scarlett. « Car j’imagine qu’il est possible qu’on soit d’accord aussi, parfois, non ? » Elle propose avec un nouveau rire presque sarcastique.

Scarlett sent que Jo l’écoute avec attention, mais qu’il faudra plus que ces explications pour lui faire signer un contrat. "Tu comptes sur ma popularité pour confirmer celle de ton agence et gagner en crédibilité ? Je suis pas un cerveau de la stratégie de comm ou peu importe comment on appelle tout ça, mais c’est plutôt malin de ta part de vouloir mettre la main sur moi alors que je suis en lice pour remporter la récompense la plus prestigieuse de l’industrie musicale." Scarlett hoche la tête, sans éviter le regard de Jo : elle n’a pas honte de ce qu’elle affirme. Elle ne va pas prétendre que son intérêt pour Jo est, justement, désintéressé.  "Tu connais bien ton métier. Je suis impressionnée." Oh, un compliment ? Scarlett lève un sourcil, penche légèrement la tête, et répond, sincère : « Merci. » Elle ne sera pas du genre à jouer les fausses modestes, et elle sait que le compliment de Jo n’est pas non plus la clef miraculeuse qui scellera le deal. "Mais je suis pas une femme facile, t’en es consciente ? Je te donnerais pas une réponse dans l’immédiat parce que t’as su attirer mon attention et me donner envie de voir de quel bois tu te chauffes exactement." Scarlett se réinstalle dans sa chaise un peu plus confortablement. « Tu me décevrais presque si c’était si simple de te convaincre », répond Scarlett. Elle passe sa main dans ses lourds cheveux bruns que l’humidité colle à sa nuque.

"Parce que c’est facile de vendre ton intérêt pour moi comme tu viens de le faire, mais la vérité, c’est que c’est ta parole contre pas grand-chose : je te connais que selon ton propre point de vue et celui de ma maison disque qui t’as vendu comme quelqu’un de compétent. Sauf que tout le monde l’est, surtout ici." Scarlett a un sourire amusé. Tout le monde, ici, n’est pas compétent comme elle. Mais elle n’a pas besoin d’étaler à nouveau sa réputation ou son égo, elle l’a assez fait. Elle se contente de répondre : « Les compétences ne suffisent pas toujours à faire une bonne collaboration professionnelle - même si j’ai celles qui faut », elle souligne.

"J’ai besoin de réfléchir." Cela paraît évident à Scarlett. Elle se redresse et se penche vers Jo, détaille son visage. « Voilà ce que je te propose, Jo », elle commence avec assurance. « Quand tu auras gagné ton premier grammy - » quand, et pas si, il fallait bien rentrer dans son jeu, « - les journalistes vont faire la queue dans la boîte mail de ta maison de disques pour avoir des interviews, avoir l’exclu d’un portrait de la Jo Carter. Je peux aider à choisir, voire trouver dans mes propres contacts, quelles seront les meilleures publications, les meilleurs journalistes, et les briefer pour orienter les articles comme tu l’entends. Ou comme vous l’entendez, si tu veux partager la couverture avec Midas. » Ce qui serait un choix pr en soi dont il faudra longuement discuter. « Free of charge et sans obligation de contrat par la suite », précise Scarlett. « Considère ça comme ma façon de te prouver que ma réputation est fondée. » Elle offre un service à Jo, décide de prouver qu’il n’y a pas que du vent dans ses discours. « Deal ? » Elle tend sa main vers Jo avec un sourire, amusée déjà de ce qui l’attend.



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@Scarlett Bridgers ☆ crédit/blondewhoregifs

Trouver une personne qui ne baissait pas les yeux face à la détermination de Jo d’asseoir son autorité, ce n’était pas chose facile. Scarlett avait l’aplomb nécessaire, elle-même était bien obligée de l’admettre sans le faire néanmoins, se contentant simplement de défier ses yeux avec les siens. Elle savait très bien qu’elle ne serait pas la première à flancher, et que même un battement de cils, elle pouvait le retenir pour garder la main et bien faire entendre à la jeune femme qu’elle ne craignait pas la confrontation. Sa décision n’était pas prise, elle tenait à y réfléchir, ne serait-ce que parce que ce que Scarlett lui répondit au sujet des intérêts qu’elle pourrait mettre en avant pour elle l’interpellait et qu’elle n’ignorait pas combien il était utile d’avoir à ses côtés quelqu’un qui oeuvre pour le meilleur. Elles voyaient les choses de la même façon, c’était ce qu’elle retiendrait de cette conversation qui n’avait pas besoin de durer plus longtemps au fond. Elles avaient toutes les deux d’autres choses à faire, cette rencontre n’ayant été provoquée que pour leur permettre de prendre en considération l’intérêt que l’une avait pour l’autre "Je te l’ai dit, je suis honnête, certainement un peu trop pour mon propre bien, d’ailleurs. Mais le truc, c’est que j’aime pas qu’on me mente, alors j’évite de le faire en contrepartie. Je vis mal l’idée de devoir des comptes à qui que ce soit, j’aime avoir la conscience tranquille." D’où l’idée que le marché que Midas avait passé avec la prod de X Factor la faisait pourrir de l’intérieur sans qu’elle n’en fasse trop cas pour l’heure, préférant vivre dans le déni que d’affronter le moment où elle lui demanderait pour de bon d’arrêter de repousser ses tentatives de parler de tout ça et de décider de quelque chose de concret pour se protéger l’un et l’autre, au moins au cas-où. L’arc de son sourcil droit qu’elle offrit à Scarlett signifiait très bien quand elle lui fit part de sa capacité à se faire à ses travers. Elle eut un léger rire en plus à la suite de ses paroles qu’elle agrémenta cette fois d’une mine faussement incertaine "Ça, c’est comme pour Katy Perry : je peux rien te promettre." Réussiraient-elle à tomber d’accords de temps à autres ? Jo travaillait mieux dans l’affrontement. Elle avait été habitué à la compétition et elle bouillonnait d’une énergie viscérale à faire de tout une bataille qu’elle devait remporter coûte que coûte, pas étonnant qu’elle voyait l’échec ou la tricherie comme un affront mortel qui lui avait laissé des cicatrices.

"On verra, hm ? On est loin d’en être au point où on peut parler de collaboration." Dans d’autres circonstances, elle aurait peut-être fait le parallèle avec une parade amoureuse durant laquelle elle avait besoin de se faire désirer pendant une période donnée, sauf qu’elle laissa son habitude à tout faire pencher du côté de l’ambiguïté de côté, s’obstinant seulement, et ce presque gentiment, à remettre les choses à leur place, bien décidée à continuer à semer le doute chez Scarlett qui paraissait si sûre de ses compétences que Jo ne remettait pas en doute au contraire, impressionnée par la manière dont elle avait mené cet entrevue qui tirait sur sa fin. Encore une fois, elle annonça vouloir réfléchir, jetant les prémices d’une conclusion qu’elle s’apprêtait à rendre officielle en opérant un mouvement pour se lever ; mais le corps de Scarlett sembla s’électriser à cette annonce, la sienne ne tardant pas à atteindre Jo dont les fesses restèrent un instant de plus vissées à sa chaise "T’es prête à tout pour que je décide de t’avoir à mes côtés, et je respecte ça." affirma-t-elle, sentant déjà l’anticipation de la sollicitation accrue des médias grouiller dans chaque cellule de son corps qui reprit vie quand, doucement, elle se leva de sa chaise "Mais tu seras pas la seule à vouloir travailler avec moi après les Grammys, et tu le sais aussi bien que moi. Ça aussi je te l’ai dit : c’est ta parole contre pas grand-chose, et je passe pas des marchés sur la base de preuves à faire." Une main posée à plat sur la table alors qu’elle s’était entièrement levée cette fois, Jo poursuivit "Moi ce dont j’ai besoin, c’est de certitudes. C’est de ma carrière et de ma réputation dont on parle, et la concurrence est rude ; laisse-moi le temps de la jauger avant de confirmer que c’est de toi dont j’ai besoin pour maximiser mes chances de m’améliorer." Elle aurait bien ajouté qu’elle n’avait besoin de personne en vérité, mais elle avait été trop volubile tout à l’heure en admettant qu’elle péchait avec sa grande gueule et qu’il lui fallait être éduquée de ce côté-là. Affirmant encore un moment son regard dans celui de la jeune femme, elle reprit après quelques secondes de silence entre elles "Alors on laisse le deal de côté pour plus tard, on m’attend pour des répétitions." Son équipe avait le contact de la jeune femme, elle prendrait bien assez tôt connaissance de sa décision. Pour l’heure, Jo engloba du doigt la table de laquelle elle venait de se lever et lui fit avant de s’en aller "Commande ce qui te fait plaisir, reste tout le temps que tu voudras, c’est pour moi." Un élan de générosité rare qui allait de paire avec son impression d’avoir remporté la partie tandis qu’enfin, elle se détournait pour de bon de Scarlett et de leur table.

rp terminé.