Jour 20, écrit Lucas dans son carnet. Aujourd’hui marque le 20ème jour de son sevrage complet. 20 jours qu’il n’a pas pris une seule pilule. Les symptômes de manque sont partis les uns après les autres, même si certains persistent encore : notamment des insomnies sévères. Il essaie de s’habituer tant bien que mal à la douleur persistante dans sa jambe, sourde, mais bien réelle. Pour tenir, il a décidé de documenter son sevrage dans se petit carnet, mettant par écrit ses pensées, ses peurs, ses doutes, l’évolution de ses symptômes. Il a failli craquer, tout au début, pris dans une crise de manque terrible et douloureuse. Il avait appelé Olive au secours, ne sachant vers qui d’autre se tourner. La brune avait répondu présente et était restée auprès de lui toute une nuit. Sa patience et sa douceur l’avaient aidé à tenir le coup. Il s’apprête à coucher ses premières pensées du jour sur le papier, quand son téléphone vibre. Il s’interrompt pour jeter un oeil : les pixels sur l’écran forme le nom de Mabel. Elle lui demande s’il peut garder Rosalie aujourd’hui, l’actrice ne pouvant emmener sa fille avec elle au travail. Il hésite un instant, ne sachant pas si lui mettre un bébé dans les bras en plein sevrage était une bonne idée. Mais il en devait une à son amie, après que cette dernière lui a rendu service en s’occupant de Jazz pendant la tempête qui avait frappé Brisbane en décembre. Rosie était un bambin adorable, et devoir lui accorder son attention pleine et entière l’aiderait certainement à penser à autre chose. C’est ainsi qu’une heure plus tard, la jeune maman a débarqué chez lui, déposant enfant, sac à langer, jeux et porte-bébé dans son appartement, avant de filer après un dernier bisou sur le front de sa fille. Lucas se retrouve alors seul à seule avec Rosalie, deux ans, dans les bras. « Bon. Apparemment, y a plus que toi et moi. », lance-t-il à la petite fille, qui semblait captivée par le pompier.

***

La journée est passée à la vitesse de l’éclair. Même si elle n’a que deux ans, Rosie est un bébé plein d’énergie. Mais ce qui a surpris le grand brun, c’était qu’elle est aussi plutôt bavarde. Évidemment, il ne comprend qu’un mot sur dix et aurait bien aimé avoir Mabel avec lui pour faire la traduction. Mais la jeune Rosalie n’était visiblement pas gênée de ne pas se faire comprendre, passant rapidement à autre chose. Elle avait passé une bonne partie de la matinée à jouer, avant de prendre son déjeuner. Après quoi, il l'avait mise à la sieste, comme indiquée par sa maman avant de partir. Il en avait profité pour continuer à écrire dans son carnet et faire un peu de rangement. La fin de la sieste de Rosie avait brisé le calme qui s’était installé dans l’appartement et Lucas avait décidé que c’était le meilleur moment pour aller se balader dehors, histoire de sortir Jazz par la même occasion. Le temps s’y prêtait parfaitement, ils étaient donc allés faire un tour au parc près de chez lui, le temps d’une petite heure. Lucas mentirait si le fait d’avoir un chien ne l’avait pas aidé à avoir la côte auprès des femmes. Rajoutez un bébé et vous obtenez le combo gagnant. L’ancien pompier avait visiblement eu l’air du parfait père célibataire. Sur le chemin du retour, ils s’étaient arrêtés faire quelques courses pour le repas du soir ; Mabel ne lui avait pas dit précisément vers quelle heure elle comptait repasser, alors Lucas avait préféré anticiper et préparer un bon repas pour eux deux. Il avait en plus la chance d’avoir à ses côtés une commis de premier choix. Une fois rentrés chez lui, l’ancien pompier avait pris le temps de mettre en place un temps calme avec la petite fille, l’agitation du parc l’ayant certainement un peu excitée. Ils en avaient profité pour lire un livre (enfin, regarder des images surtout) et faire quelques câlins avec Jazz. L’heure de préparer le dîner a ensuite pointé le bout de son nez. Lucas a installé Rosie contre lui, en porte-bébé, afin d’être libre de ses mains. Il a choisi un vieux vinyle dans sa bibliothèque, avant de le déposer sur le tourne-disque de sa cuisine. Puis, il s’est lancé dans la préparation du repas, prenant garde à ce que les petites mains de Rosalie ne traînent pas (trop) n’importe où. Il lui disait le nom des aliments et elle les répétait (plus ou moins bien). Il trouvait ça absolument adorable. L’été s’est définitivement installé à Brisbane, alors il a choisi de préparer quelque chose de simple et rafraichissant : une salade avec du melon, de la pastèque et de la menthe ainsi que des petites tartines. Il danse - ou plutôt se dandine - sur le rythme de la musique, tout en cuisinant, arrachant un rire de temps en temps à la petite fille confortablement installée dans son porte-bébé. C’est précisément à ce moment que la sonnette résonne dans l'entrée de son appartement. « Ah, je crois que ta maman est arrivée. », dit Lucas à Rosie. Il se dirige vers la porte et enclenche la poignée pour ouvrir à Mabel. Sa fille reconnaît immédiatement sa maman et se met à gesticuler. « Elle fait genre que la journée a été insupportable pour elle, mais en vrai, elle me kiffe. », dit Lucas, taquin. Il fait entrer son amie avant de lui tendre sa fille, soudainement bien pressée de retrouver les bras de sa mère. « On a préparé à manger, avec Rosie. Je suis sûr que t’as rien avalé depuis des heures. » Il fait signe à la blonde de le suivre jusque dans la cuisine. « Et c'est pas une proposition, hein. Tu restes pour dîner. », continue-t-il, avec un sourire.

@Mabel Griffiths

Lucas n’a jamais été très à l’aise avec les enfants. Mais avec Rosalie, ou encore les enfants d’Alex, c’était différent. Lorsqu’il voit son amie embrasser sa fille, il ne peut s’empêcher de sourire, attendri. C’était quand même un petit miracle que Mabel, qui a connu une enfance assez similaire à la sienne, ait réussi à fonder une vie de famille saine. Certes, tout n’était pas parfait, mais l’actrice semblait bien plus heureuse aujourd’hui qu’il y a quelques années, et c’était tout ce qui comptait à ses yeux. Une fois dans les bras de sa mère, Rosie reprend son bavardage difficilement compréhensible pour Lucas, mais il comprend qu’elle raconte simplement sa journée. Entre deux babillages, l’ancien pompier fait savoir à son amie que le dîner est prêt et qu’elle devra rester le partager avec lui. Il lève gentiment les yeux au ciel lorsqu’elle répond qu’il n’était pas obligé de cuisiner. « Alors, pour commencer, j’ai pas cuisiné tout seul, Rosie m’a aidé. » , rétorque-t-il avec un sourire taquin, tandis qu’ils entrent tous les trois dans la cuisine. « Et ensuite, je l’ai fait avec plaisir. », conclue-t-il. Il est sincère en disant cela, car cuisiner pour ses proches a toujours été quelque réconfortant pour Lucas. Il y trouvait quelque chose de presque lénitif. Lui qui avait rarement connu les joies d’un repas en famille, tous attablés autour d’une table, il aimait rassembler ses amis autour d’un bon repas, cuisiné avec attention. Mabel lui demande s’il ne sent pas trop fatigué après cette journée en compagnie de Rosie. Dire qu’il se sent en pleine forme serait exagéré, mais il s’attendait à pire. « Boh, disons surtout que je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer!  », répond-il avec un sourire. « Je t’en devais une et puis c’était chouette ! » Il fait évidemment référence à ce jour de tempête où il avait déposé Jazz en catastrophe chez son amie, qui avait accepté de bon coeur de veiller sur lui, alors même qu’elle n’était pas la plus à l’aise en sa présence. Il l’invite à s’asseoir autour de la table de sa cuisine, avant de faire de même. « On a fait plein de choses ! On est même allé au parc. », explique-t-il, enthousiaste. Si Rosie venait de raconter sa journée en long et en large à sa maman, c’était maintenant au tour de Lucas. « J’ai appris plein de choses, notamment que de se promener avec un bébé et un chien me faisait passer de beau gosse à super beau gosse… », dit-il, en riant. Oh, bien sûr, il ne se vantait pas de quoi que ce soit, mais la situation au parc avec Rosie dans ses bras avait été plutôt cocasse. « Bon, par contre, je n’ai pas réussi à apprendre à parler le Rosalie, j’avoue. ‘Faudra que tu me donnes des cours. » C’était certainement son seul échec de la journée. Il allait falloir d’autres journées passées aux côtés de la petite Rosie pour qu’il puisse maîtriser son langage et mieux la comprendre, mais il ne désespérait pas. « Je te sers un truc à boire ? J’ai du thé glacé, si tu veux. Avec cette chaleur, ça te fera le plus grand bien, j’en suis sûr. », propose-t-il à la blonde en se levant de sa chaise. Il avait été témoin de la chaleur accablante qui s’était abattue sur Brisbane lors de leur balade au parc, et avait bien fait attention à rester abrité à l’ombre, tout en veillant à ce que Rosalie reste bien hydratée. Il sort une bouteille en verre de son frigo, remplie d’un thé glacé à la pêche réalisé dans l’après-midi, pendant la sieste de la petite fille. « Ça été ta journée à toi ? T’étais sur un tournage ? », demande-t-il à son amie, tout en lui servant un verre de thé. Mabel menait une vie si éloignée de la sienne, qui ne lui enviait pas vraiment, mais il était toujours curieux de savoir comment se passaient ses journées, les tournages et les shootings photos. Elle avait certainement de nombreuses histoires et anecdotes à lui raconter.

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Lucas ne peut que abonder dans le sens de Mabel lorsqu’elle dit que les petits enfants sont plein d’énergie. « J'avoue que je ne m’attendais pas à autant d’énergie, mais elle a été à la sieste sans souci ! » Peut-être était-ce dû à sa timidité encore naissante à son égard - après tout, Rosie n’avait pas vu Lucas tant que ça, mais la petite fille avait été très sage avec lui. Pour preuve, il raconte à son amie toutes les activités qu’ils ont fait aujourd’hui, sans oublier la balade au parc. « J’ai visé juste alors ! », sourit l’ancien pompier quand Mabel lui confirme qu’il s’agit d’un lieu que Rosie affectionne particulièrement. Il passe rapidement sur le moment où quelques demoiselles sont venues à sa rencontre, soupçonnant la seule présence de Rosalie et de Jazz comme en étant responsable. « Boh, je dirais pas que je me suis fait draguer… Juste, y a deux ou trois jolies dames qui sont venues me parler. », dit-il, réagissant à la surprise de son amie. Il ne peut s’empêcher de rire lorsque l’actrice lui demande s’il a récolté un quelconque numéro de téléphone. « Non, pas de nouveau contact dans mon téléphone, navré de te décevoir ! » Et même s’il en avait eu, il n’est pas certain qu’il y aurait donné suite. S’il a eu l’air du papa célibataire idéal cet après-midi, il en est bien loin en réalité.
Finalement, le seul bémol de cette journée aura été sa difficulté à comprendre la petite fille. Mais son amie semble plutôt à l’aise avec cette idée, puisque l’idée est surtout que Rosie finisse par apprendre à bien parler anglais. « Oui, j’imagine ! Mais je ne fais pas de souci, bavarde comme elle est, elle saura bien parler bientôt. », dit Lucas. Il questionne ensuite Mabel sur sa journée de travail et l’écoute attentivement partager les hauts et les bas de son tournage. « J’imagine que ça doit rendre fou à force… », compatit-il. Ce monde lui est totalement étranger mais pour autant, chaque fois que son amie lui parle de son métier, il éprouve beaucoup de curiosité. « En vrai, j’aimerais bien assister à un tournage un jour. Voir tous les backstages, comme ça se passe. Tu m’inviteras un jour ? », demande-t-il, en faisant une petite moue implorante, tout en observant la petite Rosalie qui commence à montrer des signes de fatigue. Il ne pouvait s'empêcher de sourire en la voyant blottir sa tête contre l'épaule de sa mère, les yeux déjà à moitié fermés. « Ma journée de demain va paraître bien fade et triste sans elle. », finit-il par dire, attendri. C’est fou le pouvoir que peuvent avoir les enfants mignons, même sur les plus insensibles des adultes. « M’enfin, si t’as besoin de me la laisser une autre fois, ça sera avec plaisir. », assure-t-il à Mabel. Son retard ne l’a pas dérangé le moins du monde puisqu’il n’a pas vu sa journée passer, en compagnie de sa fille. « Elle a l'air épuisée, ta petite aventurière... », commente-t-il avec bienveillance. « Tu veux qu’on la couche dans ma chambre, le temps qu’on dîne ? », demande-t-il.

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« Je trouve quand même ça drôle que certaines soient venues te draguer. Au moins, c'était pas des conseils pour mieux gérer ton enfant, donc elles devaient estimer que t'avais l'air de savoir ce que tu faisais ! » « Tu trouves ça drôle ? Tu veux dire que ce physique incroyable et ce visage angélique ne font pas craquer tous les femmes de Brisbane ? », dit Lucas, faussement offusqué. Il mentirait s’il disait qu’il ne s’était pas senti flatté de voir quelques jeunes femmes l’approcher, même si c’était en partie dû à la présence de Rosie et de Jazz. Il en avait tout à fait conscience et préférait s’en amuser. « Je pense que c’est normal que tu comprennes tout ce qu’elle dit, t’as pas à t’en vouloir. J’imagine qu’elle va parler de mieux en mieux, vu qu’elle va à la crèche maintenant. », répond Lucas lorsque Mabel lui confie ne plus toujours se rendre compte que sa fille peine à prononcer certains mots correctement. Il comprend l’inquiétude de son amie. Il ne veut pas d’enfant, mais il serait certainement aussi inquiet qu’elle s’il en avait. Tout ce qu’il peut faire pour elle, c’est de mesurer ses doutes et la rassurer.
Le récit de la journée de la jeune maman semble bien moins excitant que sa journée à lui et pourtant il ne peut s’empêcher de ressentir de la curiosité sur son métier. Il est bien loin des strass et des paillettes de la jet-set de Brisbane, ne voyant que les côtés négatifs de la célébrité relatés par Mabel ou encore Greta. Néanmoins, il demande à son amie s’il serait possible de voir l’envers du décor d’un tournage. Sa réponse ne le surprend pas beaucoup mais elle finit par accepter, déclenchant un sourire chez le pompier. « C’est vrai ? Ça serait trop cool! Je vais enfin voir ma star préférée en action. », répond-il avec un clin d’oeil. Même si Mabel semble visiblement blasée, Lucas, lui, a toujours éprouvé de la fierté face à la réussite de son amie et il est réellement impatient à l’idée de la voir sur un plateau de tournage.
En voyant la petite Rosie confortablement installée dans les bras de sa mère, l’ancien pompier, attendri, se sent presque nostalgique de cette journée passée à s’occuper d’elle. Toutefois, la suggestion de Mabel d’ouvrir une garderie fait légèrement grimacer Lucas. « Ouh là, surtout pas. Ma tolérance pour les gosses est assez faible, Rosie est une exception, tu sais. », lui dit-il avec un sourire. Lorsqu’il était pompier, il lui était souvent arrivé d’intervenir sur des accidents impliquants des jeunes enfants ou encore des adolescents. Il avait toujours réussi à créer un contact avec eux, à les rassurer, mais ça s’arrêtait là. Ils avaient peu d’enfants dans son entourage, si ce n’est les enfants d’Alex et la fille de Mabel, et ça lui allait très bien comme ça. Il ne s’imaginait pas une seconde faire une carrière dans la puériculture. Reconnaissant les premiers signes de fatigues chez la petite fille, Lucas propose alors à son amie de la mettre au lit et la réponse de Mabel lui montre qu’il a visé juste. « Mais non, t’inquiète pas. On va la mettre dans ma chambre, comme cet aprèm, elle y a bien dormi. », la rassure-t-il, en se levant de sa chaise. Il regarde la jeune maman récupérer le doudou de Rosie, avant de l’inviter à la suivre dans sa chambre, tous sont suivis par Jazz, curieux de voir les raisons à cette agitation. Plus tôt dans l’après-midi, Lucas avait déposé plusieurs coussins sur son lit, comme pour faire un cocon pour la petite fille et qu’elle ne risque pas de tomber au sol en se retournant dans son sommeil. Tous les autres oreillers qu’il avait pu trouver dans son appartement avaient été déposés au sol, en guise de sécurité supplémentaire. Il voit Mabel esquisser un sourire, certainement à la vue de son système de fortune. Il l’observe déposer avec douceur sa fille sur son lit, ainsi que son doudou, murmurant des paroles réconfortantes pour l’aider à trouver le sommeil. Jazz, qui les avait suivi jusqu’ici, s’est couché au pied du lit, sans un bruit. « Jazz s’est mis là toute la durée de sa sieste tout à l’heure, comme s’il voulait veiller sur elle. C’était trop mignon. », commente-t-il, avant de s’accroupir pour caresser son chien entre les deux oreilles. Il décide de retourner dans la cuisine, le temps que son amie finisse d’endormir sa fille, l’occasion pour lui de fumer une cigarette. Mabel le rejoint au bout de quelques minutes. « Alors ? Ça dort ? », lui demande-t-il, en écrasant son mégot dans le cendrier. Ils se réinstallent tous les deux autour de la table, profitant du repas préparé à quatre mains avec la petite fille. « J’ai vu que Nine était sorti… et les critiques qui vont avec. », finit par dire Lucas, après avoir bu une gorgée du thé glacé qu’il leur avait servi. Ce n’était pas le meilleur sujet à aborder, mais il était néanmoins inquiet pour Mabel, car elle n’avait pas abordé le sujet d’elle-même. Les critiques n’avaient pas été tendres sur le film adapté de la biographie du footballer. « Je l’ai pas encore vu et je pense que même si c’était le cas, mon avis de piètre cinéphile n’aurait pas beaucoup de sens. » Il fait une pause. « Tu le vis comment ? Et Aiden ? », ose-t-il demander. Il sait que la jeune femme a les épaules solides et que les critiques font parties de la vie de quelqu’un dont le métier est d’être publiquement exposé. Mais Aiden, lui, baignait dans les mêmes travers que lui, sans qu’elle ne le sache. Il ne pouvait rien lui dire, mais il voulait quand même prendre la température. Le pacte qu’il avait conclu avec Aiden pouvait être remis en cause si les mauvais avis sur le film l’avaient un peu trop affecté.

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La réflexion de Mabel arrache un sourire triste à Lucas. Effectivement, il était beaucoup plus fréquent de croiser une mère célibataire qu’un père célibataire. L’histoire de Mabel était loin d’être un cas isolé - nombre de femmes se retrouvaient à élever seule leurs enfants, suite à un divorce, ou tout simplement parce que le père avait fui à la naissance. Ce constat ne devrait pas l’étonner, la société telle qu’elle était aujourd’hui déresponsabilisait souvent les hommes de leur rôle de père, faisant peser le poids de l’éducation des enfants sur les femmes la plupart du temps. Son amie n’avait toutefois pas l’air - ou du moins, n’avait plus l’air de souffrir de cette situation. Elle avait réussi avec le temps à s’épanouir dans son rôle de maman, malgré un contexte familial compliqué.
La petite Rosalie montrant des signes de fatigues, Mabel et Lucas décident de mettre l’enfant au lit dans la chambre à coucher du pompier. La jeune femme ne peut s’empêcher de faire une remarque sur l’installation bricolée par Lucas pour assurer la sécurité de sa fille. « Ça aurait été le comble qu’elle se blesse chez un pompier… », répond Lucas, avec un sourire. En réalité, il se sent un peu ridicule maintenant que son amie voit ce qu’il avait mis en place pour éviter que Rosalie ne se fasse mal. Néanmoins, il aurait eu énormément de mal à se pardonner si la petite fille s’était blessée sous sa surveillance. Il n’avait rien pris depuis plusieurs jours, mais la possibilité d’une rechute était toujours possible et dans le contexte si particulier de son sevrage, Mabel aurait pu avoir des doutes quant à sa fiabilité pour garder son enfant. Il quitte la chambre pour aller fumer une cigarette pendant que son amie termine de mettre au lit Rosalie. Lorsqu’elle le rejoint, Lucas ne peut s’empêcher de questionner l’actrice sur la sortie de Nine - et notamment des critiques qui ont suivi. Sa réponse ne le surprend pas vraiment, mais l’ancien pompier a d’autres questions. « Je sais pas du tout comment ça se passe, mais vous regardez le film en entier avant qu’il arrive dans les salles ? Ou vous le découvrez le jour de sa sortie en avant première ? », demande-t-il, curieux. Il imagine que les acteurs voient tout ou partie du film avant sa sortie en salle mais qu’une fois celui-ci monté, leur avis doit finalement peu compter. Et évidemment, les critiques font partie du jeu, mais il ne peut s’empêcher de ressentir de l’empathie pour Mabel, ainsi qu’une once de colère quant aux critiques, parfois virulentes, qu’il a pu lire. « Oui, j’imagine… Tant que les critiques sont constructives. », finit-il par répondre, ne sachant quoi dire d’autre. Il la croit lorsqu’elle dit relativiser et pourtant, il n’arrive pas à ne pas s’inquiéter pour elle. Jusqu’à ce que la blonde lui explique qu’Aiden ne prenait pas autant de recul qu’elle sur la situation. L’inquiétude qu’il avait pour elle est directement concentrée sur son petit-ami. Son estomac se serre malgré lui, repensant au lourd secret qu’il gardait pour lui. Mabel savait qu’Aiden et lui se connaissaient, elle lui avait présenté il y a quelques semaines, mais ce qu’elle ne savait pas c’est qu’ils s’étaient rencontrés avant qu’elle ne lui présente son petit-ami, aux réunions des narcotiques anonymes. Lucas refusait de briser la confiance qu’il avait difficilement acquise auprès du Turner, mais il avait de plus en plus de mal à gérer le fait que cela signifiait de mentir à son amie. « Il a un peu plus de mal ? C’est-à-dire ? », ose-t-il demander. C'est plus fort que lui, son inquiétude pour Aiden avait pris le pas sur sa volonté de ne pas déclencher le moindre soupçon chez Mabel. Il regrette d'avoir posé la question, craignant de se trahir, mais tâche de garder un visage neutre. Il fallait que Lucas se détende ou il risquait de devoir mentir pour de vrai cette fois, et plus seulement par omission.

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Lucas observe Mabel avec une attention particulière alors qu'elle lui expose les coulisses du monde du cinéma. Il était fascinant de voir à quel point leur quotidien était si différent. Pour lui, sa vie désormais bien plus tranquille contrastait avec celle de Mabel qui était un jeu d'équilibre constant entre performance, image publique et critiques. Il l’écoute attentivement, hochant parfois la tête pour montrer qu'il suit le fil de la conversation. Ses propres préoccupations semblent s'éloigner, du moins momentanément, alors qu'il se plonge dans le récit de son amie. Mais malgré l'intérêt qu'il porte à ses mots, une partie de son esprit reste préoccupée par les révélations qu'elle avait faites sur Aiden. « C'est vrai que ça doit être un sacré défi de jongler avec tout ça. », admet-il, pensif. « Je veux dire, quand j’étais pompier, le stress et la pression, ça faisait partie du taff, mais ça doit être une toute autre histoire de devoir être parfaitement performant sous les projecteurs, avec le monde entier qui te regarde. » Il se demande un instant comment il réagirait s'il était constamment sous les feux de la rampe, scruté par des millions de personnes. Il en avait eu un bref aperçu lorsqu’il était plus jeune, mais lui qui a toujours préféré la discrétion et l'humilité, il doutait qu'il aurait pu supporter une telle exposition médiatique. Le sujet d'Aiden revient hanter ses pensées, comme une ombre persistante. Il sait qu'il doit rester prudent, ne pas laisser transparaître le moindre indice sur le secret qu’il garde malgré lui. Mais l’inquiétude le ronge, l'incitant à en savoir plus sur ce qui pouvait bien tourmenter le petit-ami de Mabel. « Ouais, je comprends ce que tu veux dire. », répond-il avec un léger sourire, feignant l'intérêt pour le métier d'acteur ou de cascadeur. « Mais sérieusement, ça doit pas être facile pour Aiden. J'veux dire, tu sais... le monde du showbiz peut être impitoyable. » Il tente de sonder les réactions de Mabel, cherchant des indices sur ce qu'elle savait ou soupçonnait. Mais elle semble concentrée sur leur discussion, ne laissant rien transparaître de ses pensées les plus profondes. « Je suppose que c'est le genre de truc qui doit venir avec l'expérience. », poursuivit-il, tentant de rester vague tout en sondant subtilement. « Faut juste apprendre à prendre du recul, à se concentrer sur ce qui compte vraiment, tu vois ? » Il espère que ses paroles pourraient apporter un semblant de réconfort à Mabel, même s'il était conscient que les mots seuls ne pouvaient pas effacer les doutes et les insécurités. Il se sentait un peu coupable de ne pas pouvoir lui offrir plus de soutien, mais il craignait que la vérité sur son lien avec Aiden ne fasse plus de mal que de bien. « En tout cas, tu fais un sacré boulot, Mabel. », déclare-t-il finalement, cherchant à changer de sujet tout en exprimant sincèrement son admiration pour elle. « Élever Rosalie toute seule et jongler avec ta carrière... C'est pas donné à tout le monde. » Sa journée avec Rosie lui en avait apporté la preuve. Il lui adresse un sourire encourageant, espérant lui offrir ne serait-ce qu'un instant de répit dans les tourments de son quotidien. Mabel méritait bien cela, après tout ce qu'elle avait traversé. Et Lucas était déterminé à rester à ses côtés, aussi longtemps qu'elle aurait besoin de lui.

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Spoiler:

Lucas a toujours du mal à dissimuler l’admiration qu’il porte à Mabel, mais il ne réalise pas toujours que ses compliments pouvaient l’embrasser quelque peu, même si cela part d’un bon sentiment. Mais si l’actrice a confiance en ce qui concerne son métier, elle a l’air de souvent douter de ses aptitudes en tant que mère, et l’ancien pompier s’est toujours promis de lui rappeler qu’elle faisait de son mieux, dès qu’il en avait l’occasion et de lui rappeler que personne n’était parfait - leurs propres parents en avaient été le meilleur exemple. « Oh, tu sais, quand je suis entré chez les pompiers, j’en menais pas large… J’ai cru que j’allais faire un malaise la première fois que j’ai vu une fracture ouverte. », raconte Lucas, un sourire en coin. S’il n'avait pas quitté le domicile familial si tôt et si jeune, il n’aurait certainement jamais imaginé devenir pompier. Et pourtant, il est tombé amoureux de ce métier, même si ses débuts s’était relevés difficiles. Il n’était pas le plus grand, ni le plus costaud. Mais il s’était accroché. « Et c’est normal d’être inquiète pour ta fille quand elle est malade. Ça ne te rend pas incapable pour autant. », poursuit-il, avec gentillesse.
Le sujet Aiden revient sur la table et Lucas tente de déchiffrer un quelconque indice chez son amie, qui l’aiderait à savoir si oui ou non elle était au courant pour la situation de son petit-ami. Mais rien. Il préfère ne pas poser davantage de question, et se contente de répondre simplement : « Oui, je comprends. ». Inutile de jeter de l’huile sur le feu, Aiden finira bien par lui dire, et le pompier n’aura plus à garder ce secret pour lui. À la place, Lucas préfère la féliciter pour mener si bien de front tous les aspects de sa vie. Comme souvent, Mabel a du mal à admettre qu’elle s’en sort plutôt bien, ce qui fait rire le brun, légèrement. « C’est pas une compétition, tu sais, hein ? », dit-il, pour la taquiner. « Ce qui compte, c’est qu’on fasse mieux que nos parents, tu crois pas ? » Un silence s’installe pendant un court instant, jusqu’à ce que l’estomac du pompier décide de se manifester. Leur dîner attend toujours dans la cuisine. « Bon, je crois qu’on a mérité notre bon repas, toi et moi. Viens manger ! » lance-t-il, en attirant Mabel avec lui. Les discussions plus sérieuses seront certainement pour un autre temps. Ce qui compte, là, tout de suite, c’est qu’ils prennent du temps pour eux, entre amis, autour d’un bon repas. « Bon appétit, ma dame ! », annonce-t-il, avec enthousiasme, une fois tout deux installés autour de la table.

@Mabel Griffiths