Girl's Night.

    @Olivia Welch    ft. Maritza Gutiérrez

Elle avait ri lorsqu'Olivia lui avait parlé des voisins qui repéraient des méfaits et qui ne se privaient pas pour tout balancer aux parents. Elle avait plus ou moins vécu la même chose lorsqu'elle vivait au Mexique. Combien de fois les grand-mères beaucoup trop intrusives et curieuses de Sergio avaient-elles regardé derrière leurs rideaux pour observer les deux jeunes adultes roucouler ? Beaucoup trop pour que la Gutiérrez ne puisse les compter. Elle savait juste qu'ils avaient dû faire preuve d'ingéniosité pour pouvoir se retrouver seuls, à l'abri des regards. Olivia avait eu la chance de recevoir le soutien et l'aide des autres ados du coin, Mari avait eu la chance d'avoir Sergio.

Comme bien souvent lorsque les deux femmes étaient ensemble, la légèreté de la conversation se transforma bien vite en un sérieux notable. Maritza osa parler du père des enfants et questionner Olivia sur ce qu'elle voulait, sur ce qu'elle espérait. « En vrai, j'en sais rien. Au début oui, parce que j'avais peur d'affronter ça toute seule. Surtout deux bébés d'un coup, c'était infernal, j'étais dépassée. » La brune opina de la tête, bien consciente que cette épreuve avait dû être particulièrement stressante et éprouvante. Devoir gérer un  nouveau né était éreintant mais deux ? La Gutiérrez avait eu de nombreux enfants et plus d'une fois elle s'était retrouvée seule – Sergio préférant mettre les voiles – mais il n'y avait qu'un seul nourrisson. « Tu t'en es très bien sortie. » affirma d'une voix douce la cinquantenaire. Elle ne connaissait pas les enfants d'Olivia, les avait déjà aperçus quelques fois mais elle voyait bien que les petits étaient heureux et que tout allait bien pour eux.  « Maintenant, j'ai trouvé mon équilibre avec eux, avec mon travail. Et je le connais pas assez pour savoir comment il voudrait élever ses enfants. Imagine il fait des trucs que je déteste ? Genre des fessées. » Si la femme de ménage avait gardé un air très sérieux au début de son explication, un petit sourire amusé avait glissé sur ses lèvres lorsqu'elle avait entendu parler de fessées. « Je te comprends tellement... J'ai toujours eu peur que Sergio n'ait pas la même vision que moi... Et sur certains points on divergeait vraiment. Heureusement que pour les fessées on était d'accord ! » Ils s'étaient disputés à de nombreuses reprises. Le père se montrant plus intransigeant et exigeant alors qu'elle se montrait plus tendre et peut-être influençable. Consciente qu'Olivia était perdue et qu'elle ne savait pas vraiment quelle décision prendre concernant le retour éventuel dans sa vie du père de ses enfants, Mari lui fit un nouveau sourire et lui dit : « Ne te mets pas trop de pression concernant leur père. Tu verras bien s'il cherche ou non à s'investir et de quelle manière. Pour le moment ta petite famille a l'air d'être heureuse, c'est l'essentiel. » L'infirmière aurait bien le temps de s'inquiéter plus tard, il valait mieux pour elle qu'elle prenne les choses au fur et à mesure qu'elles arrivaient.

Leur soirée touchait à sa fin et Maritza accueillit avec joie la proposition de se voir autour d'un café ou dans un restaurant, elle proposa même : « Ou tu pourrais venir manger à la maison avec les enfants, je vous ferai découvrir la cuisine mexicaine. » Maritza adorait recevoir du monde chez elle, et elle aimait encore plus partager sa culture avec d'autres. Lorsqu'Olivia lui dit qu'elle était une bouffée d'air, elle sentit ses joues s'empourprer. Maritza avait peu d'amis, ce genre de compliments lui allait donc droit au cœur. Elle se leva de son tabouret, s'approcha de la jeune femme qu'elle prit dans ses bras et murmura : « Je peux t'assurer que la réciproque est vraie. ». Les deux femmes allèrent régler leurs consommations, et ce fut le cœur bien plus léger que Maritza remonta dans un taxi pour rentrer chez elle. Il était évident qu'elle réitérerait l'expérience dès que possible. Profiter de sa vie. C'était ce que ses enfants lui avaient dit de faire. Ils n'avaient peut-être pas tort finalement, vu le sourire ravi qu'elle n'arrivait pas à faire disparaître de son visage.  

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