still hoping that the fire won't burn me
@Midas Sterling ☆ crédit/wendagifs

"Je te conduis aux urgences." "Tu me conduis chez Midas." Elle avait atteint son quota d’ordres pour ce soir, elle poussa tout de même le vice jusqu’à en donner un dernier à Marcus qui tenait sa main gauche dans la sienne comme s’il s’agissait d’une petite chose fragile dont il fallait à tout prix prendre soin. Inutile de discuter avec Jo quand elle était dans cet état-là, quoi que cet état-là voulait dire d’ailleurs. Assise droite comme la justice à l’arrière de la berline de son chauffeur, elle avait manifestement vécu quelque chose de pénible dans la chambre d’hôtel de Micah, et ses doigts cassés n’en étaient pas la seule preuve. Elle l’avait frappé, elle avait fait ce qu’elle avait promis de faire quand elle avait appris quel genre de minable il était quand il avait le sentiment que quelque chose lui échappait et la vérité, c’était qu’elle le regrettait seulement parce qu’elle s’était fait la promesse de ne plus jamais faire ce genre de choses et d’apprendre à gérer ce type de désagrément avec calme et maturité, et qu’elle avait misérablement échoué. Son rapport à l’échec la faisait se lamenter intérieurement sur ce qui venait de se passer, certainement pas sur le fin d’une amitié importante à ses yeux il y avait encore quelques jours de ça à peine, la trahison agissant en véritable combustible sur elle qui alimentait ses rancoeurs sans jamais capituler. Jo, elle n’était ni calme ni mature, elle devait arrêter de s’obstiner et de quémander de l’aide : elle était irrattrapable, c’était bien ça le terme que ses parents employaient quand elle était plus jeune, non ? Elle avait mal à la main, et l’enrouement perceptible dans sa voix témoignait du fait évident qu’elle avait soit pleuré, soit crié, si ce n’était les deux. Elle affronta les yeux de Marcus une poignée de secondes encore, déterminée à ne pas ciller même si elle avait honte bien sûr, comment pourrait-elle ne pas avoir honte ? Mais il était hors de question de se rendre à l’hôpital avant d’avoir vu Midas. Pas pour se vanter d’avoir détruit Micah comme elle lui avait dit qu’elle le ferait, mais pour avoir quelqu’un de sain à qui s’en remettre pour reprendre sur elle et échapper aux flashs du déferlement de violence qui s’était produit dans cette chambre, aussi bien physiquement que verbalement. Un profond soupir s’échappa des lèvres du chauffeur de Jo qui lui lâcha la main avec une délicatesse risible tant c’était curieux de voir un grand gaillard comme lui faire preuve d’autant de précaution, et ce simplement pour enlever sa veste de costume et la lui passer en lui disant sur un ton trop moralisateur au goût de la jeune femme qui ne moufta pas pourtant "Enfile ça, manquerait plus que t’attrapes froid." Parce qu’elle grelottait depuis quelques secondes déjà, elle ne s’en était même pas rendu compte, l’adrénaline redescendant peu à peu et lui faisait prendre conscience de la douleur dans ses doigts et de la portée du choc qu’elle-même avait produit en s’en prenant physiquement à quelqu’un qui aurait pu lui faire autant de mal en retour s’il l’avait vraiment voulu. Elle s’exécuta, ne discutant pas cet ordre-ci de Marcus qui démarra enfin pour s’engager dans la nuit noire de Brisbane qu’ils traversèrent sans qu’un seul mot ne soit échangé dans l’habitacle.

Elle essaya de retirer la bague qu’elle avait au majeur de sa main dominante, mais ses phalanges étaient gonflées. Une petite voix au fond d’elle lui disait qu’elle était en train de faire pire que mieux — tant pis, elle tira quand même jusqu’à sentir ses jointures crisser de douleur, ses dents se serrant en même temps que sa main se mit à trembler, la douleur irradiant de long en large, jusqu’à son poignet. Elle sentit sa respiration s’alourdir quand elle ne supporta plus ce qu’elle était en train de s’infliger, et laissa sa tête basculer sur l’appui-tête en retenant un sanglot qui gonfla dans sa gorge, mais qu’elle ravala immédiatement. Elle arrêta enfin de se torturer pour reporter son regard sur le paysage sombre qui défilait et qui l’informait qu’ils passeraient bientôt le poste de sécurité de la propriété de Midas qu’elle n’avait pas prévenu de son arrivée "Tes chaussures." "Je m’en fous." Marcus l’aida à sortir de la voiture, lui tendant ses talons qu’il était prêt à lui enfiler lui-même, mais elle refusa en les lui prenant des mains, puis en marchant pieds nus en direction la porte d’entrée. Elle s’arrêta en bon chemin en se rendant compte qu’elle avait toujours sa veste sur ses épaules, et amorça un geste pour la lui rendre quand il lui fit d'un signe de tête "Tu me la rendras plus tard, j’en aurais plus besoin ce soir." Elle voulut lui adresser un merci qui aurait été aussi sincère que l’élan de gratitude qu’elle ressentait pour lui à ce moment-là, mais elle fût incapable de faire autre chose que de penser que, dans quelques pas à peine, elle pourrait relâcher un peu la pression et fondre dans les bras de Midas s’il la laissait faire. Elle rejoignit la porte sous le regard de Marcus qui, les bras croisés sur sa poitrine, resta appuyé contre la portière de sa voiture, à surveiller qu’elle ne s’effondre pas avant d’arriver, et s’assura jusqu’au bout qu’on vienne lui ouvrir après qu’elle actionna la sonnette pour signaler son arrivée "Je suis désolée si Posy est là. Je sais qu'il est tard, je veux pas la réveiller." C’est en chuchotant inutilement qu’elle accueillit l’ouverture de la porte par Midas qu’elle couva d’un regard bordé de larmes, ne se sentant plus d’attaque de fondre dans ses bras, même si elle en avait envie — moins parce qu’ils s’étaient peu vus ces derniers temps que parce qu’elle était embarrassée de se présenter à cette heure chez lui, dans une tenue de soirée qui avait perdu de sa superbe à l’instant où elle avait commencé à se comporter comme une sauvage en décochant des gifles et des coups de poing à un homme qu’elle appelait encore son ami il y avait quelques temps de ça. Elle n’aimait pas du tout le ton qu’elle laissa filer quand elle reprit la parole, mais elle ne répondait plus vraiment à rien d’autre que des automatismes maintenant, alors elle se laissa le bénéfice du doute en lui demandant dans une supplication qu’elle jugerait plus tard ridicule et pathétique "Je peux entrer ?" Elle avait beau savoir qu’il ne refuserait jamais de l’accueillir, elle se sentit obligée d’ajouter quelque chose en remontant l’une des épaules de la veste de Marcus sur elle en ressentant un nouveau frisson la parcourir, sa main blessée trouvant un certain confort à être maintenue par ses doigts valides tout contre sa poitrine "S’il te plaît ? On sera pas obligés de parler si t’en as pas envie, mais je peux passer la nuit ici ?"

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

Je n’évite pas Jo. Jamais je n’aurais à cœur de l’éviter et ce n’est pas ce qu’il est en train de se passer. Je ne nierai pas qu’une part de moi a été soulagé que nos emplois du temps chargés – dire que nous sommes demandé, à l’approche des Grammy serait un doux euphémisme – nous empêche de nous voir autant que nous l’aurions fait en temps normal. Existe-t-elle entre nous, cette notion de norme ? Parfois, j’ai le sentiment que nous affrontons un problème après l’autre et c’est peut-être ce qui m’a poussé à maintenir à mon cousin que ma tranquillité d’esprit à mes yeux plus de valeur que ma fierté et que, par conséquent, j’apprenais à composer que les femmes, même lorsqu’elles ont tort, ont toujours raison. Sauf que, contaminé par l’ancien militaire ou bien simplement las que l’agressivité de Jo la rendre prompte à me sauter à la gorge, je réalise que je m’étais peut-être surestimé. Je n’ai pas envie d’être dans l’affrontement perpétuel, c’est un fait. Mais je n’ai pas non plus envie d’être accusé de tout ou rien au gré de ses humeurs, et ce serait mentir que de prétendre que je ne suis pas toujours un peu blessé par sa réaction, à la fin du mois de décembre lorsqu’elle a été mise au courant de mon altercation avec Micah – ou plutôt, de l’altercation entre le poing de ce dernier et ma mâchoire.

Alors je n’évite pas Jo mais, dans l’attente que ma plaie n’ait entièrement cicatrisé, je trouve des avantages à nos rythmes de vie respectifs. Pourtant, pendant ces rares soirées d’été que je passe seul chez moi, je me sens seul. Tomber amoureux d’une femme comme Jo, c’est accepter de la partager avec le monde entier et si mon cerveau le savait déjà et l’avait accepté, mon cœur le découvre tout juste. Moi qui ai tenu face à Olive un discours arguant qu’elle devait prendre son envol, je me retrouve à regretter de ne plus pouvoir me reposer sur ma petite sœur lors de ces soirées de solitude.

La musique, elle, ne m’a jamais fait défaut. Ma soirée, je la passe avec un casque haut de gamme sur les oreilles, les doigts qui courent sur mon piano ou sur les cordes de ma guitare, à tester divers arrangements pour sur les titres de Yours pour en améliorer le rendu dans l’éventualité d’une interprétation en live. Mon esprit, distrait et désorganisé, s’aventure parfois vers de nouveaux accords, de nouvelles paroles que je consigne religieusement dans un petit carnet noir à l’élégante sobriété. Après une longue traversée du désert, j’accueille le retour de l’inspiration – comme à la "bonne vielle époque" avec un soulagement si marqué qu’il en éclipse le fait que la musique pop ne nourrit plus mon âme – l’a-t-elle déjà fait ? J’ai le sentiment d’être une vieille-âme, par moment, et de ne pas être né au bon siècle.

Lorsque je referme la porte du studio et que j’appuie sur l’interrupteur de la pièce avant de la quitter, il est déjà bien assez tard pour que je n’attrape pas mon téléphone pour m’enquérir de nouvelles de ma petite amie. Soit elle est encore à sa soirée du soir – je ne me souviens plus exactement de qui, quoi et ou – soit elle est rentrée épuisée et s’est certainement déjà effondrée. Alors, je dépose le téléphone sur la table basse du salon et me dirige vers la cuisine pour attraper une pizza surgelée dans le congélateur. Lorsque je suis à la musique, j’oublie jusqu’à mes besoins primaires. Mon ventre me rappelle à l’ordre et je ne pourrais pas plus me moquer qu’il ne soit plus vraiment l’heure du dîner. La pizza est four lorsque la sonnerie du portail retransmise jusqu’à la villa m’est retentit. Sourcils froncés, je tourne mon regard vers l’immense baie vitrée qui donne sur l’entrée de la propriété. Je reconnais la berline conduite par le chauffeur de Jo avant que le portail ne s’ouvre, confirmant qu’il ne peut s’agir que d’elle : elle est la seule à posséder le genre de passe-droit lui permettant de passer la sécurité sans que je ne sois interrogé ou prévenu en amont. Surpris mais malgré tout content de la voir – je le suis quelles que soient les circonstances – je me dirige vers pour l’ouvrir quelques secondes seulement après que son doigt n’ait enfoncé la sonnette. Mon air circonspect ne me quitte pas d’une semelle pendant ce bref trajet, pas plus lorsque je découvre la mine défaite de ma petite amie. Elle n’a pas la superbe qu’elle possède habituellement, toujours tirée à quatre épingles. Je n’ai pas le temps de l’interroger ou de l’observer avec plus d’attention ; elle me coupe l’herbe sous le pied. « Je suis désolée si Posy est là. Je sais qu'il est tard, je veux pas la réveiller. » - « Non tu… » Je secoue la tête, avant de tenter de troquer ma surprise pour un sourire encourageant. Il est hors de question qu’elle estime qu’il est possible qu’elle me dérange. « Posy n’est pas là. T’en fais pas pour ça. » Et la propriété est assez grande pour qu’elle n’entendre pas le bruit de la sonnette d’entrée, de toute façon. Moi, je reçois les notifications en direct sur mon téléphone grâce à tout un tas de gadgets et technologies que je serais bien incapable d’expliquer. « Je peux entrer ? S’il te plaît ? On sera pas obligés de parler si t’en as pas envie, mais je peux passer la nuit ici ? » Mon regard attiré sur sa main droite qui pend comme un poids mort le long de son corps, visiblement rougie et gonflée, je ne réponds pas tout de suite. Le son de sa voix m’arrache tout de même à ma désagréable contemplation, et je relève vers elle un regard hébété avant de me secouer les puces. « Oui, bien sûr. » Je m’efface, avant d’adresser un signe de tête au chauffeur de la brune et de refermer la porte derrière elle. Je m’approche d’elle et la détaille un peu plus en détail. Elle a l’air bouleversée et, déjà, mon esprit imagine le pire. Le plus délicatement possible, je mets en contact la pulpe de ses doigts avec la mienne pour la relever à mon niveau et l’observer. « Qu’est-ce qui t’es arrivé ? » C’est de la peur qui s’imprime sur mon visage. Je prie pour ne pas lui faire mal. « Tu as besoin de quelque chose ? » Un verre d’eau ? Des vêtements pour se changer et se mettre plus à l’aise ? Mon cœur bat la chamade : j’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose.

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@Midas Sterling ☆ crédit/wendagifs

Plus que la honte d’avoir fait du mal à Micah, l’impression de n’être rien d’autre qu’une hypocrite la mettait mal à l’aise de s’imposer chez Midas. Elle lui avait fait un scandale l’autre fois, lorsqu’elle avait appris ce qui s’était passé entre lui et l’acteur, arguant qu’il y avait d’autres méthodes que celle-ci pour venir à bout d’une situation qu’elle détestait, mais elle n’avait pas hésité un seul instant à faire tout le contraire de ce qu’elle préconisait pour obtenir quoi à la fin ? Pas grand-chose finalement, puisqu’elle n’était même pas satisfaite d’avoir été moins délicate que Midas en rendant à Micah la monnaie de sa pièce. Fais ce que je dis, pas ce que je fais, pour quelqu’un qui se targuait sans vaciller de ne n’avoir rien à cacher, aussi brutalement honnête qu’elle était déterminée à ce qu’on ne la traite pas de menteuse, c’était tout de même une maxime d’une hypocrisie qui devrait l’inciter à plus d’humilité. Après ce soir, elle en gagnerait peut-être quelques grammes, et encore rien n’était moins sûr parce qu’au fond d’elle, elle n’était pas en désaccord avec ses parents qui l’avaient traitée comme une cause perdue à l’adolescence. Jo ne changerait manifestement jamais. Elle aurait beau sortir tous les albums qu’elle voudrait, faire toutes les tournées possibles et imaginables, remporter tous les trophées et rameuter toutes les foules, elle ne serait jamais rien d’autre qu’un condensé petit format d’énergie mal distribuée, magma de fierté, de violence et de cynisme dont elle ne réussissait pas à se défaire parce qu’elle jugeait que changer, c’était faire offense à la personne qu’elle était devenue avec le temps, basant sa personnalité sur des fondations aussi bancales qu’elle était certaine qu’aujourd’hui, il était impossible de les redresser pour la rendre moins prompte à surréagir, juger et maltraiter. Elle n’était même pas certaine de le vouloir en réalité, avachie dans son impétuosité qui était devenue sa marque de fabrique, son fonds de commerce. L’introspection, c’était trop douloureux, et ça demandait de la vulnérabilité, et de ça elle ne voulait pas dépendre, se cachant derrière des barricades qu’elle-même ne réussissait même plus à contourner, piégée par ses propres défenses.

Pourtant, elle était vulnérable ce soir, ça rajoutait à l’embarras évident qui la transissait quand elle réalisait qu’attendre de Midas qu’il la fasse entrer sans la questionner, c’était un espoir vain dont elle devrait rapidement faire le deuil pour lui expliquer ce qui s’était passé. Elle n’ajouta rien d’autre quand il accepta de la faire entrer, le faisant avec une docilité induite par l’état dans lequel elle se trouvait et par son envie profonde d'être au contact de la seule personne qu’elle jugeait assez douce et patiente pour ne pas renchérir en la fustigeant d’avoir fait ce qu’elle avait fait. En somme, elle cherchait ce que Midas, lui, avait cherché quand il lui avait parlé de son altercation avec Micah, et que la seule chose qu’elle avait jugé bon de faire, c’était de le rendre coupable de quelque chose qu’il n’avait pas provoqué — au contraire de Jo dont la seule volonté en allant trouver Micah avait été de s’en prendre physiquement à lui. L’ironie n’était pas douce, elle lui donnait mal au ventre et lui serrait la gorge alors qu’elle avançait dans l’immense maison du chanteur comme un automate dont le système avait été poussé sur la commande mécanique, chaque pas qu’elle faisait porté par l’habitude, pas par l’envie. Elle s’arrêta entre deux pièces, le couloir étant assez immense pour être lui-même considéré comme une pièce à part entière, et abandonna ses chaussures au hasard d’un angle sans se soucier que ça fasse désordre et ajouta la veste de Marcus qu’elle ferait nettoyer plus tard pour qu’elle soit débarrassée de son parfum et de l’odeur de sa gêne. Elle ne savait même pas quoi dire pour entamer la discussion dans laquelle Midas voudrait forcément se lancer. Elle le connaissait assez pour savoir que là maintenant, il ne redoutait qu’une seule chose, et que c’était que quelque chose lui soit arrivée. Elle pourrait le rassurer, lui dire qu’elle allait bien et que si sa main était dans cet état, ce n’était que sa faute. Sauf qu’elle n’allait pas bien, son silence en étant une preuve aussi concrète que la légère bavure de son mascara sous ses yeux et l’absence d’élégance de sa tenue qu’elle ne porterait plus jamais.

Elle s’efforça à ne pas lever les yeux quand elle le sentit approcher, pouvant anticiper le geste qu’il ferait en levant elle-même sa main pour qu’il la prenne dans la sienne et qu’il constate par lui-même que si elle s’appliquait à la traiter avec autant de délicatesse, c’était parce qu’elle était dans un sale état. Les terminaisons nerveuses de ses doigts étaient en alerte maximale, aussi le contact chaud de la pulpe des doigts de Midas les fit réagir dans une secousse qu’elle voulut plus atténuer que cacher en récupérant aussi vite sa main pour la caler sur sa propre poitrine, tenant son poignet avec son autre main aussi fermement que c’était possible en lui répondant "Je crois que c’est cassé. Marcus voulait m’emmener à l’hôpital, mais j’ai refusé pour venir ici." Elle irait plus tard, elle n’aurait pas le choix de toute façon. Elle se servait de ses mains autant que de sa voix, elle ne pouvait pas prendre le risque de faire traîner la guérison de ses doigts ; le moment était mal choisi qui plus est, la promotion de son premier titre battait son plein, et les cérémonies de récompense s’enchaînaient. Elle évita d’y penser, tout comme elle évita de donner une réponse claire à Midas sur ce qui s’était passé. Elle consentit pourtant à affronter son regard pour y voir de l’inquiétude qu’elle aurait été capable d’apaiser rapidement si elle avait fonctionné correctement, mais elle préféra s’attarder sur sa question qui lui mit les larmes aux yeux tant elle ne savait pas au fond de quoi elle avait besoin, si ce n’était de lui et de son aide. Ses paupières s’alourdirent quand elle lui dit en s’approchant un peu plus près, sa main lâchant son poignet pour se poser sur l’épaule de Midas "Aide-moi à enlever ma robe." Ça ne partait d’aucune espièglerie de sa part comme ça aurait été le cas d’ordinaire, même si elle lui vola un baiser profond dans la foulée, glissant sa main valide dans sa nuque pour le sentir plus près d’elle avant de lui demander dans l’intervalle dont elle eut besoin pour reprendre sa respiration "Prends une douche avec moi." Elle ne le laissa pas interjeter, ajoutant précipitamment en reculant sa tête de la sienne pour planter son regard dans le sien "Je te raconterai tout ce qui s’est passé après, je te laisserai même me conduire à l’hôpital, je te le promets. Mais je veux pas le faire là, dans cet état." En se sentant souillée par ses propres défauts, soumise à sa fragilité qui lui fit poursuivre dans une brisure de sa voix qui n’était audible que parce qu’elle était très proche de lui, le bout de son nez venant se poser tout contre sa joue et ses doigts ne quittant pas sa nuque "Occupe-toi de moi."

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

Même si elle sait qu’elle serait parfaitement en droit de le faire, Jo ne viens pas me voir sans s’annoncer avant. Au minimum, j’ai toujours le droit à une brève notification de sa visite par message et, généralement, elle décroche même son téléphone parce que, j’en suis persuadé, elle aime autant entendre le son de ma voix que j’aime entendre le son de la sienne. Elle est spontanée, mais semble toujours avoir peur de me déranger – pourtant, je n’ai pas la garde de Posy, même pas de façon alternée – si bien qu’elle préfère toujours vérifier qu’elle ne le fait pas. Spoiler alert : Jo ne me dérange jamais. Si je la préviens lorsque ma fille est avec moi, c’est bien plus pour elle que pour moi ou pour ma poupée. Je sais qu’elle a besoin de se faire à l’idée de passer du temps avec une enfant et je n’ai pas à cœur de la prendre en traitre pour tenter de forcer quelque chose qui n’a pas besoin de l’être, puisqu’elle a tout le temps du monde à mes yeux.

Alors je suis surpris, d’une part parce que je n’ai rien reçu – j’ai jeté à un œil à mon téléphone posé sur l’ilot de la cuisine pour vérifier que je n’étais pas passé à côté d’une notification – d’autre part parce qu’il est tard. Une part de moi a envie de croire que, un peu enivrée et mutine, la tempétueuse brune a eu envie de me surprendre au lit parce qu’elle avait envie d’un peu plus que seulement me voir, mais je sais que, dans ce cas-là aussi, elle m’aurait envoyé des messages. Ils auraient été parfaitement salaces et témoin de son ébriété – non pas qu’elle ait besoin d’être ivre pour ne pas avoir froid aux yeux – mais ils auraient été là. De toute façon, cette bribe d’espoir se dissipe à l’instant où je pose les yeux sur elle, où je réalise que sa mine est défaite, son maquillage négligé et sa robe bien mal ajustée sur ses courbes avantageuse. Il s’est passé quelque chose, quoi je l’ignore, mais la certitude enfle dans mon abdomen et j’angoisse de savoir quoi. Sa main gonflée, je l’effleure plus que je ne la saisis, la faisant remonter à mon niveau qu’à l’aide du contact de nos doigts les uns contre les autres presque sa la moindre pression. J’ignore à quel point elle est blessée, j’ignore pourquoi mais, déjà, j’ai envie de tuer le rester du monde. « Je crois que c’est cassé. Marcus voulait m’emmener à l’hôpital, mais j’ai refusé pour venir ici. » En entendant le diagnostic – il n’est pas médical, mais ça n’a pas d’importance – de la brune, je relâche doucement sa main, de peur de lui faire mal. « Cassé ? Mais comment tu t’es fait ça ? » Et si elle l’est, alors je suis d’accord avec son chauffeur. Jo joue du piano comme elle chante et respire et, puisque je suis musicien, je suis bien placé pour savoir que ses doigts fins sont aussi précieux que ceux d’un chirurgien.

« Aide-moi à enlever ma robe. » Elle presse un baiser contre mes lèvres, mais ses propos ne dénotent d’aucune trace de lubricité. Sa main. Je comprends. Manier une fermeture éclair dans son dos est déjà compliqué en temps normal mais, si elle souffre le martyr, alors cela doit être impossible en cet instant. Je reste toutefois interdit une minute supplémentaire, pas parce que je ne veux pas accéder à sa requête, mais parce que je suis sous le choc. « Prends une douche avec moi. » J’entrouvre les lèvres pour lui dire que je ne saurais pas, que j’aurais trop peur de lui faire mal, que j’ai trop peur que quelqu’un lui en ai fait, mais elle ne me laisse pas le temps de répondre ; elle me coupe l’herbe sous le pied. « Je te raconterai tout ce qui s’est passé après, je te laisserai même me conduire à l’hôpital, je te le promets. Mais je veux pas le faire là, dans cet état. » Bien sûr. Même dans cet état, sa vanité reste une composante de sa personnalité et si je n’étais pas transi d’inquiétude, j’esquisserais un sourire. « Occupe-toi de moi. » Prenant garde d’éviter son côté meurtri, je passe un bras autour de ses épaules pour l’attirer contre mon torse, et j’embrasse doucement ses cheveux. Finalement, après quelques secondes d’un silence nécessaire à ce que je reprenne mes esprits, je réponds enfin. « Laisse-moi juste éteindre le four. » Mon estomac attendra. Je ne me sépare d’elle que le temps de m’exécuter, avant de revenir à ses côtés. « Bouge pas. » Parce que je suis un peu trop preux chevalier sur les bords. Je glisse un bras dans son dos – juste sous ses omoplates – et me baisse pour passer l’autre sous ses genoux et la soulever du sol délicatement. Je la porte dans mes bras jusqu’à ma suite, avant de la déposer avec douceur. Je pose brièvement mes mains de part et d’autre de son cou, avant de la contourner pour attraper le tissu de sa robe d’une main, et la fermeture éclair de l’autre. Je la descends délicatement sans que cela ne constitue un échauffement pour un corps à corps brûlant. Si je regarde toujours son corps avec un désir latent, cette fois il est endormi au regard de ce que j’ai peur pour elle. Du coup du menton, je lui désigne la salle de bain attenante, avant de tirer sur mon propre t-shirt pour l’ôter. « Je te rejoins. »

Je me déshabille sans cérémonial, avant de la rejoindre sous la douche et de me glisser dans son dos. Non sans en avoir testé la température de l’eau sur ma peau au préalable, je repose finalement le pommeau de douce sur son socle en métal avant d’activer la coulée de l’eau en pluie fine depuis le plafond. Je passe un bras autour des épaules de la brune pour l’attirer un peu plus contre moi, son dos contre mon torse, et je la tiens fermement, tentant de la rassurer plutôt que de l’empêcher de s’enfuir. « Je sais pas ce qu’il s’est passé, mais on va trouver une solution, okay ? Ça va s’arranger. » Un point contusionné, c’est souvent signe de bagarre. Elle ne semble pas avoir accusé de coup, mais je crains pourtant le pire. Est-ce son père ? N’importe quel homme un peu saoul qui auraient tenté de la malmener ? Qui a brisé les phalanges de sa main droite ?

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Elle ne répondrait pas aux questions de Midas tout de suite, qu’importe que sa démarche était un peu cruelle, sentant son inquiétude se mêler au reste de ce qu’elle, elle endurait sur l’instant présent. Simplement, elle n’avait pas la force d’assumer ce qu’elle avait fait pendant qu’il la regardait comme ça, son état étant aussi pathétique que la raison profonde pour laquelle elle s’en voulait ce soir de s’en être prise à Micah. On pouvait l’accuser d’être lâche cette fois, et c’était le cas dans une certaine mesure, mal à l’aise que son attitude soit entrée en confrontation directe avec ce qu’elle avait reproché à Midas il y avait à peine quelques semaines de ça. Elle prenait toutes les accusations sans jamais les démentir Jo, mais lorsque ça touchait à son honnêteté, elle se sentait attaquée, meurtrie. Comme ce soir, elle avait été la pire des hypocrites, elle avait bien du mal à accuser le coup. Il lui fallait le temps, en gagnant en demandant à son petit ami de s’occuper d’elle, à mendier pour qu’il mette ses occupations du moment sur pause histoire de répondre au besoin qu’elle avait de le sentir près d’elle pour la consoler d'une erreur qu'elle aurait pu ne pas commettre si elle y avait mis un peu de bonne volonté. Elle repensait à la manière dont elle l’avait accusé d’avoir fait pire que mieux en répondant aux attaques d’un Micah doué pour blesser en plein coeur, elle estimait quelque part qu’à cause de ça, il aurait eu toutes les raisons du monde de refuser le rôle qu’elle voulait qu’il tienne ce soir, mais elle savait que ça ne lui traverserait même pas l’esprit de lui rendre la monnaie de sa pièce en lui disant de se débrouiller seule, et ça la soulageait à un point tel qu’elle aurait pu en pleurer de gratitude ; d’avoir trouvé quelqu’un d’assez différent d’elle pour ne pas trouver ça digne de lui faire payer sa mauvaise foi malgré les blessures qu’elle infligeait à tout va en ne faisant aucun effort pour être moins bornée, quelqu’un qui n’hésita à répondre à sa requête que pour mettre en veille ce qu’il ressentait et se concentrer entièrement sur elle et l’emmener à l’abri de l’immense baie vitrée de la propriété.

Dans quelques heures, elle détesterait absolument tout de ce qui s’apprêtait à se passer tout en chérissant au plus profond d’elle la douceur et l’abnégation d’un Midas qu’elle aimerait surement plus encore. Elle ne pourrait pourtant pas s’empêcher d’être incommodée par la charge de ce qu’elle faisait peser sur ses épaules maintenant, loin d’avoir le charisme et le panache qu’elle avait d’ordinaire quand elle se défendait de pouvoir prendre soin d’elle sans compter sur personne, et peut-être que ça la pousserait à être un peu distante avant de se rappeler que c’était elle qui était venue, que c’était elle qui avait besoin qu’il prenne soin d’elle, et que jamais elle n’aurait pensé à quelqu’un d’autre que lui pour ça. Il suffisait qu’elle le regarde faire pour savoir que c’était le meilleur choix, la précaution qu’il prenait à la manipuler, à la déshabiller, étant décuplée de l’ordinaire, l’empressement prenant souvent le pas sur la délicatesse d’un moment d’intimité différent que celui qu’ils partageaient maintenant. Malgré les apparences, il n’était pas question de ça sur l’instant, mais elle y repenserait certainement plus tard, à ses deux mains sur son cou, à l’obligeance de ses gestes pendant qu’il devait espérer ne pas lui faire plus mal encore, et ça ajouterait encore au désir qu’elle ressentait pour lui chaque fois qu’elle croisait son regard. Elle l’évita là, son regard, quand il lui indiqua d’un coup du menton la salle de bain attenante vers laquelle elle se dirigea seulement parce qu’il lui dit qu’il la rejoignait.

Tenant sa main blessée contre sa poitrine dénudée, elle essaya tant bien que mal avec l’autre de défaire les épingles qu’elle avait dans les cheveux. Elle perdit vite patience en tirant dessus jusqu’à réussir enfin par les détacher. Ne se souciant pas de semer des épingles dans son sillage, ses mèches retombèrent brouillon entre ses omoplates pendant qu’elle rentrait dans la douche quelques secondes à peine avant que Midas ne se flanque derrière elle. Elle redouta un peu l’instant où l’eau à bonne température rentrerait en contact avec ses doigts, alors elle garda sa main contre elle un moment tout en laissant Midas la rapprocher de lui sans aucune protestation, aussi docile parce que sentir sa peau et son souffle contre la sienne lui faisait du bien au même titre que la manière dont il la maintenait contre lui sans exercer une pression trop brute, qui était néanmoins suffisamment ferme pour qu’elle comprenne qu'il n’agissait pas par obligation et qu’il prendrait soin d’elle. Comme à chaque fois, une petite voix dans sa tête lui rappela qu’elle ne le méritait pas "Où tu trouves la patience de m’ouvrir ta porte quand je t’ai presque dit que c’était bien fait pour toi quand tu m’as parlé de ce qui s’est passé la dernière fois ?" Elle murmura les yeux fermés, sa voix gorgée de larmes. Sans même savoir ce qui s’était passé, Midas était prêt à agir en conséquence pour la soulager, et ça fit réaliser à Jo qu’elle lui devait des explications. L’eau s’échappant du pommeau en pluie fine lui brouilla moins la vue que les larmes qui bordaient ses yeux quand elle les rouvrit. Se fondant dans les bras de Midas, son dos contre son torse, elle fit reposer l’arrière de sa tête contre lui, et accrocha sa main valide à son avant-bras qu’elle finit par parsemer de baisers, et enfin elle finit par lui avouer "Je l’ai frappé." Elle ne voulait pas citer le nom de sa victime dont l’identité s’éclaircirait au fil de son récit qu’elle continua en restant dans la même position, ses lèvres effleurant l’avant-bras de Midas à chacun des mots qu’elle prononça presque tout bas "Il était invité à la soirée à laquelle j’étais. J’en savais rien, je l’ai appris quand je suis arrivée." Le regard fixé devant elle, elle raffermit l’étau du bras de Midas autour de ses épaules en même temps, son menton se posant maintenant sur son avant-bras pendant qu’elle continuait "Ça fait des jours que j’essaye de lui parler pour avoir des explications. Il a même pas pris le temps de me répondre, il se planque derrière les conseils de son équipe de relations publiques, comme si on était qu’une vulgaire rumeur à étouffer pour préserver sa si précieuse réputation. Il pense qu’à ça de toute façon." Gênée par les gouttelettes d’eau qui commencèrent à s’amasser sur ses longs cils, elle cligna des yeux en se ranimant doucement pour se mouvoir tout contre Midas et enfin se retourner face à lui. Sans se reculer de lui néanmoins, sa peau toujours contre la sienne, elle replaça son bras juste sur son épaule, décidée à ne pas se défaire de sa protection, pendant que sa main valide se coulait le long de son torse d’abord, puis de l’autre sens ensuite pour se poser à la base de sa gorge. Dans le même temps, elle osa le regarder dans les yeux pour lui admettre "Ça m'a rendue folle qu’il m’évite ouvertement. Je me suis renseignée sur le numéro de sa chambre, et j’ai à peine attendu qu’il m’ouvre la porte pour lui décocher le même genre de coup qu’il t’a donné." Je vise mieux que lui qu’elle se retint d’ajouter "J’aurais dû retirer mes bagues avant de le faire, je crois que c’est ça qui a joué contre moi. J’ai pas réfléchi, j’ai vu que l’opportunité de lui rentrer de force dans la tête que je lui pardonnerai jamais ce qu’il a dit, encore moins ce qu'il a fait." Ses doigts qui la faisaient souffrir en étant la preuve concrète, la douleur palpitant sous les anneaux qu’elle portait toujours et auxquels elle jeta un bref regard en se disant qu’elle devrait peut-être réessayer de les enlever. Pas tout de suite, l’idée lui étant insupportable tant elle savait que ça lui ferait mal. Elle sentit gonfler la gêne et la déception dans sa gorge et ça lui fit dériver ses yeux de ceux de Midas pour continuer, sa tête se secouant de gauche à droite histoire d’anticiper la nouvelle phase de sa confession "Je me sens même pas mal parce que je l’ai frappé." Tout de même un peu, elle regrettait toujours ses accès de violence. Mais là, ça ne pesait pas bien lourd dans la balance de ce qui laissa filer le sanglot qu’elle retenait depuis tout à l’heure quand elle reprit après une pause "Je me sens mal parce que je t’ai fait une scène l’autre fois et que je t’ai blessé en te laissant pas le temps de m’expliquer ce qui s’était passé." Elle avait sous-entendu des choses qu’elle ne pensait même pas. Prenant sur elle pour bouger sa main blessée de sa propre poitrine, elle la joignit à l’autre qu’elle remonta vers le visage de Midas qu’elle prit entre ses mains pour lui dire en le regardant droit dans les yeux cette fois "Je crois pas que t’es ce genre de personne." A se comporter comme un primitif sous le prétexte qu'il était un homme amoureux ; Midas était plus subtil dans sa dévotion, elle était bien placée pour le savoir. Elle balaya les cheveux humides du jeune homme de son front avec ses deux mains dans la foulée, ignorant sa douleur, en reprenant en même temps "Je crois pas que t’es comme lui." Moi je le suis, seulement ça elle le ravala à la fin de sa phrase pour mieux se concentrer sur l’idée qu’après ce qui s’était passé ce soir, elle ne voulait plus laisser planer le doute comme elle l’avait fait la dernière fois uniquement parce qu’elle était en colère.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

Jouer avec la température de l’eau pour qu’elle ne frissonne pas mais sans la brûler non plus, ce n’est pas chose pratique à une main, mais je ne la lâcherai pour rien au monde. Au contraire, je crois qu’à chaque fois que mon attention chute je la presse un peu plus fort contre moi, comme inconsciemment. Une fois que je juge la température adéquate, je reporte toute mon attention contre la brune dont le dos est appuyé contre me torse. Je passe même les doigts de ma main libre dans ses cheveux pour les démêler grossièrement – elle s’est battue avec – avec la douceur d’un parent en train de bercer son enfant qui se serait réveillé en pleine nuit d’un horrible cauchemar. Qu’importe que je me sois déjà douché avant, les réserves d’eaux chaude sont adaptées à la taille du domaine – quasi illimitées donc – et je resterai ici aussi longtemps qu’elle aura besoin de moi. Ensuite, je la prierai de me laisser la conduire à l’hôpital, comme elle me l’a promis. « Où tu trouves la patience de m’ouvrir ta porte quand je t’ai presque dit que c’était bien fait pour toi quand tu m’as parlé de ce qui s’est passé la dernière fois ? » Je pousse un soupir dont le son est étouffé par le bruit de ruissèlement de l’eau, avant de secouer la tête doucement. « C’est pas de la patience. » Il s’agit simplement de ma façon d’aimer. Inconditionnellement. Sans limite. Cela s’applique dans une certaine mesure à tous ceux qui me sont chers, mais c’est encore plus vrai avec elle. Je pourrais dire "je sais que tu ne le pensais pas", mais j’ai conscience qu’avec Jo tout est bien plus compliqué que ça et, qu’à un certain moment, elle l’a peut-être pensé. Parfois, cela me rend triste, mais jamais je ne lui en veux.

« Je l’ai frappé. Il était invité à la soirée à laquelle j’étais. J’en savais rien, je l’ai appris quand je suis arrivée. » Le pronom personnel, j’active mes méninges pour savoir qui il désigne. Quelqu’un de perspicace n’aurait pas eu besoin de cette étape, j’en conviens, mais même si je me targue de savoir comment évoluer aux côtés de Jo, je me garde bien de prétendre que je la connais par cœur au point de pouvoir prédire ses gestes. Toutefois, l’identité de sa victime devient évidente dès lors qu’elle continue ses explications. « Ça fait des jours que j’essaye de lui parler pour avoir des explications. Il a même pas pris le temps de me répondre, il se planque derrière les conseils de son équipe de relations publiques, comme si on était qu’une vulgaire rumeur à étouffer pour préserver sa si précieuse réputation. Il pense qu’à ça de toute façon. » La brune resserre mon bras autour de ses épaules, et ma mâchoire se serre de colère. Oh, elle n’en est pas la cible, l’entièreté de ma rage va dans la même direction que la sienne. Simplement, elle s’est fait mal pour moi d’une certaine façon, alors je ne peux pas m’empêcher de m’en vouloir un peu également. « Il est lâche. » J’évite d’ajouter un je ne sais pas pourquoi tu es surprise. La dernière fois que j’ai fait ce genre d’allusion, la situation a mal tourné. Toutefois, je ne comprends réellement pas comment elle a pu être son amie tout en restant aveugle au genre d’homme qu’il est pendant autant de temps. « Ça m'a rendue folle qu’il m’évite ouvertement. Je me suis renseignée sur le numéro de sa chambre, et j’ai à peine attendu qu’il m’ouvre la porte pour lui décocher le même genre de coup qu’il t’a donné. » Un maigre sourire teinté de fierté étire mes lèvres. Je ne suis pas ravi qu’elle se sente forcée de rétablir mon honneur, encore moins qu’elle se soit fait mal, mais je mentirais si je prétendais que je n’étais pas fier d’être l’homme que ce condensé de personnalité et d’audace a choisi. Jo est incontrôlable ; je suis tout l’inverse, et malgré ses défauts relationnels qui nous compliquent la vie, j’admire beaucoup tout ce qu’elle est. Quelqu’un qui ne se laisse pas marcher dessus. Doucement, je baisse mes lèvres pour embrasser son épaule. « Tu n’aurais pas dû te faire du mal pour moi. » Je sais qu’elle l’a fait en partie pour elle, mais la culpabilité n’entendra pas raison aussi facilement. « Je m’en fous que tu l’aies cogné. Mais t’avais pas besoin de me venger, tu sais. » De ma main libre, je viens ramasser ses doigts – ceux encore en état de marche, j’ai bien trop peur de lui faire mal pour approcher les autres – pour les desserrer de mon bras dans l’espoir qu’elle se détente, et je les presse doucement dans les miens.

« J’aurais dû retirer mes bagues avant de le faire, je crois que c’est ça qui a joué contre moi. J’ai pas réfléchi, j’ai vu que l’opportunité de lui rentrer de force dans la tête que je lui pardonnerai jamais ce qu’il a dit, encore moins ce qu'il a fait. » - « On va aller à l’hôpital. » Parce que ces bagues doivent être retirées, parce que sa main doit être prise en charge, surtout si les os de ses doigts sont cassés. « J’espère qu’il nous laissera tranquille maintenant. » J’espère aussi qu’il la laissera tranquille, une paix royale au point de ne plus jamais lui donner la moindre nouvelle, mais je tais ce souhait-là. Je ne lui demande pas qui a pu la voir ; quand bien même son gestion violent compromettrait nos chances de ne pas repartir les mains vides de Los Angeles, je m’en moque. La façon dont elle se sent est bien plus importante à mes yeux.

« Je me sens même pas mal parce que je l’ai frappé. » Et elle n’a pas à s’en vouloir. Si je n’avais pas été un homme avec tout ce que cela implique, je me permettrais certainement un peu plus d’éclats de violence ; les femmes possèdent un certain passe-droit, contrairement à nous. « Je me sens mal parce que je t’ai fait une scène l’autre fois et que je t’ai blessé en te laissant pas le temps de m’expliquer ce qui s’était passé. » Jo s’est retournée face à moi. Ma main qui emprisonnait ses épaules a glissé au creux de ses reins, et je la tiens toujours fermement contre moi tout en veillant à ne pas lui faire mal. « C’est plus important. » Je ne suis pas revanchard. Je ne suis pas non plus un homme rancunier qui reste sur ses positions et n’en démord pas tant qu’il n’a pas eu d’excuse. « Je crois pas que t’es ce genre de personne. » - « Je sais. » Je le souffle doucement, certainement trop. « Je crois pas que t’es comme lui. » - « Je sais. » Ma main droite se déplace jusqu’à sa nuque et s’y attaque pour l’attirer contre moi. Je pose mon menton sur ses cheveux mouillés, avant d’y déposer mes lèvres. « C’est pas grave Jo. Je t’en veux pas. Là, maintenant, tout de suite, la seule chose qui compte pour moi c’est de savoir comment tu vas. » Le reste peut attendre. Le reste, j’en fais mon affaire. « S’il a levé la main sur toi en retour je le tuerai. » Je l’affirme avec un calme Olympien, à la façon d’un constat implacable plus que d’une menace virulente. « Je sais que tu penses pas toujours ce que tu me dis. » Cela ne fait pas moins mal sur le coup, pourtant, mais je le sais. Jo prouve de bien d’autres des façon – les mots, c’est compliqué pour elle – qu’elle m’aime et qu’elle regrette. « Je veux pas que tu t’en veuille pour ça. » Je prends son visage entre mes deux mains avant de l’attirer à moi pour embrasser ses lèvres. « Maintenant, je veux que tu sois honnête. Sur une échelle de un à dix, à quel point tu as mal ? » Je lui poserai des questions, je lui demanderai comment Tomlinson a réagi et comment il a tenté de se défendre plus tard, quand elle aura compris que ma priorité, c’est elle.

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C’est pas de la patience. Cette réponse de Midas n’était pas aussi étonnante que Jo aurait dû le prétendre si elle avait été humble au point de refuser de croire qu’il l’aimait assez pour supporter ses défauts. Elle avait écouté ses chansons, elle avait partagé sa vie au cours des douze derniers mois, même s’ils n’avaient pas toujours été ni proches ni en bons termes : elle savait quoi qu’il en soit, elle ne jouerait pas l’ingénue sous le prétexte que ça ne se faisait pas de revendiquer l’attachement que quelqu’un a pour soi-même. Néanmoins, même en le sachant, sa réponse ne lui fit pas moins du bien parce qu’elle venait instinctivement, sans qu’il ne cherche à en dire plus pour qu’elle comprenne parfaitement où il voulait en venir. L’amour qu’il lui portait, il venait avec ses avantages bien sûr, ceux dont elle jouissait sans limites, il venait aussi avec des inconvénients dont lui seul souffrait au fond, son manque d’objectivité en tête de liste. Un homme moins amoureux aurait certainement moins eu à coeur sa tranquillité d’esprit et n’aurait pas supporté longtemps son caractère indomptable, un homme moins amoureux lui aurait plus rapidement que ça fait dit qu’elle devait apprendre à mesurer ses paroles, un homme moins amoureux aurait peut-être même mis un arrêt définitif à tout ça avant de s’engager plus loin avec elle et de la rendre complètement dépendante. Elle avait de la chance, c’était comme ça qu’il fallait le comprendre, et elle la mesurait sans pour autant toujours réussir à s’en montrer reconnaissante. Il ne fallait pas s’imaginer qu’elle ne s’en voulait pas, puisque passés les instants où ses mots dépassaient sa pensée, elle s’apercevait bien souvent qu’elle était allée trop loin et que son incapacité à savoir s’exprimer de la bonne façon en dehors des moments où elle n’avait pas un micro devant elle lui pourrissait la vie. Mais c’était comme ça, elle ne se cherchait pas d’excuses, elle n’en présentait pas souvent non plus, la dualité imposée par sa fierté la rendant prisonnière de tout ce qu’elle avait mis en place pour la préserver, pour se préserver.

Elle ne voulait pas parler de Micah autrement que pour relater ce qui s’était passé ce soir. Oui, il était lâche, et oui, elle lui en voudrait jusqu’à ce qu’elle crève si c’était nécessaire pour qu’il enregistre qu’il aurait dû s’en tenir à ses abdos exposés sur son feed Instagram au lieu de se pointer avec ses soupçons et sa possessivité mal placée. Ils avaient très proches à une époque, mais comme tout, les choses évoluaient sans nécessairement être vouées à mal tourner. Il avait choisi la fin de leur amitié, elle n’avait fait que s’insérer dans la brèche qu’il avait causé lui-même en s’en prenant physiquement à Midas, en le rendant moins intègre sous le prétexte qu’il avait semé les graines de l’évolution positive chez une Jo qui jusqu’alors n’avait jamais voulu changer, encore moins pour quelqu’un. C’était peut-être ça le problème de Micah au fond : il n’avait jamais réussi à avoir cette influence positive sur elle, alors il essayait de salir celle dans laquelle elle s’était engagée pour son propre bénéfice "Je ferais n’importe quoi pour toi." Ses doigts se resserrèrent contre le bras de Midas dans un geste protecteur — c’était aussi instinctif que ce qu’il lui avait répondu à propos de sa patience qui n’en était pas. Elle, elle se foutait de s’être fait mal autant quelle se foutait d’avoir fait mal à Micah, elle voulait simplement ne pas laisser les choses se tasser sous le prétexte que ça mettrait à mal leur réputation à tous les trois. Il y aurait eu d’autres façons évidemment, sauf qu’il refusait de lui parler, et Jo n’était pas Midas : de la patience, elle n’en avait pas un seul gramme "C’est pas une question de vengeance, je voulais pas qu’il pense qu'il à le droit de faire ce genre de choses, et de s’en prendre à toi sous le prétexte qu’il a des trucs à régler avec lui-même." D’une certaine façon, tout ça, ce n’était même pas au sujet d’eux, mais au sujet de lui ; de ce qu’il ne faisait pas pour perdre la réputation de tombeur qu’il se traînait, de ce qu’il ne faisait pas pour qu’on ne le voit comme rien d’autre qu’un coup d’un soir "Je veux plus jamais parler de lui. Je veux plus jamais lui parler tout court, c’est fini."

Elle laissa ses doigts valides être détendus par Midas avant de se retourner pour lui faire part de ce qui la torturait vraiment finalement "Si ça l’est." Important, qu’elle reconnaisse qu’elle avait à nouveau mal réagi "C’est pas la première fois que ça arrive." Elle le lui faisait remarquer sans réellement se dédouaner du fait coutumier qu’elle imposait à leurs échanges de se terminer sur un conflit. L’avantage d’être sous la douche à ce moment-là, c’était de pouvoir plus ou moins cacher ses larmes sous le ruissellement de l’eau sur leur peau ; ça invitait à la vulnérabilité, chose qu’elle détestait, mais contre laquelle elle ne pouvait rien sur le moment, l’adrénaline de ce qui s’était passé plus tôt étant redescendue et sa perception des choses s’éclaircissant au fur et à mesure qu’elle sentait les mains et les lèvres de Midas sur elle, la ramenant d’une transe difficile à combattre. Ses deux mains agrippant doucement le visage du jeune homme après avoir éclairci ce qu’elle avait laissé en suspens l’autre fois, elle se laissa attirer par lui pour une étreinte durant laquelle elle le serra contre elle en passant cette fois ses deux bras autour de sa taille, sa bouche poinçonnant quelques baisers à hauteur de sa clavicule avant de l’entendre s’inquiéter de comment elle se sentait. Elle n’accorda aucune réponse à ça parce qu’elle ne savait pas vraiment. Ce qu’elle savait en revanche, c’était que dans toute sa lâcheté, Micah était encore suffisamment impartial pour ne pas s’en prendre à une femme. Elle rassura Midas, reculant la tête de son torse pour observer son expression d’abord, ne lui reprochant pas ses propos cette fois, bien mal placée pour calmer son désir de vengeance "Il m'a pas fait de mal. Pas physiquement en tout cas." Un aveu qu’elle faisait par défaut parce que malgré tout, que les choses se terminent comme ça, ça lui faisait du mal — mais elle s’en remettrait, elle s’en remettait toujours. Ses bras quittant la taille de Midas pour que sa main intacte vienne lisser la longueur de ses propres cheveux, elle sentit ses larmes gonfler dans sa voix quand elle l’entendit de nouveau être beaucoup trop clément avec elle, et répliqua dans la foulée "Mais je devrais être capable de m’accorder au sujet de ce que je dis et de ce que je pense, c’est pas normal." Elle ferma brièvement les yeux, sentant que l’agacement contre elle-même prenait le pas sur la manière dont elle voulait exprimer les choses ; d'une façon plutôt simple finalement, ajoutant juste après "Je sais que j’ai un problème. Je suis tout le temps en colère." Sa respiration se hachura quand elle la reprit au travers de ses larmes pour poursuivre, ses doigts valides venant inutilement chasser de ses joues les larmes mêlées à l’eau qui tombait du plafond "Je voudrais que ça change, mais je sais pas comment faire. Je sais même pas pourquoi je ressens ça, c’est juste tout le temps là, et je réussis à le retenir parfois, sauf que ça ressort au plus mauvais moment, et c’est souvent toi qui en paie les frais." Et ça faisait naître des craintes chez elle qu’elle exprima en amarrant ses yeux à ceux de Midas "Je veux pas que chaque fois que je te dis quelque chose que je pense pas, ça te fasse du mal et que ça te pousse à te dire que tu serais plus heureux avec une femme plus douce et plus compréhensive que moi, même si c’est surement vrai." Ce serait plus facile pour lui, aussi ça la rendait atrocement égoïste de s’en douter, mais de ne rien faire pour lui donner l’opportunité de se simplifier l’existence en rencontrant quelqu’un qui n’aurait pas autant de problèmes de tempérament qu’elle "Je veux pas que tu finisses par regretter de m’aimer." termina-t-elle, presque en haussant les épaules tant ça paraissait simple comme doléance. Même si ça lui brisait le coeur de devoir l’exprimer de cette manière, ce qu'il fallait retenir, c’était qu’elle voulait travailler sur elle pour de vrai parce qu’elle ne voulait pas dépasser les limites d’un Midas entièrement dévoué à sa cause ; le prouvait le baiser qu’il lui donna et auquel elle répondit en se rapprochant encore plus près de lui, mais aussi l’accent qu’il mettait sur la douleur qu’elle ressentait maintenant et qui s’ajoutait à tout ce qui la taraudait sur l’instant. Elle leva sa main qu’elle avait gardé à distance jusque-là, lui accordant un regard absent, et tenta de déplier ses doigts pour évaluer la douleur qui ne la quittait pas "Huit, ça me paraît pas exagéré." Ou peut-être que si, la pression de ses bagues autour n’arrangeant pas sa vue d’ensemble de ce qu’elle ressentait maintenant "J’ai pas envie de dire à qui que ce soit que j’ai frappé quelqu’un." finit-elle par avouer, sa main se reposant contre sa propre poitrine pour la prémunir de tout contact douloureux, ses yeux se relevant vers Midas qui comprendrait qu’au-delà de l’image que ça donnait d’elle, ça la ramenait à ce qu’elle craignait à propos de la ressemblance qu’on lui trouvait avec son père qui se délecterait sans aucun doute possible d’avoir légué ce genre de tare à son unique fille.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« Je ferais n’importe quoi pour toi. » Je vais reformuler alors, parce qu’elle n’a rien à me prouver et que je ne veux pas de ça. « Je ne veux pas que tu te fasses du mal pour moi. » Je refuse de savoir qu’elle se sent investie de ce genre de mission et de rester les bras croisés et il n’est même pas question d’honneur masculin. J’ai mal quand elle a mal, et la fierté n’a rien à voir là-dedans. Elle ne peut pas prendre de risques, qu’ils soient physiques ou même pour sa carrière parce qu’elle estime que c’est à elle de faire justice en mon nom, elle a ses propres intérêts à garder à l’esprit et à protéger. « Je suis sérieux Jo, je peux encaisser ce genre de connerie, je veux pas qu’il t’arrive quelque chose à cause de moi. » Que ferait la presse si elle avait vent de son agression ? Risque-t-elle d’avoir tout gâché, alors que sa carrière décolle enfin ? Et que fera-t-elle si ses doigts cicatrisent mal ou trop lentement pour pouvoir assurer les dates promotionnelles qu’elle veut assurer ? Elle joue du piano, elle devrait savoir que ses petites mains sont bien trop précieuses pour qu’elle cogne les idiots avec. « C’est pas une question de vengeance, je voulais pas qu’il pense qu'il a le droit de faire ce genre de choses, et de s’en prendre à toi sous le prétexte qu’il a des trucs à régler avec lui-même. » Je resserre mon bras autour de ses épaules avec douceur et tendresse, secouant la tête parce que j’ai mal au cœur de la voir se débattre avec ce genre de chose. Tu ne devrais pas rentrer dans son jeu, tu es plus intelligente que ça. Voilà ce que je dirai si je n’avais pas peur d’un retour de bâton violent. Avec Jo, difficile de savoir lorsque sa colère et son agressivité viendra tout gâcher alors dans les circonstances les plus délicates, je marche sur des œufs. « Je veux plus jamais parler de lui. Je veux plus jamais lui parler tout court, c’est fini. » - « Et rien t’obligera plus jamais à le faire. » Je dépose un baiser sur le sommet de son crâne, un peu honteux d’être soulagé par cette décision.

« Si ça l’est. C’est pas la première fois que ça arrive. » Non, ce n’est en effet pas la première fois qu’elle me saute à la gorge sans que je ne trouve ça justifié. Pas la première fois que cela me blesse non plus, mais je n’imagine pas qu’un jour elle puisse me détourner d’elle pour autant. « On est pas obligés d’en parler maintenant. » Pas alors qu’elle est chamboulée, secouée, et qu’elle a certainement plusieurs fractures douloureuses et qui mettront du temps à se ressouder.

« Il m'a pas fait de mal. Pas physiquement en tout cas. » Je laisse un soupir de soulagement m’échapper, un seul, et direct de surcroît. « Mais je devrais être capable de m’accorder au sujet de ce que je dis et de ce que je pense, c’est pas normal. Je sais que j’ai un problème. Je suis tout le temps en colère. » Elle revient sur le point précédent, désireuse d’en parler tout de suite et maintenant, contrairement à l’opportunité que je lui ai offerte de fuir cette conversation qui sera désagréable pour elle. Je ne lui reprocherai rien ce soir, mais je ne lui mentirai pas non plus en lui disant qu’elle se fait des idées et que je n’ai jamais rien relevé de particulier ou d’anormal. Sa colère l’est, et je me surprend à rapprocher ses confessions d’autres, faites par mon cousin il y a quelques mois au sujet de la colère avec laquelle il se débat lui-même bien trop souvent d’après ses dires. « Je voudrais que ça change, mais je sais pas comment faire. Je sais même pas pourquoi je ressens ça, c’est juste tout le temps-là, et je réussis à le retenir parfois, sauf que ça ressort au plus mauvais moment, et c’est souvent toi qui en paies les frais. » C’est vrai. A nouveau, je ne le démens pas. J’ai dit que je ne mentirai plus, et je ne le ferai pas même si c’est plus facile. J’en fais les frais certainement parce qu’une fois ne me suffit pas, parce que je reste malgré ce qu’elle peut parfois m’envoyer, là ou d’autres la laissent peut-être tomber. Je reste, j’encaisse, et je continue à la regarder avec des yeux remplis d’étoiles. « Je veux pas que chaque fois que je te dis quelque chose que je pense pas, ça te fasse du mal et que ça te pousse à te dire que tu serais plus heureux avec une femme plus douce et plus compréhensive que moi, même si c’est surement vrai. Je veux pas que tu finisses par regretter de m’aimer. » Je laisse échapper un léger shhht, en caressant sa nuque gracile du bout de mes doigts. « Je regretterai pas de t’aimer. » Parfois, j’aimerais qu’elle soit plus facile. Mais si j’avais le choix entre elle et une autre, plus douce et égale en humeurs, je la choisirais elle. « J’ai eu le même genre de discussion avec l’un de mes cousins. Il se sent comme toi. » Perpétuellement en colère et, souvent, il regrette de s’en prendre aux mauvaises personnes. « Je lui ai dit qu’il fallait qu’il trouve une soupape, quelque chose pour relâcher la pression. » Lui fait de la boxe et de la plongée. J’ignore si Jo pourrait trouver un exutoire, elle aussi. « Mais j’ai pas su comment l’aider plus que ça. Pour toi, je veux bien chercher, t’aider. » Mais je n’ai pas de réponse miracle à lui apporter. « Après la cérémonie, en février, tu veux qu’on parte quelque part ? Qu’on s’éloigne un peu ? » De l’agitation. La colère de Jo ne disparaitra pas en un claquement de doigts ou parce qu’elle s’envole pour une destination secrète et paradisiaque, mais je veux l’aider et je propose tout ce qui peut me traverser l’esprit.

« Huit, ça me paraît pas exagéré. » Mes mains se posent sur ses avant-bras, et je serre la mâchoire. « On va à l’hôpital. » Et plus vite que après notre discussion. Huit, c’est beaucoup plus que ce que je peux avaler et accepter sans rien tenter de faire pour l’aider. « J’ai pas envie de dire à qui que ce soit que j’ai frappé quelqu’un. » - « Alors tu le diras pas. » Ce ne sera pas vraiment un secret pour n’importe quel médecin qui posera son regard sur sa main, mais elle n’a pas besoin de le formuler. « Je connais un chirurgien du Saint Vincent. Il s’est occupé de Posy. » Sans que cela n’ai quoi que ce soit à voir avec son domaine de compétence, mais depuis nous avons sympathisé et le docteur Hartfield m’a dit de le contacter si j’avais besoin de quoi que ce soit. « Je vais l’appeler pour voir si on peut te trouver un rendez-vous avec un spécialiste et te faire entrer discrètement. » Elle n’a pas besoin d’un public, en plus du reste.

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@Midas Sterling ☆ crédit/wendagifs

Jo avait eu l’habitude de défendre ses frères. Elle l’avait fait un nombre incalculable de fois sans se dire qu’elle risquait quelque chose et ce même quand elle savait parfaitement qu’elle risquait quelque chose. Certainement que ce n’était qu’un automatisme chez elle, de monter au créneau pour défendre ceux qu’elle aimait, quand bien même elle se défendait très souvent d’aimer ses frères, choisissant de revendiquer le contraire, parce qu’eux, ils n’avaient jamais pris sa défense. Elle ne se défendait pas d’aimer Midas au point de vouloir plaider sa cause à lui aussi, et ce ça ne datait pas de ce soir, alors qu’il refuse qu’elle le fasse, c’était une nouveauté qui mettait son orgueil à mal certes, elle comprenait toutefois ce qui animait sa volonté sans qu’elle ne cherche à la discuter pour une fois, bien qu’elle aurait aimé lui rappeler qu’elle s’en foutait d’avoir mal, qu’elle avait ressenti pire que ça, que ce n’était pas sa première fois. Ce serait possiblement la dernière ce soir puisqu’elle ne voulait pas qu’il se sente coupable de la manière particulière qu’elle avait de faire valoir son droit de s’offusquer de ce qu’on faisait subir à ses proches, mais comment en être sûr ? Jo ne contrôlait rien de ce qu’elle ressentait, elle n’avait jamais su le faire, prétendant par fierté de ne pas en avoir envie, quand il ne s’agissait que d’une inaptitude ancrée en elle depuis son enfance.

Seulement, quand elle voyait dans quel genre de situation ça la mettait, et ce qu’elle faisait subir à ceux qu’elle n’avait pas fait fuir avec son agressivité, elle débordait d’un désir profond de faire quelque chose pour au moins réguler sa colère, le reste n’étant pas si pire à côté de ça. Refusant d’entendre les shhh de Midas, elle secoua la tête pour les chasser sans repousser sa main qui caressait sa nuque, et elle lui dit à sa suite "Mais quand tu m’as parlé de Harleen la première fois, tu m’as dit que tout ce que t’aimais chez elle à l’époque, c’est ce qui t’horripiles aujourd’hui." Elle aurait pu choisir son moment pour prouver encore un peu qu’elle buvait absolument toutes ses paroles. Tant pis. Elle continua "Alors qu’est-ce que t’en sais ? Peut-être que dans quelques temps, ce sera la même chose avec moi. Moi, c’est ça, que je veux pas." Qu’il ne démente rien de ce qu’elle venait de lui dire, ça lui importait bien moins que de ne plus voir les étoiles qu’il avait dans les yeux quand elle se trouvait en sa présence et qui brillaient aussi fort que celles qu’elle, elle avait dans les siens. Elle ne pouvait pas supporter l’idée de plus l’aimer que lui, même si quantifier ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre était impossible selon son propre avis, bien incapable de trouver un équivalent pour expliquer à quel point il comptait pour elle. Ce dont elle était certaine en revanche, c’était qu’elle ne voulait pas être reléguée à la place d’une pauvre fille rencontrée lors d’un festival, même si son statut avait évolué en grade parce qu’elle lui avait offert sa fille ; c’était une démonstration de suffisance dont elle n’avait pas honte et sur laquelle elle était intransigeante au point d’en ressentir une peur irrationnelle que ce soit elle-même qui le pousse à la détester en se comportant comme elle le faisait.

Elle prit une profonde inspiration hachurée. Ne s’attendant bien sûr pas à ce qu’ils trouvent tous les deux une solution miracle à son problème de colère ici et maintenant, elle était pourtant soulagée d’avoir exprimé ça tout de suite et de ne pas avoir profité de la porte de sortie offerte par Midas quand il lui avait dit qu’ils n’avaient pas besoin de parler de ça maintenant. À repousser à chaque fois les discussions importantes, ils n’avançaient pas, et Jo était secrètement épuisée d’elle-même : elle avait besoin d’aide, tout simplement. Ça faisait des mois qu’elle le quémandait au milieu de leur dispute, ça faisait des mois qu’il refusait cette charge en se basant sur son manque d’envie qui avait évolué. Elle devait lui paraître plus sincère ce soir étant donné que, de lui-même, il lui proposa enfin ce qu’elle voulait, inspiré par la conversation avec ce cousin dont elle entendait bien trop souvent parler — ça ne pouvait être que lui, elle n’avait même pas besoin qu’il ne nomme, elle reconnaissait l’importance qu’il avait pour Midas dans le son de sa voix. Immédiatement, elle ressentit une vraie vague de soulagement, celle qui la cloua sur place, sous le jet d’eau chaude, sa main blessée rabattue contre sa poitrine, juste le temps de considérer d’un regard fixe, intense, s’il était sérieux. Et il l’était, sans l’ombre d’un doute. Tout de suite, elle se coula contre lui, l’humidité de sa peau ne lui ayant pas retiré sa chaleur dont elle profita en s’accrochant à son cou, passant ses bras autour pour le serrer contre elle sans rien dire de plus sur l’instant, comptant sur la force de son étreinte pour qu’il comprenne sans avoir besoin de lui dire qu’elle acceptait qu’il l’aide bien sûr, qu’elle avait attendu de l’entendre dire ce genre de choses depuis des mois, et que même si ce serait pénible pour elle, elle était prête à se consacrer à ce problème pour guérir de ce qui la rendait si prompte à détruire tout ce qui était bon pour elle. Midas l’était, qu’importait ce que disaient ceux qui n’y croyaient pas et qui voyaient en lui qu’un catalyseur de la personnalité haute en couleurs de Jo ; si c’était de la manipulation, c’était une forme à laquelle elle était prête à se soumettre. Elle murmura une succession de merci à son oreille, et puis elle termina son étreinte par un baiser appuyé à l’angle de sa mâchoire, avant de se reculer juste un peu, sa propre épaule chassant le mélange d’eau et de larmes qui dégringolaient de son menton quand, suite à la proposition de Midas, elle lui répondit sans certitude "Je sais pas si ça va être possible avec nos emplois du temps." Sauf qu’elle était assez directive pour faire une affaire du sien "Mais j’en ai envie, oui. J’ai pas fait de pause depuis l’annonce du Revival." Depuis le mois d’août 2022, quand Midas avait refait son apparition en lui vendant le concept qu’elle avait fini par accepter. Il ne fallait pas avoir fait Math Sup pour établir les comptes encore moins pour trouver logique ce qu’elle lui avoua juste après "Je suis épuisée." Ses yeux se fermèrent en même temps qu’elle posait sa tête contre le torse de Midas, cherchant à ce qu’il l’enveloppe avec ses bras en allant délicatement les chercher elle-même par les poignets, un à la fois, pour qu’il la maintienne contre elle un moment encore tandis que la douleur de sa main agissait en toile de fond sans qu’elle ne trouve ça judicieux d’accélérer le mouvement pour s’en occuper.

Il était plus inquiet qu’elle à ce sujet. Aussi, plus par épuisement que par réelle approbation, elle consentit à entendre ce qu’il avait décidé pour elle quand, après avoir déclaré qu’elle ne voulait pas donner le motif de sa blessure, elle lui donna son assentiment en redressant la tête de sa poitrine pour lui dire "D’accord. Mais je vais avoir besoin d’un coup de main." Pour terminer de se laver les cheveux et de se démaquiller,  pour se sécher, pour s’habiller — et le fait d’être assistée de cette façon, elle le détesterait autant que sa fragilité de ce soir. Ça alléguerait pourtant qu’elle était bien résolue à s’en remettre à lui même dans les pires moments, ceux qu’elle auraient à coeur de moins provoquer en s’améliorant d’une façon ou d’une autre ; sans devenir parfaite pour autant, les miracles n’existaient pas.

still hoping that the fire won't burn me
Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« Mais quand tu m’as parlé de Harleen la première fois, tu m’as dit que tout ce que t’aimais chez elle à l’époque, c’est ce qui t’horripiles aujourd’hui. » Je pousse un soupir non maîtrisé, certainement un peu trop spontanée mais à l’image de ce que je ressens à l’idée que Jo se compare d’une quelconque façon avec mon ex. Certes, sur certains aspects elles peuvent sembler avoir des points communs mais, dans leur globalité, elles sont bien trop différentes pour que moi je le fasse, les comparer. Jo a quelque chose que la mère de ma fille n’aura jamais : une authenticité parfois brute, sans compromis. Jo est digne de confiance, alors que je ne suis pas certain de toujours savoir quand Harleen essaie de me faire danser sur la tête. Et surtout, je n’ai jamais ressenti pour elle ce que je ressens pour ma compagne actuelle. Alors dans ces conditions, la seule chose que j’ai envie de faire c’est de balayer la suite de sa phrase – je la pressens – tout de go. Je la laisse parler, prudent par habitude d’être rabroué lorsque j’aborde des sujets compliqués avec elle. « Alors qu’est-ce que t’en sais ? Peut-être que dans quelques temps, ce sera la même chose avec moi. Moi, c’est ça, que je veux pas. » - « Les deux situations sont tellement différentes que je sais même pas par où commencer, Jo. » Je prononce son prénom du bout des lèvres, en faisant rouler distraitement mon pouce sur sa nuque. A l’aide de ce léger massage, je chercher à la rassurer et à l’aider à retrouver le chemin de la rationalité. « Et surtout, ce que je ressens pour toi a rien à voir avec ce que j’ai pu ressentir pour elle. » Mon sentiment d’être "amoureux" de Harls n’était qu’une chimère à laquelle je m’accrochais parce que j’avais besoin d’avoir quelque chose à me raccrocher lorsqu’elle est tombée enceinte de Posy. Ce n’est qu’à la naissance de cette dernière que j’ai compris qu’elle suffisait, et que ce que je ressentais pour elle n’avait pas besoin d’être justifié d’une quelconque façon. « Tu pourrais pas m’horripiler même si tu essayais de tout ton cœur. » Je manque d’objectivité lorsqu’il est question d’elle, je la pardonne sans qu’elle n’ait besoin d’essayer et, de façon générale, elle me met dans sa poche en un battement de cils. Je ne veux plus qu’elle se pose ce genre de question, je ne veux pas qu’elle prenne ma relation avec mon ex comme un avertissement pour elle, nous avons tous les deux nos bagages mais les miens n’impacteront jamais notre relation.

Je ne réfléchis pas une seule seconde avant de lui proposer une coupure, un moment pour nous deux pour nous ressourcer après l’année compliquée que nous venons de passer. Mon album est toujours en pleine promotion. La tournée se prépare et, dans quelques semaines, nous serons à Los Angeles pour la cérémonie la plus prestigieuse du milieu. Nous ne parviendrons certainement pas à faire un peu de temps d’ici là mais, après, je ferais d’elle ma priorité, qu’importe à quel point je risque de me faire taper sur les doigts pour ça. « Je sais pas si ça va être possible avec nos emplois du temps. » - « Pense pas à ça. Si c’est ce dont t’as besoin et ce que tu veux, on fera du temps. » Moi j’en ferai en tout cas. Je tiens à ma carrière de tout mon cœur, mais Jo est mon trésor. « Mais j’en ai envie, oui. J’ai pas fait de pause depuis l’annonce du Revival. Je suis épuisée. » - « On arrivera pas à fuir avant les Grammys, mais après, je ferai ce qu’il faut pour. On a le droit de prendre un peu de temps pour nous, nous aussi. » Son album sortira juste avant le début du printemps. D’ici là, suis-je naïf d’espérer pouvoir passer un peu de temps avec elle ?

« D’accord. Mais je vais avoir besoin d’un coup de main. » Je hoche la tête pour confirmer que je me couperai en quatre si c’est ce dont elle a besoin. « Je suis là. » Et je n’irai nulle part, je me moque qu’elle ait frappé ce pauvre con, je me moque qu’elle se soit emportée contre moi quand je n’ai fait que le provoquer, la seule chose que je vois, c’est qu’elle est affaiblie et qu’elle m’offre la chance d’être là pour elle : je la saisis sans ciller. « Donne-moi le shampoing. » J’ai une petite fille : je n’ai pas besoin de posséder moi-même une longue chevelure pour savoir comment en prendre soin. Les doigts recouverts de produit, je masse son cuir chevelu, et lui déposer un baiser dans la nuque pour la pousser à tenter de se détendre, à fermer les yeux et se laisser porter contre moi.

Au sortir de la douche, j’attrape un peignoir blanc propre et je l’enroule précautionneusement à l’intérieur du tissu molletonné. En faisant attention à sa fin, je l’attire contre moi et dépose un baiser au sommet de son crâne, avant de prendre son menton dans mes mains pour relever son visage vers moi et déposer un chaste baiser sur ses lèvres. « Je vais te trouver un t-shirt. » A ma taille à moi, qui sera assez long pour faire office pour elle de robe pour qu’elle n’ait pas à remettre la sienne qui git au sol comme un vieux bout de chiffon. Dans la voiture, avant de démarrer la voiture, je pose ma main à l’arrière de sa nuque pour la caresser du bout des doigts. « On s’en fout de ce qu’il pense maintenant. » Moi, j’aspire à ce que ce soit elle et moi contre le reste du monde, surtout Tomlinson. Au fond de moi, je crève d’envie de lui écraser mon poing dans la figure, et je prie pour que plus jamais il n’ose adresser la parole à ma petite amie.