Avalanche de quiproquos
@Ugo De Luca ☆ Valentina

Une fin de journée pluvieuse. Un temps moite qui me donne juste envie de me glisser dans un bon bain avec un verre de vin et un livre à bouquiner. Je soupire et pose mes clés sur le meuble de l’entrée sans prendre le temps de fermer à clé. La maison est étrangement calme en ce mercredi après-midi. Les enfants sont chez leurs père cette semaine alors je peux prendre un peu de temps de pour moi. J’emprisonne ma crinière brune dans une pince à cheveux, retire mes escarpins que je jette négligemment dans le meuble à chaussure et déboutonne les boutons de mon chemisier. Je me dirige dans la salle de bain de ma chambre où je me fais enfin couler ce bain dont je rêve depuis des semaines. Je prends même le temps de me choisir un livre et de me servir un verre de porto que j’apporte à la salle de bain.

Un bruit finit par attirer mon attention comme … comme une porte qui claque. Fronçant les sourcils, je reviens dans l’entrée où je tombe nez à nez avec mon ex-mari qui a l’air … furieux. Vraiment furieux. Ça ne me plait pas de le voir ici, surtout après ce que nous avions échangés par message quelques jours plus tôt. « Qu’est-ce que tu fais là ? Les enfants ont oubliés quelques chose ? » Je demande en essayant de garder une voix neutre. Il était et resterait le père de mes enfants et je ne pouvais pas le rayer définitivement de ma vie, même si j’en mourrais d’avis, comme maintenant. « C’est pas que tu me déranges pas mais … Si en fait ! J’ai un programme chargé. » Oui ce bain, ce bouquin et je dîne même avec des amies ce soir. J’essaie de sortir, d’avoir une vie sociale en dehors de celle de maman et de mon travail chez LVMH et autant dire que ce n’était pas évident pour moi.

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  @Valentina De Luca
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« Qu’est-ce qu’il y a cutie pie ? », qu’il demande en posant son regard sur sa cadette qui est allongée dans le canapé en train de regarder la télé tout en fronçant les sourcils. Elle n’a pas touché aux snacks déposés sur la table basse. Ugo vient s’installer à ses côtés dans le canapé. « Il s’est passé quelque chose à l’école ? Tu veux m’en parler ? tu sais que tu peux m’en parler ? » Maya croise les bras pour répondre dans un anglais parfait, ignorant la langue de son père : « pourquoi est-ce que tu me l’as pas dit ? » Il fronce les sourcils, surpris et un peu perdu. « Qu’on va sans doute devoir de nouveau déménager parce que la maison est trop petite. » Il la fixe toujours en ne comprenant pas vraiment de quoi il est question. La maison n’est pas si petite que ça, chacun a sa chambre tout au moins. « Je sais que maman attend un bébé, je l’ai surprise au téléphone. » Le cœur d’Ugo rate un battement et il essaie de garder contenance alors qu’il a surtout un geste de recul en se demandant si sa fille n’est pas folle. Ça aurait presque quelque chose de rassurant si Maya était folle. Mais, elle a l’air de se faire du souci. « Quoi ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Je n’ai pas prévu de déménager … ta chambre reste ta chambre et elle est ici … » « Hm hm … c’est pas ce que maman disait au téléphone. » Il acquiesce d’un signe de tête. « Ok ok, cutie. Je vais parler à maman, d’accord ? » Elle finit par se lever du canapé et lâcher sur un ton presque autoritaire « Bonne idée ! » et elle finit par se diriger vers sa chambre, claquant la porte derrière elle. Ugo lâche un juron en italien, le cul toujours posé sur le canapé. Il essaie de s’imaginer Valentina enceinte. D’un autre. Un autre homme. Il en a la nausée. Une rage profonde. Une jalousie dévorante.

Le pas trainant de son fils se fait entendre. « Il se passe quoi avec le monstre ? », qu’il lance en désignant la chambre de sa cadette. Ugo secoue la tête et le fixe. « Rien de grave. Est-ce que tu peux me rendre un service buddy ? Je dois faire une course vite fait --- tu peux garder ta sœur une heure ou deux ? » Ugo se lève à son tour, l’adolescent marmonne quelque chose qui ressemble à une demande de monnaie d’échange. Ugo lève les yeux au ciel en saisissant ses clefs. « C’est ta sœur, Bobby. Sois un gamin sympa et je t’en revaudrais une, ok ? » Un marmonnement qu’il prend pour un acquiescement et il finit par disparaître pour rejoindre son ex-femme … avec l’urgence de pouvoir tirer tout ça au clair.

Ugo frappe à la porte. Plusieurs fois. Et sa jalousie dévorante le pousse à ouvrir la porte. Première erreur. « Qu’est-ce que tu fais là ? les enfants ont oublié quelque chose ? C’est pas que tu me déranges pas mais … si en fait ! j’ai un programme chargé. » « Tu comptais me le dire quand, Valentina ? », lâche-t-il simplement les dents serrés. « Tu trouves ça ok que ça soit notre fille qui m’apprenne ce genre de nouvelles ? Tu penses pas que tu aurais pu m’en toucher deux mots, me tenir au courant … juste me donner l’info’ … s’être foutu de ma gueule pendant des mois, des années, qu’est-ce que j’en sais en me rendant cocu n’a pas suffi … fallait en plus de ça que tu me fasses ce coup là ?  Putain, j’y crois pas que tu me fasses ce coup-là », il lâche un éclat de rire nerveux, énervé, « alors que j’ai eu la connerie de croire pendant quelques secondes que tout n’était pas complétement mort entre nous la dernière fois qu’on s’est vus. Je suis le roi des cons » Non, il ne lui laisse pas le temps de réagir. Il bombarde. Il parle trop. Pour une fois. la colère.

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Je reste stoïque. Du moins, j’essaie ! « Tu comptais me le dire quand, Valentina ? » Je fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment où il veut en venir. Pour une fois - oui je dis bien, pour une fois - je n’ai pas envoyé de piques par message, donc je ne vois pas pour quelle raison il est en colère contre moi. « Je sais pas … je suis censée te dire quoi ? » Demandais-je et promis je ne cherche même pas à le mettre en colère. Pourtant, je sens qu’il contient sa fureur et je ne comprends pas de quelle manière j’y contribue, du moins pour cette fois. « Tu trouves ça ok que ça soit notre fille qui m’apprenne ce genre de nouvelles ? Tu penses pas que tu aurais pu m’en toucher deux mots, me tenir au courant … juste me donner l’info’ … s’être foutu de ma gueule pendant des mois, des années, qu’est-ce que j’en sais en me rendant cocu n’a pas suffi … fallait en plus de ça que tu me fasses ce coup-là ?  Putain, j’y crois pas que tu me fasses ce coup-là » Je lui lance un regard d’incompréhension. Je voudrais lui hurler que je ne sais même pas de quoi il parle mais il ne me laisse pas en placer une. C’est simple, on ne l’arrête plus et, si au départ, j’étais simplement agacée par cette intrusion, je sentais la colère monter en moi. Il lâcha un éclat de rire nerveux et je lui lanças un regard noir parce que c’était la seule chose que je pouvais faire pour l’instant. « alors que j’ai eu la connerie de croire pendant quelques secondes que tout n’était pas complétement mort entre nous la dernière fois qu’on s’est vus. Je suis le roi des cons »

Un coup de poignard m’aurait fait exactement le même effet. Je ne m’étais rien imaginée finalement … Si sa poupée russe n’était pas simplement sortie des toilettes et ne m’avait pas narguée, peut-être que la fin de la soirée aurait été différente. Est-ce que c’est ce que j’aurais voulu ? Est-ce que j’aurais fini par céder ? Est-ce que je me serais arrêtée à un simple baiser ? Parce qu’avec Ugo De Luca, ce n’est jamais qu’un simple baiser, c’est une invitation à plus, à la luxure. C’est passionnel, c’est sensuel, c’est bouillant, c’est le sang bouillonnant méditerranéen.

« C’est bon, t’as fini ton beau discours ? » Demandais-je avec une voix très froide. Je cache mon trouble derrière ce masque de froideur parce que je ne souhaite pas qu’il sache que, moi aussi, j’ai pensé que tout n’était pas foutu entre nous. L’égo surdimensionné des femmes latines. L’égo surdimensionné de Valentina. « Bordel ! Mais de quoi tu me parles ? Je comprends pas, qu’est-ce qu’elle t’a dit Maya ? » Il me perd encore plus en me parlant de notre fille et je cherche dans ma mémoire ce que j’aurais pu dire à notre cadette pour éveiller cette colère. Seulement, je ne vois pas … comment je pourrais imaginer le quiproquos qui est en train de se jouer ?

Ma langue claque contre mon palais et je pose mes mains sur mes hanches, agacée de la tournure que prend cette conversation. Agacée qu’il continue à se victimiser, comme si tout était tout blanc ou tout noir. « Et arrêtes … arrêtes de remettre toujours le sujet de mon aventure sur le tapis ! » m’écriais-je, « … Des années… Des années, ça n’a pas duré des années ! J’ai eu un amant pendant quelques mois et après on a divorcé : fin de l’histoire ! Y’a rien de plus ! Pourquoi tu remets encore ce sujet sur le tapis ? » Évidemment que je ne fais pas le lien entre mon amant et ce qu’avait pu lui raconter ma fille. Les enfants n’étaient pas au courant que j’avais eu un amant, et personne ne connaissait le nom de ce dernier. « Je te préviens Ugo que si tu me réponds pas, je te fous dehors direct ! Un peu de tranquillité, c’est trop demandé ? »

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« C’est bon, t’as fini ton beau discours ? », il lève légèrement les mains comme pour annoncer ne plus rien avoir à ajouter … quoique. « Bordel ! Mais de quoi tu me parles ? Je comprends pas, qu’est-ce qu’elle t’a dit Maya ? Et arrêtes … arrêtes de remettre toujours le sujet de mon aventure sur le tapis ! Des années… Des années, ça n’a pas duré des années ! J’ai eu un amant pendant quelques mois et après on a divorcé : fin de l’histoire ! Y’a rien de plus ! Pourquoi tu remets encore ce sujet sur le tapis ? Je te préviens Ugo que si tu me réponds pas, je te fous dehors direct ! Un peu de tranquillité, c’est trop demandé ? » « Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je remets ça sur le tapis ? Parce que tu m’as blessé, putain ! Parce qu’on aurait pu parler … parce qu’on aurait pu essayer de trouver une autre solution … parce que je ne supporte toujours pas l’idée qu’un autre type ait pu poser la main sur toi … Pourquoi ? », et il répète le mot pourquoi sur un ton ironique, comme si la question n’avait aucun sens. Ça doit être la première fois qu’il met des mots sur ce qu’il a ressenti, ressent. Quand il a appris pour sa liaison, il a simplement hoché la tête et demandé le divorce. Aucune explication. Aucune larme. Un masque glacial. L’ego blessé, il avait préféré prendre la fuite que d’écouter, ou entendre. Il ne lui avait jamais parlé de ce qu’il avait ressenti, de ce qu’il aurait aimé pouvoir sauver. Il avait fui et s’était planqué derrière son avocat qui s’était chargé du reste. Ce soir, il avouait avoir été touché. « Ta fille est au courant et s’imagine déjà devoir déménager de nouveau alors qu’elle commence à prendre ses marques … c’est mon putain de job de veiller sur elle et à ce qu’elle ait un environnement stable. » Il croise les bras, la fixe. « Un gosse ? Vraiment ? Fallait en plus de ça que vous fassiez un gosse ? Bordel ! » La bombe était lancée.

La jalousie colérique d’Ugo fait rage.
Il envie cet homme. Il envie cet homme qui avait su animer la flamme de la passion chez son épouse. Il envie cet homme qui va avoir la chance de pouvoir partager lui-aussi les merveilleux moments d’une grossesse. Avec son ex-femme. Ces instants ne devraient lui appartenir qu’à lui, qu’à eux.

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@Ugo De Luca ☆ Valentina

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je remets ça sur le tapis ? Parce que tu m’as blessé, putain ! Parce qu’on aurait pu parler … parce qu’on aurait pu essayer de trouver une autre solution … parce que je ne supporte toujours pas l’idée qu’un autre type ait pu poser la main sur toi … Pourquoi ? » Je sens mon cœur battre jusque dans mes oreilles. Alors, on y est. Cette confrontation, ces explications que j’avais espéré au moment où je lui avais avoué la vérité, elles arrivaient maintenant. Un peu tard parce qu’il ne pouvait pas imaginer à quel point je souffrais. A quel point je souffrais de ne plus exister à ses yeux, de ne plus exister comme sa femme, comme sa partenaire. Je l’avais regardé s’éloigner de moi ou simplement me prendre pour acquise comme si … comme si, peu importe l’éloignement, je resterais à ma place. J’avais cru que je pourrais faire ça. Attendre. Être patiente. J’avais essayé de raviver la flamme, de le séduire à nouveau, de lui proposer de faire des sorties à deux mais la routine avait pris le dessus sur nous, notre couple, notre famille. « Parler ? Trouver une solution ? » mon rire se fit ironique, rageur, triste aussi, « Mais tu me regardais plus. J’étais ta coloc’ , un peu la mère de tes enfants mais j’étais surtout ta colocataire Ugo. Je me sentais abandonnée, moche, plus du tout désirable ? Comment on aurait pu parler alors qu’on ne s’écoutait plus du tout. Tu t’en es rendu compte que j’essayais de recommencer à te séduire, que je voulais qu’on sorte que tous les deux ? Tu t’en es rendu compte que j’essayais d’attirer ton attention ? … Tiens, tu te souviens de la dernière que tu m’as amené danser ? » Mis à part l’autre soir pour cette mascarade, je ne me souvenais même plus de la dernière fois qu’on avait pris du temps pour nous deux. Ça ce n’était pas une accusation, c’était factuel et il ne pouvait pas le nier. « Et tu me dis que je t’ai blessé ? Bah on est à égalité parce que moi ça fait des années que je suis blessée de ne plus exister à tes yeux ! Tu t’es réveillé trop tard ! » lui assénais-je. J’étais consciente que ça n’excusait pas mon comportement. Je n’aurais jamais pensé que je tromperais mon mari. Il était l’homme de ma vie, le père de mes enfants, mon amant, mon partenaire de vie et de danse, mon meilleur ami et pour moi, le mariage ce n’était pas qu’un bout de papier. C’était du sérieux et lorsque j’avais fait voler en éclat tout ça, j’étais arrivée au bout de ma patience.

« Ta fille est au courant et s’imagine déjà devoir déménager de nouveau alors qu’elle commence à prendre ses marques … c’est mon putain de job de veiller sur elle et à ce qu’elle ait un environnement stable. » Je plongeais mon regard couleur chocolat dans le sien, essayant toujours de comprendre où il voulait en venir. « Un gosse ? Vraiment ? Fallait en plus de ça que vous fassiez un gosse ? Bordel ! » Je crus m’étouffer en avalant ma salive. « Attends … Quoi ? » J’avais bien compris ce qu’il était en train me dire ? Il ne pouvait pas parler sérieusement si ? « Tu déconnes j’espère ? » Je le regardais, m’assurant qu’il était bien sérieux et il l’était en plus. Puis je me mis à rire. Un véritable éclat de rire qui venait du fond de la gorge. « Tu … Tu crois que je suis enceinte ? C’est une blague !? » Et je riais. Je riais parce que l’idée me semblait tellement saugrenue. Je n’avais pas revue Carmine depuis … de très longs mois, il était impossible que je sois enceinte et je m’étais assurée de ne pas le devenir. « Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui vous fait penser à ça ? Bien sûr que non je suis pas enceinte ! » Déjà : pas à mon âge et puis, je ne voulais plus d’enfants !

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« Parler ? Trouver une solution ? Mais tu me regardais plus. J’étais ta coloc’, un peu la mère de tes enfants mais j’étais surtout ta colocataire Ugo. Je me sentais abandonnée, moche, plus du tout désirable ? Comment on aurait pu parler alors qu’on ne s’écoutait plus du tout. Tu t’en es rendu compte que j’essayais de recommencer à te séduire, que je voulais qu’on sorte que tous les deux ? Tu t’en es rendu compte que j’essayais d’attirer ton attention ? … Tiens, tu te souviens de la dernière que tu m’as amené danser ? » Il serre les dents et n’est pas des plus satisfaits de cette réponse. Pourquoi ? simple ! La réponse prouve et démontre qu’il a fait quelque chose, qu’il a un rôle à jouer dans cette autodestruction et ça l’agace. Ça l’agace de ne pas pouvoir être fainéant et tout faire reposer sur les épaules de son ex-femme. Elle comme responsable, comme seule et unique responsable du désastre. Ça aurait été plus simple, n’est-ce pas ? « Et tu me dis que je t’ai blessé ? Bah on est à égalité parce que moi ça fait des années que je suis blessée de ne plus exister à tes yeux ! Tu t’es réveillé trop tard ! » Comme le roi des abrutis, il roule des yeux en secouant la main pour ne pas laisser ses reproches venir heurter son palpitant déjà en morceaux. « Oh donc c’est moi qui t’ait poussé dans les draps d’un autre type ? C’est moi qui suis responsable de ce désastre ?! Génial. Ravi de l’apprendre » Évidemment, il réagit sur la défensive. Il n’y a pas d’autre solution ; il est blessé.

« Attends … quoi ? Tu déconnes j’espère ? » « J’ai l’air de déconner ? Je suis venu ici parce que Maya me fait une putain de crise … », il exagère évidemment. Ca fait partie de son caractère quand il s’embrouille. Typique. Elle rit et il a envie de hurler. « Tu … Tu crois que je suis enceinte ? C’est une blague !? Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui vous fait penser à ça ? Bien sûr que non je suis pas enceinte ! » « Qu’est-ce que j’en sais moi ? Je pensais aussi que ce serait pour le meilleur et pour le pire toute notre vite et regarde comment je me suis planté alors ouais » Connard ! « J’en sais rien, moi, pourquoi elle s’est mis ça dans la tête, Val. J’en sais rien mais c’est ce qu’elle croit, elle en est même plus que convaincue. » Il hausse les épaules.

Et soudain, il se sent … con. Il se tait, passe une main sur sa nuque en fronçant les sourcils. Le regard se baisse sur le sol.

« C’est faux », lâche-t-il soudainement. « De dire que tu n’existais plus à mes yeux », ajoute-t-il en relevant la tête.

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Ma réponse semble faire mouche. Je le vois serrer les dents et je me dis que peut-être, on pourrait finir par avancer. Nous n’avons eu de discussions, de vrai discussion sur ce qui nous avait conduit à divorcer. Je lui avais dit la vérité et il n’avait plus rien dit. Plus un seul mot pendant des mois où seuls nos avocats communiquaient, mais nous rien …Je ne pouvais pas dire que je ne m’y attendais pas, ne serait-ce qu’un peu. Ugo est un italien au sang chaud, à l’égo démesuré et sa fierté en avait pris un coup. Un KO technique même. « Oh donc c’est moi qui t’ait poussé dans les draps d’un autre type ? C’est moi qui suis responsable de ce désastre ?! Génial. Ravi de l’apprendre » - Je le regardais durement, essayant de capter ses beaux yeux noirs, « Non ça c’est ma décision. Ma connerie. » Mon erreur à moi seule. Avoir des regrets ne changerait pas l’histoire, notre histoire. Je l’avais fait et ces quelques mois m’avaient permis de reprendre confiance en moi et en la femme que j’étais. Je n’étais plus seulement une mère, je pouvais être désirable … auprès d’hommes. D’autres hommes que mon mari qui ne me voyait plus vraiment.

« J’ai l’air de déconner ? Je suis venu ici parce que Maya me fait une putain de crise … » Je hausse les sourcils, réellement inquiète pour ma cadette. Une crise ? Vraiment ? Il exagérait pas un peu ? Et qu’est-ce qui avait bien pu pousser Maya à croire que j’étais enceinte ? « Qu’est-ce que j’en sais moi ? Je pensais aussi que ce serait pour le meilleur et pour le pire toute notre vite et regarde comment je me suis planté alors ouais » Celle-là, elle faisait mal, très mal mais ma fierté me dictait de l’encaisser sans broncher. Pinçant l’intérieur de ma joue pour ne pas lui sortir une réponse acerbe. « J’en sais rien, moi, pourquoi elle s’est mis ça dans la tête, Val. J’en sais rien mais c’est ce qu’elle croit, elle en est même plus que convaincue. » Je souffle longuement, cherchant ce que j’avais pu dire ou faire qui … « Jessica ! » m’écriais-je comme une évidence, « J’étais au téléphone la semaine dernière avec elle et elle est enceinte. Ils attendent leur 6eme enfant avec Pablo et je lui disais, en rigolant, que cette fois, elle allait devoir déménager parce qu’ils pourraient pas partager encore les chambres. » Je soupirais de soulagement … « Oui ta fille écoute aux portes. Tu pourras peut-être lui expliquer qu’il ne faut pas faire ça …  ça peut prêter à confusion. » Lui dis-je avec un air entendu, sourcil levé.

« C’est faux » Je le regarde. C’est tellement douloureux d’entendre ces paroles. J’aurais tant aimé les entendre avant … ça m’aurait tellement apaisé. « De dire que tu n’existais plus à mes yeux » Je baissais la tête, incapable de soutenir son regard, incapable de soutenir sa souffrance. Une souffrance que j’ai causé. « Je le ressentais comme ça. Tu ne me regardais plus, tu ne m’embrassais plus, tu …  » tu ne me faisais plus l’amour, « je me sentais transparente. Je sais pas si c’est vraiment le cas, mais je me sentais tous le temps comme ça. »

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« Jessica ! J’étais au téléphone la semaine dernière avec elle et elle est enceinte. Ils attendent leur 6eme enfant avec Pablo et je lui disais, en rigolant, que cette fois, elle allait devoir déménager parce qu’ils pourraient pas partager encore les chambres. » Ça a l’air d’être une explication plausible. « Oui ta fille écoute aux portes. Tu pourras peut-être lui expliquer qu’il ne faut pas faire ça … ça peut prêter à confusion. » Aucune réponse de la part de l’italien. Il ne dit rien car il n’y a rien à dire. Il se sent idiot. Oui, le roi des idiots. Un long soupir s’échappe de ses lèvres et il secoue la tête de droite à gauche, tout en reculant légèrement vers la porte d’entrée ou de sortie – à vous de voir – de chez Valentina. Mais avant, il lui faut dire quelque chose. Il faut lui dire que c’est faux, elle a toujours compté à ses yeux. « Je le ressentais comme ça. Tu ne me regardais plus, tu ne m’embrassais plus, tu … je me sentais transparente. Je sais pas si c’est vraiment le cas, mais je me sentais tous le temps comme ça. » « Et bien, je peux répéter que c’était faux --- », dit-il simplement, à voix basse. « Tu étais mon épouse, Valentina. La mère de mes enfants. Celle avec qui j’ai choisi de passer le restant de mes jours. Tu ne pourras jamais disparaître, être transparente … », même aujourd’hui … au point d’en devenir fou et d’en avoir la nausée. Ugo inspire profondément et alors qu’il s’apprête à disparaitre, il prononce soudainement calme. « Je ne savais pas que --- tu te sentais comme ça… » Il se tourne vers elle et penche la tête sur le côté. « Ça faisait combien de temps … que tu te sentais comme ça ? », demande-t-il après une courte pause alors que sa main est posée sur la poignée de la porte. Il ne peut pas encore partir. Il ne peut pas encore franchir le seuil de la porte et rentrer chez lui, pas après qu’il ait le sentiment d’avoir quelque chose à apprendre …

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« Et bien, je peux répéter que c’était faux --- » J’hausse les épaules mais ne m’est pas égal. Il s’en doute. Il le sait. Ça n’aurait peut-être pas changé les choses, ça n’aurait pas changé ce que j’avais fait, mais au moins j’aurais su. « Tu étais mon épouse, Valentina. La mère de mes enfants. Celle avec qui j’ai choisi de passer le restant de mes jours. Tu ne pourras jamais disparaître, être transparente … » Je soupire longuement puis me pince les lèvres. C’était de bien belles paroles mais c’était malheureusement ce qui était arrivé. Il inspire longuement et je pense vraiment qu’il va partir, que notre conversation, va s’arrêter là. « Je ne savais pas que --- tu te sentais comme ça… » Je lui jette un rapide coup d’œil et croise les bras contre ma poitrine avant de baisser la tête, « Faut croire que je sais donner le change. » pour les enfants surtout,  « Ça faisait combien de temps … que tu te sentais comme ça ? » - « C’est si important ? » Ma voix n’est pas agacée, je lui pose simplement la question parce que, ça me paraît pas important d’avoir une date précise, je soupire alors « Un an et demi … deux ans avant qu’on divorce. Bobby grandissait et Maya n’était plus vraiment une petite fille et je pensais … Je sais pas, que ça aurait été l’occasion de passer une autre étape de notre mariage. Je me disais que, comme les enfants avaient grandi, on allait pouvoir profiter de nous mais … mais tu avais ton travail, moi le mien et ça nous prenait du temps… » lui confiais-je, priant pour qu’il ne parte pas immédiatement. Oui ça faisait du mal d’en parler mais, c’était nécessaire … je crois.

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« C’est si important ? » « Ça l’est. » Il acquiesce en la regardant, observant, scrutant la moindre de ses réactions. « Un an et demi … deux ans avant qu’on divorce. Bobby grandissait et Maya n’était plus vraiment une petite fille et je pensais … Je sais pas, que ça aurait été l’occasion de passer une autre étape de notre mariage. Je me disais que, comme les enfants avaient grandi, on allait pouvoir profiter de nous mais … mais tu avais ton travail, moi le mien et ça nous prenait du temps… » « En effet --- le boulot… » Les années avaient passé sans qu’il n’en ait conscience. Ils étaient parvenus à se construire une vie, un emploi, une carrière, une famille, toute une vie. Les enfants avaient grandi. Il avait perdu le fil … La main se retire de la poignée de la porte, il fait même quelques pas de nouveau vers elle, observant cette posture, les bras croisés. Est-ce que le moment est arrivé ? de parler de tout ça ? de mettre des mots sur ce qu’il s’est passé ? « Deux ans ? », répète-t-il, surpris de voir combien il avait été aveugle. Oh certes, il avait eu conscience de ne plus vraiment la voir. Ils se croisaient, chacun concentré sur sa carrière. Ils partageaient certes des repas en famille, quelques événements en famille, mais tout tournait autour de leurs enfants, non autour d’eux. Ils étaient colocataires, parents. Il n’avait pas vraiment pris en compte ce que cela pouvait avoir comme conséquence. Après tout, ils ne se disputaient. Elle ne lui avait pas crié dessus … pour lui, ça aurait été la preuve d’un problème. Mais pire que ça, elle avait été muette … car elle savait qu’il ne l’aurait pas entendu. « Et donc ? c’est ce que ce type t’a donné, ha ? », il soupire, « l’attention que je ne pouvais pas te donner ? Pourquoi est-ce que tu es restée avec moi, Val ? Pourquoi est-ce que tu es restée si je ne t’offrais pas ce que tu voulais, ce dont tu avais besoin ? Pourquoi est-ce que tu --- », il pince les lèvres, serre le poing, la jalousie gronde dans son cœur. Il ferme les yeux un instant, prenant une profonde inspiration.

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Le boulot, le temps qu’il manquait et qu’on ne prenait pas le temps de prendre. Tout ça, nous, ça s’était étiolé au fil des années, c’était insidieux, comme un poison. Naïvement je pensais que nous échapperions à cette routine. Entre nous, il n’était pas question de routine. Dès notre rencontre, c’était passionné, passionnel, et notre alchimie physique et sensuelle s’était révélée être un atout. Dans ses bras, je ressentais tous les jours quelque chose de différent et c’était, tous les jours, un peu plus fort. « Et donc ? c’est ce que ce type t’a donné, ha ? », je fronce les sourcils, « l’attention que je ne pouvais pas te donner ? Pourquoi est-ce que tu es restée avec moi, Val ? Pourquoi est-ce que tu es restée si je ne t’offrais pas ce que tu voulais, ce dont tu avais besoin ? Pourquoi est-ce que tu --- » - « L’attention que tu n’étais plus en mesure de me donner. » Corrigeais-je, De l’attention, de l’amour, de l’affection, … Tout ça il me l’avait toujours donné et un jour, il avait arrêté, comme si .. comme si j’étais acquise. Peut-être que, de mon côté, je n’avais pas assez fait d’effort ? Que je m’étais négligée ? Que j’avais changé ? « Ugo, est-ce qu’il y a eu un moment où je t’ai délaissé ? Ou j’ai pu te faire comprendre que je ne te désirais plus ? » Ma demande était légitime parce que je me posais réellement posé la question. Je m’étais sentie délaissée par mon mari mais peut-être que je n’avais pas fait ce qu’il fallait à un moment. Déglutissant avec difficultés, je finis par m’humecter les lèvres : « Je suis restée par amour, »répondis-je avec la plus grande sincérité, « parce que je t’aime » à noter le présent, dont je ne prends même pas conscience que j’utilise, « parce que je me disais que ça arrivait à tous les couples de moins … de plus avoir de gestes tendres, de ne plus se séduire et que ça finirait par revenir. » je lui dis tout en m’avançant vers lui, « ça faisait partie de nous, de notre couple cette complicité, cette alchimie sexuelle … A un moment donné, je me suis sentie moche et plus du tout désirable à tes yeux, parce que tu ne m’embrassais même plus, tu ne me prenais plus dans tes bras. Peut-être … » Je soupire longuement, « Peut-être que j’aurais dû crier mais tu … ça semblait te convenir ? » Une question. Ça lui convenait vraiment ?

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« L’attention que tu n’étais plus en mesure de me donner. » Cruelle correction qui lui cloue les lèvres. Il est incapable de réagir autrement qu’un acquiescement de tête, un peu énervé. Il est vexé. Vexé d’apprendre qu’il n’a pas été en mesure de satisfaire sa femme. Vexé d’apprendre que sa femme a été contrainte d’aller chercher ce dont elle avait envie et besoin ailleurs, dans les bras d’un homme. L’idée lui donne envie de hurler. Sur personne. Simplement hurler. Crier sa colère. Crier sa frustration d’être le spectateur de sa propre vie. « Ugo, est-ce qu’il y a eu un moment où je t’ai délaissé ? Ou j’ai pu te faire comprendre que je ne te désirais plus ? » Il a un geste de recul à cette question qui lui fait froncer les sourcils. « Je ne sais pas, Val --- j’en sais vraiment rien, je ne pense pas. C’était … normal », et il sait en prononçant ce mot que ce n’est pas le mot que l’on devrait utiliser pour parler de sa vie de couple. Il s’en rend compte et elle le connaît suffisamment pour savoir qu’il vient de prendre conscience que ce mot fait partie de l’équation du chaos. Il referme aussitôt les lèvres.

« Je suis restée par amour, parce que je t’aime, » il déglutit, « parce que je me disais que ça arrivait à tous les couples de moins … de plus avoir de gestes tendres, de ne plus se séduire et que ça finirait par revenir. Ça faisait partie de nous, de notre couple cette complicité, cette alchimie sexuelle … A un moment donné, je me suis sentie moche et plus du tout désirable à tes yeux, parce que tu ne m’embrassais même plus, tu ne me prenais plus dans tes bras. Peut-être … Peut-être que j’aurais dû crier mais tu … ça semblait te convenir ? » Elle fait un pas vers lui et il ne la quitte pas du regard. Il ne parvient pas à détacher son regard du sien. « Je ne savais pas que tu étais à ce point … malheureuse … », il secoue la tête de droite à gauche sans la quitter du regard, « non, je n’ai jamais pris le temps d’y penser, Val.» Un aveu ? Il n’a jamais pris le temps d’y penser ? Vraiment ? Il soupire et se corrige aussitôt : « Je me suis posé la question un bon milliard de fois. Je me suis demandé pourquoi, pourquoi ça nous arrivait à nous, à moi, qu’est-ce que j’avais manqué, qu’est-ce qu’on a merdé … même si notre mariage n’était pas celui qui remporte le prix du mariage de l’année, j’aurais préféré qu’il se termine différemment … », ou pas du tout. « On a jamais vraiment pris le temps de parler de ça, pas vrai ? » lâche-t-il en levant les yeux au ciel.

Ses mains passent sur son visage alors qu’il marmonne un juron.

Avalanche de quiproquos
@Ugo De Luca ☆ Valentina

« Je ne sais pas, Val --- j’en sais vraiment rien, je ne pense pas. C’était … normal » Je ferme les yeux un instant. C’est pire que ce que je pouvais penser. L’échec. Ce mot me revenait en pleine face. Normal c’était pire que tout. Ça veut dire que moi aussi, j’avais laissé faire … J’avais laissé mon mariage s’étioler et mourir à petit feu. Ça veut dire que moi aussi, j’ai pris mon mariage pour acquis alors que je ne m’étais jurée de ne jamais tomber dans la routine. La routine, ça vous tue à petit feu. C’est ce que j’ai appris dans mon travail. Je sais aussi que ces mots font écho dans chacun de nous. Normal ne devrait pas exister dans une vie de couple et nous en étions tous les deux douloureusement conscients.

Je finis par lui avouer ce que je ne me retrouvais plus dans notre couple à la fin de notre mariage. Plus de moments tendres, plus de séduction, plus de complicité, plus d’alchimie sexuelle … Alors que c’était la première chose qui nous avait réuni tous les deux. « Je ne savais pas que tu étais à ce point … malheureuse … » -  « Tu ne pouvais pas deviner si je ne disais rien … » Depuis le départ, je le disais, il n’y avait pas qu’un seul fautif – en l’occurrence moi – mais nous l’étions bien tous les deux. « non, je n’ai jamais pris le temps d’y penser, Val.» - « C’est bien ce que je pensais. » Là encore, je ne rejetais pas la faute sur lui, ce n’était pas une pique non plus, juste un malheureux constat. « Je me suis posé la question un bon milliard de fois. Je me suis demandé pourquoi, pourquoi ça nous arrivait à nous, à moi, qu’est-ce que j’avais manqué, qu’est-ce qu’on a merdé … même si notre mariage n’était pas celui qui remporte le prix du mariage de l’année, j’aurais préféré qu’il se termine différemment … », je relève un sourcil et ne peux m’empêcher de rectifier : « Notre mariage était parfait. Tout ce que j’attendais du mariage ou d’un mari, tu me l’as donné. » … jusqu’à ce que ça s’étiole mais il m’avait fait goûter au bonheur et il continuait de le faire grâce à nos enfants.

« On a jamais vraiment pris le temps de parler de ça, pas vrai ? »Je soupire longuement et baisse la tête quelques secondes, avant de le voir, du coin de l’œil passer une main sur son visage en marmonnant je ne sais quoi. « Non c’est vrai … mais mieux vaut tard que jamais, non ? » demandais-je sans pour autant bouger. « Je suis désolée Ugo... » Désolée d'en être arrivée là, désolée de nous voir comme ça à nous déchirer ...

Avalanche de quiproquos

  @Valentina De Luca
gif amanitacaplan

« Notre mariage était parfait. Tout ce que j’attendais du mariage ou d’un mari, tu me l’as donné. » « Tu n’es pas obligée de me dire ça pour me rassurer, Val. T’as été obligé d’aller voir ailleurs pour être heureuse et je n’ai rien remarqué. Rien. Il y a mieux comme mariage parfait. » Ça le tue de dire ça mais il faut le lui dire. Il ne lui a pas offert un mariage parfait. Il lui a offert deux enfants superbes. Il lui a offert une vie à partager … mais cela s’est arrêté. Il a laissé leur mariage s’étioler … sans dire un mot, sans en avoir conscience. Prise de conscience qu’ils n’avaient jamais parlé de ça. Il avait toujours refusé. Il avait toujours fui. « Non c’est vrai … mais mieux vaut tard que jamais, non ? » Ugo retire les mains de son visage pour reposer son regard sur son ex-femme. Mieux vaut tard que jamais. Vraiment ? « Je suis désolée Ugo... » Son regard rencontre le sien et il sait qu’elle pense ses excuses. Elles sont sincères et elles sont rassurantes. Les bras lui en tombent. Il la regarde et laisse ses excuses se poser dans la pièce. La pièce se remplit de silence. « Je déteste l’idée qu’un type ait pu te toucher, Val … j’ai détesté cette idée, je déteste cette idée. Je ne sais pas ce qui m’a fait le plus mal … que tu aies cette liaison ou que je n’en ai pas eu conscience ou que la seule solution ait été de tout arrêter ... » Il parle et il sent sa gorge se serrer. C’est comme si quelque chose venait se loger dans sa gorge. Un sanglot. Un trop plein d’émotions.

« J’ai foiré, Valentina. Je n’ai pas tenu mes promesses, on n’a pas tenu nos promesses ... » Il hoche d’un signe de tête, les lèvres pincées. Un haussement d’épaules et un soupir. Son regard observe les traits de Valentina, comme s’il essaie de lire ce qui se passe dans ses pensées, dans son esprit. Il essaie. « Je suis désolé …. » Il secoue la main. « Je ne suis pas prêt pour le « mieux vaut tard que jamais » … je ne suis pas prêt pour en parler, remuer le couteau dans la plaie. Je ne peux pas. Je suis désolé. » Les mots s’enchaînent vite. Les émotions remplissent son palpitant et il sait qu’il doit avoir ces foutus yeux humides. Les lèvres se pincent, il se mordille même l’intérieur de la lèvre inférieure avant de soupirer et d’ajouter : « Je vais parler à Maya. Pas de souci … »

Avalanche de quiproquos
@Ugo De Luca ☆ Valentina

« Tu n’es pas obligée de me dire ça pour me rassurer, Val. T’as été obligé d’aller voir ailleurs pour être heureuse et je n’ai rien remarqué. Rien. Il y a mieux comme mariage parfait. » Le constat est sans appel et il fait douloureusement mal. « J’ai pas dit ça pour te rassurer, je le pense, tu devrais le savoir. » Surtout après les mois écoulés où je n’avais clairement pas ménagé son égo. Notre mariage avait été parfait parce qu’il avait été comme nous : passionné et brûlant, comme le feu qui nous consumait depuis notre première rencontre. Il avait comblé toutes mes attentes. J’étais beaucoup trop réfléchie pour me marier sur un coup de tête, et si j’avais accepté d’épouser Ugo seulement 3 mois après notre rencontre, c’était que mes sentiments pour lui étaient extrêmement forts, et je ne regrettais pas une seule seconde mon choix. Pas même aujourd’hui, devant l’échec de notre mariage. Et lorsque je m’excuse, d’en être arrivée là, d’être à l’origine de notre déchirement, je le pense… J’espère, d’ailleurs, qu’il ne doute pas de ma sincérité à ce propos. « Je déteste l’idée qu’un type ait pu te toucher, Val … j’ai détesté cette idée, je déteste cette idée. Je ne sais pas ce qui m’a fait le plus mal … que tu aies cette liaison ou que je n’en ai pas eu conscience ou que la seule solution ait été de tout arrêter ... » Mon cœur bat plus fort dans ma poitrine, que ça en est douloureux. Je ne peux que fermer les yeux, incapable de prononcer la moindre parole, d’ouvrir la bouche. Je rouvre les yeux et me rends compte que j’ai eu exactement la même réaction quand je l’ai vu avec cette poupée russe lors de notre dernier gala. Je n’ai pas supporté l’idée qu’elle puisse poser la main sur lui, l’idée qu’il puisse rentrer avec elle, poser ses mains sur elle, la toucher, me filait la nausée et je m’en voulais terriblement de ressentir tout ça. Je ne pouvais pas ressentir ça parce que je lui avais fait vivre la même chose. Mais c’était ancré en moi. Les latinos ont le sang chaud et ont une mauvaise gestion de la frustration. Et puis, j’avais toujours été comme ça le concernant, et ce, depuis le début de notre relation. J’étais – je suis toujours ? – follement jalouse des femmes qui le regardent et ma froideur, mon répondant est ma meilleure arme pour les éloigner. Avec moi, il n’y avait pas de scènes, de spectacle, je n’avais qu’à les regarder comme une lionne regarde l’antilope avant de la dévorer, une parole et elles étaient foutues. « J’ai foiré, Valentina. Je n’ai pas tenu mes promesses, on n’a pas tenu nos promesses ... » Nos regards finissent par se trouver et j’hoche silencieusement la tête. Il n’y avait rien à dire de plus … malheureusement il avait raison. Je me disais qu’on ne pouvait pas réparer ce qui avait été brisé de manière si violente même si je l’aimais encore. Parce que j’étais certaine d’une seule chose : je l’aime encore malgré tout ce qu’il s’est passé. Et je n’avais pas envie de refaire ma vie avec qui que ce soit malgré que mes amies n’arrêtaient pas de me dire. « Je suis désolé …. Je ne suis pas prêt pour le « mieux vaut tard que jamais » … je ne suis pas prêt pour en parler, remuer le couteau dans la plaie. Je ne peux pas. Je suis désolé. » L’envie irrépressible de venir essuyer le coin de ses yeux avec mes mains me tenaille l’estomac mais je suis consciente que c’est une limite à ne pas franchir, incapable d’anticiper la manière dont mon corps réagira à ce simple toucher. « Je vais parler à Maya. Pas de souci … » Je me pince les lèvres, mon regard sur lui et je semble comme sortir de mes pensée, me raclant la gorge, mal à l’aise – tiens c’était nouveau ça, être mal à l’aise en sa présence -  : « Oui je pense que … que c’est mieux. Et je lui parlerais quand tu me ramèneras les enfants. » Dans un autre monde, je lui aurais proposé de l’accompagner pour régler les choses. Dans un autre monde, je n’aurais pas été mal à l’aise de rester dans la même pièce que lui et je ne fuirais pas sa présence… Je détestais ce qu’on était en train de venir, de cette distance respectable qui s’instaurait naturellement. C’était insupportable.