(twelve happy spectators) Le mélange de sentiments est paradoxal. L’avant-première du film aurait dû le rendre fou de joie, et pourtant ce n’est pas exactement le mot qu’il utiliserait pour qualifier ses ressentis en cet instant. Ce qu’il craint, surtout, c’est la réception du public alors qu’il ne peut s’empêcher de penser que le film est voué à l’échec. Il y croyait au début, il y croyait vraiment, et sans doute que l’annonce d’un casting aux genres inversé a commencé à planter la graine de la relativité. Le film n’est pas si bon que ça ; il ne peut pas l’être alors que la meilleure chose qui existe à l’intérieur se résume à ses musiques et à ses plans de coupe. Même la partie technique, qui était pourtant le seul cheval de bataille de Rhett à terme, n’est pas réaliste comme il l’aurait voulu. Ses ambitions étaient immenses et ses espoirs tout autant, et seul la réalité des choses a fini par lui faire comprendre qu’il n’était qu’un gamin dans un monde d’adultes. Tous savaient déjà à quoi s’attendre. Tous, sauf lui.

N’en reste pas moins qu’il reste brave et fier et, malgré sa mauvaise volonté, il souhaite profiter du peu de gloire que lui ramène l’idée d’une avant-première: des sourires, des flashs, des photos. L’occasion de porter un costume digne de ce nom, l’occasion aussi de montrer que sa vie ne s’est pas arrêtée quand il a quitté le terrain. L’occasion de se montrer, tout simplement. Il peut se permettre de repousser tous les problèmes d’un revers de la main: si le film est un fiasco, il soulignera qu’il n’apparaît pas dedans et qu’ils n’ont pas écouté ses conseils. Il soulignera que le live, lui, est un succès international. Si le film fonctionne, alors il s’en enorgueillira purement et simplement, sans chercher plus loin. Le monde est binaire, la façon dont l’avenir peut se présenter ne l’est pas moins.

« Tes pronostics ? » Les maquilleurs s’affairent une dernière fois pour régler les problèmes sur le visage de chacun, là où les stylistes vérifient que les costumes ne portent aucun pli et que les robes des femmes sont aussi mises en avant que possible. Tout un monde s’affaire autour de lui, là où Rhett se contente de rester immobile, se sentant plus ou moins forcé de faire la conversation à une lead actrice avec qui, il doit en convenir, il n’a pas toujours été tendre - mais puisque l’inverse est tout aussi vrai, Rhett n’irait pas jusqu’à dire qu’il ressent le moindre remord à ce propos. Tout ce qu’il cherche à savoir, c’est s’il est le seul à ne pas avoir autant foi en ce projet que ce qu’il s’apprête à dire lors de la session de questions de la presse. « Ta tenue a bien été choisie. » Ils vont l’adorer, devant les appareils photos. Presque autant qu’ils vont adorer la voir nue dans les films, sans doute. Encore un détail sur lequel Rhett préfère passer. Tout a été filmé et monté, il n’y a de toute façon plus rien qu’il puisse faire - et avant ça, il n’avait pas son mot à dire non plus. « Ton mari est là ? » Il peine encore à assimiler le terme de mari à une Megan âgée de quinze ans mais il n’en fait aucun commentaire, bien conscient que le sujet ne le regarde pas le moins du monde. Une fois la promotion du film passée, ils n’auront plus aucune raison de se retrouver, et ce n’est pas pour le déranger.

stuck in the spaces where the demons hide
Megan Williams & @Rhett Hartfield ☆ crédit/ssoveiagifs

Si j’étais Mabel, Tomlison ou même Aiden, j’aurais ma propre équipe autour de moi à l’heure actuelle. Ma maquilleuse personnelle s’activerait pour me mettre en valeur à la perfection parce qu’elle connaîtrait les traits de mon visage par cœur, mon coiffeur ferait des miracles avec ma crinière sans avoir besoin de l’étudier au préalable, ma robe aurait été choisie par mon styliste et tout ce qui s’en suit. Je suis sûre que j’en aurais la migraine, je l’ai déjà en observant de loin ce ballet autour de mes co-stars. Moi, je n’ai personne d’autre que les professionnels ayant travaillé sur le tournage du film pour mettre les touches finales à ma mise en beauté.

N'importe qui avec une paire d’yeux admettrait de toute façon que je n’ai pas besoin d’autant d’artifices que le commun des mortels pour être à couper le souffle. Il ne s’agit pas de prétention que de le penser, non ? Je sais que je suis belle. J’ai douté de beaucoup de choses toute ma vie, mais jamais de mon pouvoir de séduction. « Ne force pas trop sur les yeux, je veux que ça reste naturel. » Ma robe est d’un glamour à couper le souffle, alors j’estime que mes traits de poupée me permettent d’aborder un maquillage sophistiqué mais sans lourdeur. Cette remarque adressée d’une voix contenue à la jeune femme qui termine ma mise en beauté, elle trahit une certaine nervosité. Je ne sais même pas d’où elle vient ; ce film ne me tient même pas à cœur.

« Tes pronostics ? » J’étire ma nuque pour jeter un regard derrière moi et mes yeux rencontrent ceux de Rhett Hartfield. Même le bleu des miens est plus profond que celui des sien, plus délavé, comme si cela n’avait pas intéressé les casteurs de conserver une quelconque ressemblance entre nous. « Sur ? L’accueil du film auprès du public ? » En a-t-il quelque chose à faire ? Je suppose ; il a cessé de montrer un quelconque intérêt pour le long-métrage quand il est devenu clair qu’il n’irait pas dans la direction qu’il aurait voulu, mais il s’agit de sa vie après tout, d’une œuvre basée sur ce qu’il a daigné en raconter en tout cas. J’aurais été terriblement désolée qu’il ait été une victime collatérale des mes machinations, si je ne l’avais pas trouvé parfaitement méprisable. « Je ne sais pas. Scott a pris de gros risques. » Si j’appelle le réalisateur par son prénom, c’est parce que c’est ce que l’on attend de moi après des semaines de tournage sous sa direction. Un manque de familiarité aurait été plus suspect que l’inverse. « J’espère qu’ils comprendront l’histoire qu’on a voulu raconter. » Je me moque du film. Mais j’espère ne pas être jugée trop durement : j’ai beau prétendre que je m’en moque, les regards extérieurs ont toujours compté. Ils ont toujours mis à mal ma confiance en moi.

« Ta tenue a bien été choisie. » Je ne baisse pas les yeux sur la splendide robe noire au corset travaillé. « Armani. » Non pas que j’estime que ça l’intéresse. « J’ai choisi moi-même. J’ai pas de styliste, alors… » Alors les marques m’ont contactée directement pour la première et j’ai choisi moi-même. J’ignore comme les choses sont censées fonctionner, signe que je n’ai rien à faire là. Ma place, je sais que je la dois au faible qu’à eu Scott pour mes courbes et mes yeux bleus, fut un temps. « Merci. » Cela aurait pu se résumer à ça. « Ton mari est là ? » Je hoche la tête doucement, et montre Damon qui mange des petits fours un peu plus loin pendant que ceux qui seront sous les feux des projecteurs sont accaparés par leur préparation. Il sait que je dois être vue et me montrer avec le reste des acteurs et l’ancien sportif avant de pouvoir revenir vers lui, il le comprend et c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis folle de lui. « Damon, il est là-bas. Le grand blond qui parle avec un des cadreurs. » Rhett ne connait certainement pas le prénom du professionnel en question, alors je ne m’en encombre pas. « J’appréhende son avis plus que tous les autres. » Alors que tout le monde sait pourtant qu’il sera incapable d’en donner un objectif. « J’ai déjà aperçu Evelyn. Vous êtes bien assortis. » S’il ne connaît pas le prénom de mon compagnon, je connais celui de la femme à son bras ; j’ai lu son livre après tout.

« Sur ? L’accueil du film auprès du public ? »
« Oui ? »

Comme s’ils avaient un quelconque sujet de conversation possible qui ne soit pas tourné autour du film et autour de son possible accueil auprès du public, surtout maintenant que le tournage est terminé et que le montage l’est tout autant - et encore heureux, puisque la première est dans moins d’une heure. Sans qu’il précise davantage le fond de sa pensée, Megan reprend en argumentant son avis. « Je ne sais pas. Scott a pris de gros risques. » Trop gros, si on demande l’avis de Rhett. Elle sait sans doute ce qu’il en pense, tout comme elle sait qu’il n’a pas eu beaucoup à dire sur la réalisation de ce film, bien qu’au sujet de sa propre vie. « J’espère qu’ils comprendront l’histoire qu’on a voulu raconter. » S’ils en sont à espérer que le public comprendra le principe même de l’histoire, et pas même à espérer qu’ils aimeront le film tout simplement, alors cela signifie qu’ils sont plutôt mal barrés. « Verdict bientôt. » La dureté de ses mots laisse transparaître le peu d’espoirs qu’il a à son tour. Il espère sincèrement que tout se passera bien, évidemment, mais il est pour une fois particulièrement pragmatique.

Parce qu’il sait qu’elle n’est pas la réalisatrice et que rien de tout ceci n’est de sa faute, Rhett n’insiste pas davantage et change déjà de sujet. « Armani. » Ce n’est pas ce qu’il demandait, parce que la mode ne l’intéresse pas vraiment, mais le réflexe qu’elle a le fait le sourire. Elle joue aux grands. « J’ai choisi moi-même. J’ai pas de styliste, alors… » - « Tout le monde commence par là. » Il ne sait pas pourquoi il a envie de la rassurer mais c’est plus fort que lui, et cela va bien au-delà de l’image soudée qu’ils doivent renvoyer ce soir. « Tu t’en sors bien. » Il est sans doute au maximum des compliments et conseils qu’il peut donner, mais ce sont autant de mots chaleureux qu’il a rarement partagés avec la jeune femme. Dans cette même idée, il s’intéresse à celui qu’elle a ramené pour l’avant-première, lequel n’est autre que son mari. Il ne comprend pas comment on peut être marié aussi jeune mais il n’en dit rien, notamment parce que les histoires de coeur de Megan sont bien le cadet de ses soucis. « Damon, il est là-bas. Le grand blond qui parle avec un des cadreurs. » Le regard de Rhett suit le parcours désigné et il hoche la tête lorsqu’il visualise le grand blond en question. Il est propre sur lui et calme ; c’est sûrement tout ce qu’on peut attendre des invités additionnels lors d’une telle soirée. « J’appréhende son avis plus que tous les autres. » - « Pourquoi ? » Il demande sincèrement, ayant bien du mal à comprendre pourquoi l’avis de son mari pourrait importer plus que celui du public, bien plus nombreux. « Il t’a déjà dit ce qu’il pensait du film ? » Elle ne reste pas habillée dans toutes les scènes, et s’il parle du film, il pense surtout à ce genre de scènes qui pourraient créer des troubles au sein d’un couple. « J’ai déjà aperçu Evelyn. Vous êtes bien assortis. » Elle est formidable, Evelyn. Elle pourrait être bien assortie à n’importe qui tant elle sait tout faire, tant elle est incroyable (il se répète déjà ?). A la mention de sa propre petite-amie, il esquisse un sourire sincère. « Elle veut que je t’envoie des fleurs. » Peut-être qu’elle aurait surtout voulu qu’il n’en dise rien et que Megan pense qu’il a été à l’origine de l’initiative, mais elle commence à assez le connaître pour savoir que ce serait bien difficile. « Tu as des préférences ? » Il n’y aura pas de surprise, mais peut-être qu’il pourra au moins viser juste dans le choix - même si seule Evelyn choisira les détails dudit bouquet. « Elle déteste ce genre de soirées mais elle voulait quand même m’accompagner. » Et lui n’a pas argué le contraire, évidemment. Quand il s’agit d’Evelyn, il arrive à se montrer bien plus bavard, bien moins barbare. « Damon a l’air un peu plus perdu. » Ce n’est pas un jugement, il s’en moque bien, mais il le note quand même. Après tout, cela a peut-être quelque chose à voir avec le fait qu’ils sont tous deux des enfants évoluant dans un monde d’adultes.

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Megan Williams & @Rhett Hartfield ☆ crédit/ssoveiagifs

« Oui. »
« Oui, évidemment. »

De quoi d’autre, de toute façon, ce n’est pas comme si nous étions deux vieux amis en train d’échanger sur nos aventures respectives après s’être perdus de vue pendant des années. Je prends un temps de réflexion, les lèvres pincées, avant de hausser les épaules de façon presque imperceptible. « Je ne sais pas. Il plaira aux jeunes, je pense. » Parce que les relations ; les mensonges, les histoires de premier amour, de jeux de séduction et de manipulation, prennent toute la place sur le sport. Le personnage brisé est tout ce que l’on retient de ce film, pas une quelconque morale. C’est une histoire tragique, et ça fera pleurer les ménagères. Du reste, je ne crois pas qu’il s’agisse d’un grand film, mais je me tais. Je me contente d’une demi-vérité certes, mais d’une vérité tout de même. « Les gens iront au cinéma pour le voir. » Cela devrait l’intéresser plus que tout le reste puisque, comme moi, il sera en partie payé sur les revenus de Nine au box-office. « Verdict bientôt. » - « Oui. Mais les journalistes… » J’ai fait partie du lot de ceux qui n’ont qu’un seul but en tête : créer du scandale et descendre. « Ce n’est pas forcément représentatif. » De toute façon, Rhett déteste le film. A quoi bon tenter de préserver les faux semblants ?

« Tout le monde commence par là. » Je ne suis pas sûre qu’il y aura une suite. Ma modeste carrière de modèle photo ne m’emportera certainement pas dans cette direction-là, je ne deviendrai jamais une grande actrice, je ne deviendrai jamais Gigi Hadid non plus. Je suis une jeune étudiante depuis peu, et c’est à présent dans cette direction là que ma vie se dessine. « Pourquoi ? Il t’a déjà dit ce qu’il pensait du film ? » - « Il était pas aux projections privées. » Parce que je n’ai pas tenu à le mettre au milieu de tout ça, pas parce que j’ai voulu lui cacher quoi que ce soit. « Il me soutient quoi que je fasse, de toute façon. Et il est venu sur le tournage. » Même s’il n’a pas assisté aux tournages de certaines scènes. « Il sera content pour moi et, même s’il me trouve mauvaise, il me le dira jamais. » Je connais assez mon jeune Italien et, alors que je l’évoque, un sourire tendre se dessine sur mes lèvres.

« Elle veut que je t’envoie des fleurs. Tu as des préférences ? » "Elle" a l’air de porter la culotte dans le couple, puisque je doute que Rhett nourrisse ce genre d’envie. Evelyn Pearson doit le mener à la baguette, à en croire sa résignation. « Un bouquet de fleurs séchées c’est toujours une bonne idée. » Elles ne fanent pas en une semaine et peuvent se faire une vraie place dans la décoration d’une personne. « On vient d’emménager dans une nouvelle maison, Damon et moi. Ce sera parfait. » Je trouverai un vase aussi beige que la personnalité de l’ancien rugbyman et tout sera à sa place dans notre décoration aussi épurée que chic. « Si tu dis que l’idée vient de toi, elle sera impressionnée. » Mais après tout, il n’a certainement pas besoin des conseils d’une jeune femme comme pour contenter sa compagne. Ils sont adultes, et en couple depuis assez longtemps pour avoir trouvé un équilibre qui ne nécessite plus ce genre de chose. « Elle déteste ce genre de soirées mais elle voulait quand même m’accompagner. » Je hoche la tête, compréhensive. Ce genre d’attitude colle à l’idée que je me fais de la nouvelle directrice générale de la MHI. Les apparences comptent pour les gens qui appartiennent à ce monde. « Damon a l’air un peu plus perdu. » - « C’est bien plus son univers que le mien pourtant, tout ça. » Mon sourire se  fait à nouveau une place sur mes lèvres, alors que je laisse mon regard voguer jusqu’au blond. « Le Williams dans mon nom - » Et donc le sien, puisque je suis une femme mariée. « C’est le même que le Williams dans le nom du prédécesseur d’Evelyn. Il est né dans ce monde-là. » Les journalistes, les paillettes, les apparences. « Mais il a quitté l’entreprise en décembre. Je suppose que tu as raison, qu’il était un peu perdu. »

« Je ne sais pas. Il plaira aux jeunes, je pense. Les gens iront au cinéma pour le voir. » Il devrait pouvoir se dire qu’elle s’y connaît bien plus que lui en la matière, mais à en juger sa très maigre expérience à l’écran, ils sont sûrement au même point. Peut-être qu’elle a eu vent d’informations et d’autres données que personne n’a jugé utile de partager à Rhett - et il est le premier à ne pas les quémander -, mais même là il se permet d’en douter sincèrement. « Oui. Mais les journalistes… Ce n’est pas forcément représentatif. » Il n’est pas d’accord là-dessus, parce qu’il a lui-même été consultant pour une spécialisation et qu’à défaut que son avis fasse l’unanimité, il était au moins éclairé. S’ils détestent, il n’y aura pas de miracle. S’ils détestent, alors peut-être que le public se contentera de ne pas aimer, mais ce serait sans doute la seule différence imaginable. Rhett préfère garder le silence, ne voulant pas mettre à mal l’utopie de la jeune femme. Il l’associe à son jeune âge, et peut-être qu’elle devrait en profiter autant de temps que possible. « Il me soutient quoi que je fasse, de toute façon. Et il est venu sur le tournage. » Ce qui ne sont que des précisions qui lui font d’autant plus se demander pourquoi elle appréhende autant l’avis de son mari si elle est aussi certaine qu’il la soutiendra quoi qu’il en soit. Dans de telles circonstances, elle ne devrait donc rien avoir à craindre, et même si le reste du monde déteste ce travail, alors il sera toujours présent pour la rassurer malgré tout. « Il sera content pour moi et, même s’il me trouve mauvaise, il me le dira jamais. » Son manque d’amitié pour la jeune femme ne le rend pas moins heureux pour elle, si elle a bel et bien trouvé une personne avec qui partager sa vie et avec qui elle arrive à se trouver sur la même longueur d’onde, surtout à un aussi jeune âge. Elle a au moins ça pour elle, et si sa vie professionnelle ne décolle pas, la privée semble au moins bien avancée. Il n’aurait jamais su s’en contenter pour sa part, mais il se rassure en se disant que c’est déjà ça. « Vous vous êtes bien trouvés. » Tout du moins, elle l’a bien trouvé, lui. Ce n’est cependant pas une approche qui pourrait se partager officiellement, alors il généralise l’idée à leur couple, et leur mariage. « Pas qu’il aurait à te rassurer, mais je veux dire, il semble être quelqu’un de bien. » A la soutenir quoi qu’il advienne, il a un dévouement sans faille, ce garçon.

Et si elle a un mari dévoué, lui est un petit-ami résigné à l’idée de devoir signer un bouquet pour l’envoyer à l’actrice. Malgré tout incapable de garder la surprise, même à ce niveau-là, il préfère simplement lui demander ce qu’elle aimerait avoir pour décorer son chez elle. « Un bouquet de fleurs séchées c’est toujours une bonne idée. » Si elle le dit, il ne la contredira pas. « On vient d’emménager dans une nouvelle maison, Damon et moi. Ce sera parfait. » L’idée d’Evelyn semble donc la réjouir d’autant plus, ce qu’il est bien incapable de comprendre à son niveau. Des fleurs, il n’en voit réellement pas l’intérêt, et il ne voit pas à quoi cela peut servir - au moins l’idée de Megan permet de ne pas s’en vouloir si elle oublie de les mettre dans l’eau. « Vous perdez vraiment pas de temps à votre âge. » Il le souligne avec humour et sans malveillance, mais personne n’est dans son esprit pour le savoir. Tout ce qu’il dit, c’est qu’ils sont mariés et vivent ensemble alors qu’il la voit encore comme une gamine ; et en parlant de gamin, justement, il ne serait pas étonné que la prochaine étape arrive très rapidement. Sans doute qu’une part de lui se montre un brin jaloux alors qu’il a eu du mal à avancer avec Evelyn au simple point d’habiter ensemble. Tout le reste est utopiste, voire même jamais abordé pour le moment encore. « Si tu dis que l’idée vient de toi, elle sera impressionnée. » - « Elle va être suspicieuse que j’y mette du mien. » Il ajoute avec un sourire en coin, même s’il aurait effectivement aimé prouver à Evelyn qu’il est capable de faire des efforts et même de proposer des idées.

« C’est bien plus son univers que le mien pourtant, tout ça. » Un regard de plus en direction du blond et Rhett est perdu. « On parle bien de la même personne ? » Le gamin perdu qui préfère le buffet à quoi que ce soit d’autre ? Megan ne semble pas avoir été biberonnée au media training, mais elle est au moins à l’aise dans l’exercice. « Le Williams dans mon nom - C’est le même que le Williams dans le nom du prédécesseur d’Evelyn. Il est né dans ce monde-là. » Maintenant, c’est avec un regard tout différent qu’il observe le jeune garçon, véritable petit oisillon tombé du nid des puissants un peu trop tôt. « Sans déconner. » Toujours égal à lui-même, il ne cherche pas à cacher son étonnement un seul instant. Il ne s’attendait pas à une telle annonce et il ne voit pas la nécessité de cacher sa surprise. « Mais il a quitté l’entreprise en décembre. Je suppose que tu as raison, qu’il était un peu perdu. » - « Il fait quoi maintenant ? » Pour avoir quitté tous les privilèges qui lui tendaient la main, il se pose réellement la question. Il devait avoir une offre plutôt incroyable pour lâcher ce qui était sien jusqu’à ce moment. « Il m’a l’air différent du prédécesseur. Tant mieux, je veux dire. » Rhett ne revient pas sur les accusations et tout ce qui a poussé l’homme à laisser place vacante: elle le sait sûrement bien mieux que lui encore. « Mais je comprends pas pourquoi il a pas profité de son départ pour prendre sa place. » Tout était prêt pour lui, et il aurait pu siéger sur un empire dès qu’il aurait eu un âge jugé acceptable par le Conseil pour régner.

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Megan Williams & @Rhett Hartfield ☆ crédit/ssoveiagifs

« Vous vous êtes bien trouvés. » J’ignore si Damon a réellement tiré le gros lot - il le considère certainement, mais de là à dire qu’il s’agit de la vérité c’est une toute autre histoire - mais il est indéniable que c’est par contre mon cas. Damon est le mari, l’amant et le compagnon de route parfait, en plus de ne pas être désagréable à regarder. Il est certes un peu trop malléable pour son bien, mais je ne suis pas complètement hypocrite : je sais qu’il me serait compliqué de composer au quotidien avec une personnalité aussi forte et compliquée que la mienne. De ce fait, il m’équilibre de la meilleure des façons. « Pas qu’il aurait à te rassurer, mais je veux dire, il semble être quelqu’un de bien. » - « Il l’est. » Je n’ai pas besoin de jouer la comédie d’une quelconque façon pour l’affirmer. « Les gens disent souvent qu’on est bien assortis. » Qu’on se ressemble au point d’avoir l’air de la même famille et que c’en est parfois même troublant. Vos enfants seront magnifiques m’avait une fois soufflé une femme d’âge mûr, femme d’un des collaborateur de Damon au sein de la MSI. A l’époque nous n’étions pas un vrai couple, mon Italien et moi, et j’avais frémis à cette idée tant celle de faire un trait sur un véritable amour et une véritable famille me travaillait. Rhett et Evelyn le sont aussi, bien assortis en apparence, même si c’est d’une façon différente. « Vous perdez vraiment pas de temps à votre âge. » - « Est-ce que tu vas faire un AVC si je te dis qu’on veut des enfants ? » Certes, le quand n’a jamais été abordé mais, moi, j’y pense pour notre futur, et pas à un horizon de dix ans. Nous deviendront parents bien avant d’atteindre l’âge de l’ancien rugbyman, si tout ce passe selon mes plans d’avenir. « Elle va être suspicieuse que j’y mette du mien. » - « C’est qu’elle te connais bien alors. » Parce que si j’ai dressé un constat en ces quelques mois, c’est que le bellâtre n’est pas de ceux qui y mettent du leur lorsqu’on leur force la main. « Tu pourras lui dire que tu as réalisé que c’était ton dernier effort à fournir avant de ne plus jamais avoir à entendre parler de moi. » Je hausse les épaules d’un air nonchalent, consciente que ce que j’affirme comme un trait d’esprit a certainement tout d’une réalité dans son esprit. Tant mieux, c’est réciproque.

« On parle bien de la même personne ?  »
« Sans déconner. »

Damon n’est pas aussi surprenant qu’il en a l’air ; tout comme il n’est pas aussi fragile qu’il en a l’air, endurci par une enfant compliquée et un père tyrannique. Je crois que, même si tout ce qui se rapport à Saül Williams est terriblement glauque, je ressens toujours un plaisir coupable à l’idée d’annoncer que j’appartiens à un clan fermé moi aussi. « Il fait quoi maintenant ? » - « Il écrit pour un autre auteur. Il écrira ses propres mots d’ici quelques temps. » Ce n’est pas parce que Damon n’a pas remporté ce ridicule concours que je n’ai pas confiance à ses talents ; sa plume n’est peut-être pas encore parfaite, mais sa sensibilité se transforme en arme lorsque ses doigts courrent sur un clavier, il sait émouvoir comme peu des gens le peuvent. « Il m’a l’air différent du prédécesseur. Tant mieux, je veux dire. » Tu ne crois pas si bien dire. Voilà ce que mon regard froid et sérieux réponds silencieusement. « Mais je comprends pas pourquoi il a pas profité de son départ pour prendre sa place. » - « Justement parce qu’il est différent  de son précesseur. » Je réfléchis un instant aux mots à employer pour ne pas trahir la confiance que mon mari place en moi en m’épanchant trop. « C’est ce que son père voulait et ça lui a été proposé. Mais c’est pas ce que lui voulait. » C’était un choix qu’on a tenté de lui imposer toute sa vie. « Je suis sure qu’Evelyn sera parfaite pour le rôle, loin de moi l’idée de prétendre qu’elle a fait une erreur. » Sans lien particulier avec les Williams et son prédecesseur, la jeune femme a eu raison de saisir cette opportunité qui lui était offerte. Elle aurait été idiote de refuser. « Mais pour Damon, cette offre était un cadeau empoissoné. » Il serait resté sous le joug de son paternel et celui-ci aurait gagné, d’une certaine façon. Il aurait fait de son fils ce qu’il avait toujours cherché à en faire, et Damon aurait été plus malheureux qu’une tombe. « J’ai représenté la marque pour une collection. J’étais à peine à l’intérieur, mais je peux te dire que cet endroit, c’est pas pour les gens comme lui. » Les gens tendres, sensibles et fragiles. « Mais peut-être qu’elle arrivera à changer les choses. » Mais je n’y crois pas vraiment : pour ça, il faudrait qu’elle mette un certain nombre d’éléments perturbateurs à la porte, tous les directeurs et manager formés par Saül et fait du même bois que l’implacable homme d’affaires.

« Il l’est. » Mais elle, elle est son épouse, alors Rhett se permet de douter de l’objectivité de ses paroles. Il n’en hoche pas moins la tête, parce que sa mère le tuerait si elle savait à quel point il se montre parfois malpoli, mais il n’est pas né de la dernière pluie et sait à quel point l’amour peut parfois aveugler les gens. La présence à Mabel à l’écran le rappelle bien, même s’il a tenté de faire de son mieux pour couper autant que possible l’importance de son personnage - ce que Mabel elle-même ne pouvait lui reprocher, sans doute. « Les gens disent souvent qu’on est bien assortis. » S’ils le disent, alors. Le regard de Rhett passe de l’un à l’autre des époux sans pour autant en arriver à une conclusion. Ils ont l’air heureux ensemble, et il arrête son analyse sur ce point bien précis, notamment parce qu’il serait le premier à détester qu’un inconnu se mêle davantage de sa vie privée. Cela ne regarde personne d’autre qu’eux. « Est-ce que tu vas faire un AVC si je te dis qu’on veut des enfants ? » - « Je m’y attendais un peu, pour être honnête. » Mais il se dit qu’ils n’ont pas pour projet de le faire de suite, justement parce qu’ils sont trop jeunes. Il se dit qu’ils ont la vie devant eux pour aviser de ça, parce que faire des enfants à un âge où ils sont eux aussi des enfants, Rhett ne peut pas s’empêcher de trouver l’idée particulièrement stupide. Qui plus est, il ne fait rien pour penser autrement. Il se dit au moins qu’ils feront de beaux enfants, et c’est sûrement un plutôt bon début - ce sont les mêmes qu’il a eu à l’égard d’Evelyn, pour un projet qui, de leur côté, n’est pas à repousser à plus tard. Le moment présent est déjà un brin trop tard, ils le savent tous les deux sans jamais avoir eu besoin d’aborder le sujet.

Il la trouve amusante, Megan, à lui trouver quoi dire et quoi faire pour gagner les faveurs de sa compagne. Il pourrait s’offusquer et lui dire qu’il n’a pas besoin d’elle pour savoir comment mener sa vie de couple correctement mais, en réalité, il faut bien avouer qu’il n’est pas contre l’idée de grappiller quelques conseils ici et là à l’occasion. « Tu pourras lui dire que tu as réalisé que c’était ton dernier effort à fournir avant de ne plus jamais avoir à entendre parler de moi. » Le sourire qu’il rétorque est sincère. Malvenu, sans doute, mais sincère. « Il y a un peu de ça, pas vrai ? » Mais il a l’impression d’apprendre la diplomatie alors qu’il troque un « beaucoup » pour « un peu » dans ses mots. Ils n’ont pas tissé le moindre lien sur le plateau et, au-delà de ça, leur collaboration a surtout mis en évidence les nombreuses différences et autres points irréconciliables entre eux. Il ne lui en veut pas. Elle a ses raisons, il a les siennes. Il n’y a sans doute rien de plus à en dire et il n’en dire justement rien de plus, que ce soit à ses proches ou aux journalistes: Megan est une jeune femme talentueuse à qui il souhaite le meilleur. Personne ne demande de préciser si c’est dans l’acting qu’elle est justement talentueuse et, après tout, il n’est personne pour juger ce point.

En réalité, il existe un sujet de discussion qui l’intéresse davantage que le bouquet de fleurs qu’il doit lui envoyer. « Il écrit pour un autre auteur. Il écrira ses propres mots d’ici quelques temps. » Ca, elle n’en sait trop rien. Elle peut lui souhaiter, oui, mais elle n’a aucun pouvoir lui permettant de lire l’avenir, peu importe à quel point cela pourrait être pratique certains jours. Puisqu’il n’en sait rien non plus, et puisque le sujet de l’écriture ne l’intéresse pas le moins du monde, il ne rebondit pas. « C’est ce que son père voulait et ça lui a été proposé. Mais c’est pas ce que lui voulait. » Il ne sait pas si, à sa place, il aurait refusé de gagner une telle cuillère en argent sans même avoir eu à lever le petit doigt et il ne saurait donc pas dire si ce refus relève du courage ou de l’absurdité pure et simple. « Je suis sure qu’Evelyn sera parfaite pour le rôle, loin de moi l’idée de prétendre qu’elle a fait une erreur. » - « Je sais, je sais. » Il la rassure sur ce point, bien conscient qu'elle n’était pas en train d’utiliser une façon détournée de laisser tous les maux du monde reposer sur Evelyn et ainsi la dépeindre comme une personne faible et incapable. Il a beau ne pas porter Megan particulièrement haut dans son cœur, il continue de penser qu’elle a une morale plutôt haute - laquelle elle applique un peu trop à outrance autour d’elle, mais c’est un autre sujet. Evelyn fonctionne plus ou moins sur le même plan, ce qui le pousse à penser qu’elles ont plus de raisons de s’entendre que le contraire. « Elle a les reins solides. » Elle a grandi avec des requins, elle sait comment fonctionner avec eux. Il ne s’en fait pas pour elle, même s’il se dit maintenant qu’il devrait sans doute se montrer un brin plus attentif à son égard, en ayant appris ce qu’il a appris. « Mais pour Damon, cette offre était un cadeau empoissoné. » - « C’est pas un monde qui est fait pour n’importe qui. » Il ne dit pas que son mari est quelqu’un de faible, il en faut pour tous les goûts, mais il pense qu’à son tour il n’a sans doute pas les épaules assez solides, comme il le disait il y a peu pour Evelyn. Mais s’il écrit des romans, ce genre de choses, alors il pense effectivement arriver à cerner quel genre d’homme il est - pas le genre à diriger une multinationale, donc. « Mais peut-être qu’elle arrivera à changer les choses. » Il hausse les épaules, pas réellement certain que changer les choses soit la vocation d’Evelyn dans cette entreprise. Il ne sait pas ce qu’elle cherche là-dedans, en réalité, s’il était un brin honnête. « Tu le soutiens dans ce qu’il fait et vice-versa, ça me semble être bien suffisant. » Ca, et tant que les choses fonctionnent aussi pour l’un et l’autre dans leurs projets mutuels. Se soutenir dans l’échec n’est évidemment pas bien utile. « Tu auras sûrement des nouvelles du leadership d’Evelyn quoi qu’il en soit. » En bien ou en mal, ça finira par se savoir. Tout finit par se savoir. « Je pense que tu vas vouloir assister au film avec lui. » Et lui avec Evelyn, de toute manière, alors cela répond à sa question et cela explique surtout qu’ils ont tous les deux tenus leurs rôles face aux témoins près d’eux. « Et puis il a l’air un peu perdu, là. » Cette fois-ci, il l’avoue, il le commente avec un brin d’humour face à cet homme aux allures d’enfants: ils en ont déjà un d’une certaine manière, donc.

stuck in the spaces where the demons hide
Megan Williams & @Rhett Hartfield ☆ crédit/ssoveiagifs

« Il y a un peu de ça, pas vrai ? » Il ne m’apprécie pas parce que je suis une femme qui ne devrait pas jouer son rôle et parce qu’il me trouve certainement moralisatrice et j’ai quant à moi besoin de faire des efforts ne serait-ce que pour être cordiale avec lui parce qu’il est égoïste et que son histoire prouve qu’il ne s’intéresse qu’à sa petite personne. Après ce soir, nous pourrons arrêter de prétendre que la présence de l’autre fait autre chose que de nous agacer - ou en tout cas, c’est mon cas - et reprendre nos vies respectives comme si nos chemins ne s’étaient jamais croisés. Je ne laisserai pas un souvenir impérissable dans son esprit, et je m’en moque. Alors, avec toute la maturité et l’aplomb que je possède, je soutiens son regard le menton bien droit puis hoche la tête doucement. « Certainement. » Après tout, mon affirmation ne concernait que lui et je ne désire pas prétendre que je lis dans son esprit comme dans un livre ouvert : ce n’est pas le cas. S’il m’avait demandé si c’était réciproque, j’aurais été bien plus transparente et catégorique.

« Je sais, je sais. » Hartfield ne s’offusque pas tandis que je dépeins. le nouveau boulot de sa dulcinée comme l’enfer que la MHI est réellement, et c’est tout à son honneur. Il parvient bien mieux que moi à rester objectif et à ne pas laisser le ressentiment qu’il nourrit à mon égard déteindre sur l’attitude qu’il adopte avec moi. S’il suit un tant soit peu les actualités, il doit se douter que Evelyn marche dans les pas d’un homme qui a laissé une sombre marque sur le fauteuil qu’il occupait avant de prendre la fuite pour se protéger des conséquences de ses actes. Peut-être est-il même au courant des vices de l’homme, et de son penchant pour la violence. Si c’est le cas, il ne me traite pas différemment parce que j’ai été cognée par un homme, et cela me convient mieux que l’inverse. « C’est pas un monde qui est fait pour n’importe qui. » Je l’observe, certaine qu’il considère à présent mon Italien comme un faible - l’esprit de l’ancien champion est étriqué - mais je décide toutefois que je m’en moque. Son avis ne compte pas à mes yeux alors, s’il ne fait pas la moindre remarque à voix haute, je n’ai pas l’intention de tenter de l’en faire changer. « Non. Et c’est tout à son honneur. » À Damon, de ne pas être fait pour ça. J’ai constaté ce que deviennent les hommes qui ont trop de pouvoir entre les mains comme Saül en avait, et je remercie le ciel tous les jours que mon époux soit différent de la plupart de ses congénères. « Tu le soutiens dans ce qu’il fait et vice-versa, ça me semble être bien suffisant. » Je l’observe, tente de juger sa sincérité, et une singulière lueur d’étonnement et d’assentiment flotte dans mon regard un instant. Nous ne nous comprenons pas, mais nous ne nous haïssons pas non plus. En cet instant, nous sommes deux êtres humains qui s’accordent au moins un point : aimer et soutenir ceux que notre coeur a choisi est la priorité. « Et vous le faites avec elle. » Leur histoire pourrait être adaptée en film Netflix - l’héritière de Kai Pearson qui tombe sous le charme d’un ancien champion - mais elle semble authentique, de ce que j’ai en l’occasion d’observer.

« Tu auras sûrement des nouvelles du leadership d’Evelyn quoi qu’il en soit.  » Je hoche la tête, consciente que même sans appartenir à la MHI, Damon en reste un important actionnaire et qu’il ne pourra pas indéfiniment s’en tenir éloigné. Il faudra au moins qu’il fasse semblant de s’intéresser à la direction que prend l’entreprise et aux décisions de sa nouvelle directrice générale. Peut-être même serons-nous tous amenés à nous recroiser. « Je pense que tu vas vouloir assister au film avec lui.  » Que Rhett Hartfield se rassure : je n’ai en effet pas l’intention de m’installer à  côté de lui dans la salle sombre de cinéma. C’est la main de Damon que je tiendrai dans la mienne. « Et puis il a l’air un peu perdu, là. » Damon est capable de se faire des amis partout alors je ne m’inquiète pas pour lui. En revanche, ma mise en beauté est terminée et je n’ai pas plus de raison de m’attarder ici. « Oui, je vais aller le retrouver. » Et bien que sa compagne ne soit pas en vue, le sportif la rejoindra également sans l’ombre d’un doute. « On se retrouvera devant les objectifs des photographes, de toute façon. » Bien sûr que nous devrons poser ensemble. Mais une fois que nous nous serons acquittés de cette corvée, nous n’aurons plus besoin de faire semblant. « Profitez du film. C’est tout ce que c’est ; un film. » Pas une satyre de sa vie qu’il doit prendre personnellement. Pas un examen de tous ses choix pour déterminer si oui ou non il aura le droit de prétendre à sa place au paradis après sa mort. Un divertissement pour les masses et, de mon côté, qu’elles l’apprécient ou non, je resterai rationnelle : j’ai gagné de l’argent en obtenant ce job, et c’est tout ce qui compte.