♤ with claws in your back
« So try to stay calm, 'cause nobody knows
The violent partner you carry around
With claws in your back, ripping your clothes
And listing your failures out loud
It's more than the skeleton next to my coat
The black that I held in the back of my throat
Follows you straight into the dark;
The easy way out and the hardest part »

tw : automutilation.

Lorsque la vague surprend Swann, et qu’il ne se relève pas à temps de la planche, Scarlett le regarde chuter dans l’eau avec un rire aux lèvres. Elle termine sa propre course sur l’écume, avant de se rallonger sur sa planche pour nager jusqu’à Swann. Ses cheveux sont tressés en une natte qui cascade contre sa combinaison, et elle écarte quelques mêches rebelles collées à son front. « Alors, on se laisse surprendre ? » Elle demande, amusée. Elle sent son visage ouvert, lumineux, comme toujours lorsqu’elle surfe et qu’elle laisse sa muraille au placard.

Malgré cette chute, Scarlett doit bien avouer que Swann ne lui a pas menti : il se débrouille plutôt bien. Il semble avoir de bons réflexes mais, parfois, il se laisse piéger par une vague, un courant. Elle essaie de ne pas trop penser au fait qu’elle est là, dans l’eau, en train de surfer avec Swann, le Swann de son adolescence, qu’elle lui sourit et qu’ils se chamaillent dans l’eau. Elle veut se convaincre qu’il n’est qu’une personne comme une autre, de celles qu’elle croise entre les vagues, tous les matins où elle sort sa planche, et à qui elle adresse un signe de la tête et deux trois commentaires sur les conditions océaniques du jour. Mais dès que ses yeux se posent sur Swann, elle ne peut pas s’empêcher de se rappeler de l’étrangeté de la situation, et elle a un sentiment de décalage, comme si ce n’était pas vraiment lui, ou vraiment elle, que tout ça ne pouvait pas être vraiment eux, vraiment réel. Elle se concentre sur l’eau fraîche qui mordille sa peau exposée, le sel qui s’est logé dans les commissures de ses lèvres, finit petit à petit par se détendre. Le surf a ce pouvoir magique sur elle. Ou peut-être la présence de Swann.

Ils se laissent tomber sur le sable après deux heures dans l’eau. Scarlett a toujours l’impression de perdre la notion du temps quand elle est sur la planche. Swann et elle ont ôté leurs combinaisons gorgées de sel.

Elle a laissé un petit sac sur la plage et fouille dedans pour sortir une bouteille d’eau ; elle boit avant de la passer à Swann avec un sourire. Elle en profite pour dénouer sa natte, et passe sa main dans ses cheveux qui retombent sur ses épaules. Le soleil réchauffe la peau de Scarlett, son maillot de bain triangle bleu vif, et le petit tatouage dans le creux de son bras, un vieux coeur en fil de fer barbelés qu’elle s’est fait à 18 ans et qu’elle prétend détester sans jamais l’avoir effacé. Elle remarque que Swann a des tatouages aussi, sur les deux avant-bras. L’encre est moins usée, cela a l’air récent, et le design est élégant, il plaît à Scarlett. Elle observe les feuilles du coin de l’oeil, fronce légèrement les sourcils. Quelque chose est étrange dans la façon dont l'encre a pénétré la peau.

Ce n’est que lorsque Swann lui repasse la bouteille d’eau que son intuition se confirme et elle est tellement surprise que ce n’est pas la bouteille d’eau qu’elle attrape, mais le poignet de Swann. Elle sent très légèrement le relief sous ses doigts. « Swann.. Ne me dis pas que c’est ce que je pense que c’est ? » Elle lui demande frontalement. Elle sait que sa voix ne trahit pas de l’inquiétude, mais bien une certaine froideur qu’elle arrive à peine à masquer sous le coup de la surprise.

@Swann Craine  

Il est toujours heureux de (re)trouver le temps de surfer, mais il l’est d’autant plus de passer un peu de ce temps précieux en compagnie d’une personne qu’il pensait perdue depuis longtemps. Maintenant, Scarlett retrouve une place à ses côtés. Elle le rend heureux, elle l’étonne à la moindre de ses réponses et réactions tant ses souvenirs errent entre ceux vieux de deux décennies, ceux qui datent du jour de leurs retrouvailles et ceux de l’instant présent. Il a l’impression d’avoir à faire à trois femmes différentes, lesquelles il aime pour des raisons différentes. Aujourd’hui, après avoir passé deux longues heures à surfer, il prend enfin le temps de poser un regard sur elle lorsqu’ils retrouvent enfin la terre ferme. Elle a l’air heureuse, sans doute bien plus qu’il ne l’a jamais connue. La bouteille est accueillie avec joie entre les mains de l’anglais, même s’il en a évidemment prévu une dans son propre sac. Pendant un instant, il observe le tatouage sur son bras, curieux d’en connaître la signification mais pas assez pour lui poser la question tant il craint de faire un faux pas et ruiner le moment présent. Il préfère encore se contenter de passer une main dans ses cheveux pour en chasser le plus gros des gouttes.

Sans en avoir bu de trop, il rend la bouteille à Scarlett sans avoir su un seul instant anticiper la réaction de la jeune femme qui, au lieu de reprendre la bouteille, saisit rapidement son bras. Pris de court, Swann ne sait même pas comment réagir, si bien qu’il ne le fait pas. Lorsqu’elle tourne son poignet pour rendre ses tatouages plus apparents à la lumière du soleil, il sent déjà son coeur se serrer. Il anticipe la raison de ce geste. « Swann.. Ne me dis pas que c’est ce que je pense que c’est ? » Elle est froide, dure. Le ton de sa voix pousse l’anglais à reprendre son bras pour lui et le déloger des griffes de son amie. Il voudrait croiser les bras pour cacher ses poignets autant que ses tatouages mais il se contente de se faire fureur pour le garder le long de son corps. « Juste des tatouages. » Il ne nie pas les faits ; il se contente de ne pas les aborder. Il se doute que Scarlett a très bien compris ce dont il était question, et c’est justement pour cette raison qu’il ne veut pas aborder le sujet de front - contrairement à elle. Swann souffle un instant, désolé que ses tatouages soient déjà la source d’un début de dispute entre eux. « Pourquoi tu réagis comme ça ? » Il a la voix d’un enfant quand il le demande, mais il a surtout toute l’incompréhension qui va de pair: ce problème est le sien avant toutes choses et s’il a appris avec le temps à accepter l’idée qu’il était aussi celui de l’homme avec qui il partage sa vie, il refuse de penser que cela s’étend à d’autres personnes aussi. Toute l’affection qu’il porte à Scarlett ne va pas jusqu’à l’inclure dans ses problèmes personnels, pour ne pas dire mentaux. « Reprends juste la bouteille. » Et cette fois, il la lui tend en gardant ses poignets tournés vers le sol. A son tour, sa voix est plus dure, bien moins capable de concessions.

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tw : automutilation, tentative de suicide, Scarlett qui est une connasse

Le soleil trône dans le ciel, lourd contre le bleu vif, ses rayons collants. Pourtant, un froid enveloppe à présent Swann et Scarlett. Celle-ci sent que son estomac s’est contracté, sa gorge aussi - elle prononce ces quelques mots d’une voix rauque, provoquant immédiatement une crispation de Swann. Il ramène son poignet vers lui dans un geste défensif, comme un enfant pris la main dans le sac. Les signes ne trompent pas, se dit Scarlett. Elle n’est pas stupide, elle a immédiatement compris ce qui se jouait, mais le comportement de Swann n’est qu’une énième confirmation. « Juste des tatouages. » Elle a un mouvement de la tête, et claque sa langue contre son palais.  « Arrête », elle siffle entre ses dents, presque impatiente. Elle déteste les mensonges - quand elle n’est pas payée pour en dire - et Swann a très bien compris où elle veut en venir.

« Pourquoi tu réagis comme ça ? » Le ton de Swann crispe encore plus la brune. Elle entend la vulnérabilité derrière chaque syllabe, et voir Swann pris de court ainsi lui donne envie de le secouer. Elle a un mouvement d’épaules étrange, comme si elle s'écartait de quelque chose qui la dégoûtait. « Quoi, les gens te félicitent, habituellement ? » Elle demande, sincèrement surprise de la naïveté de Swann. Il ne croit quand même pas que des tatouages suffiront à tout cacher, si ?

Comment a-t-il pu se faire ça ? se demande Scarlett, mais la question fait remonter un tel flot de sentiments qu’elle sent qu’elle se verrouille, plus à l’aise derrière son habituelle fortresse.

« Reprends juste la bouteille. » Scarlett reprend la bouteille, mais se contente de la poser sur le sable sans détourner son regard de Swann. Elle plisse les yeux, l’observe. Quelqu’un d’autre aurait pu abandonner le sujet, s’excuser, reculer devant l’attitude de Swann, le tabou du sujet. Mais ce n’est pas le tempérament de Scarlett.  « Pourquoi est-ce que tu ferais une chose pareille ? » Elle demande sans ciller. Elle entend le jugement dans sa propre voix. « De quand est-ce que ça date ? » Elle veut se dire qu’il s’agit d’une connerie de jeunesse - mais ces marques n’étaient pas là quand ils se sont fréquentés, adolescents.

@Swann Craine  

Aujourd’hui, ce sont juste des tatouages. Ce ne sont plus que des tatouages, qui cachent tout ce qui a pu exister avant. « Arrête. » Elle ne gobe pas son excuse et elle le lui fait comprendre avec une froideur inhabituelle. Du moins, il l’a déjà entendu parler de cette manière, mais jamais contre lui. Swann n’est pas de ceux qui énervent, qui cherchent des problèmes, qui causent du trouble. Même avec ceux dont le caractère diffère largement du sien, il n’a aucun mal à s’entendre. A force de chercher à noyer son regard sur tout ce qu’il y a autour, il finit par lui demander pourquoi cette question s’impose désormais à elle. « Quoi, les gens te félicitent, habituellement ? » - « Descends d’un ton Scar. » Généralement, ceux qui l’apprennent ne savent plus comment lui parler ni le regarder ensuite et ont peur qu’il leur claque entre les doigts à tout instant, est-ce que c’est ce qu’elle veut entendre à son tour ? Elle n’était pas là ces vingt dernières années, elle n’a pas le droit de s’adresser à lui comme s’il lui avait caché ce secret durant tout ce temps.

« Pourquoi est-ce que tu ferais une chose pareille ? » Il se sent trahi lorsqu’elle lui pose la question sur ce ton, sans faire ne serait-ce semblant de chercher à le comprendre. C’est comme si elle voulait simplement obtenir l’information pour la noter dans son dossier à la suite de toutes les autres, ce qui serait parfait pour elle qui connaissait la présence de Swann à Brisbane bien avant qu’il n’apprenne le contraire. « Vraiment ? » L’anglais demande, aussi étonné que blessé. Est-ce qu’elle n’a jamais su qu’il était mal à ce point ? Est-ce qu’elle n’a jamais rien vu ? Aujourd’hui il a beaucoup de raisons d’être heureux et il a aussi beaucoup été aidé ; mais à l’époque ? Il ne savait même pas mentir convenablement. « De quand est-ce que ça date ? » - « Pourquoi ? » Il n’est généralement pas du genre à garder les informations pour lui une fois que le sujet est abordé, mais le ton avec lequel Scarlett lui impose cette discussion a tout pour le mettre mal à l’aise, et sans doute même un brin en colère aussi. Elle ne prend pas la suite de tous ses proches qui se sont inquiétés pour Swann au cours des années, ce n’est pas l’objectif de cette question. « Ca te regarde pas, et ne me fais pas croire le contraire. » Elle n’était pas là quand il a repris, elle n’était pas là quand il a été envoyé en urgence à l’hôpital après une tentative de suicide. Elle n’était pas là non plus quand les discussions avec ses proches se sont accumulées, quand aucun d’eux n’arrivait plus à le comprendre et quand il ne savait pas quoi leur dire en retour: ce n’est pas une période qu’il veut vivre à nouveau. « C’est du passé, je te l’ai dit. » Et s’il ne l’a pas assez bien fait comprendre jusque-là, il le précise enfin, parce que c’est ce que représente l’idée même d’un tatouage à ses yeux: il fait peau neuve. Il ne peut pas mettre à mal un tatouage, pas comme il le pouvait aisément avec sa peau.

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tw : automutilation, tentative de suicide, Scarlett qui est une connasse    

Scarlett voudrait au moins que Swann assume, au lieu de se cacher derrière son ton atristé et ses yeux d’enfants pris la main dans le sac. On ne se taillade pas les veines sans y réfléchir, et il y a des conséquences à assumer. « Descends d’un ton Scar. » Elle déteste, en cet instant, qu’il utilise un surnom, qu’il appuie la familiarité ; elle ne sait plus sur quel pied danser, Swann refuse d’être honnête avec elle puis agit comme s’ils étaient amis. « Seulement si tu arrêtes de me prendre pour une conne », elle réplique sèchement.

Elle ne peut pas comprendre que Swann veuille se faire du mal, l’information refuse tout simplement de rester dans sa tête, elle est incompatible avec tout ce qu’elle sait de lui. Il ne peut pas vouloir se blesser, pas après tout ce qu’il a été pour elle quand elle-même pensait ne pas mériter prendre soin d'elle - elle sent un immense frisson le long de son dos quand elle réalise que c’est ce qui la boulerse le plus et décide d’enfouir cette idée tout au fond de son estomac. Pourvu que les sucs gastriques l’avalent et fassent disparaître cet éclat de vulnérabilité. Elle décide que le vrai problème, c’est la lâcheté de Swann.  « Vraiment ? » Scarlett secoue la tête et fait claquer sa langue derrière ses dents. « Tu ne vas pas me dire que c’est à cause de tout ça ? » Sa mère tantôt étouffante tantôt absente, ses questionnements identitaires, le fantôme de son père, l’appartement miteux mal isolé et les punaises de lit et le manque d’argent, s’endormir en ayant faim, l’hypersensibilité qui brûle la peau. Vraiment, c’est ça qui suffit à Swann pour abandonner ?

La machoire de Scarlett est serrée, du plomb fondu. « Pourquoi ? » Demande Swann alors que Scarlett le questionne sur la date. « Pour comprendre comment t’es venue une idée aussi stupide. »

Pour savoir si elle était encore là, en Angleterre, pour savoir si elle aurait pu faire quelque chose…
Non, elle repousse l’idée une nouvelle fois.
Pour savoir quand est-ce qu’il a été lâche et faible, qu’est-ce qui a pu trigger une telle stupidité.

« Ca te regarde pas, et ne me fais pas croire le contraire. » Scarlett lève les mains. « Oh, donc je suis assez importante pour que tu te vexes que je ne te recontacte pas à Brisbane mais pas assez pour savoir pourquoi tu t’es ouvert les putains de veines, Swann ? » Elle réplique, en colère. Elle déteste la mauvaise foi de Swann, sa lâcheté face à son erreur.

« C’est du passé, je te l’ai dit. » Scarlett secoue la tête, de mauvaise humeur, comme pour repousser l’argument naïf. « J’espère bien que c’est du passé. God, t’es avec Rory depuis 7 ans, quand est-ce que tu aurais trouvé le temps de faire une telle connerie ? » Elle soupire. « Ça date de Londres, pas vrai ? Tu réalises à quel point c’était idiot maintenant, au moins ? »

@Swann Craine  

« Seulement si tu arrêtes de me prendre pour une conne » Malgré toute la tristesse, la colère et l’incompréhension, il soutient son regard sans jamais ciller. Il n’est plus un enfant incapable de faire face à ses émotions, et il commence à connaître le genre d’arguments de la personne en face dans les discussions semblables. Elle n’est pas la première avec qui il en parle, elle n’est pas la première à savoir non plus. Au fond de lui, et bien qu’il l’espère, il sait qu’elle ne sera pas non plus la dernière. Lui répondre qu’il ne la prend pas pour une conne n’aiderait en rien la situation, alors il préserve sa salive. Quand elle lui demande “pourquoi” (comme tous les autres avant elle), pourtant, il ne sait pas y faire. Il a un rire nerveux, lui qui repense à tout ce qu’ils ont vécu ensemble à une époque où rien n’allait. Est-ce qu’elle a besoin de se rassurer, de se dire qu’elle n’a rien vu à l’époque justement parce qu’il n’y avait rien à voir ? Pendant un instant, il s’était dit que la discussion pourrait être plus simple avec Scarlett, parce qu’elle connaît la racine de tout ce qu’il ressent et de la personne qu’il est aujourd’hui. Apparemment, il semble être au contraire plutôt loin du compte. « Tu ne vas pas me dire que c’est à cause de tout ça ? » Mais dans le peu de discussions centrées autour de sa personne et de ça, jamais on avait osé lui dire qu’il exagérait, qu’il en faisait des tonnes pour pas grand chose. Ses amis étaient présents, rassurants. Ils étaient perdus, effrayés. Scarlett, elle, semble uniquement terrorisée - et bien qu’il sache pertinemment que ce sentiment en cache simplement d’autres, il a du mal à voir au-delà en cet instant présent, lui-même guidé par ses propres sentiments perfectibles. « Si tu peux pas l’entendre, ça sert à rien d’en parler. » En d’autres termes, oui: c’est à cause de tout ça. Tout ça est devenu un mélange bien trop indigeste dans son cœur et dans sa tête et il avait besoin d’évacuer, d’une manière ou d’une autre. Il en avait besoin où sortir avec ses amis, faire du sport, lire ou se plonger dans ses études n’atténuait rien de sa peine, et il a trouvé une solution là où, il est le premier à le reconnaître, elle n’aurait jamais dû se trouver.

« Pour comprendre comment t’es venue une idée aussi stupide. »
« Merde Scarlett, t’es sérieuse ? »

Il ne lui reproche pas de vouloir s’informer et comprendre, et au contraire il est plutôt ouvert à la discussion généralement, mais il a surtout l’impression qu’elle tente d’enfoncer le couteau le plus loin possible pour le blesser encore mieux qu’il ne le fait lui-même. Elle est son amie, il tente de se le rappeler, mais dans la situation actuelle les souvenirs ne font pas le poids face aux mots de la jeune femme, lesquels elle forme volontairement pour être particulièrement tranchants. « Oh, donc je suis assez importante pour que tu te vexes que je ne te recontacte pas à Brisbane mais pas assez pour savoir pourquoi tu t’es ouvert les putains de veines, Swann ? » Elle parle trop fort et il la déteste pour ça. S’il a fait tatouer ses bras, c’est justement parce qu’il veut passer à autre chose et parce qu’il veut entériner l’idée que tout va mieux, maintenant. S’il l’a fait, aussi, c’est justement pour se préserver de ce genre de discussion, parce que personne n’arrive à totalement comprendre pourquoi il est en venu à une telle extrémité, et encore moins pourquoi il l’a fait à de si nombreuses reprises étalées au fil des décennies. « Je t’ai dit pourquoi. » Tout ça. Elle était là, elle a tout vu, elle savait tout: mieux que personne, elle peut comprendre ce dont le tout ça retourne. « J’espère bien que c’est du passé. God, t’es avec Rory depuis 7 ans, quand est-ce que tu aurais trouvé le temps de faire une telle connerie ? » Elle soupire mais Swann rigole nerveusement, une fois de plus déjà. Elle devrait comprendre qu’il ne s’agit pas du passé à ce point et qu’il a jugé nécessaire de recommencer à de nombreuses reprises au cours des sept dernières années, malgré la présence de Rory qui ne peut pas être la solution à tout, même si le couple l’aimerait. « Ça date de Londres, pas vrai ? Tu réalises à quel point c’était idiot maintenant, au moins ? » Une réponse nerveuse fait trembler sa lèvre inférieure un instant, signe qu’elle vient de franchir le Rubicon en ayant de telles paroles. Il était capable de lui répondre en gardant la tête haute, jusque-là. Il était capable d’avoir une colère égale à la sienne et un ton en faisant de même, mais le simple fait qu’elle résume le tout à un acte idiot suffit à ébranler ses fondations. Elles n’avaient guère eu le temps d’être solidifiées, de toute façon. « Je devais avoir douze ou treize ans. » La première fois, la toute première. Il ne s’en souvient pas, elle n’est pas la plus importante. Elle n’était pas particulière, après tout, simplement la première. « C’était y’a un an, la dernière fois. » Ca date de Londres, oui, mais ça ne date pas que de Londres. La dernière fois qu’il l’a fait, il était un homme fiancé ayant tout pour être heureux - et il jure qu’il l’était, heureux. Il était aussi heureux qu’il était malade de savoir que l’annonce de leurs fiançailles avaient fuité dans la presse et que le monde entier avait pu s’en emparer alors que c’était un moment à eux, simplement à eux. Il cherche son regard avec égoïsme, attendant le moment où elle sera perdue à son tour, où elle se demandera quels sont exactement tous les indices qu’elle a pu manquer durant toutes ces années. « Et si tu comptes encore faire un commentaire, vraiment, passe-toi-en. » Il n’est pas en colère de vouloir lui balancer à la figure qu’il ne s’est pas contenté de coupures en surfaces et qu’il les a enfoncées bien plus loin dans sa chair dans le but d’en finir, à deux reprises déjà. Ce n’est pas de cette manière qu’elle mérite de l’apprendre, au moins au nom de leur amitié. « Je vais me changer. Ca te donne du temps pour arrêter de dire de la merde. » Et pour poser ses mots avant de les lui balancer à la figure, surtout. « Et ne plus mêler Rory à ça. » Il y met toujours un point d’honneur, ce qui ne changera pas aujourd’hui. Il a changé sa vie pour le meilleur, indubitablement, et pour cette raison il est hors de question que son prénom soit mêlé à un mal qu’il tente de chasser pas à pas.

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tw : automutilation, tentative de suicide, Scarlett qui est une connasse sos 

Scarlett ne souhaite son enfance et celle de Swann à personne. Elle a tout construit autour d’elle pour ne jamais y penser, et la plupart du temps, son quotidien n’est plus peuplé de ces visions. Mais si elle s’arrête, elle peut les convoquer à nouveau. L’odeur du moisi des murs de son appartement, parce que l’humidité s’infiltrait par les fenêtres, surtout celle cassée dans sa chambre, contre laquelle elle avait accroché un morceau de boîte de pizza avec du scotch, pour essayer de retenir l’air glacé de Londres. La cage d’escalier grisâtre où s’entassait les déchets, que Scarlett devait monter sur douze étages, car l’ascenseur était chroniquement en panne. Les inconnus chez elle, des hommes sur le canapé, dans des nuages de fumées âcres à l’odeur reconnaissable. Sa mère, à côté d’eux, ses cheveux presque révulsés entre ses paupières. Les plats périmés dans le frigo, frigo qui ne fonctionne plus parce que l’éléctricité a été coupé par le fournisseur pour facture impayée. L’argent est parti ailleurs - sûrement les pilules colorées sur la table basse. Oui, ce n’est pas une vie que Scarlett souhaite à d’autres, et elle sait que cela laisse des séquelles. Ce qu’elle ne comprend pas, c’est pourquoi Swann a voulu compliquer sa propre vie en se blessant lui-même, quand la vie se chargeait déjà bien de le faire souffrir. « Si tu peux pas l’entendre, ça sert à rien d’en parler. » Scarlett secoue la tête, les sourcils fronçés. « Je peux entendre, pas comprendre », elle affirme sans gêne. Elle refuse de justifier la situation, de la normaliser.

Et ses mots sont trop forts, peut-être. Elle voit que Swann se crispe, et que l’assurance qu’il cherche à garder se fendille à chaque phrase. « Merde Scarlett, t’es sérieuse ? » Sa supposée surprise agace l’anglaise, qui secoue à nouveau la tête. « Mais est-ce que t’es sérieux toi », elle réplique, avec la sale impression d’avoir une dispute d’adolescent, à coup de “c’est toi qui”, qui l’énerve. Mais elle ne sait sincèrement pas quoi dire d’autres. C’est Swann qui s’est ouvert les veines, est-il sincèrement surprise que les gens aient une réaction à ça ?! « C’est toi qui t’auto-mutile et  le problème c’est que je ne sois pas gentille ? »

Pourquoi ferait-il ça, voilà ce que se demande toujours Scarlett. Les réponses de Swann ne la satisfont pas. Il prétend avoir dit pourquoi, mais en réalité, il est resté vague. Il n’assume même pas ce qu’il a fait. « Je devais avoir douze ou treize ans. » Malgré, elle, Scarlett détourne la tête, car elle doit supporter l’information, et qu’elle sent qu’elle la repousse en bloc. Trop de choses tournent à toute vitesse dans sa tête. Comment n’a-t-elle pas remarqué, se dit-elle, mais elle s’absout immédiatement : elle était jeune, elle n’a jamais vu Swann nu, ils…. - mais pourquoi est-ce qu’il ne lui a pas dit, après toutes les conversations qu’ils avaient, jeunes, sur leur mal-être ? A l’époque, Scarlett aurait réagi differemment, elle le sait. Mais c’est trop tard, maintenant. « C’était y’a un an, la dernière fois. » Elle retourne brusquement la tête pour regarder à nouveau Swann, le choc effaçant toute la culpabilité qu’elle commençait à ressentir. « Un an ?! » Elle répète, effarée.

« Et si tu comptes encore faire un commentaire, vraiment, passe-toi-en. » Scarlett serre la machoire. « Oh excuse moi d’avoir une réaction. Il fallait peut-être éviter les poignets, si tu ne voulais pas que ça se remarque », elle ironise.  « Je vais me changer. Ca te donne du temps pour arrêter de dire de la merde. » Elle refuse qu’il coupe court à la conversation. « Et ne plus mêler Rory à ça. » Cette fois-ci, Scarlett a un rire étranglé, ce genre de rire qui demande : mais t’es sérieux là ? « Y a quelques semaines on trinquait à nos vies heureuses, et là tu me dis qu’il y a encore un an de ça, tu te coupais les veines ? Désolée de mêler ton mari à cette histoire », elle siffle entre ses dents. Elle se rend compte qu’elle insinue qu’elle s’inquiète que la vie personnelle de Swann ne le rende pas si heureux que ça, et ce demi-aveu la gêne immédiatement. Elle continue, cassante. « Ton mari que, au passage, je représente. J’aimerais savoir si son époux est instable, oui », elle lâche. « Putain, Swann, tu aurais pu couper une veine de trop et te tuer accidentellement, tu t’en rends compte au moins ?! »


@Swann Craine  

pour ma défense:

« Je peux entendre, pas comprendre » Ce qu’il peut comprendre, en réalité. Lui le premier n’aurait pas su comprendre pourquoi un de ses proches pourrait juger utile, et même nécessaire de se faire du mal. Si c’était arrivé à Rory, plus que jamais il se serait senti démuni et inutile aux côtés de la personne qu’il aime, laquelle est aussi la dernière personne en ce monde à qui il pourrait souhaiter du mal. Pourtant, il a la conviction que Scarlett ne fait aucun effort de rien. Elle veut l’entendre faire la liste de tout ce qu’il l’a poussé jusque dans ses retranchements uniquement pour mieux pouvoir ensuite lui dire qu’elle avait raison depuis le départ et que rien de ce qu’il dit ne peut suffire à expliquer son geste. Et qu’aurait-il à redire, Swann, alors qu’il est le premier à ne jamais avoir totalement su trouver les mots face au regard démuni de tous ceux qu’il aime dès que ces derniers avaient compris qu’il a beau les aimer en retour, il a parfois tenté d’en finir pour ne plus rien ressentir. Plus jamais. « Mais est-ce que t’es sérieux toi. C’est toi qui t’auto-mutile et  le problème c’est que je ne sois pas gentille ? » Lui n’y voit aucun rapport, en réalité. Il ne lui demande pas d’être gentille, il ne lui demande pas de le caresser dans le sens du poil, mais il lui demande au moins d’arrêter d’agir et de répondre comme s’ils étaient des ennemis et que l’un d’eux ne devait pas s’en sortir vivant. Ce n’est pas ce dont il est question. « T’entends que ce que tu veux entendre, tu t’en rends compte au moins ? » Elle est aveuglée par sa colère, si bien qu’il ne sait même pas si elle pouvait l’entendre s’il en venait à accepter de lui ouvrir son cœur et, par la même occasion, l’historique de ses plaies plus ou moins ouvertes, plus ou moins refermées.

« Oh excuse moi d’avoir une réaction. Il fallait peut-être éviter les poignets, si tu ne voulais pas que ça se remarque » Plus que jamais, il se referme sur lui-même et lui décoche un regard noir. Elle n’est pas là pour mener une discussion, Scarlett, mais seulement une guerre. De son côté, ce n’est pas ce dont il a envie et, au-delà de ça, c’est justement tout ce qu’il souhaite éviter. Il préfère annoncer aller se changer, ce qui est une façon comme une autre de tenter de mettre fin à une pseudo discussion qui, selon lui, tourne bien trop en rond pour qu’il puisse tenter de laisser croire à quiconque qu’ils arriveront à s’entendre. « Y a quelques semaines on trinquait à nos vies heureuses, et là tu me dis qu’il y a encore un an de ça, tu te coupais les veines ? Désolée de mêler ton mari à cette histoire » - « Ce que je faisais aussi y’a quinze ans, quand t’étais là et quand t’as jamais rien vu. Est-ce que ça a changé quelque chose pour autant ? »  Est ce que leur amitié était différente pour autant ? Est-ce que leur amourette adolescente l’était ? Est-ce qu’elle le regardait différemment que les autres ? Non ; uniquement parce qu’elle n’a jamais rien su et qu’elle n’a jamais rien vu, ce qui reste à ses yeux la meilleure chose possible. Il n’a jamais voulu appeler à l’aide en faisant ce genre de choses ; c’était simplement un moyen comme un autre de s’en sortir, et ça le reste aujourd’hui. « Ton mari que, au passage, je représente. J’aimerais savoir si son époux est instable, oui » La colère de Scarlett fait face à l’humour amère de l’anglais. « C’est tout ce qui t’intéresse, j’aurais dû m’en douter. »  Il sait que non, mais au fond il ne peut pas éternellement s’empêcher d’agir et répondre comme un humain: blessé, il répond à son tour par l’attaque. Il lui avait pourtant dit de ne pas mêler Rory à tout ça, et il regrette sincèrement qu’elle ait décidé de continuer dans cette voie alors que son mari a toujour mis toute son énergie dans cette quête pour faire comprendre à Swann qu’il n’est pas tout seul et que de belles choses l’attendent toujours, à commencer par leur famille. « Putain, Swann, tu aurais pu couper une veine de trop et te tuer accidentellement, tu t’en rends compte au moins ?! » - « Est-ce que tu te rends compte que c’est à cause de gens comme toi qu’on regrette parfois de pas avoir réussi des putains de tentatives de suicide, justement ? » Le ton monte plus qu’il ne l’aurait voulu et il prie en son for intérieur pour que personne ne se soit intéressé à leur discussion. Il n’a jamais accidentellement coupé trop loin et il veut qu’elle le sache: il a coupé aussi loin qu’il a pu à deux reprises, mais ça n’a jamais été assez pour aller au bout du projet. « Tu veux anticiper ça ? Les journaux qui titreront un jour que Rory est une personne toxique parce que son mari a fini dans l’aile psychiatrique de l’hôpital ? Amuse toi bien, Scar. » Si la raison n’est pas la bonne, Rory n’ayant jamais été autre chose qu’une présence aimante et rassurante à se côtés, n’en reste pas moins que les faits restent les mêmes alors si elle veut se préparer au mieux à ce qui pourrait paraître un jour dans les journaux, il lui tend l’histoire sur un plateau d’argent.

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The black that I held in the back of my throat
Follows you straight into the dark;
The easy way out and the hardest part »

tw : automutilation, tentative de suicide

« Ce que je faisais aussi y’a quinze ans, quand t’étais là et quand t’as jamais rien vu. Est-ce que ça a changé quelque chose pour autant ? »  « Y a quinze ans, on trinquait pas à nos vies heureuses, on était pas marié. On était des gamins », proteste Scarlett. « T’avais tes secrets et j’avais les miens. » Il y a tant de choses que Swann ignore à propos d’elle, toujours – l’ombre de Clayton flotte dans l’air, une ombre que Scarlett croit avoir laissé à Londres, parce qu’elle n’y pense plus depuis des années, et elle déteste en cet instant Swann, pour tout ce qu’il lui rappelle malgré lui. Elle voudrait tout noyer, jeter les souvenirs dans l’océan sans qu’ils ne remontent jamais à la surface. Elle ne sait pas articuler ce que la confession de Swann provoque en elle, un mélange de tristesse et de culpabilité qu’elle préfère transformer en colère. Et visiblement, Swann décide de rentrer dans son jeu aussi, aucun d’eux ne cherche à apaiser la situation. Parfait. Scarlett ressent le besoin d’appuyer sur le bleu qui s’est formé à la surface de sa peau, une torture qu’elle préfère au vertige de la vulnérabilité.

Elle préfère remettre de la distance, invoqué Rory, son statut d’acteur, le fait que Scarlett le représente. « C’est tout ce qui t’intéresse, j’aurais dû m’en douter. » Le visage de Swann est sombre dans le soleil de plomb. « Mais oui Swann, je suis la femme sans cœur qui ne pense qu’à son client, raconte toi ce que tu veux », elle réplique, cinglante. On lui a déjà collé cette étiquette, et cela lui est égal.

La conversation est loin de se calmer, et s’approche même dangereusement d’un point de non-retour. « Est-ce que tu te rends compte que c’est à cause de gens comme toi qu’on regrette parfois de pas avoir réussi des putains de tentatives de suicide, justement ? » « Don’t you FUCKIN dare », réplique Scarlett brusquement, haussant la voix tellement fort que des gens sur la plage se retournent. « Comment est-ce que tu oses me mettre ça sur le dos ? » Elle a le cerveau qui tourne à toute vitesse, parce qu’elle ne peut même pas comprendre ce que Swann vient de lui sous-entendre. Le mot trône dans les nuages de son cerveau, suicide, un mot sale et collant qui ne correspond pas à tout ce qu’elle croyait savoir de Swann. Quelque chose en elle fond, se désagrège, et elle sent qu’elle perd légèrement pied. Et elle déteste cette sensation. « Tu es responsable de tes actions. T’as pas à me dicter comment je dois réagir à ces choses-là. » Elle affirme, furieuse.

Mais Swann ne se calme pas, obnubilé par la mention de Rory qu’il ne semble pas supporter. « Tu veux anticiper ça ? Les journaux qui titreront un jour que Rory est une personne toxique parce que son mari a fini dans l’aile psychiatrique de l’hôpital ? Amuse toi bien, Scar. »  « Je t’interdis de faire de moi la méchante, Swann », elle siffle, sa mâchoire serrée. Ce n’est plus le soleil qui brûle sa peau, mais le sang dans ses veines qui boue et irradie partout dans les vaisseaux de son corps encore collé de soleil et d’humidité. Comment en sont-ils arrivés là, eux qui riaient dans l’eau l’instant d’avant ? « Rory me paie pour anticiper ce que les journaux titreront, y compris pour protéger votre famille, votre fille. C’est mon putain de job. Et je crois que Rory et toi êtes plutôt contents que je sache le faire correctement. » Mais Swann préfère faire d’elle la méchante de l’histoire, simplement parce qu’elle ne l’a pas applaudi pour s’être ouvert les veines.

« C’est toi l’hypocrite, putain, quand je pense que tu voulais que je chiale sur ton épaule quand j’étais gamine, que tu voulais me consoler de ma vie de merde, pendant que tu voulais toi-même, quoi, te tuer ?! » C’est la plus grosse caricature de tout ce qu’il a représenté pour elle, elle le sait, mais elle n’arrive pas à s’arrêter. Elle sent que ses mains tremblent, que sa voix se rouille, elle qui ne perd jamais le contrôle de son corps.



@Swann Craine  

« Y a quinze ans, on trinquait pas à nos vies heureuses, on était pas marié. On était des gamins » Et c’est ça, justement, que Scarlett ne semble pas comprendre: il a beau trinquer à sa merveilleuse vie aujourd’hui, et penser sans ironie aucun qu’elle représente tout ce dont il a pu rêve étant gamin, cela ne l’empêche pas d’avoir d’autres pensées parasites. D’autres pensées qui, de leur côté, ne donnent aucune raison de rêver. Si elle ne comprend pas cette simple base et cette idée que tout a beau l’air parfait, rien ne l’est totalement, alors il est évident que cette discussion ne pourra jamais mener plus loin qu’une dispute au cœur de laquelle chacun tente de gagner un peu de terrain et, surtout, de ne pas en perdre de trop. « T’avais tes secrets et j’avais les miens. » - « Est-ce que ça a vraiment changé ? » Il rétorque et demande avec une profonde tristesse, pas à nouveau prêt à qualifier Scarlett comme une des personnes de son cercle proche. Il l’aime en toute amitié, évidemment, mais il a l’impression d’être toujours en train d’apprendre à la connaître, et surtout à faire le lien entre son ancienne amie et la nouvelle femme d’entreprise. Swann est aussi curieux qu’il est soucieux de savoir ce qu’elle a dû abandonner et gravir pour en arriver jusque là. Son parcours n’en est pas moins admirable d’un point de vue professionnel, mais d’un point de vue personnel ? Il n’en sait rien encore, et la discussion avançante ne lui donne pas envie d’en savoir davantage.

« Don’t you FUCKIN dare » Lorsqu’elle sort de ses gonds, il ne flanche pas, il ne cille pas. Il relève le menton et plante ses yeux dans les siens, sans qu’il n’y ait pourtant aucune fierté dans son attitude: il ne sera jamais fier de tels propos, mais il veut qu’elle comprenne à son tour qu’il n’est effectivement plus le gamin qu’il était à l’époque. Ce ne sont pas des mots qu’il voudrait lui répéter, jamais, mais si c’est ce dont elle a besoin pour entendre raison alors il n’hésiterait pas davantage. « Comment est-ce que tu oses me mettre ça sur le dos ? » Ses mouvements de tête dégagent de l’air à droite et à gauche de lui. Ce n’est pas ce qu’il fait ou, tout du moins, ce n’était pas son objectif. Il a déjà tenté de se suicider par deux fois, et elle n’y tient pas sa faute à aucun moment. Ce dont elle se tient responsable, selon lui, c’est d’être particulièrement bornée et que cela s’élève au point où il doute que la retrouver puisse finalement avoir quoi que ce soit d’une bonne idée: c’est justement parce que sa vie est plus que jamais stable qu’il ne veut pas prendre le moindre risque, sans doute quitte à couper avant l’heure des amitiés qui auraient mérité un meilleur traitement. « Tu es responsable de tes actions. T’as pas à me dicter comment je dois réagir à ces choses-là. » - « Tu devrais accepter qu’on te dicte les choses, parfois. » Il la connaît assez pour savoir qu’elle est trop fière pour ce genre de chose, mais il n’en pense pas moins. Il n’y a rien de négatif dans le simple fait d’accepter des conseils mais il sait que se lancer dans un tel débat serait déjà peine perdue.

« Je t’interdis de faire de moi la méchante, Swann »
« Alors fais un peu d’efforts.»

Le blond serait bien incapable de se souvenir de la dernière fois où il a demandé à un de ses proches de « faire des efforts » mais il a l’impression qu’elle a déjà usé de toute sa patience, ce sentiment n’étant en rien aidé par le simple fait que le sujet des mutilations le touche tout particulièrement. « Rory me paie pour anticiper ce que les journaux titreront, y compris pour protéger votre famille, votre fille. C’est mon putain de job. Et je crois que Rory et toi êtes plutôt contents que je sache le faire correctement. » Pour le moment. Jusqu’à présent. Maintenant, il n’est plus aussi certain que ça qu’elle puisse être capable de défendre Rory avec ce qu’elle a appris de Swann, et ce qu’elle pense désormais savoir au sujet de leur couple et leur famille: elle pense que tout n’est pas si rose, elle pense peut-être même aussi que tout n’en vaut pas autant la peine. Mais elle aurait tot d’avoir de telles pensées, parce que tout est plus parfait qu’il aurait pu le penser et il s’en voudrait éternellement si les mots trop hauts perchés de leur discussion avaient pu être entendus par des oreilles mal intentionnées. « Anticipé donc ça. » Il rajoute, fatigué et toujours aussi en colère. Un jour viendra sûrement où les journalistes de bas étage arriveront jusqu’à cette information, de toute façon, alors autant qu’elle s’y prépare, non ?

« C’est toi l’hypocrite, putain, quand je pense que tu voulais que je chiale sur ton épaule quand j’étais gamine, que tu voulais me consoler de ma vie de merde, pendant que tu voulais toi-même, quoi, te tuer ?! » La voix de Scarlett est tremblante, ce qui est un simple fait qui suffit à l’étonner et faire faire à Swann un pas en arrière, sans qu’il n’arrive pour autant à se l’expliquer. « Je voulais que tu chiales sur mon épaule ? » Il répète, blessé au possible et incapable de se reconnaître dans cette image qui fait de lui une personne voulant profiter de la faiblesse de sa propre amie. Ce n’est jamais ce qu’il a voulu et il n’a pas non plus cherché à jouer au jeu de la personne la plus à plaindre entre eux. Et plus que jamais, il est blessé qu’elle puisse le penser et que cet aveux ait autant rebattu toutes les cartes de leur histoire. C’est pour cette raison, parmi tant d’autres, qu’il ne voulait pas en parler le moins du monde. Maintenant, comme beaucoup d’autres avant elle, elle le regarde trop différemment. « On va en rester là. » Ce n’est pas une question mais bien une affirmation. Ils ont dit trop de choses, ils sont allés trop loin. « Je dirai rien à ton client. » Rory saura qu’ils ont eu une discussion houleuse, parce qu’il ne saurait le lui cacher et parce qu’il ne le veut de toute façon pas, mais Swann fera son possible pour garder la situation avec aussi peu de conséquences que possibles, notamment parce qu’il refuse que ses faits et gestes se répercutent sur son mari, et sur Scarlett qui n’en reste pas moins son amie malgré ses mots. Il sait pourtant qu’ils ne risquent pas de retourner surfer avant longtemps, notamment parce que ses mots et reproches ne seront pas oubliés, aussi peu que l’implication qu’elle a jugée nécessaire d’ajouter au sujet de sa propre famille. « T’auras pas à t’en faire à mon sujet pendant un moment. » Il ne sera pas aux events, il ne sera pas où que ce soit où sa présence n’est pas absolument nécessaire pour soutenir Rory. Du reste, il n’a plus aucune envie de retrouver le profil de Scarlett avec longtemps. Elle savait comment le blesser, et elle l’a utilisé contre lui, ce qu’il ne saurait oublier.

♤ with claws in your back
« So try to stay calm, 'cause nobody knows
The violent partner you carry around
With claws in your back, ripping your clothes
And listing your failures out loud
It's more than the skeleton next to my coat
The black that I held in the back of my throat
Follows you straight into the dark;
The easy way out and the hardest part »

tw : automutilation, tentative de suicide

« Est-ce que ça a vraiment changé ? » Le soupir qu’elle lui adresse ordonne à Swann d’arrêter de se comporter comme un enfant. « Je ne te dois rien. Ne sois pas en colère parce que je garde mieux mes secrets que toi », elle rétorque, manquant d’ajouter qu’elle ne serait jamais assez stupide pour laisser ses faiblesses marquer son corps. Swann l’excède : quoi, parce qu’ils ont été en couple un an il y a quinze ans de ça, il croit qu’il a le droit d’accéder à sa vie privée, ses secrets ? Scarlett a envie de lui rire au nez. Elle ne lui doit rien, si ce n’est une vieille loyauté collante dont elle voudrait se défaire, encore plus maintenant qu’elle comprend que le Swann qui l’a tant aidé, quand elle était adolescente, n’était visiblement qu’une illusion, la projection derrière laquelle se cachait des coups de rasoirs sur les poignets. Et Swann ose être outré qu’elle ait un réaction à cette information, qu’elle ne rentre pas dans le jeu qu’il souhaite ?! « Tu devrais accepter qu’on te dicte les choses, parfois. » Scarlett a un rire méprisant, et siffle entre ses lèvres serrées : « Je crois que tu ne m’as pas si bien cernée que ça, finalement. » S’il croit qu’elle se laissera dicter sa conduite par qui que ce soit.

La conversation est définitivement envenimée et ce n’est pas Scarlett qui fera demi-tour, pas quand Swann met sur le tapis sa carrière comme une reproche, comme si Rory n’était pas ravie de tout ce qu’elle avait pu faire pour lui, pour sa famille.  Swann est un hypocrite sur toute la ligne, voilà ce qu’en conclut facilement Scarlett. C’est une réponse facile à toutes les émotions désagréables qu’elle ressent, un voile qui permet de couvrir le reste auquel elle refuse de se confronter. « Je voulais que tu chiales sur mon épaule ? » Scarlett n’a pas besoin de regarder le visage de Swann pour savoir qu’elle a tapé bas, elle le sait, elle l’entend dans sa voix. Elle n’est pas très fière d’elle, sur ce coup, elle pourrait se l’avouer si elle n’était pas autant en colère. Elle enfonce le couteau dans la plaie, évide de la conversation toute la tristesse qu’elle pourrait ressentir. Scarlett s’apprête à répliquer, à continuer, mais Swann l’arrête. « On va en rester là. » La température baisse d’un coup, comme si le soleil avait disparu. Pourtant, non, ils sont toujours là, sur la plage, leurs combinaisons presque sechées par la chaleur ambiante. Pourtant Scarlett sent un froid jusque dans son cœur. « Je dirai rien à ton client. » Scarlett pince les lèvres, incapable de dire merci, de répliquer. En terminant la bataille, Swann a coupé le flot de la colère. Il ne reste que le bout des doigts qui tremblent. « T’auras pas à t’en faire à mon sujet pendant un moment. » « Parfait », elle lâche d’un ton robotique. Elle se sent tout à coup étrangement au-dessus d’elle, elle secoue la tête, revient dans son corps, ignorant ce glissement étonnant qu’elle vient de vivre. Une vague monte en elle, un mélange de colère, de tristesse, d’affection, et elle doit la ravaler, la faire disparaître, et se décide à la tuer d’un dernier coup de poignard entre les omoplates de Swann : « Tu vois, c’est exactement pour ça que je n’étais pas pressée de te recontacter. »


terminé @Swann Craine