(twelve happy spectators) Les présentations formelles de l’équipe de tournage avec la presse n’a pas été sa partie préférée, étonnamment. Les questions étaient plaisantes, mais à un certain niveau seulement: l’immense majorité d’entre elles n’étaient plus dédiées à sa personne mais aux acteurs qui ont dû tout imaginer de A à Z - même Mabel, qui ironiquement ne joue même pas son propre rôle dans un film où elle est dépictée. Il a posé sur elle un regard différent que sur les autres personnes présentes ce soir: l’amour en était absent depuis longtemps déjà, mais elle a toujours le don de lui faire ressentir une éternelle même colère sourde. Cela signifie sans doute qu’elle a été un choix parfait pour le rôle de Ruben ; ça, autant que le fait qu’elle arrive toujours à profiter de Rhett, même alors que ce dernier n’a évidemment pas été informé du choix de l’ajouter au casting. Il passera outre leur histoire commune un jour, oui, mais il a sûrement encore besoin d’une décennie avant qu’un miracle du genre n’arrive.

« Tu veux qu’on fasse une photo ensemble ? » Il a déjà fait un premier passage auprès de Megan, son double, mais il serait bien plus heureux de faire une apparition devant les objectifs si Evelyn en a elle aussi envie. Cela ne fait pas partie du contrat, mais c’est une clause qui peut y être ajoutée aussi simplement que ça, parce qu’il en a envie et parce qu’il en a la possibilité. Déjà, Rhett sait bien qu’ils ne cracheront pas devant des photos d’une des femmes les plus puissantes de la ville. « Pour… passer le temps ? » Le début de la projection n’est sûrement pas de suite (ils ont un programme, quelque part, mais il n’a pas fait mine de s’y intéresser), alors ce serait une façon bien plus intéressante que d’habitude pour laisser les minutes s'égrener à leur rythme. « Et pour immortaliser cette robe. » Il se rapproche d’elle avec un sourire, lovant sa main contre le creux de son dos sans pour autant oser l’embrasser, de peur de ruiner un maquillage réalisé au millimètre près. « Et toi. » Parce qu’il est plutôt évident que ce n’est pas la robe qui le rend aussi heureux, et qu’il n’en a même pas grand chose à faire. Seule Evelyn y parvient avec une simplicité parfois déconcertante. « J’ai un plan qui consiste à repérer les issues de secours et on pourra se faire livrer un fast food à la maison ensuite. » Ca, il le lui murmure tout bas contre son oreille, telle une véritable confession de couple. Elle sait à quel point il n’aime pas vraiment ce projet et à quel point il n’a que très peu hâte d’assister à la projection. Il se plie aux règles par principe et par question d’ego, mais une fois le jeu des journalistes terminé, il ne voit plus aucun intérêt à rester près de deux heures dans la même salle pour observer une histoire qu’il connaît plutôt bien.

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@Rhett Hartfield ☆ crédit/ssoveia

Il n’avait jamais été question de ne pas apporter son soutien à Rhett, quand bien même elle aimait prétendre que les événements publics de ce genre n’étaient pas sa tasse de thé. Après avoir accepté de reprendre la direction d’une société comme la MHI, il était sans doute le temps pour elle d’arrêter de prétendre et d’admettre que, si en effet, elle n’aimait pas particulièrement les flashs des appareils-photos, elle n’était pourtant pas contre un peu d’attention. Ça ne la ferait pas passer pour plus vaniteuse qu’elle ne l’était, mais c’était toujours un peu compliqué pour elle de se plier à l’exercice qui consistait à faire la paix avec ses défauts, préférant projeter son aura d’excellence sur un monde qui regorgeait pourtant d’une corruption évidente, la réputation de Saül Williams ne la faisant pas démentir à ce sujet. Il n’avait jamais été question de ne pas apporter son soutien à Rhett donc, aussi elle était là, à ses côtés, à crépiter intérieurement d’impatience de voir enfin à quoi s’était appliqué son compagnon ces derniers mois, son avis ayant été précieux pour l’élaboration d’un projet auquel il tenait un peu moins que la source sur laquelle il s’était basé, mais qui à nouveau, pointerait le curseur sur lui et sur le champion qu'il avait été. Evie n’avait rien à dire sur les choix artistiques concernant le film qui avait été tourné, elle trouvait néanmoins audacieux le choix de faire basculer les genres pour lui donner une valeur plus actuelle, et ça la rendait curieuse de voir le résultat final, sincèrement. Le casting n’était pas mauvais, la majorité de l’affiche étant composée de talents évidents, même de l’avis d’une cinéphile pas très aguerrie sur le sujet, alors ça ne pouvait qu’être un succès. Restait à juger la prestation du rôle titre qui serait scruté, d’autant qu’il s’agissait de son premier rôle au cinéma, faisant le pari risqué de se plonger dans la peau d’une personne réelle, même si encore une fois, les changements apportés à l’histoire d’origine se révélaient assez cavaliers pour que d’une certaine façon, le produit fini se rapproche davantage d’une vraie fiction que d’un biopic scrupuleusement ancré dans une certaine réalité.

Observant le ballet de invités, photographes et journalistes, Evie se tenait tout à côté de Rhett qui attira son attention avec une question. Les sourcils haussés, elle tourna la tête de son côté, une main levée dans sa direction pour chasser une paillette restée fiché contre sa barbe naissante et qu’elle effleura du bout de son pouce, aussi attentive à lui qu’elle voulait qu’il paraisse à son avantage tout au long de cet événement important "Pour passer le temps ?" Ça la fit rire qu’il se sente obligé de trouver une excuse à sa proposition quand il était la star de la soirée et que le connaissant, être ainsi sollicité le mettait dans un émoi qui ferait rutiler son ego des semaines durant "C’est ton meilleur argument pour me convaincre de passer devant l’objectif des photographes alors que tu sais que je déteste ça ?" Détester était un terme un peu fort, mais l’ambiance n’était à rien d’autre que la joie et la bonne humeur, ainsi elle s’en contenta, inclinant la tête sur le côté à ce qu’elle décida de prendre comme un compliment sur sa robe qu’elle lissa avec la paume de sa main après avoir fait mine de réfléchir et décidé en même temps "C’est d’accord pour la photo, la place a l’air d’être libre." Elle lui prit la main dans la foulée, la serrant par à coup dans la sienne en l’attirant tranquillement vers l’endroit où ils devraient se poster pour poser pendant que Rhett lui murmurait quelque chose à l’oreille "Tu veux vraiment échapper au dîner avec toute l’équipe après la projection ?" Ça ne l’étonnait pas de Rhett, mais si le film était une réussite, peut-être voudrait-il en profiter et remercier ceux qui avaient permis le projet de se concrétiser, non ? A moins qu’il n’était pas satisfait de ce qui lui avait déjà été montré, auquel cas, elle ajouta en murmurant elle aussi, rentrant dans son jeu sans se faire prier "On pourrait décider d’un safe word au cas-où le film serait mauvais, histoire de s’éclipser avant qu’on te demande tes impressions." Et que ça ne le mette dans l’embarras. Evelyn restait optimiste à dire vrai, seulement l’enthousiasme tiède de Rhett à prendre part à tout ça lui laissait penser que quelque chose ne lui plaisait pas, et elle n’était pas certaine que ce soit uniquement les changements apportés à son histoire qui le forçait à rester autant sur la réserve ce soir.

"Pour passer le temps ?" A son rire, il comprend plutôt bien qu’il a merdé en osant aborder la question sous cet angle, comme si faire un photocall est le genre de chose qu’ils font tous les soirs avant de s’endormir et qu’il n’y a rien de plus normal et simple à cela. Il a appris à s’y habituer et sans doute qu’Evelyn tout autant mais ce sera un brin exagéré que de dire que cela passe simplement le temps, même s’il était le premier à vouloir croire à ce doux mensonge idéaliste. Après en avoir rapidement rigolé, Evelyn reprend presque aussitôt. "C’est ton meilleur argument pour me convaincre de passer devant l’objectif des photographes alors que tu sais que je déteste ça ?" Il mime un sourire maladroit. « …Oui ? » Rhett n’a jamais été le plus imaginatif, et cela n’est une surprise pour personne, pas même pour lui et sa mauvaise foi. Après tout, il sait (il espère) qu’Evelyn ne déteste pas tant l’exercice, ou tout du moins pas au niveau de ce qu’elle prétend. Ce n’est pas ce à quoi elle préfère occuper ses journées mais, qu’elle le veuille ou non, elle est douée. Elle sait se mettre en valeur, elle sait sourire, elle sait se faire aimer - et Rhett serait bien le dernier à le nier. « On passe rapidement. » Qu’il tente de lui dire, bien conscient qu’avoir complimenté sa robe ne saurait suffire pour le moment. Evelyn, de son côté, ne semble guère avoir besoin des mots de son petit-ami, déjà occupée à mener la voie en direction des photographes appelant leurs noms à tous les deux. Leur couple est médiatisé à leur niveau, ce qui n’est pas digne de la moindre célébrité du grand écran, mais ils attisent tout de même assez la curiosité pour que les photographes anticipent la valeur de clichés les montrant ensemble. "C’est d’accord pour la photo, la place a l’air d’être libre." Il manque de lui dire que même si elle ne l’avait pas été, ils sont en droit de se faire une place. Après tout, merde, ce film est tout de même au sujet de Rhett et de personne d’autre, non ? Il doit ronger son os sur bien assez de sujets pour au moins avoir le droit de profiter de son heure de gloire comme il le peut, surtout si cela peut être fait auprès d’Evie. Pour une fois, ils brillent main dans la main.

D’autres occupent encore l’attention des photographes pour quelques secondes supplémentaires, ce qui laisse le temps à Evelyn de rebondir sur la proposition de son petit-ami. "Tu veux vraiment échapper au dîner avec toute l’équipe après la projection ?" Avec l’éternelle même désinvolture qui le caractérise, il hausse les épaules. Il n’en a pas grand chose à faire de ce dîner, surtout alors qu’il se sent comme une pièce rapportée dans tout ce film et qu’il ne voit pas vraiment l’intérêt de s’y rendre. « L’idée m’emballe pas, et celle de devoir passer une soirée avec Mabel n’aide pas non plus. » Il aime l’attention, mais les dîners où ils ont tous un Nom ne lui en donne aucune. Cela n’a rien d’amusant, rien de grisant, et tout aussi peu de stimulant. Il pourrait participer à ce dîner sans faire de zèle, mais il pourrait tout aussi bien profiter de la soirée pour passer un peu de temps avec Evie. "On pourrait décider d’un safe word au cas-où le film serait mauvais, histoire de s’éclipser avant qu’on te demande tes impressions." Il pensait utiliser “c’est vraiment à chier, tu trouves pas ?” comme safe-word mais force est de constater qu’il ne serait que très peu discret. Pourtant, ce n’est pas ce qui aurait dérangé Rhett à prononcer, lui qui est peu habitué à faire dans la dentelle et tout aussi peu à adapter son discours à son public. « Tu veux participer au dîner, toi ? » Il demande quand même, parce que son manque d’engouement n’est pas non plus une débectation pure et simple de l’idée: si Evelyn veut y assister, même s’il l’imagine mal, alors il pourrait être à ses côtés sans le moindre mal. Peut-être que cela la changerait de son travail, après tout. Peut-être aussi qu’elle se rend bien mieux compte que lui qu’ils n’auront pas deux fois l’opportunité de dîner avec une équipe de film ; sur un film qui concerne Rhett mais aussi Evie par extension. « Si le film est mauvais, je répondrai pas aux journalistes. » Parce qu’il ne maîtrise pas l’art du mensonge et qu’il ne veut pas flinguer une campagne marketing avant même qu’elle puisse avoir fait ses preuves. « Et te sens pas obligée de le faire non plus, ça te regarde pas directement. » Ce qu’il veut dire, surtout, c’est qu’il ne l’a pas invitée à ses côtés pour son image de marque: il tient à elle et la raison s’arrête ici. Il est hors de question qu’elle vante artificiellement ses mérites, surtout pour un projet qui n’est même pas le leur.

« On en discute dans deux minutes. » Il annonce avec un certain empressement lorsque la place sous le feu des projecteurs se libère et qu’il noue ses doigts à ceux d’Evelyn avant de prendre place au centre du spectacle. Son regard passe des photographes et de fleurs flashs à la brune à ses côtés, à qui il n’a de cesse de sourire. Après quelques secondes, il finit par l’embrasser sans y réfléchir davantage. Le crépitement des objectifs s’accélère un peu plus encore. La seconde suivante, ils quittent le tapis et tout est déjà terminé. La gloire n’est toujours qu’éphémère, malheureusement. « Si seulement j’avais juste un peu de talent pour ça, j’aurais fait un acteur phénoménal. » Il annonce avec ironie, sans chercher à cacher un seul instant son attrait pour l’attention. Il aurait adoré être acteur, si justement il en avait le talent.

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Ce ne serait pas eux qui décideraient si leur passage devant les objectifs des photographes serait rapide ou non, la liesse amenée par un événement comme celui-ci poussant chacun à profiter de l’instant pour abuser du temps et de la gentillesse de ceux qui étaient ici pour briller. Rhett était fait pour ce genre de choses, et pas uniquement parce qu’il prenait bien la lumière, qu’il était beau et charismatique, mais  parce qu’il savait transformer l’énergie apportée par les sollicitations en vrai carburant pour reprendre en mains ses ambitions. Son ego flatté, il devenait presque inarrêtable, et c’était ce sur quoi Evie voulait se concentrer ce soir. Elle aimait le voir dans son élément, elle aimait que l’attention qu’on lui offrait lui fasse du bien au point de transformer l’expression qu’il avait sur le visage, elle aimait surtout qu’on lui donna la possibilité de s’impliquer autant dans quelque chose d’aussi important pour lui, prenant en compte son avis, lequel n’avait certes pas pesé suffisamment lourd dans la balance pour se cantonner au script d’origine, mais elle avait confiance au jugement qu’on l’avait autorisé à apporter au projet pour nourrir la certitude farouche que ce serait un succès. C’était important pour Rhett que ça le soit, le gardant sur la bonne lancée qu’il semblait avoir pris depuis quelques temps, et qui le rendait de nouveau responsable de tout ce qui lui arrivait, et ce dans le bon sens. Qui savait ce que ce film pourrait faire naître comme ambition chez lui ? Son addiction l’avait éloigné des plateaux pendant un certain temps, aussi peut-être qu’après ça, on lui ferait à nouveau confiance pour se consacrer à ce qu’il savait faire de mieux depuis la fin de sa carrière d’athlète ? Tout était ouvert, et les perspectives étaient assez enthousiasmantes pour qu’Evelyn y croit avec conviction, prête à le soutenir quoi qu’il déciderait de faire après l’exploitation de ce film qui faisait l’événement ce soir.

Ils s’arrêtèrent à bonne distance du tapis rouge, attendant sagement que la place se libère pour de bon, occasion toute trouvée pour Evie pour prendre la température auprès du jeune homme et s’étonner sans vraiment le faire qu’il ne veuille pas se joindre au reste de l’équipe après la projection histoire de célébrer leur succès. Il mentionna Mabel comme argument ultime à son envie de passer son tour, ce à quoi Evie réagit avec pragmatisme "Vous avez réussi à ne pas vous étriper durant le tournage, j’avais bon espoir que vous en soyez capables ce soir aussi." Mais en vérité, ça lui importait peu. Elle n’avait jamais rencontré la jeune femme, et  elle n’en avait pas particulièrement envie de toute façon. Elle faisait partie de ces personnes à qui sa bienveillance voulait laisser le bénéfice du doute, mais le point de vue de Rhett à son sujet l’empêchait de rester totalement neutre. Elle avait sans doute tort, mais ce n’était un secret pour personne : Evie avait toujours choisi le camp de Rhett, quoi qui lui en coûtait. Sa main dans la sienne, elle la serra légèrement plus fort, ses yeux s’ouvrant plus grands quand il lui demanda en retour si elle voulait participer au dîner avec l’équipe "Non, je peux m’en passer, moi aussi. En revanche, tu devrais envisager de remercier toute l’équipe à un moment où un autre, Megan en particulier." lui conseilla-t-elle, ne doutant pas qu’il y était allé de son petit commentaire pour remercier tous ceux impliqués dans l’élaboration de ce projet, mais certainement pas de façon personnalisée. Sa tête s’inclinant juste un peu pour retenir une rebuffade hypothétique de la part de Rhett, elle continua "Elle mérite que tu lui fasses livrer des fleurs au moins. Je peux m’en occuper, mais tu rédigeras la petite carte qui ira avec." Deal ? semblait dire le regard qu’elle lui accorda en passant, un sourire lui échappant en même temps. La jeune femme serait son double jusqu’à la fin des temps, et bien qu’Evie la soupçonnait de ne pas avoir besoin de la reconnaissance de l’homme dont son personnage s’était inspiré pour vivre sa vie, un petit geste de ce dernier lui donnerait au moins la certitude d’avoir fait les choses comme il le fallait "Et si le film est bon, est-ce que tu répondras aux journalistes ?" En tout cas elle, elle mit un point d’honneur à lui faire savoir que "Je ne comptais donner mon avis à personne d'autre qu’à toi, rassure-toi." Bon ou mauvais, elle rentrerait dans une analyse complète s’il le souhaitait, autrement ils pourraient rapidement passer à autre chose si c’était nécessaire pour que Rhett accuse le coup de ce qu’il aura vu ; que ce soit en bien ou mal d’ailleurs, elle imaginait que voir sa vie étalée de cette façon avait des effets indésirables qu’elle était prête à l’aider à surmonter sans aucune espèce d’hésitation.

Il n’avait même pas besoin de deux minutes supplémentaires pour en discuter. Se retrouvant au milieu du tapis rouge, ils jouèrent le jeu avec l’aisance des habitués. C’était tout de même toujours étrange comme procédé, et bien que Rhett savait parfaitement quoi faire pour rendre fous les photographes, le prouvait le baiser qu’il lui donna et qui affola les flashs qui lui firent plisser les yeux quand elle tourna de nouveau la tête vers eux, Evelyn désigna d’un doigt pointé vers plusieurs objectifs le meilleur angle où poser leurs regards pour que les clichés soient parfaits. Ils le seraient sans nul doute, il n’y avait pas de crainte à avoir à ce sujet "Tu peux toujours apprendre, il existe des cours pour ça." lui souffla-t-elle avec un sourire en biais lorsqu’ils s’éclipsèrent du tapis rouge en remerciant le cordon de photographes pour retourner à leur discussion. Elle savait qu’il ironisait, elle ne put cependant s’empêcher d’ajouter "Quoi que tu décideras de faire à la suite de tout ça, j’accepterais toujours de passer l’épreuve du photocall avec toi." Même si je déteste ça, se retint-elle de dire, préférant le lui affirmer en lui volant un baiser rieur, une main se posant contre sa poitrine après s’être approchée de lui "Tes parents vont venir ?" finit-elle par lui demander en relevant la tête, se reculant de devant lui juste pour se replacer à ses côtés et lui reprendre la main en même temps.

"Vous avez réussi à ne pas vous étriper durant le tournage, j’avais bon espoir que vous en soyez capables ce soir aussi." Il est dramatique puisqu’il a appris à cohabiter avec Mabel sans trop de mal depuis quelques petites années et, bien que cela ne soigne pas les blessures du passé, cela a au moins le mérite de ne pas en créer davantage. Le lien avec Mabel n’est plus ce qu’il a été, et loin de là, mais ils peuvent se croiser sans se tuer, même si Rhett aurait aimé dire quelque chose comme “le sang me va mal au teint”. Pour avoir été amoché sur de (trop) nombreuses photos prises durant les matchs, il sait au contraire que le carmin lui va bien au teint et lui donne un petit air de l’adolescent rebelle qu’il a un jour été. "Non, je peux m’en passer, moi aussi. En revanche, tu devrais envisager de remercier toute l’équipe à un moment où un autre, Megan en particulier." Le regard qu’il partage avec sa petite-amie lui fait comprendre qu’ils ne sont pas sur la même longueur d’onde ou, qu’en tout cas, il ne comprend pas ce qu’elle tente de lui dire avec ces quelques mots. "Elle mérite que tu lui fasses livrer des fleurs au moins. Je peux m’en occuper, mais tu rédigeras la petite carte qui ira avec." Un grognement s’occupe de lui répondre pour le moment. L’idée ne l’enchante pas et il ne comprend pas pourquoi Megan devrait avoir le droit à un traitement de faveur uniquement parce qu’elle a fait son travail et qu’elle a gracieusement été payée pour. Elle se forge une réputation sur son dos et sur sa propre histoire, et il devrait en plus de ça la remercier par des fleurs et un mot personnalisé ? Pour l’heure, l’idée le rebute un peu trop pour qu’il veuille accepter l’idée de bon cœur. « On verra. » Il finira par accepter, parce qu’Evelyn est bien plus douée dans la négociation qu’il n’est buté, mais son ego refuse de céder aussi simplement et rapidement. N’en reste pas moins que la finalité reste inchangée.

"Et si le film est bon, est-ce que tu répondras aux journalistes ?"
« Evidemment. »

Il répond avec un sourire de premier de la classe, ce qui est un indice supplémentaire dont elle n’avait sûrement pas besoin: il adorera répondre à toutes les questions des journalistes si le projet est une réussite et qu’il peut en tirer un peu plus de gloire encore. Dans le cas contraire, cela l’intéresse évidemment bien peu. Seul l’avenir le leur dira après la projection, mais avant cette dernière se trouve encore le besoin de passer sur le tapis rouge devant le flash des appareils. Bien qu’il le fasse surtout pour lui et pour flatter son ego, Rhett est tout de même particulièrement heureux de pouvoir partager l’instant avec Evelyn et ainsi pouvoir montrer leur couple au reste du monde. Après tout ce qu’ils ont traversé, ils méritent bien ça.

Devant les caméras, il partage avec elle un baiser autant qu’une boutade, ce qui résume aussi les moments qu’il passe avec elle lorsqu’il n’y a personne pour les voir. "Tu peux toujours apprendre, il existe des cours pour ça." Main dans la main, ils laissent déjà la place à d’autres sur le tapis rouge. Le cœur de Rhett se serre doucement, parce qu’il ne sait pas quelle pourrait être une autre occasion le menant à nouveau sur le devant de la scène. Il pourrait prendre des cours comme bien d’autres avant lui, oui, mais la simple idée de commencer au bas de l’échelle n’est en rien pour lui plaire: il veut être parfait dans tout ce qu’il entreprend, et ce dans la seconde. "Quoi que tu décideras de faire à la suite de tout ça, j’accepterais toujours de passer l’épreuve du photocall avec toi." - « Si ça c’est pas une preuve d’amour. » Il reprend dans un sourire, lequel ne faiblit pas lorsqu’Evie l’embrasse rapidement. "Tes parents vont venir ?" Il hoche la tête. Evidemment, oui, ils n’ont pas pu s’en empêcher. Ils ne savent pas laisser leur tout petit garçon de quarante ans à un événement seul. « Je leur ai dit qu’on serait sans doute très occupé, si tu veux pas avoir à passer la soirée avec eux. » Maintenant, elle sait à quel point la mère de Rhett est aussi bienveillante que étouffante, et il a anticipé cette dernière idée en leur préparant en amont quelques excuses. « Et si jamais la question arrive: ils ne savent pas encore qu’on vit ensemble. » Ce qui sous-entend sans doute qu’ils savent tout aussi peu qu’ils ont un projet bébé, parce que Rhett est le premier à vouloir partager ses espoirs et rêves avec Evelyn mais il peine à en faire autant avec sa famille et ses proches. Face à eux, il veut au moins avoir une preuve à leur présenter ; un début de quelque chose. « Tu veux qu’on aille trouver les meilleures places ? » Il propose, pour les faire avancer lentement mais sûrement à l’intérieur de la salle de projection. L’équipe du film fera un petit discours mais il n’en est rien de lui, raison pour laquelle ils peuvent déjà s’installer. « T’as le droit de me frapper si je souffle trop pendant le film. » Il n’a rien vu de ce dernier et le regrette particulièrement ce soir. « Mais sache aussi que j’ai déjà dormi dans ce cinéma, et les sièges y sont particulièrement confortables. » Tout dans son sourire lui fait comprendre que si elle veut avoir accès aux trucs et astuces, elle devra faire de son mieux pour préserver la petite peau devenu fragile et coquette de Rhett.

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"Tu le feras." Loin d’elle l’idée d’être directive. Elle ne l’était pas dans la vie privée au contraire de la vie professionnelle où elle gérait son monde à la baguette avec bienveillance et douceur d’accord, restait qu’elle avait plus de pouvoir qu’elle n’en avait jamais eu jusqu’alors et qu’il n’était pas difficile de réaliser qu’elle était bien plus redoutable que le laissait supposer son sourire et ses manières de duchesse. Pour ce genre de chose néanmoins, Rhett avait besoin qu’on le pousse un peu. Megan avait certes été gracieusement payé pour jouer son rôle, et la notoriété qu’elle en tirerait serait réelle, quoi qu’elle déciderait d’en faire, mais elle avait donné de son énergie durant tout le tournage, et Evie savait que ce n’était pas de tout repos de se plonger dans la tête d’un homme comme Rhett Hartfield. Alors, loin d’elle l’idée d’être directive en effet, elle se permettait cependant d’insister pour que la jeune femme se sente appréciée à sa juste valeur, bien qu’encore une fois, ce n’était pas difficile de savoir qu’elle n’avait pas besoin de ça — et ce n’était pas une critique, bien loin de là. Seulement, les petits gestes, ça comptait, n’en déplaise à Rhett qui ronchonnait à ses côtés bien qu’il finirait par accepter de griffonner quelques mots sur cette carte qu’Evelyn lui mettrait sous le nez à un moment donné.

Il n’était pas question de ça sur l’instant, plutôt de profiter de celui qui lui était dédié indirectement. Même si le film ne citait pas son nom autrement que pour rappeler qu’il s’agissait d’une adaptation de ses mémoires, cette soirée tournait autour de lui et de l’homme qu'il était, aussi ça la ragaillardissait d’avoir le feu des projecteurs braqués droit sur lui. Il se comportait en conséquence, son charme naturel ne jurant pas avec celui d’Evie qui le complétait sur bien des points, leurs différences formant un équilibre qu’ils avaient enfin trouvé pour avancer dans la bonne direction. Dans quelques minutes à peine, leur passage sur le photocall de la première ferait les gros titres et personne ne se désolerait de les voir sincèrement heureux. Peut-être qu’il y aurait des questionnements sur ce que l’un trouvait à l’autre, mais ce serait vite balayé par l’aura qu’ils dégageaient et qui rendaient envieux ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir trouvé leur personne. Rhett était celle d’Evie, elle était prête à endurer ce qu’elle détestait le plus pour lui, et elle ne s’en cachait pas, surtout pas ce soir, battant des cils à la mention de ce que ça voulait dire de l’amour qu’elle lui portait et qu’elle ne nia pas, l’affirmant même par un baiser qu’elle déposa sur le dos de sa main lorsqu’ils reprirent leur chemin vers la salle de projection "Et pourquoi je ne voudrais pas passer la soirée avec eux ?" fit-elle dans un rire qui se termina par un sourire sincère, loin d’être rebutée par la présence des parents Hartfield "J’ai vraiment hâte d’entendre ta mère me raconter que tu étais destiné à ce genre d’avenir, et qu’elle a toujours su que tu finirais par devenir la vedette d’un film qui retrace ta vie." Elle grossissait le trait avec sarcasme, confiante quant à ce qu’elle avançait là parce que c’était comme ça que toutes les mamans réagissaient quand leurs enfants passaient ce genre de palier, non ? Son sourire la quittant juste un instant, et ce uniquement pour se concentrer sur le chemin qu’ils prenaient, elle opina à ce qu’il ajouta à propos de son emménagement récent "Est-ce que je dois garder le secret, ou je suis autorisée à vendre la mèche ?" Elle ne le ferait pas. Evie se connaissait assez pour ne pas douter un instant de sa capacité à avoir la langue qui fourche, mais ne jamais dire jamais et se préparer un alibi au cas-où, c’était sa façon de procéder "D’ailleurs, je pensais accélérer un peu le mouvement au sujet de ce dîner dont on a parlé, et les inviter bientôt. Alors c’est comme tu veux ; soit on prépare le terrain dès maintenant, soit on les surprend en leur ouvrant la porte quand ils viendront." Et elle parlait bien que de cette nouvelle là, pas d’une autre qui n’en était encore qu’au stade d’essai nombreux certes, ce genre de détails n’avait pas besoin d’être partagé avec toute la famille, que ce soit celle de Rhett ou la sienne. Elle tourna la tête vers l’entrée de la salle de projection lorsqu’il lui demanda si elle voulait qu’ils aillent chercher les meilleures places, et sa mine se renfrogna presque adorablement "Ne me dis pas qu’ils ne t’ont pas déjà réservé les meilleures places ? L’organisation de cet évènement est une catastrophe." s’entendit-elle critiquer tout bas, ses sourcils se fronçant quand elle songea que c'était tout de même de Rhett qu'il s’agissait au travers des images qu’ils verraient ce soir, et qu’il aurait dû être traité à sa juste valeur en étant installé avec l’équipe du film, pas comme un spectateur lambda ; c’était peut-être bien la petite-fille riche qui parlait sur l’instant, ou plutôt l’organisatrice acharnée qu'elle avait été durant un nombre incalculable d’année. Toujours est-il qu’au fond, ça l’agaça un peu que les détails soient aussi mal organisés.

Ils rentrèrent tout de même. La tête d’Evie bascula doucement en arrière pour écouter ce que Rhett lui disait en même temps. Elle eut un léger rire "Je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas eu le droit à une projection privée avant sa sortie, ça t’aurait laissé l’opportunité de travailler tes réactions en public." Et donc de ne pas souffler trop fort devant la découverte de son histoire interprétée par d’autre. Sa main toujours dans la sienne, Evie tenta de les faire se frayer un chemin en haut des marches en velours de la salle de projection, puis elle marqua un temps d’arrêt devant son compagnon pour le dévisager avec soin avant de s’approcher plus près encore et de l’embrasser à nouveau durant une seconde ou deux — plutôt trois, profitant de l’agitation autour pour s’autoriser un peu d’impudeur. Quand elle se recula, son nez cogna doucement contre le sien, elle elle lui souffla sur le ton de la confidence et de la complicité "Tu n’as qu’un mot à dire si tu veux t’en aller." Ils n’avaient pas encore choisi leur safe word, mais elle se contenterait d'un c'est trop pour moi, on s’en va si ça l’était pour Rhett — ça faisait plus d’un mot, tant pis. Il avait joui de l’attention générale grâce au tapis rouge, grâce au photocall, s’il ne voulait pas subir l’épreuve de la projection, elle serait sa complice "Je suis sérieuse. Tu feras valoir ton droit à la projection privée si tu veux t’en aller maintenant." insista-t-elle, en laissant l’une de ses mains se poser dans l’espace entrouvert de sa chemise.

"Tu le feras." Il n’aime pas être dirigé, jamais. Même sur le terrain, il a toujours eu le don de rendre fous coachs et capitaines. Face à Evelyn, et dans cette situation bien précise, il se surprend lui-même à apprécier l’ordre plutôt qu’à le repousser. Il le pousse même à esquisser un sourire en coin, trouvant ainsi à sa compagne ce petit quelque chose de particulièrement charmant qui lui donne de nombreuses idées de commentaires, lesquels auraient pu exister s’il n’y avait pas trop de risques de micros sensibles ici et là. Il le fera, donc. Si ça peut lui faire plaisir, après tout, l’idée ne le débecte qu’à moitié, ce qui n’est pas si terrible.

"Et pourquoi je ne voudrais pas passer la soirée avec eux ?"
« Parce que ce sont tes beaux-parents ? »

Et que par définition, ils sont surtout à leur place lorsqu’ils sont chez eux et qu’ils ne distillent pas des conseils à tout va sur la vie de couple, de famille, ou Dieu sait quoi encore ? Non ? Rhett n’a jamais eu de véritable problème avec ses beaux-parents, mais il n’a jamais cherché à nouer de lien particulier non plus, ainsi c’est l’idée qu’il s’en fait et aussi l’idée qu’il pensait être très largement généralisée. "J’ai vraiment hâte d’entendre ta mère me raconter que tu était destiné à ce genre d’avenir, et qu’elle a toujours su que tu finirais par devenir la vedette d’un film qui retrace ta vie." D’accord, peut-être qu’elle n’a pas si peu envie que ça de passer la soirée en compagnie de ses parents. Rhett étire un sourire amusé, inspiré par les mots qu’elle attribue artificiellement à sa mère, lesquels elle aurait très bien pu prononcer sans le moindre mal tant elle est fière de tous les rejetons qu’elle a pu enfanter. Il ne serait pas étonné qu’elle note encore les accomplissements de chacun dans un carnet, lesquels commencent tous par le jour où ils ont commencé à balbutier quelques mots étant enfants. "Est-ce que je dois garder le secret, ou je suis autorisée à vendre la mèche ?" Au sujet de leur emménagement ensemble, il marque la négation sans hésiter un seul instant, avec un calme qu’on ne lui connaît pas souvent. « Je leur en ai pas parlé parce que le sujet s’est pas vraiment présenté, mais c’est pas un secret. » Alors si elle veut vendre la mèche, il ne l’en empêchera pas, et il ne voit d’ailleurs pas le mal à ça. "D’ailleurs, je pensais accélérer un peu le mouvement au sujet de ce dîner dont on a parlé, et les inviter bientôt. Alors c’est comme tu veux ; soit on prépare le terrain dès maintenant, soit on les surprend en leur ouvrant la porte quand ils viendront." - « Ils sont pas compliqués, les deux les rendraient heureux. » Qu’ils leur fassent la surprise ou non, ses parents accueilleront la nouvelle avec la même bienveillance, et pour cause: ils adorent Evelyn. Sa mère, surtout, qui ne tarit pas d'éloges à son égard. Elle se plaint surtout de ne pas voir assez la fiancée de Ruben, alors la voilà qui a trouvé en Evelyn une nouvelle fille d’adoption faisant parfaitement l’affaire. « Mais j’ai peut-être quelques fautes à rattraper, alors le plus tôt pourrait être le mieux. » Certes, certes, il a été un peu bougon lors de leur Noël passé en famille et même si ses parents n’en disent guère plus, il sait qu’il a quelques fautes à se faire pardonner et ramener un brin d’attention ailleurs ne pourrait pas être une mauvaise idée. « Tu veux t’en charger ? » Il le propose parce que l’idée semble lui tenir à cœur et qu’il ne voudrait pas lui couper l’herbe sous le pied, surtout pas alors qu’ils semblent être à nouveau sur une belle lancée, eux deux.

Surtout, leur discussion permet d’éclipser un instant l’organisation de la soirée, jugée catastrophique par la femme à ses côtés, laquelle s’y connaît particulièrement dans le domaine. "Ne me dis pas qu’ils ne t’ont pas déjà réservé les meilleures places ? L’organisation de cet événement est une catastrophe." L’entendre se plaindre n’est pas dans ses habitudes, si bien que ce commentaire éveille un sourire particulièrement amusé sur les lèvres rosées de l’australien. Il dégage sa main, jusque-là lovée dans la sienne, pour la passer contre sa hanche et l’attirer doucement contre lui et ainsi embrasser sa tempe rapidement. « C’est un cinéma modeste. » Rien de grandiose, rien d’immense. Ils n’ont sûrement pas l’habitude de gérer ce genre d’événement, ce qui peut expliquer les maladresses et absences d’organisations à certains moments. Pour autant, cela ne gâche rien du résultat final, ni même de l’humeur générale. "Je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas eu le droit à une projection privée avant sa sortie, ça t’aurait laissé l’opportunité de travailler tes réactions en public." Sa main retrouve la sienne alors qu’ils se fraient un chemin à travers les rangées de sièges rouges. « C’est au moins l’avantage d’une salle sombre. » Personne ne l’observera en direct, lui et son incapacité à mentir ou à feindre quoi que ce soit (mis à part l'innocence). Ses pas s’arrêtent lorsque son regard croise celui d’Evie et qu’elle en profite pour initier un baiser moins chaste et rapide que les précédents, ce que Rhett ne lui refuse évidemment pas. Il prolonge les secondes à ses côtés et garde la proximité de leurs visages lorsqu’elle en profiter pour murmurer quelques mots. "Tu n’as qu’un mot à dire si tu veux t’en aller." Il perd un instant son regard dans ses yeux, reconnaissant de la chance qu’il a de toujours l’avoir à ses côtés malgré tout ce qu’ils ont vécu. « On lui laisse une chance. » Ils ne partiront pas de suite. Plus tard, peut-être. Pour ça, il ne promet rien. Mais pour ce qui en est de l’instant présent, ils ont encore le temps d’aviser, quand bien même le choix de siège de Rhett se porte sur une fin de rangée qui leur permettrait de s’éclipser sans trop se faire remarquer.

A peine assis, il retrouve le contact avec sa peau en posant sa main à l’intérieur de la cuisse de la brune. « Tu me le dirais si tu voulais que je sois présent pour des événements à la MHI ? » Il a participé quelques fois à ce qui touche la Fondation, donc pour ça il ne pose pas la question et sait déjà qu’elle connaît la réponse. Pour son nouveau rôle, pourtant, ils ne se sont encore jamais montrés ensemble, alors il profite qu’elle soit présente pour lui pour lui rappeler que l’inverse peut tout autant fonctionner. Il n’aime pas l’idée d’être le compagnon de mais comprend sans mal que ça pourrait aider Evie à bien des niveaux, tant professionnels que simplement personnels, et il ne rechignerait jamais à la soutenir publiquement.

there's a version of life i want
@Rhett Hartfield ☆ crédit/ssoveia

"Seulement en théorie." En pratique, les parents Hartfield n’étaient que les parents Hartfield. A moins d’avoir raté un épisode, aucune bague au doigt de l’un ni de l’autre n’attestait le fait qu’effectivement, ils étaient les beaux-parents d’Evie. Appelez-la trop traditionnelle si vous voulez, mais après avoir durant des années traînée dans le monde très codé des unions maritales, elle savait à quel point accorder les bons termes aux bonnes situations étaient importants. Pour l’heure, donc, les parents Hartfield n’étaient pas ses beaux-parents, et peut-être même qu’ils ne le deviendraient jamais vraiment si Rhett et Evelyn s’obstinaient à ne pas vouloir se marier — ils trouveraient une façon de faire tout comme, en attendant cependant, elle pouvait encore prétendre ne pas vouloir rentrer dans le cliché de l’amoureuse qui ne supporte pas les parents de son cher et tendre. C’était une contre-vérité, elle appréciait particulièrement la mère de Rhett, et elle ne s’en était jamais cachée, bien que sur l’instant, elle se permettait un peu de sarcasme en songeant à la ritournelle qu’elle serait tentée de lui murmurer quand elle se rendrait compte de ce que son rejeton avait accompli.

Leur emménagement n’était pas un secret à préserver, et c’était tant mieux "Parfait, je n’avais pas envie que ça en soit un." Ça aurait été ridicule à ce stade, et parce que les derniers mois avaient été compliqués pour eux, elle ne se sentait pas les épaules de montrer au monde que ce n’était plus le cas : qu’ils avaient tourné la page sur une toute neuve, déterminés à écrire la suite de leur histoire ensemble. Elle eut un sourire, se voyant déjà préparer la maison pour les accueillir comme il se devait, et passer du temps à profiter de la belle vue que leur offrait l’espace qu’Evie avait aménagé avec goût. Elle était fière de cette maison, elle voulait en faire un cocon où ses proches se sentiraient bien, et ça comptait les Hartfield qui n’étaient pas uniquement constitués que des parents de Rhett. Elle lui demanda "Est-ce que tu veux inviter ton frère et ta soeur ?" Que ce soit avec l’un ou l’autre, l’entente n’était pas au beau fixe en ce moment — il y avait bisbille entre Ethel et Rhett et entre Evie et Ruben. Elle précisa "Je te le demande par politesse, mais ce n’est pas une obligation. Si tu préfères qu’on se retrouve que tous les quatre, je ne compte pas insister." En d’autres termes, elle était déjà parée à se charger de tout ce qu’impliquait de recevoir les parents Hartfield. Elle confirma tout de même "Je m’occupe de tout." De glisser l’idée ce soir, de faire suivre demain ; Rhett n’aurait à penser à rien, si ce n’est à mettre le barbecue en route, et à se faire pardonner ses fautes auprès de ses parents qu’elle savait plutôt faciles à attendrir.

Tout se passerait bien, exactement comme ce soir. A défaut de l’organisation bancale qu’elle dénota en en s’avançant avec Rhett vers la salle de projection, elle voulait croire que rien ne pouvait ruiner cette soirée prometteuse. La tendresse qu’ils avaient l’un envers l’autre n’était pas retenue, le baiser sur la tempe qu’Evie recevait de la part de Rhett pour adoucir sa frustration face à l’organisation lui donna envie d’un vrai baiser qu’elle accompagna d’une proposition de fuite qu’elle lui faisait pour alléger son coeur et lui faire entendre qu’il n’était obligé de rien. Elle assurait ses arrières, et ne lui lâcherait pas la main s’il voulait aller au-delà de ce qu’on attendait de lui. Mais Rhett était courageux, et la réponse qu’il lui offrit la rendit fière que, malgré les préjugés qu'il semblait avoir au sujet du film, il veuille tout de même lui laisser une chance. Elle marqua son sentiment d’un nouveau baiser appuyé, le suivit juste après en lui disant "C’est parti."

Il y avait cependant encore un peu d’attente avant que la projection ne commence. Elle s’installa avant Rhett, notant son choix de sièges avec un petit sourire quand elle réalisa qu’ils se situaient en toute fin de rangée, et amarra ses doigts aux siens qui se posèrent sur sa cuisse quand, assis, ils furent priés comme le reste de la salle de patienter encore un peu avant que la projection débute enfin. Ce temps de latence laissa au jeune homme l’opportunité de lui poser une question à laquelle elle ne s’attendait pas, et qui lui fit d’abord froncer les sourcils tandis que ses doigts s’intercalaient naturellement entre les siens, la chaleur de sa paume à l’intérieur de sa cuisse étant une bonne ancre, mais aussi une invitation à des pensées moins chastes que celles qu’elle se somma d’avoir quand elle tourna de nouveau la tête vers lui — focus, Evelyn "Pourquoi tu me poses cette question ?" Avec douceur, elle lui sourit, sa tête basculant légèrement en arrière, sans pour autant quitter son regard du sien quand malicieusement, elle ajouta "Tu me le dirais si tu ne voulais pas être présent pour des événements à la MHI ? Je comprendrais, la plupart de mes associés ne sont pas aussi amusants que le casting de ton film." Elle plaisantait, mais puisque ça semblait être une vraie source d’interrogation du côté de Rhett, elle reprit son sérieux pour lui assurer, sans ciller "Il n’y a pas un monde où je refuserais que tu m’accompagnes à ce genre d’évènement. Tu es mon meilleur soutien, je te veux à mes côtés." Même s'il avait peut-être trouvé précipité son ascension à la tête de la MHI, il n’en avait jamais rien dit, l’encourageant plutôt à admettre qu'elle avait les épaules pour supporter un poids pareil. Elle lui rappela "On est ensemble. Que ce soit pour les bons ou les mauvais événements, je ne compte pas te laisser sur la touche — hé, référence sportive, tu vois un peu comme je m’améliore ?" Et elle le disait avec une fierté presque enfantine, elle qui s’appliquait souvent à faire comme si son héritage ne comptait pas pour elle, traumatisée pour ce qui était arrivé à son père. Là, elle en plaisantait pour dérider Rhett qu’elle sentait fébrile, sans savoir si ce n’était que parce qu’il était nerveux à cause de ce qu’il allait voir sur grand-écran, ou s’il couvait autre chose qu’elle était prête à soigner sans réfléchir, lui volant un autre baiser en se mouvant sur son siège pour pouvoir atteindre et poser une main sur son visage.

"Est-ce que tu veux inviter ton frère et ta soeur ?"
« Pas pour le moment. »

Il sait qu’elle veut une réponse franche de sa part, et même si ça n’avait pas été sa requête c’est de toute façon ce qu’il lui aurait offert. Il n’a aucune envie d’une soirée avec Ethel ou bien avec Ruben, et certainement pas avec les deux ensemble. Il souhaite garder un bon souvenir de la première soirée de ses parents chez eux, et cela implique l’absence du reste de la fratrie. Quand tout ira mieux, tôt ou tard, ils seront à leur tour invités. Du moins, cela ne fait que peu de doutes pour Ethel. Pour Ruben, c’est une autre histoire, parce qu’Evelyn nourrit de nombreux reproches à son égard et Rhett ne sera pas celui jouant le médiateur entre eux. Rapidement, le sujet se trouve clôturé. Evelyn s’occupera de tout, il ne s’en fait pas, et la vie continue.

Leurs pas les mènent sur des sièges en bout de rangée. Dans l’attente du début de la projection, Rhett parle avec son cœur au moment de lui demander si, en retour, elle aurait envie de le voir participer à ses côtés aux événements de Michael Hills. "Pourquoi tu me poses cette question ?" - « Parce qu’elle me vient à l’esprit vue le contexte. » Aussi simplement que cela. Il n’y a pas réfléchi pendant des semaines avant d’enfin oser se lancer et la poser ; cela n’a rien à voir avec ça. L’idée lui a traversé l’esprit et, presque aussitôt, elle s’est muée en mots. "Tu me le dirais si tu ne voulais pas être présent pour des événements à la MHI ? Je comprendrais, la plupart de mes associés ne sont pas aussi amusants que le casting de ton film." Et si jusque là l’écran noir avait toute son attention, ce n’est plus le cas à présent alors qu’il pose son regard en direction de la brune. « Non, c’est pas ce que je dis. Ca me plairait, au contraire. » Il ne tuerait pas pour être à ses côtés lors d’événements du genre, mais si elle pense qu’elle pourrait avoir besoin d’une ombre et d’une personne avec qui partager ses pensées les plus sombres, il peut être là. Il a des costumes à foison, après tout. Si l’idée lui plaît bel et bien, il refuse de faire la manche pour obtenir une attention médiatique. "Il n’y a pas un monde où je refuserais que tu m’accompagnes à ce genre d’événement. Tu es mon meilleur soutien, je te veux à mes côtés." Sa prise contre sa cuisse se raffermit doucement et il dégage son pouce pour caresser sa peau au travers du tissu. Elle est son meilleur soutien aussi. Lors d'événements de presse, oui, mais aussi et surtout en dehors, dans leur vie privée, dans la vie purement personnelle et chaotique de Rhett. Elle est son meilleur soutien. « Je viendrai que si tu le juges utile. » Cela ne ferait pas de sens qu’il soit présent à chacun d’eux, et elle ne peut pas l’inviter uniquement pour lui faire plaisir. Ils ont besoin de faire leur part des choses, et Rhett ne doute pas qu’ils y arriveront sans le moindre mal. "On est ensemble. Que ce soit pour les bons ou les mauvais événements, je ne compte pas te laisser sur la touche — hé, référence sportive, tu vois un peu comme je m’améliore ?" Son amusement est éclipsé par le nouveau baiser qu’ils partagent mais il n’en est pas moins existant pour autant. « Je suis fier de toi. » qu’il murmure finalement, tant pour la référence sportive que pour bien d’autres choses encore. Il est fier d’elle, et il est fier de l’avoir à ses côtés ce soir et tous les autres qui suivront aussi - parce qu’ils vivent ensemble, enfin, et que s’organiser pour se voir n’est plus un problème de leur quotidien. Finalement, les lumières s’éteignant le fait se demander si c’est le signal pour coller à nouveau son dos contre son siège ou pour initier un nouveau baiser un peu plus poussé avec Evelyn. La première option gagne la première manche, au moins parce qu’il souhaite donner une chance au film dont les premières images et son se présentent à l’écran. Ce qu’il fera ensuite n’est pas une question qu’il souhaite épiloguer dans son esprit pour le moment, sans doute parce qu’une partie de celui-ci est occupé à étudier chaque seconde d’une œuvre mettant en scène sa propre vie.