Le sport avait toujours occupé une place centrale dans la vie de Louis. Enfant, il était son exutoire. Un échappatoire qui lui évitait de retourner la maison familiale du sol au plafond avec son trop plein d’énergie. Une bouffée d’air qui l’empêchait d’étouffer entre quatre murs. Au départ, peu importait le sport, tant qu’il pouvait courir - sauter - lancer. Puis il avait découvert le rugby, et c’était comme si toute son énergie s’était concentrée pour pouvoir progresser dans ce sport en particulier. Il n’était ni le plus impressionnant physiquement, ni le plus doué techniquement, mais son assiduité et sa motivation aidèrent sa progression. Même s’il n’en avait pas vraiment de souvenirs, Louis supposait que sa pratique sportive n’avait pas tellement faibli au début de sa vie d’adulte, puisqu’il avait eu la condition physique nécessaire pour s’engager dans l’armée ensuite. L’autorisation de reprendre le sport, après sa convalescence, avait donc été un soulagement pour lui. Il avait fallu recommencer en douceur. De la marche, d’abord, et du renforcement musculaire, après que ses muscles aient fondu comme neige au soleil à cause des longues journées passées immobiles sur un lit d'hôpital. Il se souvenait avec une clarté étonnante de la première fois où son médecin l’avait autorisé à courir - un tour de piste, pas plus - et du sentiment qui l’avait saisi lorsqu’il avait senti le vent lui fouetter le visage. Le sentiment de renaître. Le soulagement d’expérimenter de réels progrès, enfin, alors que sa mémoire restait désespérément vierge. L’espoir que le futur lui réserve d’autres belles surprises, alors qu’il avait cédé plus d’une fois aux angoisses qui tentaient de lui faire croire que sa vie était derrière lui et qu’il n’en avait plus aucun souvenir.
Après son retour à Brisbane, Louis avait progressivement intégré la course à pied dans son quotidien. Trois à quatre matins par semaine, il enfilait des chaussures de running qui commençaient à s’user et partaient à l’assaut des rues de la ville, encore engourdies par la nuit qui s’achevait à peine. Campese l’accompagnait parfois et ils faisaient souvent un détour par un café avant de rentrer. Louis courait sans prétention, simplement reconnaissant de pouvoir le faire, après avoir longtemps cru que chaque geste ne pourrait être que synonyme de douleurs. Il courait sans prétention, mais aujourd’hui était une journée différente des autres. D’abord, il avait troqué sa course matinale pour un horaire inhabituel, et surtout, son esprit de compétition avait fait un retour remarqué. Parce qu’aujourd’hui, Louis ne courait pas seul et qu’il était déterminé à montrer à la personne qui l’accompagnait qu’il n’avait pas perdu toute sa condition physique.
Comme à chaque fois qu’il enfilait ses chaussures sans sortir le harnais, Campo lui tourna le dos et s’en alla bouder dans le coin opposé de la pièce, ce qui lui fit lever les yeux au ciel sans pouvoir effacer le sourire tendre de son visage. « Désolé mon gros, c’est du sérieux aujourd’hui. » Louis ne s’attarda pas davantage et rejoignit le point de rendez-vous en marchant à une allure raisonnable. Un coup d'œil à sa montre lui confirma qu’il était en avance, et il en profita pour chercher du regard un visage familier. Ce fut plus facile que prévu, puisque la personne en question était légèrement plus grande que la majorité des coureurs réunis cet après-midi là. Louis se glissa donc jusqu’à être dans le dos de Ruben, puis se racla la gorge pour attirer son attention. « Prêt à admettre ta défaite ? » Leurs échanges de messages quelques jours auparavant avaient permis à Louis de mettre de côté l’entremêlement d’émotions que leur dernière rencontre avait fait naître en lui. Bien trop de questions restaient encore sans réponse, mais il n’était pas contre les mettre de côté un instant pour se concentrer sur les railleries qui lui venaient si naturellement lorsqu’il échangeait avec le neurochirurgien. C’était un territoire moins bouleversant que l’avaient été ses révélations.
Ruben Hartfield
le problème à trois corps
ÂGE : trente-deux ans (04.12). SURNOM : (rhube) ben. STATUT : nina et lui se sont dit 'oui' à l'abris des regards le 15 janvier - elle s'attendait au meilleur, il lui a offert le pire. MÉTIER : neurochirurgien exerçant au st vincent’s hospital, doit encore faire ses preuves auprès des grands malgré sa tendance à se penser déjà meilleur que bien d'autres. aspire à se spécialiser en neurotraumatologie sur les années à venir. met ses connaissances au service de la fondation pearson depuis plusieurs années. LOGEMENT : passe en coup de vent au #404 water(melon sugar) street, spring hill, pour nourrir les chats mais n'arrive pas à y retourner de façon pérenne en sachant qu'elle n'y met pas les pieds (et en sachant qu'on pourrait trop facilement le trouver pour lui casser les dents, aussi). garde le double des clefs de chez scarlett parce-qu'au moins, là-bas, il ne doit rendre de comptes à personne. se fait claquer la porte au nez à peu près partout ailleurs, maintenant. POSTS : 13372 POINTS : 1840
TW IN RP : deuil, avortement, adultère. ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : quatrième enfant de la fratrie Hartfield, a toujours tout fait pour exister par lui-même, loin de l’ombre de ses aînés › neurochirurgien récemment diplômé, il ferait tout pour protéger sa carrière, au dépend de ses proches › a été anéanti par la disparition de son grand frère Jackson début 2020, mais ne l’a montré à personne, préférant assumer une fausse culpabilité seul dans son coin › a fauté une nuit (deux) (peut-être plus finalement) (oops) avec une étudiante de la faculté (et pas que), et plutôt que d’assumer auprès de sa petite-copine, il l’a demandé en mariage.CODE COULEUR : steelblue. RPs EN COURS :
AVATAR : harry styles. CRÉDITS : loudsilence. (avatar) › harley (profil+signature gifs) › stairsjumper + paindep (userbars). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 04/02/2022
lieu: run for judy, redcliffe.(c): gifsbyant (gif), luleaby (codage).
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« Comment ça t’as pas pris de consult cet aprèm ? » Fronçant les sourcils, l’infirmière à ses côtés remonta son regard vers lui alors qu’il secouait la tête avec un sourire amusé accroché à ses lèvres. « Depuis quand tu prends réellement ton temps libre entre la garde du matin et celle de soirée toi ? » - « Faut bien un début à tout non ? » Si elle s’attendait à ce que Ruben lui donne la moindre réponse, elle se fourrait le doigt dans l’oeil jusqu’au coude: il ne lui en donnerait pas. Il se contenta d’agrandir quelque peu son sourire alors qu’il remontait le couloir du service à reculons. « Ruben… » - « Je serai là à l’heure ce soir, t’en fais pas, tu sais bien que je suis toujours à l’heure. » Et il s’amusait beaucoup de la situation - surtout parce-que pour une fois, il n’avait pas besoin de réellement cacher ce qu’il s‘en allait faire et le faisait uniquement parce-qu’il avait envie d’embêter sa collègue. Là où ses allées et venues étaient parfois discutables, aujourd’hui Ben avait simplement rendez-vous pour aller courir à l’Association Run for Judy; certes, c’était avec un quelqu’un qu’il ne pourrait qualifier pour le moment tant les choses entre Louis et lui étaient encore dans une zone de floue qui ne changerait surement pas si rapidement que cela, mais au pire il pouvait dire sans mentir qu’il se rendait voir un ami. Courir avec un ami, c’était un quelque-chose qu’il pouvait expliquer contrairement à bien des fois où il se devait de monter une excuse de toutes pièces au dernier moment. En parlant d’aller courir, il passa par les vestiaires pour se changer et enfiler sa tenue qu’il avait apporté avec lui le matin même, avant de monter en voiture et de se rendre sur place.
Il ne savait pas à quel point ces courses ouvertes pouvaient être fréquentées, ne s’y rendant surement pas assez souvent mais ayant surtout saisi l’occasion pour avoir une excuse un brin plus solide que simplement le désir de croiser de nouveau la route de Louis, Ruben fut presque surpris de voir qu’une vingtaine de personnes était déjà réunie et s’échauffait au départ. De son côté, il était arrivé à l’heure - lire ici en avance - parce-qu’il ne savait faire autrement; un coup d’oeil circulaire lui apprit que le brun n’était pas encore sur place mais il savait qu’il ne tarderait pas à arriver à sa suite. Lorsqu’il entendit un raclement de gorge dans son dos, il ne put qu’avoir on ne pouvait davantage raison. « Prêt à admettre ta défaite ? » Ce fut avec un rire franc et amusé qu’il se retourna pour faire face à Louis, avec qui les échanges de messages des derniers jours avaient laissé planer une compétition rude pour la course qui allait s’en suivre. « Il va falloir que tu sois plus menaçant que ça pour que je plie si facilement. » Il en fallait surtout bien plus pour que Ben se sente intimidé - surtout que face à lui, à défaut que le contraire soit vrai, il connaissait bien son adversaire. Il savait tout autant qu'il ne fallait pas sous-estimer Louis car ce dernier avait des ressources et une ténacité qui ne laissaient pas à désirer. Laissant son regard trainer autour de Dalton, Ben finit par hausser un sourcil en reportant son regard sur lui. « T'as vraiment abandonné ton chien en plus pour le coup ? » Bien sur qu’il était amusé. « Je pensais que tu blaguais quand tu disais que tu l’emmèneras pas. » Ce qui soulignait qu’à coté de ça, il était on ne pouvait plus sérieux sur la compétition pour cette course - ce qui étira davantage le sourire de Ben. « Quelles conditions pour la compétition dans ce cas ? » Pour qu’une compétition se déroule dans de bonne conditions, ils se devaient de fixer les limites maintenant; surtout que lui savait pertinemment à quel point les choses pouvaient être portées loin entre eux lorsqu’ils se lançaient tête baissée dans ce type d’affrontement - Louis ne s’en souvenait pas, mais il pouvait le faire pour deux et pour leur bien sans rechigner.
Le rire amusé qui accueillit sa raillerie rassura Louis. Il gardait en mémoire la manière dont il avait fui le café, la dernière fois qu'ils s'étaient vus, incapable de gérer les révélations de Ruben à propos de leur relation passée. Il n’en était pas fier, aurait préféré ne pas perdre ses moyens de la sorte, mais avait accepté qu'il ne pouvait pas revenir en arrière. Il ne pouvait pas l’effacer, mais était décidé à ne pas laisser le malaise s’installer entre eux. S'il avait encore du mal à accepter que ce qu'il lui avait confié était vrai, qu'ils avaient partagé cinq ans de leurs vies, qu'ils avaient été tellement sérieux que Louis avait envisagé le mariage, il avait réalisé que ce n’était peut-être pas le plus important pour le moment. C’étaient des nœuds à démêler plus tard. Et ce rire lui donnait l’espoir que Ruben lui laissait la possibilité de prendre le temps de les démêler à son rythme. « Il va falloir que tu sois plus menaçant que ça pour que je plie si facilement. » Louis haussa les épaules et releva un sourcil moqueur. « Tu pourras pas dire que je t'ai pas offert de porte de sortie. » Il exagérait, évidemment. Ce n'était qu'une course amateur qui ne présentait aucun enjeu, ni pour l’un, ni pour l'autre, mais ça ne les avait pas empêché de plonger tête la première dans cette compétitivité. Une compétitivité à la fois amusante et sérieuse. Parce qu'ils avaient beau en sourire, il y avait un fond de vérité derrière leurs moqueries. Preuve en était l’absence de Campese, que Ruben ne tarda pas à remarquer. « T'as vraiment abandonné ton chien en plus pour le coup ? » Un sourire en coin étira les lèvres de Louis, alors qu'il haussait son épaule droite dans un geste amusé. « Je pensais que tu blaguais quand tu disais que tu l’emmèneras pas. » « Ça devrait pas t’étonner, je me rappelle pas avoir un jour su résister à une provocation. » Ça lui paraissait peu probable que ce trait de personnalité se soit effacé pendant la période où Ruben l'avait connu. Et c'était bien lui qui, par message, avait lancé le défi en premier, qui avait insinué qu'il aurait peur de l’affronter en course à pied. « Quelles conditions pour la compétition dans ce cas ? » Le sourire malicieux de Louis s’étira encore davantage en entendant la question de l’autre homme. Cet état d’esprit lui plaisait et il n’allait pas se faire prier pour se prêter au jeu. « Le premier qui termine gagne le droit de demander le truc de son choix à l’autre évidemment. Si ça te va. » Louis n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'il aurait intérêt à demander à Ruben, mais la simple idée de gagner ce duel suffisait à le motiver pour donner son maximum. « Je t'imagine bien devoir porter un tee-shirt avec ma tête en gros plan et in Louis we trust à chaque fois que tu iras courir. » C'était la première chose qui lui venait en tête, mais peut-être que l’inspiration ferait son apparition pendant la course.
D’ailleurs, quelqu'un annonça que la course allait débuter, et bien vite le groupe de coureurs se mit en route. Louis se mit en jambe sans chercher à distancer immédiatement Ruben. D’une part, il voulait pouvoir se rendre compte de l’allure du médecin, et d’autre part ils avaient peut-être le temps d’échanger quelques mots avant que la compétition ne prenne le pas sur tout le reste. « Tu cours souvent alors ? » Il hésita à demander si ça leur arrivait de courir ensemble, avant, mais il n’osa pas lancer la discussion sur leur passé commun, préférant la légèreté du moment présent.
Ruben Hartfield
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AVATAR : harry styles. CRÉDITS : loudsilence. (avatar) › harley (profil+signature gifs) › stairsjumper + paindep (userbars). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 04/02/2022
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Il ne s’attendait pas à ce que Louis soit impressionné de le voir en rien intimidé par la course qui allait s’en suivre, et le fait qu’il existait de fortes chances pour que ce soit lui qui gagne, mais il ne s’était pas attendu qu’il entre autant dans ce jeu là. Quelques années plus tôt, il aurait parié de la sorte - il ne pouvait être sur de rien désormais, même si une partie de lui était on ne pouvait plus heureuse de voir qu’il réagissait toujours de la même façon malgré tout. « Tu pourras pas dire que je t'ai pas offert de porte de sortie. » Avec un nouveau petit rire, Une haussa un sourcil. « Si généreux de ta part. » Tant que cela restait de la camaraderie de la sorte, il ne se gênait pas. Il avait bien vu lors de leur dernière entrevue que ce n’était pas sur les sujets quotidiens et presque sans importance finalement que les réticences de Louis apparaissaient, mais sur toute une partie de leur vie et de celle qu’il avait oublié là où lui était apte à exprimer des souvenirs. « Ça devrait pas t’étonner, je me rappelle pas avoir un jour su résister à une provocation. » Ou peut-être pouvait-il se le permettre si c’était lui qui amenait le contexte, finalement - il fronça le bout du nez. « J’ai aucun souvenir que ce soit le cas, c’est vrai. » Des deux, Ruben avait beau être tenace ce n’était pas lui qui n’avait jamais eu le comportement le plus impulsif, loin de là; il en était venu plus d’une fois à calmer les ardeurs de celui qui se tenait aujourd’hui à ses côtés d’une manière bien différente que cela avait pu être pendant de longues années.
Ne désirait pas laisser ses pensées de trop naviguer vers d’autres époques, Ruben recentra l’attention et surtout la sienne en réalité sur la course du jour. Ils avaient lancé la complétion, mais n’avaient pas encore établi les conditions pour gagner; pour ce faire, il tourna de nouveau son visage vers Louis, attendant de voir ce que lui en pensait. Après tout, Ben savait où il se tenait niveau condition physique de son côté, mais n’avait pas plongé encore sa curiosité sur cette partie là de la rééducation du brun; il était plus logique que ce soit lui qui établisses règles. « Le premier qui termine gagne le droit de demander le truc de son choix à l’autre évidemment. Si ça te va. » Plutôt étonné de la proposition, mais pas moins ravi de cette dernière, il haussa un sourcil curieux et intrigué. Il appréciait l’idée, parce-que selon comment les choses tournaient et la façon dont leurs conversation menaient, cette règle pourrait être adaptée sans être modifiée. « Ca me plait, oui. » Il n’avait pas la moindre idée de ce que lui pourrait demander de son côté, mais il ne manquait que rarement d’idées en règle générale - cela viendrait surement durant la course. « Je t'imagine bien devoir porter un tee-shirt avec ma tête en gros plan et in Louis we trust à chaque fois que tu iras courir. » A l’idée prononcée à haute voix par Louis, il ne sut retenir un rire sonore et franc, secouant son visage de gauche à droite. « Avec photo à l’appui à chaque fois c’est ça ? » Face à d’autres personnes, il aurait tourné ça enfantin - face à Louis, l’idée lui plaisait peut-être un brin de trop.
La course fut finalement lancée et ils se mirent tous deux en jambes. S’ils auraient pu lancer la compétition de suite, Ruben sentit bien que de son côté les efforts n’étaient pas encore en place pour que ce soit le cas - et puisque l’allure de Louis semblait se calquer sur la sienne, il supposa que c’en était de même pour le jeune homme. Il retint un sourire, reportant son regard vers l’avant, détendant les muscles de ses épaules. « Tu cours souvent alors ? » Il esquissa un petit sourire. « Assez, oui. J’essaie d’y aller tous les jours, même si c’est pas toujours possible. » Il y avait toute une partie de cette discussion qui pourrait être explorée, mais il se dit que de surfer sur l’idée d’une certaine légèreté pour le moment - car c’était ce que faisait Louis, il n’était pas dupe - n’était pas une mauvaise idée. « J’ai pas la possibilité de pratiquer un sport en club à cause des horaires qu’on peut faire à l’hôpital, à cause des imprévus aussi. J’ai pas besoin d’heure fixe pour courir, c’est l’avantage. » Il esquissa un petit sourire amusé. « J’ai une tenue dans mon casier et une autre dans ma voiture, au cas où j’ai besoin de vraiment rentabiliser mon temps libre. » Et il les utilisait presque bien plus que celles qui étaient chez lui. Il tourna son regard vers Louis, balaya la silhouette de ce dernier de haut en bas sans s’en cacher, avant d’hausser un sourcil et de reporter son regard vers l’avant - il n’était pas question de manquer un pas de façon idiote. « Tu maintiens l’allure facilement, je suppose que la rééducation a bien fonctionné ? » Il avait toujours été un très bon sportif, mais Ruben avait lu les rapports sur l’accident: cela aurait pu être bien moins joli à voir sur la durée.
Louis faisait le malin, en défiant Ruben et insinuant que la victoire lui était déjà acquise, mais au fond, rien ne l’assurait qu’il était bien en capacité de terminer la course avant l’autre homme. Certes, ses performances sportives avaient longtemps été sources de fierté pour lui, mais entre-temps, il avait tout de même passé de longs mois allité, sans savoir s’il récupérerait un jour toute sa mobilité. La compétition moqueuse qu’il laissait s’instaurer entre eux était donc davantage un prétexte pour passer du temps avec le neurochirurgien sans nécessairement évoquer les sujets qu’il préférait ignorer pour le moment. Conscient que cela ne pourrait pas durer éternellement, Louis comptait tout de même en profiter pendant le laps de temps qu’on voulait bien lui accorder. « Si généreux de ta part. » Un simulacre de salut théâtral ponctua ses propos, avant qu’il insinue ne jamais avoir été capable de résister à une provocation. « J’ai aucun souvenir que ce soit le cas, c’est vrai. » À chaque fois qu’il évoquait des détails de son lui du passé et que Ruben lui confirmait qu’il ne faisait pas fausse route, Louis ressentait un profond soulagement. Même lorsqu’il s’agissait de choses sans importance comme à cet instant, qui ne faisait pas exception. L’amnésie, en plus d’avoir abîmé ses liens avec de nombreuses personnes de son passé, avait aussi endommagé le rapport qu’il entretenait avec sa propre identité. Il ne comptait plus les fois où il s’était demandé qui il était vraiment, et comment il était possible qu’il ait lui-même fait certains choix. Il ne se reconnaissait pas toujours dans les anecdotes racontées par d’autres, ou dans les éléments qu’il avait réussi à glaner à droite et à gauche, mais entendre quelqu’un qui l’avait connu confirmer qu’il n’était pas totalement un inconnu pour lui-même était immensément rassurant.
Avant que la course débute, il fallut établir les règles de la compétition qui allait se jouer exclusivement entre les deux hommes, au milieu des autres coureurs, et Ruben approuva la proposition de Louis. « Ça me plaît, oui. » Louis alla même plus loin en partageant la première idée qui lui vint à l’esprit, à savoir obliger le neurochirurgien à porter un tee-shirt à son effigie à chaque fois qu’il irait courir. Aussi immature qu’était cette idée, elle eut tout de même le mérite de déclencher un rire chez Ruben, ce qui emplit Louis d’une satisfaction à peine voilée. « Avec photo à l’appui à chaque fois c’est ça ? » « Bien sûr ! Tu penses vraiment que je vais te croire sur parole ? » Il serait trop simple pour Ruben de s’en tirer sans réaliser son gage s’il n’avait pas à apporter la preuve qu’il portait effectivement le tee-shirt.
Lorsque la course démarra, Louis se mit en mouvement en même temps que les autres coureurs autour de lui. Le brouhaha des conversations ne tarda pas à reprendre son niveau sonore d’avant départ, signe que l’objectif du jour n’était pas nécessairement de faire une grosse performance. On entendait, ici et là, des rires et des éclats de voix enjoués, ce qui rappela à l’ancien rugbyman à quel point il avait un jour aimé pratiquer un sport en compagnie d’autres personnes. Chose qu’il ne faisait que trop peu désormais. Plutôt que de se questionner une énième fois sur son éventuelle reprise du rugby, il préféra poser des questions à Ruben. Il aurait bien le temps de revenir à son dilemme personnel plus tard. « Assez, oui. J’essaie d’y aller tous les jours, même si c’est pas toujours possible. » Louis comprit immédiatement que c’était l’emploi du temps du médecin qui rendait parfois ses sorties quotidiennes impossibles. « J’ai pas la possibilité de pratiquer un sport en club à cause des horaires qu’on peut faire à l’hôpital, à cause des imprévus aussi. J’ai pas besoin d’heure fixe pour courir, c’est l’avantage. » « Je sais même pas si j’aurais le courage de courir régulièrement si j’avais un emploi du temps aussi chargé que le tien. » Évidemment, il ne connaissait pas ledit emploi du temps en détail, mais il imaginait aisément à quoi il pouvait ressembler. Il suffisait de se rappeler qu’il passait parfois plus de quarante-huit heures d’affilée à l’hôpital pour avoir une petite idée du peu de temps libre dont il disposait. Les horaires de Louis étaient atypiques également, puisqu’il travaillait essentiellement en soirée, mais son employeur était suffisamment compréhensif pour qu’il puisse les aménager si besoin. Et surtout il pouvait s’absenter sans mettre la vie de qui que ce soit en danger, ce qui n’était pas tout à fait le cas de Ruben. « J’ai une tenue dans mon casier et une autre dans ma voiture, au cas où j’ai besoin de vraiment rentabiliser mon temps libre. » « Il faudra que je prévois plusieurs tee-shirts alors. » marmonna Louis sur un ton qui donnait l’illusion qu’il se parlait à lui-même tout en étant suffisamment audible pour que Ruben l’entende. Un sourire en coin comme preuve supplémentaire qu’il n’avait pas pu s’empêcher de faire une allusion au gage dont il parlait quelques minutes plus tôt.
Progressivement, l’allure du groupe de coureurs dont ils faisaient partie s’accélérait, et Louis se calait à la cadence générale sans même y réfléchir. Il allongeait ses foulées, vérifiant de temps à autre qu’aucune douleur n’apparaissait et calant sa respiration sur ses pas. « Tu maintiens l’allure facilement, je suppose que la rééducation a bien fonctionné ? » Concentré sur sa course, la question de Ruben le surprit presque. Il haussa d’abord les épaules avant de répondre. « Ça a été long. » Il était difficile pour lui de parler de réussite alors que les longs mois de rééducation restaient douloureusement tatoués dans sa mémoire. « Mais on peut dire que j’ai eu de la chance. » C’était ce que de nombreux médecins, kinés et psychomotriciens n’avaient cessé de lui dire depuis qu’il avait quitté l’hôpital. De la chance, parce qu’il avait retrouvé l’usage de ses quatre membres. Parce qu’il n’avait pas été défiguré. Parce qu’il n’y avait pas eu de complications suite à ses opérations. Physiquement, effectivement, il avait eu de la chance. « Si on oublie l’amnésie. » Et les crises d’angoisse. Et les insomnies. Mais ça aurait pu être pire. « L’armée a aidé, aussi. J’étais en permission le jour de l’accident, mais j’ai quand même eu accès à un super centre de rééduc après. » Son souffle commençait à se raccourcir, mais pas suffisamment pour l’empêcher de prononcer deux phrases d’affilée. « Si mes parents avaient accepté que j’aille dans ce genre d’endroit quand mon genou a lâché, j’aurais peut-être pû pousser plus en rugby. » On sentait, dans la réminiscence de cet événement qui s’était déroulé plusieurs années plus tôt, des regrets toujours pas digérés. Louis se demanda alors si, dans son autre vie, celle qu’il avait oubliée, il avait réussi à faire la paix avec ce rêve parti en fumée. Peut-être que Ruben connaissait la réponse à cette question. Peut-être qu’il la lui poserait un jour.
Lorsque son regard dévia en direction de Ruben - uniquement pour évaluer son état physique, pas le moins du monde pour savoir à quoi ressemblait son visage recouvert d’une fine pellicule de sueur et les joues rosies par l’effort - un éclat doré attira son attention. Louis plissa légèrement les yeux et attendit d’être certain de ce qu’il venait d’apercevoir avant de poser sa question. « C’est nouveau, cette bague à la main gauche ? » Question faussement innocente qui ne trompait personne. Louis ne se souvenait pas avoir vu Ruben la porter lors de leurs deux dernières rencontres, mais il n’était pas impossible qu’il ait été distrait.
Ruben Hartfield
le problème à trois corps
ÂGE : trente-deux ans (04.12). SURNOM : (rhube) ben. STATUT : nina et lui se sont dit 'oui' à l'abris des regards le 15 janvier - elle s'attendait au meilleur, il lui a offert le pire. MÉTIER : neurochirurgien exerçant au st vincent’s hospital, doit encore faire ses preuves auprès des grands malgré sa tendance à se penser déjà meilleur que bien d'autres. aspire à se spécialiser en neurotraumatologie sur les années à venir. met ses connaissances au service de la fondation pearson depuis plusieurs années. LOGEMENT : passe en coup de vent au #404 water(melon sugar) street, spring hill, pour nourrir les chats mais n'arrive pas à y retourner de façon pérenne en sachant qu'elle n'y met pas les pieds (et en sachant qu'on pourrait trop facilement le trouver pour lui casser les dents, aussi). garde le double des clefs de chez scarlett parce-qu'au moins, là-bas, il ne doit rendre de comptes à personne. se fait claquer la porte au nez à peu près partout ailleurs, maintenant. POSTS : 13372 POINTS : 1840
TW IN RP : deuil, avortement, adultère. ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : quatrième enfant de la fratrie Hartfield, a toujours tout fait pour exister par lui-même, loin de l’ombre de ses aînés › neurochirurgien récemment diplômé, il ferait tout pour protéger sa carrière, au dépend de ses proches › a été anéanti par la disparition de son grand frère Jackson début 2020, mais ne l’a montré à personne, préférant assumer une fausse culpabilité seul dans son coin › a fauté une nuit (deux) (peut-être plus finalement) (oops) avec une étudiante de la faculté (et pas que), et plutôt que d’assumer auprès de sa petite-copine, il l’a demandé en mariage.CODE COULEUR : steelblue. RPs EN COURS :
AVATAR : harry styles. CRÉDITS : loudsilence. (avatar) › harley (profil+signature gifs) › stairsjumper + paindep (userbars). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 04/02/2022
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« Bien sûr ! Tu penses vraiment que je vais te croire sur parole ? » Il grogna un brin dans son coin. « Ca semblait trop facile aussi. » En réalité, il devait fournir bien des efforts pour ne pas laisser si facilement un sourire parcourir de part en part son visage.
En venant ici, Ruben savait qu’il y aurait un moment dédié à la compétition - ils étaient même déjà revenus sur ce sujet là. En revanche, il se doutait bien que leur conversation n’allait pas tourner qu’autour de cette dernière et qu’à un moment donné, ils dévieraient vers d’autres sujets à discuter. Il en était déjà heureux, mais garda ce ressenti et cette impression pour lui: le but n’était pas de faire fuir Louis mais de courir à ses côtés. « Je sais même pas si j’aurais le courage de courir régulièrement si j’avais un emploi du temps aussi chargé que le tien. » Un petit rire soufflé dans ses expirations se fit entendre côté Hartfield. « C’est une question de discipline, en vrai. » Et d’organisation - mais c’était le mental qui jouait le plus dans cette situation. « Courir me fait trop de bien pour que je le retire de mes habitudes, alors je fais en sorte de m’y tenir. » Qu’importaient les semaines à rallonge qu’il pouvait avoir et les choix de vie qui n’étaient pas toujours les meilleurs qui pouvaient intervenir dans son planning, il ferait toujours en sorte de placer des séances de course ici et là. Même s’il devait le faire entre deux interventions et autour de l’hôpital pour ne pas partir trop loin, ce n’était pas un problème pour lui du moment qu’il pouvait se dégourdir les jambes. « Il faudra que je prévois plusieurs tee-shirts alors. » La remarque de Louis était autant dite pour qu’il puisse l’entendre que pour lui-même, ce qui fit rire et perdre son souffle un instant à Ben. « Ca te donnera l’occasion d’y mettre des photos différentes. » Peut-être allait-il se laisser tenter de perdre cette compétition, finalement.
La réponse de Louis arriva après un instant de silence et un haussement d’épaules. « Ça a été long. Mais on peut dire que j’ai eu de la chance. » Ruben pinça les lèvres un instant. « Je me doute qu’on te l’a souvent dit, mais c’est vraiment le cas. » Qu’il avait eu de la chance; il avait lu les rapports de ses collègues et étaient d’accord avec ces dires là: dans bien des situations, il ne s’en serait pas sorti aussi bien qu’il l’avait fait là voire pas du tout, même. « Si on oublie l’amnésie. » Il pinça ses lèvres. « Si on oublie l’amnésie. » A sa place, il aurait déjà perdu les pédales il le savait: Ruben n’était rien sans sa mémoire, c’était ce qui lui permettait d’être lui-même sur ses actions quotidiennes. « L’armée a aidé, aussi. J’étais en permission le jour de l’accident, mais j’ai quand même eu accès à un super centre de rééduc après. » C’était peut-être la seule chose positive qui était ressortie de tout cela: il avait eu le droit à un traitement adapté pendant toute la période qui avait suivi son accident, et ce n’était pas négligeable effectivement. « Si mes parents avaient accepté que j’aille dans ce genre d’endroit quand mon genou a lâché, j’aurais peut-être pû pousser plus en rugby. » A ces mots là, Ruben se rendit compte à quel point certaines rancoeurs pouvaient être davantage ancrées que d’autres dans son esprit, tant l’intensité de celle qu’il semblait ressentir en cet instant se ressentait même à distance; surtout comment certaines rancoeurs étaient plus présentes que d’autres tant la perception du temps n’était pas correcte pour Louis. « T’as essayé de reprendre, depuis l’accident ? » Le rugby - Ben ne pensait pas que partir sur un discussion sur la décision de ses parents à l’époque où il s’était blessé était une bonne idée pour le moment.
Tout comme il n’était pas certain que le choix de sujet que faisait là Louis en était un bon non plus. Il avait bien vu qu’il avait reporté son regard dans sa direction, mais avait attendu patiemment qu’il lance lui-même les idées qui lui brulaient les lèvres. « C’est nouveau, cette bague à la main gauche ? » Peut-être que Ruben faillit manquer un pas dans une foulée correcte, à cette question là. « Il serait peut-être temps d’accélérer un peu et de vraiment tenir cette compétition, non ? » Haussant un sourcil et étirant un faux sourire en tournant son visage vers Louis, il accéléra le pas sans même attendre de réponse de la part du brun: il avait besoin d’accélérer la cadence. Parler de son mariage avec d’autres, selon les personnes face à lui pouvait être relativement simple - si toutes les conversations qu’il avait daigné avoir à ce sujet jusque maintenant pouvaient être qualifiées de simples, bien sur. Face à Louis… Il avait besoin de remettre ses idées en place un instant, en silence et sans interaction extérieures. Alors avaler les foulées en faisant en sorte d’être à deux doigts de perdre son souffle, c’était là peut-être la meilleure idée qu’il avait sous la main. Il ne s’arrêta que lorsque la ligne des cinq kilomètres fut atteinte - premier point de rassemblement de la course à laquelle ils participaient. Les mains sur les genoux et légèrement penché en avant, Ruben se redressa lorsque Dalton revint à sa hauteur - parce-qu’il n’avait pas su suivre le rythme ou parce-qu’il avait choisi de prendre son temps et de la distance, peu importait. « Le mois dernier. » Il attrapa sa gourde à sa ceinture, en but une longue gorgée avant de la tendre vers Louis s’il désirait en boire un peu aussi. « Le mariage. » Comme s’il attendait une réponse à une autre question. « Je… Désolé, je pensais pas parler de ça avec toi aujourd’hui. » Il eut un petit rire. « Voire jamais en fait. » Il passa nerveusement une main dans ses cheveux. « C’est une réaction ridicule, je suis en train de me dire. Tu dois me prendre pour un fou. » Ce n’était finalement pas aussi simple de se retrouver face à lui qu’il tentait de le prétendre depuis le premier jour - seule Nina justement avait pu voir à quel point cela le travaillait dans les coulisses, en silence.
« Ça semblait trop facile aussi. » En voyant le sourire joueur qui illuminait le visage de Louis, on oubliait presque l’état dans lequel il s’était trouvé à la fin de sa dernière entrevue avec Ruben. À deux respirations saccadées d’une crise d’angoisse. Incapable d’accepter les révélations qu’il lui dévoilait. Perdu entre les incertitudes du présent et les souvenirs oubliés de son passé. L’atmosphère était totalement différente aujourd’hui, et ce n’était pas pour lui déplaire.
La course débuta, sans mettre un terme à la discussion entre les deux hommes. « C’est une question de discipline, en vrai. Courir me fait trop de bien pour que je le retire de mes habitudes, alors je fais en sorte de m’y tenir. » Louis hocha la tête avant de réaliser que dans le flux des coureurs autour d’eux, Ruben ne remarquerait pas forcément le mouvement. « Je comprends. Je me passerais pas du sport non plus à ta place, » commença-t-il alors qu’un éclair de malice fit pétiller ses yeux, signe annonciateur de ce qui allait suivre. « Plutôt des gardes à rallonge à l’hôpital. » Ce n’était pas une surprise, puisque Louis avait déjà exprimé à plusieurs reprises son incompréhension face au choix de carrière de Ruben. Il avait du mal à intégrer l’idée qu’on pouvait sacrifier autant pour son métier. Raisonnement hypocrite quand on savait ce qu’il aurait été capable de sacrifier pour le rugby. Mais ce ne serait pas la première fois que Louis faisait preuve de mauvaise foi. « Ça te donnera l’occasion d’y mettre des photos différentes. » Le sourire de Louis donna naissance à un rire franc. S’il le fallait, il n’hésiterait pas à donner de sa personne pour rendre ce défi le plus ridicule possible pour le chirurgien.
La conversation prit ensuite une tournure plus sérieuse. Plus douloureuse aussi, pour Louis, obligé de se replonger dans des années qu’il préfèrerait oublier, elles. Un comble. « Je me doute qu’on te l’a souvent dit, mais c’est vraiment le cas. » Il ne pouvait effectivement pas dire le contraire. Physiquement en tout cas. Au cours de ses années de rééducation, il en avait croisé d’autres, trop nombreux, et moins chanceux. Qui ne verraient plus le sourire de leurs enfants. Qui ne sentiraient plus le sable sous leurs pieds. Qui ne pourraient plus jamais faire ce qu’il était précisément en train de faire : courir. Il avait beau le savoir, cela n’empêchait pas une petite voix dans un coin de sa tête de se faire entendre. Une petite voix qu’il laissa échapper, et qui trouva un écho entre les lèvres de Ruben. « Si on oublie l’amnésie. » Et parce qu’il était plus simple pour lui de parler de sa rééducation passée que de ses efforts actuels pour retrouver une prise sur ses souvenirs, ses paroles dévièrent naturellement vers ce sujet. « T’as essayé de reprendre, depuis l’accident ? » Louis balaya les nuages gris qui menaçaient sa bonne humeur en se raccrochant autant qu’il le pouvait à ce changement de sujet. « J’y ai pensé. J’y pense encore, mais j’ai rien fait pour, pour le moment. » Effectivement, l’idée de reprendre une licence dans un club de rugby se faisait de plus en plus pressante dans son esprit. Cela faisait plus d’un an qu’il était de retour à Brisbane, et il commençait à y avoir trouvé un équilibre. Précaire, certes, mais un équilibre tout de même.
Louis aurait préféré poursuivre la discussion dans cette direction, mais il fit l’erreur de pointer l’apparition d’une bague à la main gauche de Ruben. La réaction du neurochirurgien ne se fit pas attendre, et laissa le brun sans voix. « Il serait peut-être temps d’accélérer un peu et de vraiment tenir cette compétition, non ? » Trop surpris pour comprendre ce qui venait de se passer, Louis laissa Ruben prendre de l’avance, tout en se demandant ce qu’il avait bien pû dire de mal pour lui donner envie de fuir de la sorte. Il accéléra tout de même légèrement la cadence, gardant l’autre homme dans son champ de vision, les sourcils froncés et le cerveau en ébullition. L’emplacement du bijou, à l’annulaire gauche, laissait peu de doute quant à sa signification, et Louis fut surpris de ressentir un léger malaise à l’idée que Ruben était désormais marié. Si c’était bien de cela dont il était question, ce dont il doutait peu. Malaise parce qu’il avait apparemment exprimé, un jour, son envie d’être celui à lui passer la bague au doigt. Il n’en avait plus aucun souvenir, mais savoir que Ruben s’était uni à quelqu’un d’autre semblait faire s’éloigner encore davantage ce passé commun après lequel il courait désespérément depuis des semaines. Louis soupira, avant de voir la ligne des premiers cinq kilomètres apparaître à quelques dizaines de mètres de lui. Perdu dans ses pensées, il avait laissé Ruben prendre le large, et mis quelques minutes à retrouver sa silhouette au milieu des autres coureurs. Il s’approcha, prêt à s’excuser pour sa question intrusive, mais l’autre homme le prit de court. « Le mois dernier. » Louis fronça les sourcils, ne comprenant pas tout de suite où Ruben voulait en venir, mais il attrapa tout de même la bouteille qu’il lui tenait, sans réfléchir à son geste. « Le mariage. » Évidemment, quoi d’autre ? Pour se laisser le temps de réfléchir à ce qu’il pouvait répondre à ça, Louis avala une gorgée d’eau. « Je… Désolé, je pensais pas parler de ça avec toi aujourd’hui. Voire jamais en fait. » Le froncement de sourcils s’accentua, alors que Ruben passait une main dans ses cheveux. Un signe de nervosité qui surprit presque Louis. « C’est une réaction ridicule, je suis en train de me dire. Tu dois me prendre pour un fou. » Il secoua la tête comme s’il disait n’importe quoi. « On n’est pas obligé d’en parler si tu veux pas. » Louis avait du mal à imaginer ce que Ruben pouvait bien ressentir face à lui. Face à cet ex qui l’avait quitté sans explication il y a plusieurs années de cela, et qui refaisait surface sans prévenir, privé de tous leurs souvenirs communs. S’il ne souhaitait à personne de se réveiller un jour dans sa peau, la situation de son ex-petit ami ne lui semblait pas beaucoup plus envieuse. « Mais félicitations, je suppose. » C’était ce qu’il était censé dire, non ? Après avoir redonné sa bouteille à Ruben, Louis lui demanda d’un signe de tête s’il était prêt à repartir. Autour d’eux, la plupart des coureurs qui étaient arrivés en même temps étaient déjà en train de se remettre en course, et Louis espérait que se remettre en mouvement l’aiderait à mettre sa gêne de côté.
Après quelques mètres passés dans le silence, Louis ne put s’empêcher de remettre le sujet du mariage sur le tapis. « T’as changé d’avis, alors ? Sur le mariage, je veux dire. » Lors de leur dernière rencontre, Ruben lui avait confié que lorsqu’ils avaient évoqué ensemble cette éventualité, il n’était pas dans cette optique, alors que Louis, lui, en avait envie. Une curiosité morbide le poussait à chercher ce qui avait pu changer, pour que Ruben accepte finalement de se marier. Peut-être avait-il simplement vieilli. Ou peut-être qu’il n’aurait jamais eu envie d’épouser Louis, contrairement à sa femme actuelle. « Elle s’appelle comment, cette nouvelle madame Hartfield ? » demanda-t-il en réalisant qu’il ne connaissait même pas son nom.
Ruben Hartfield
le problème à trois corps
ÂGE : trente-deux ans (04.12). SURNOM : (rhube) ben. STATUT : nina et lui se sont dit 'oui' à l'abris des regards le 15 janvier - elle s'attendait au meilleur, il lui a offert le pire. MÉTIER : neurochirurgien exerçant au st vincent’s hospital, doit encore faire ses preuves auprès des grands malgré sa tendance à se penser déjà meilleur que bien d'autres. aspire à se spécialiser en neurotraumatologie sur les années à venir. met ses connaissances au service de la fondation pearson depuis plusieurs années. LOGEMENT : passe en coup de vent au #404 water(melon sugar) street, spring hill, pour nourrir les chats mais n'arrive pas à y retourner de façon pérenne en sachant qu'elle n'y met pas les pieds (et en sachant qu'on pourrait trop facilement le trouver pour lui casser les dents, aussi). garde le double des clefs de chez scarlett parce-qu'au moins, là-bas, il ne doit rendre de comptes à personne. se fait claquer la porte au nez à peu près partout ailleurs, maintenant. POSTS : 13372 POINTS : 1840
TW IN RP : deuil, avortement, adultère. ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : quatrième enfant de la fratrie Hartfield, a toujours tout fait pour exister par lui-même, loin de l’ombre de ses aînés › neurochirurgien récemment diplômé, il ferait tout pour protéger sa carrière, au dépend de ses proches › a été anéanti par la disparition de son grand frère Jackson début 2020, mais ne l’a montré à personne, préférant assumer une fausse culpabilité seul dans son coin › a fauté une nuit (deux) (peut-être plus finalement) (oops) avec une étudiante de la faculté (et pas que), et plutôt que d’assumer auprès de sa petite-copine, il l’a demandé en mariage.CODE COULEUR : steelblue. RPs EN COURS :
AVATAR : harry styles. CRÉDITS : loudsilence. (avatar) › harley (profil+signature gifs) › stairsjumper + paindep (userbars). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 04/02/2022
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« Je comprends. Je me passerais pas du sport non plus à ta place. Plutôt des gardes à rallonge à l’hôpital. » Esquissant un petit sourire tout en laissant un rire du même acabit se faire entendre, Ruben secoua quelque peu sa tête en guise de première réponse. « On sait tous les deux que c’est la deuxième option que je garderai s’il fallait choisir. » Louis n’avait pas besoin d'avoir ses souvenirs intactes pour comprendre ça, et il en était parfaitement conscient: il le clamait à qui voulait bien l’entendre que son métier était la chose la plus importante parmi tout ce qui était dans sa vie, et le brun l’avait déjà entendu le dire au moins trois fois depuis que leurs chemins s’étaient de nouveau croisés. A rôles inversés, Ben était presque étonné qu’il n’ait pas déjà repris le rugby; c’était là une part importante de son histoire, de sa construction, et même s’il lui manquait une partie de sa mémoire il savait que la mémoire musculaire pouvait être plus forte que d’autres formes de cette dernière. « J’y ai pensé. J’y pense encore, mais j’ai rien fait pour, pour le moment. » - « Pourquoi ? » La question était ce qu’elle était: une question. Ce n’était pas un reproche, ce n’était pas une moquerie, c’était simplement là une marque de curiosité de la part de Ben: il était sincèrement curieux de savoir quelles étaient les raisons, si elles n’étaient pas médicales, qui retenait Louis de se lancer de nouveau dans quelque-chose qui lui avait tant tenu à coeur.
Si la curiosité était un vilain défaut selon l’adage, et qu’il faisait souvent fi de ce dernier parce-que cela l’arrangeait bien de justifier sa propre curiosité derrière de fausses excuses, lorsque cette dernière lui était retournée Ruben n’était pas de ceux sachant y répondre de façon positive au premier coup. Peut-être qu’il choisit la fuite un peu trop précipitamment - et de façon littérale, pour le coup -, lorsqu’il fut pris de court par la question du brun qui courait à ses côtés. Il prit alors de l’avance sur la course, le distança, laissa l’adrénaline parcourir ses veines à vive allure alors qu’il perdait presque son souffle. C’était ridicule, la question n’était même pas difficile à répondre; c’était donner la réponse à cette personne là qui l’était. Lorsque Louis revint à ses côtés, Ben avait eu quelques instants pour recomposer et reprendre contenance; si bien qu’il lui fut un brin plus aisé pour enfin répondre. « On n’est pas obligé d’en parler si tu veux pas. » Ce fut à son tour de secouer quelque peu sa tête. « C’est pas tant que je veux pas en parler. » C’était toujours une question d’interlocuteur, plus que de sujet en lui-même. Avec certains, il évitait d’en parler parce-qu’il connaissait d’avance les réactions auxquelles il aurait droit; avec d’autres, parce-que ces derniers n’en avaient que peu à faire des nouvelles du couple qu’il formait avec Nina. D’autres circonstances faisaient qu’il était engagé tant d’une manière bien particulière avec la personne avec qui tenir la conversation que cela lui semblait étrange, presque peu juste de le faire. Bien sur, Louis faisait partie de cette dernière catégorie. Pinçant sa lèvre inférieure de ses incisives, il plissa un instant son nez avant de reprendre la parole. « Tu faisais pas partie des personnes avec qui je pensais en parler, c’est tout. Et c’était idiot, si j’avais pas voulu que ce soit le cas, j’aurais pas du te prévenir que j’étais fiancé la dernière fois et porter mon alliance aujourd’hui. » Et il arrêta de parler à ce moment là, parce-qu’il déblatérait surement dans le vent - il y avait de fortes chances pour que Louis n’en ait absolument rien à faire de ses états d’âme.
« Mais félicitations, je suppose. » - « Ouais. Merci. » Malgré tout.
Au signe de tête de Dalton pour repartir, Ben opina du chef et n’attendit pas pour relancer la course - en silence pour le début, cette fois-ci. Il sentait cependant que cela ne resterait pas le cas longtemps, et il ne pouvait être vraiment fâché contre le jeune homme de relancer le sujet, surtout après le peu de souvenirs qu’il lui avait partagé: c’était sa propre faute s’ils en étaient à discuter de ça aujourd’hui, même s’il n’appréciait pas que ses erreurs soient mises en avant de la sorte cette dernière était trop importante pour fermer les yeux devant. « T’as changé d’avis, alors ? Sur le mariage, je veux dire. » Soupirant sans se retenir entre deux inspirations pour ne pas perdre son souffle en cours de course, il savait d’avance que qu’importe la façon dont il formulerait sa façon de voir les choses cette dernière pourrait être vue comme offensante et égoïste - alors, autant y aller avec une explication sincère, au moins. « Disons que j’ai préféré mettre mes préférences de côté pour pas risquer mon couple cette fois-ci. » Il retint un petit rire amer. « Te perdre m’a servi de leçon, faut pas croire. » C’était exactement là la raison pour laquelle il ne souhaitait pas aborder ce sujet là avec Louis: les conditions de leur relation rendaient tout cela bien plus compliqué. « Je veux pas la perdre, elle. » Même si dans les faits il ne faisait rien pour que ce soit effectivement le cas, ces derniers restaient dans l’ombre et c’était tout ce qui importait. « Elle s’appelle comment, cette nouvelle madame Hartfield ? » Cette question là était facile à répondre, bien plus douce aussi puisqu’il n’avait jamais été question en revanche de cacher l’identité de sa femme à quiconque - ce n’était pas elle qu’il cachait, c’était à elle qu’il cachait, nuance. « Nina. » Ce fut avec une maigre sourire un brin davantage amusé qu’il ajouta la précision suivante. « Même si techniquement c’est pas madame Hartfield. » Une partie de lui restait amusée à cette idée là, alors qu’il savait que bien des hommes seraient au contraire vexés que ce soit le cas. « C’est docteur Nina Craine. C’est plus complexe qu’un simple changement de noms entre nous, chez les médecins, tu sais. » Oh, s’il ne le savait pas, il le saurait à partir d’aujourd’hui et cela lui donnerait peut-être une nouvelle matière sur laquelle réfléchir là où il ne s’était plus posé des questions sur cette partie là de ses souvenirs disparus jusqu’alors.
« On sait tous les deux que c’est la deuxième option que je garderai s’il fallait choisir. » Si quelqu’un avait demandé à Louis de deviner, du tac au tac, ce que Ruben garderait, si on lui demandait de choisir entre le sport et les gardes à l’hôpital, il y avait effectivement de fortes chances pour qu’il penche davantage vers son métier. Il était toutefois incapable de savoir si cette certitude venait des quelques bribes d’informations qu’il avait saisies au fil de leurs rencontres ou de souvenirs enfouis dont il n’avait pas encore conscience mais qui étaient bel et bien toujours présents quelque part. Ce n’était sans doute pas aujourd’hui qu’il trouverait une réponse à cette question, alors il ne s’y attarda pas davantage.
Il était plus simple, par exemple, de réfléchir à sa reprise ou non du rugby pendant qu’il courrait. « Pourquoi ? » La question était simple, les réponses un peu moins. Louis commença par hausser les épaules, avant de se laisser quelques foulées pour organiser ses pensées. « Je sais pas trop. J’ai sûrement peur du niveau médiocre que je risque d’avoir. C’est plus glorieux de rester sur le souvenir de mes vingt ans. » Il gardait les yeux fixés droit devant lui, se sentant trop vulnérable pour croiser le regard de Ruben. « Et puis y’a un médecin de Melbourne qui m’avait mis en garde quand je lui en avais parlé. Le risque de traumatisme crânien, tout ça. » Il se souvenait comme si c’était hier de la liste à rallonge des risques qu’il lui avait cité en cas de choc. Ce qui, il fallait l’avouer, n’était pas rare dans un sport comme le rugby. « J’en avais rien à faire avant, mais maintenant que j’ai expérimenté ce que ça pouvait faire comme dégât, j’avoue que ça m’a un peu refroidi, » poursuivit Louis en laissant échapper un petit rire soufflé par le nez. De ce dont il se souvenait de son adolescence, il avait effectivement incarné à merveille l'insouciance de la jeunesse, imaginant sans doute que ça ne pouvait arriver qu’aux autres.
L’ambiance entre les deux hommes s’alourdit ensuite lorsque Louis eut le malheur d’évoquer la bague que Ruben portait à la main gauche. Surpris par la réaction de l’autre homme, Louis le laissa prendre le large et ne revint à sa hauteur qu’une fois arrivé au point de ravitaillement des cinq premiers kilomètres. « C’est pas tant que je veux pas en parler. » Ce n’était pourtant pas le message qu’il avait fait passer lorsqu’il avait laissé Louis en plan sans répondre à sa question, mais il se força à ne pas formuler ses pensées à haute voix, lui laissant le temps de poursuivre. « Tu faisais pas partie des personnes avec qui je pensais en parler, c’est tout. Et c’était idiot, si j’avais pas voulu que ce soit le cas, j’aurais pas du te prévenir que j’étais fiancé la dernière fois et porter mon alliance aujourd’hui. » Louis fronça les sourcils, ne comprenant pas immédiatement pour quelles raisons Ruben aurait pu ne pas souhaiter parler de son récent mariage avec lui. Puis il se rappela, que contrairement à lui, le neurochirurgien se souvenait de chaque instant passé ensemble pendant cinq ans. Il se souvenait qu’il avait un jour été question de mariage entre eux. Ce qui pouvait expliquer une certaine réticence de sa part. « Je préfère que tu sois honnête avec moi. » Ruben ne lui devait rien, évidemment, surtout quand on se souvenait que Louis l’avait quitté du jour au lendemain sans lui donner aucune explication, mais il n’avait pas pu s’empêcher de donner son avis. À quoi bon faire confiance à Ruben pour lui raconter leurs souvenirs communs s’il n’était pas honnête avec lui ? C’était sans doute égoïste, mais Louis n’avait jamais prétendu ne pas l’être.
Après avoir bu quelques gorgées chacun, les deux hommes se remirent en route. D’abord en silence, jusqu’à ce que Louis relance la conversation autour du mariage. Il se souvenait que Ruben lui avait confié qu’à l’époque où ils étaient ensemble, le mariage ne faisait pas partie des étapes qu’il souhaitait atteindre. Alors une sorte de curiosité malsaine le poussait à se demander ce qui avait bien pu changer pour qu’il se laisse finalement passer la bague au doigt. « Disons que j’ai préféré mettre mes préférences de côté pour pas risquer mon couple cette fois-ci. Te perdre m’a servi de leçon, faut pas croire. » Louis avala sa salive avec difficulté, alors que son regard ne quittait pas le bitume qui défilait sous ses pieds. Parler de leur rupture le mettait mal à l’aise et dans ces cas-là, il ne savait plus très bien s’il désirait vraiment retrouver ses souvenirs ou non. À quoi bon, si tout ce qu’il y trouvait c’était l’amertume de l’échec d’une relation, comme ce qu’il devinait dans les mots de Ruben ? Comme ce qui l’avait poussé à quitter Brisbane sans un regard en arrière. « Je veux pas la perdre, elle. » Un sourire mélancolique naquit sur le visage de Louis, qui, l’espace d’un instant, se demanda ce qu’il aurait pu faire de plus, pour mériter qu’on ne veuille pas le perdre, lui non plus. Il ravala toutefois sa peine et, sans croiser le regard de Ruben, lui répondit de la voix la plus stable dont il était capable, les chocs répétés dans ses foulées de parfaites excuses pour le tremblement qu’il ne parvint pas à faire disparaître complètement. « Ravi d’avoir au moins servi à ça. » Il espérait que ça avait valu le coup, que sa disparition qui l’avait éloigné de tous ses proches, avait au moins permis à Ruben de construire une histoire qui le rendait heureux, avec celle qui était désormais sa femme. Sinon, à quoi bon ? « Nina. » C’était joli, Nina, ça sonnait doux comme une femme qu’on aurait envie d’épouser. « Même si techniquement c’est pas madame Hartfield. C’est docteur Nina Craine. C’est plus complexe qu’un simple changement de noms entre nous, chez les médecins, tu sais.» La surprise momentanée avait laissé place à un sourire amusé sur le visage de Louis. « Ah je vois ! » Son amnésie lui avait certes fait oublier quelques avancées sociétales, mais depuis son réveil, il avait eu le temps de comprendre - et de se faire à l’idée - que les femmes des années 2020 étaient décidées à ne plus se laisser effacer de l’Histoire. « J’imagine qu’elle te laisse pas lui marcher sur les pieds, alors, tant mieux, » poursuivit-il en adressant un sourire moqueur à l’autre homme. Sourire qui, cette fois, arriva jusqu’à ses yeux plissés. En effet, au fil de leurs rencontres, il n’avait pas fallu longtemps à Louis pour réaliser que Ruben faisait partie de ces personnes qui refusaient qu’on leur refuse quoi que ce soit.
« Bon, l’échauffement est fini là, non ? » Ils avaient en effet effectué plus de la moitié des kilomètres que comptait la course, et Louis était décidé à ne pas se contenter d’une balade de santé. Il avait son honneur à défendre, et un pari à gagner. « Rendez-vous sur la ligne d’arrivée, je t’attendrai avec une bouteille d’eau. » Cette fois, ce fut au tour de Louis d’accélérer la cadence et de prendre plusieurs mètres d’avance. Il se sentait bien, et leur discussion à propos du mariage de Ruben lui avaient donné envie d’accélérer le pas jusqu’à sentir sa gorge picoter et ses cuisses brûler. Des distractions bienvenues pour oublier le pincement au cœur qu’il préférait ignorer plutôt que chercher à comprendre.
Citation :
WIN – Finalement, après toutes ces années Louis n’a pas tant perdu et parvient à terminer la course avant Ruben - merci l’armée et ses entrainements intensifs qui lui ont laissé de beaux restes. Il est tout de même essoufflé et lorsque Ruben arrive à son tour, il est encore en train de reprendre son souffle, les mains posées sur ses cuisses. Il relève la tête, un sourire victorieux aux lèvres. « Combien de tee-shirts il te faut alors ? »
SO CLOSE – Louis maintient la cadence, mais du coin de l'œil, il voit que Ruben n’est jamais très loin derrière. Finalement ils franchissent la ligne d’arrivée pratiquement en même temps, et il est difficile de les départager à l'œil nu. Le souffle court et les mains posées sur ses cuisses, les mots de Louis sont entrecoupés par sa respiration saccadée. « Tu mentais pas quand tu disais que tu courais souvent. Va sérieusement falloir que je me remette au rugby. » À ce sport, au moins, il pourrait garder l’ascendant sur Ruben. « On fait une belle pour se départager ou tu admets quand même ta défaite ? » En tout cas, ce n'était certainement pas lui qui allait abandonner.
FAIL – Après de longues minutes d’une course solitaire, Louis se fait dépasser par Ruben à quelques mètres de la ligne d’arrivée, et malgré ses derniers efforts, il ne parvient pas à le rattraper. « Ça m’apprendra à faire le malin. J’ai plus qu’à me soumettre à ton jugement maintenant. » Il tente de maintenir un ton amusé, mais ses sourcils froncés et sa mâchoire serrée trahissent sa déception.
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31457 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
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Ruben Hartfield
le problème à trois corps
ÂGE : trente-deux ans (04.12). SURNOM : (rhube) ben. STATUT : nina et lui se sont dit 'oui' à l'abris des regards le 15 janvier - elle s'attendait au meilleur, il lui a offert le pire. MÉTIER : neurochirurgien exerçant au st vincent’s hospital, doit encore faire ses preuves auprès des grands malgré sa tendance à se penser déjà meilleur que bien d'autres. aspire à se spécialiser en neurotraumatologie sur les années à venir. met ses connaissances au service de la fondation pearson depuis plusieurs années. LOGEMENT : passe en coup de vent au #404 water(melon sugar) street, spring hill, pour nourrir les chats mais n'arrive pas à y retourner de façon pérenne en sachant qu'elle n'y met pas les pieds (et en sachant qu'on pourrait trop facilement le trouver pour lui casser les dents, aussi). garde le double des clefs de chez scarlett parce-qu'au moins, là-bas, il ne doit rendre de comptes à personne. se fait claquer la porte au nez à peu près partout ailleurs, maintenant. POSTS : 13372 POINTS : 1840
TW IN RP : deuil, avortement, adultère. ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : quatrième enfant de la fratrie Hartfield, a toujours tout fait pour exister par lui-même, loin de l’ombre de ses aînés › neurochirurgien récemment diplômé, il ferait tout pour protéger sa carrière, au dépend de ses proches › a été anéanti par la disparition de son grand frère Jackson début 2020, mais ne l’a montré à personne, préférant assumer une fausse culpabilité seul dans son coin › a fauté une nuit (deux) (peut-être plus finalement) (oops) avec une étudiante de la faculté (et pas que), et plutôt que d’assumer auprès de sa petite-copine, il l’a demandé en mariage.CODE COULEUR : steelblue. RPs EN COURS :
AVATAR : harry styles. CRÉDITS : loudsilence. (avatar) › harley (profil+signature gifs) › stairsjumper + paindep (userbars). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 04/02/2022
lieu: run for judy, redcliffe.(c): gifsbyant (gif), luleaby (codage).
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Ce n’était pas une question piège: Ruben lui demandait sincèrement pourquoi il n’avait pas déjà repris le rugby. Même si Louis ne s’en rappelait pas, il avait été aux premières loges de son amour pour ce sport, il savait à quel point il pouvait y être attaché. « Je sais pas trop. J’ai sûrement peur du niveau médiocre que je risque d’avoir. C’est plus glorieux de rester sur le souvenir de mes vingt ans. » Un fin sourire s’accrocha aux lèvres de Ben à cette première partie de réponse; c’était toujours plus facile de rester accrocher aux souvenirs de l’époque, surtout pour quelqu’un qui avait eu un bon niveau comme c’était son cas à lui. Surtout qu’il avait ses souvenir de quand il était en plein ascension du niveau qu’il avait un jour pu avoir: un retour rapide à la réalité pourrait être plus blessant qu’encourageant, il était vrai. Cela pouvait également de trop le raccrocher de nouveau à son accident - et ce fut sur ce dernier que Louis rebondit, surtout. « Et puis y’a un médecin de Melbourne qui m’avait mis en garde quand je lui en avais parlé. Le risque de traumatisme crânien, tout ça. » Il fronça quelque peu le bout du nez: il était on ne pouvait plus au courant de toute cette partie là, bien sur, autant parce-que c’était là lié à sa profession que parce-que c’était quelque-chose qui le concernait personnellement que de s’inquiéter pour ce type de répercussion, et ce depuis toutes ces années. « J’en avais rien à faire avant, mais maintenant que j’ai expérimenté ce que ça pouvait faire comme dégât, j’avoue que ça m’a un peu refroidi. » Il tenta d’étirer un nouveau petit sourire, mais il n’était pas autant convainquant que celui qu’il avait pu avoir l’instant d’avant: Louis avait on ne pouvait plus raison. « Tu peux reprendre doucement, le temps de retrouver tes marques, pas besoin de viser la coupe du monde dès la semaine prochaine. » Il tentait d’insuffler une marque de légèreté à ce sujet de conversation; il comprenait parfaitement tout ce que Dalton expliquait, il entendait chaque argument. Mais il se devait d’ajouter un argument qu’il pourrait ressasser plus tard, même lorsque leur discussion serait terminée: « Laisse pas la peur prendre le dessus. Le reste devrait revenir rapidement. » Ruben faisait partie des personnes fonçant dans le tas qu’importe ce qui pourrait arriver en cours de route, du moment que cela lui permettait d’atteindre ses objectifs; forcément qu’il allait encourager Louis à agir dans cet optique là, malgré tout.
« Je préfère que tu sois honnête avec moi. » Jetant un regard dans la direction de Louis, il opina quelque peu du chef. « Je comptais pas faire autrement. » Parce-qu’avec lui, contrairement avec des personnes dans un temps bien plus présent, il n’avait jamais été question de mensonge ou quoi que ce soit de cet acabit. Il avait été question d’honnêteté, de discussions ouvertes et de toutes ces choses qui s’éloignaient du type de vie que menait Ruben désormais. Il ne comptait pas commenter à mentir à Louis aujourd’hui, ce n’était pas dans ses plans - surtout que ce dernier revenait vers lui parce-qu’il disposait d’une partie de ses souvenirs; pas de façon aussi simple et directe, mais d’une façon qui impliquait qu’il soit honnête avec lui. « Ca me fait juste me retrouver face à des discussions que je pensais pas avoir, c’est tout. Faut que je me fasse à cette réalité là aussi. » Parce-que pour lui c’était acquis que leurs discussions l’étaient, justement, acquises: il lui avait dit, il avait mis des années à savoir ce qui lui était arrivé et comment il allait, ce n’était pas aujourd’hui de son plein gré qu’il repousserait tout ça. Mais cela venait forcément avec son lot de questionnements, son lot de situation quelque peu cocasses en réalité aussi malgré tout. Louis lui posant des questions sur son mariage et sur son couple, malgré leur passé commun, faisait partie du lot; seul Ben était apte à s’en souvenir cependant, donc forcément que les questions de la part du brun étaient bien plus naturelles et légitimes d’autre chose, que n’importe quoi d’autre. Ce n’était pas pour autant qu’elles ne remuaient pas certains souvenirs au sein de ses ressentis. « Ravi d’avoir au moins servi à ça. » Même si le regard et la voix utilisés par Louis étaient on ne pouvait plus adaptés, il ne pouvait faire autrement que d’imaginer la façon dont ce dernier se sentait à entendre ce type de paroles. Ruben pencha quelque peu son visage sur le côté. « C’est pas délicat de ma part de le dire comme ça. » Ce n’était pas pour autant qu’il comptait s’excuser: c’était réellement à cause du départ de Louis qu’il avait remis certaines de ses façons de voir les choses en perpective. Il n’était pas très bon à appliquer parfaitement cette nouvelle façon de faire - ce n’était pas ici qu’il parlerait de tout ça, hors de question -, mais si ça n’avait pas été de perdre le brun à ses côtés aujourd’hui à cause de son manque d’engagement dans leur relation, il n’aurait pas fait ce pas là avec Nina pour sur. Mais les faits étaient les faits, et aujourd’hui était une réalité où il était marié à la jeune femme et non à Dalton - cette dernière n’ayant d’ailleurs pas changé son nom pour l’occasion puisqu’entre médecins, les choses étaient toujours différentes du reste de la réalité. Au moins, cette remarque placée sous un ton plus léger eut le don de tirer un petit sourire à Louis, et c’était-être tout ce dont il avait besoin en cet instant: voir que leur échange n’était pas en train de couler définitivement pour le reste de la séance. « Ah je vois ! J’imagine qu’elle te laisse pas lui marcher sur les pieds, alors, tant mieux. » Bien sur que Ben saisit l’occasion de renchérir avec un petit rire tout autant amusé que le sourire porté par Louis. « Elle est pas si terrible que ça non plus, voyons. » Mais il était vrai que Nina était l’une des seules personnes qui pouvait réussir à remettre Ruben dans le chemin souhaité, parce-qu’à bien d’autres il tenait tête sans se demander par deux fois si c’était là quelque-chose à réviser ou non. Et puis même de façon générale: il était rare que quelqu’un en vienne à lui tenir tête.
« Bon, l’échauffement est fini là, non ? » Ben ne se défit pas de son sourire amusé. « Rendez-vous sur la ligne d’arrivée, je t’attendrai avec une bouteille d’eau. » Et bien qu’ils aient repris la course, il se permit un rire à cette remarque là. « J’ai hâte de voir ça alors. » Et à la suite, il laissa le brun accélérer la cadence et prendre de l’avance. Il ne serait pas fâché s’il n’arrivait pas à le rattraper malgré tout: le but était de pouvoir passer un bon moment avec lui plus que de gagner - et que ce soit Ruben qui pensait ça n’était pas rien, c’était même un détail à souligner.
Alors, il le laissa prendre la tête de leur course à tous les deux. Il le laissa faire des enjambées supplémentaires, il le laissa penser qu’il allait définitivement gagner la course à tout moment du parcours. Mais cela se devait d’être souligné malgré tout: Ben avait l’habitude de l’endurance. Il courait quasiment tous les jours - dire tous aurait été un mensonge car il n’en était plus apte comme cela avait pu être le cas avant de le faire -, avait au compteur des journées entières à rester debout et à apprendre à dispenser son énergie de façon partielle pour que cette dernière puisse tenir le plus longtemps possible. Il avait ici et là une sacrée listes d’arguments pour réussir à garder un bon cap et surtout avoir bien plus d’énergie pour réussir à doubler Louis sur la fin de la course - de pas beaucoup, quelques longueurs, mais juste assez pour passer la ligne d’arrivée avant lui. Sourire aux lèvres bien sur, se tenant avec les mains sur les hanches et la cage thoracique cherchant à reprendre un rythme plus normalisé, il haussa un sourcil lorsque Louis le rejoint finalement. « J’ai failli t’attendre. » C’était prononcé sur le ton de l’amusement et de la taquinerie. « Ça m’apprendra à faire le malin. J’ai plus qu’à me soumettre à ton jugement maintenant. » Si les efforts ne semblaient pas porter leurs fruits côté Dalton, côté Hartfield il eut un rire qu’il ne contint pas. « Je t’avais prévenu que j’avais de l’entraînement dans les pattes. » Peut-être pas assez apparemment pour ne pas que ce dernier soit déçu - il pouvait le voir sur les traits de son visage. Comme ce fut Ben qui passa la ligne d’arrivée en premier, en imitant son propre geste d’un temps plus tôt, il tendit de nouveau une bouteille d’eau à Louis. « Tu te défends bien, si tu veux être rassuré. » Il haussa brièvement ses épaules. « J’aurais jamais été capable de te dépasser comme ça y’a quelques années, mais en prenant en compte que t’as été en incapacité pendant une période, franchement, tu t’en sors bien. » Et c’était autant l’homme que le médecin qui prononçait cette phrase - cela se voyait autant dans son regard que c’était possible de l’entendre dans le ton qu’il donnait à ses mots. Il finit par appuyer ces derniers en tendant sa main dans la direction de Louis, pour serrer la sienne et ainsi garder le côté fair-play et bon enfant qu’ils avaient donné dès le début à cette course. Ce ne fut que lorsqu’il eut sa main dans la sienne que Ben s’y accrocha davantage, juste un instant - assez pour que leurs regards se croisent. « Reprends le rugby. » Il lâcha sa paume. « C’est ton gage pour avoir perdu. Reprends le rugby et je veux voir ça. » Il aurait pu lui demander mille et une chose, il aurait pu faire en sorte d’utiliser les informations qu’il avait sur lui pour tirer un certain profit à cette situation et à cette compétition, mais il ne le fit pas; à défaut, il lui lança un gage qui lui serait bénéfique, d’une manière ou d’une autre à un moment donné. « Et je veux être convié à ta première défaite sur le terrain. » Parce-qu’avec une impulsion de challenge dans cette phrase, peut-être que cela permettrait à Louis de trouver davantage d’intérêt à effectivement le faire: il avait de quoi lui prouver qu’il avait tort et qu’il pouvait gagner. « Je sais que tu préfèreras te débrouiller seul, mais si t’as besoin de contact dans le milieu, je pourrais faire des efforts et t’en donner. » S’il pouvait ne pas le faire il lui en serait secrètement reconnaissant, mais il fermerait les yeux sur deux ou trois choses s’il en avait besoin. « Mais reprends le rugby, veux tu ? »
Il était étonnement facile de parler de sa reprise du rugby avec Ruben. Il était d’ailleurs étonnement facile de parler de beaucoup de sujets avec Ruben, mais là n’était pas la question. Concernant le rugby, Louis avait la sensation que le jeune homme était l’une des seules personnes à avoir suffisamment de cartes en main pour comprendre son dilemme. D’une part, avec un frère comme Rhett Hartfield, il devait connaître suffisamment le sport, même s’il ne le portait pas spécialement dans son cœur. D’autre part, il avait également la casquette de neurochirurgien, qui lui permettait d’être on ne peut plus au courant des risques en cas de choc brutal. Enfin, et même si Louis avait encore un peu de mal à se faire à l’idée, Ruben le connaissait lui, alors il était presque inévitable qu’il ait un jour été aux premières loges de sa passion pour ce sport. Ce n’était peut-être donc pas tellement étonnant qu’il soit si facile, pour Louis, de parler de sa reprise du rugby avec Ruben. Ce dernier n’esquiva d’ailleurs pas le sujet, au contraire. « Tu peux reprendre doucement, le temps de retrouver tes marques, pas besoin de viser la coupe du monde dès la semaine prochaine. » La légèreté de ses propos arracha un sourire à Louis. Il avait conscience que ce n’était pas une question de vie ou de mort, et qu’il se posait sans doute trop de questions à ce sujet. « Laisse pas la peur prendre le dessus. Le reste devrait revenir rapidement. » Il baissa les yeux, toujours trop vulnérable pour risquer de croiser le regard de Ruben. Il avait raison, son problème actuel n’était plus tant sa santé que sa peur, et cette fois, il ne pouvait compter que sur lui-même pour le résoudre. Ne sachant que dire de plus, Louis resta silencieux, tout en espérant que Ruben n’interprète pas ce silence comme quelque chose de négatif.
La discussion dériva sur le mariage de Ruben et Louis ne put s’empêcher de lui faire remarquer qu’il préférait qu’il soit honnête avec lui, même s’il ne faisait à l’origine pas partie des personnes avec qui il pensait en parler. « Je comptais pas faire autrement. » Louis hocha la tête, satisfait d’entendre qu’ils étaient apparemment sur la même longueur d’ondes à ce sujet. « Ça me fait juste me retrouver face à des discussions que je pensais pas avoir, c’est tout. Faut que je me fasse à cette réalité là aussi. » Ce n’était pas la première fois qu’il réalisait à quel point son retour bousculait parfois le quotidien de ses proches, et cela faisait systématiquement gonfler la boule de culpabilité qui pesait sur sa poitrine depuis qu’il avait posé le pied à Brisbane. « T’es pas le premier à me dire ça, vous pourriez monter un club. » Il tentait de garder le ton le plus léger possible, peu désireux d’exposer sa gêne. Son sourire de façade ne fit toutefois pas long feu, alors que Ruben lui confiait ne pas vouloir perdre celle qui était désormais son épouse. Il ne pouvait pourtant ne s’en prendre qu’à lui-même. C’était lui qui était parti et avait laissé derrière lui la possibilité d’être celui qu’on ne voulait pas perdre. « C’est pas délicat de ma part de le dire comme ça. » Louis resta silencieux. Il ne savait pas quoi répondre à cela, et désirait surtout changer rapidement de sujet de conversation pour quelque chose qui arrêterait de serrer son coeur dans sa poitrine au point de ne plus savoir si c’était l’effort de la course à pied ou le capharnaüm de ses émotions qui l’essouflait. Son vœu fut exaucé lorsque Ruben lui confia que Nina avait conservé son nom de naissance, plutôt que de devenir madame Hartfield. Il se saisit immédiatement de la perche tendue pour prendre un air plus amusé. « Elle est pas si terrible que ça non plus, voyons. » « Oh je m’en doute, je disais ça comme un compliment, » répondit Louis sans se départir de son sourire en coin.
Décidé à laisser cette discussion pas toujours agréable pour lui derrière eux, Louis proposa alors de démarrer pour de vrai la course qui devait les départager. Ruben accepta sans tarder, et le rugbyman accéléra immédiatement la cadence, bien décidé à lui prouver qu’il avait retrouvé son niveau d’avant l’accident. Malheureusement pour lui, ses efforts furent vains puisque Ruben le dépassa à quelques mètres de l’arrivée. Ça ne s’était pas joué à grand-chose, mais le résultat était là, implacable : Louis avait perdu. Evidemment, Ruben ne manqua pas l’occasion de le lui faire remarquer. « J’ai failli t’attendre. » Si le sourire de Louis était amer, il avait au moins le mérite d’exister. Il n’aimait pas perdre, certes, mais il était suffisamment bon joueur pour accepter sa défaite lorsqu’il le fallait. « Je t’avais prévenu que j’avais de l’entraînement dans les pattes. » Il se retint au dernier moment de mimer l’autosatisfaction de Ruben comme il avait l’habitude, enfant, de se moquer de l’assurance teintée de suffisance de sa sœur aînée. Il avait passé l’âge d’agir de la sorte et encore une fois, il était le seul à blâmer pour la situation dans laquelle il s’était lui-même mis. « Et moi il va falloir que je m’y remette sérieusement. » Il courait régulièrement, certes, mais la plupart de ses sorties ressemblaient davantage à des balades à vive allure qu’à de réels entraînements. S’il voulait retrouver un niveau convenable, il allait devoir faire davantage d’efforts. Il n’avait plus la condition physique de ses vingt ans, et il avait tendance à l’oublier. Louis attrapa la bouteille d’eau tendue par son compagnon et avala deux longues gorgées avant de poursuivre. « T’accepterais de courir avec quelqu’un qui va te ralentir de temps en temps ? » Il ne savait pas si leurs emplois du temps seraient compatibles, mais la perspective de courir aux côtés de Ruben serait peut-être une motivation suffisante pour s’améliorer. Louis rendit ensuite sa bouteille au chirurgien et essuya la pellicule de sueur qui recouvrait son visage avec son tee-shirt. « Tu te défends bien, si tu veux être rassuré. » Louis ne put s’empêcher de grimacer. Être rassuré ne valait pas grand-chose face à la défaite qu’il venait d’essuyer. « J’aurais jamais été capable de te dépasser comme ça y’a quelques années, mais en prenant en compte que t’as été en incapacité pendant une période, franchement, tu t’en sors bien. » Il avait beau se répéter que c’était tout à fait normal de devoir travailler davantage après l’accident, l’immobilisation et la rééducation qui avaient suivi, Louis était trop impatient pour l’accepter totalement. Ce qu’il voudrait, c’était que cet accident n’ait jamais eu lieu et qu’il puisse retrouver sa vie telle qu’il l’avait laissée. Même s’il ne gardait aucun souvenir de cette vie-là. Parce qu’il aurait ainsi au moins la sensation de ne pas totalement repartir de zéro comme c’était le cas actuellement. Il ne s’étendit pas davantage sur ses états d’âme, et préféra serrer la main tendue de Ruben. Geste de fair-play qu’il avait effectué des centaines - peut-être des milliers - de fois dans sa vie d’avant. Le parallèle le fit sourire, avant que l’expression de son visage ne se transforme en interrogation, parce que cette poignée de main durait un petit peu trop longtemps pour que cela soit anodin. Louis releva alors le regard vers celui de l’autre homme. « Reprends le rugby. » Il ne le quitta pas des yeux, ne comprenait pas tout à fait où il voulait en venir, alors qu’il sentait encore sur sa paume la chaleur de sa peau. « C’est ton gage pour avoir perdu. Reprends le rugby et je veux voir ça. » Un sourire rassuré étira ses lèvres à mesure que le sens des mots de Ruben s’imprima dans son esprit. L’espace d’un instant il se demanda pourquoi avoir fait le choix de ce gage-ci en particulier, alors qu’il aurait pu lui demander tout et n’importe quoi, mais Louis ne posa pas de question, trop content de s’en sortir aussi facilement. « Entendu, » accepta-t-il en hochant la tête. Ce fut cette fois à son tour de tendre la main vers Ruben, comme pour sceller leur accord sur ce gage, qui n’en était pas vraiment un. « Et je veux être convié à ta première défaite sur le terrain. » Les yeux de Louis pétillèrent de malice en entendant le challenge dans les mots de Ruben. « Il va falloir que t’assistes à un paquet de matchs avant de voir ça. » Évidemment, il n’avait aucune idée de la véracité de ses propos. Il ne connaissait pas le moins du monde le niveau de l’équipe qu’il allait intégrer. Ni celui de ses futurs adversaires. Il ne savait même pas si un club allait accepter de l’intégrer dans son effectif. Mais malgré ces incertitudes, il n’avait pas pu s'empêcher de répondre à Ruben sur un ton de défi. « Je sais que tu préfèreras te débrouiller seul, mais si t’as besoin de contact dans le milieu, je pourrais faire des efforts et t’en donner. » Louis hocha la tête, espérant que Ruben lirait ses remerciements silencieux dans son sourire sincère. Parce qu’il était apparemment prêt à mettre de côté les tensions qui existaient entre lui et son frère pour l’aider, et Louis avait l’intuition que ce n’était pas un effort à prendre à la légère. « J’ai déjà repéré un ou deux clubs, mais je n’hésiterai pas, si besoin. » « Mais reprends le rugby, veux tu ? » Louis hocha de nouveau la tête, un sourire sincère toujours accroché aux lèvres.
Ruben Hartfield
le problème à trois corps
ÂGE : trente-deux ans (04.12). SURNOM : (rhube) ben. STATUT : nina et lui se sont dit 'oui' à l'abris des regards le 15 janvier - elle s'attendait au meilleur, il lui a offert le pire. MÉTIER : neurochirurgien exerçant au st vincent’s hospital, doit encore faire ses preuves auprès des grands malgré sa tendance à se penser déjà meilleur que bien d'autres. aspire à se spécialiser en neurotraumatologie sur les années à venir. met ses connaissances au service de la fondation pearson depuis plusieurs années. LOGEMENT : passe en coup de vent au #404 water(melon sugar) street, spring hill, pour nourrir les chats mais n'arrive pas à y retourner de façon pérenne en sachant qu'elle n'y met pas les pieds (et en sachant qu'on pourrait trop facilement le trouver pour lui casser les dents, aussi). garde le double des clefs de chez scarlett parce-qu'au moins, là-bas, il ne doit rendre de comptes à personne. se fait claquer la porte au nez à peu près partout ailleurs, maintenant. POSTS : 13372 POINTS : 1840
TW IN RP : deuil, avortement, adultère. ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : quatrième enfant de la fratrie Hartfield, a toujours tout fait pour exister par lui-même, loin de l’ombre de ses aînés › neurochirurgien récemment diplômé, il ferait tout pour protéger sa carrière, au dépend de ses proches › a été anéanti par la disparition de son grand frère Jackson début 2020, mais ne l’a montré à personne, préférant assumer une fausse culpabilité seul dans son coin › a fauté une nuit (deux) (peut-être plus finalement) (oops) avec une étudiante de la faculté (et pas que), et plutôt que d’assumer auprès de sa petite-copine, il l’a demandé en mariage.CODE COULEUR : steelblue. RPs EN COURS :
AVATAR : harry styles. CRÉDITS : loudsilence. (avatar) › harley (profil+signature gifs) › stairsjumper + paindep (userbars). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 04/02/2022
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Que ce soit pour parler du rugby ou de son mariage, face à Louis il n’avait jamais été question de ne pas être honnête. S’il y avait bien quelqu’un en plus qui l’avait connu complètement ouvert et honnête à un moment de sa vie, c’était bien le brun à ses côtés; par la suite, les choses étaient devenues un brin plus compliquées à être autant tranchées. Alors même si discuter de son union avec une autre personne n’était pas sur sa liste des priorités à ses côtés, il le ferait tout de même s’il lui posait des questions parce-qu’il n’était pas question de l’éviter. Ca n’avait jamais été question de ça. « T’es pas le premier à me dire ça, vous pourriez monter un club. » Il pouffa un petit rire par le nez, en rien amusé en réalité. « Je suis pas sur de vouloir monter un club avec ces personnes là. » Oh, il connaissait assez d’éléments et de détails pour savoir de qui il s’agissait, et ce n’était pas une alliance qu’il avait envie de voir naitre pour sur. Contrairement à Louis, il avait tous ses souvenirs et ce qui s’apparentait à ces derniers - les comportements des uns et des autres en faisant partie. Ce que Louis ne connaissait pourtant pas mais qu’il arriva à deviner avec une aisance qui faisait presque peur, c’était la façon dont Ruben laissait Nina se comporter avec lui - contrairement à l’image qu’il renvoyait pour le reste du monde, qui était encore celle qu’il tentait de montrer à Louis malgré lui parce-qu’il ne s’avait s’empêcher malgré tout de rester avec ce masque qu’il portait dans la pièce théâtrale qu’était la vie de façon bien plus générale. « Oh je m’en doute, je disais ça comme un compliment » Et bien sur que cela faisait sourire Ben autant que cela l’amusait lui de souligner ce type de détails. ll ne faisait pas autant le malin aux côtés de sa femme, et si c’était un quelque-chose sur lequel il pourrait faussement se vanter et établir une vérité toute autre, il ne le faisait même pas. Ce n’était pas nécessaire de pousser le bouchon jusque là.
La discussion s’effila et ils mirent leurs efforts dans la course, que Ben remporta avec une facilité presque déconcertante dans les poignées de minutes qui suivirent. Pas que c’était un quelque-chose dont il pouvait vraiment se vanter, mais c’était tout de même ce qu’il fit - parce-qu’il savait que c’était là un type de comportement qui amusait bien plus Louis qu’il ne l’avouerait là. L’avantage d’en connaitre plus sur le jeune homme qu’il n’en connaissait sur lui même surement. « Et moi il va falloir que je m’y remette sérieusement. » Haussant comme si de rien n’était: il n’était pas mauvais, Ruben était juste quelqu’un d’obstiné et de régulier dans l’entretien de sa condition physique; et il n’avait pas eu de circonstances atténuantes surtout. « T’accepterais de courir avec quelqu’un qui va te ralentir de temps en temps ? » A ces mots là, il releva son regard vers Louis - regard qui contenait une nuance de vert différente, celle d’un enthousiasme qu’il peinait à masquer et à atténuer. Il avait qu’il n’était pas véritablement autorisé à se sentir comme ça. Alors, avec un calme presque olympien tant il était habitué à maitriser ses émotions et ressentis, il opina quelque peu du chef. « Bien sur. » Ce n’était même pas une question à laquelle il pourrait dire non, à ses yeux. « Et tu me ralentirais pas vraiment, tu sais. Faudra juste que j’arrête de vouloir sortir le grand jeu. » Et il fit ceci avec un petit sourire en coin, assez amusé pour qu’il soit évident. Bien sur qu’il en faisait des caisses et des tonnes aujourd’hui, parce-qu’il avait aussi envie de montrer à Louis - même si ce dernier ne pourrait faire la comparaison - qu’il s’en sortait parfaitement bien de son côté depuis son départ. C’était idiot, mais ce n’était pas quelque-chose sur laquelle Ruben avait envie d’épiloguer aujourd’hui, que ce soit à l’oral ou dans son esprit; il prit le parti plutôt de renchérir sur la partie qui les intéressait depuis le début: les gages qu’ils obtiendraient selon qui gagnait la course. Le docteur n’avait pas encore tout à fait déterminé le sien avant de passer la ligne d’arrivée, mais ce dernier était d’une évidence même pour lui désormais: Louis se devait de reprendre le rugby. Qu’importait la raison qu’il associerait à cette idée, mais il avait toujours été fait pour ce sport et savoir qu’il se retenait d’y replonger tête baissée - littéralement presque - parce-que c’était la peur qui parlait, ce n’était pas entendable pour Ben. Alors s’il le fallait, il le pousserait lui-même sur le terrain - mais il savait pertinemment que si c’était là le résultat d’un gage, Dalton respectera ses engagements. Il le savait mieux que lui, et de toutes façons cela se vit autant dans le regard qu’il posa sur lui que dans le sourire qu’il lui accorda. « Entendu » Le sourire de Ruben s’adoucit de son côté également. « Il va falloir que t’assistes à un paquet de matchs avant de voir ça. » Il appréciait la façon dont il répliquait avec cette pointe de défi dans la voix; il avait toujours apprécié cette dernière chez lui. « Il en faut plus pour me faire peur, tu sais. » Ce n’était pas l’idée de le voir gagner avant de le voir perdre qui animait cette pensée, mais plutôt de le voir gagner pour éviter de perdre et de se donner de nouveau à fond dans ce qu’il aimait. Autant pour lui que parce-que c’était réellement bon pour sa guérison - mais il ne mentionnerait pas ce détail là à haute voix, pas aujourd’hui.
« J’ai déjà repéré un ou deux clubs, mais je n’hésiterai pas, si besoin. » - « C’est noté. » Même si cela lui arracherait un morceau de sa fierté, il se tiendrait à ce qu’il lui proposait. Maintenant, toutes les cartes étaient entre les mains de Louis et Ruben n’avait plus qu’à patienter et observer pour voir si quelque-chose se déclenchait chez lui de nouveau - dans son regard, dans ses muscles, dans la moindre mémoire qu’il avait pu avoir un jour.