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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/harley

Nous sommes loin des photographes maintenant. Sur le tapis rouge, j’ai dû sourire, poser aux côtés de Rhett Hartfield dont je joue le "sosie" à l’écran, avec le casting dans son entièreté, avec Micah, Aiden, et les autres acteurs choisis pour donner vie à l’écran à la fratrie Hartfield. Les seules photographies où mon sourire a quelque chose d’authentique, c’est celles qui j’ai prises aux côtés de Damon, à la fin du tapis rouge et quelques minutes seulement avant d’entrer dans la salle. L’équipe du film a été placée quelque part au milieu, les acteurs principaux juste au-dessus de l’entre salle, pour laisser aux femmes de la place pour leurs longues et encombrantes robes.  

En bas, Scott et le scénariste en chef donnent un discours. Pour la presse et les personnalités importantes réunies pour cette avant-première mondiale, ils présentent le projet, la genèse du film, ils encensent le drogué à l’origine de tout ça qui, à mon sens, ne mérite pas une telle attention. Ils remercient l’équipe et, lorsqu’il parle de moi, je sais que Scott ne pense pas un mot des louanges qu’il chante. Il me déteste. Très bien, cela ne m’empêche pas de dormir la nuit, pas alors que je suis avec Damon et que, ce soir, il est là à mes côtés, sa main enfermant la mienne. C’est lui que je regarde, son visage que je sonde alors qu’il ne peut faire autrement que se poser sur mon ancien amant – il n’est pas sa compétition, et Damon ne possède pas un naturel jaloux, mais il le méprise pour le mal qu’il m’a fait – et je donnerais une fortune pour que l’on me dévoile les pensées qui lui traversent l’esprit.

Délicatement, je me penche vers lui pour pouvoir lui chuchoter quelques mots ; je n’ai pas envie de pouvoir être entendue par tous ceux qui m’entourent. « Tu sais que si c’est mauvais, tu as le droit de me le dire. » Le film n’a pas encore commencé que je tente déjà de rassurer Damon ; il n’a pas besoin d’apprécier ce qu’il va voir, ce n’est pas là le résultat de mon travail acharné et passionné. C’était une opportunité. Une bonne opportunité de faire parler de moi et je l’ai saisie. Mais je n’ai pas mis d’âme dans mon interprétation de Rhett Hartfield, parce que je crois pas qu’il en possède une très intéressante. Furtivement, je dépose un baiser sur ses lèvres et ce n’est même pas pour étaler mon bonheur conjugal devant un Scott qui ne doit pas me quitter des yeux, pendant que le producteur prend la parole. Mon ancien amant n’existe plus dans mon esprit à présent que j’ai eu ma vengeance : je veux simplement être rassurée par la chaleur de mon mari. « Je te dirais bien qu’on est pas obligé d’aller au repas organisé pour fêter le lancement du film… » Un restaurant a été privatisé pour l’occasion en centre-ville, je genre d’endroit où je n’aurais jamais pu rêver de mettre les pieds avant Damon. « Mais je crois que c’est un peu l’une de mes prérogatives. » Je tolère Aiden, n’ai pas appris à apprécier Mabel, Micah m’amuse comme il m’a toujours amusé, mais sans que notre relation ne soit vouée à s’approfondir réellement. Il n’y a personne d’autre que Damon avec qui j’ai envie de fêter la fin de cette ère – ou son début ? – mais je suis le lead, ne pas me montrer aux festivités ferait mauvais genre.

Et ma robe est bien trop belle pour ne pas être portée et montrée aussi longtemps que possible. « Je sais pas pourquoi je te dis ça, t’as pas besoin de t’inquiéter toi, les quelques fois où t’es venu sur le plateau, t’as réussi à te faire bien plus apprécier que moi en plusieurs semaines de tournage. » Parce qu’il est lui et que je suis moi. L’un de nous deux dégage bien plus de chaleur humaine et de gentillesse, et il n’est pas bien difficile de devenir lequel. Les lumières s’éteignent, et je comprends que le film s’apprête à commencer. Alors, j’adresse un dernier chuchotement à Damon. « Je le pense vraiment. Si c’est mauvais, je suis prête à en rire avec toi. » Et je ne lui tiendrai pas rigueur de nourrir de telles pensées.

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@megan williams

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C’était comme si à chaque fois qu’il tournait sa tête de droite à gauche ou inversement, une personne encore plus célèbre se trouvait à ses côtés. Damon avait toujours eu l’habitude de côtoyer du beau monde, comme cette catégorie de la population pouvait être appelée, mais pas du domaine du cinéma - si bien que c’était une toute nouvelle expérience pour lui, ce tapis rouge. Certains des visages lui étaient connus, d’autres beaucoup moins, mais le jeune italien ne faisait pas partie de toutes ces personnes qui manquaient une respiration ou deux lorsque leur idole passait non loin d’eux. Non, même s’il saurait admettre qu’il y avait des belles personnes autour de lui et qu’à ces dernières pouvaient leur être attribué un certain talent, son regard ne s’arrêtait que sur l’une d’entre elles parmi le lot: sa femme. Dès son arrivée sur place, il n’avait su regarder quelqu’un d’autre comme il la regardait elle, qu’elle soit au bras d’un autre ou au sien selon les engagements qu’elle devait respecter ici et là. Il y avait fort à parier que sur les réseaux sociaux dès la soirée passée, nombreux internautes seraient à souligner le regard que lui pouvait lui accorder - et nombreux seraient à envier la place de Megan à ne pas en douter.

Une fois qu’ils eurent fini de parader sur le tapis rouge, ils rejoignirent la salle de projection où s’apprêtait à être diffusé le premier film dans lequel Megan jouait - et qui plus était, elle tenait le rôle titre, ce n’était pas rien. Damon n’était pas jaloux, son comportement face à la jeune femme se retrouvant au bras d’autres hommes que lui dans la même soirée le prouvait; il était resté tout sourire aux lèvres puisqu’il savait qu’il n’y avait rien d’autre à éprouver qu’une admiration pour la blonde. En revanche, dans cette salle alors que son regard se devait de se poser sur celui qui était entre autres l’ancien amant de Megan, il n’était plus autant sur de savoir rester de marbre. Ce n’était toujours pas de la jalousie, leur histoire était terminée, mais plutôt de la rancoeur à l’égard de l’homme qui n’avait su la traiter comme elle le méritait. Alors peut-être qu’il avait la mâchoire un peu plus tendue et que ses applaudissements ne se firent pas autant enthousiastes qu’ils avaient pu l’être jusque maintenant. Mais il ne s’en excuserait pas - il pencha même son visage vers Megan un instant pendant le discours de Scott. « Dans pas longtemps il va falloir qu’il fasse des implants, s’il veut continuer à saluer les salles pleines en baissant la tête. » Tout était prétexte à lui trouver un défaut. « Tu sais que si c’est mauvais, tu as le droit de me le dire. » Il tourna son visage complètement vers elle à ces mots là. « Je sais. » Il haussa un sourcil. « Mais ça le sera pas. » Elle était dedans, alors cela ne pouvait pas être mauvais au point d’être souligné. Et puis lui n’était venu que pour profiter de la voir sur grand écran, peu importait la qualité du film - et il connaissait déjà l’histoire. Si à la suite, elle déposa un baiser rapide sur ses lèvres, Damon ne se gêna pas pour en réclamer un autre - qu’il appuya bien plus davantage. Peut-être pour montrer à l’autre toujours sur scène que c’était lui qui était aux côtés de Megan aujourd’hui, et pas lui.

« Je te dirais bien qu’on est pas obligé d’aller au repas organisé pour fêter le lancement du film… » Mais elle n’avait pas le choix. « Mais je crois que c’est un peu l’une de mes prérogatives. » Il eut un petit sourire en coin. « Au pire, tu fais des grands sourires en arrivant, on se trouve une table dans un coin si les autres sont trop chiants et on passe le reste de la soirée à les critiquer. » Avec amusement, il haussa les épaules. « J’ai connu pire comme programme. » Et il était on ne pouvait plus sérieux. « Je sais pas pourquoi je te dis ça, t’as pas besoin de t’inquiéter toi, les quelques fois où t’es venu sur le plateau, t’as réussi à te faire bien plus apprécier que moi en plusieurs semaines de tournage. » Il attrapa sa main, glissa ses doigts entre les siens. « Parce-que t’es nerveuse et que tu veux que je passe un bon moment. » Il déposa un baiser sur sa joue. « Promis ça va bien se passer. » A ce moment là, les lumières s’éteignirent, comme pour accompagner parfaitement leur discussion. « Je le pense vraiment. Si c’est mauvais, je suis prête à en rire avec toi. » - « Si t’en ris pas, j’en ris pas. C’est toi qui mènes la danse. » Il tourna son regard vers l’écran, et vers toutes les autres personnes présentes autour d’eux; beaucoup semblaient être véritablement impatients de voir les images qui allaient arriver. La première fut le visage de Megan à l’écran, et bien sur qu’un immense sourire étira d’instinct les lèvres de Damon. Elle était encore plus belle sur grand écran. « Je vais installer un vidéo-projecteur à la maison pour te regarder en grand écran comme ça plus souvent. » Ce que la jeune femme se doutait surement mais qu’elle ne soulignait pas avec ses paroles se voulant rassurantes à l’égard de Damon, c’était que dans tous les cas qu’importait la qualité du film, il serait son plus grand fan et supporter. « C’est quand les scènes où tu me couvres les yeux déjà ? » Tournant son regard vers elle, il lui adressa un petit clin d’oeil alors qu’il resserrait sa prise sur sa main: il ne bougerait pas d’un pouce de toute la séance, c’était pour sur.

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« Dans pas longtemps il va falloir qu’il fasse des implants, s’il veut continuer à saluer les salles pleines en baissant la tête. » En entendant cette remarque désobligeante à l’attention de mon ex, j’étouffe non sans mal un rire à l’intérieur de ma main. Si Damon avait le moindre doute au sujet de la nature de mes sentiments à son encore, sans-doute que cette réaction lui suffirait pour comprendre que je ne ressens plus grand-chose à son égard, je le trouve risible, ridicule dans son égo démesuré qui m’attirait pourtant autrefois. L’implantation capillaire de Scott ne présente pas réellement de défaut, si l’on veut être parfaitement honnête, mais je m’enorgueillis de constater que Damon ne l’aime pas au point de se permettre ce genre de critique. Il n’est peut-être pas jaloux, mais il est au moins protecteur et cela me convient. Une pensée me traverse l’esprit et je me demande ce qu’il pense du fait que j’ai eu un amant à ce point plus vieux que nous, s’il lui arrive parfois de m’imaginer dans ses bras.

« Je sais. Mais ça le sera pas. » - « Attends d’avoir vu avant d’être aussi certain. » Parce que je sais que les premiers screening ont fait grincer des dents. Toutefois, il était bien trop tard pour faire marche arrière. Moi, je trouve que le film a le mérite d’être touchant dans ses bons moments, et je crois que je m’en contente pleinement. « Au pire, tu fais des grands sourires en arrivant, on se trouve une table dans un coin si les autres sont trop chiants et on passe le reste de la soirée à les critiquer. J’ai connu pire comme programme. » - « Tu parles, à mon avis ils font avoir rassemblé toutes les tables pour faire une immense tablée, histoire qu’on puisse tous trinquer ensemble. Hartfield tirera une tête de six pieds de long, s’il vient, Mabel se comportera comme si elle était le centre de l’univers, Aiden respirera lorsqu’elle l’autorise à le faire et Tomlinson se regardera dans le miroir toutes les deux minutes pour s’assurer que ses cheveux sont en place. » Dis comme ça et pour qui sait rire au détriment des autres, la soirée peut être amusante, finalement.

« Parce-que t’es nerveuse et que tu veux que je passe un bon moment. Promis ça va bien se passer. » Je veux qu’il ne passe pas un trop mauvais moment, surtout. Je veux qu’il rentre à la maison sans jamais cesser de me regarder comme il le fait, avec un regard rempli d’amour et d’admiration que je ne mérite pas. Et ce que je ne veux surtout pas, c’est qu’il me regarde comme un homme qui vient de découvrir que sa femme le trompe simplement parce qu’une salle de cinéma entière aura vu presque tout ce qu’il y a voir de moi. Mais il ne m’a pas jugée, après les photos, et je tente de ne pas l’oublier pour bercer mes angoisses. Les lumières s’éteignent au moment où il dépose un baiser sur ma joue, et je ne peux m’empêcher de lui glisser une remarque de plus pour l’autoriser à être honnête : nous passerons tous les deux un meilleur moment. « Si t’en ris pas, j’en ris pas. C’est toi qui mènes la danse. » Je ne risque pas de rire. Au contraire, à l’instant où mon visage apparaît à l’écran, mes joues rougissent de gêne. « Je vais installer un vidéo-projecteur à la maison pour te regarder en grand écran comme ça plus souvent. » Avec humour, je tape doucement le dos de sa main, avant de la reprendre dans la mienne. « Je sais très bien que c’est pas ces scènes là que tu regarderas en grand écran. » Je chuchote, avant de tenter de me concentrer à nouveau et de rester sérieuse. Les yeux sont à présent braqués en direction de l’écran, plus sur nous, mais je ne peux m’empêcher de me dire que je vais être scrutée et jugée pendant deux heures quinze. « C’est quand les scènes où tu me couvres les yeux déjà ? » - « La première est bientôt. » Damon n’a pas envie de se conduire en enfant sage et continue à me parler à voix basse et je l’imite sans vergogne. Pour joindre le geste à la parole, je lève ma main au-dessus de ses yeux, à l’instar d’une mère qui voudrait éviter à un enfant trop jeune de voir des choses non adaptées à son âge. « Genre là. Après la scène d’entrainement et les vestiaires. » Le film s’ouvre sur une présentation du sportif à son âge d’or, ou plutôt, de moi. On y présente son quotidien, ses entrainements, ses relations avec ses co-équipiers, sa petite amie parfaite – ou plutôt, son petit ami parfait dans le cas présent – bref, sa sensation d’être au début d’une carrière prometteuse et d’une vie qui ne promets que le meilleur – avant d’aborder sa descente aux enfers. « Je crois que le pire, ce sont les bruitages. » Mon nez se plisse alors que les premiers gémissement – bon dieu, ce sont de ma gorge à moi qu’ils sortent – se font entendre dans la salle de cinéma. A présent à moitié dissimulée derrière ma main gauche, je ne sais pas où me mettre tant la scène a l’air réelle. Les metteurs en scène sont doués pour ce genre de chose, au moins. « Oh non seigneur… »

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« Attends d’avoir vu avant d’être aussi certain. » Il ferma les yeux en secouant sa tête de gauche à droite, un sourire amusé collé sur les lèvres. Il savait que ça ne serait pas le film de l’année, mais il savait également qu’il n’était pas possible de passer un mauvais moment si c’était pour voir sa femme sur grand écran.

« Tu parles, à mon avis ils font avoir rassemblé toutes les tables pour faire une immense tablée, histoire qu’on puisse tous trinquer ensemble. Hartfield tirera une tête de six pieds de long, s’il vient, Mabel se comportera comme si elle était le centre de l’univers, Aiden respirera lorsqu’elle l’autorise à le faire et Tomlinson se regardera dans le miroir toutes les deux minutes pour s’assurer que ses cheveux sont en place. » Le plan de se mettre tous les deux dans un coin pour éviter la foule et être tranquilles semblait donc rapidement compris avec ces informations là. La seule chose positive dans tout ça, c’était que Megan semblait déjà être dans l’esprit de passer une partie de la soirée à les critiquer - ce qui n’arracha pas le sourire qui s’accrocher aux lèvres de Damon. « Tu prends un peu d’avance à les critiquer comme ça, non ? » Il haussa un de ses sourcils. « Dommage que tu parles pas italien, on aurait pu s’en donner à coeur joie. » Il y avait fort à parier que ce n’était pas une langue maitrisée par les autres personnes conviées au diner, et qu’ils auraient pu discuter en toute discrétion pourtant à la vue de tous.

Les lumières de la salle avaient beau s’être éteintes, avec celle projetée par l’écran, Damon put voir la teinte que prirent les joues de Megan; si elle ressemblait un semblant de honte apparement quand aux images qui allaient être diffusées, ce n’était en rien son cas à lui alors qu’il n’avait encore rien vu. Il jouait de la situation même: le but était de passer un bon moment. « Je sais très bien que c’est pas ces scènes là que tu regarderas en grand écran. » Bien sur qu’il eut un sourire malicieux désormais, parce-qu’elle visait juste et ils le savaient tous les deux.

Si dans une séance de cinéma classique, Damon se serait bien tenu et aurait arrêté de parler dès les lumières éteintes pour profiter au maximum du film, aujourd’hui il se montrait moins enfant sage et continuait de parler à sa femme. Une fois alors qu’ils parlaient du film, Megan avait évoqué l’idée de lui cacher les yeux à l’arrivée de certaines scènes; lui ne voyait pas de nécessité, mais peut-être était-ce finalement quelque-chose dont elle avait besoin plus que lui - peut-être était-ce également pour cette raison qu’il relança cette proposition sur le tapis, autant que pour détendre l’atmosphère. « Genre là. Après la scène d’entrainement et les vestiaires. » Sa main toujours dans la sienne, il resserra doucement cette dernière. « Je crois que le pire, ce sont les bruitages. » Haussant un sourcil, autant aux paroles qu’aux bruits qui pouvaient se faire entendre dans la salle désormais, Damon pencha quelque peu sa tête sur le côté alors que son regard restait rivé sur l’écran pour le moment. Dire qu’il restait de marbre devant la scène qui se déroulait sous ses yeux serait mentir - et il se serait permis le premier commentaire qui lui venait en tête si Megan n’avait pas repris la parole. « Oh non seigneur… » Tournant lentement son visage vers la jeune femme, Damon put voir qu’elle cachait son visage de sa main et c’était comme si tout son corps cherchait à s’enfoncer dans le fauteuil de la salle de cinéma. « Meg… » Il pencha son visage vers elle pour déposer un baiser sur sa joue brulante. « Regarde moi si tu préfères plutôt. T’as pas besoin de te concentrer sur l’écran si ça te dérange. » ET il ne le ferait pas non plus si ça permettait qu’elle se trouve moins gênée. Lui ne l’était pas - mais ce n’était pas à propos de lui pour le moment. « Je peux même mettre mes mains sur tes oreilles si tu préfères aussi ? Comme on fait avec les enfants pour les feux d’artifice. » Il tirait sur la corde de l’humour mais tout en bienveillance, laissant un sourire attendri étirer ses lèvres. « Tu ferais surement apparition dans tous les articles de presse si tu faisais ça, mais si t’as envie de sortir de la salle je te suis aussi. » Les possibilités étaient infinies et Damon n’avait que peu à faire de celle qu’elle finissait par choisir, tant que c’était l’action qui lui semblait la plus adaptée pour elle et pour son confort. « C’est toi qui choisis. » Il irait jusqu’à lui raconter des histoires idiotes au creux de l’oreille pendant tout le reste du film si elle ne vouait pas se concentrer sur les sons qui émettaient de ce dernier.

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« Tu prends un peu d’avance à les critiquer comme ça, non ? » - « Avec eux je peux pas prendre trop d’avance, je te jure. » Je pose une main sur ma poitrine de façon théâtrale pour appuyer mes mots. Non, je ne m’avance en rien du tout non plus en affirmant que je ne les reverrai jamais plus lorsque tout ça sera terminé, ou alors certainement pas à mon initiative. Ils disparaîtront de ma vie, Scott le premier. « Dommage que tu parles pas italien, on aurait pu s’en donner à coeur joie. » - « Ils seront trop occupés à s’écouter parler pour prêter attention à nos méchancetés, je te rassure. » Ou à se regarder le nombril, pour Rhett et Micah. Remarque que, si j’étais ce dernier et aux vues de ses dernière casseroles en date, je ne me la ramènerais pas trop. En tout cas, avec cette nouvelle perspective pour occuper le dîner, il me semble tout de suite un peu moins insurmontable qu’il ne l’était encore à mes yeux il y a quelques minutes. Avec un peu de chance, le film fera un tabac – beaucoup de chance – et tout le monde sera trop occupé à se congratuler pour prêter attention à Damon et moi si nous partons tôt.

De toute façon, le film commence et, parfaitement consciente du genre de scène qui ouvre pratiquement le film, je m’enfonce dans mon fauteuil comme si je voulais disparaître sous le revêtement en velours. Je sais que je ne devrais pas avoir honte. Je doute peut-être de la qualité du film, mais je sais que mon corps sera désiré, jalousé, ou parfois même les deux à la fois et que ce point-là fera l’unanimité. Sauf que je n’avais pas anticipé l’effet qu’aurait sur moi d’entendre mes gémissements sur le système de son d’une salle de cinéma : je deviens aussi rouge que le fauteuil sur lequel je suis installée. Ma main sur mon visage, j’ose à peine regarder l’écran entre mes doigts.
« Meg… Regarde moi si tu préfères plutôt. T’as pas besoin de te concentrer sur l’écran si ça te dérange. » Les lèvres de Damon déposent un baiser sur ma joue cramoisies. Même mes oreilles chauffent : je m’y étais préparée, mais je ne m’attendais pas à ce que le sentiment soit si oppressant. « Je peux même mettre mes mains sur tes oreilles si tu préfères aussi ? Comme on fait avec les enfants pour les feux d’artifice. » Je tourne mon visage dans sa direction, attendrie par sa réaction et ses propositions. Il est parfait sans que cela n’ait quoi que ce soit de surprenant. « Tu ferais surement apparition dans tous les articles de presse si tu faisais ça, mais si t’as envie de sortir de la salle je te suis aussi. C’est toi qui choisis. » - « Non t’en fais pas. La scène est presque finie. » Le film n’est pas un film pornographique non plus, mais il est certain que le choix a été fait d’attirer les gens en salle avec ce genre de scène. Moi, j’aurais préféré quelque chose de différent, mais je ne suis pas le genre de féministe à la con à se révolter et se rebeller contre le patriarcat. Au final, j’ai fait exactement ce que l’on attendait de moi et ce que l’on m’a demandé de faire.

Ce que j’espère, c’est que Damon ne me dise pas si je sonne comme ça en vrai.

Au moins maintenant, Damon n’a plus à craindre d’être raillé par ses collègue au sein de la MHI, et une part de lui doit certainement être soulagée. Moi, j’encaisse mieux les quelques autres scènes du genre, celles qui ont valu au film de ne pas être classé tout public, et je tremble à chaque fois que je me vois prétendre de consommer de la drogue à l’écran. Je me dis que je ne peux pas être si mauvaise actrice, étant donné le dégoût que je ressentais pendant le tournage pour ce genre de choses-là. Lorsque les lumières se rallument, je ne suis pas assez idiote pour attendre une stading ovation. Les applaudissements sont polis, contenus. Mais puisque je me moque du succès du film auprès des critiques et journalistes conviés à l’avant-première – ce sont les spectateurs qui feront du film un succès commercial ou pas et donc le cachet qu’il me rapporter – je ne pourrais pas plus m’en moquer. Scott esquisse un sourire amer, un sourire de façade lorsqu’il prononce un dernier discours pour remercier ceux qui ont assistés à la projection, et c’est tout ce dont j’ai besoin pour retrouver le mien. « Avant qu’on quitte nos places, t’as le droit de me dire tout ce que t’en as pensé. » Je plonge mon regard dans le sien, persuadée qu’il serait incapable de dire quoi que ce soit de négatif même s’il le pensait. « N’y vas pas avec le dos de la cuillère. Je sais que tu m’aimes et tutti quanti, mais t’as le devoir de me préparer aux questions et critiques des journalistes que je vais recevoir en sortant. » Autrement dit : si c’est mauvais, je préfère l’entendre de sa bouche en premier. L’avantage, c’est que dans un cas comme dans l’autre, plus personne ne parlera de nous comme le fils et la belle-fille du monstre Williams à présent, les gens se trouveront un autre sujet de conversation. « Et toi, t’es pas obligé d’être aimable ou courtois avec qui que ce soit ce soir, si t’en as pas envie. » Evidemment que je pense à mon ancien amant : je m’en veux déjà d’imposer ça en Damon, alors je ne veux pas qu’il se censure et fasse bonne figure simplement parce qu’il est trop bien élevé pour l’envoyer chier.

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« Avec eux je peux pas prendre trop d’avance, je te jure. » Bien sur qu’il ajouta là un petit rire, et un léger mouvement de gauche à droite de son visage. « Ils seront trop occupés à s’écouter parler pour prêter attention à nos méchancetés, je te rassure. » - « Et moi je serai trop occupé à t’écouter toi parler pour prêter attention à ce qu’ils peuvent dire eux, comme ça tout est bien qui finit bien. » Et ce fut avec un petit sourire espiègle aux coins des lèvres qu’il lui vola un baiser, et peut-être un autre dans la foulée avant que les lumières ne soient éteintes et que le film ne commence.

Damon n’était pas étranger au processus de tournage qui avait eu lieu, puisque Megan l’avait tenu informé en tout temps de ce qu’il se passait derrière et devant les caméras. Les scènes qui se dévoilaient donc à l’écran n’étaient pas une surprise pour lui, il s’y était attendu et préparé; il ne s’était pas attendu à peut-être apprécier un brin de trop voir sa femme en grand format de la sorte, mais il savait qu’il n’avait pas honte à ce que ce soit le cas: c’était sa femme après tout, et c’était à ses yeux la plus belle femme du monde. Il était évident que de la voir sous l’oeil de ceux qui la découvrent pour la première fois serait une expérience qui ne pouvait pas être désagréable. Ce qui le dérangeait dans toute cette histoire finalement, c’était que Megan elle-même ne se sente pas à sa place là où elle était pourtant celle mise au milieu de l’attention de tous. A s’enfoncer dans son fauteuil de cinéma et à avoir le visage qui virait cramoisi au fil des secondes écoulées, bientôt elle se confondrait avec le fauteuil - et s’il viendrait la taquiner sur ce point là d’ici à quelques temps lorsque de l’eau aura coulé sous les ponts, Damon ne s’aventurerait pas sur ce terrain là ce soir et il prenait même un sentier bien différent. Son but était qu’elle soit à l’aise avec ce qu’il se passait autour d’eux, et s’il fallait il la suivrait en courant en dehors de cette salle en courant, si c’était quelque-chose qui pouvait lui sembler être une solution. « Non t’en fais pas. La scène est presque finie. » - « Ok. » Qu’il murmura du bout des lèvres. Il déposa de nouveau un baiser, plus appuyé, sur sa joue. « T’es magnifique, tu le sais ça, hein ? » Il savait qu’elle le savait - elle n’aurait pas accepté de tourner ces scènes là si elle n’avait pas confiance en sa beauté de la sorte. Mais lui répéter surtout en cet instant ne pouvait pas lui faire de mal, alors il le ferait encore et encore si c’était nécessaire ou que ce la pouvait apporter la moindre touche de réconfort.

La suite de la séance et du visionnage se passa presque sans accro, même si Damon avait bien vu nombreux regards se tourner vers eux - vers Megan surtout - à plusieurs moments. Lui-même avait regardé sa femme, mais pour des raisons différentes; là où s’était étonné pourtant c’était qu’il s’était retrouvé à laisser son regard partir en direction du principal concerné, de celui que Megan illustrait à l’écran. Parce-que malgré tout, il s’agissait de sa vie à lui qui était projetée dans une salle de cinéma, et il ne semblait pas avoir le moindre froncement de sourcils. Comment réussissait-il à voir son parcours exposé de la sorte, et réussir à tenir le coup, à être stoïque ? Lui n’aurait jamais pu, si les rôles avaient été inversés.

« Avant qu’on quitte nos places, t’as le droit de me dire tout ce que t’en as pensé. » La salle commençait à se vider, il y avait eu quelques applaudissements mais Damon était à peu près sur que c’étaient les siens qui s’étaient fait le plus entendre. Tournant sa tête vers sa femme, il pencha quelque peu cette dernière sur le côté en haussant un sourcil; i n’eut de toutes façons pas le temps de faire le moindre premier commentaire qu’elle reprenait déjà la parole. « N’y vas pas avec le dos de la cuillère. Je sais que tu m’aimes et tutti quanti, mais t’as le devoir de me préparer aux questions et critiques des journalistes que je vais recevoir en sortant. » Il eut un sourire amusé. « Tutti quanti. » Qu’il reprit dans un souffle avec son accent italien; il savait que c’était là une locution utilisée par bien des langues désormais, mais de l’entendre être dite par sa femme lui faisait toujours un petit pincement positif au coeur. Il adorait l’entendre parler sa langue maternelle, même si c’était uniquement pour un ou deux mots prononcés avec le pire accent anglophone que vous ayez entendu. « Et toi, t’es pas obligé d’être aimable ou courtois avec qui que ce soit ce soir, si t’en as pas envie. » Reprenant son sérieux, il attrapa la main de la jeune femme pour y glisser ses doigts entre les siens. Il laissa son regard s’ancrer dans le sien encore un instant, avec de faire rouler ses lèvres l’une sur l’autre et laissait échapper un petit soupire. « Je te le dis quand même: je t’aime. » Elle aurait beau lui souligner qu’elle le savait déjà, il ne saurait faire autrement que de lui dire encore et encore. Mais… « Mais le film est mauvais, amore. » Il plissa quelque peu le bout du nez; il aurait peut-être pris le temps d’envelopper les choses s’ils avaient été chez eux et qu’elle lui avait laissé le temps de le faire, mais ce n’était pas ce qu’elle désirait et attendait présentement - alors il ajustait, s’adaptait. « Le gars a une sale histoire, d’accord, mais il a cherché une bonne partie de cette dernière. Et ils ont essayé de faire en sorte que ça ressorte bien à l’écran, mais… Ca fonctionne pas vraiment. » Il se demandait comment il arrivait à voir sa vie exposée de la sorte, mais il avait bien compris que Rhett Hartfield avait cherché bien des choses qui lui étaient arrivées malgré tout. Il avait toutes les cartes en mains pour s’en sortir, mais il se poussait tout seul dans le précipice. « Ca montre juste un manque d’attention qu’il sait pas combler. » Il haussa les épaules: c’était la partie facile à décrypter, ça.

« Pour le reste… » Il ferma les yeux un instant, ces derniers plissés tant par son nez qu’il n’y croyait presque plus rien au travers. L’histoire était une chose, l’interprétation en était une autre. « Tu seras toujours la meilleure à mes yeux, mais y’a de fortes chances pour que ce soit pas le cas pour tous ceux qui t’attendent dehors. » D’un mouvement de tête, il pointa la sortie de la salle de cinéma. « Le film va fonctionner parce-que t’es magnifique et qu’ils auront envie de te voir. » Il aimait pas potentiellement enclencher de la déception chez autrui, alors bien sur qu’il rallongeait ses phrases et essayait de tourner ces dernières pour que ce soit le moins le cas possible chez Megan. « Mais peut-être n’est-ce pas la meilleure idée, la carrière en tant qu’actrice ? » Sa voix se mourait au fil de ses mots, filtrant à peine sur les derniers. Il ne voulait pas faire de mal, mais il fallait avouer que ce n’était pas pour ce rôle là qu’elle pourrait obtenir une quelconque récompense renommée.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/harley

« Et moi je serai trop occupé à t’écouter toi parler pour prêter attention à ce qu’ils peuvent dire eux, comme ça tout est bien qui finit bien. » Tout est bien qui fini bien et, surtout tout sera fini dans quelques semaines. Quelques autres apparitions et avant premières seront certainement exigées de moi d’ici, surement jusqu’à la fin du mois de mars, puis je pourrai devenir une étudiante lambda et, j’ignore si cette perspective m’enchante, me tranquillise ou me semble au contraire particulièrement inquiétante et angoissante. Il n’est pas écrit que Megan Williams finira par tomber dans l’oubli, mais je crois qu’une part de moi est satisfaite d’un retour à la normale temporaire, après l’effervescence autour de Nine. J’ai envie de n’être à nouveau qu’une jeune femme normale, jeune mariée et amoureuse pendant encore quelques temps. « Ok. T’es magnifique, tu le sais ça, hein ? » Bien sûr que je le sais, et nous en sommes tous les deux conscients en plus de ça. Mes doutes ne résident pas dans un manque de confiance en ma beauté et la volupté de mes formes. En guise de seule réponse, je serre sa main dans la mienne, lui renvoie un sourire éclatant malgré la pénombre de la salle, puis je dépose un baiser furtif sur ses lèvres. « Et toi t’es le meilleur mari du monde. » J’aurais pu lui dire qu’il était parfait, mais je me décide pour une déclaration bien similaire.

Le film n’est pas grandiose, je m’en rends compte même sans le regarder avec un œil de critique avertie, mais je le trouve toutefois divertissant. Le choix de musiques pops légères et gaies améliore l'œuvre que j’avais jusque-là eu le loisir de voir dans un format plus brut. On ne passe pas un mauvais moment, mais le tout n’est pas mémorable et je sais que Scott aurait été prêt à se damner pour qu’il le soit. Au moins, il se mordra les doigts d’avoir un jour croisé ma route. Oh, je ne suis pas naïve : il mettra tout sur mon dos dans son esprit. Il se dira que, sans moi et mon odieux chantage, il aurait réalisé un chef-d'œuvre. Il se dira ce qui l’aide à dormir plutôt que d’admettre qu’il n’a pas su poser une regard assez aiguisé et subtil sur les défis que constitue le simple fait d’être une femme.

L’avis de Damon ne m’inquiète pas, pas plus que son jugement. En revanche, je compte sur sa franchise pour pouvoir me construire une forteresse de détachement face aux journalistes et critiques. « Je te le dis quand même: je t’aime. » Sa déclaration veut tout dire. Sa phrase pue le mais et, en effet, il ne tarde pas à arriver. « Mais le film est mauvais, amore. » Je plisse les lèvres, peu surprise par le fond, mais surprise qu’il ose l’affirmer sans prendre de gant. Ce n’est pas du Damon tout craché, mais je ne m’en offusque pas, loin de là. Au contraire, sa franchise sans pincettes me fait esquisser un sourire. « Le gars a une sale histoire, d’accord, mais il a cherché une bonne partie de cette dernière. Et ils ont essayé de faire en sorte que ça ressorte bien à l’écran, mais… Ça fonctionne pas vraiment. Ça montre juste un manque d’attention qu’il sait pas combler. » - « C’est exactement ce que j’ai tenté de lui faire comprendre. Que le film était trop égocentré, que ça l’absolvait presque du mal qu’il a fait à son entourage en lui trouvant toutes les excuses du monde. » Qui plus est, étant donné que Rhett ressemble dans le film et bien… A moi, avec tous mes atouts, on le prend encore plus facilement en pitié que s’il avait été un grand gaillard. « Pour le reste… » Aïe, le reste ? Je m’attendais à ce qu’il m’affirme que le film était mal réalisé, pas uniquement par manque d’objectivité mais parce que je le pense aussi, mais pas à ce qu’il ait d’autres critiques à émettre. « Tu seras toujours la meilleure à mes yeux, mais y’a de fortes chances pour que ce soit pas le cas pour tous ceux qui t’attendent dehors. » Je hausse un sourcil, surprise par son approche qui ressemble fort à une façon de dire je te trouve parfaite parce que je manque d’objectivité mais ce ne sera pas le cas du reste du monde parce que tu es plutôt mauvaise. Sans être en colère contre lui, je ressens un certain agacement caractéristique gonfler ma poitrine, ainsi qu’une honte cuisante me rougir la nuque, le décolleté et les joues. « Le film va fonctionner parce-que t’es magnifique et qu’ils auront envie de te voir. » Je vois sans grand mal où Damon veut en venir et je ne serai pas moi si je n’étais pas un tantinet vexée. Suis-je pour autant en colère et va-t-il passer un mauvais quart d’heure ? Non, mais plisse toutefois les lèvres en une moue boudeuse non simulée ou exagérée. « Mais peut-être n’est-ce pas la meilleure idée, la carrière en tant qu’actrice ? » - « Tu peux respirer, je t’en voudrais pas si tu dis que je suis agréable à regarder mais nulle dès que j’ouvre la bouche. » Mon air maussade affirme le contraire, mais il me passera aussi vite qu’une lubie ou une impulsion. « Je suis si terrible que ça ? »

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@megan williams

lieu: twelve happy spectators, fortitude valley.
(c): possession (gif), luleaby (codage).

***
« Et toi t’es le meilleur mari du monde. » Il lui vola à son tour un baiser avant que leur attention ne soit presque définitivement que captée par les images sur l’écran géant.

Ce fut sans grande surprise que Megan attrapa la main de Damon pour l’obliger à rester encore un instant et un autre dans leurs fauteuils de cinéma, pour discuter du film qu’ils venaient de voir. Il se doutait bien du résultat que ce dernier allait donner, puisqu’elle lui en avait parlé tout au long de la production et qu’il avait pu en avoir un aperçu et un autre de temps en temps. Mais il fallait avouer que le résultat final n’était pas à la hauteur de ce qu’il s’était attendu, et puisqu’elle souhaite avoir son avis sans détour, cela ne rendait pas les choses faciles pour lui. Il n’appréciait que trop peu être annonciateur de mauvaises nouvelles, lui qui préférait enrober les choses et faire en sorte qu’elles soient bien plus simples à recevoir, se rendit à l’évidence: ce n’était pas ce que Megan attendait ici. Elle l’avait dit: les journalistes en dehors de cette salle n’attendrait pas eux pour poser leurs questions et mettre les mots qu’ils souhaitaient sur la prestation qui s’était déroulée à l’écran. Alors autant qu’il se permette de dire ce qu’il en pensait vraiment. « C’est exactement ce que j’ai tenté de lui faire comprendre. Que le film était trop égocentré, que ça l’absolvait presque du mal qu’il a fait à son entourage en lui trouvant toutes les excuses du monde. » La morale était presque acceptable, et il n’avait pas besoin d’être devin pour comprendre pourquoi cela pouvait autant toucher sa femme; cela le touchait aussi, alors qu’il n’était pas autant directement concerné par ce qui était raconté dans l’histoire projetée.

Le reste de la critique de Damon fut entendue et arriva exactement comme il se doutait que ce serait le cas: il n’y avait qu’à voir la couleur que prenait le visage de Megan en l’écoutant parler pour comprendre que finalement, l’approche directe n’était peut-être pas celle qu’il aurait du choisir avec autant de facilité pour cet instant là. C’était ce qu’elle avait demandé, mais il aurait du connaitre un peu mieux avec le temps - ils n’avaient simplement pas autant de temps qu’il aurait désiré pour en disserter encore et encore, pour éviter l’effet qu’il voit se creuser sur les traits de son visage. « Tu peux respirer, je t’en voudrais pas si tu dis que je suis agréable à regarder mais nulle dès que j’ouvre la bouche. » - « Meg… » Bien sur qu’elle était agréable à regarder; il n’avait pas dit qu’elle était nulle, ne revanche. « Je suis si terrible que ça ? » Il pencha quelque peu son visage sur le côté, gardant son regard ancré dans celui de sa femme un instant de plus avant de prendre la parole de nouveau. « J’ai dit que cette carrière serait pas celle t’allant le mieux, pas que tout dans ta prestation était à jeter à la poubelle. » Il esquissa lui aussi une petite moue, mais la sienne se voulait davantage rassurante qu’autre chose - parce-qu’il n’était pas là pour être un problème supplémentaire, mais pour être un soutien pour elle. « Tu n’es pas si terrible que ça, comme tu dis. Ca se voit juste que c’est pas ton métier. » Il inspira pour reprendre rapidement. « Et c’est pas grave. On peut pas être tous parfaits au premier coup. » Ce qui état plutôt cocasse, c’était que ce soit lui qui ait ce genre de discours, alors qu’il n’arrivait pas à entreprendre la moindre chose sans y repenser un million de fois avant. « Si tu gardes les choses comme elles sont, tu feras surement pas carrière. Si tu t’entraines, tu pourrais devenir douée. » Il savait que ce n’était pas là quelque-chose qu’elle envisageait, mais la vie était faite de bien des imprévus et tout pouvait se trouver être changé du jour au lendemain. Il lui faudrait seulement de l’entraînement pour réussir à en tirer quelque-chose de réellement productif.

Afin de ne pas plomber complètement l’ambiance, désireux de garder un souvenir autant léger que possible de ce moment qui n’en comportait pour le moment aucun, Damon leva sa main pour attraper entre son pouce et son index avec délicatesse la joue de la jeune femme pour tirer vaguement dessus, comme il aurait fait à un enfant ayant une moue boudeuse. « Si je mange cette moue boudeuse, elle disparait ou elle dine avec nous ce soir ? » Il haussa un sourcil, laissant le soin à son regard de souligner qu’il faisait en sorte de souffler un vent de légèreté sur la situation; le but n’était pas qu’elle s’enfonce dans ce ressenti, alors que là n’était en rien son intention initiale. Elle le savait surement, mais Damon préférait le souligner autant que possible.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/harley

Bien sûr, j’ai dit à Damon que je me moquais de recevoir des critiques négatives. Je lui ai même demandé un avis objectif, et c’est ce que j’attendais de lui. Je crois qu’au fond, je ne m’attendais pas à un avis si tranché et si franc de la part de mon doux Italien. Honnête, j’admettrais que j’aurais voulu qu’il abonde dans mon sens - le film n’est pas un chef d'œuvre, mais qu’il ne descende pas ma prestation.  Susceptible, j’entends que je suis bien mieux en photo qu’en vrai, et ma moue boudeuse n’attend pas. Bien sûr, je ne lui en veux pas réellement. D’ici ce soir où demain, je cesserais de faire ma tête des mauvais jours et j’oublierai qu’il a même dit ça. Le cinéma n’est pas ma passion. Je n’ai pas grandi en rêvant de recevoir une opportunité comme celle-là. Je ne prends la mouche qu’à cause de ma fierté, puisque je n’en suis pas dénuée. « J’ai dit que cette carrière serait pas celle t’allant le mieux, pas que tout dans ta prestation était à jeter à la poubelle. » Je penche la tête sur le côté, dans l’espoir qu’il saisisse que l’honnêteté brutale n’était peut-être pas le meilleur choix, et qu’il tente une pirouette pour se rattraper. Je vois au moins le bon côté des choses : s’il a l’impression d’avoir à se faire pardonner suite à sa critique, il sera aux petits oignons pendant quelques jours.

« Tu n’es pas si terrible que ça, comme tu dis. Ça se voit juste que c’est pas ton métier. » Au lieu de sauver les meubles, Damon s’enfonce si bien que ma moue boudeuse s’installe un peu plus durablement sur mon visage plutôt que de s’évaporer. « Et c’est pas grave. On peut pas être tous parfaits au premier coup. » - « J’ai compris. » Je ne le repousse pas, mais je rétorque dans ma barbe sans simuler ma mauvaise composition. « C’est pas la peine d’insister, j’ai compris. » Je suis nulle, aurais-je rajouté si j’avais voulu le faire se sentir un peu plus coupable. « Si tu gardes les choses comme elles sont, tu feras sûrement pas carrière. Si tu t’entraines, tu pourrais devenir douée. » - « J’ai pas l’intention de faire carrière, au moins t’auras pas à subir d’autres avant-premières catastrophiques. » Je serre ma main dans la sienne, décidée à ne pas lui faire la guerre mais à toutefois marquer le coup en continuant à prétendre être courroucée quelques heures de plus. Je me redresse, prête à quitter mon fauteuil de cinéma pour affronter les journalistes. Ma main glisse hors de la sienne, mais Damon la rattrape bien rapidement pour la porter à ses lèvres et embrasser mes doigts du bout des lèvres. Se levant, il attrape entre ses doigts ma joue, qu’il caresse avant de la pincer légèrement, comme on réprimande une enfant faisant un caprice.

« Si je mange cette moue boudeuse, elle disparaît ou elle dîne avec nous ce soir ? » Me parler comme si j’étais son petit frère faisant du boudin est à double tranchant. Heureusement, il a pour lui, il a à la fois la bouille d’un ange et gagné mon coeur. Alors, si je ne me départis pas de ma moue des mauvais jours, je me déride. Lorsqu’il me tire à nouveau contre lui, j’enroule cette fois mes bras autour de sa taille et le laisse m’embrasser sur le coin des lèvres, avant de finalement lui rendre son baiser.

rp terminé