Breaking everyone’s heart
@Elena Esteves  

  « Wait, I didn’t get your name— » Jiyeon embrassait déjà le jeune homme sans le laisser finir sa phrase. « You don’t need it. » assurait-elle en le poussant dans l’une des cabines libres des wc du bar. La porte se refermait bruyamment derrière eux puis le verrou claquait. Ils restèrent enfermés un petit moment. Les gémissements du jeune homme à peine étouffés par le brouhaha du bar qui s’engouffrait dans la pièce chaque fois que la porte des wc s’ouvraient. « Oh shit » grognait-il en terminant alors que Jiyeon ressortait déjà de la cabine et qu’il remontait son pantalon à la va vite, les joues rougis par la présence d’autres personne qui attendaient pour utiliser les wc. La coréenne se lavait les mains, rajustait son rouge à lèvres avant de repartir en direction du bar, laissant sa dernière victime derrière elle.
Avec ou sans alcool, Jiyeon ne changeait visiblement pas ses habitudes. Elle se tuait au travail en journée pour ne pas avoir a s’ennuyer de trop, puis le soir venu elle sortait faire la fête. Pas d’alcool, mais elle comblait cet addiction avec d’autre : draguant lourdement les premières personnes venues pour s’envoyant en l’air, ou prenant quelques pilules euphorisantes pour pimenter un peu ses soirées. Elle se frayait un chemin jusqu’au comptoir pour commander un mocktail, avalant plus ou moins discrètement un cachet avec sa première gorgée de jus de fruit pétillant. Elle s’adossait au comptoir, balayant la pièce des yeux, cherchant son prochain jouet. Rester occupée pour ne pas être seule avec ses pensés, c’était ce qui semblait motiver tout ce qu’elle faisait. Et bien vite elle aperçu un visage familier dans la foule. Une grande blonde qu’elle avait serré quelques jours plus tôt. Elle avait fait l’erreur de lui donné son numéro et la jeune femme ne cessait de l’appeler et de lui envoyer des messages depuis. « Tu fais quoi ce soir ? », « quand est ce qu’on se revoit ? », « tu me manques tellement… », Jiyeon avait la désagréable impression d’avoir affaire à Marceline, sauf que cette blonde là c’était attachée tout autant après seulement une nuit. Manquait plus qu’elle trouve son adresse et campe en bas de chez elle pour que Jiyeon contacte les flics. « Jiyeon ! » et merde, elle l’avait repéré, pas le temps de se cacher ou de s’enfuir, la blonde était déjà à sa hauteur, planté devant elle, le regard presque larmoyant. « Where were you? Are you okay? I was worried sick- » « Can you move? you’re blocking my view. » « huh? What? you didn’t get my texts… did you? » Jiyeon soupirait, penchant la tête pour faire mine de regarder derrière la blonde. Si elle avait bien reçu ses textos. Des romans fleuves décrivant ses sentiments dans le moindre détail, comme si la coréenne en avait quelques chose à foutre et comme si son niveau d’anglais lui permettait de comprendre la poésie à deux balles que la blonde avait glissé au milieu de ces messages. « Maybe I’ve got your number wrong. Wait… » et voilà qu’elle sortait naïvement son téléphone pour chercher le numéro de Jiyeon et le réciter à voix haute à la coréenne. Cette dernière la fusillait du regard, prenant une nouvelle gorgée de sa boisson, la mâchoire crispée, réfléchissant comment elle pouvait faire passer le message plus clairement, alors que la pilule avalée plus tôt commençait tout juste à faire effet. « Can you leave ? » lâchait-elle sans la quitter des yeux. La blonde semblait se décomposer alors qu’elle bafouillait à mi-voix : « I- I don’t understand. » « Do you need me to repeat ? maybe a little louder ? » enchainait-elle immédiatement, cinglante, alors qu’elle notait la présence d’une belle brune qu’elle avait déjà vu quelques part. Ah oui, ça y est, elle la replaçait, c’était la femme d’une nana avec laquelle avait passé une nuit quelques semaines plus tôt. Enfin plusieurs nuit même, parce que contrairement à cette blonde planté devant elle, l’épouse de la petite brune était sur la même longueur d’onde que Jiyeon : sexe sans attaches. Jiyeon reportait son attention sur la blonde qui marmonnait encore d’un air paniquée : « I waved at you earlier, you were dancing with a guy… I don’t think you saw me. Then you went to the bathroom so I waited for you, cause I had to talk to you, I need to know what we are, it’s impor— »  « We’re nothing. Ok ? So now : fuck off. » lâchait-elle avant de reprendre une gorgée de son mocktail, le regard sombre et défiant.

Elle est mignonne, Clarissa : c’est une gamine qui a une gueule à manger du sable et ses crottes de nez, mais elle est sympa, avec un coeur énorme et une volonté de bien faire à toute épreuve. Et surtout, elle est putain de talentueuse : le genre de dessinatrices qu’il n’existe qu’en trois exemplaires dans toute une génération, avec des idées plein la tête, et pas la moindre foutue idée d’à quoi ressemble un business plan mais toute la bonne volonté du monde pour les mettre en place. Alors oui, ça fait chier Elena de devoir aller la récupérer dans une boîte, trois semaines après s'être faite ghoster, mais elle sent dans les messages de la demoiselle que c’est un besoin urgent, impétueux, et qu'il n'y a vraisemblablement aucune autre personne sur laquelle elle peut compter dans sa vie pour la récupérer. Elle prend pitié et va la retrouver pour partager un verre et la moitié d'un speed (qu'elle fourre tout au fond de sa poche, au cas où). La grande blonde a l'air dépitée, avec son huitième rhum coca qu'elle boit comme un diabolo fraise, à lui raconter ses frasques amoureuses et personnelles entre deux tours sur la piste de danse. Elena écoute à peine, renfrognée d'avoir dû se lever en pleine nuit pour assister à ce désastre.

Jusqu'à ce qu’elle braille un nom un peu trop familier et qu’Elena doive voir, de ses yeux fatigués, une rupture particulièrement horrible prononcée par une femme particulièrement horrible. C’est plus fort qu’elle : il faut qu’elle s’avance, guette la scène, et s’impose lorsque la grande blonde ne trouve plus ses mots, trébuchant sur le deuil tout frais autant que sur la MD ingérée plus tôt. « Look, I can excuse stealing my girl, but I draw the line at bullying my clients. » Heureusement que l’alcool la ramollit, un peu, et a tendance à la rendre heureuse et légère plutôt que bagarreuse, son mode par défaut : combien de fois elle avait rêvé de foutre le feu à des fringues de Jiyeon, sans en avoir l’opportunité ? Avec les cocktails flambés à proximité, elle avait le mobile et l’arme du crime. Au lieu de ça, la Brésilienne pivote vers la blonde : « You should go wait in the Uber, or something. Won’t be long. » Elle pleure trop pour s’exécuter, et il faut que son agente pousse gentiment son épaule pour qu’elle se décide à partir. Maintenant, il ne reste qu’elle et la responsable : « If someone’d told me I’d see you again… Here, of all fucking places - with her, of all fucking people. » C’est un ton las dans lequel le vieil accent ressort, le genre qui n’a pas envie de se battre mais qui peut bien balancer un poing, s’il faut vraiment sauver l’honneur. « And your tone, man. This scene you caused. The whole thing, really. To think I thought you at least had some finesse- clearly, I gave you too much credit. » Elle profite surtout de l’alcool pour avoir un tant soit peu de répartie, elle qui n’en a jamais… Elle pense à boire une gorgée de sa boisson avant que la magie ne disparaisse. « And she’s a fucking kid, man! » C’est à peine abusé : du haut de ses vingt-sept ans, Elena ne lui en donnerait pas plus de treize ans ses pires jours. Sa jugeote fait partie des choses que le temps n’a pas fait pousser, à contrario de ses jambes. « She’s been taking pills and shit, disappearing on me, telling me about this great love story of hers. Never seen her do that before…a week ago, give or take. Guess that I can credit you for, huh? »

@Jiyeon Park

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« Look, I can excuse stealing my girl, but I draw the line at bullying my clients. » Evidemment il fallait qu’elle s’en mêle, sa présence ici n’était donc pas un hasard, elle connaissait la blonde. Sa ‘cliente’ ? Jiyeon se demandait bien de quelle genre de cliente il s’agissait, mais bon, elle n’allait certainement pas poser la question parce que malgré cette pointe de curiosité, le sentiment qui la dominait en cet instant était l’ennuie et surtout l’envie de voir la blonde partir loin d’ici. « You should go wait in the Uber, or something. Won’t be long. » « Great idea. » notait la coréenne entre deux gorgées de sa boisson, contente que Elena serve à quelques chose et pousse la blonde à aller pleurer ailleurs. « If someone’d told me I’d see you again… Here, of all fucking places - with her, of all fucking people. » Jiyeon hochait lentement la tête, qu’à moitié intéressée par ce que racontait la brune. « Right… crazy... » Ponctuait-elle simplement, alors qu’elle ne regardait même pas Elena dans les yeux, ayant repéré un mec plutôt mignon à quelques mètres de là, qui la dévorait du regard. « And your tone, man. This scene you caused. The whole thing, really. To think I thought you at least had some finesse- clearly, I gave you too much credit. » Elena se taisait enfin, le temps de prendre une gorgée de sa boisson et Jiyeon était à deux doigts de se faufiler hors de cette conversation, se redressant, décollant son dos du comptoir contre lequel elle était posée. « And she’s a fucking kid, man! » « She’s not. » assurait aussitôt Jiyeon, sèchement, en levant les yeux au ciel. La nana avait plus de vingt-cinq ans c’était certain. Enfin, non pas qu’elle lui ai demandé son âge, évidemment, elle connaissait à peine son prénom. C'était un coup d'un soir quoi. « She’s been taking pills and shit, disappearing on me, telling me about this great love story of hers. Never seen her do that before…a week ago, give or take. Guess that I can credit you for, huh? » Jiyeon reportait enfin son attention sur Elena, un peu surprise par ce qu’elle entendait. « What? » s'étonnait-elle. « I wouldn’t give her the fucking time, why would I give her pills? » ce serait franchement gâché que de partager de la drogue avec elle. Elle n'était pas trop nulle au lit, plutôt douée de ses mains, mais ça s'arrêtait là, elle n'était pas de si bonne compagnie que ça, pas de quoi s'en faire une pote. « She’s been harassing me for days. I didn’t do anything. » assurait-elle. « Not my fault if she’s delulu as fuck and can’t read the fucking room. » Voilà, Jiyeon commençait à s’agacer, perdant un peu son calme, son accent coréen encore plus tranchant qu'avant. D’où Elena venait ici pour lui faire la morale comme ça ? « If you’re done ruining my night, could you leave too? Go join your dummy client outside. » concluait-elle en se rapprochant dangereusement de la brésilienne, la prenant littéralement de haut, parce que cette dernière n’était pas bien grande, avant de venir balayer une mèche de cheveux de devant son regard contrarié. « You shouldn’t leave that kid of yours alone for too long… right ? » soufflait-elle, insolante.

« Oh, it's not your fault, gotcha. » Elle hoche la tête exagérément, l'air d'une abrutie qui comprend enfin, avec la bouche entrouverte pour parfaire le tout. « Yaknow, I'd bet anything it's never your fault, but hey, what do I know. » Il y a en elle cette envie démesurée de faire payer Jiyeon pour tout ce qui ne va pas dans sa vie : parce qu’elle est là, parce qu’elle lui répond, parce qu’elle s'en est encore pris à quelqu'un de son entourage et cette fois, elle n’a pas envie d'être assez docile pour laisser passer. Elle avait fantasmé plusieurs fois à l'époque d'aller brûler sa maison, mais elle avait pardonné Victoria, parce qu’elle la pardonnait toujours : pourquoi alors en vouloir à celle qui n'avait fait que profiter de quelques soirées sans avoir rien promis à personne, ni rien demandé en retour ? Ça n'avait pas de sens, avant Clarissa. Et celle-ci n'était qu'une excuse dont Elena se servait volontiers, maintenant qu’elle s’était éclipsée. « Not mine, and not otherwise my problem », rétorque-t-elle quand il est question de l’excuse susnommée. Elle serait même presque contente, que Jiyeon lui ait brisé le cœur, dans une autre configuration, parce que la ‘rupture’ lui permettrait de retrouver sa cliente avec encore plus d'inspiration qu’avant. Si ce n'avait pas été Jiyeon, elle aurait presque pu la remercier. Mais il y avait en elle une part de tendresse pour cette pauvre femme, cette gamine trop grande qui naviguait à vue et s’éprenait des mauvaises personnes, et cette tendresse avait viré à celle d’un bleu lorsqu'elle l'avait vue se faire rejeter. C'était une excuse comme une autre à ses sentiments conflictuels vis-à-vis de Jiyeon : une ligne de plus dans le tableau de Pourquoi Il Fallait Lui Prendre La Tête. « Just looking out for people who might expect even a tiny amount of decency from you. »

Mais Jiyeon est trop proche, suffisamment pour qu’elle sente son souffle contre ses joues, et Elena s'empêche de vaciller et lutte contre son instinct de reculer. La main qui vient chasser une mèche la force à comprimer ses maxillaires à s'en faire mal – et à son tour, de tendre la sienne pour attraper le poignet de la femme devant elle et la forcer à reculer d'un pas en se pressant en avant. « Touch me again and look at what I'll do to this pretty hand of yours. » Deux Rhum cocas nauséabonds et elle-même ne sait pas qu’entendre entre une menace et une promesse. Sa main retombe contre son flanc et elle a désespérément envie de fumer, d'un coup. De détourner le regard, oublier l’ego et la dignité et de laisser Jiyeon partir, parce que quel que soit le problème qu'elle avait avec elle, la concernée ne le voyait définitivement pas comme tel, de son côté. Et merde, elle se levait tôt, demain. Assez pour éviter tout type d’esclandre et rentrer chez elle au plus vite. « Did you know then? » Ça lui échappe, le vomi verbal qu'elle s'était jurée de garder pour elle. Elle se retrouve sans défense, sourcils toujours froncés et la peur au ventre d'une réponse qu’elle aurait pu s’abstenir de demander. Elle clarifie : « That she had someone. Had me. » Il n'est plus question de Clarissa, et ça tombe suffisamment sous le sens pour qu'elle décide de ne pas le préciser. Défiance, à nouveau : « I've been told tonight that you were the generous type, so I expect you'll give me that, at least. »

@Jiyeon Park

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« Oh, it's not your fault, gotcha » l’ironie dans sa voix et sa gestuelle ne faisait qu’agacer d’avantage Jiyeon. « Yaknow, I'd bet anything it's never your fault, but hey, what do I know.  » Level up de l’agacement une nouvelle fois, surtout que ce coup ci elle ne pouvait pas nier, Elena frappait juste, Jiyeon rejetait presque systématiquement la faute sur les autres, sur l’univers même. Enfin il y avait de rare fois où elle admettait avoir merdé, mais ce soir n’était clairement pas une de ces fois.
« Not mine, and not otherwise my problem  » Jiyeon soupirait. Quand est ce que cette conversation sans intérêt prendrait enfin fin ?C’était long. « Just looking out for people who might expect even a tiny amount of decency from you. » « I told her it was a one night thing, I can’t really be more clear than that. Not my problem if she gets attached easily. » Elle haussait les épaules, la situation de la grande blonde ne l’atteignait pas plus que ça, elle n’avait aucune forme de pitié pour elle, c’était une grande fille (dans tout les sens du terme) elle pouvait bien comprendre seule qu’il n’y avait rien entre elles. La coréenne provoquait une dernière fois la petite brune, bien décidée à l’emmerdait un peu avant de la voir partir la queue entre les jambes, mais l’alcool lui donnait vraisemblablement des ailes puisqu’elle osait attraper le poignet de Jiyeon pour la repousser. « Touch me again and look at what I'll do to this pretty hand of yours. » « Go ahead, show me then. » répliquait-elle aussitôt, bien trop sûr d’elle du haut de son mètre soixante-six. Elena relâchait son poignet et Jiyeon échappait un petit rire satisfait, prenant ça comme un signe de faiblesse de la part de la brésilienne.
« Did you know then? » Les sourcils de la coréenne s’arquaient légèrement alors qu’elle tentait de comprendre ce que Elena racontait. De quoi elle parlait ? De la blonde qui était partie en pleurant ? « That she had someone. Had me. » Ah... right, that story again. Elle échappait aussitôt un soupire en comprenant qu'Elena parlait de sa femme, ou ex femme en fait, Jiyeon n’avait pas suivis la suite des évènements, elle était passée à autre chose. « I've been told tonight that you were the generous type, so I expect you'll give me that, at least. » Jiyeon pouffait de rire, clairement amusée de voir que sous ses airs de dur à cuire Elena était exactement comme la blonde de tout à l’heure : a needy, whiny, bitch. « Oh, I knew. » En même temps ce n’était pas la présence d’une bague à la main gauche de quelqu’un qui arrêtait Jiyeon. Si elle avait envie de s’amuser et que la personne en face était partante, les détails du genre : mariage, famille, divorce, l’importait peu. « Not like she tried to hide it anyway. » notait-elle, un sourire taquin collé aux lèvres alors qu’elle se rapprochait de nouveau, défiant une nouvelle fois Elena qui lui avait pourtant bel et bien fait comprendre qu’elle était trop proche quelques secondes plus tôt. « And you’re right, I’m very generous. Ask your wife... I'm sure she’ll tell you all about it. » lançait-elle, presque à l'oreille de Elena, insolante au possible, avant de vider le font de son mocktail sur les pieds de la petite brune. « You can leave now, or be humiliated some more. Your move. »

Elle est facile à antagoniser, Jiyeon. Parce qu’elle ne cherche pas à se défendre ni à nier, encore moins à s’excuser ou chercher l’expiation - c’est la méchante parfaite de son histoire et pourtant, non, Elena se rappelle : elle n’a aucune responsabilité dans son divorce, et ne pas avoir la force d’en vouloir à Victoria ne signifie pas décharger toute sa colère en surplus sur quelqu’un d’autre. Jiyeon la provoque, pourtant : et c’est mérité, parce qu’Elena renchérit. Assez pour que Jiyeon s’autorise à la toucher et qu’elle se sente frémir, réprimant l’envie d’entièrement la repousser du plat de ses deux mains. Se battre, c’est un coup à péter son appareil auditif, et ces conneries coûtent suffisamment cher pour qu’elle soit soucieuse de s’épargner le renouvellement.

Et c’est trop pour elle, d’un coup, trop compliqué, trop dur à gérer. Les deux rhum cocas font leur effet - ou du moins, ça l’aide de le penser, et ça la déculpabilise, l’empêche de trop ressentir la honte. Elle vit tellement mal toutes ces conneries qu’elle pourrait en pleurer ici même : Victoria, ça a jamais été du genre à tromper, et ça avait toujours été avec son ex parce qu’il avait une emprise sur elle. La Brésilienne s’était rentrée cette idée dans la tête et elle n’en était que tombée de plus haut, quand elle avait appris l’existence de Jiyeon. Victoria l’avait présentée comme la seule exception à la règle, et Elena s’était demandée quand est-ce qu’elle avait arrêté de la croire. « I’m sure her lying skills have improved since she started cheating on me. But sorry, no, I’m not that interested in comparing notes. » Sa mâchoire est tendue et son coeur trop rapide à l’idée de sa femme avec une autre, cette sensation déplaisante et devenue paradoxalement si familière - Jiyeon lui rappelle tout ce qu’elle essayait d’éviter pour s’en remettre. Et elle est si punchable, à cet instant, alors que le liquide sucré s’infiltre jusque dans ses chaussettes. « Pouring a virgin negroni on my left foot is your idea of humiliation? » Elle en rirait, mais à la place, elle la pousse jusqu’au mur le plus proche. Si Jiyeon aime la proximité, autant qu’elle lui en offre : à son tour, de se coller à elle, tout près de son oreille : « She came back to me right after she left your place, you know. » Elle s’en fait mal, aussi ; peut-être un peu trop. Elle se concentre sur le liquide dans sa chaussure, pour éviter de trop y penser, de se focaliser sur son envie de la retirer pour lui envoyer à la figure, ou sur son corps trop près du sien et sur les cheveux qui chatouillent ses lèvres. « Maybe these hands of yours weren’t good enough after all. » C’est plus fort qu’elle : la pulpe de son pousse passe juste sous la lèvre de la jeune femme. « Or was it your tongue? Maybe too sharp, was it? » Elle la déteste, cette pulsion de laisser son regard fixé sur ses lèvres, mais elle ne la combat pas. Pas tout de suite. « Don’t go thinking you’re anything more than a consolation prize. Remember that next time you open your mouth about humiliation. »

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« I’m sure her lying skills have improved since she started cheating on me. But sorry, no, I’m not that interested in comparing notes. » Dommage sans quoi Jiyeon aurait été ravie de lui montrer, ou de se joindre au petit couple. En attendant elle vidait le reste de son verre sur les pieds de la relou de service, histoire de l'enrager un peu plus, voir jusqu'où elle pouvait aller. « Pouring a virgin negroni on my left foot is your idea of humiliation? » « It’s a start, yes. » confirmait-elle simplement, avant que le verre ne lui échappe lorsque Elena la poussait contre le mur la plus proche. Okay, elle avait peut-être été un peu surprise par ce move là et surprise par la force de la petite brune. Jiyeon n’était pas épaisse mais elle aurait pensé pouvoir tenir bon face à une nana plus petite qu’elle et clairement alcoolisée. Mais non. Son dos se plaquait au mur sans ménagement, son crâne s'y cognait un peu, de quoi la faire légèrement grimacer. « She came back to me right after she left your place, you know. » « That’s cause the two of you are living together, dummy. » soufflait-elle aussitôt, avec une petite envie de rire face à ce que Elena pensait visiblement être une attaque. Evidemment qu'elle était retourner vers sa femme : elles partageaient leur vie, l'inverse aurait été étrange. Et puis Jiyeon n'aurait de toute façon pas voulu qu'un plan cul reste chez elle plus longtemps que nécessaire. « Maybe these hands of yours weren’t good enough after all. » Jiyeon allait lui montrer ce que ses mains pouvaient faire dans quelques secondes, et Elena n’allait pas crier de plaisir… enfin sauf si c’était son truc de se prendre des coups, la coréenne n’allait pas juger les fétichismes de chacun.
Puis, la brésilienne prenait ses aises, osant effleurer les lèvres de Jiyeon du bout de son pouce. C'était un numéro de charme ? « Or was it your tongue? Maybe too sharp, was it? » Est ce que ce tête à tête l'excitait ? Oui, clairement, ce serait mentir que de dire le contraire. C’était si rare que quelqu’un la domine de cette façon qu’elle en avait presque des frissons dans le dos. Qui aurait cru que Elena et sa petite bouille d’ange aurait le cran de lui tenir tête. « Don’t go thinking you’re anything more than a consolation prize. Remember that next time you open your mouth about humiliation.  » « I wouldn’t want to marry her, so I’m good being a consolation prize. » assurait-elle, passant sans hésitation ses bras autour de la nuque de la brune, pour reprendre l'ascendant. Ce n'était pas comme si cette proximité avec la jeune femme la dérangeait, clairement. A les voir de loin on en oublierait presque que c’était une dispute et not a make out session. « You know you can’t make me mad by stating those kind of things right ? » Elle se collait tout contre la brune dans une sorte d’étreinte forcée, venant renifler son parfum. « Cause we both know she wouldn't have been unfaithful if you were enough for her. » ça devait faire mal de le réentendre, mais Jiyeon n'avait aucune pitié pour Elena, cette dernière l'avait trop emmerdée depuis son arriver dans ce bar et puis elle était bien trop défoncée en cet instant er euphorique pour se soucier des dégâts qu'elle pouvait faire. Elle agissait par pur égoïsme, comme trop souvent. Ceci dit : Elena n’était pas mal physiquement, et avait bien plus de répondant que la blonde, alors pourquoi se priver de cet instant. Jiyeon prenait son pied, blottie contre Elena tel un serpent s'enroulant autour de sa proie. « Funny how one second i wanna punch that pretty face of yours and the next … » l’une de ses mains glissait dans le dos d’Elena, effleurant le bas de son dos alors qu’elle blottissait sa cuisse contre l’entre-jambe de la brésilienne. Un rentre dedans tout sauf subtile qui en disait long sur le mode opératoire de la coréenne. « ... and the next I’d fuck you right here and there. » terminait-elle. Puis comme si elle s’en était aussitôt lassée, elle poussait Elena d’un geste rapide, la faisant bousculer un groupe de jeune qui étaient juste derrière elle. Elle aussi pouvait la prendre par surprise et passer pour plus forte qu'elle n'en avait l'air. « Blondie’s probably still waiting for you outside. » concluait-elle, déjà sur le point de tourner les talons pour rejoindre le comptoir du bar. « Oh and : say ‘hi’ to Vicky for me while you’re at it. » lâchait-elle, cinglante, un sourire sur les lèvres, histoire de remuer le couteau dans la plaie visiblement encore bien vive de la petite brune. Non pas qu’elle ai véritablement envie de reprendre contacte avec Victoria. C’était sympa deux ou trois fois, mais voilà, elle avait depuis longtemps trouvé mieux.

« We were broken up, is what I meant. » Elle ne trouve rien de plus pathétique à répondre. C’est l’alcool, peut-être - sûrement - mais Elena a envie de piquer comme elle a été piquée, pile dans son ego, toutes ces fois où elle a dû se taire pour le bien de la bonne entente et de la paix commune. Le départ de Victoria a fini de laisser filer ses dernières illusions et avec elles, le tissu fin qui retenait sa colère dans un cocon qu’elle arrivait à séparer soigneusement du reste. C’était son job, de garder son sang-froid, des vies en dépendaient parfois, sa position était constamment dans la balance ; et voilà qu’il suffisait un peu d’alcool pour qu’elle perde totalement pied, devant une inconnue qui aurait pu en rester une, si Elena n’était pas allée lui chercher des poux. Mais il fallait un réceptacle à toute cette colère et cette incompréhension qui faisaient montre de tous ses doutes intérieurs. Elle a besoin d’une claque, peut-être, ou d’une fêlure visible pour expliquer toutes celles qui ne se montrent pas. Mais l’objet de son courroux répond à l’opposé de ce qu’elle attend, entoure ses épaules de ses bras et presse son corps contre elle - et la Brésilienne ne sait pas si elle a envie d’elle, ou de la faire disparaître, et si c’est même possible que les deux émotions cohabitent en un même instant aussi détaché du reste.

Et elle a raison, Jiyeon : elles n’auraient jamais été dans cette position, si elle avait suffi. Elle ne savait pas faire, suffire, se sentir suffisante même à ses propres yeux ; elle avait essayé de se plier en quatre et même ça, ça n’avait pas fait le job, achevant de la convaincre qu’aucun de ses efforts ne serait un jour récompensé. « Shut up », qu’elle murmure quand même malgré elle, parce que ça lui fait mal, de concéder un point, d’admettre que Jiyeon a raison. Mais il n’y a plus de combat dans ses mots, ni de répartie voulue ou réussie. Il n’y a que la chaleur de son corps contre le sien et celle qui rend son bas-ventre douloureux. Ça lui demande un effort conscient, de ne pas se presser contre cette jambe, et d’articuler un « Ha, I'd like to see you try » trop bancal à son goût. Et déjà leurs corps se détachent, celui de la plus petite percute un groupe dans son dos, et pourtant les regards oublient de se lâcher. Elle pourrait la laisser partir, songe-t-elle à cet instant ; elle pourrait - devrait - rentrer, oublier tout ça, chasser ses émotions autrement qu’en essayant de coucher avec une ancienne amante de son ex-femme (quel genre de sociopathe faisait ça ?). Mais ça sort sans son accord, avant que Jiyeon n’ait la chance de se retourner : « You should take her name out of your mouth. » Elle s’en mord déjà les lèvres, pour cinquante raisons différentes qu’elle ne veut pas s’expliquer maintenant. « Or I’ll take it out myself and make you say mine instead. » La brève pensée qu’elle réserve à Clarissa a déjà disparu derrière les autres, trop bruyantes. « You talk big game and by now I’m almost convinced that’s all that mouth can do. » Une main saisit sa mâchoire, délicate mais ferme. « And I’d love to see what a pretty mess you make once I’m done with you. » Alternativement, elle aurait pu ramener Clarissa chez elle, boire une tisane et rattraper son manque de sommeil désastreux. Ca marcherait, aussi.
@Jiyeon Park

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@Elena Esteves  

« Shut up » Et hop : un, zero pour Jiyeon, qui jubilant déjà. Et le coup de la cuisse qui venait se presser entre les jambes de la petite brune lui accordait sans mal un second point. « Ha, I'd like to see you try » Jiyeon avait presque envie de rire. Le match était terminé, victoire par K.O, elle repoussait Elena loin d’elle, prête à repartir finir sa soirée tranquillement. Mais c’était sans compter sur la hargne de la brésilienne. C’était comme pour les chiens : les plus petits étaient toujours les plus hargneux et bruyant. « You should take her name out of your mouth. » Jiyeon reportait son attention sur Elena, surprise d’entendre de nouveau le son de sa voix. « Or I’ll take it out myself and make you say mine instead. » Jiyeon échappait aussitôt un rire franc tant elle était surprise par l’aplomb du chiot qui lui faisait face. Et surprise : elle n’avait pas finit de l’être. « You talk big game and by now I’m almost convinced that’s all that mouth can do. » Elena attrapait la mâchoire de la coréenne, qui ne la lâchait pas du regard, limite incrédule face à ce retournement de situation. Où avait elle trouver l’audace ? Est ce que c’était le rhum coca qui parfumait son souffle qui lui donnait autant de courage ? En tout cas c’était assez pour que Jiyeon arrête de rire et la prenne un peu plus au sérieux. « And I’d love to see what a pretty mess you make once I’m done with you. » Jiyeon was a mess on a daily basis, mais c’était un autre sujet. « Bold of you to assume you could handle me. » notait-elle. « But I gotta admit : I kinda like the confidence. Although you’re trying too hard to make it believable. » Elle attrapait le poignet de la brune, retirant cette main qui lui tenait le visage. « Your hand is sweaty. » notait-elle d’un air hautain. Elle pouvait sentir le pouls paniqué de Elena juste en tenant son poignet entre ses doigts. Puis sans rien ajouté elle tirait la brune dans les wc qui se trouvait tout près, la poussant à son tour contre le mur, sans ménagement, alors que la porte battante de la pièce se refermait derrière elles, étouffant le bruit du bar. « You’ll soon realize I’m not good with words. Talking isn’t really my forte. » Lâchait-elle alors qu’elle dévorait du regard Elena. Pour une fois sa stratégie semblait être l’honnêteté, ça changeait de d’habitude. Elle revenait coller sa cuisse là où elle l’avait mise un peu plus tôt, donnant un petit coup de reins au passage, alors qu’elle bloquait totalement Elena contre le mur des toilettes. Une fille qui retouchait son maquillage vu ça comme le signe qu’il était temps de partir et très vite elles n’étaient plus que toute les deux dans la pièce. Jiyeon venait alors poser ses lèvres dans le cou de la brésilienne, y déposant quelques baisers, un brin violent, comme pour s'assurer que Elena ne voit pas ça comme une faiblesse de sa part. En contre partie elle donnait un autre petit coup de reins, bien décidé à faire céder la petite brune en première.

C’est une force un peu extérieure à son corps, qui la pousse à saisir le poignet de Jiyeon ; elle ne s’en rend pas compte et est infoutue de dire, au bout du compte, si elle le regrette ou non. Est-ce qu’elle fait ça pour se venger de Victoria, d’une façon ou d’une autre, ou pour se retrouver elle-même après un mariage qu’elle savait foutu d’avance ? Est-ce que c’est simplement une histoire d’ego piqué ? Plus le cerveau, ni le courage de se poser la question : Jiyeon lui répond d’un regard surpris, mais pas désagréablement, et Elena comprend qu’il va falloir faire montre de la même audace pendant encore un moment. « Think I couldn’t? » réplique-t-elle, haussant un sourcil. Il n’y a rien de tel que donner un bon challenge à Elena, dont l’ego ne supporte pas de perdre - même là, pas après que Jiyeon ait remis en question sa dignité. Elle a essayé, pourtant : d’être la plus mature, de pardonner, de passer outre. Elle l’avait fait à l’époque pour Victoria et elle n’avait pas de raisons de revenir sur ce point. Ou du moins, le manque de raisons concrètes ne l’empêchait pas de suivre la jeune femme jusqu’à la salle de bains du bar, dans un espoir stupide de prendre une revanche en retard. Ou de se libérer de ce qu’elle garde pour elle, bon gré mal gré.

Cette fois, à son tour de percuter le mur, se contrôlant tant bien que mal pour ne faire aucun bruit - l’intruse dans la pièce les dévisage un peu trop longtemps avant de s’éclipser. Aucune intimité, ici : n’importe qui pourrait rentrer à tout moment et les voir, merde, même Clarissa, si elle avait la bonne idée de revenir… Elena décide de s’en foutre. Elles se dévisagent un instant, assez longtemps pour qu’Elena se défile, mais elle n’en fait rien. « Wow, Jiyeon, I really couldn’t have guessed sooner. » Elle ironise à défaut d’avoir quelque confiance dans la situation présente. Comme une punition, l’intéressée colle sa jambe contre son bassin et cette fois, c’est trop fort pour qu’elle s’empêche de la rencontrer d’un léger mouvement.  « But it’s okay. I don’t mind. » La guerre n’est plus, pour l’instant, et elle ne doute pas qu’elle revienne, mais elle prend l’accalmie comme une chance. Alors elle se laisse aller, penche la tête en arrière pour donner tout l’accès à Jiyeon tandis que sa main cherche le bord de son haut pour se faufiler en-dessous ; après quelques minutes, elle se dérobe à la cuisse de Jiyeon pour se laisser tomber à genoux. Et pour un quart d’heure, le premier depuis longtemps, elle occulte un peu le reste.



@Jiyeon Park