Tu étais dans un autobus en direction du Sirromet Wines. Tu allais y rejoindre Nina pour passer une après-midi avec elle et faire une dégustation de vin. Tu devais avouer que tu anticipais un peu comment votre moment entre belle-soeur allait se passer puisque, aussi loin que tu puisse te souvenir, vous n’aviez jamais vraiment fait de sortie ensemble. De plus, la dernière fois que tu avais passé un moment avec elle, ça avait finit en conflit, plutôt en crise de ta part. Tu n’avais pas été gentille avec elle alors qu’elle tentait de t’aider et tu en étais parfaitement consciente. C’était seulement que tu ne voulais pas d’aide. La seule personne que tu laissais faire un tant soit peu était Ruben, mais il fallait dire que votre relation n’était pas la plus simple dernièrement… Tu savais également que ton cadet lui avait sans doute raconté ta réaction à l’annonce de leur mariage. Tu étais consciente qu’elle avait dû trouver tes agissements dignes d’un enfant gâté qui n’avait pas ce qu’elle voulait. Bref… Tu ressentais un peu trop de stress pour ce qui était supposé être à la base qu’une simple sortie entre femmes. Et que Nina ait accepté ton invitation était bon signe. Tu en savais assez d’elle pour te douter qu’elle ne l’aurait pas fait si elle n’avait pas eu ne serait-ce qu’une petite envie de te voir et de passer du temps avec toi. Et tu voulais par le fait même avoir des nouvelles de Ruben. Depuis que tu l’avais vu au cimetière, il ne t’avait pas donné signe de vie. Même pas un simple petit sms. Il fallait dire que tu avais agi de la même manière également. S’il y avait bien un trait qui vous unissait les trois enfants Hartfield était le fait d’être têtu. Vous aviez de la difficulté à avouer vos torts, même si tu étais celle qui faisait le plus souvent les premiers pas. Autant avec Ruben qu’avec Rhett. Tu connaissais trop tes frères pour savoir que si tu ne le faisais pas, tu risquais de ne pas entendre parler d’eux pendant un bon moment. Tu profitas du trajet en autobus pour faire des exercices de relaxation. Tu devais avoir bonne mine, lui montrer ton plus beau sourire, essayer de lui faire croire que tu allais bien. Tu avais bien prit un ou deux kilos après Noël, mais la discussion que tu avais eût il y avait à peine quelques jours avec Rhett avait ruiné tes efforts. Il t’avait blessé, tu t’étais sentie comme une moins que rien et tu avais eu de la difficulté à avaler quelque chose, reperdant aussitôt ce poids difficilement gagné. Tu avais revêtu des vêtements amples pour tenter de cacher que tu étais trop maigre, mais tu savais parfaitement que Nina s’en rendrait compte aussitôt qu’elle poserait les yeux sur toi. Arrivée à destination, tu sortis de l’autobus et apperçu celle que tu venais rejoindre à l’entrée du vignoble. Tu fis attention de mettre ton plus beau sourire sur ton visage, prit une grande respiration pour te détendre une dernière fois et te dirigeas vers celle qui faisait désormais officiellement partie de la famille Hartfield. ”Nina ! J’espère que je ne t’ais pas trop fait attendre, l’autobus avait un peu de retard à cause de la circulation.” Pour une fois que ce n’était pas de ta faute si tu étais en retard. Tu aurais été du genre à manquer ton transport grâce à ta légendaire maladresse, mais tu avais porté une attention particulière à arriver d’avance à l’endroit d’où il partait pour t’assurer d’embarquer à bord. ”Prête pour la dégustation ?”

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lieu: sirromet wines, bayside

Elle venait de se défaire de sa blouse lorsqu’il se faufila dans son bureau. Un sourire s'étira sur ses traits quelque peu éreintés. Une fois encore, leur planning avait fait qu’il venait de s’endormir lorsqu’elle avait filé pour prendre sa garde. Mais depuis leur union, Ruben faisait attention aux détails. Ceux qui n'ont pas d’importance, mais qui font la différence. Ce n'était trois fois rien, quelques mots échangés, un baiser et la promesse de se retrouver quelques heures plus tard. « Je vais voir ta sœur ce soir. » Il le savait, elle lui avait déjà dit. Nina avait accepté l’invitation d’Ethel dans le seul but d'établir une relation avec sa belle-sœur. Elle s’interdisait de devenir le Parker des Hartfield. Elle ne voulait être ce paria que l’on s’efforçait d'inviter aux réunions de famille sans que l’envie ne soit présente. Si elle avait conscience qu’il lui sera toujours impossible de nouer une quelconque relation auprès de Rhett. Il lui restait encore l’espoir de pouvoir s’entendre avec Ethel. « Promis, ça se passera bien cette fois. » Elle n’avait aucunement l’intention de remettre sur la table la discussion autour de la santé de la jeune femme. Elle en avait conscience. Ethel était au courant que Nina savait. Il n’était pas nécessaire de creuser plus autour de cela. Ben paraissait rassurer sans avoir besoin de l’exprimer. Un dernier baiser échangé et elle lui laissait sa place à l’hôpital, filant chez eux pour passer sous la douche et se redonner un air potable.

Elle n’était pas stressée. Ce n’était pas dans sa nature. Il n’était pas nécessaire de l’être non plus. Leur dernière rencontre ne s’était pas particulièrement bien déroulée, mais Nina osait espérer que tout serait différent. Ethel allait vouloir se racheter ou quelque chose dans ce genre. Elles allaient faire bien, pour les bonnes relations de famille. Nina maîtrisait ce genre d’exercice à la perfection, pleinement éduquée par son paternel à ce sujet. Au moins, le point de rencontre se voulait neutre. Les vignobles restaient l’un de ses endroits favoris en ville. Le lieu idéal pour boire un verre, se détendre et profiter d’un semblant de nature, loin du bruit incessant des ballets de voiture et de la pollution. « Nina ! J’espère que je ne t'ai pas trop fait attendre, l’autobus avait un peu de retard à cause de la circulation. » Secouant la tête, elle adressa un sourire à sa belle-sœur. « T’en fais pas, je venais tout juste d’arriver. » Pour elle qui était toujours en retard, il s’agissait bien d’une grande première. Elle n’allait pas s'offusquer pour si peu. « Prête pour la dégustation ? » - « Tu n’as pas idée ! » Elle voulait vraiment se donner dans le moment, apprécier l’instant, en bonne compagnie. Il s’agissait d’un effort, mais d'un qu’elle voulait faire. « Après une longue journée, tu as eu une bonne idée. » Une nouvelle fois, elle lui adressa un léger sourire. Il était évident de voir que la jeune femme était stressée, comme incapable de savoir par où commencer.

Une fois installée à table, Nina sentait encore la tension émanée de sa belle-sœur. « J’ai pas l’intention de te mettre mal à l’aise. » Ce n’était pas son genre de s’attarder sur les gentillesses et les bonnes choses à faire. Mais Nina avait conscience de ce qu’ils avaient fait. Elle avait épousé Ruben dans le silence, presque dans le secret, même si tout à chacun était au courant que cela finirait par arriver. Elle s'était immiscées dans leur famille en vitesse. « On peut parler de ce que tu veux. » Et surtout, il n’était pas question de parler de ce qu'elle ne voulait pas.

La nervosité que tu éprouvais à l’idée de passer un moment seule avec Nina avait augmenté légèrement à la vue de sa belle-soeur, mais tu essayais de relativiser. Tu étais convaincue que Nina voudrait se racheter de votre dernière rencontre et c’était toi-même ton intention. Même si vous n’aviez pas l’habitude de vous côtoyer sans ton frère, tu savais que ce n’était pas une mauvaise personne. Et après la réaction que tu avais eu lorsqu'elle t’avait parlé de ton trouble alimentaire, tu étais prête à parier qu’elle ne se risquerait pas à se diriger vers ce sujet de discussion. « T’en fais pas, je venais tout juste d’arriver. » Tu lui dis un sourire et la suivi vers les tables dans la cour extérieure du vignoble. L’air était encore chaude malgré la fin de la journée et le soleil était encore présent dans le ciel. Les vignes chargeaient l’air d’un délicat parfum que tu appréciais beaucoup. Tu te sentais un peu plus calme en regardant autour de toi. Tu ne venais pas régulièrement dans cet endroit, mais tu aimais bien sortir de la ville. Ça te rappelait un peu ton enfance à la campagne et tu ne pouvais t’empêcher de te demander ce que tu faisais à habiter la ville quand tu avais tendance à te sentir coincé parmi tous ces buildings. « Après une longue journée, tu as eu une bonne idée. » Tu n’avais aucun doute que les journées de Nina à l’hôpital devaient rarement être tranquilles. Tu ne serais pas capable de tenir le rythme d’un hôpital, déjà que toutes les tâches que te donnaient Hassan avaient de quoi te garder occupé. « Moi je dis qu’on devrait prendre l’habitude de la France et faire un apéro aussi souvent que possible. » En même temps, ça permettait aux gens de se rejoindre et de passer du temps ensemble sans cassage de tête. Tu n’avais pas de doute que certains liens devaient se resserrer et tu ne serais pas contre voir tes proches plus souvent. Tu détestais être seule dans ton appartement pourrie après une journée de boulot. « J’ai pas l’intention de te mettre mal à l’aise. On peut parler de ce que tu veux. » Tu lui fis un sourire pour lui montrer que tu lui en étais reconnaissante. C’était l’impression que tu avais eu en arrivant, mais le fait de se le faire confirmer te rassurais. Puis, le serveur arriva avec les deux planches de dégustation qui contenait 4 demi-coupes de vin différentes : deux blancs et deux rouges. Tu attrapa la première coupe et la leva en l’air pour trinquer avec ta belle-soeur. « À notre première vraie activité entre belle-soeur. » Tu pris une première gorgée de ton vin, appréciant la douceur de ce dernier. Tu étais contente d’être venue en transport en commun, tu avais l’impression que l’alcool t’étourdirait rapidement et que tu ne pourrais pas prendre le volant de toute manière. « Dit, comment va Benny ? » Tu ne pouvais pas t’empêcher de demander des nouvelles de ton cadet. Vous étiez fâché, mais c’était difficile de ne pas lui parler, lui envoyer un sms pour lui souhaiter bonne journée. Tu savais que tu devrais un jour plier sur ton orgueil et le contacter pour t’excuser, mais tu n’étais pas prête à le faire toute suite. Tu n’en pouvais plus de faire comme tes frères attendaient de toi et d’oublier tes émotions et tes ressentis. Pour une fois que tu avais osé lui mentionner ton opinion à propos de la manière qu’il avait agi, que tu n’avais pas tenté de le protéger et de dire comme lui et voilà qu’il avait quitté le cimetière sans un câlin, un bisou sur la joue ni même un regard.

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Souffler un bon coup et se rappeler que tout n’était pas voulu à se transformer en un débat sans fin. Ce n’était pas son envie en venant ici, en tout cas. Nina avait connaissance des tensions chez les Hartfield, elle jouait sur le banc de touche depuis assez longtemps pour en avoir parfaitement conscience et surtout pour avoir appris à ne pas s’en mêler sans raison. Elle avait bien assez à faire avec sa propre fratrie avant tout. Mais voilà, elle était, en quelque sorte, devenue une Hartfield par extension et si elle ne ferait jamais le moindre effort pour Rhett, elle pouvait bien accorder un peu de son temps à Ethel. Ce n'était qu’une soirée, quelques verres de vin, une ou deux discussions parfaitement contrôlées et repartir avec la satisfaction d’avoir bien fait. C’est tout ce qu’elle désirait : bien faire. Elle n’avait plus rien à prouver à personne, mais cherchait tout de même à démontrer qu’elle était capable de passer un moment avec un membre de sa belle-famille sans que cela ne tourne au pugilat.

« Moi je dis qu’on devrait prendre l’habitude de la France et faire un apéro aussi souvent que possible. » Elle ne put s’empêcher de rire légèrement. « En rappelant que l’alcool se consomme avec modération ? » Elle n’avait rien contre l’idée de profiter de la vie comme les Français savaient si bien le faire, mais son métier tentait à lui rappeler qu’une consommation excessive n’amenait jamais rien de positif. « Déformation professionnelle. » Qu’elle ajouta en haussant des épaules. Elle était là pour profiter un peu et non pas pour parler de travailler, mais Nina avait souvent un peu de mal à se défaire de la blouse, même quelques heures après l’avoir quitté. Le plateau que l’on vint déposer sur leur table, l’aidera sans doute à créer ce moment de pause tant mérité. La soirée se voulait douce, le lieu assez calme, une simple musique d’ambiance venant couvrir les brouhahas des conversations. Un endroit parfait pour lâcher prise et s’amuser de la visible joie d’Ethel. « À notre première vraie activité entre belle-sœur. » Un sourire vint étirer ses lèvres alors qu’elle leva son verre pour trinquer avec la brunette. « Cheers ! » Malgré l’effet de surprise, Ethel paraissait sincèrement heureuse de l’accueillir dans la famille et Nina ne pouvait que le prendre avec le sourire. Elle avait conscience que leur idée était venue chambouler ce que tout le monde semblait attendre depuis longtemps, mais malgré tout, elle ne changerait rien. Elle était désormais mariée avec l’homme de sa vie et le reste n’avait plus vraiment d’importance. « Dit comment va, Benny ? » Elle aurait dû s’y attendre. Elle aurait presque pu parier que la question allait arriver d’un moment à l’autre. Elle aurait également pu retenir son soupir, mais ce n’était pas son genre de lisser ses réactions. « Je n’ai pas l’intention de jouer les messagers Ethel. » Elle s'était promis que cette fois, tout se passerait bien avec la jeune femme, mais le sens que prenait déjà leur conversation paraissait compliquer les choses. « Il va bien, mais si tu veux réellement savoir comment il va, envoi lui un message. » Elle n’avait pas l’intention de parler pour Ruben, encore moins lorsque ce dernier était revenu passablement énervé de sa dernière entrevue avec sa sœur. Nina avait appris très tôt à ne jamais se mêler des tensions au sein d’une fratrie. « Je sais que notre décision t’a pris de court, mais imagine bien que je partage le point de vue de Ben à ce sujet. » Elle n’avait aucune idée des mots qu’il avait pu employer et de la manière dont il avait annoncé les choses, mais il serait sacrément hypocrite que de lui tourner le dos là-dessus. Elle n’allait pas s’excuser d’avoir choisi de se marier en toute intimité, elle n’allait pas promettre monts et merveilles. Ils avaient choisi ce qui leur semblait bon pour eux, ce qui faisait réellement sens à leurs yeux. L’avis des autres ne se voulait que secondaire, voire insignifiant.

Ce n’était pas la première fois que tu venais à ce vignoble, mais à toutes les fois tu étais renversé par la beauté et par le calme qui se dégageait de cet environnement. C’était un endroit tout à fait adapté pour passer un moment avec Nina puisque tu t’y sentais bien et que c’était plutôt neutre. Tu ne t’aurais pas vu l’invité dans ton appartement qui était loin d’être aussi beau que le sien et tu ne voulais pas aller chez elle et prendre le risque de croiser ton frère à qui tu ne parlais pas pour l’instant et encore moins de te remémorer la dernière fois où tu y avais mis les pieds. Il fallait tout de même vous donner une chance que tout se passe bien cette fois, sans catastrophe. Pour débuter la conversation, tu décida d’y aller avec un sujet plutôt neutre et d’annoncer que tu serais pour calquer les français et prendre l’apéro plus souvent. « En rappelant que l’alcool se consomme avec modération ? Déformation professionnelle. » Un sourire prit place sur tes lèvres : c’était le genre de mise en garde que Ruben aurait pu te faire également. Tu ne te sentais pas plus interpellé qu’il faut par cette dernière puisque tu n'étais pas du genre à boire régulièrement, ni à outrance, même si tu appréciais à l’occasion prendre un verre avec tes proches. « Il y a de très bonnes alternatives sans alcool aussi ! Mais j’aime bien le concept de prendre le temps de s'asseoir avec ses proches et profiter d’une heure ou deux. Prendre le temps de prendre le temps. » Un peu comme ce que vous étiez en train de faire toi et Nina en ce moment même. La vie passait beaucoup trop vite et tu ne voulais pas regretter de ne pas avoir pris du temps pour tes amis et ta famille… Tu avais assez de te mettre sur les épaules que tu n’avais pas assez passé de temps avec Jackson avant son départ, tu ne voulais pas que ça arrive encore si jamais un autre de tes proches disparaissait trop tôt. Suite à votre cheers, tu n’avais pu t’empêcher de demander à ta belle-soeur comment allait Ruben. C’était probablement le plus long moment que tu n’avais pas eu de ses nouvelles et il te manquait terriblement. Tu n’étais toutefois pas la seule bornée dans cette famille et tu n’avais pas l’intention de plier avant lui… Quoi que tu savais pertinemment que c’était probablement ce qui allait se passer d’une manière ou d’une autre. Le soupir que Nina laissa échapper ne te surprit aucunement. « Je n’ai pas l’intention de jouer les messagers Ethel. » Tu hochas de la tête. Ce n’était pas ce que tu lui demandais non plus. Tu voulais juste savoir s’il allait bien ou non. C’était tout. Si la réponse était négative, tu savais que tu lui enverrais un message probablement le soir même pour t’excuser et être présente pour lui alors que si c’était positif, tu étirerais encore peut-être un peu ton boudage. « Il va bien, mais si tu veux réellement savoir comment il va, envoi lui un message. » Tu relâchas le souffle que tu retenais sans t’en rendre compte depuis que tu lui avais posé la question. Tu espérais toutefois secrètement qu’il avait également des pensées pour toi. « Je sais que notre décision t’a pris de court, mais imagine bien que je partage le point de vue de Ben à ce sujet. » Tu savais parfaitement que Nina partageait le même point de vue que ton frère à propos de leur mariage puisqu’elle avait décidé de procéder de cette manière. Tu savais bien que Ruben ne l’avait pas forcé à faire cette cérémonie secrète. « Je sais. J’ai tenté de lui faire comprendre que ce n’était pas le mariage qui me rendait triste, mais seulement de ne pas avoir pu être présente pour partager cette belle journée avec vous… Ce n’est pas parce que je ne voulais pas qu’il te marie, au contraire. » Tu pris une pause pour prendre une gorgée de vin et organiser tes pensées. Tu voulais t’exprimer clairement et ne pas blesser Nina par le fait même. « Faut croire que je suis trop fleur bleue, mais l’idée de faire un discours pour dire à quel point je suis contente pour vous et qui aurait mis Ben mal à l’aise m’a toujours beaucoup plu. » Un petit rire s’échappa de ta bouche. Depuis tout ce temps, tu t’étais remise de ne pas avoir assisté au mariage de ton frère. Il fallait que tu tente de te réconcilier avec lui puisque maintenant que tu étais également en froid avec Rhett, tu te trouvais bien seule. « Merci de m’avoir donné un peu de nouvelle et non, je ne voulais pas que tu joues les messagers, juste savoir s’il se portait bien ou non. » Tu attrapas une olive qui était arrivée avec le plateau de dégustation de vin et la mit dans ta bouche. Aussitôt que tu croqua dedans, tu grimaças. « Je croyais qu’elles étaient farcies d’amandes, mais c’est une gousse d’ail à l’intérieur. »

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« Il y a de très bonnes alternatives sans alcool aussi ! Mais j’aime bien le concept de prendre le temps de s'asseoir avec ses proches et profiter d’une heure ou deux. Prendre le temps de prendre le temps. » Elle hocha la tête, approuvant les paroles de sa belle-sœur. Parfois, il était nécessaire de prendre le temps, elle n’allait pas le renier, mais Nina avait bien du mal à s’accorder ce genre de moment. Sa vie n’était faite que de journées à mille à l’heure entre les gardes et tout ce qu’il fallait continuer à gérer en dehors. Mais elle n’allait pas s’en plaindre, c’est ainsi qu’elle aimait sa vie, à toujours avoir quelque chose à faire, Nina était du genre à ne pas supporter de rester enfermée toute une journée. « Tu sais bien qu’on est toujours en train de courir partout. » Elle pouvait en rire, ce n’était un secret pour personne. Lorsqu’ils se trouvaient en congé en même temps, Ben et Nina étaient du genre à partir en randonnée plutôt qu’à s’affaler dans le canapé.

D’ailleurs, en évoquant le jeune homme, elle s’attendait un peu à ce que la sœur de ce dernier lui demande des nouvelles. S’il n’y avait rien de mal dans la démarche, Nina se refusait de jouer les messagers. Elle avait déjà bien assez à faire avec sa propre fratrie pour commencer à se mêler des affaires des Hartfield. Et sans vouloir se montrer méchante, c’est ainsi qu’elle exposait son point de vue à Ethel. Ce n’est pas comme si Nina pouvait désapprouver les actions de son mari, elle s’était jetée dans cette expérience avec lui sans jamais remettre quoi que ce soit en question. Il s’agissait de leur décision avant tout, ce qui avait semblé faire le plus de sens à leurs yeux. « Je sais. J’ai tenté de lui faire comprendre que ce n’était pas le mariage qui me rendait triste, mais seulement de ne pas avoir pu être présente pour partager cette belle journée avec vous… Ce n’est pas parce que je ne voulais pas qu’il te marie, au contraire. » Elle dut se retenir pour ne pas lever les yeux au ciel. Qu’est-ce qu’ils avaient tous avec cette façon de penser que leur mariage ne serait jamais partagé auprès de leurs familles respectives ? « Faut croire que je suis trop fleur bleue, mais l’idée de faire un discours pour dire à quel point je suis contente pour vous et qui aurait mis Ben mal à l’aise m’a toujours beaucoup plu. » Elle sonnait exactement comme Rory en cet instant. « Ethel, tu sais qu’on a pas l’intention de ne pas célébrer ça avec vous tous, pas vrai ? » Ils avaient rendu leur union officielle sans leur famille, mais qu’est-ce qui les empêchait de recommencer ? « On va faire quelque chose avec vous tous. On avait juste à cœur de le faire pour nous avant tout. » Est-ce qu’elle allait mieux l’accepter présenté ainsi ? Ils avaient pensé à eux avant de penser aux autres, ce n’était pas non plus si étonnant de leur part.

« Merci de m’avoir donné un peu de nouvelles, et non, je ne voulais pas que tu joues les messagers, juste savoir s’il se portait bien ou non. » Elle haussa les épaules tout en lui adressant un léger sourire. « Ton frère est incroyablement têtu, je crois que tu le sais encore mieux que moi. » Il pouvait avoir ses humeurs, Ben, et surtout, il lui était impossible de reconnaître une quelconque erreur de sa part. Mais il fallait composer avec, il n’allait pas changer du jour au lendemain. « Laisse-le ronchonner dans son coin, ça changera. » Ethel était l’une des exceptions dans le livre de Ben, elle le savait. Ce n’est pas une mini dispute de ce genre qui allait affecter leur relation, Ethel devait se rassurer. Elle n’eut pas le temps de lui poser une question qu’Ethel fit une grimace affreuse avant de s’étouffer à moitié. « Je croyais qu’elles étaient farcies d’amandes, mais c’est une gousse d’ail à l’intérieur. » Nina ne sut retenir son éclat de rire, plaquant une main contre sa bouche. « Pardon. » Elle ria encore un peu tout en s’empressant de servir un verre d’eau à sa belle-sœur. « T’aurais dû voir ta tête. » Elle lui tendit le verre et éloigna d’un geste de la main le pot maudit d’olives. « On va plus toucher à ça. » Il était probablement plus safe de rester vers les petits toasts que l’on venait tout juste de déposer sur leur table. « Et toi alors ? Tout va bien ? » Elle se devait de poser la question, sans jamais prononcer le moindre mot qui pourrait atteindre Ethel. Elle voulait simplement savoir si tout allait bien pour elle, sans aucune arrière-pensée.

« Tu sais bien qu’on est toujours en train de courir partout. » Le sourire qui planait sur tes lèvres laissais sous-entendre qu’effectivement, tu étais au courant que ton cadet et ta belle-soeur avaient tout sauf le temps de s’asseoir pour faire régulièrement des apéros. Tu devais prendre les devants pour pouvoir les voir, particulièrement Ruben puisque c’est avec lui que tu essayais d’avoir le plus de contact que tu pouvais. Sauf dans les derniers temps. Tu avais parfois l’impression que tu n’étais pas importante pour lui, mais tu chassais vite ces pensées de ta tête. Il tenait à toi, mais sa carrière prenait énormément de place et tu ne pouvais pas lui tenir rigueur de vouloir sauver des vies. « Je sais oui. Juste à vous regarder aller, je suis essoufflée. » Il n’y avait aucun sous-entendu dans tes paroles. Au contraire, tu aimerais avoir la capacité de te tenir autant occupé. Tu aimais voir des gens, faire des activités, mais tu avais également besoin de rester assise sur ton sofa à regarder netflix quelques fois. Depuis que tu étais la babysitter d’Emilia, la fille de Clarence, tu appréciais les moments assise dans son lit dans le noir à lui caresser les cheveux pendant son sommeil. Autant tu faisais des activités avec elle, autant tu prenais plaisir à avoir des moments doux avec la fillette.
Le sujet de conversation qui était susceptible d'amener le plus de tension entre vous deux, à part ton trouble alimentaire, fut amené sur la table assez rapidement. Tu avais à coeur que Nina sache que ce n’était pas le fait que Ruben l’ait marié elle qui lui déplaisait. « Ethel, tu sais qu’on a pas l’intention de ne pas célébrer ça avec vous tous, pas vrai ? » À ces mots, tu releva tes yeux vers Nina, le regard rempli de surprise. « On va faire quelque chose avec vous tous. On avait juste à cœur de le faire pour nous avant tout. » Ton coeur venait de faire deux bonds dans ta poitrine. Cette annonce faisait ta soirée. C’était tout ce que tu demandais, de pouvoir célébrer l’union des jeunes mariés, que ce soit la journée-même ou non. « Il s’est bien gardé de me mentionner ce détail. Ce petit cachotier. Alors voilà qui règle toute la question. » Tu espérais tout de même qu’il l’avait dit à vos parents. Connaissant ta mère, elle était aussi triste sinon plus que toi de ne pas avoir été présente lors de la cérémonie. Tu savais aussi que d’avoir droit à une soirée festive plus tard serait en quelque sorte une consolation pour elle également. « Ton frère est incroyablement têtu, je crois que tu le sais encore mieux que moi. Laisse-le ronchonner dans son coin, ça changera. » Têtu était probablement même un mot trop doux pour décrire le caractère de ton cadet. Et même de ton aîné. Vous étiez en fait tous les trois très têtus, mais tu étais celle qui savait le mieux pardonner à tes frères. En fait, tu étais surtout consciente que si tu ne le faisais pas, tu n’allais pas avoir de nouvelles d’eux pendant des semaines, des mois et voir même des années. Ce qui était inconcevable pour toi. « Je crois qu’être têtu est un trait caractéristique des Hartfield. À part papa. Je te confirme que maman ne donne pas sa place. » Ta mère était bienveillante, mais lorsqu’elle avait une idée dans la tête, il était bien souvent impossible de la faire changer. Tu tenais ton côté doux et plus pacifique de ton père. Il avait probablement seulement apprit à choisir ses combats avec une femme et des enfants avec un temperamment assez fort.
Les olives farcies à l’ail changea l’ambiance qui n’était pas encore tendue, mais qui pouvait rapidement le devenir. Tu n’étais fâchée contre Nina qui avait ri lorsque tu avais croqué dans une, mais fit un signe positif de la tête lorsqu’elle annonça qu’il valait mieux les laisser de côté. Tu attrapas ton verre de vin, en prit une gorgée pour changer le goût qui te restait dans la bouche. « Et toi alors ? Tout va bien ? » Tu hocha la tête, réfléchissant à ce que tu voulais dévoiler comme changeant dans ta vie à Nina. Tu avais l’impression qu’une foule de choses s’était passée depuis la dernière fois que tu avais parlé à Ruben. Elle n’avait donc pas moyen d’en être au courant, même si tu savais maintenant qu’il lui disait tout. « Je me suis prise un deuxième boulot. Je babysitte une jeune fille de 6 ans les soirs et week-end depuis janvier. Emilia est tellement géniale. » Tu attrapas ton téléphone pour lui montrer une photo où vous étiez toutes les deux assises au sol, toi en tailleur, Emilia assise de dos à toi. Ton visage était appuyé sur le côté de sa tête et vous aviez toutes les deux un sourire radieux. Tu prenais tranquillement vie à force de la côtoyer. « D’ailleurs, tu as déjà dû croiser son père. Il est urgentiste à l’hôpital, Docteur Clarence Aldridge. »

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« Je sais oui. Juste à vous regarder aller, je suis essoufflée. » Elle eut un léger rire face à la réplique de sa belle-sœur. Ce n’est pas la première fois qu’elle entend cela et ce ne serait sûrement pas la dernière. Leur famille ne cessait de leur reprocher ce rythme infernal, comme si personne ne les avait vu s’échiner durant toutes leurs années d’études. Ils n’avaient pas autant trimé pour relâcher la barre une fois titularisés, bien au contraire. Nina avait conscience que peu de gens pouvaient comprendre leur motivation et que si leur couple fonctionnait aussi bien, c’était bel et bien parce qu’ils avaient un objectif semblable. « C’est juste normal pour nous. » Parfois même, elle se disait qu’elle pourrait faire plus, s’engager un peu plus dans la vie de l’hôpital, et puis finalement, la fatigue lui rappelait que dormir n’était en aucun cas une option si elle voulait continuer à grimper les échelons.

Et dernièrement, si ce n’était pas le sujet de sa vie active qui froissait ses proches, c’était la nouvelle de son union avec Ruben. Jamais elle n’aurait imaginé que tant de personnes différentes pourraient avoir une opinion sur un mariage. Comme si elle avait décidé de se marier pour la société et non pas simplement pour s’unir à l’homme de sa vie. La redondance du sujet devenait agaçante, surtout quand les reproches se voulaient constamment similaires. Il fallait rassurer en permanence, tout en se justifiant de quelque chose qui ne devrait pas l’être. « Il s’est bien gardé de me mentionner ce détail. Ce petit cachotier. Alors voilà qui règle toute la question. » Peut-être que Ruben s’était abstenu de mentionner un tel détail parce qu’il s’était senti agressé par les reproches. Acculé par des remarques qui n’avaient pas lieu d’être et qui était probablement venu le vexer plus que de raison. Après tout, Ruben déteste que l’on lui dicte son comportement. Et Nina commençait également à perdre patience, mais son sourire se voulait éclatant. Il était facile de rejeter la faute sur l’absent, après tout. « Je crois qu’être têtu est un trait caractéristique des Hartfield. A part papa. Je te confirme que maman ne donne pas sa place. » Oh, ça, elle l’avait bien compris avec les années. « Crois moi, je sais ! » C’est bien pour cela que Nina rendait ses visites chez les Hartfield assez éparses afin de ne pas laisser le moindre loisir à sa belle-mère de dicter leur vie. Peut-être également parce que Nina se voulait allergique aux réunions familiales. Celle des Craine finissant toujours avec pertes et fracas, elle ne voulait guère s’aventurer à reproduire la même chose chez les autres. Elle avait bien assez à faire avec sa famille pour se mêler de celle de Ruben. 

Malgré tout, une fois Ethel rassurée, l’ambiance se voulut un peu plus détendue. Ce n’est pas que Nina avait peur de quoi que ce soit, elle avait toujours parlé librement, se fichant bien de l’avis des autres, mais elle avait également promis à Ruben d’être plus prudente avec la fragilité d’Ethel. Ce n’est pas quelque chose qu’elle maîtrisait, le fait de prendre des pincettes, de faire attention à ses propos, mais elle tentait malgré tout. Et pour cela, il était plus simple de rester sur une conversation somme toute assez banale. « Je me suis prise un deuxième boulot. Je babysitte une jeune fille de 6 ans les soirs et week-end depuis janvier. Emilia est tellement géniale. » Nina déposa son verre de vin sur la table afin de se pencher pour mieux voir le cliché que lui présenta Ethel. Bizarrement, le visage de la petite fille lui parut familier. « D’ailleurs, tu as déjà dû croiser son père. Il est urgentiste à l’hôpital, Docteur Clarence Aldridge. » Ah, donc elle n’avait pas rêvé. « Je le connais de vue. » Ils s’étaient déjà croisés, avaient partagé des gardes et surtout, Nina avait soigné sa fille. « J’ai surtout soigné sa fille il y’a quelque temps de ça. » Elle sourit légèrement en se rappelant de la panique de son collègue, mais surtout de la gentillesse de la petite fille. « Elle aime toujours autant les princesses ? » Elle se souvenait lui avoir lu une histoire pour apaiser la fillette qui se voulait un peu angoissée par l’ambiance de l’hôpital.

« C’est juste normal pour nous. » Un doux sourire prit place sur tes lèvres. Tu ne lui reprochais pas ce dévouement envers l’hôpital, cet horaire surchargé, au contraire. Tu les enviais Nina et Ruben d’avoir trouvé ce métier qui les faisait vibrer, qui les rendait heureux et pour lequel ils donnaient corps et âme sans aucune hésitation. Ils avaient l’énergie et le besoin d’accomplir de grandes choses et c’était beau de les voir aller. Bien que tu aimerais pouvoir voir Ruben plus souvent que ce que tu avais l’occasion, tu ne lui reprocherais jamais de s’investir auprès de ses patients. Ce serait alors tout à fait égoïste et tu n’étais pas ce genre de personne.
Lorsque la conversation se dirigea vers sa famille, on pouvait lire dans tes yeux tout l’amour que tu y portais. Surtout à tes parents. Ils avaient toujours été présents pour vous quatre, vous avait supporté le mieux qu’il le pouvait après la mort de Jackson même s’ils étaient eux-même atterés par sa disparition. Bien que tu ne trouvais pas toujours facile de savoir que tu n’avais pas atteint les ambitions qu’ils avaient pour toi, ils ne t’avaient jamais dit que tes frères étaient meilleurs que toi ou d’autres paroles du genre. Tu te mettais toi-même beaucoup de pression sur les épaules en interprétant plus souvent leurs questions et les paroles que tu le devrais. « Crois moi, je sais ! » Tu étais consciente que ta mère pouvait prendre beaucoup de place et d’autant plus que Ruben était son petit préféré, mais tu étais convaincue que ta mère adorait Nina, qu’elle était contente que cette dernière fasse partie de la famille. « Elle aime bien avoir le nez partout, mais ça ne part pas d’une mauvaise volonté. Je pense qu’elle a de la difficulté à voir son bébé grandir. Mais elle est si fière de lui. » Les opinions tranchées et la curiosité de ta mère te donnaient parfois bien du fil à retordre. Tu étais beaucoup plus proche de ton père qui était un peu plus doux, compréhensif, qui était moins intrusif. Tu avais toujours été une petite fille à papa et malgré que tu savais que tu l’inquiétais souvent, sa discrétion était toujours bienvenue.
Étant un vrai moulin à parole, surtout lorsque tu étais un peu moins à l’aise comme en ce moment avec Nina, tu ne pu te retenir de lui partager que tu avais prit un deuxième boulot comme nounou. En même temps, Emilia et son père étaient en train de devenir tranquillement le centre de ta vie. Tu adorais cette jeune fille sans limite. « Je le connais de vue. J’ai surtout soigné sa fille il y’a quelque temps de ça. » Puisque tu n’étais pas au courant de quoi que ce soit, tu avais l’impression que ce n’était rien de bien grave. Un sourire amusé prit toutefois place sur tes lèvres. Tu connaissais assez Clarence pour avoir une petite idée de comment il avait dû agir à ce moment. « Un médecin qui doit se reporter sur un collègue pour faire soigner quelqu’un de sa famille, d’autant plus sa fille… Il n’a pas été trop insupportable ? » Tu avais aucune difficulté avec lui. Il te faisait confiance pour ce qui avait trait à Emilia, mais tu savais bien que peu importe la nature de ce qu’avait la fillette, le stress avait dû monter en flèche. Il était un père aimant et attentif et c’était tout à son honneur malgré son horaire surchargé. « Elle aime toujours autant les princesses ? » Tu hochas de la tête à la positive. Le nombre de fois que tu avais fais des jeux de rôle de princesses qui prenaient le thé, tu ne les comptais plus. « Les princesses et les histoires de Disney. Je travail fort sur mon imitation de la reine des neiges. » La manière dont tu parlais d’elle laissait entrevoir à quel point tu étais déjà attaché à Emilia. Tu ne pouvais déjà plus imaginer laisser ton boulot. Tu pris la deuxième coupe de vin pour la dégustation et la porta à tes lèvres. Il était moins sec, plus doux sans être plus sucré et tu sentais déjà tes joues rougir tranquillement malgré la faible quantité d’alcool ingéré. Tu n’avais pas mangé grand-chose dans ta journée et ça ne t’aidait pas à supporter la boisson alors que tu n’avais déjà pas une grande tolérance.

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Au fil des années, Nina avait appris à connaître sa belle-famille. Ils étaient différents du clan Craine qui fonctionnait probablement d’une manière bien plus saine et qui avait alors le don de la déstabiliser. Elle avait rapidement compris que Ruben occupait une place toute particulière aux yeux de sa mère et, dans le fond, elle se considérait comme chanceuse malgré tout. Comparé aux histoires qu’elle pouvait entendre sur les belles-mères, la sienne ne lui menait pas la vie dure, bien au contraire. Elle avait conscience que la réussite de Ruben était quelque chose de choyé et de respecté, et par conséquent sa carrière l’était tout autant. On ne lui avait jamais reprocher de trop travailler et pour ça elle se voulait reconnaissante. Pour le reste, elle avait bien du mal à comprendre les véritables dynamique du clan Hartfield. « Elle aime bien avoir le nez partout, mais ça ne part pas d’une mauvaise volonté. Je pense qu’elle a de la difficulté à voir son bébé grandir. Mais elle est si fière de lui. » Une fois encore, elle dut se retenir de lever les yeux au ciel. Cela faisait bien longtemps que Ruben n’était plus un enfant, il serait temps de le comprendre.

Il était facile de laisser Ethel diriger la conversation. Nina n’était pas la plus douée dès lors qu’il s’agissait d’entretenir une conversation somme toute mondaine. Le small talk très peu pour elle, mais par chance, la brunette qui lui faisait face avait des choses à dire. Et même si elle n’était pas du genre à échanger des informations sur ses collègues, il paraissait certain qu’Ethel connaissait bien Clarence. « Un médecin qui doit se reporter sur un collègue pour faire soigner quelqu’un de sa famille, d’autant plus sa fille… Il n’a pas été trop insupportable ? » Elle eut un léger rire, se souvenant parfaitement de l’autorité dont elle avait dû faire preuve pour que Clarence se calme et accepte de rester de côté. « Disons que l’on ne se connaissait pas vraiment jusque-là et que les présentations ont été musclées. » Si Nina adorait ses petits patients, elle avait toujours eu du mal à traiter avec les parents. Cela se voulait pire encore lorsque le fameux parent était également médecin. « Mais il a su s’effacer quand c’était nécessaire. » Et la règle est stricte : interdiction de traiter un membre de sa famille. Ce n’était jamais drôle, elle ne souhaitait à aucun de ces collègues de se retrouver de ce côté de la barrière, mais c’était ainsi. La règle existait pour une raison précise et pas pour les embêter. Et au final, Emilia s’en était rapidement remise, sans aucune séquelle. Nina se souvenait parfaitement de la petite fille qui était toujours souriante et incroyablement polie pour son âge. « Les princesses et les histoires de Disney. Je travaille fort sur mon imitation de la reine des neiges. » Nina se trouva amusée par la détermination d’Ethel. « Tu ferais une bonne Anna, je trouve. » Sa connaissance des dessins animés se limitait à ce que ses patients lui racontaient, mais celui-ci avait tellement fait fureur que même sans l’avoir vu, Nina était certaine de ne pas se tromper. « Si tu maîtrises pleinement, je sais qu’on cherche toujours des animateurs pour occuper les enfants en pédiatrie. » Ce n’était qu’une idée à la volée, mais Nina savait à quel point ses patients aimaient avoir des visites des héros de leur dessin animé préféré. Elle observa un instant sa belle-sœur avant d’ajouter. « Tu l’aime bien, la petite, non ? » Elle avait l’air d’apprécier son travail auprès de l’enfant. Elle paraissait aller mieux, sans que ce soit parfaitement visible, mais juste au-dessus de la surface. Alors qu’elles en étaient au deuxième verre, Nina glissa une assiette composé de petits toasts accompagnés de tapenade de tomate et d’olive entre elles deux. « Ceux à la tomate sont vraiment très bon. Pas de surprise cette fois ! » Qu’elle ajouta dans un léger sourire. Le moment se voulait simple, mais appréciable, elle s’en rendait compte.

Tu avais toujours eu de la difficulté à lire Nina. Si tu avais l’impression de bien t’entendre avec elle, tu ne savais pas si la réciproque était aussi vrai ou si elle te tolérait parce que tu étais la soeur de son tout nouveau mari. Et si c’était le cas, tu lui en étais reconnaissante de faire les efforts pour que tout se passe bien entre vous. Tu étais proche de Ruben et ça aurait été difficile de devoir conjuguer avec une conjointe qui ne t’appréciais pas ou très peu du moins. Les moment où vous étiez seules ensemble étaient plus rares, mais tu appréciais. Tu te demandais si tu étais trop bavarde, si tes choix de conversation l’ennuyaient, mais comme elle te répondais et te relançais sans attendre, ça te laissait croire qu’elle devait y trouver son compte. Parler de quelqu’un que vous aviez en commun tout en laissant de côté le sujet un glissant du froid qui régnait entre toi et ton frère te semblait une bonne option. Tu ne souhaitais pas avoir de potin sur ton nouvel employeur, c’était seulement que vous n’aviez pas des masses de points en commun toi et elle. Clarence était ce dénominateur commun qui ne risquait pas trop de causer de désaccord en ce début de soirée. « Disons que l’on ne se connaissait pas vraiment jusque-là et que les présentations ont été musclées. » Un léger sourire apparut sur tes lèvres. Emilia était la prunelle des yeux de Clarence. Tu ne le connaissais pas encore beaucoup, mais tu avais cette impression que c’était la seule et unique chose qui pouvait lui faire perdre ce contrôle qu’il semblait avoir constamment sur sa personne. « Mais il a su s’effacer quand c’était nécessaire. » C’était le Clarence que tu connaissais. Tu étais quasiment sûre qu’il s’était emmuré dans un silence avec ce regard qui pouvait être froid. Ce regard qu’il faisait et qui te troublais au plus profond de toi-même. Il te laissait un peu plus percevoir ce qu’il pensait de ce que tu faisais lorsque tu étais avec sa fille, mais ça avait été compliqué au début de ne pas être capable de le lire alors qu’il refusait de te communiquer clairement s’il appréciait ton travail avec Emilia. « Je crois que je ne l’ai jamais vu perdre le contrôle. C’est bien différent qu’avec Hassan que je connais pratiquement comme le fond de ma poche. » Tu l’avais côtoyé souvent à l’extérieur du bureau également, souvent même chez tes parents puisqu'il venait faire son tour avec Rhett quelques fois par année. Ta mère était tellement contente de savoir qu’il avait décidé de t’embaucher l’année d’avant. Cette aura de mystère autour de Clarence t’intriguait toutefois énormément et tu étais bien décidé à la percer lentement, mais sûrement.
« Tu ferais une bonne Anna, je trouve. » L’affirmation de Nina te porta à réfléchir quelques instants sur Anna et Elsa. Tu en vint rapidement à la conclusion que vous aviez plein de points en commun avec la cadette des deux soeurs : tu avais ce besoin d’être avec tes frères, mais tu portais également en toi la blessure fait par le rejet de ton aîné lorsque tu lui avais mentionné avoir besoin d’aide après lui avoir dit que tu étais anorexique. Anna s’était sentie également rejetée par sa soeur tout au long de leur enfance. Tu n’avais pas de talent, rien de spécial en toi tout comme Anna alors qu’Elsa elle, avait des pouvoirs magiques. De la même manière que Rhett et Ruben excellait tous les deux dans au moins une sphère de leur vie. « Si tu maîtrises pleinement, je sais qu’on cherche toujours des animateurs pour occuper les enfants en pédiatrie. » La proposition de Nina te pris de cours. Tu n’avais jamais pensé à cette éventualité, mais tu aimais tellement les enfants que c’était quelque chose que tu apprécierais probablement. Tu te demandais toutefois si tu allais être capable de garder cette distance pour ne pas être complètement anéantie devant des enfants malades. « Je garde ta proposition en tête. J’vais demander à ma plus grande juge de me donner des critiques pour m’améliorer. Tu sais que j’ai proposé à Ruben de commencer un duo, lui au piano et moi au chant, lui en Olaf et moi en Elsa et qu’il a totalement refusé ? » Un rire franc sorti de ta bouche lorsque tu repensais au moment que vous aviez passé ensemble lors du Noël solidaire. Vous étiez aller chercher des cadeaux pour les enfants démunies et tu avais chanté le refrain Libéré, délivré en plein milieu du commerce avec ta voix de casserole. Il s’était bien moqué de toi, mais c’était un des meilleurs moments que vous aviez eu ensemble depuis assez longtemps. « Tu l’aime bien, la petite, non ? » Tu hocha de la tête dans un signe positif. Ça faisait longtemps que tu t’étais sentie à ta place comme tu le sentais avec elle. « Elle m’oblige à m’arrêter, à penser qu’au moment présent. J’aime beaucoup imaginer des activités à faire moi et elle. » Elle était bénéfique pour ton anxiété. Tu arrêtais d’avoir peur du futur, tu ne pensais qu’au présent. L’entendre éclater de rire lorsque tu la surprenais avec une blague te remplissais de fierté. « Je n’avais jamais pensé être nounou, mais cette famille a été mise sur mon chemin et je suis vraiment contente d’avoir répondu à l’annonce que Clarence a fait paraître. » Puis, Nina approcha l’assiette avec la tapenade et les toasts entre vous deux. Tu n’étais pas sûre d’apprécier la tentative de te faire manger qui se voulait probablement innocente, mais en même temps, tu savais pertinemment qu’en venant dans ce lieux, tu allais être confrontée à de la nourriture. Et c’était probablement même mieux que tu manges un peu et d’éviter ainsi de remplir ton estomac vide seulement avec de l’alcool. « Ceux à la tomate sont vraiment très bon. Pas de surprise cette fois ! » Tu attrapas un petit toast, le mit dans ta bouche, croqua deux ou trois fois et l’avala aussi vite que tu le pouvais. Tu essayais de ne pas penser à la sensation de l’huile d’olive sur tes lèvres et prit une gorgée de ta coupe de vin par la suite. « Effectivement meilleur que les olives à l’ail. Ça s’accorde très bien avec ce vin-là. Tu lui avais déjà goûté ? » Tout pour détourner l’attention de la nourriture et résister à l’envie de calculer combien de calorie il pouvait avoir dans cette bouchée que tu venais de manger.

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Il est préférable de s’éloigner du moindre sujet évoquant un potentiel conflit dans la fratrie Hartfield. Nina refuse de s’en mêler, elle a déjà appris sa leçon la dernière fois. Il est bien plus intéressant d’observer le sourire qui se dessine sur les lèvres d’Ethel à la simple évocation de Clarence. Est-ce qu’il se passe quelque chose entre eux ? Nina n’a jamais été du genre à se satisfaire du moindre potin, mais puisque la situation se présente, elle reste néanmoins sur ses gardes. « Je crois que je ne l’ai jamais vu perdre le contrôle. C’est bien différent qu’avec Hassan que je connais pratiquement comme le fond de ma poche. » Elle a visiblement eu le temps d’observer la personnalité du médecin. Nina s’amuse un peu de la situation sans pour autant faire la moindre remarque évoquant un quelconque lien. « Quand tu es responsable du service des urgences, savoir garder la tête froide, c’est une qualité indispensable. » Ils la maîtrisent tous d’une manière ou d’une autre, mais Clarence reste un exemple en la matière, c’est certain.

La conversation s’éloigne naturellement des sujets familiaux pour quelque chose de bien plus trivial et simple. Nina n’a aucun mal à imaginer sa belle-sœur animer un atelier pour les enfants hospitalisés dans son service et trouve même l’idée amusante. « Je garde ta proposition en tête. J’vais demander à ma plus grande juge de me donner des critiques pour m’améliorer. » Elle hoche la tête, convaincue que la jeune femme reviendra rapidement vers elle. « Tu sais que j’ai proposé à Ruben de commencer un duo, lui au piano et moi au chant, lui en Olaf et moi en Elsa et qu’il a totalement refusé ? » Son rire vient se mêler à celui d’Ethel. « Je paierais une fortune pour être témoin de ça. » Elle a souvent vu Ruben se perdre dans son monde dès lors qu’il se retrouvait face à un piano, mais jamais il n’avait réellement poussé la chansonnette. Mais c’est beau de la part d’Ethel de continuer à rêver, en tout cas. Et si l’aparté se veut amusant, Nina n’a pu s’empêcher de remarquer l’affection qu’Ethel semble donner à la petite famille de Clarence. « Elle m’oblige à m’arrêter, à penser qu’au moment présent. J’aime beaucoup imaginer des activités à faire, moi et elle. » Autrement dit, Emilia est la parfaite distraction pour elle. « Je n’avais jamais pensé être nounou, mais cette famille a été mise sur mon chemin et je suis vraiment contente d’avoir répondu à l’annonce que Clarence a fait paraître. » Un sourire se dessine sur ses lèvres. « Je suis contente pour toi. » Ethel a traversé quelques épreuves dernièrement et elle mérite de pouvoir s’accorder une pause en exerçant un métier qui semble réellement lui plaire. 

Et au milieu de tout ça, Ethel paraît être un peu moins tendue au sujet de la nourriture. Bien sûr que Nina remarque son hésitation, mais elle ne lui fera aucune remarque. L’étape se veut assez importante. Tout ce qui lui reste à faire, c’est sourire et profiter de l’instant. « Effectivement, meilleur que les olives à l’ail. Ça s’accorde très bien avec ce vin-là. Tu lui avais déjà goûté ? » Elle hoche la tête tout en finissant la gorgée qu’elle venait de prendre. « C’est l’un de mes vins préférés. » De manière générale, Nina se tient plutôt éloignée de l’alcool, mais elle ne refuse jamais un bon verre de vin. « J’ai amené ton frère une fois ici, il avait goûté à tout. » Sans démesure, et la discussion avait duré des heures pour définir ce que Ruben avait finalement préféré. « C’est peut-être ici que l’on devrait faire un repas avec votre famille. » Parce qu’il est certain que Nina allait reculer le plus possible le moment où sa propre famille sera impliquée.

Tu avais toujours été facile à faire parler. Tu étais le genre de femme qui donnait beaucoup de détail dans une conversation qui n’était pas si intéressante que ça. Donc bien sûr qu’aussitôt qu’il fut question de Clarence et d’Emilia, un sourire illumina ton visage et tu donnais des détails que Nina ne voulait peut-être pas savoir au final. Emilia était le centre de ton attention, de tes soirées et tes week-end alors que tu travaillais encore quand même avec Hassan. Il fallait avouer que tu n’avais plus vraiment de temps libre et c’était tant mieux comme ça. Étant en froid avec tes deux frères, trop de temps libre était néfaste pour ta santé mentale. « Quand tu es responsable du service des urgences, savoir garder la tête froide, c’est une qualité indispensable. » Tu hocha la tête. Tu n’avais aucun doute la dessus. Et à le voir agir avec une jeune fille de six ans qui tentait de négocier plus souvent qu’autrement pour obtenir ce qu’elle voulait et même parfois faire des crises, son sang froid lui servait également dans sa vie personnelle. « Je n’en doute aucunement. J’aurais tendance à dire que quand tu travailles dans un hôpital tout court ça prend un sang froid. Ça ne doit pas être plus facile dans ton département ou dans celui de Ruben. » Toi qui paniquait à la vue du sang, qui allait jusqu’à perdre conscience, tu savais que ce n’était pas un environnement pour toi. Toutefois, gérer un agenda trop rempli ou encore négocier pour apporter seulement un doudou au parc et pas cinq, ça faisait partie intégrante de tes journées et tu devais avouer que tu y prenais goût.
Puis, tu lui racontas le moment où tu avais tenté de convaincre Ruben de faire un duo de la reine des neiges et Olaf au piano et au chant pour distraire les enfants. Nina se mit à rire en même temps que toi. Tu étais plutôt certaine que ta belle-soeur ne t’avait jamais entendu pousser la chanson puisqu’elle aurait su immédiatement que ce n’était pas une bonne idée. Le talent pour la musique, c’est Ruben qui l’avait dans la famille, pas toi. « Je paierais une fortune pour être témoin de ça. » Tu savais que c’était chose impossible. Ruben t’avait bien fait comprendre qu’il ne le ferait jamais et que cette idée ne resterait que des plaisanteries lancées dans les airs. « D’ailleurs, il t’a raconté que cette journée-là, au Noël solidaire, je l’ai maquillé en lutin pour qu’il puisse amuser les enfants ? J’ai des photos si jamais tu veux rire. » Il avait alors accepté à contre-coeur que tu le transforme, mais tu avais usé de stratégie et lui avait fait comprendre que du bénévolat auprès des enfants démunis, c’était très bon pour son cv et il avait finit par coopérer, affirmant même que ton maquillage était très bien au final. Te remémorer ce moment léger et amusant avec lui te faisait réaliser à quel point il te manquait. Il avait toujours été ton pilier, celui sur qui tu t’appuyais lorsque tu étais au plus bas et vous vous étiez brouillez pour un malentendu.

« C’est l’un de mes vins préférés. » Bien sûr que c’était une information que tu garderais bien en tête. Tu avais toujours de la difficulté à trouver quoi offrir à Nina lors de ses anniversaires. Tu savais maintenant que cet endroit, en particulier ce vin était un bon cadeau qui lui ferait plaisir. C’était d’ailleurs un des produits que tu affectionnais particulièrement toi aussi. Ce serait facile de t’en souvenir. « J’ai amené ton frère une fois ici, il avait goûté à tout. » Ça ne te surprenait pas venant de lui. Il était gourmand pour deux et tu savais que lorsque tu voulais t’assurer qu’il soit de bonne humeur, le prendre par les sentiments avec son estomac était une bonne idée. « Laisse-moi deviner, il a dût préféré un rouge bien sec ? Et il a dut avoir de la difficulté à déterminer quel canapé il préférait.. » Tu étais tout le contraire de lui, tu aimais les blancs assez doux, pas trop sucré toutefois et les canapés, tu pourrais passer ton tour, mais tu faisais un effort cette soirée-là et en attrapa un deuxième, que tu choisis sans trop de garniture et un peu plus petit que les autres. Tu voulais que Nina puisse dire à ton frère que tu avais l’air bien et que tu mangeais maintenant. Du moins, en présence d'autres personnes. « C’est peut-être ici que l’on devrait faire un repas avec votre famille. » Tu relevas les yeux vers elle, heureuse de la proposition. « C’est tellement une bonne idée. Je pense que l’endroit neutre donnerait une chance pour que tout le monde laisse leur différend de côté. Et je suis convaincue que maman et papa adoreraient l’endroit. » Tu étais même convaincue que c’était la meilleure place pour refaire des photos de famille. Le décor était magnifique, ça ferait de super souvenirs. Ça ne ferait pas de mal de rajeunir les portraits que ta mère avait d’accrocher aux murs de son salon. « Je pense qu’ils ont des chambres aussi que l’on peut louer avec vue sur le vignoble non ? Maman et papa pourraient coucher ici, ça leur ferait une belle sortie. » Clairement que tu n’avais pas le budget pour louer une chambre à cet endroit toi aussi, mais ça te ferait plaisir de savoir que tes parents pourraient se reposer loin de leur petite fermette qui leur prenait bien du temps.

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Elle, qui n’a pas toujours été la plus patiente avec Ethel, elle réalise que la conversation est plutôt aisée avec la jeune femme. Ce n’est pas une torture, juste un échange cordial, dans un endroit plaisant. Un bon moment en bonne compagnie, au final. Même si elles en sont venues à parler de travail. « Je n’en doute aucunement. J’aurais tendance à dire que quand tu travailles dans un hôpital tout court, ça prend un sang-froid. Ça ne doit pas être plus facile dans ton département ou dans celui de Ruben. » Contrairement à certains, Ethel semble avoir une réelle vision de ce qu’engendre leur métier. Ce n’est pas ce que l’on dépeint à la télévision avec des histoires à ne plus en finir entre les médecins, mais plutôt une fourmilière qui grouille sans cesse pour sauver des vies. « Je déteste quantifier, ce qui pourrait être difficile à gérer pour lui, ne le sera pas pour moi et inversement. » Ruben travaille dans le service qui a vu mourir son aîné. Nina, elle se doit, trop régulièrement, d’annoncer de mauvaises nouvelles à des parents. Rien n’est comparable, même si la maladie d’un enfant ne se veut jamais être l’ordre des choses. « Comme je dis toujours, j’aimerais ne jamais avoir à devoir gérer les parents, mais je ne me vois pas travailler ailleurs qu’avec des petits humains. » Elle n’a pas douté longtemps lorsqu’il a fallu choisir une spécialisation, son choix s’est fait naturellement, et Nina ne le regrette en rien. 

« D’ailleurs, il t’a raconté que cette journée-là, au Noël solidaire, je l’ai maquillé en lutin pour qu’il puisse amuser les enfants ? J’ai des photos, si jamais tu veux rire. » Elle ne peut s’empêcher de rire par anticipation. « Il faudra que je voie ça. » Et surtout, elle allait demander à Ethel de lui transmettre tout cela. Pour plus tard, ça peut toujours servir.

En attendant, les deux jeunes femmes profitent de la soirée et de la dégustation qui leur est faite au fur et à mesure. « Laisse-moi deviner, il a dû préférer un rouge bien sec ? Et il a dû avoir de la difficulté à déterminer quel canapé il préférait... » Elle hoche la tête. « Bingo pour le rouge. » Ruben et elle n’ont jamais eu les mêmes goûts en matière de vin, en revanche ils ont toujours eu le même palais en ce qui concerne la nourriture. « Pour le reste, on a été assez d’accord tout au long. » C’est l’avantage quand il faut dîner ensemble, au moins Ruben ne peut jamais se tromper lorsqu’il choisit un restaurant. Et cela amène Nina à réfléchir sur le choix qu’ils devront faire pour réunir leurs familles respectives et célébrer cette nouvelle que tant de monde veut pouvoir célébrer. « C’est tellement une bonne idée. Je pense que l’endroit neutre donnerait une chance pour que tout le monde laisse leur différend de côté. Et je suis convaincue que maman et papa adoreraient l’endroit. » Elle ne sait pas réellement ce qui sera si parfait aux yeux de ses beaux-parents, mais peut-être que sa famille serait se tenir à carreaux le temps de quelques heures. « Je pense qu’ils ont des chambres aussi que l’on peut louer avec vue sur le vignoble non ? Maman et Papa pourraient coucher ici, ça leur ferait une belle sortie. » Une fois encore, Nina hoche la tête. « Ils ont un espace hôtelier, oui. » Un endroit qu’ils avaient découvert ensemble avec Ruben quand l’envie d’une escapade leur avait pris un soir d’hiver. « On a encore le temps pour organiser tout ça. » Nina ne cherche pas à se précipiter, elle souhaite avant tout goûter à la vie de jeune mariée sans que personne ne vienne mettre son nez au milieu de leur couple. Le reste peu attendre, rien ne presse désormais. Ils se sont dits oui pour la vie…

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