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AUDEN, SLOAN & SHILOH

Elle était arrivée bien trop en avance pour son rendez-vous avec Megan. La vérité étant qu’elle n’avait pas vérifié le dernier message envoyé par sa meilleure amie qui lui indiquait l’heure à laquelle elle serait présente sur les lieux. Shiloh avait une heure à tuer avant que son amie ne la rejoigne. Elle aurait tout simplement pu tourner les talons pour aller faire un tour en ville, mais Shiloh s'était une nouvelle fois sentie happée par l’ambiance générale qui régnait dans l’enceinte du stadium. Il y avait encore plus de monde qu’un peu plus tôt dans la matinée, les enfants couraient en hurlant et les familles s'organisaient pour créer des équipes afin de participer aux activités proposées. Déambulant à nouveau parmi les différents stands érigés par la Fondation, Shiloh prit un certain temps pour mieux se renseigner sur les actions qui seront effectuées avec l’argent récolté au fil du weekend. Elle ne connaissait pas grand-chose aux sports de haut niveau, mais elle se trouva fascinée par cette volonté de mettre en avant les équipes féminines. Il était tant que le monde du sport évolue à ce sujet.

Après avoir longuement discuté avec une des bénévoles, elle avait laissé sa place aux autres curieux pour mieux aller se faufiler plus loin dans les allées. Spectatrice d’une partie endiablée de balle au prisonnier, elle avait refusé de participer une seconde fois, préférant largement s’amuser du spectacle. Et plus loin encore, c’est un début de colin-maillard qui attira son attention. La plupart des joueurs se voulaient d’être des enfants de tout âge et les voir chercher à se déplacer avec les bras tendus en avant lui provoqua un léger éclat de rire. « On dirait une bande de petits zombies. » qu’elle mentionna à l’homme qui se tenait debout à ses côtés. Elle ne le connaissait pas, mais la situation l’amusait assez pour la commenter auprès d’un inconnu. L’homme était accompagné d’un petit garçon qui ne devait pas avoir plus de 3 ou 4 ans. Il semblait très amusé par la situation et décida de jouer comme les grands, mais à sa façon. Shiloh l’observa plaquer une de ses petites mains sur ses yeux qui étaient déjà fermés avec force et avancer en tendant un seul bras dans le vide.   

win - Sloan demande à son père, puis à la gentille inconnue à côté de lui, de participer avec lui à la partie de jeux (haha)
so close - Un autre enfant avec un foulard sur les yeux foncent droit sur eux et atterris contre la jambe d'Auden à pleine vitesse.
fail - Sloan avance de manière déterminée mais son équilibre est douteux et finalement il tombe en avant ce qui provoque une réaction immédiate chez Shiloh qui se précipiter pour l'aider à se relever. «Ca va bonhomme ? » 

(les olympiades) Participer à des olympiades n’est évidemment pas une idée qui m’amuse à titre personnel, mais c’est bien tout le contraire pour Sloan qui ne demande qu’à se dépenser un peu et se faire de nouveaux amis à la seconde où il croise leur regard. Alors, le programme de ma journée s’adapte au sien et surtout à ses désirs alors qu’il se retrouve inscrit aux différentes activités prévues pour les plus jeunes, et leurs groupes créés en conséquence. Etant l’un des plus jeune de toute la bande, si ce n’est le plus jeune, je pose un regard particulièrement soucieux sur lui tout du long. « On dirait une bande de petits zombies. » L’entrée en scène de Sloan est marquée par les mots de l’inconnue, à qui je dédie un premier regard avant de le muer en un sourire. Son visage me dit quelque chose sans que pour autant je sois capable de l’associer à un prénom. J’avance souvent ne pas être physionomiste alors qu’il s’agit surtout de la simple idée que je ne prête pas attention aux personnes qui m’entourent. « Tu peux y aller, oui. » Sloan me jette un dernier regard, après avoir placé ses mains devant ses yeux et les avoir retirées juste ensuite. La mienne se pose doucement entre ses omoplates pour qu’il comprenne qu’il a le droit d’aller jouer avec les autres. « Ils recrutent vite. » Les petits zombies comptent déjà un membre de plus, alors il faut au moins souligner leur force de persuasion, non ?

Mon petit zombie n’est pas encore le plus adroit, cependant, et son avancée se retrouve bien vite mise à mal par une imperfection sur le terrain et le voilà déjà qui se retrouve avec ses genoux contre le sol. «Ca va bonhomme ? » L’inconnue a des réflexes que j’admire et une empathie que je ne sais pas si je la trouve à mon tour touchante ou mal placée. N’en reste pas moins qu’elle se soucie de Sloan comme s’il était son propre fils et que je la suis tout de même pour arriver auprès du garçon, qui n’a pas eu le temps d’avancer de beaucoup. Face à toute l’attention qu’elle lui donne autant que l’urgence de ses mots, il l’observe de ses grands yeux clairs déjà prêts à déverser un torrent de larmes. « Qu’est-ce qu’on dit quand on tombe ? » - « Pas rave. » Le ‘g’ est mangé mais l’idée y est, et j’hoche à mon tour la tête. « Si t’as pas mal quelque part, alors oui, c’est pas grave. » Et il n’y a donc aucune raison pour que cela le pousse à pleurer, voilà surtout ce que je tente de lui faire comprendre alors qu’il est une véritable éponge émotionnelle - il tient ça de sa mère, évidemment. « Viens avec moi ? » - « Je suis pas sûr d’avoir le droit de jouer. » Et déjà, je pense à d’autres jeux pour lesquels je pourrais davantage l’accompagner s’il le désire, mais Sloan semble avoir des desseins différents. « Pas toii. » Et de ses mouvements de bras aussi mal coordonnées qu’ils sont désormais caractérisés par des mains encore pleine de terres, c’est la jeune femme qu’il désigne comme son nouvel ange gardien. « Tu sembles lui plaire. » Je la dévisage une fois de plus, l’idée que je la connais me paraissant toujours plus évidente, ce qui rend d’autant plus frustrant le fait que je n’arrive pas à savoir dans quelle mesure. Pour autant, si c’est d’elle qu’il veut être accompagné, je ne cherche pas à lui refuser quoi que ce soit.

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Elle s’amusait du chaos qui se déroulait sous ses yeux. Horde de petits humains déterminés à trouver leur semblable à coup de mains balancées dans le vide. La recette idéale pour un désastre qui paraissait inévitable. Le spectacle se voulait captivant. Encore plus lorsqu’un petit bonhomme pas plus haut que trois pommes veut se mêler à la horde de petits chercheurs. « Ils recrutent vite. » Elle eut un léger rire, se retenant de préciser qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’elle se fasse recruter à son tour.

La horde vacillait d’un coin à l’autre de l’espace délimité. Certains se voulaient plus débrouillards que d'autres, mais son regard ne décollait pas du petit garçon qui s’efforçait de bien garder sa main placée contre ses yeux. Elle pouvait sentir le regard du père qui ne cessait de revenir sur sa silhouette. Et bientôt, Shiloh allait s’excuser pour mieux filer ailleurs. Avant que le garçon ne tombe dans l’herbe fraîche. Son instinct prit le dessus, mais le père et le fils semblaient partager leur propre tactique. « Pas ‘rave. » - « Si t’as pas mal quelque part, alors oui, c’est pas grave. » Shiloh lui adressa un tendre sourire. « T’es trop fort ! » Elle avait compris le subterfuge, ne pas s’inquiéter de trop, pour mieux éviter les larmes. À son tour, elle leva les yeux vers le brun version adulte. Son visage lui disait quelque chose et la manière dont il ne cessait de la regarder sous-entendait cette même reconnaissance. « Viens avec moi ? » Elle était en train de se relever, pour échapper aux petites mains pleines de terre, mais surtout pour les laisser profiter de l’instant. « Tu sembles lui plaire. » - « Oh. » Elle observa à nouveau le petit visage enfantin qui lui souriait de toutes ses dents. « Tu m'aides alors ? » Il hocha la tête de tout son sérieux, plaquant à nouveau sa main contre ses yeux. Avant de vérifier que Shiloh faisait bien de même. 

Elle s'était laissé prendre au jeu. Le temps de quelques minutes. Elle avait appris le prénom du petit zombie, l’avait aidé à trouver quelques-uns des participants avant qu’il ne se fasse entraîner plus loin par une fille de son âge. Elle se sentait presque idiote maintenant, plantée au milieu des enfants. La sortie se tenait proche du père qui surveillait encore son fils autant qu’il ne cessait de l’observer. « On s’est déjà croisé quelque part, pas vrai ? » S’il ne disait rien, elle allait prendre les devants. « J’ai l'impression, je crois. » Enfin, c’est surtout lui qui lui donnait cette impression constante. « En tout cas, votre garçon est adorable. » Elle pouvait au moins lui affirmer cela sans se mettre à rougir de la tête aux pieds.

« T’es trop fort ! » L’inconnue s’immisce au milieu de notre bref échange et, dans mon for intérieur, je la remercie de ne pas jouer le jeu de l’empathie qui n’aurait pas été nécessaire. Elle prend la situation du bon côté à son tour, et c’est tant mieux, parce que cela permet à Sloan de voir le verre à moitié plein bien plus que n’importe quelle autre option. Lorsqu’il la recrute pour jouer à ses côtés, je fais à mon tour un pas en arrière pour leur laisser la latitude nécessaire et surtout leur laisser libre place alors que j’imagine déjà Sloan balancer ses bras à tout va sans avoir de réelle notion des mouvements de son corps, de la présence d’autres enfants ou bien du simple fait que l’espace n’est pas infini. Mais il n’a pas l’âge pour que je lui apprenne de telles leçons. Et pendant de longues minutes, je me contente de les observer de l’autre côté des barrières, pas réellement inquiet pour la sécurité de qui que ce soit ni de la possible crise de larmes si Sloan venait à perdre le jeu. Au bout d’un moment, il arrive même à se défaire de sa nouvelle amie pour jouer avec d’autres enfants qui, eux, sont bien plus proches de son âge.

« On s’est déjà croisé quelque part, pas vrai ? » Elle m’ôte les mots de la bouche et je me contente de hocher la tête dans un premier temps. Je n’y accorde pas réellement d’importance mais je n’ai aucune raison de cacher le fond de mes propres pensées non plus. « J’ai la même impression. » Je suis persuadé de la connaître à mon tour et qu’elle en pense autant n’est pas réellement pour me rassurer - ni me faire peur non plus, en réalité. « J’ai l'impression, je crois. En tout cas, votre garçon est adorable. » Et je brûlerais sur le bûcher n’importe qui affirmerait le contraire, oui. Je gratte mes mains contre mon pantalon une dernière fois pour en faire tomber les dernières traces de terre et je propose finalement ma main tendue à la jeune femme. « Auden. Williams. » Après tout, si je lui donne mon nom et qu’elle en fait de même, cela pourrait peut-être enfin aider cette enquête à aller de l’avant plutôt qu’à stagner au même point depuis de longues minutes. « Et lui c’est Sloan, mais j’imagine qu’il ta déjà dit son prénom dix fois. » Depuis qu’il a appris à le prononcer, il en est fier comme un coq et le fait savoir à tout son entourage, qu’il soit humain, animal ou bien parfaitement inanimé. « Je suis impressionné qu’il t’ait laissé partir. Il est un peu du genre à s’attacher aux gens. » Et par “un peu”, je veux bien sûr dire “trop”, mais je ne critiquerai jamais ouvertement mon fils. Pas avant qu’on soit en constante crise au moment de son adolescence, du moins.

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AUDEN, SLOAN & SHILOH

S’il était amusant de se laisser prendre au jeu de quelques enfants surexcités, Shiloh ne pouvait faire abstraction des regards que lui avait laissé le père de son nouvel ami. Elle se disait qu’il faisait simplement attention à son fils. Après tout, elle n’était qu’une inconnue, sans enfant, qui venait s’amuser avec des plus jeunes. Il y avait de quoi se poser quelques questions, c’est certain. Mais elle avait aussi lu un éclair de reconnaissance au creux de ses prunelles sombres. Comme s’ils s'étaient déjà rencontrés, dans des circonstances, complètement différentes. Elle essayait de ne pas s’en soucier, de se concentrer sur le petit garçon qui réclamait toute son attention. Shiloh avait une facilité déconcertante auprès des enfants, comme s’ils comprenaient qu’ils seraient en sécurité avec elle. Elle savait les faire rire et surtout savait attirer leur attention sans jamais s’impatienter de leur constante envie de jouer.

Elle s'était amusée autant que lui, mais le petit garçon avait trouvé un groupe de son âge et cela restait tout de même bien plus intéressant pour lui. C’est toujours avec le sourire aux lèvres qu’elle était retournée sur le côté du terrain, auprès de cet inconnu qui ne lui paraissait plus réellement en être un. « J’ai la même impression. » Elle se sentait un peu moins folle au moins. Il paraît quelque peu mal à l’aise, mais tend une main en direction de Shiloh. « Auden. Williams. » Elle vint serrer sa main sans grande fermeté. « Shiloh Atkins. » Williams. Elle avait déjà entendu ce nom quelque part. Au travail ? Une fois encore, elle prit une seconde pour observer les traits de son visage. Définitivement, elle l’avait vu lors d’un événement lié à la maison de couture. « Vous… Vous avez travaillé pour la maison de couture Weatherton ? » Ou alors, il était l’un de ses investisseurs qui venait parfois pour des réunions au sommet et qui faisait semblant de s’intéresser au processus de la maison.

« Et lui c’est Sloan, mais j’imagine qu’il ta déjà dit son prénom dix fois. » Elle eut un léger rire. « On est pas loin du compte. » Il lui avait répété à plusieurs occasions, parfois doucement pour être sûr qu’elle comprenne et parfois à toute vitesse. « Je suis impressionné qu’il t’ait laissé partir. Il est un peu du genre à s’attacher aux gens. » Une fois encore, elle laissa son regard s’attarder sur le groupe d'enfants pour retrouver la petite tête blonde. « Il m'a demandé deux fois si j’allais être triste qu’il aille avec les autres. » Et elle avait été surprise par l’empathie démontrée par ce petit garçon. « Vous faites du bon boulot avec lui. » Parce que la plupart des enfants de cet âge se voulaient plutôt d'être des petits ingrats. 

« Shiloh Atkins. » Ma main s’avance à son tour pour serrer celle de la jeune femme, son prénom me disant bel et bien quelque chose sans que je puisse pour autant me permettre de préciser davantage de choses à son sujet. Je n’ai jamais caché mon manque d’intérêt global pour les personnes qui ne sont pas moi-même, et ce n’est pas voué à changer d’aucune manière autour de l’enseigne de Weatherton. « Vous… Vous avez travaillé pour la maison de couture Weatherton ? » J’hoche la tête sans en rajouter. J’ai travaillé avec James à une occasion et une seule, je n’estime pas qu’il y ait besoin d’argumenter davantage à ce sujet, surtout si elle semble l’ignorer de son côté. Je ne cherche pas à être celui qui se défini uniquement par un travail qui ne correspond de toute façon pas même à mon art, à mes peintures. Weatherton était une exception, pas la règle, et je continue de le penser. « Brièvement. » Je précise finalement, puisque cela ne s’éloigne pas le moins du monde de la réalité des faits. J’ai travaillé brièvement pour la maison de couture et avec James ; et tout s’arrête là.

Après quelques instants, la discussion dérive bien plus au sujet de Sloan que de moi et, pour une fois, j’en suis particulièrement heureux. Il a su se faire aimer par la jeune femme sans que cela ne semble particulièrement difficile, et là encore je n’en suis pas etonné. « Il m'a demandé deux fois si j’allais être triste qu’il aille avec les autres. » Mon regard se pose une fois de plus sur la petite tête blonde et j’esquisse un sourire ému. Evidemment qu’il a pensé à elle avant de penser à lui ; évidemment que ce gamin ne tient absolument pas son caractère du mien. « Vous faites du bon boulot avec lui. » - « Il a pas besoin de moi pour ça. » J’accepte les compliments sur mon art parce que je les estime justifiés mais je ne les accepte pas à la même hauteur en ce qui concerne Sloan, parce que je ne suis pas celui à qui il doit un caractère aussi bienveillant et tourné vers les autres. « Papaaa. » J’esquisse un premier rire en entendant à nouveau ces mots, devenus courants de la bouche de Sloan. « C’est l’heure ! » Qu’il se plaint déjà, l’esprit déjà ailleurs, ses envies occupées à vaquer vers de nouvelles occupations. « Ils ont prévu une course parents-enfants. Je lui ai promis. » J’explique à la jeune femme, un brin désolé de l’abandonner de la sorte sans doute. Un brin seulement ; je ne vais pas me retourner dans ma tombe pour une aussi simple idée. « On se reverra peut-être à Weatherton. » Et avec cette simple phrase, l’idée que ma collection n’est peut-être finalement pas à conjuguer au passé. Sur ce point, je n’avance rien de plus, moi-même parfaitement incapable d’anticiper l’avenir en ce qui concerne ma collaboration avec la maison de couture, ou James par extension.

Dans un geste calculé et surtout sous les rires de Sloan, je finis par le poser sur mes épaules et, tout en prenant soin de tenir ses jambes pour qu’il ne risque pas de tomber, j’avance à petites foulées en direction du début de la course, bien décidé à rendre le bambin aussi fier que possible. « On vise quelle place ? Premiers ? » Je mime de demander, avant qu’il m’assure viser la première place grâce à ses exclamations de joie. « Tiens toi fort. » Je lui demande une dernière fois, avant que le sifflet annonce le début de la course et, avec lui, quelques secousses assurées pour le bambin perché en hauteur.