i tried to pick my battles 'til the battle picked me

@scarlett bridgers

lieu: l'interlude, spring hill.
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Il ne connaissait même plus la raison exacte qui les avait poussé à sortir diner ce soir, mais honnêtement ce n’était pas la partie la plus importante de cette histoire: lorsqu’il s’agissait de Scarlett, il n’avait pas réellement besoin de trouver une excuse pour penser que c’était une bonne idée de sortir diner avec la jeune femme. Il savait qu’il allait passer un bon moment, qu’ils allaient bien manger, et c’était à peu près tout dont il avait besoin pour considérer cela comme une soirée réussie. Les plats avaient défilé sous leurs yeux, Ruben s’était permis de boire un verre ou deux - jamais vraiment plus, parce-qu’il ne savait pas s’il n’allait pas être appelé pour donner un coup de main à l’hôpital ou pour apporter son avis sur un patient ou un autre à tout moment, mais surtout et parce-que aussi il ne savait jamais trop comment il allait se comporter par la suite. Alors, se permettre de boire un verre ou deux était la limite à ne pas dépasser, surtout alors qu’il savait d’avance qu’il rentrait chez lui à la suite de ce diner. C’était cependant assez pour semer des graines de doute, d’une certaine façon, dans son esprit - c’était surement là la façon la plus correcte pour décrire les idées qui allaient et venaient ici et là, alors que les heures s’écoulaient et qu’ils avançaient dans la soirée. Ce n’était pas dans ses habitudes de garder autant quelque-chose pour lui, surtout face à la brune, mais il savait aussi que c’était peu conventionnel ce qu’il ruminait depuis plusieurs heures - plusieurs jours en réalité, tant ce n’était pas uniquement lié à leur entrevue du jour.

Ce ne fut que lorsqu’ils furent installés à l’arrière du taxi qui les ramenait chez eux cependant qu’il abandonna la dernière barrière qui le poussait à garder ses pensées pour lui. Tournant quelque peu son regard vers la jeune femme, haussa un sourcil et gardant un ton qui était bien trop neutre pour la question qu’il posait, il mit des mots sur les pensées qui envahissaient son esprit. « Si un jour tu devais choisir entre Rory ou moi, tu choisirais qui ? » Elle allait surement se demander s’il ne se moquait pas d’elle - et le pire, c’était que la réponse était négative à cette question. Il existait cependant certaines circonstances ces derniers temps qui le faisait remettre en question certains points de son quotidien, se poser certaines questions qu’il n’aurait jamais pensé avoir à se poser - comme si ses actions n’avaient pas de conséquences. Et il fallait avouer qu’il s’était demandé où se reposer la loyauté de Scarlett; ce n’était pas une question piège, mais il savait qu’elle avait de grands enjeux importants concernant son ami. Il n’était pas sans savoir, sans anticiper surtout que si certains informations à son propos devenaient de notoriété publique, son ami n’en serait surement plus un très longtemps et bien sur que tous ces liens se mettraient à s’entremêler de tous les côtés. Alors, Ben se demandait de quel côté irait la loyauté de la brune à ses côtés; Rory était son client, il était important, mais lui était son ami en dehors de ça - le resterait-il si Craine, et ce au pluriel, en venait à l’expulser de sa réalité ?

Le paysage défile derrière la vitre du taxi qui déposera d’abord Ruben, puis Scarlett, à leurs domiciles respectifs. La nuit est déjà tombée, le ciel ne brille d’aucune étoile, trop pollué par l’aura orange de Spring Hill. Quand la voiture atteindra Bayside, Scarlett pourra peut-être espérer apercevoir quelques constellations. Elle a toujours aimé l’astronomie, un passe-temps qu’elle juge un peu trop romantique et poétique pour vraiment l’explorer - non mais sérieux, aimer les étoiles, est-ce qu’il y a plus cliché ?

Scarlett ne se rappelle pas de l’occasion qu’ont saisi Ruben et elle pour dîner ensemble. Habituellement, ils ont une raison, quelque chose à fêter, une histoire de boulot à raconter, mais de plus en plus, ils se retrouvent comme ça, sans raison, pour le “plaisir”, et Scarlett ne prend pas le temps de se demander comment elle en est arrivée là. La plupart des gens qu’elle fréquente lui sont utiles, elle sait qu’une vie sociale aide à un bon équilibre de vie, alors elle se dit que Ruben est tombé accidentellement dans cette catégorie. Même si, à la différence de la plupart du cercle de Scarlett, Ruben ne fait pas partie des milieux professionnels qu’elle fréquente et dans lequel elle aime réseauter. Il est presque une anomalie dans le calcul précis de sa vie, une équation qu’elle n’a pas encore résolue. Elle n’est pas sûre qu’elle aimerait la réponse.

En parlant de réponse, elle ne s’attend pas à la question que lui pose Ruben d’un ton pseudo-dégagé. « Si un jour tu devais choisir entre Rory ou moi, tu choisirais qui ? » Scarlett lève immédiatement un sourcil, et doit retenir un éclat de rire narquois. « Attends, j’ai raté un épisode, et on a pris une machine à remonter le temps pour retourner au collège ? » Elle demande d’un ton dédaigneux. « C’est quoi cette question d’ado, Ruben ? » Elle le taquine autant qu’elle le juge. Mais elle est curieuse, parce que ce n’est pas le genre de discussion qu’ils ont habituellement et si elle sait que Ruben a le besoin maladif de plaire aux autres - besoin qu’elle sait avoir, elle aussi, d’une manière différente - il n’a jamais été question de préférence ou de classement. Ruben serait-il si insecure que ça ?! Scarlett a l’impression qu’il s’agit d’autre chose, elle ne sait pas encore exactement quoi. « Je n’aimerais pas perdre Rory comme client », elle répond, sincère, et ajoute d’un ton de plaisanterie « et il me paie mieux que toi. » Mais ce n’est pas tout à fait le fond de sa pensée. Mais elle ne sait pas si elle a vraiment envie de la partager à Ruben. « Mais je préfère dîner en ta compagnie. » Elle n’en dira pas plus, c’est déjà presque trop. « Mais si ça peut te rassurer, si ça se trouve, c’est toi qui devra choisir entre Rory et moi », elle lâche, prenant elle-même ce pseudo ton dégagé qu’a pris Ruben. Avant que Ruben ne s’emballe, elle le coupe court en agitant sa main, et revient sur le sujet principal. « Pourquoi tu me poses une question pareille ? »


@Ruben Hartfield  

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Il vit que Scarlett ne mit pas plus d’un instant pour réagir à ses premières paroles, l’un de ses sourcils se hissant en direction du ciel alors que son regard s’emplissait d’un amusement certain. « Attends, j’ai raté un épisode, et on a pris une machine à remonter le temps pour retourner au collège ? » Ruben leva les yeux au ciel de son côté, secouant quelque peu sa tête de gauche à droite, déjà prêt à lui dire de laisser tomber - elle ne s’en rendait pas compte mais le sérieux était effectivement de mise dans la question du docteur, et il n’était pas véritablement prêt à prendre cette discussion à la rigolade. « C’est quoi cette question d’ado, Ruben ? » - « Une question à laquelle j’aimerais une réponse. » Il pencha quelque peu sa tête dans sa direction, empêchant ses yeux de rouler de nouveau dans ses orbites. « Et une à laquelle je pensais que tu répondrais plus facilement. » La question ne se posait pas véritablement ici: oui, Ben était vexé qu’elle prenne ce ton là et qu’elle ne fasse pas en sorte de masquer l’amusement que cette situation lui procurait, surtout alors que ce dernier était à son détriment à lui.

Un léger silence se fit pressant dans l’habitacle du taxi, encore un instant avant que la voix de Scarlett ne se fasse entendre de nouveau - ce n’était pas trop tôt. « Je n’aimerais pas perdre Rory comme client. » Mais ? « Et il me paie mieux que toi. » Il ne voulait pas initialement montrer le moindre signe d’amusement aux réponses qu’elle lui partageait petit à petit, mais il fallait avouer qu’elle avait on ne pouvait plus raison sur ce point là: si elle réussissait à maintenir son niveau de vie actuel, ce n’était pas grâce à Ruben puisque lui la faisait dépenser de l’argent en lui proposant d’aller manger dans de bons restaurants plutôt que de lui en faire gagner. « Je peux pas rivaliser, je sais je sais. » Et ce n’était pas un reproche de sa part, que d’admettre qu’il comprenait l’utilité de Rory dans le quotidien de Scarlett; il aurait été mal placé pour pointer cette situation du doigt alors qu’il ne ferait sûrement pas bien mieux à sa place. Cette première réponse de la part de Scarlett ne répondait peut être pas de la façon qu’il aurait initialement attendu à sa question, mais elle eut au moins le don de lui retirer une partie de son côté grognon qui s’était déclenché au moment où elle avait commencé à répliquer. Il fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre. « Mais encore ? » Cette première partie de réponse avait le goût de trop peu, appelant à être davantage explicitée; alors, il poussait dans cette direction. « Mais je préfère dîner en ta compagnie. » Cette partie là réussie même à lui tirer un petit sourire de satisfaction. Ce n’était pas encore tout à fait ça, mais ils se rapprochaient d’une réponse tranchée et nette. « Merci d’admettre que je suis de meilleure compagnie que lui. » Il profitait surtout de l’occasion pour se faire mousser, parce-que c’était quelque-chose qu’il appréciait particulièrement et Scarlett le savait - elle partageait son point de vue sur ça au moins.

« Mais si ça peut te rassurer, si ça se trouve, c’est toi qui devra choisir entre Rory et moi. » S’il allait renchérir en lui rappelant qu’elle n’avait cependant pas tout à faire répondu à sa question, il fut coupé net dans sa lancée par les paroles qu’elle venait la de prononcer. Et si ses sourcils se haussèrent quelque peu de surprise alors que son visage tournait définitivement dans sa direction, le geste de la main de la brune le coupa une de fois plus, l’empêchant de rebondir en premier. « Pourquoi tu me poses une question pareille ? » - « Pourquoi toi tu me donnes une réponse pareille ? » Finalement, il ne savait plus tant bien si ses questionnements étaient autant importants que cela tant le sujet soulevé par Scarlett semblait bien plus intéressant à disserter que le sien; cela lui évitait de s’étendre sur ce dernier, qui plus était, alors qu’il n’était pas totalement sur d’avoir envie de le faire à la base. « Pourquoi j’aurais besoin de choisir entre Rory et toi, surtout si c’est un super gagne pain pour toi ? Il s’est passé quoi ? » Oh, il en fallait plus d’une chose pour froisser Craine, Ruben était bien placé pour le savoir; il se demandait donc ce qui avait pu se passer pour que Scarlett - qui entretenait avec soins ses relations professionnelles - ait pu en à un tel point avec lui.

Il n’est pas rare que Ruben et Scarlett se chamaillent, avec une sorte de légèreté qui n’est pas commune aux relations que la jeune femme entretient avec les gens autour d’elle. Elle est parfois piquante, mesquine, mais avec Ruben, elle a l’impression d’être une enfant qui cherche à en embêter un autre ; une dynamique étonnante mais à laquelle elle a pris étonnement goût. Il y a toujours une pointe de sérieux derrière leurs blagues, et lorsque Ruben lui pose cette question ridicule sur Rory, Scarlett essaie de jauger à quel point la discussion est sincère, ou rien de plus qu’une autre de leur joutte verbale. La façon dont Ruben la presse pour avoir une réponse intrigue Scarlett, qui commence à lui répondre à tâtons, pas tout à fait sincère, pas tout à fait dans la plaisanterie. « Merci d’admettre que je suis de meilleure compagnie que lui. » Scarlett lève les yeux au ciel et secoue la tête. Ruben ne perd pas une occasion - dommage pour lui, car elle ne rate jamais une occasion de le tacler gentiment aussi.  « Je ne suis pas sûre que ma préférence soit partagée par tous, Ben. Rory est très populaire et apprécié. » Elle a un sourire en coin, et tourne la tête vers Ruben. « Et il a une excellente réputation. Il doit avoir une très bonne chargée de pr », elle glisse avec haussant les épaules, amusée de son propre humour.

Une nouvelle fois, leur conversation oscille entre la sincérité et la légèreté, lorsque Scarlett sous-entend que sa relation avec Rory ne sera peut-être pas toujours au beau fixe, sans pour autant rentrer dans les détails. L’une des habitudes de la brune, qui n’aime pas en révèler trop sur elle - bien qu’elle doit admettre qu’auprès de Ruben, elle se relâche un peu plus, voire un peu trop à son goût. « Pourquoi toi tu me donnes une réponse pareille ? » Scarlett secoue à nouveau pour changer la conversation, à moitié agacée par le rebond de Ruben. Voilà qu’il ne veut plus la réponse à sa question, qu’il pressait pourtant à l’instant ? « Pourquoi j’aurais besoin de choisir entre Rory et toi, surtout si c’est un super gagne pain pour toi ? Il s’est passé quoi ? » Scarlett claque sa langue entre ses dents. « First of all, n’utilise pas le terme gagne-pain pour parler de ma carrière », elle corrige, agacée. Elle déteste ce mot, qui n’est utilisé que par les gens flemmards qui voient le travail comme une obligation, et non une ambition. Sur ce point-là, Ruben et elle se comprennent parfaitement. C’est d’ailleurs probablement pour ça qu’elle s’est laissée l’apprécier. « Et il ne s’est rien passé… Enfin, rien d’important », elle rajoute, secouant sa main d’un air dédaigneux. « Je me suis disputée avec Swann, en quelque sorte. Je n’ai pas envie d’en parler », elle coupe, avant même que Ruben ne pose de questions. « Il m’a dit qu’il n’en dirait rien à Rory, mais bon, connaisant le couple Craine et leur insupportable complicité », elle siffle entre ses dents et secoue à nouveau sa tête, comme pour chasser l’information. « Mais toi, alors ? Pourquoi est-ce que je devrais choisir entre l’un de vous ? Je croyais que vous vous aimiez comme des frères… Enfin, je veux dire, comme des frères qui s’apprécient », elle note, taclant Rhett au passage. « Tu fais littéralement parti de la famille Craine maintenant », elle relève, faisant référence à Nina. « Ne me dis pas que tu penses déjà au divorce », elle plaisante sans songer une seule seconde que Ruben et Nina pourraient se séparer, pas après avoir été fiancés une éternité - même si dans les milieux qu'elle fréquente, Scarlett a vu plus d'un mariage exploser un vol peu de temps après le mariage, quand les couples réalisent que ce qui les tenaient, au fond, était la perspective de la cérémonie plus que celle de la vie de couple.


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« Je ne suis pas sûre que ma préférence soit partagée par tous, Ben. Rory est très populaire et apprécié. » Il haussa un sourcil dans sa direction: ce n’était pas du tout vers cette conclusion là qu’il avait décrété que cette partie là de la conversion s’en irait. Elle avait dit qu’il était de meilleur compagnie que son ami pour elle, c’était déjà un bon point - pas besoin de prouver ce dernier à une plus grande échelle. « Et il a une excellente réputation. Il doit avoir une très bonne chargée de pr » - « Et est-ce que la tête de sa chargée de PR passe encore les portes, ou a t-elle besoin d’être examinée par un excellent neurochirurgien ? » Si elle saisissait une occasion de se mettre en avant, il en ferait de même; quitte à passer pour arrogant, au moins cette impression serait basée sur de véritables faits.

Ce n’était pas tant la question qui était initialement posée, mais comme elle lui tentait une autre perche, Ruben serait idiot de ne pas la saisir dans un premier temps. Surtout qu’il était réellement intrigué d’avoir la réponse, maintenant, pour le coup. « First of all, n’utilise pas le terme gagne-pain pour parler de ma carrière » Il haussa un brin les épaules. « Tomato, tomahto. Tu m’as quand même rappelé que c'était lui qui te payait bien de nous deux. » Ce n’était toujours pas la question, alors il balaya d’un revers de la main ses paroles pour laisser le temps et l’espace surtout à Scarlett de continuer de répondre au sujet principal: ce qui avait pu se passer entre Rory et elle. « Et il ne s’est rien passé… Enfin, rien d’important. Je me suis disputée avec Swann, en quelque sorte. Je n’ai pas envie d’en parler » Il avait ouvert un brin la bouche pour refermer cette dernière d’un coup sec, lorsqu’elle lui coupa l’herbe sous le pied trop rapidement pour qu’il ait le temps de dire quoi que ce soit. « Il m’a dit qu’il n’en dirait rien à Rory, mais bon, connaisant le couple Craine et leur insupportable complicité » Il eut un petit rire amer, un brin sarcastique. « Oh, Rory est déjà au courant, c’est mort pour toi. » Les deux hommes étaient adorables la plupart du temps, mais il était vrai que les termes secret et confidence ne pouvaient être de mise avec eux tant ils étaient incapables de ne pas partager toutes informations l’un avec l’autre.

« Mais toi, alors ? Pourquoi est-ce que je devrais choisir entre l’un de vous ? Je croyais que vous vous aimiez comme des frères… Enfin, je veux dire, comme des frères qui s’apprécient » Oh, pas besoin d’être devin pour comprendre que l’ajout de la précision était faite pour son frère à lui. Il appréciait l’idée, même s’il ne le mentionnerait pas à haute voix: ce n’était toujours pas le sujet de conversation. « Tu fais littéralement parti de la famille Craine maintenant » Là où il avait toujours été un élément permanent depuis des années sans avoir d’attache marquée à l’encre sur le papier à l’un d’eux. « Ne me dis pas que tu penses déjà au divorce » Et il entendait l’amusement dans sa voix, tant cette idée paraissait ridicule - parce-qu’elle l’était, c’était aussi simple que cela. Il n’était pas question de penser au divorce, parce-que ce dernier ne serait fourni par aucune excuse pour le moment. Il n’était pas question de penser au divorce parce-que ce n’était pas là ce que lui souhaitait; malheureusement, dans un mariage il y avait deux personnes engagées et c’était de l’autre parti qu’il craignait ce type d’envie. Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, son regard toujours ancré à celui de Scarlett, son index tapotant à une vitesse folle sur sa cuisse, il se mura dans un silence qui n’était pas habituel pour lui. Tout le monde savait que Ruben avait la répartie facile, qu’il adorait avoir le dernier mot et qu’il n’était pas en reste de faire entendre son avis sur tout et n’importe quoi en réalité. Pourtant, là, il ne parlait plus tant il ne savait quels mots étaient prononçables ou non. S’il avait posé la question, c’était pour une bonne raison: il voulait véritablement la réponse, et il voulait voir la réaction qu’aurait la jeune femme à ce qu’il s’apprêtait à dire. Ce n’était pas une excellente idée, mais étant donné que certaines infirmations semblaient de plus en plus compliquées à garder pour lui et une poignée d’élus - tant il ne savait plus trop ce qu’étaient aptes à faire ces derniers -, il préférait commencer à tâter le terrain. Alors non, Ruben ne songeait pas au divorce, mais il y avait peut-être désormais une fine et mince chance pour que Nina en arrive à une telle conclusion un jour ou l’autre. Pas que ça le ravisse énormément, bien sur.

Il finit par faire claquer sa langue contre son palais, roulant de ses yeux dans ses orbites. « Rory et moi on s’entend comme des frères. » Peut-être que sa voix était moins assurée que d’ordinaire, aussi. « Mais c’est le frère de Nina, malgré tout. » Son frère à lui était déjà au courant d’à quel point son cadet était un idiot, et à part répéter encore et encore inlassablement que c’était le cas, il n’aurait pas envie d’en venir à bout de son existence. Avec Rory, ce n’était pas pari gagnant sur ce point là. « Et… L’une des promesses que je lui ai toujours faite c’est de prendre soin de sa petite soeur. » Il tournait autour du pot, était hésitant sur les mots qu’il souhaitait mettre en avant et ceux qui étaient peut-être plus judicieux de garder pour lui. Rien, dans ce comportement, n’était le Ruben Hartfield tel que le grand public le connaissait. C’était la version qui ressortait peu - lorsqu’il en venait à avouer à haute voix qu’il avait peut-être fait un pas de travers. « Je doute qu’il ait envie de me savoir lié à sa famille comme c’est le cas aujourd’hui si un jour il apprend que Nina n’est pas la seule personne que je fréquente au quotidien. » Tourné ainsi, c’était presque positif. Tourné ainsi, il n’avouait pas tellement qu’il commettait une erreur - une grosse erreur. Mais tourné ainsi, il glissait dans l’idée de mettre une nouvelle personne au courant de ses méfaits là où il s’était pourtant juré qu’il se devait de garder cette information là secrète. Mais c’était Scarlett, et elle risquait d’être davantage un soutien dans le comportement à adopter de son côté qu’un bâton supplémentaire dans ses roues. Non ? Son regard était en tous cas accroché fermement au sien, attendant d’entendre ce qu’elle pouvait avoir à en dire de ce qu’il avouait en quelques sortes à demi-mots.

« Et est-ce que la tête de sa chargée de PR passe encore les portes, ou a t-elle besoin d’être examinée par un excellent neurochirurgien ? » Scarlett prétend pincer les lèvres et réfléchir, comme si elle était vraiment intéressée par l’offre. « Pourquoi pas, tu en connais un ? » Elle réplique, faussement innocente, un sourire aux lèvres de leurs piques mutuelles. Elle a toujours aimé le langage de la taquinerie, un reste de ses origines anglaises où le banter est presque une façon de prouver que l’on aime l’autre. Pas que Scarlett aime Ruben - enfin, pas tout à fait, et peu importe.

« Tomato, tomahto. Tu m’as quand même rappelé que c'était lui qui te payait bien de nous deux. » Scarlett lève les yeux au ciel. Elle n’aime pas que son métier soit résumé à un gagne-pain, aime encore moins l’idée que Ruben pense qu’être neurochirurgien est un métier plus noble, quelque chose d’au-dessus simplement parce que cela sauve des vies, comme si cela le rendait un messie désinteressé et généreux. Mais elle n’a pas le temps de rentrer dans une bataille, pas quand la silhouette de Swann plane et rend la conversation plus intéressante, mais plus glissante aussi.  « Oh, Rory est déjà au courant, c’est mort pour toi. » Scarlett claque sa langue contre ses dents et secoue sa tête. « Ne plaisante pas avec ça », elle corrige, agacée, parce que l’idée de perdre Rory comme client est loin de l’amuser. Mais visiblement, elle n’est pas la seule anxieuse à l’idée de perdre les faveurs de Rory…

Ruben devint étrangement silencieusement, son index tapotant sa cuisse dans un geste nerveux. Scarlett est curieuse, mais patiente, et elle ne le presse pas pour cracher le morceau. Elle attend de voir ce qu’il va dire, se demande pourquoi il n’a pas réagi instinctivement à la mention du divorce. Habituellement, il défend Nina à la seconde où Scarlett plaisante sur leur couple. « Rory et moi on s’entend comme des frères. Mais c’est le frère de Nina, malgré tout. » Oh god, il y a vraiment des soucis de couple. Tout à coup, Scarlett se demande comment elle s’est retrouvée dans cette conversation - elle n’est pas vraiment le genre de personne à qui on se confie avec émotions sur ses problèmes de vie. . « Et… L’une des promesses que je lui ai toujours faite c’est de prendre soin de sa petite sœur. » Jamais Scarlett n’a vu Ruben si peu assuré, et elle est tellement surprise qu’elle ne pense même pas à se moquer de lui et de la situation. « Je doute qu’il ait envie de me savoir lié à sa famille comme c’est le cas aujourd’hui si un jour il apprend que Nina n’est pas la seule personne que je fréquente au quotidien. » …. oh. oooooooooh. Scarlett lève un sourcil, son visage absolument neutre - elle a assez entendu de scoops étranges dans son milieu pour rester composée. « Oh damn », répond-elle répond, hochant lentement la tête. « Tu n’as pas perdu de temps », elle souligne, retrouvant son humeur presque taquine. « A moins que ça ne date d’avant ? » Elle demande. « C’est qui ? Ne me dis pas que tu tapes une petite infirmière de l’hôpital, ça serait trop cliché », elle siffle en secouant la tête. « Ou un infirmier ? Là déjà, ça serait plus intéressant », elle relève. Ruben a toujours son air retourné, pertubé. « Ne fais pas cette tête d’enterrement », elle commente. « Si tu savais le nombre d’affaires d’infidélités que je vois passer dans mon bureau toutes les semaines », elle ajoute. Une façon de dire à Ruben qu’elle s’en fiche - non pas que son opinion devrait compter, de toute manière, pas vrai ?



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« Pourquoi pas, tu en connais un ? » Plissant le bout du nez, il secoua quelque peu ce dernier, se retenant de lui tirer la langue comme l’enfant qu’il était réellement. Elle le faisait exprès, dramatisait un peu pour l’effet - et cela prenait. Il ne répondrait pas autrement qu’ainsi à cette provocation, parce-que justement elle en était une et qu’il n’était pas nécessaire de le faire sauf pour lui donner raison. « Ne plaisante pas avec ça » - « Oh, mais je suis on ne peut plus sérieux. » Elle était agacée qu’il en vienne à une telle conclusion, mais ils savaient tous les deux malheureusement que cette fois-ci, c’était lui qui avait raison. Elle était fichue, ou plutôt que si elle désirait garder le secret, ce dernier n’en était plus un entre les deux hommes. Ce n’était pas la fin du monde, mais pour sur Rory était au courant.

Dans le cas de Scarlett, cela lui tirait presque un sourire - presque. Dans son cas à lui, qu’une nouvelle pouvait potentiellement attirer les foudres de Rory sur lui se fasse connaitre… Cela ne le faisait plus rire du tout, pas le moins du monde même. Il n’était pas question aux yeux de Ruben que son ami de longue date apprenne ce qu’il trafiquait derrière les portes closes, lorsque Nina avait le dos tourné: toute cette partie là de l’histoire était bien trop douloureuse - de sa faute, il le savait - et il préférait la laisser au placard le temps que cela était possible. En revanche, il commençait à tâter le terrain. Scarlett en était un neutre jusque maintenant, tant elle était à l’équilibre entre les deux amis. Le serait-elle toujours, si un jour une information secrète de cet acabit là venait à fuiter ? Ruben était d’une assurance sans faille d’ordinaire. Cette version là de lui, avec laquelle il se présentait en cet instant à la jeune femme, était celle de lui qu’il détestait parce-qu’il ne portait justement pas cette armure d’aisance. C’était la version la plus honnête, la plue crue - ou l’une d’elles en tous cas - de lui-même. Le haussement de sourcil de Scar qui se fit voir dans un premier temps le rassurait autant qui lui filait la frousse. « Oh damn » Ce n’était pas mieux - ne voyait-elle pas la lueur quelque peu apeurée qui naissait dans son regard à chaque mot qu’elle ajoutait et à tous ceux qu’elle ne prononçait pas pour une raison qu’il n’arrivait pas à déterminer ? « Tu n’as pas perdu de temps » Soupirant presque d’agacement, il leva les yeux au ciel sans se gêner - presque, en tendant l’oreille, il était possible de l’entendre grogner. Si elle sava- « A moins que ça ne date d’avant ? » Reposant son regard sur elle après lui avoir fait faire un tour supplémentaire de ses orbites, Ruben se contenta de pincer ses lèvres très fort entre elles. Devait-il réellement le dire à haute voix ? Il valait peut-être mieux. Il aurait peut-être moins l’air coupable s’il retrouvait ne serait-ce qu’un infime pourcentage de son attitude confiante qu’il avait perdu depuis plusieurs minutes. « Peut-être ? » Sa voix était trop aiguë pour que ce soit normal, il s’éclaircit la gorge.

« C’est qui ? Ne me dis pas que tu tapes une petite infirmière de l’hôpital, ça serait trop cliché » Il secoua quelque peu son visage. « Ou un infirmier ? Là déjà, ça serait plus intéressant » - « Une interne. » Ce n’était pas mieux, ce n’était pas plus intéressant. Puisque de son côté, Ambrose n’était pas un membre du personnel médical de l’hôpital, alors dans ce domaine là, c’était presque cliché oui.

« Ne fais pas cette tête d’enterrement. Si tu savais le nombre d’affaires d’infidélités que je vois passer dans mon bureau toutes les semaines » Un petit rire sarcastique lui échappa: il aurait préféré ne pas l’entendre, tant ce dernier était teinté d’une amertume qu’il n’étai pas légitime de ressentir tant ce n’était pas lui qui se retrouvait dans la pire des positions dans cette histoire. « Sauf que là c’est dans le mien qu’elles se passent, ces infidélités. » Et de le dire pour la première fois à haute voix l’arrêter net dans son élan. Ce n’était pas la première fois qu’il en parlait, puisqu’il en avait déjà discuté avec les deux intéressés. Et avec Rhett. Qui avait mis au courant Evelyn et Mickey. Ben ferma les yeux un instant, se frottant ces derniers entre son index et son pouce: tant que les faits n’avaient pas été étalés devant lui avec autant de précisions, les choses étaient plus simples à aborder. De ce fait, s’il continuait dans cette direction, il se demandait si pour la première fois de sa vie il n’allait pas céder à la panique en s’apercevant qu’il avait fait une erreur quelque-part; même si Ruben ne faisait jamais d’erreur, voyons. « Oublie ce que j’ai dit, j’aurais pas du t’en parler. » Parce-que s’enfoncer de trop dans cette brèche de réalisation n’était pas spécialement bon pour son coeur - et autant il pouvait s’auto-désigner comme excellent neurochirurgien si Scarlett en avait vraiment besoin, autant il méprisait tous ses collègues de cardiologie et n’avait pas envie de se retrouver entre leurs mains, ni aujourd’hui ni jamais.

Depuis que Scarlett connaît et fréquente Ruben, elle ne l’a jamais vu si… Pensif ? Retourné ? Elle fronce légèrement les sourcils, essaie de comprendre ce qui se joue tout à coup à l’arrière du taxi. Elle sait que l’image du gendre parfait de Ruben n’est qu’une façade, elle commence à - accidentellement - assez le connaître, mais il a toujours tenu devant elle son assurance légendaire. Jusqu’à ce soir. « Peut-être ? » Scarlett hausse un sourcil et laisse échapper un espèce de petit rire, parce qu’elle est légèrement surprise de l’information, mais encore plus du ton qu’emploie Ruben, tout à coup coincé dans ses petits souliers. Habituellement, elle l’aurait taquiné, une petite pique, une blague, mais elle est assez perspicace pour comprendre que l’humeur n’est tout à coup plus à leurs joutes verbales habituelles.  « Une interne. » Ah, oui, évidemment, une petite jeune, probablement un peu impressionnée par Hartfield le neurochirurgien. Cela aurait amusé Scarlett si elle n’avait pas l’impression que Ruben assistait à un enterrement, vu la tête qu’il tirait. Elle essaie de souligner qu’il peut se détendre, mais cela ne semble que le coincer encore plus, laissant Scarlett dans une certaine perplexité - pourquoi lui parle-t-il de tout ça, si c’est pour en être si gêné ? Quoi, ce n’est tout de même pas qu’il est rongé par la culpabilité, si ?

« Sauf que là c’est dans le mien qu’elles se passent, ces infidélités. » A nouveau, Scarlett lève un sourcil. « Une interne dans ton bureau à l’hosto ? Un cauchemar de RH et de pr », elle essaie de plaisanter, tentant désespérément de rendre l’atmosphère plus légère. Mais sous ses yeux presque médusés, elle voit Ruben fondre sur son visage, son visage livide, il frotte entre ses yeux comme pour essayer de se remettre sur pied. « Oublie ce que j’ai dit, j’aurais pas du t’en parler. » Scarlett pince les lèvres, silencieuse quelques secondes, pas tout à fait sûre de sur quel pied danser. Elle sait habituellement bien gérer les confessions, elle en voit toute la journée dans son bureau, des histoires stupides, parfois sordides. Mais là, devant Ruben, elle a l’impression de ne pas pouvoir enfiler son masque de chargée de pr. Elle ne sait pas pourquoi. « Ecoute, si tu veux sincèrement que j’oublie, je peux faire comme si tu n’avais rien dit, ne plus jamais le mentionner », elle lui dit, avec une honnêteté qui la surprend elle-même. Mais elle doit bien ça à Ruben qui accepte qu’elle soit si pudique sur un bon nombre de sujets. « Mais… » Mais quoi, exactement ? Elle n’arrive pas à comprendre ce que le jeune homme veut exactement. « T’es amoureux d’elle ? C’est pour ça que ça te met dans cet état ? » Elle questionne, essayant de ne pas avoir l’air trop alertée. « Ou c’est parce que t’as peur de pas être le prince charmant que tu promets aux Craine ? Non parce que j’étais déjà au courant que ce n’était pas le cas, Ben », elle lui dit avec un petit sourire. « Et je m’en fiche », elle précise, haussant les épaules. « Enfin pas que mon avis sur toi t’avance à grand chose », elle offre sur le ton de la plaisanterie. Mais c’est sa façon à elle d’offrir un peu de répit au trouble qui agite Ruben, de lui dire qu’elle ne le juge pas, si c’est cela qui l’inquiète. « Tu crois que Nina se doute de quelque chose, c'est pour ça que tu m'en parles, tu penses que Rory va l'apprendre ? »


@Ruben Hartfield  

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Tout dans cette situation pouvait faire comprendre à Scarlett que Ruben n’était pas dans son élément, autant dans la façon dont il abordait le sujet que l'intonation qu’il donnait à sa voix pour discuter de ce dernier, que ses gestes nerveux qu’il n’avait pas d’ordinaire - et la liste ne s’arrêtait pas là, ceci n’étant qu’une partie des éléments visibles et reconnaissables d’une certaine anxiété qui filait sous sa peau. Tout dans cette situation démontrait à la jeune femme que ce n’était aps par gaité de coeur, en tous cas, qu’il se lançait dans cette entreprise - mais plus parce-qu’initialement, il y avait réellement un souhait de sa part qu’elle réponde à une interrogation qu’il n’arrêtait pas de voir revenir dans son esprit dès que ce dernier s’attardait un brin de trop sur certaines conséuqences qu’il n’avait pas envie d’affronter. Il ne pouvait lui en vouloir d’avoir un petit rire ici et là, d’avoir un haussement de sourcil plus important que d’ordinaire, d’être surprise tout simplement par ce qui lui était amené dans ce taxi; elle n’avait surement initialement pas signé pour ça.

« Une interne dans ton bureau à l’hosto ? Un cauchemar de RH et de pr » Ruben pouvait entendre le souçpon de plaisanterie, à dédfaut de taquinerie dans les mots de la jeune femme mais n’avait pas envie de saisir l’occasion qu’elle lui présentait; il comprenzit pourquoi elle réagissait de la sorte, ce n’était pas pour autant qu’il étiat partisan de cette idée. « Pas que, mais dans mon bureau à l’hosto aussi oui. » Il ne comptait pas lui mentir, tout en sachant qu’il était conscient qu’aucun mot de cette conversation ne serait répété à autrui. Et puis il n’avait jamais ressenti le besoin de jouer un quelconque personnage face à Scarlett, ce n’était pas aujourd’hui en se montrant vulnérable qu’il changerait ça. En revanche, c’était justement parce-qu’il se montrait vulnérable et mettait en avant des choses qu’il gardait le reste du temps pour lui, ne pouvant partager toute cette… expérience avec qui que ce soit d’autre que les principaux concernés, qu’il se rendit d’autant plus compte de la situation, justement. Si bien qu’il se rétracta finalement rapidement, comme s’il pouvait reprendre les paroles qu’il venait de prononcer; effacer cette partie là de leur discussion. Le silence que garda Scarlett pendant quelques instants lui laissa même entrevoir une bride d’espoir qu’elle saisisse l’idée d’oublier, justement; rien qu’au ton que prenait sa voix lorsqu’elle reprit la parole, il savait que ce n’était pas le cas. « Ecoute, si tu veux sincèrement que j’oublie, je peux faire comme si tu n’avais rien dit, ne plus jamais le mentionner » Il grogna quelque chose d’inaudible dans sa barbe inexistante. « Mais… » - « Mais quoi ? » Il laissa sa voix se teinter de lassitude, là où elle n’y était pourtant pour rien. « T’es amoureux d’elle ? C’est pour ça que ça te met dans cet état ? » Sans même avoir le moindre temps d’hésitation ou de latence, Ben secoua sa tête de gauche à droite. « J’en suis pas amoureux non. » Ce n’était pas un mensonge, attention: il n’était pas amoureux de Mavis. Il éprouvait de l’amour pour elle, mais n’en était pas amoureux. Mais cela rendait les choses déjà assez compliquées comme ça, heureusement que ce n’était d’ailleurs pas le cas. « C’est pas pour autant qu’elle compte pas. » Qu’il finit par souffler entre ses lèvres, murmure devenant confession sans qu’il n’en aperçoive véritablement.

« Ou c’est parce que t’as peur de pas être le prince charmant que tu promets aux Craine ? Non parce que j’étais déjà au courant que ce n’était pas le cas, Ben. Et je m’en fiche. Enfin pas que mon avis sur toi t’avance à grand chose » Le petit rire qu’il laissa échapper par le nez n’avait rien d’amusé, mais plus comme si une soupape de sécurité avait eu besoin de relâcher une certaine pression malgré tout. « Ton avis compte tout le temps Scar, mais disons que là c’est pas tant du tiens que j’ai peur. » Parce-qu’il était plutôt certain qu’à part se moquer de lui, elle n’irait pas jusqu’à pousser les remarques vraiment plus loin; elle lui en ferait, mais ce ne serait pas sur un ton ou avec un but d’être moralisatrice. C’était sûrement ce qui le poussait à se confier ici d’une certaine manière, d’ailleurs. Il inspira longuement. « C’est même pas que le fait de pas être le prince charmant que je leur ai promis. Enfin si, y’a de ça… » Bien sur que c’était ça, il était simplement déconcerté qu’elle mette le doigt sur le problème si facilement comme s’il était si simple à lire. « C’est que ça va à l’encontre de tout ce dans quoi je me suis engagé envers elle. » Accessoirement. Le mariage, les voeux et promesses faits ici et là. L’ensemble et sa totalité. « Tu crois que Nina se doute de quelque chose, c'est pour ça que tu m'en parles, tu penses que Rory va l'apprendre ? » Ah, oui: c’était du questionnement par rapport à Rore qu’était partie cette discussion. Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, glissant quelque peu sur le siège du taxi, il se mit de nouveau à frotter ses yeux de ses doigts. Oh, il n’avait plus tant envie que ça d’entrer dans les détails, réellement. « Je pense pas qu’elle se doute de quelque-chose. Mais le quelque-chose commence à échapper plus que ce que j’aurais pensé à mon contrôle. » C’était une façon d’en parler, comme il aurait pu être bien plus précis et explicite aussi. « Je te mentirais si je disais que j’avais pas peur qu’elle l’apprenne et que Rory l’apprenne dans la foulée par contre. » Libérant ses yeux, il tourna son visage dans la direction de Scarlett. « On sait tous les deux que c’est pas lui qui sera le plus compréhensif face à moi, dans cette situation. En dehors de comment… » Ben inspira longuement, eut un petit rire étranglé. « De comment Nina pourra elle réagir, hein. » Et si maintenant elle pouvait éviter de lui demander de nouveau pourquoi il se mettait à se poser de telles questions maintenant, il lui en serait extrêmement reconnaissant.

« J’en suis pas amoureux non. C’est pas pour autant qu’elle compte pas. » Scarlett pince les lèvres. « Je vois ça, vu ton état », elle réplique avec un petit sourire. Evidemment que Ruben a eu la mauvaise idée de s’attacher à cette interne, pense Scarlett en manquant de lever les yeux au ciel. Elle ne juge pas l’acte de tromperie de Ruben - elle trouve les concepts de monogamie et fidélité éternelle utopistes - mais ne pas assurer ses arrières, coucher avec quelqu’un sur son lieu de travail, développer des sentiments pour elle, ça, elle le juge. Mais il a l’air tellement pertubé par sa propre confession qu’elle garde pour elle sa remarque. Il ne fait déjà pas le malin, pas la peine de l’enfoncer.

« Ton avis compte tout le temps Scar, mais disons que là c’est pas tant du tiens que j’ai peur. » Elle hausse un sourcil, un peu prise de court par la remarque. Depuis quand est-ce que son avis compte autant pour lui ? Elle n’est pas sûre de ce qu’il insinue, elle réfléchit, puis comprend vite : ah, oui, il pense à son avis sur la gestion de crise, son côté agence de pr, bien sûr. Son avis de professionnelle sur les choses. Elle fait un petit signe entendu de la tête. « C’est même pas que le fait de pas être le prince charmant que je leur ai promis. Enfin si, y’a de ça… » Bien sûr qu’il y a de ça, Scarlett commence à le connaître assez pour savoir que son image compte beaucoup pour Ruben. Elle ne le juge pas. Elle connaît l’importance de tenir son image. « C’est que ça va à l’encontre de tout ce dans quoi je me suis engagé envers elle. » Personne ne s’engage jamais à tromper, bien sûr, Scarlett se dit souvent que si la plupart des couples s’autorisaient à être plus libres, ils seraient plus heureux. Pourtant, elle apprécie sincèrement Nina, du peu de fois où elle l’a croisée et trouve qu’elle va très bien avec Ruben, ne doute pas de leur amour. Mais cela ne sert à rien d’être naïf non plus lorsqu’il s’agit de l’amour. « Quand on se marie, c’est pour le meilleur et le pire, non ? » Offre Scarlett avec un sourire en coin. C’est bien ça qu’on dit, non, pendant les voeux ? Elle n’a pas assisté à assez de mariage pour vraiment le savoir.

Rory revient sur le tapis, Scarlett se demande si Nina se doute de quoi que ce soit. « Je pense pas qu’elle se doute de quelque-chose. Mais le quelque-chose commence à échapper plus que ce que j’aurais pensé à mon contrôle. » Scarlett lève un sourcil. « Tu veux dire tes sentiments pour l’interne ? » Elle demande directement. Est-ce que cette fille est assez pour que Ruben repense son mariage ? Elle a du mal à le croire, mais elle reste curieuse.

« Je te mentirais si je disais que j’avais pas peur qu’elle l’apprenne et que Rory l’apprenne dans la foulée par contre. » Ruben se tourne vers elle, ose enfin la regarder. « On sait tous les deux que c’est pas lui qui sera le plus compréhensif face à moi, dans cette situation. En dehors de comment… » Il marque une pause, un peu gêné. « De comment Nina pourra elle réagir, hein. » Scarlett pince les lèvres. « C’est le risque que tu as pris, oui », elle commente, à la fois honnête, mais sans vouloir être cassante non plus. Elle espère bien que Ruben l’a pris en compte, ce risque, qu’il n’est pas stupide. Même si elle imagine qu’il y a un sentiment délicieux de secret et de toute puissance quand il s’agit de vivre une histoire clandestine. « L’interne, tu penses qu’elle pourrait transformer ça en scandale, en parler à d’autres personnes ? Ou tu as peur que Nina l’apprenne parce que tu n’as plus envie de te cacher ? »


@Ruben Hartfield  

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« Je vois ça, vu ton état » Ce n’était pas exactement le genre de commentaire dont il avait besoin en ce moment: il se rendait bien compte que cela le mettait dans un état qui n’était pas communément le sien. Il se rendait bien compte également à quel point cela pouvait lui apporter une touche pathétique à travers une situation qui l’était elle aussi tout autant. Et comprendre que cela pouvait être perceptible par d’autres n’était pas réellement une bonne nouvelle: il allait donc devoir d’autant plus faire attention à la façon dont il se comportait. Qu’il se montre vulnérable volontairement face à Scarlett et qu’elle en vienne à avoir une vue d’ensemble plus détaillée de la situation n’était pas dramatique tant il avait cherché à le faire; mais il ne lui avait fallu qu’une partie de l’histoire pour en comprendre presque la totalité - ce qui voulait dire qu’il était de trop transparent lorsqu’il relâchait sa vigilance. Au moins, d’avoir l’avis et la vision de la brune lui permettait de le savoir, justement; ce n’était bien sûr pas de cette façon là qu’il avait envisagé voir les choses tourner, mais l’adaptation était nécessaire.

« Quand on se marie, c’est pour le meilleur et le pire, non ? » Qu’elle avait ajouté comme commentaire après un instant ou deux de silence - moments pendant lesquels Ben n’avait même pas osé relever son regard vers elle. Il lâcha un second rire, toujours du même acabit, toujours dérangé et pincé. « C’est pas vraiment pour ce pire là. » Il tentait de répondre sur un ton poussé quelque peu humoristique, même s’il peinait clairement à que ce soit le cas - il essayait de se calquer sur l’attitude qu’avait Scarlett, bien plus détendue que lui, bien moins impliquée dans cette situation aussi ce qui pouvait expliquer pourquoi c’était le cas. Ou simplement parce qu’elle réussissait à avoir une vision moins dramatique de tout ça - mais il aurait fallu que Ruben réussisse à prendre du recul pour s’en rendre compte, et il n’était pas apte à agir comme tel en ce moment. « Ce pire là s’accepte pas. » Dans un soupire, bien moins dans un demi-rire; parce qu’effectivement s’il se trouvait à avoir raison - ce qui était quand même assez régulièrement le cas -, c’était lui qui ne serait plus accepté dans cette histoire.

« Tu veux dire tes sentiments pour l’interne ? » - « T’es pas obligée de répéter ça comme ça. » Il ronchonnait, il râlait, de façon sûrement un brin trop agressive envers Scarlett qui ne méritait pas de supporter l’attitude qu’il endossait en cet instant - mais c’était plutôt facile de réagir de cette façon là ici tant elle lui tendait les perches. Elle ne faisait que mettre les mots sur les maux, mais elle le faisait si bien que ça énervait Ben. « Mais c’est pas cette partie là le vrai problème non. » Oh, à ne pas confondre: c’était un problème et plus le temps passait, plus il s’en apercevait. Mais ce n’était pas le problème principal de toute cette situation et du pourquoi il commençait réellement à être méfiant. « C’est le risque que tu as pris, oui » Que tout ça devienne réellement un problème, que les personnes qui comptaient vraiment pour lui se voient être déçues, blessées, et en rien dans la compréhension comme pouvait en réalité l’être Scarlett en cet instant. Il le savait - son regard le soulignait face à la jeune femme en cet instant, mais en silence. « L’interne, tu penses qu’elle pourrait transformer ça en scandale, en parler à d’autres personnes ? Ou tu as peur que Nina l’apprenne parce que tu n’as plus envie de te cacher ? » - « J’ai pas envie de pas me cacher, c’est même pas envisageable Scar. Et j’ai pas envie que Nina l’apprenne non plus, pareil c’est pas envisageable. » Pourtant, ces derniers temps, il avait l’impression que tout devait être envisagé. Détournant son regard de nouveau - il n’arrivait pas, contrairement à son habitude une fois de plus, à garder ses yeux ancrés dans ceux de son amie alors qu’ils décortiquaient la situation catastrophique dans laquelle il se trouvait désormais ensemble, il pinça ses lèvres, les humidifia, plissa le bout de son nez; tous les tics de nervosité qu’il disposait et qui étaient d’ordinaire bien cachés ressortaient tous du placard en même temps ici. « Elle pourrait en faire un scandale depuis longtemps, elle le fait pas. Elle en a pas grand chose à faire de Nina, elle est pas jalouse d’elle ou quoi que ce soit. C’est pas comme ça entre elle et moi. » Il inspira longuement. « C’est pas de ces histoires où la maîtresse veut prendre la place de la femme. » Les émeraudes de Ben accrochaient chaque lumière que la conduite nocturne offrait à travers la vitre du taxi. Il était on ne pouvait plus honnête face à Scarlett en cet instant: le problème pour Mavis n’était pas Nina, elle avait été témoin depuis le début du comportement qu’il endossait avec elle. « Donc elle fera pas de scandal pour cette partie là de l’histoire. » Pour tout un autre pan des aventures de Ruben Hartfield, en revanche, la donne n’était pas la même.

Mais pour continuer d’expliquer à Scarlett pourquoi il existait d’autres raisons pour lesquelles Mavis lui en voulait, il fallait qu’il mette en lumière un autre point qu’il gardait de côté concernant ses idioties. « Elle m’a quand même plaqué, si tu veux tout savoir. » Elle ne le voulait sûrement pas, mais maintenant qu’ils étaient entrés dans cette conversation, Ruben se rendait compte à quel point cela pouvait être agréable de partager un peu de tout ça avec quelqu’un. Même s’il savait parfaitement qu’il était la personne en tort à travers tous les points de vue de cette histoire - allait-il l’être également à travers celui de Scarlett ? Ruben inspira longuement, avant tout laisser échapper le reste des mots et de ses explications dans une longue expiration accélérée. « Quand j’ai confirmé ses doutes quant au fait qu’elle était pas la seule que je voyais en dehors de mon mariage et si tu te poses la question oui la situation est aussi pire que ce qu’elle sonne quand je t’en parle là. »

« C’est pas vraiment pour ce pire là », réplique Ruben d’un ton plus léger qu’il n’est capable d’assumer. Scarlett se demande vaguement si elle doit adopter la même attitude que lui, avoir l’air agitée et inquiète, si elle est trop détendue pour le genre de révélation qu’il lui fait. Mais elle ne peut pas s’en empêcher, c’est son caractère : elle ne sera pas du genre à paniquer, surtout pas sur des sujets pareils et encore moins si son interlocuteur semble anxieux. Elle a l’habitude d’être celle qui garde son sang-froid. « Ce pire là s’accepte pas. » Scarlett murmure un hmmm interrogatif, signe qu’elle réfléchit à ses mots, avant de lui répondre : « Oh, je crois que c’est l’inverse, il s’accepte beaucoup plus qu’on ne le croit. Ce genre de problèmes, c’est commun dans les couples, et j’ai vu des tas de gens pardonner des tromperies. » Dans son travail, notamment, elle qui gère des histoires de tromperies, publiques ou privées, à longueur de journée. « Tout dépend du tempérament de Nina, mais ça pourrait te surprendre. Pour le coup, je pense que tu as raison de plutôt t’inquiéter de Rory », elle souligne en pinçant les lèvres, désolée pour lui, mais trop directe pour lui mentir. Ruben ne lui a pas menti, lui, quand elle a mentionné ses inquiétudes autour de Swann qui aurait parlé d’elle et leur dispute à Rory.

Même si pour l’instant, Ruben a aussi peut-être de plus gros soucis à gérer, notamment ses sentiments pour la fameuse interne. « T’es pas obligée de répéter ça comme ça. » Scarlett lève un sourcil, à deux doigts de lui répliquer de ne pas se comporter comme un enfant, mais secoue légèrement la tête, offrant - sans qu’elle ne sache bien pourquoi - un instant de répit pour Ruben qui semblait déjà si emporté. « Mais c’est pas cette partie là le vrai problème non. » Scarlett fait un léger signe du menton pour que Ruben continue, parce que de toute évidence, il y avait plus qu’il ne voulait le dire. « J’ai pas envie de pas me cacher, c’est même pas envisageable Scar. Et j’ai pas envie que Nina l’apprenne non plus, pareil c’est pas envisageable. » Elle hoche la tête. « Dans ce cas-là, j’espère que tu as bien assuré tes arrières », elle répond, même si à la tête de Ruben, elle commence à comprendre que, visiblement, ce n’est pas le cas. « Elle pourrait en faire un scandale depuis longtemps, elle le fait pas. Elle en a pas grand chose à faire de Nina, elle est pas jalouse d’elle ou quoi que ce soit. C’est pas comme ça entre elle et moi. C’est pas de ces histoires où la maîtresse veut prendre la place de la femme. » Scarlett fronce un peu les sourcils. Elle veut croire Ruben mais se demande si c’est vraiment possible, que cette interne soit si détachée, que ça soit si simple - si c’était le cas, pourquoi Ruben se mettait-il dans cet état ? « Donc elle fera pas de scandale pour cette partie là de l’histoire. » Ah, nous y voilà… « Cette partie-là, hmmm ? » Répond Scarlett, intriguée mais consciente qu’il ne faut pas pousser Ruben trop vite.

« Elle m’a quand même plaqué, si tu veux tout savoir. » Scarlett doit retenir un petit rire amusé en mordant l’intérieur de sa joue et en détournant le regard. « Ouch », elle lui offre comme compassion, « c’est peut-être pour le mieux compte tenu de la situation, non ? » Elle propose, essayant de trouver un aspect positif à la situation. « Pourquoi elle a rompu ? » Elle demande, tout de même, trop curieuse dans son rôle de bonne oreille pour ne pas s’interroger. Elle ne s’attend pas, à ce moment-là, à la réponse de Ruben. « Quand j’ai confirmé ses doutes quant au fait qu’elle était pas la seule que je voyais en dehors de mon mariage et si tu te poses la question oui la situation est aussi pire que ce qu’elle sonne quand je t’en parle là. »

Scarlett a un léger mouvement de recul sur son siège, et secoue la tête dans un espèce de rire étouffé. « Ben !?! » Elle siffle, laissant libre court à la surprise sur ses traits, elle qui se laisse rarement déstabiliser. « Eh beeeeeh », elle lâche, claquant sa langue à l’arrière de ses dents. « Je savais que tu aimais charmer la terre entière, mais je ne te savais pas aussi messy. » Elle a un nouveau un petit rire qu’elle tente de retenir, parce qu’elle voit bien que cela agace Ruben, ses yeux lancent des éclairs, et agite sa main pour chasser sa mauvaise humeur : « Oh come on, ne me regarde pas comme ça, tu fais ce que tu veux de ton temps libre, et tu as réussi l’exploit de me prendre de court, tu devrais être fier de toi. » Car ce n’était pas quelque chose qui lui arrivait souvent et Ruben la connaissait assez, à présent pour le savoir.  « Donc elle s’en fichait que tu sois marié mais pas que tu ais d’autres maîtresses ? Elle est particulière », relève Scarlett, un peu surprise. « Au risque de te froisser, tu n’as pas juste envie d’avoir une relation ouverte avec Nina ? Je me doute que ça ôterait la moitié des frissons de l’interdit avec les autres, mais ça faciliterait peut-être ta vie, non ?  »


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« Oh, je crois que c’est l’inverse, il s’accepte beaucoup plus qu’on ne le croit. Ce genre de problèmes, c’est commun dans les couples, et j’ai vu des tas de gens pardonner des tromperies. » Il haussa quelque peu un sourcil en lui lançant un regard en biais. « Tout dépend du tempérament de Nina, mais ça pourrait te surprendre. Pour le coup, je pense que tu as raison de plutôt t’inquiéter de Rory » C’était exactement l’un des problèmes qui se présentaient à lui et dont il était parfaitement conscient: ce n’était pas uniquement sa relation avec Nina qu’il mettait en péril, mais toutes celles qu’il entretenait avec les Craine et surtout celle avec son ami de toujours. Il savait d’avance que ce dernier aurait du mal à comprendre comment et pourquoi il avait agi comme cela - et honnêtement, parfois lui-même avait quelques difficultés à expliciter tout ça. « Ca passera avec aucun des deux, je le sais d’avance. »

« Dans ce cas-là, j’espère que tu as bien assuré tes arrières » C’était là le problème du moment: jusqu’à peu de temps auparavant, il était pratiquement sur d’avoir effectivement correctement assuré ses arrières; un mauvais pressentiment ne pouvait s’empêcher de s’infiltrer et de persister ces derniers temps cependant, surtout depuis qu’il y en avait deux qui avaient décidé de se connaitre, de se reconnaitre et de le prendre pour cible commune. Oh, il n’appréciait déjà que moyennement l’idée qu’ils puissent se connaître et passer du temps ensemble, alors forcément qu’il détestait l’idée d’une alliance entre Mavis et Ambrose. Dans un monde idéal, les deux ne se connaissaient pas et leurs chemins ne s’étaient jamais croisés. « Cette partie-là, hmmm ? » Ben fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre, retenant autant que possible un soupire: ce n’était effectivement pas sur la partie Nina que la jeune interne s’accrochait ces derniers temps, mais sur la partie ex-compagnon qui se conjuguait de nouveau au présent. Oh, elle pourrait faire également équipe avec Nina sur ce point là si elle le désirait - puisqu’il s’avait d’avance que sa femme ne serait pas ravie d’apprendre qu’il n’allait pas consoler Ambrose en lui offrant que son épaule pour pleurer. « Ouch, c’est peut-être pour le mieux compte tenu de la situation, non ? » Il eut un rire gras. « Ca me rend super heureux comme tu peux le voir oui. » Quelle idée de considérer cette dernière comme étant bonne. Ce n’était pas mieux compte tenu de la situation, puisqu’il ne pouvait avoir les deux.

Ou les trois, en l’occurence, puisqu’en se retirant de l’équation Mavis ne divisait pas les forces par deux mais par trois. La réaction de la brune à ses côtés ne mit d’ailleurs qu’un seul instant avant de se laisser voir, alors qu’elle se reculant dans le siège du taxi; il levait déjà les yeux au ciel. « Ben !?! » Oui, il savait. « Eh beeeeeh » Prononcé dans un sifflement qu’il lui arracha à lui un petit grognement. « Je savais que tu aimais charmer la terre entière, mais je ne te savais pas aussi messy. » Alors qu’il relevait son regard vers elle, ce dernier lançait des éclairs. Ce n’était pas pour récolter ses commentaires qu’il lui partageait cette situation, initialement; s’il désirait que ce soit le cas, il aurait rendu une visite à Rhett ce dernier était le professionnel du commentaire mal placé. « Oh come on, ne me regarde pas comme ça, tu fais ce que tu veux de ton temps libre, et tu as réussi l’exploit de me prendre de court, tu devrais être fier de toi. » - « Je te regarde comme je veux déjà. » Bien sur que Ben faisait l’enfant, tout dans sa réaction spontanée tirait dans cette direction. « Et j’aurais préféré te prendre de court pour quelque-chose de plus sérieux que parce-que… » parce-que je suis pas un homme fidèle était la première partie; parce-que j’ai réussi à tromper ma maitresse était la seconde. D’accord: Ruben donnait bien le change et il en était parfaitement conscient; c’était d’ailleurs le but du jeu. Mais ce n’était pas pour autant qu’il en était réellement fier. « Donc elle s’en fichait que tu sois marié mais pas que tu ais d’autres maîtresses ? Elle est particulière » Il plissa le bout du nez. « Elle a toujours su que je l’étais. Marié. Ou sur le point de. » Disons que c’était la première soirée en sa compagnie qui avait précipité la chose, mais il n’avait pas caché le fait qu’il était engagé à Mavis. « Ca la dérange pas. » Dérangeait au passé serait plus correct mais ce n’était pas la question là en l’occurence. « Je t’ai dit: elle en a rien à faire de Nina. » Il inspira longuement, expira de la même façon, dodelinant quelque peu de la tête. « Et c’est pas des maîtresses au pluriel, mais un amant au singulier. Pas que ça change quelque-chose mais quand même. » Parce-que les deux concernés n’arrivaient pas à croire qu’il disait vrai lorsqu’il avançait cette information, et pourtant c’était le cas: en dehors de Mavis et Ambrose, il n’y avait vraiment personne. C’était déjà beaucoup là où ce chiffre aurait du être zéro, certes; mais il tenait à souligner cette importance parce-qu’il n’était pas non plus là à courir après toutes les âmes en détresse.

« Au risque de te froisser, tu n’as pas juste envie d’avoir une relation ouverte avec Nina ? Je me doute que ça ôterait la moitié des frissons de l’interdit avec les autres, mais ça faciliterait peut-être ta vie, non ? » - « Hors de question. » L’hésitation n’avait pas eu la moindre chance d’exister dans la réaction de Ruben. Il savait que c’était osé de sa part d’ailleurs d’agir de la sorte, mais le regard qu’il jetait de nouveau en direction de Scarlett était sans appel: la question ne se posait pas. Et pour une raison assez simple, qui lui arrachait toujours un frisson désagréable le long de l’échine lorsqu’il l’évoquait à haute voix. « J’ai aucune envie de la partager, et je suis beaucoup trop jaloux pour le faire. » Et avant qu’elle ne prononce la moindre parole, il leva sa main devant lui pour l’arrêter. « Je sais, je sais très bien ce que ça donne comme image, pas la peine de le dire à haute voix. » Même si c’était quelque part tellement pathétique comme réaction et comportement qu’il serait surement simple pour son amie de faire le moindre commentaire tant le choix était varié en cet instant.

« Ca me rend super heureux comme tu peux le voir oui. » Scarlett soupçonne Ben d’être plus déçu d’avoir perdu son jouet que d’avoir le coeur brisé, mais elle suppose que c’est peut-être son propre rapport aux conquêtes qui parlent. Elle a toujours du mal à comprendre les états d’âmes des gens autour d’elle lors des ruptures, elle imagine leur peine, certes, mais ne comprend pas bien le besoin de s’y complaire. Une relation peut être belle et ne pas durer, et il suffit d’aller de l’avant pour en retrouver une autre, si c’est ce que l’on souhaite.

Mais Scarlett n’a pas le temps d’expliquer son point de vue - et à vrai dire, elle sait qu’il vaut mieux le garder pour elle - car Ben lui offre une confession beaucoup plus incroyable et surprenante. Elle en rirait presque, si Ruben n’avait pas l’air aussi agacé. « Je te regarde comme je veux déjà. » Elle lève les yeux au ciel, un sourire en coin. « Et j’aurais préféré te prendre de court pour quelque-chose de plus sérieux que parce-que… » Elle ne peut pas retenir un petit rire, presque désolée d’enfoncer le couteau dans la plaie. « J’avoue que là, tu as mis la barre haute pour les prochains fois », elle plaisante à moitié, en réalité, car elle se demande sérieusement si Ruben pourra la surprendre à nouveau ainsi, elle qui se laisse si peu prendre de court. « Ca la dérange pas. Je t’ai dit: elle en a rien à faire de Nina. » Scarlett a presque du mal à le croire, et elle réalise qu’elle est étrangement curieuse du genre de femme qu’est cette fameuse interne, et se demande vaguement pour la vie de Ruben et sa maîtresse l’intrigue autant. « Et c’est pas des maîtresses au pluriel, mais un amant au singulier. Pas que ça change quelque-chose mais quand même. » Scarlett ouvre sa bouche en un petit “o” et elle recommence à avoir un rire amusé. « T’es tellement progressiste et ouvert d’esprit, Ben. Avoir une maîtresse et un amant, c’est si moderne », elle le taquine, se retenant sincèrement de lever son poing pour ajouter un petit gay rights qui l’amuserait beaucoup.

« Hors de question. » La réponse de Ruben est sans appel quand Scarlett lui propose d’ouvrir son mariage. « J’ai aucune envie de la partager, et je suis beaucoup trop jaloux pour le faire. » Elle ouvre la bouche pour répliquer, mais il lève la main avant. « Je sais, je sais très bien ce que ça donne comme image, pas la peine de le dire à haute voix. » Elle pince les lèvres, toujours un peu amusée de la situation. « Plus tout à fait  progressiste et moderne, Dr Hartfield », elle commente simplement, avec un sourire en coin, l’air de dire : c’est de bonne guerre. « Dans ce cas, encore une fois, j’espère que t’assures vraiment bien tes arrières. Pourquoi tu as peur que ça se sache ? Si ce n’est pas l’interne qui va parler, tu penses que c’est l’autre ? C'est aussi quelqu'un de l'hôpital ? » Elle demande, curieuse. « Qui est au courant ? » Elle rajoute, pour essayer d’évoluer les dégâts. « Tu m’en parles parce que tu veux que je te donne des conseils en pr ? » Elle plaisante à moitié, en réalité.



@Ruben Hartfield  

i tried to pick my battles 'til the battle picked me

@scarlett bridgers

lieu: l'interlude, spring hill.
(c): keetika (gif), luleaby (codage).

***
Elle en riait, elle s’en amusait, et s’il n’avait pas été autant énervé de son côté de la part de son propre comportement, Ruben aurait su comprendre pourquoi elle réagissait de cette sorte. Sauf qu’il était agacé de savoir que l’idiot de l’histoire qu’ils débattaient était lui-même - ce n’était pas quelque-chose à quoi il était habitué. « J’avoue que là, tu as mis la barre haute pour les prochains fois » Il haussa quelque peu les sourcils, espérant sincèrement et en silence qu’il n’y ait pas de prochaine fois. Ce n’était pas par gaité de coeur qu’il faisait en sorte de surprendre la jeune femme, là où il aurait préféré surtout le faire pour bien d’autres raisons - comme celle d’être le plus jeune chirurgien de sa catégorie à réussir telle ou telle intervention, par exemple. Ici, il la surprenait simplement parce-qu’il n’avait pas su garder ses vêtements à leur place et ce n’était pas glorieux, comme exploit. Au moins, pour la seconde surprise de cette situation, il avouerait - un autre jour, pas aujourd’hui il était trop énervé - qu’il en était presque fier. L’expression du visage de Scarlett indiquait qu’elle ne s’attendait pas à cette seconde révélation, elle n’avait même pas besoin de préciser qu’elle était surprise. « T’es tellement progressiste et ouvert d’esprit, Ben. Avoir une maîtresse et un amant, c’est si moderne » Il leva les yeux au ciel. « Arrête de te moquer. » Comme un enfant boudeur, parce-que c’était là finalement ce qu’il était: un gamin en rien content d'avoir été pris sur le fait en train de faire une bêtise. Ce n’était pas exactement ce qu’il se passait, mais c’était de cette façon qu’il réagissait.

La partie sur laquelle il était on ne pouvait plus certain à travers toute cette situation, en tous cas, c’était qu’il n’était pas question d’ouvrir son mariage comme le suggérait Scarlett; il ne saurait mettre autant sa jalousie naturelle de côté pour y arriver. Effectivement, ce n’était pas une mauvaise idée en regard des circonstances qu’il imposait à son mariage que de considérer cette idée - mais il était hors de question à ses yeux. Et il savait l’image que cela lui donnait, raison pour laquelle Ben l’arrêta dans son élan avant même qu’elle ne fasse le moindre commentaire; il était parfaitement au courant. « Plus tout à fait progressiste et moderne, Dr Hartfield » Il lui jeta un regard noir. « J’ai dit que je savais ce que ça rendait comme image. » C’était beaucoup faites ce que je dis et pas ce que je fais avec lui.

« Dans ce cas, encore une fois, j’espère que t’assures vraiment bien tes arrières. Pourquoi tu as peur que ça se sache ? Si ce n’est pas l’interne qui va parler, tu penses que c’est l’autre ? C'est aussi quelqu'un de l'hôpital ? » Il secoua son visage de gauche à droite rapidement. « Il est pas de l’hôpital non. » Il ne donnerait pas de détails pour le moment, parce-que ce n’était pas ce dans cette direction qu’allait son idée de base. Et Ambrose était presque qu’un dommage collatéral, il n’avait pas envie d’aggraver sa situation et son image dans tout ça. « Qui est au courant ? » Il pinça ses lèvres. « Les deux sont au courant, déjà. C’est là que ça a commencé à ne plus aller et c’est la raison pour laquelle elle m’a laissé tomber. » Chose qu’il ne digérait toujours en rien correctement. « Et si tu veux savoir à quel point c’est mauvais: ils se connaissent tous les deux. » Parce-que laisser assez d’espace au docteur dans tout ça pour qu'il pusse respirer malgré ses erreurs n’était pas une option. « Et je pensais assurer plutôt correctement mes arrières… mais si je te dis que y’avait déjà plusieurs personnes au courant, tu vas me demander si je suis idiot de m’être dit ça, je suppose ? » Et il aurait voulu ajouter là une touche d’humour dans sa voix, mais ce n’était même pas possible: il n’avait pas du tout envie d’en rire. Cette situation l’avait rendu ivre d’amusement pendant un temps, mais là que le vent tournait, il ne savait plus quelle veste était le plus adaptée pour contrer le froid qui s’en venait. Pas que c’était quelque-chose qu’il souhaitait voir arriver, mais prévenir était toujours mieux que guérir. « Tu m’en parles parce que tu veux que je te donne des conseils en pr ? » A cette remarque là, il fronça quelque peu les sourcils. « Quoi ? Non pas du tout. » Elle serait d’une bonne aide s’il en venait à en avoir besoin, effectivement, mais ce n’était pas le sujet du jour. « Je t’en parle parce-que j’ai besoin d’en parler avec quelqu’un en qui j’ai confiance et qui me regardera pas avec dégout comme les autres font. » Il inspira longuement, soupira de la même façon - avant de détourner son regard de nouveau vers la fenêtre et l’extérieur de la voiture. « Et parce-que je suis pas sur d’avoir encore beaucoup d’alliés si ça vient à se savoir, alors de connaitre ton point de vue et ton positionnement me semblait être une bonne idée. » D’où sa question initiale de si elle devait choisir entre Rory et lui, où irait sa préférence.